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<title>La loi de la réussite 2.0 : un entretien avec Richard Stallman - Projet GNU
- Free Software Foundation</title>

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<h2>La loi de la réussite 2.0 : un entretien avec Richard Stallman</h2>

<p><em>[ Entretien de Richard L. Stallman avec Haegwan Kim. ]</em>
</p>

<p><img src="http://www.gnu.org/graphics/RMS.jpeg"
alt=" [Photo de Richard Stallman] " title="Richard Stallman" 
width="259" height="194" class="aligncenter size-full wp-image-1761" /></p>

<p>Haegwan Kim</p>

<p>Discuter de réussite ne vous est d'aucune utilité, avez-vous dit ; cela
m'intéresse beaucoup. Dans cet entretien, je veux surtout parler de liberté
et de sujets apparentés. Mais auparavant, pouvez-vous m'expliquer la raison
pour laquelle parler de réussite ne vous est d'aucune utilité ?</p>

<p>Richard Stallman</p>

<p>C'est parce que certaines activités sont bonnes pour la société et que
d'autres lui nuisent. Évidemment, beaucoup sont neutres. Si une personne A
sait comment travailler en vue de la réussite, ce peut être bon ou mauvais
pour le reste d'entre nous. Mon but n'est pas la réussite personnelle. Ce
n'est pas de gagner beaucoup d'argent ni de devenir célèbre. Je cherche à
donner la liberté aux utilisateurs de l'informatique, ce qui est un but
légitime. C'est un but qui est important en soi et il se trouve que je suis
la personne qui essaie de l'atteindre.</p>

<p>Et dans une certaine mesure j'ai réussi. Cela ne m'a pas rendu riche, mais
c'est un succès jusqu'à un certain point, parce qu'au moins il y a
maintenant une grande communauté de gens qui utilisent le logiciel libre et
lui apportent leur contribution ; donc dans ce sens c'est un succès. Mais
quand je regarde tout ça, je ne me demande pas « Est-ce que j'ai réussi ? »
Je me demande « Est-ce que les utilisateurs ont la liberté ? »</p>
 
<p>HK</p>

<p>Ça fait plaisir à entendre. Pouvez-vous me dire pourquoi vous êtes tellement
attaché à la liberté ?</p>

<p>RMS</p>

<p>C'est en partie parce que je déteste être bousculé ; je déteste que
quiconque me donne des ordres. En partie parce que j'ai été élevé aux
États-Unis, où l'on apprend aux gens à penser à la liberté – ou du moins,
apprenait ; je ne sais pas s'il y a encore des enfants qui apprennent ça. En
partie parce que peu avant ma naissance il y a eu une guerre mondiale contre
de terribles dictateurs, et en partie parce que j'ai fait l'expérience de la
liberté dans l'utilisation des ordinateurs lorsque je travaillais au
laboratoire d'intelligence artificielle du <abbr title="Massachusetts
Institute of Technology">MIT</abbr> dans les années 70.</p>

<p>Et ainsi j'ai appris à faire la différence entre le logiciel libre – le
logiciel qui respecte la liberté – et le logiciel qui met l'utilisateur sous
contrôle. Pendant dix ans à peu près, j'ai eu comme travail d'améliorer un
système d'exploitation libre, dont la plupart des composants avaient été
développés au MIT par le groupe dont je faisais partie.</p>

<p>Travailler à améliorer ce système voulait dire profiter en permanence de la
liberté, aussi j'en suis venu à apprécier la liberté.</p>

<p>HK</p>

<p>OK, je vois.</p>

<p>RMS</p>

<p>Mais je n'ai pas tout à fait fini.</p>

<p>HK</p>

<p>OK.</p>

<p>RMS</p>

<p>Car cette communauté s'est désintégrée au début des années 80, et il n'a
plus été possible d'avoir la liberté. Donc j'ai vu le contraste entre vivre
en liberté et perdre la liberté, et j'ai trouvé son absence
détestable. Aussi ai-je décidé de faire quelque chose pour la ramener.</p>

<p>HK</p>

<p>Pouvez-vous me dire comment&hellip; ? Vous êtes en train d'essayer de
ramener la liberté, ce qui, en creux, signifie qu'il n'y a pas de liberté en
ce moment.</p>

<p>RMS</p>

<p>Oui. En ce qui concerne le logiciel&hellip; D'abord, je dois vous prévenir
que cette question est très vaste. En ce qui concerne le logiciel, le
logiciel privateur<a id="TransNote1-rev" href="#TransNote1"><sup>1</sup></a>
ne respecte pas la liberté des utilisateurs parce que le programme contrôle
les utilisateurs. S'ils ne sont pas libres de modifier un programme, et de
le faire individuellement ou en coopérant au sein de groupes, alors le
programme contrôle les utilisateurs.</p>

<p>Avec un logiciel privateur typique il y a même une licence qui dit ce que
les utilisateurs ont le droit de faire avec le programme et ce qu'ils n'ont
pas le droit de faire ; les restrictions qu'elle impose sont au choix du
développeur. Par exemple Microsoft a un programme pour gérer les pages web
– les sites web – et sa licence dit qu'on ne peut pas l'utiliser pour
publier quoi que ce soit qui critique Microsoft. Voilà un cas où le logiciel
non libre vous prive de votre liberté d'expression.</p>

<p>C'est évidemment intolérable. Si vous ne pouvez pas utiliser votre
exemplaire du programme librement, vous ne pouvez pas contrôler votre
informatique. Vous pouvez seulement faire ce qu'on vous dit de faire. Mais
il y a un second niveau de contrôle, par le biais du code source, par le
biais de l'écriture du code du programme ; si vous utilisez un programme
dont le code a été écrit par quelqu'un d'autre et que vous ne pouvez pas le
regarder ni le modifier, alors ce quelqu'un contrôle ce que vous faites. Il
pourrait faire faire au programme des choses qui vous nuisent, et si par
hasard vous vous en aperceviez, vous ne pourriez de toute façon pas le
modifier.</p>

<p>Il vous est difficile de vous en apercevoir parce que vous n'avez pas accès
au code source. Quelquefois vous remarquerez certains signes indiquant que
le programme vous joue de vilains tours. D'autre fois vous ne remarquerez
rien. Windows a des fonctionnalités espionnes qui envoient à Microsoft des
informations sur l'usage de la machine, et les utilisateurs ne peuvent pas
voir ce qui se passe. Cela n'a pas été facile de s'apercevoir qu'il y avait
des fonctionnalités espionnes, mais les gens les ont trouvées. Dans certains
cas, il leur a fallu pas mal d'astuce pour les découvrir.</p>

<p>Toujours dans Windows, il y a une porte dérobée <cite>[backdoor]</cite> qui
permet à Microsoft d'installer des logiciels d'autorité. Pas besoin de votre
permission, les logiciels sont simplement introduits à votre insu. Voilà
donc ce que je veux dire quand je dis qu'un programme contrôle ses
utilisateurs. Mais même s'il n'y a pas de porte dérobée pour que le
développeur puisse installer ses modifications, il reste que le programme
fait ce que le développeur a choisi qu'il fasse, et que si cela ne vous
plaît pas vous ne pouvez pas le modifier, donc vous êtes coincé.</p>

<p>Pour ce qui est de son pouvoir, la porte dérobée est un peu la cerise sur le
gâteau car, même s'il a oublié d'introduire une de ses vilenies, elle lui
permet de le faire rétroactivement. Sans porte dérobée de ce genre, il doit
se limiter aux vilenies auxquelles il a pensé par avance.</p>

<p>Il y a beaucoup de programmes privateurs largement utilisés qui font de la
surveillance ; il y en a beaucoup qui sont conçus spécialement pour
restreindre ce que peut faire l'utilisateur. Ces restrictions qui limitent
ce que les utilisateurs peuvent faire avec les données présentes dans leurs
machines sont connues sous le nom de « gestion numérique des restrictions »
ou <abbr title="Digital Restrictions Management">DRM</abbr> et également
appelées « menottes numériques ». Le fait est qu'utiliser ces programmes
s'assimile à être menotté parce que vous ne pouvez pas bouger les mains
comme vous voulez ; le programme vous en empêche.</p>

<p>Et il ne s'agit que des fonctionnalités intentionnelles. Naturellement, les
programmes ont aussi des bogues, et si vous n'avez pas le code source vous
ne pouvez pas les corriger. Pour être libres, les utilisateurs doivent donc
avoir le code source et être en mesure d'exécuter leurs propres versions
modifiées de ce code source à la place de l'original. Ils doivent aussi être
libres de distribuer leurs versions modifiées. Parce que si vous n'avez pas
cette liberté, en admettant même que vous puissiez corriger un problème pour
vous-même, vous ne pourriez pas le corriger pour quelqu'un d'autre, ce qui
fait que chaque utilisateur devrait corriger le problème pour lui-même. On
devrait le corriger à nouveau, encore et encore.</p>

<p>De plus, avec la liberté de distribuer vos versions modifiées, les gens qui
ne savent pas programmer peuvent tout de même en bénéficier.</p>

<p>HK</p>

<p>Maintenant je comprends un petit quelque chose à la liberté du logiciel.</p>

<p>RMS</p>

<p>Si donc j'utilise un programme libre et que je le modifie, chose que je sais
faire, alors je peux publier ma version modifiée, et vous&hellip; Peut-être
que vous n'êtes pas programmeur, mais vous pourriez tout de même profiter du
changement que j'ai fait. Non seulement ça, mais vous pourriez payer
quelqu'un pour modifier le programme pour vous, ou vous pourriez rejoindre
une organisation dont le but est de modifier un certain programme d'une
certaine façon. Tous les membres verseraient leur quote-part et c'est comme
ça qu'ils recruteraient un programmeur pour faire la modification.</p>

<p>En résumé, le logiciel libre se définit par les quatre libertés dont les
utilisateurs ont besoin pour contrôler leur informatique. La liberté 0 est
la liberté d'exécuter le programme. La liberté 1 est la liberté d'étudier le
code source et de le modifier pour qu'il fasse votre tâche informatique
comme vous le souhaitez. La liberté 2 est la liberté d'aider les autres,
c'est-à-dire la liberté de redistribuer des copies exactes. Et la liberté 3
est la liberté d'apporter votre contribution à votre communauté,
c'est-à-dire la liberté de distribuer des copies de vos versions
modifiées. Ces quatre libertés garantissent que les utilisateurs,
collectivement aussi bien qu'individuellement, contrôlent le
programme. S'ils ne contrôlent pas le programme, alors le programme les
contrôle. C'est ce que fait le logiciel privateur et c'est ce qui le rend
malfaisant.</p>

<p>HK</p>

<p>Cela ressemble aux Creative Commons – vérifier les types de copyrights.</p>

<p>RMS</p>

<p>Oui. Creative Commons publie diverses licences.</p>

<p>HK</p>

<p>Oui. Êtes-vous d'accord avec toutes ces actions pour la liberté ?</p>

<p>RMS</p>

<p>Ils n'ont pas de position là-dessus.</p>

<p>HK</p>

<p>Pas de position ?</p>

<p>RMS</p>

<p>Les licences Creative Commons octroient aux utilisateurs divers degrés de
liberté. Deux de leurs licences sont conformes à nos critères de liberté. Ce
sont les Creative Commons « paternité » (CC BY) et « paternité, partage dans
les mêmes conditions » (CC BY-SA). Et je pense qu'il y a aussi la licence CC
Zéro que j'oublie généralement. Je pense que ce sont toutes trois des
licences libres.</p>

<p>Les autres licences Creative Commons ne vont pas assez loin pour rendre
l'œuvre libre. Cependant, je ne dirais pas que toutes les œuvres publiées
doivent être libres. Je pense que celles qui doivent être libres sont celles
qu'on utilise pour effectuer des tâches concrètes. Cela comprend le
logiciel, les recettes de cuisine – et les recettes de cuisine sont un bon
exemple car, vous le savez sûrement, les cuisiniers partagent fréquemment
leurs recettes et les modifient.</p>

<p>HK</p>

<p>Oui, bien sûr.</p>

<p>RMS</p>

<p>Et ce serait un tollé si on les arrêtait. Donc, en pratique, les cuisiniers
traitent les recettes comme si elles étaient libres. Mais examinons d'autres
œuvres qu'on utilise pour faire des tâches concrètes. Les ouvrages
pédagogiques servent à des tâches concrètes : l'enseignement, aux autres ou
à soi-même. Les ouvrages de référence servent à des tâches concrètes :
trouver des renseignements. Et puis il y a les polices de caractères que
nous utilisons pour afficher le texte afin de pouvoir le lire. Voilà des
exemples d'œuvres utilitaires. Ce ne sont pas les seuls exemples. Je suis
sûr que vous pouvez en trouver d'autres. En tout cas, les œuvres utilitaires
sont celles dont je pense qu'elles doivent être libres.</p>

<p>Toutefois il y a d'autres sortes d'œuvres. Par exemple, il y a les essais
d'opinion et les articles scientifiques, et il y a les œuvres
artistiques. Leur contribution à la société est d'une autre nature. Elles
n'aident pas à faire des tâches pratiques, leur utilité est ailleurs. Par
conséquent je tire des conclusions différentes à leur propos. Je pense
qu'une conclusion primordiale pour ces œuvres est qu'elles devraient
comporter la liberté de redistribuer des copies exactes de manière non
commerciale, en d'autres termes, la liberté de partage.</p>

<p>HK</p>

<p>Je m'intéresse à ce que vous faites. Vous voyagez autour du globe, comme
moi, et vous apportez votre contribution aux autres sans penser à
vous-même. J'aime beaucoup la manière dont vous vivez et je la respecte
énormément. Alors je viens de me poser la question, comment vous
décririez-vous ?</p>

<p>RMS</p>

<p>Je me décris comme un activiste du logiciel libre.</p>

<p>HK</p>

<p>Un activiste ?</p>

<p>RMS</p>

<p>Oui.</p>

<p>HK</p>

<p>Les activistes, vous voulez dire ceux qui changent le monde ?</p>

<p>RMS</p>

<p>D'abord, nous n'avons pas changé le monde complètement, pas même dans ce
domaine, nous en avons seulement changé une partie.</p>

<p>HK</p>

<p>OK.</p>

<p>RMS</p>

<p>Vous pouvez constater que les utilisateurs de l'informatique continuent pour
la plupart à faire tourner des logiciels privateurs comme Windows et
Macintosh. Et s'ils ont des smartphones, ces derniers exécutent du logiciel
privateur qui généralement a aussi des fonctionnalités malveillantes. Nous
sommes encore loin de la victoire. Et autre chose : ce qui a été accompli,
je ne l'ai pas accompli seul. Mais c'est vrai que j'ai initié le mouvement.</p>

<p>HK</p>

<p>Cela fait longtemps que vous menez des actions. Quels conseils
donneriez-vous à quelqu'un qui voudrait devenir activiste ?</p>

<p>RMS</p>

<p>J'ai eu pas mal de chance, dans un sens. J'étais en mesure de faire quelque
chose pour promouvoir ma cause en travaillant seul. Quand d'autres personnes
intéressées se manifestaient, elles pouvaient me rejoindre. D'une manière
générale, c'est une bonne idée de chercher à faire les choses de cette
façon. En d'autres termes ne cherchez pas à construire une grande
organisation dès le début pour ensuite commencer à accomplir quelque
chose. Commencez par faire en sorte que seul, ou avec un petit groupe de
personnes qui vous soutiennent, vous puissiez accomplir quelque chose et, ce
faisant, attirer l'attention d'autres personnes qui pourraient avoir envie
de vous rejoindre.</p>

<p>HK</p>

<p>Excellente idée.</p>

<p>RMS</p>

<p>En fait, j'ai lu ce conseil dans un livre, je ne me rappelle plus où parce
que c'était il y a bien longtemps, mais il colle avec ce que j'ai déjà
réalisé. Je ne peux pas dire que je l'aie pris comme principe général, mais
cela a bien marché dans mon cas, c'est vrai.</p>

<p>Et autre chose. Ne partez pas avec l'idée que d'abord vous collecterez des
fonds importants et qu'ensuite, avec cet argent, vous pourrez faire ceci et
cela, parce que, presque à coup sûr, cette voie ne vous mènera nulle
part. Il y a si peu de chances que vous réussissiez à lever ces fonds que,
très probablement, vous passerez tout votre temps à faire des essais ratés
sans jamais démarrer quoi que ce soit qui fasse avancer votre cause.</p>

<p>Donc montez votre projet de telle sorte que vous puissiez rapidement vous
mettre à travailler pour votre cause. De cette façon vous passerez votre
temps à réaliser un petit quelque chose pour votre cause, ce qui est mieux
que rien.</p>

<p>HK</p>

<p>Ça se tient.</p>

<p>RMS</p>

<p>Et parmi ceux qui s'engagent dans la voie de la
collecte-de-fonds-avant-toute-chose, les rares qui réussiront à lever ces
fonds se rendront compte que les années passées à le faire auront modifié
leurs objectifs. Lorsqu'ils posséderont cet argent ils auront pris
l'habitude de tout faire pour en gagner. Peu de gens ont la faculté de faire
volte-face pour diriger leurs efforts vers quelque chose d'autre que de
récolter et conserver beaucoup d'argent.</p>

<p>HK</p>

<p>Effectivement. Pouvez-vous me dire comment vous avez fait pour rassembler
des gens formidables quand vous avez lancé la Fondation pour le logiciel
libre ?</p>

<p>RMS</p>

<p>Je ne sais pas si j'ai toujours rassemblé des gens formidables. Certains de
ceux qui sont venus chez nous étaient des gens compétents et d'autres non,
mais je ne pouvais pas vraiment le dire à l'avance, je ne savais pas comment
en juger. Mais il y avait assez de gens compétents pour qu'ils réussissent à
accomplir beaucoup.</p>

<p>HK</p>

<p>Avez-vous rassemblé les gens ou sont-ils venus chez vous d'eux-mêmes ?</p>

<p>RMS</p>

<p>Pour l'essentiel, les gens avaient vu ce que nous avions déjà fait et
avaient trouvé ça intéressant. Ou bien ils aidaient, ou bien dans certains
cas ils revenaient quand la FSF recrutait et que nous annoncions le
poste. Dans certains cas nous les connaissions déjà – nous savions déjà
lesquels étaient de bons programmeurs – par leurs contributions bénévoles,
aussi nous savions que si nous les recrutions ils seraient compétents.</p>

<p>HK</p>

<p>Je vois. Merci infiniment pour votre temps. En guise de question finale, je
voudrais vous demander ce que nous devons faire pour propager la liberté.</p>

<p>RMS</p>

<p>Les grands ennemis de la liberté, ce sont les gouvernements qui prennent
trop de pouvoir sur la société. Ils invoquent deux excuses : le terrorisme
et la pédopornographie. Mais nous devons nous rendre compte que les mesures
contre la liberté sont un plus grand danger que chacun de ces deux-là. Par
exemple, la censure d'Internet. Nous ne devons pas accepter de loi qui
permette de punir quelqu'un sans procès équitable.</p>

<p>Les États-Unis ont créé un précédent terrible quand ils ont commencé à
arrêter des gens tout autour de la planète, sans procès. Même maintenant,
Obama continue à faire pression en faveur des commissions militaires,<a
id="TransNote2-rev" href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> qui sont simplement
des procès ne se conformant pas aux standards de la justice. Ce ne sont pas
des procès équitables.</p>

<p>Nous savons que beaucoup de prisonniers étaient à Guantanamo sur la foi
d'une rumeur malveillante, et nous ne pouvons pas faire confiance aux
tribunaux militaires pour faire la distinction entre une preuve véritable,
et une rumeur malveillante ou le fait que quelqu'un a fini par dire sous la
torture ce que son tortionnaire voulait qu'il dise.</p>

<p>On m'a dit qu'en ce moment le gouvernement irakien continue à commettre des
actes de torture, et aussi que 30 000 prisonniers n'ont pas eu de
procès. C'est un monstre que les États-Unis ont créé. Les gouvernements
partout dans le monde cherchent à obtenir plus de pouvoir. Le problème,
c'est qu'ils en ont déjà trop.</p>

<p>HK</p>

<p>C'est vrai. Comment faire pour reprendre du pouvoir aux gouvernements ?</p>

<p>RMS</p>

<p>J'aimerais bien le savoir.</p>

<p>HK</p>

<p>(Rire)</p>

<p>RMS</p>

<p>Ce que je sais, c'est comment nous pouvons faire comprendre aux gens la
nécessité de le faire. Les gouvernements obtiennent leur pouvoir en
focalisant l'attention du public sur quelque problème secondaire.</p>

<p>Par exemple, aux États-Unis, comment le gouvernement a-t-il obtenu son
pouvoir de torturer et emprisonner des gens, ou même carrément de les
bombarder ? Les États-Unis pratiquent le meurtre ciblé. Il y a une liste de
personnes qui sont désignées pour mourir ; le gouvernement des États-Unis va
lâcher des bombes sur elles plutôt qu'essayer de les arrêter. Comment cela
a-t-il commencé ? C'est que les États-Unis ont focalisé l'attention du
public sur le danger secondaire que des terroristes mènent les attaques du
style 11 septembre sur le territoire américain.</p>

<p>Bush ne voulait pas d'enquête sur ces attaques. Finalement, il a été forcé
d'en autoriser une, mais il l'a fragilisée et a corrompu les enquêteurs, ce
qui fait que nous ne pouvons pas avoir confiance dans les résultats. Il n'y
a jamais eu d'enquête valable pour savoir comment ces attaques ont été
menées et qui en était responsable. Donc peut-être qu'elles ont été
planifiées par une bande de terroristes, comme le dit le gouvernement, ou
peut-être que Cheney était impliqué, comme d'autres le prétendent. Sans
enquête véritable, nous ne le saurons jamais.</p>

<p>Mais avec cette excuse, George Bush a apporté la démonstration que la
tyrannie est pire que le terrorisme, parce que ces attaques terroristes ont
tué 3000 personnes et qu'elles ont servi d'excuse pour la conquête de
l'Irak, au cours de laquelle 4500 Américains ont été tués à peu de chose
près. Alors, même si l'on cherche seulement à savoir qui est le plus
dangereux pour les Américains, la réponse est Bush.</p>

<p>HK</p>

<p>(Rire) Les gens ne peuvent pas juger de ce qui est bien ou mal quand la
situation devient trop complexe et trop agitée&hellip;</p>

<p>RMS</p>

<p>Et cela ne tient pas compte de près d'un million d'Irakiens que Bush a tués
et qu'il nous a empêchés de compter. Mais en empêchant leur décompte précis,
Bush a rendu plausibles des sous-estimations comme celle d'<cite>Iraq Body
Count</cite>.</p>

<p>J'ai lu récemment que des journalistes sont allés rechercher le pétrole
enterré sous la plage en Floride<a id="TransNote3-rev"
href="#TransNote3"><sup>3</sup></a> et que des espèces d'agents fédéraux
leur ont ordonné de ne pas le faire, parce qu'ils ne veulent pas ébruiter la
nouvelle que le pétrole est à cet endroit-là. Ils espèrent dissimuler ces
effets pour les faire sortir de l'esprit des gens. Qu'ils le fassent pour BP
ou pour Obama ou pour les deux, empêcher le public de savoir est choquant.</p>

<p>HK</p>

<p>Pensez-vous qu'Internet ait la possibilité de changer ce phénomène ?</p>

<p>RMS</p>

<p>C'est une autre question. Internet est utile pour diverses choses comme le
partage d'informations précieuses. Mais c'est aussi utile pour la
surveillance. Ainsi Internet peut servir à de bonnes comme à de mauvaises
choses. Comment faire en sorte que nous soyons libres de partager ? Comment
limiter la surveillance ? Il s'agit d'empêcher le gouvernement de faire des
choses injustes.</p>

<p><em>Richard Stallman est un activiste de la liberté du logiciel et il est
président de la <cite>Free Software Foundation</cite>.</em></p>

<div class="translators-notes">

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<hr /><b>Notes de traduction</b><ol>
<li id="TransNote1">Autre traduction de <cite>proprietary</cite> :
propriétaire. <a href="#TransNote1-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
<li id="TransNote2">Commissions militaires : tribunaux militaires
d'exception créés en 2006 par la loi dite <cite>Military Commissions
Act</cite> (amendée en 2009) pour juger les personnes emprisonnées à
Guantanamo. <a href="#TransNote2-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
<li id="TransNote3">Pétrole provenant de l'explosion d'une plateforme
pétrolière de BP dans le Golfe du Mexique en 2010. <a href="#TransNote3-rev"
class="nounderline">&#8593;</a></li>
</ol></div>
</div>

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<div class="unprintable">

<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <a
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orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à <a
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        &lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>

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Nous faisons le maximum pour proposer des traductions fidèles et de bonne
qualité, mais nous ne sommes pas parfaits. Merci d'adresser vos commentaires
sur cette page, ainsi que vos suggestions d'ordre général sur les
traductions, à <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
&lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
<p>Pour tout renseignement sur la coordination et la soumission des
traductions de nos pages web, reportez-vous au <a
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Traduction : Thérèse Godefroy<br />Révision : <a
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Dernière mise à jour :

$Date: 2019/01/05 19:59:24 $

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