summaryrefslogtreecommitdiff
path: root/talermerchantdemos/blog/articles/fr/who-does-that-server-really-serve.html
blob: 16735f49d869c359332218d15a190f6c4907a0cb (plain)
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
100
101
102
103
104
105
106
107
108
109
110
111
112
113
114
115
116
117
118
119
120
121
122
123
124
125
126
127
128
129
130
131
132
133
134
135
136
137
138
139
140
141
142
143
144
145
146
147
148
149
150
151
152
153
154
155
156
157
158
159
160
161
162
163
164
165
166
167
168
169
170
171
172
173
174
175
176
177
178
179
180
181
182
183
184
185
186
187
188
189
190
191
192
193
194
195
196
197
198
199
200
201
202
203
204
205
206
207
208
209
210
211
212
213
214
215
216
217
218
219
220
221
222
223
224
225
226
227
228
229
230
231
232
233
234
235
236
237
238
239
240
241
242
243
244
245
246
247
248
249
250
251
252
253
254
255
256
257
258
259
260
261
262
263
264
265
266
267
268
269
270
271
272
273
274
275
276
277
278
279
280
281
282
283
284
285
286
287
288
289
290
291
292
293
294
295
296
297
298
299
300
301
302
303
304
305
306
307
308
309
310
311
312
313
314
315
316
317
318
319
320
321
322
323
324
325
326
327
328
329
330
331
332
333
334
335
336
337
338
339
340
341
342
343
344
345
346
347
348
349
350
351
352
353
354
355
356
357
358
359
360
361
362
363
364
365
366
367
368
369
370
371
372
373
374
375
376
377
378
379
380
381
382
383
384
385
386
387
388
389
390
391
392
393
394
395
396
397
398
399
400
401
402
403
404
405
406
407
408
409
410
411
412
413
414
415
416
417
418
419
420
421
422
423
424
425
426
427
428
429
430
431
432
433
434
435
436
437
438
439
440
441
442
443
444
445
446
447
448
449
450
451
452
453
454
455
456
457
458
459
460
461
462
463
464
465
466
467
468
469
470
471
472
473
474
475
476
477
478
479
480
481
482
483
484
485
486
487
488
489
490
491
492
493
494
495
496
497
498
499
500
501
502
503
504
505
506
507
508
509
510
511
512
513
514
515
516
517
518
519
520
521
522
523
524
525
526
527
528
529
530
531
532
533
534
535
536
537
538
539
540
541
542
543
<!--#set var="ENGLISH_PAGE" value="/philosophy/who-does-that-server-really-serve.en.html" -->

<!--#include virtual="/server/header.fr.html" -->
<!-- Parent-Version: 1.86 -->

<!-- This file is automatically generated by GNUnited Nations! -->
<title>Qui ce serveur sert-il réellement ? - Projet GNU - Free Software Foundation</title>

<!--#include virtual="/philosophy/po/who-does-that-server-really-serve.translist" -->
<!--#include virtual="/server/banner.fr.html" -->
<h2>Qui ce serveur sert-il réellement ?</h2>

<p>par <strong>Richard Stallman</strong></p>

<blockquote><p>(La première version de cet article a été publiée dans la <a
href="http://www.bostonreview.net/richard-stallman-free-software-DRM"><cite>Boston
Review</cite></a>.)</p></blockquote>

<p><strong>Sur Internet, utiliser un logiciel privateur<a id="TransNote1-rev"
href="#TransNote1"><sup>1</sup></a> n'est pas le seul moyen de perdre votre
liberté. Il existe une autre façon de donner à un tiers du pouvoir sur votre
informatique : le « service se substituant au logiciel », ou <abbr
title="Service as a Software Substitute">SaaSS</abbr>.</strong></p>

<p>Le point essentiel est que vous pouvez avoir le contrôle d'un programme
écrit par quelqu'un d'autre (s'il est libre), mais que vous ne pouvez pas
avoir le contrôle d'un service administré par quelqu'un d'autre. Donc
n'utilisez jamais un service lorsqu'en principe un programme ferait
l'affaire.</p>


<p>Le SaaSS consiste à utiliser un service mis en place par quelqu'un d'autre
plutôt que votre exemplaire d'un programme. Cette expression est de nous ;
les articles et les publicités ne l'emploieront pas et ne vous diront pas
non plus si un service donné est un SaaSS. À la place, ils détourneront
probablement votre attention avec le terme imprécis de « nuage »
<cite>[cloud]</cite>, qui mélange le SaaSS avec diverses autres pratiques,
certaines abusives et d'autres acceptables. Les explications et les exemples
de cette page vous permettront de déterminer si un service particulier est
un SaaSS, ou non.</p>

<h3>Contexte : comment le logiciel privateur vous enlève votre liberté</h3>

<p>La technologie numérique peut vous donner la liberté ; elle peut aussi vous
la prendre. Le contrôle que nous avons de notre informatique a d'abord été
menacé par le <em>logiciel privateur</em> : logiciel sur lequel les
utilisateurs n'a pas la main parce qu'il est contrôlé par son propriétaire,
une société comme Apple ou Microsoft. Le propriétaire profite souvent de ce
pouvoir injuste pour y insérer des fonctionnalités malveillantes comme les
espions logiciels <cite>[spyware]</cite>, les portes dérobées
<cite>[backdoors]</cite> et les dispositifs de « gestion numérique des
restrictions » (ou <a href="http://DefectiveByDesign.org"><abbr
title="Digital Restrictions Management">DRM</abbr></a>), qu'ils nomment
« gestion numérique des droits »<a id="TransNote2-rev"
href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> dans leur propagande.</p>

<p>Notre solution à ce problème est de développer du <em>logiciel libre</em> et
de rejeter le logiciel privateur. « Logiciel libre » signifie que vous, en
tant qu'utilisateur, avez quatre libertés essentielles : (0) exécuter le
programme comme vous le souhaitez, (1) étudier et changer le code source
comme vous le souhaitez, (2) redistribuer des copies exactes, et
(3) redistribuer des copies de vos versions modifiées (voir la <a
href="/philosophy/free-sw.html">définition du logiciel libre</a>).</p>

<p>Avec le logiciel libre, nous, les utilisateurs, récupérons le contrôle de
notre informatique. Les logiciels privateurs continueront à exister, mais
nous pouvons les exclure de nos vies et beaucoup d'entre nous l'ont déjà
fait. Cependant, on nous propose actuellement un autre moyen séduisant
d'abandonner le contrôle de notre informatique : le service se substituant
au logiciel (SaaSS). Par souci de notre liberté, nous devons le rejeter
également.</p>

<h3>Comment le SaaSS vous enlève votre liberté</h3>

<p>« Service se substituant au logiciel » signifie que vous utilisez un service
au lieu de faire fonctionner votre exemplaire d'un programme. Cela veut dire
concrètement que quelqu'un met en place un serveur réseau faisant certaines
tâches informatiques – calcul sur tableur, traitement de texte, traduction
de texte en une autre langue, etc. – et invite ensuite les utilisateurs à
effectuer leurs tâches sur ce serveur. L'utilisateur envoie ses données au
serveur ; ce dernier les traite puis lui renvoie les résultats ou les
utilise directement à sa place.</p>

<p>Ce traitement informatique est <em>le sien</em>, car, par hypothèse, il
aurait pu en principe l'effectuer en exécutant un programme sur son propre
ordinateur (qu'il dispose ou non de ce programme à ce moment-là). Dans les
cas où cette condition n'est pas réalisée, il ne s'agit pas de SaaSS.</p>

<p>Ces serveurs arrachent le contrôle des mains des utilisateurs encore plus
inexorablement que le logiciel privateur. Avec le logiciel privateur, les
utilisateurs ont généralement un fichier exécutable mais pas le code
source. Cela rend difficile d'étudier le code qui est exécuté, donc c'est
difficile de déterminer ce que fait vraiment le programme, et difficile de
le modifier.</p>

<p>Avec le SaaSS, les utilisateurs n'ont pas même le fichier exécutable qui
fait leur traitement informatique : celui-ci est sur le serveur de quelqu'un
d'autre, où les utilisateurs ne peuvent le voir ni le toucher. C'est donc
impossible pour eux de vérifier ce qu'il fait vraiment et impossible de le
modifier.</p>

<p>De plus, le SaaSS entraîne automatiquement des conséquences équivalentes aux
fonctionnalités malveillantes de certains logiciels privateurs.</p>

<p> Par exemple, certains programmes privateurs sont des « logiciels espions » :
le programme <a href="/philosophy/proprietary-surveillance.html">diffuse des
données concernant les activités informatiques des
utilisateurs</a>. Microsoft Windows envoie à Microsoft des informations
concernant les activités des utilisateurs. Windows Media Player et
RealPlayer signalent ce que chaque utilisateur visionne ou écoute. Le Kindle
signale à Amazon chaque page de chaque livre que consulte l'utilisateur et à
quel moment il le fait. Angry Birds envoie à son éditeur l'historique de
géolocalisation de l'utilisateur.</p>

<p>Contrairement aux logiciels privateurs, le SaaSS n'a pas besoin de code
caché pour obtenir les données de l'utilisateur. Comme ce dernier est obligé
d'envoyer ses données au serveur pour pouvoir l'utiliser, l'effet est le
même qu'avec un logiciel espion : l'opérateur du serveur obtient les
données. Il les obtient sans aucun effort, de par la nature du SaaSS. Amy
Webb, qui s'était promise de ne jamais mettre en ligne aucune photo de sa
fille, a fait l'erreur d'utiliser un SaaSS (Instagram) pour retoucher des
photos d'elle. Le résultat, c'est qu'<a
href="http://www.slate.com/articles/technology/data_mine_1/2013/09/privacy_facebook_kids_don_t_post_photos_of_your_kids_on_social_media.html">elles
ont fuité</a>.
</p>

<p>Théoriquement, le chiffrement homomorphe pourrait un jour se perfectionner
au point de permettre la construction de futurs services de SaaSS qui soient
incapables de comprendre les données envoyées par les utilisateurs. De tels
services <em>pourraient</em> être configurés pour ne pas espionner les
utilisateurs ; cela ne veut pas dire qu'ils ne les espionneront pas.</p>

<p>Certains systèmes d'exploitation privateurs ont une porte dérobée
universelle qui permet d'installer à distance des modifications
logicielles. Par exemple, Microsoft a une porte dérobée universelle par
laquelle il peut modifier de force n'importe quel logiciel présent sur la
machine. Presque tous les téléphones portables en ont aussi. De même
certaines applications privatrices ; par exemple le client Steam pour
GNU/Linux permet au développeur d'installer à distance des versions
modifiées.</p>

<p>Avec le SaaSS, l'opérateur peut modifier les logiciels utilisés sur le
serveur. C'est sa prérogative, car c'est son ordinateur ; mais le résultat
est le même que d'utiliser un programme applicatif privateur muni d'une
porte dérobée universelle : quelqu'un a le pouvoir d'imposer de manière
silencieuse des changements dans la manière d'effectuer les tâches
informatiques de l'utilisateur.</p>

<p>Ainsi, le SaaSS revient-il à faire usage d'un logiciel privateur muni d'une
fonctionnalité espionne et d'une porte dérobée universelle. Il donne à
l'opérateur du serveur un pouvoir injuste sur l'utilisateur, pouvoir auquel
nous devons résister.</p>

<h3>SaaSS et SaaS</h3>

<p>À l'origine, nous appelions cette pratique problématique « <abbr
title="Software as a Service">SaaS</abbr> », ce qui veut dire « logiciel en
tant que service ». C'est une expression d'usage courant qui désigne le fait
d'installer un logiciel sur un serveur plutôt que d'en proposer des
exemplaires aux utilisateurs, et nous pensions que cela décrivait
précisément les cas qui présentent ce problème.</p>

<p>Par la suite, nous nous sommes rendu compte que le terme SaaS est
quelquefois utilisé pour des services de communication, services auxquels ce
problème ne s'applique pas. De plus, l'expression « logiciel en tant que
service » n'explique pas <em>pourquoi</em> cette pratique est
mauvaise. C'est pourquoi nous avons inventé l'expression « service se
substituant au logiciel », qui définit plus clairement cette mauvaise
pratique et dit en quoi elle est mauvaise.</p>

<h3>Démêler le problème du SaaSS du problème du logiciel privateur</h3>

<p>Le SaaSS et le logiciel privateur conduisent à des résultats nocifs
similaires, mais les mécanismes sont différents : avec le logiciel
privateur, vous possédez et utilisez un exemplaire du programme qu'il est
difficile ou illégal de modifier ; avec le SaaSS, vous ne possédez pas
l'exemplaire qui fait votre traitement informatique.</p>

<p>On confond souvent ces deux problèmes, et pas seulement par accident. Les
développeurs web utilisent le terme ambigu d'« application web » pour réunir
en un tout le logiciel côté serveur et les programmes s'exécutant sur votre
machine dans votre navigateur. Certaines pages web y installent des
programmes JavaScript d'une certaine importance, ou même de taille
imposante, sans vous en informer. <a
href="/philosophy/javascript-trap.html">Quand ces programmes Javascript ne
sont pas libres</a>, ils causent le même genre d'injustice que n'importe
quel autre logiciel non libre. Ici, cependant, nous nous occupons du
problème posé par l'utilisation du service lui-même.</p>

<p>De nombreux défenseurs du logiciel libre supposent que le problème du SaaSS
se résoudra en développant des logiciels serveurs libres. Dans l'intérêt de
l'opérateur, il vaudrait mieux effectivement que les programmes tournant sur
le serveur soient libres ; s'ils sont privateurs, leurs développeurs ou
leurs propriétaires ont pouvoir sur le serveur. C'est déloyal pour
l'opérateur du serveur et n'est d'aucune aide pour l'utilisateur final. Mais
si les programmes sont libres sur le serveur, cela ne protège pas <em>les
utilisateurs finaux</em> contre les effets du SaaSS. Ces programmes libèrent
l'opérateur du serveur, mais pas ses utilisateurs.</p>

<p>Publier le code source du logiciel serveur profite à la communauté, car les
utilisateurs ayant les compétences nécessaires peuvent mettre en place des
serveurs similaires, peut-être en modifiant le logiciel. Pour les programmes
souvent utilisés sur les serveurs, <a
href="/licenses/license-recommendations.html">nous recommandons la licence
publique générale GNU Affero</a>.</p>

<p>Mais aucun de ces serveurs ne vous donnerait le contrôle des tâches que vous
effectuez dessus, à moins que ce ne soit <em>votre</em> serveur
(c'est-à-dire une machine dont vous contrôlez tous les logiciels, qu'elle
vous appartienne ou non). Il est peut-être acceptable de faire confiance au
serveur d'un de vos amis pour certaines tâches, de même que vous lui confiez
l'entretien des logiciels de votre ordinateur. Dans tous les autres cas, ces
serveurs feraient du SaaSS en ce qui vous concerne. Cette pratique vous
soumet toujours au pouvoir de l'opérateur du serveur, et le seul remède est
de <em>ne pas utiliser le SaaSS !</em> Ne pas utiliser le serveur de
quelqu'un d'autre pour effectuer vos propres traitements informatiques sur
des données que vous fournissez.</p>

<p>Ce problème nous fait toucher du doigt la différence profonde qui existe
entre « open source » et « libre ». Un code source qui est open source <a
href="/philosophy/free-open-overlap.html">est presque toujours
libre</a>. Cependant, la notion de <a
href="https://opendefinition.org/ossd/">service à logiciel ouvert
<cite>[open software]</cite></a>, autrement dit service dont le logiciel
serveur est open source, ne traite pas le problème du SaaSS.</p>

<p>Les services sont fondamentalement différents des programmes, les questions
éthiques qu'ils soulèvent sont donc fondamentalement différentes de celles
que soulèvent les programmes. Pour éviter la confusion, nous <a
href="/philosophy/network-services-arent-free-or-nonfree.html">évitons de
décrire un service comme « libre » ou « privateur »</a>.</p>

<h3>Faire la distinction entre le SaaSS et les autres services en ligne</h3>

<p>Quels sont les services en ligne à classer parmi les SaaSS ? Exemple le plus
évident : un service de traduction qui traduit un texte, disons, de
l'anglais vers l'espagnol. La tâche informatique qui consiste à traduire un
texte pour votre usage vous appartient complètement. Vous pourriez
l'effectuer en faisant tourner un programme sur votre propre ordinateur si
vous disposiez du programme adéquat (pour être conforme à l'éthique, ce
dernier devrait être libre). Le service de traduction s'y substitue, de
sorte que c'est un SaaSS. Comme il vous refuse le contrôle de votre
informatique, il vous fait du tort.</p>

<p>Autre exemple évident : l'utilisation d'un service comme Flickr ou Instagram
pour retoucher une photo. La retouche photographique est une activité que
les gens font sur leurs ordinateurs depuis des décennies ; l'effectuer sur
un serveur dont vous n'avez pas le contrôle plutôt que sur votre propre
ordinateur est du SaaSS.</p>

<p>Rejeter le SaaSS ne signifie pas refuser d'utiliser tout serveur réseau géré
par quelqu'un d'autre que vous. La plupart des serveurs ne sont pas des
SaaSS parce qu'ils effectuent des tâches de communication, plutôt que le
travail personnel de l'utilisateur.</p>

<p>Le concept originel de serveur web n'impliquait pas d'exécuter des
programmes pour vous, mais de publier de l'information pour que vous y
accédiez. Même aujourd'hui c'est ce que font la majorité des sites web et
cela ne pose pas le problème du SaaSS, parce qu'accéder aux informations
publiées par quelqu'un n'a rien à voir avec votre propre
informatique. Publier vos propres travaux sur un site de blog ou utiliser un
service de microblogging comme Twitter ou StatusNet, non plus (ces services
peuvent poser d'autres problèmes, ou non, selon leurs caractéristiques). Il
en va de même pour les autres modes de communication qui ne sont pas
destinés à être privés, comme les groupes de discussion.</p>

<p>Par essence, les réseaux sociaux sont des formes de communication et de
publication, pas des SaaSS. Cependant, un service dont la fonction
essentielle est le réseautage social peut avoir d'autres fonctionnalités ou
d'autres extensions qui sont des SaaSS.</p>

<p>Si un service n'est pas un SaaSS, cela ne signifie pas qu'il est
acceptable. D'autres questions éthiques peuvent le concerner. Par exemple,
le site Facebook distribue des vidéos en Flash, ce qui pousse les
utilisateurs à exécuter un logiciel non libre ; il oblige les utilisateurs à
exécuter du code JavaScript non libre ; il leur donne l'illusion que leur
vie privée est respectée tout en les persuadant de la lui dévoiler. Ce sont
des problèmes importants, mais qui sont différents de celui que pose le
SaaSS.
</p>

<p>Des services comme les moteurs de recherche rassemblent des données
provenant de tout le web et vous laissent les examiner. Regarder dans leur
collection de données n'est pas votre propre informatique au sens habituel
– ce n'est pas vous qui proposez cette collection – donc utiliser un tel
service pour rechercher de l'information sur le web n'est pas du SaaSS
(cependant, utiliser le serveur de quelqu'un d'autre pour implémenter une
fonction de recherche sur votre propre site <em>est</em> du SaaSS).</p>

<p>L'achat en ligne n'est pas du SaaSS, car cette tâche informatique ne vous
appartient pas <em>en propre</em> ; elle est au contraire effectuée
conjointement par vous et par la boutique, à l'intention de chacun de
vous. Le vrai problème du commerce en ligne est la confiance que vous
accordez à l'autre partie en ce qui concerne votre argent et vos
informations personnelles (à commencer par votre nom).</p>

<p>Des dépôts comme Savannah et SourceForge ne sont pas intrinsèquement des
SaaSS, parce que le rôle d'un dépôt est de publier les données qu'on lui
fournit.</p>

<p>Utiliser les serveurs d'un projet commun n'est pas du SaaSS, car la tâche
informatique que vous effectuez de cette manière ne vous appartient pas en
propre. Par exemple, si vous éditez des pages de Wikipédia, vous ne faites
pas votre propre informatique, vous collaborez à celle de Wikipédia
(Wikipédia contrôle ses propres serveurs, mais les organisations, tout comme
les particuliers, sont confrontées aux problèmes du SaaSS si elles font leur
traitement informatique sur le serveur de quelqu'un d'autre).</p>

<p>Certains sites offrent plusieurs services, et si l'un d'entre eux n'est pas
un SaaSS, ce peut être différent pour un autre. Par exemple, Facebook a pour
principale fonction d'être un réseau social, et ce n'est pas du SaaSS ;
toutefois, il gère des applications tierces, dont certaines sont des
SaaSS. Le principal service de Flickr est de distribuer des photos, ce qui
n'est pas du SaaSS, mais il a aussi des fonctionnalités d'édition de photos,
ce qui est du SaaSS. De même, utiliser Instagram pour mettre une photo en
ligne n'est pas du SaaSS, mais l'utiliser pour transformer cette photo en
est.</p>

<p>L'exemple de Google Docs montre à quel point l'évaluation d'un unique
service peut devenir complexe. Celui-ci invite les gens à éditer des
documents en exécutant un gros <a
href="/philosophy/javascript-trap.html">programme JavaScript non libre</a>,
ce qui est sans conteste mauvais. Toutefois, il propose une <abbr
title="Application Programming Interface">API</abbr> pour téléverser et
télécharger des documents aux formats standards. Un éditeur de logiciel
libre peut le faire par le moyen de cette API. Cet usage n'est pas du SaaSS,
parce qu'il utilise Google Docs comme un simple dépôt. Montrer toutes vos
données à une entreprise est mauvais, mais il s'agit de vie privée, pas de
SaaSS ; dépendre d'un service pour accéder à vos données est mauvais, mais
il s'agit de risque, pas de SaaSS. En revanche, utiliser ce service pour
convertir des formats de documents <em>est</em> du SaaSS, parce que vous
auriez pu le faire en exécutant un programme adéquat (libre, espérons-le)
sur votre propre ordinateur.</p>

<p>Il est rare, bien sûr, d'utiliser Google Docs avec un éditeur libre. La
plupart du temps, les gens l'utilisent avec le programme JavaScript non
libre cité plus haut, qui est mauvais comme n'importe quel autre programme
non libre. Ce scénario pourrait aussi comporter du SaaSS ; tout dépend des
parties de l'édition qui sont effectuées respectivement par le programme
JavaScript non libre et par le serveur. Nous n'en savons rien, mais puisque
le programme JavaScript et le SaaSS sont similaires dans leur nocivité pour
l'utilisateur, cette information n'est pas essentielle.</p>

<p>Publier par l'intermédiaire du dépôt de quelqu'un d'autre ne pose pas
question pour la vie privée, mais publier par l'intermédiaire de Google Docs
soulève un problème particulier : il est impossible, ne serait-ce que de
<em>voir le texte</em> d'un document Google Docs dans un navigateur sans
exécuter le code JavaScript non libre. Donc vous ne devez pas utiliser
Google Docs pour publier quoi que ce soit – mais ce n'est pas parce que
c'est un SaaSS.</p>

<p>L'industrie informatique dissuade les utilisateurs de faire ces
distinctions. Voilà d'où vient la mode de l'« informatique en nuage »
<cite>[cloud computing]</cite>. Cette expression est si nébuleuse qu'elle
peut désigner quasiment toutes les utilisations d'Internet. Cela comprend le
SaaSS aussi bien que beaucoup d'autres usages du réseau. Dans un contexte
déterminé, un auteur qui écrit « nuage » (s'il a un bagage technique) a
probablement une signification particulière à l'esprit, mais d'habitude il
n'explique pas que dans d'autres articles ce terme a d'autres significations
particulières. Ce terme conduit les gens à faire des généralisations à
propos de pratiques qu'ils devraient examiner individuellement.</p>

<p>Dans la mesure où « informatique en nuage » veut dire quelque chose, il ne
s'agit pas d'une manière de faire de l'informatique mais plutôt d'une
manière de penser à l'informatique : une approche je-m'en-foutiste qui dit :
« Ne posez pas de questions. Ne vous souciez pas de savoir qui contrôle
votre informatique ou détient vos données. Ne vérifiez pas la présence d'un
hameçon caché dans notre service avant de l'avaler. Faites confiance aux
entreprises sans hésiter. » Dit autrement : « Pensez comme un pigeon. »
Avoir un nuage dans l'esprit fait obstacle à la clarté de la pensée. Pour
réfléchir clairement à l'informatique, évitons le terme « nuage ».</p>

<h3 id="renting">Différence entre serveur de location et SaaSS</h3>

<p>Si vous louez un serveur (réel ou virtuel) dont vous contrôlez tous les
logiciels, ce n'est pas du SaaSS. Dans le SaaSS, une autre personne décide
des logiciels qui tournent sur le serveur et donc contrôle les traitements
informatiques qu'ils font pour vous. Si vous installez les logiciels, vous
contrôlez ce qu'ils font pour vous. Ainsi, le serveur de location est-il
virtuellement votre ordinateur. Pour ce qui nous occupe ici, vous pouvez le
considérer comme le vôtre.</p>

<p>Les <em>données</em> sont moins en sécurité sur le serveur de location
distant que si ce serveur était chez vous, mais c'est un problème différent
de celui que pose le SaaSS.</p>

<p>Ce type de location de serveur est quelquefois appelé « <abbr
title="Infrastructure as a Service">IaaS</abbr> », mais ce terme correspond
à une structure conceptuelle qui minimise les problèmes que nous considérons
importants.</p>

<h3>Traiter le problème du SaaSS</h3>

<p>Seule une petite partie de tous les sites web font du SaaSS ; la plupart ne
posent pas ce problème. Mais que sommes-nous censés faire à propos de ceux
qui le posent ?</p>

<p>Pour le cas simple où vous travaillez sur des données que vous possédez
personnellement, la solution est évidente : utilisez votre propre copie
d'une application logicielle libre. Écrivez vos textes avec votre copie d'un
éditeur de texte libre comme GNU Emacs ou d'un logiciel de traitement de
texte libre. Retouchez vos photos avec votre copie d'un logiciel libre comme
GIMP. Et si aucun programme libre n'est disponible ? Un programme privateur
ou un SaaSS vous priverait de votre liberté, aussi ne faut-il pas
l'utiliser. Vous pouvez contribuer en temps ou en argent au développement
d'un logiciel libre qui le remplace.</p>

<p>Qu'en est-il de la collaboration avec d'autres personnes au sein d'un
groupe ? Cela risque d'être difficile à l'heure actuelle sans utiliser un
serveur et votre groupe peut ne pas savoir comment mettre en œuvre son
propre serveur. Si vous utilisez le serveur de quelqu'un d'autre, au moins
ne faites pas confiance à un serveur mis en œuvre par une société. Un simple
contrat en tant que client n'est pas une protection à moins que vous ne
puissiez détecter une infraction et effectivement poursuivre devant les
tribunaux ; la société a probablement rédigé son contrat de manière à
permettre un large éventail d'abus. L'État peut l'assigner pour obtenir vos
données en même temps que celles de tous les autres (c'est ce qu'a fait
Obama avec les opérateurs téléphoniques), à supposer que cette société ne
les donne pas volontairement comme l'ont fait les opérateurs téléphoniques
américains qui ont illégalement mis leurs clients sur écoute pour Bush. Si
vous devez utiliser un serveur, utilisez-en un dont les opérateurs vous
donnent une bonne raison de leur faire confiance, au-delà de la simple
relation commerciale.</p>

<p>Cependant, à plus longue échéance, nous pouvons créer des alternatives à
l'utilisation de serveurs. Par exemple, nous pouvons créer un programme
pair-à-pair de travail collaboratif qui chiffrera les données partagées. La
communauté du libre doit développer des logiciels fonctionnant sur un modèle
pair-à-pair distribué pour remplacer les « applications web »
importantes. Il pourrait être judicieux de les publier sous la <a
href="/licenses/why-affero-gpl.html">licence publique générale GNU
Affero</a>, car elles sont candidates à être transformées en programmes
serveurs par quelqu'un d'autre. Le <a href="/">projet GNU</a> recherche des
bénévoles pour travailler sur ces programmes de remplacement. Nous invitons
également les autres projets libres à prendre en compte cette question dans
la conception de leurs logiciels.</p>

<p>En attendant, si une société vous invite à utiliser ses serveurs pour
exécuter vos propres tâches informatiques, ne cédez pas ; n'utilisez pas le
SaaSS. N'achetez pas et n'installez pas de « clients légers », qui sont
simplement des ordinateurs si peu puissants qu'ils vous font faire le vrai
travail sur un serveur, à moins que ce ne soit pour les utiliser avec
<em>votre</em> serveur. Utilisez un véritable ordinateur et gardez vos
données dessus. Faites votre propre travail informatique avec votre propre
copie d'un logiciel libre, par souci de votre liberté.</p>

<h3>Voir également&hellip;</h3>
<p><a href="/philosophy/bug-nobody-allowed-to-understand.html">Le bogue que
personne n'est autorisé à comprendre</a>.</p>

<div class="translators-notes">

<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.-->
<hr /><b>Notes de traduction</b><ol>
<li id="TransNote1">Autre traduction de <em>proprietary</em> :
propriétaire. <a href="#TransNote1-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
<li id="TransNote2"><cite>Digital Rights Management</cite>. <a
href="#TransNote2-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
<li id="TransNote3">Le verbe <em>to kindle</em> signifie « allumer un feu »
et <em>kindle</em> veut dire « bois d'allumage ». <a href="#TransNote3-rev"
class="nounderline">&#8593;</a></li>
</ol></div>
</div>

<!-- for id="content", starts in the include above -->
<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" -->
<div id="footer">
<div class="unprintable">

<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <a
href="mailto:gnu@gnu.org">&lt;gnu@gnu.org&gt;</a>. Il existe aussi <a
href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens
orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à <a
href="mailto:webmasters@gnu.org">&lt;webmasters@gnu.org&gt;</a>.</p>

<p>
<!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph,
        replace it with the translation of these two:

        We work hard and do our best to provide accurate, good quality
        translations.  However, we are not exempt from imperfection.
        Please send your comments and general suggestions in this regard
        to <a href="mailto:web-translators@gnu.org">

        &lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>

        <p>For information on coordinating and submitting translations of
        our web pages, see <a
        href="/server/standards/README.translations.html">Translations
        README</a>. -->
Nous faisons le maximum pour proposer des traductions fidèles et de bonne
qualité, mais nous ne sommes pas parfaits. Merci d'adresser vos commentaires
sur cette page, ainsi que vos suggestions d'ordre général sur les
traductions, à <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
&lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
<p>Pour tout renseignement sur la coordination et la soumission des
traductions de nos pages web, reportez-vous au <a
href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>.</p>
</div>

<!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to
     files generated as part of manuals) on the GNU web server should
     be under CC BY-ND 4.0.  Please do NOT change or remove this
     without talking with the webmasters or licensing team first.
     Please make sure the copyright date is consistent with the
     document.  For web pages, it is ok to list just the latest year the
     document was modified, or published.
     
     If you wish to list earlier years, that is ok too.
     Either "2001, 2002, 2003" or "2001-2003" are ok for specifying
     years, as long as each year in the range is in fact a copyrightable
     year, i.e., a year in which the document was published (including
     being publicly visible on the web or in a revision control system).
     
     There is more detail about copyright years in the GNU Maintainers
     Information document, www.gnu.org/prep/maintain. -->
<p>Copyright &copy; 2010, 2013, 2015, 2016, 2018 Richard Stallman</p>

<p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a
rel="license"
href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative
Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale (CC BY-ND
4.0)</a>.</p>

<!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" -->
<div class="translators-credits">

<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.-->
Traduction : Arthur Godet.<br />Révision : <a
href="mailto:trad-gnu&#64;april.org">trad-gnu&#64;april.org</a></div>

<p class="unprintable"><!-- timestamp start -->
Dernière mise à jour :

$Date: 2019/05/01 14:01:21 $

<!-- timestamp end -->
</p>
</div>
</div>
<!-- for class="inner", starts in the banner include -->
</body>
</html>