thegnuproject.html (71244B)
1 <!--#set var="ENGLISH_PAGE" value="/gnu/thegnuproject.en.html" --> 2 3 <!--#include virtual="/server/header.fr.html" --> 4 <!-- Parent-Version: 1.96 --> 5 <!-- This page is derived from /server/standards/boilerplate.html --> 6 <!--#set var="TAGS" value="gnu-history" --> 7 <!--#set var="DISABLE_TOP_ADDENDUM" value="yes" --> 8 9 <!-- This file is automatically generated by GNUnited Nations! --> 10 <title>À propos du projet GNU - Projet GNU - Free Software Foundation</title> 11 <style type="text/css" media="print,screen"><!-- 12 a[href*='#ft'] { font-size: .94em; } 13 --> 14 </style> 15 <meta http-equiv="Keywords" content="GNU, GNU Project, FSF, Free Software, Free Software Foundation, History" /> 16 17 <!--#include virtual="/gnu/po/thegnuproject.translist" --> 18 <!--#include virtual="/server/banner.fr.html" --> 19 <!--#include virtual="/gnu/gnu-breadcrumb.fr.html" --> 20 <!--GNUN: OUT-OF-DATE NOTICE--> 21 <!--#include virtual="/server/top-addendum.fr.html" --> 22 <div class="article reduced-width"> 23 <h2>Le projet GNU</h2> 24 25 <address class="byline">par <a href="https://www.stallman.org/">Richard Stallman</a></address> 26 27 <h3>La première communauté qui partageait le logiciel</h3> 28 <p> 29 En 1971, quand j'ai commencé à travailler au labo d'intelligence 30 artificielle (IA) du <abbr title="Massachusetts Institute of 31 Technology">MIT</abbr> (Institut de technologie du Massachusetts), j'ai 32 intégré une communauté qui partageait le logiciel depuis de nombreuses 33 années déjà. Le partage du logiciel n'était pas limité à notre 34 communauté ; c'est une notion aussi ancienne que les premiers ordinateurs, 35 tout comme le partage des recettes est aussi ancien que la cuisine. Mais 36 nous partagions davantage que la plupart.</p> 37 <p> 38 Le labo d'IA utilisait un système d'exploitation à temps partagé appelé 39 <abbr title="Incompatible Timesharing System">ITS</abbr> (système à temps 40 partagé incompatible) que les hackers <a href="#ft1">[1]</a> de 41 l'équipe avaient écrit et mis au point en langage assembleur pour le <abbr 42 title="Programmed Data Processor">PDP</abbr>-10 de Digital, l'un des grands 43 ordinateurs de l'époque. En tant que membre de cette communauté, hacker 44 système de l'équipe du labo d'IA, mon travail consistait à améliorer ce 45 système.</p> 46 <p> 47 Nous ne qualifiions pas nos productions de « logiciels libres », car ce 48 terme n'existait pas encore ; c'est pourtant ce qu'elles étaient. Quand 49 d'autres universitaires, ou bien une entreprise, souhaitaient porter l'un de 50 nos programmes pour l'utiliser sur leur matériel, nous les laissions 51 volontiers faire. Et quand on voyait quelqu'un utiliser un programme inconnu 52 qui semblait intéressant, on pouvait toujours en obtenir le code source, 53 afin de le lire, le modifier, ou d'en réutiliser des parties dans le cadre 54 d'un nouveau programme.</p> 55 56 <div class="announcement comment" role="complementary"> 57 <hr class="no-display" /> 58 <p> 59 Pourquoi il est plus important que jamais <a 60 href="/philosophy/free-software-even-more-important.html">d'exiger que le 61 logiciel dont nous nous servons soit libre</a>. 62 </p> 63 <hr class="no-display" /> 64 </div> 65 66 <h3>L'effondrement de la communauté</h3> 67 <p> 68 La situation changea de manière radicale au début des années 80 quand la 69 société Digital mit fin à la série des PDP-10. Cette architecture, élégante 70 et puissante dans les années 60, ne pouvait pas s'adapter sans difficulté 71 aux plus grands espaces d'adressage qui devenaient réalisables dans les 72 années 80. Cela rendait obsolètes la quasi-totalité des programmes 73 constituant ITS.</p> 74 <p> 75 La communauté des hackers du labo d'IA s'était effondrée peu de temps 76 auparavant. La plupart d'entre eux avaient été engagés par une nouvelle 77 société, Symbolics, et ceux qui étaient restés ne parvenaient pas à 78 maintenir la communauté (le livre <cite>Hackers</cite>, écrit par Steve 79 Levy, décrit ces événements et dépeint clairement l'apogée de cette 80 communauté). Quand le laboratoire a, en 1982, choisi d'acheter un nouveau 81 PDP-10, ses administrateurs ont décidé de remplacer ITS par le système à 82 temps partagé de la société Digital, qui n'était pas libre.</p> 83 <p> 84 Les ordinateurs modernes d'alors, tels le VAX et le 68020, disposaient de 85 leurs propres systèmes d'exploitation, mais aucun d'entre eux n'était 86 libre : il fallait signer un accord de confidentialité pour en obtenir ne 87 serait-ce qu'une copie exécutable.</p> 88 <p> 89 Cela signifiait que la première étape de l'utilisation d'un ordinateur était 90 la promesse de ne pas aider son prochain. On interdisait toute communauté 91 fondée sur la coopération. La règle qu'édictaient ceux qui détenaient le 92 monopole d'un logiciel privateur <a id="TransNote2-rev" 93 href="#TransNote2"><sup>b</sup></a> était : « Qui partage avec son voisin 94 est un pirate. Qui souhaite la moindre modification doit nous supplier de la 95 lui faire. »</p> 96 <p> 97 L'idée que le système social du logiciel privateur – le système qui vous 98 interdit de partager ou d'échanger le logiciel – est antisocial, contraire à 99 l'éthique, et qu'il est tout simplement mauvais, surprendra peut-être 100 certains lecteurs. Mais comment qualifier autrement un système fondé sur la 101 division et l'isolement des utilisateurs ? Les lecteurs surpris par cette 102 idée ont probablement pris le système social du logiciel privateur pour 103 argent comptant, ou l'ont jugé en employant les termes suggérés par les 104 entreprises de logiciel privateur. Les éditeurs de logiciels travaillent 105 d'arrache-pied, et depuis longtemps, à convaincre tout un chacun qu'il 106 n'existe qu'un seul point de vue sur la question – le leur.</p> 107 <p> 108 Quand les éditeurs de logiciels parlent de « faire respecter » leurs 109 « droits » ou de « couper court au <a 110 href="/philosophy/words-to-avoid.html#Piracy">piratage</a> », ce qu'ils 111 <em>disent</em> est secondaire. Le véritable message se trouve entre les 112 lignes et il consiste en des hypothèses de travail qu'ils considèrent comme 113 acquises ; nous sommes censés les accepter les yeux fermés. Passons-les donc 114 en revue.</p> 115 <p> 116 La première hypothèse est que les sociétés éditrices de logiciel disposent 117 d'un droit naturel, incontestable, à être propriétaire du logiciel et 118 asseoir ainsi leur pouvoir sur tous ses utilisateurs (si c'était là un droit 119 naturel, on ne pourrait formuler aucune objection, indépendamment du tort 120 qu'il cause à tous). Il est intéressant de remarquer que la Constitution et 121 la tradition juridique des États-Unis d'Amérique rejettent toutes deux cette 122 idée ; le copyright n'est pas un droit naturel, mais un monopole artificiel, 123 imposé par l'État, restreignant le droit naturel de copier que possèdent les 124 utilisateurs.</p> 125 <p> 126 Autre hypothèse sous-jacente : seules importent les fonctionnalités du 127 logiciel; des utilisateurs comme nous ne doivent pas s'intéresser au modèle 128 de société qu'on leur prépare.</p> 129 <p> 130 Une troisième hypothèse est qu'on ne disposerait d'aucun logiciel utilisable 131 (ou qu'on ne disposerait jamais d'un logiciel qui s'acquitte de telle ou 132 telle tâche en particulier) si l'on ne garantissait pas à une entreprise 133 l'assise d'un pouvoir sur les utilisateurs du programme. Cette idée était 134 plausible, jusqu'à ce que le mouvement du logiciel libre démontrât qu'on 135 peut produire toutes sortes de logiciels utiles sans qu'il soit nécessaire 136 de les barder de chaînes.</p> 137 <p> 138 Si l'on se refuse à accepter ces hypothèses et qu'on examine ces questions 139 en se fondant sur une morale dictée par le bon sens, tout en plaçant les 140 utilisateurs au premier plan, on parvient à des conclusions bien 141 différentes. Les utilisateurs doivent être libres de modifier les programmes 142 pour qu'ils répondent mieux à leurs besoins, et libres de partager le 143 logiciel parce que la société est fondée sur l'aide à autrui.</p> 144 <p> 145 La place me manque ici pour développer le raisonnement menant à cette 146 conclusion, aussi renverrai-je le lecteur aux articles « <a 147 href="/philosophy/why-free.html">Pourquoi les logiciels ne doivent pas avoir 148 de propriétaire</a> » et « <a 149 href="/philosophy/free-software-even-more-important.html">Le logiciel libre 150 est encore plus essentiel maintenant</a> ». 151 </p> 152 153 <h3>Un choix moral difficile</h3> 154 <p> 155 Avec l'extinction de ma communauté, il m'était impossible de continuer comme 156 par le passé. J'étais confronté à un choix moral difficile.</p> 157 <p> 158 La solution de facilité était de rejoindre le monde du logiciel privateur, 159 signer des accords de confidentialité et promettre de ne pas aider mon 160 camarade hacker. Très probablement, j'aurais aussi été amené à développer du 161 logiciel publié avec des clauses de confidentialité, contribuant ainsi à en 162 pousser d'autres vers la trahison de leurs camarades.</p> 163 <p> 164 J'aurais pu gagner de l'argent de cette façon et peut-être même trouver 165 amusant d'écrire du code. Mais je savais qu'à la fin de ma carrière je 166 n'aurais à contempler que des années passées à construire des murs pour 167 séparer les gens, avec l'impression d'avoir employé ma vie à rendre le monde 168 pire.</p> 169 <p> 170 J'avais déjà eu l'expérience douloureuse des clauses de confidentialité, 171 quand quelqu'un m'avait refusé, ainsi qu'au labo d'IA du MIT, l'accès au 172 code source du programme de contrôle de notre imprimante (l'absence de 173 certaines fonctionnalités dans ce programme rendait l'utilisation de 174 l'imprimante très frustrante). Aussi ne pouvais-je pas me dire que les 175 clauses de confidentialité étaient bénignes. Le refus de cette personne de 176 partager avec nous m'avait mis très en colère ; je ne pouvais pas, à mon 177 tour, adopter un tel comportement à l'égard de mon prochain.</p> 178 <p> 179 Une autre possibilité, radicale mais déplaisante, était d'abandonner 180 l'informatique. De cette manière, mes capacités ne seraient pas employées à 181 mauvais escient, mais elles n'en seraient pas moins gaspillées. Je ne me 182 rendrais pas coupable de diviser les utilisateurs d'ordinateurs et de 183 restreindre leurs droits, mais cela se produirait malgré tout.</p> 184 <p> 185 Alors, j'ai cherché une façon pour un programmeur de se rendre utile pour la 186 bonne cause. Je me suis demandé si je ne pouvais pas écrire un ou plusieurs 187 programmes qui permettraient de souder à nouveau une communauté.</p> 188 <p> 189 La réponse était limpide : le besoin le plus pressant était un système 190 d'exploitation. C'est le logiciel le plus crucial pour commencer à utiliser 191 un ordinateur. Un système d'exploitation permet de faire beaucoup de 192 choses ; sans système, l'ordinateur est inexploitable. Avec un système 193 d'exploitation libre, on pourrait reconstituer une communauté de hackers 194 travaillant en mode coopératif – et inviter chacun à participer. Ainsi tout 195 un chacun pourrait se servir d'un ordinateur sans au préalable entrer dans 196 une conspiration destinée à spolier ses ami.e.s.</p> 197 <p> 198 En tant que développeur de système d'exploitation, j'avais les compétences 199 requises. Aussi, bien que le succès ne me semblât pas garanti, je me suis 200 rendu compte que j'étais prédestiné à faire ce travail. J'ai choisi de 201 rendre le système compatible avec Unix de manière à le rendre portable, pour 202 que les utilisateurs d'Unix puissent migrer facilement. J'ai opté pour le 203 nom « GNU », fidèle en cela à une tradition des hackers, car c'est un 204 acronyme récursif qui signifie <i>GNU's Not Unix</i> (GNU N'est pas 205 Unix). Il se prononce <a href="/gnu/pronunciation.html">« gnou » (comme 206 l'animal), avec un <i>g</i> dur</a>.</p> 207 <p> 208 Un système d'exploitation ne se limite pas à un noyau, qui suffit à peine à 209 exécuter d'autres programmes. Dans les années 70, tout système 210 d'exploitation digne de ce nom disposait d'interpréteurs de commandes 211 (<i>shell</i>), d'assembleurs, de compilateurs, d'interpréteurs, de 212 débogueurs, d'éditeurs de textes, de logiciels de courrier électronique, 213 pour n'en citer que quelques-uns. C'était le cas d'ITS, c'était le cas de 214 Multics, c'était le cas de VMS et c'était le cas d'Unix. Ce serait aussi le 215 cas du système d'exploitation GNU.</p> 216 <p> 217 Plus tard, j'ai entendu ces mots, attribués à Hillel <a 218 href="#ft2">[2]</a> :</p> 219 220 <blockquote><p> 221 If I am not for myself, who will be for me?<br /> 222 If I am only for myself, what am I?<br /> 223 If not now, when? <a id="TransNote3-rev" href="#TransNote3"><sup>c</sup></a> 224 </p></blockquote> 225 <p> 226 C'est dans cet état d'esprit que j'ai pris la décision de lancer le projet 227 GNU.</p> 228 229 <h3><i>Free</i> comme libre</h3> 230 <p> 231 Le terme <i>free software</i> est mal compris : il n'a rien à voir avec le 232 prix.<a id="TransNote4-rev" href="#TransNote4"><sup>d</sup></a> Il parle de 233 liberté. Voici donc la définition d'un logiciel libre.</p> 234 235 <p>Un programme est un logiciel libre pour vous, utilisateur particulier, si :</p> 236 237 <ul> 238 <li>vous avez la liberté de l'exécuter comme vous le souhaitez, pour quelque 239 motif que ce soit ;</li> 240 241 <li>vous avez la liberté de modifier le programme afin qu'il corresponde mieux à 242 vos besoins (dans la pratique, pour que cette liberté prenne effet, il vous 243 faut pouvoir accéder au code source, puisqu'opérer des modifications au sein 244 d'un programme dont on n'a pas le code source est un exercice extrêmement 245 difficile) ;</li> 246 247 <li>vous disposez de la liberté d'en redistribuer des copies, que ce de manière 248 gratuite ou onéreuse ;</li> 249 250 <li>vous avez la liberté de distribuer des versions modifiées du programme, afin 251 que la communauté puisse bénéficier de vos améliorations.</li> 252 </ul> 253 <p> 254 Puisque le mot <i>free</i> se réfère ici à la liberté et non au prix, il 255 n'est pas contradictoire de vendre des copies de logiciels libres. En 256 réalité, cette liberté est cruciale : les compilations de logiciels libres 257 vendues sur CD-ROM sont importantes pour la communauté, car le produit de 258 leur vente permet de lever des fonds pour le développement du logiciel 259 libre. C'est pourquoi on ne peut pas qualifier de libre un logiciel qu'on 260 n'a pas la liberté d'inclure dans de telles compilations.</p> 261 <p> 262 Le mot <i>free</i> étant ambigu en anglais, on a longtemps cherché des 263 solutions de remplacement, mais personne n'a trouvé mieux. La langue 264 anglaise compte plus de mots et de nuances que toute autre langue, mais elle 265 souffre de l'absence d'un mot simple, univoque, qui ait le sens de 266 <i>free</i> comme liberté – <i>unfettered</i> (terme littéraire signifiant 267 « sans entrave ») étant le meilleur candidat, d'un point de vue 268 sémantique. Des mots comme <i>liberated</i> (libéré), <i>freedom</i> 269 (liberté) et <i>open</i> (ouvert) présentent tous un sens incorrect ou un 270 autre inconvénient.</p> 271 272 <h3>Les logiciels GNU et le système GNU</h3> 273 <p> 274 C'est un projet de très grande envergure que de développer un système 275 complet. Pour le mener à bien, j'ai décidé d'adapter et de réutiliser les 276 logiciels libres existants, quand cela était possible. J'ai par exemple 277 décidé dès le début d'utiliser TeX comme formateur de texte principal ; 278 quelques années plus tard, j'ai décidé d'utiliser le système X Window plutôt 279 que d'écrire un autre système de fenêtrage pour GNU.</p> 280 <p> 281 Cette décision, comme d'autres du même genre, a rendu le système GNU 282 distinct de la réunion de tous les logiciels GNU. Le système GNU comprend 283 des programmes qui ne sont pas des logiciels GNU ; ce sont des programmes 284 qui ont été développés par d'autres, dans le cadre d'autres projets, pour 285 leurs buts propres, mais qu'on peut réutiliser, car ce sont des logiciels 286 libres.</p> 287 288 <h3>La genèse du projet</h3> 289 <p> 290 En janvier 1984, j'ai démissionné de mon poste au MIT et commencé à écrire 291 les logiciels GNU. Il était nécessaire que je quitte le MIT pour empêcher ce 292 dernier de s'immiscer dans la distribution de GNU en tant que logiciel 293 libre. Si j'avais gardé mon poste, le MIT aurait pu se déclarer propriétaire 294 de mon travail et lui imposer ses propres conditions de distribution, voire 295 le transformer en logiciel privateur. Je n'avais pas l'intention d'abattre 296 autant de travail pour le voir devenir impropre à sa destination première : 297 créer une nouvelle communauté qui partage le logiciel.</p> 298 <p> 299 Cependant, le professeur Winston, qui dirigeait alors le labo d'IA du MIT, 300 m'a gentiment invité à continuer d'utiliser les équipements du laboratoire.</p> 301 302 <h3>Les premiers pas</h3> 303 <p> 304 Peu de temps avant de me lancer dans le projet GNU, j'avais entendu parler 305 du <i>Free University Compiler Kit</i>,<a id="TransNote5-rev" 306 href="#TransNote5"><sup>e</sup></a> plus connu sous le nom de VUCK (en 307 néerlandais, le mot qui veut dire <i>free</i> commence par un <i>v</i>). Ce 308 compilateur avait été mis au point dans l'intention de gérer plusieurs 309 langages, parmi lesquels C et Pascal, et de produire des binaires pour de 310 nombreuses machines cibles. J'ai écrit à son auteur en lui demandant la 311 permission d'utiliser ce compilateur dans le cadre du projet GNU.</p> 312 <p> 313 Il répondit d'un ton railleur, en déclarant (en anglais) que l'université 314 était <i>free</i> mais pas le compilateur. J'ai alors décidé que le premier 315 programme du projet GNU serait un compilateur gérant plusieurs langages, sur 316 plusieurs plateformes.</p> 317 <p> 318 En espérant m'épargner la peine d'écrire tout le compilateur moi-même, j'ai 319 obtenu le code source du compilateur Pastel, qui avait été développé au 320 laboratoire Lawrence Livermore et était multiplateforme. Il compilait une 321 version étendue de Pascal conçue comme langage de programmation système, et 322 c'était aussi le langage dans lequel il avait été écrit. J'y ai ajouté une 323 interface pour le C et j'ai entrepris le portage de ce programme sur le 324 Motorola 68000. Mais j'ai dû abandonner quand j'ai découvert qu'il fallait à 325 ce compilateur plusieurs mégaoctets d'espace de pile, alors que le système 326 Unix du 68000 n'en gérait que 64 ko.</p> 327 <p> 328 J'ai alors compris comment fonctionnait Pastel : il analysait le fichier en 329 entrée, en faisait un arbre syntaxique, convertissait cet arbre syntaxique 330 en chaîne d'« instructions » et engendrait ensuite le fichier de sortie, 331 sans jamais libérer le moindre espace mémoire. J'en ai conclu qu'il me 332 faudrait réécrire un nouveau compilateur en partant de zéro. Ce dernier est 333 maintenant connu sous le nom de <abbr title="GNU Compiler 334 Collection">GCC</abbr> ; il n'utilise rien de Pastel, mais j'ai réussi à 335 adapter et réutiliser l'analyseur syntaxique que j'avais écrit pour le 336 langage C. Mais tout cela ne s'est produit que quelques années plus tard ; 337 j'ai d'abord travaillé sur GNU Emacs.</p> 338 339 <h3>GNU Emacs</h3> 340 <p> 341 J'ai commencé à travailler sur GNU Emacs en septembre 1984 ; début 1985, ce 342 programme commençait à devenir fonctionnel, ce qui m'a permis d'utiliser des 343 systèmes Unix pour éditer mes fichiers ; n'ayant aucune envie de me 344 familiariser avec vi ou ed, j'avais jusqu'alors utilisé d'autres types de 345 machines pour les éditer.</p> 346 <p> 347 C'est alors que j'ai reçu des requêtes de gens souhaitant utiliser GNU 348 Emacs, ce qui a soulevé le problème de sa distribution. Je l'avais bien sûr 349 mis sur le serveur FTP anonyme de l'ordinateur du MIT que j'utilisais (cet 350 ordinateur, prep.ai.mit.edu, a ainsi été promu au rang de site de 351 distribution principal par FTP du projet GNU ; quelques années plus tard, à 352 la fin de son exploitation, nous avons transféré ce nom sur notre nouveau 353 serveur FTP). Mais à l'époque, une proportion importante des personnes 354 intéressées, n'ayant pas d'accès à Internet, ne pouvaient pas se procurer de 355 copie du programme par FTP. La question se posait en ces termes : que 356 devais-je leur dire ?</p> 357 <p> 358 J'aurais pu leur dire : « Trouvez un ami qui dispose d'un accès au réseau et 359 qui vous en fera une copie. » J'aurais pu également leur dire, comme je 360 l'avais fait avec la version originale d'Emacs pour PDP-10, « Envoyez-moi 361 une bande et une enveloppe timbrée à votre adresse ; je vous les renverrai 362 avec Emacs. » Mais j'étais sans emploi et je cherchais des moyens de gagner 363 de l'argent grâce au logiciel libre. C'est pourquoi j'ai annoncé que 364 j'enverrais une bande à quiconque en désirait une, en échange d'une 365 contribution de 150 dollars américains. C'est ainsi que j'ai créé une 366 entreprise de distribution de logiciel libre, l'ancêtre des sociétés qui, de 367 nos jours, proposent des distributions GNU/Linux complètes.</p> 368 369 <h3>Un programme est-il libre pour chacun de ses utilisateurs ?</h3> 370 <p> 371 Si un programme est un logiciel libre au moment où il quitte les mains de 372 son auteur, cela ne signifie pas nécessairement qu'il sera un logiciel libre 373 pour quiconque en possédera une copie. Un logiciel placé dans le <a 374 href="/philosophy/categories.html#PublicDomainSoftware">domaine public</a>, 375 par exemple (qui n'est couvert par aucun copyright), est un logiciel libre ; 376 mais tout un chacun peut en produire une version privatrice modifiée. De 377 façon comparable, de nombreux programmes libres sont couverts par des 378 copyrights, mais distribués sous des licences permissives qui autorisent la 379 création de versions modifiées privatrices.</p> 380 <p> 381 L'exemple le plus frappant de ce problème est le système X Window. Développé 382 au MIT et distribué sous forme de logiciel libre avec une licence 383 permissive, il a rapidement été adopté par divers constructeurs. Ils ont 384 ajouté X à leurs systèmes Unix privateurs, sous forme binaire uniquement, en 385 le frappant du même accord de confidentialité. Ces exemplaires de X 386 n'étaient pas plus libres que le reste d'Unix.</p> 387 <p> 388 Les développeurs du système X Window ne voyaient là nul problème (ils 389 s'attendaient à cela et souhaitaient un tel résultat). Leur but n'était pas 390 la liberté, mais la simple « réussite », définie comme le fait d'« avoir 391 beaucoup d'utilisateurs ». Peu leur importait la liberté de ces 392 utilisateurs, seul leur nombre revêtait de l'importance à leurs yeux.</p> 393 <p> 394 Cela a conduit à une situation paradoxale où deux façons différentes 395 d'évaluer la liberté donnaient des réponses différentes à la question « Ce 396 programme est-il libre ? » Qui fondait son jugement sur la liberté accordée 397 par les termes de distribution de la version du MIT concluait que X était un 398 logiciel libre. Mais qui mesurait la liberté de l'utilisateur-type de X 399 devait conclure que X était un logiciel privateur. La plupart des 400 utilisateurs de X exécutaient les versions privatrices fournies avec les 401 systèmes Unix et non la version libre.</p> 402 403 <h3>Le copyleft et la GNU GPL</h3> 404 <p> 405 Le but du projet GNU était de rendre les utilisateurs libres, pas de se 406 contenter d'être populaire. Nous avions besoin de conditions de distribution 407 qui empêcheraient de transformer les logiciels GNU en logiciels 408 privateurs. La méthode que nous utilisons a pour nom « copyleft » <a 409 href="#ft3">[3]</a>, ou « gauche d'auteur ».</p> 410 <p> 411 Le copyleft utilise le copyright (ou le droit d'auteur), en le retournant 412 pour lui faire servir le but opposé de ce pour quoi il a été conçu : ce 413 n'est pas une manière de restreindre l'utilisation d'un logiciel, mais une 414 manière de lui conserver sa liberté.</p> 415 <p> 416 L'idée centrale du copyleft est de donner à chacun la permission d'exécuter 417 le programme, de le copier, de le modifier et d'en distribuer des versions 418 modifiées (mais pas la permission d'ajouter des restrictions de son 419 cru). C'est ainsi que les libertés essentielles qui définissent le 420 « logiciel libre » sont garanties pour quiconque en possède un exemplaire ; 421 elles deviennent des droits inaliénables.</p> 422 <p> 423 Pour que le copyleft soit efficace, il faut que les versions modifiées 424 demeurent libres, afin de s'assurer que toute œuvre dérivée de notre travail 425 reste disponible pour la communauté en cas de publication. Quand un 426 programmeur professionnel améliore bénévolement un logiciel GNU, c'est le 427 copyleft qui empêche son employeur de dire : « Vous ne pouvez pas partager 428 ces modifications, car nous allons les utiliser dans le cadre de notre 429 version privatrice du programme. »</p> 430 <p> 431 Il est essentiel d'imposer que les modifications restent libres si l'on 432 souhaite garantir la liberté de tout utilisateur du programme. Les sociétés 433 qui ont privatisé le système X Window faisaient en général quelques 434 modifications pour le porter sur leur système d'exploitation et sur leur 435 matériel. Ces modifications étaient ténues si on les comparait à X dans son 436 ensemble, mais elles n'en étaient pas pour autant évidentes. Si le fait de 437 procéder à des modifications était un prétexte valable pour refuser aux 438 utilisateurs leur liberté, n'importe qui pourrait facilement en tirer parti.</p> 439 <p> 440 Le problème de la réunion d'un programme libre avec du code non libre est 441 similaire. Une telle combinaison serait indubitablement non libre ; les 442 libertés absentes de la partie non libre du programme ne se trouveraient pas 443 non plus dans l'ensemble, résultat de la combinaison. Autoriser de telles 444 pratiques ouvrirait une voie d'eau suffisante pour couler le navire. C'est 445 pourquoi il est essentiel que le copyleft colmate cette brèche : l'ajout ou 446 la jonction d'un élément quelconque à un programme sous copyleft doit se 447 faire de telle sorte que la version élargie résultant de l'opération soit 448 également libre et régie par le copyleft.</p> 449 <p> 450 La mise en œuvre spécifique du copyleft que nous utilisons pour la plupart 451 des logiciels GNU est la licence publique générale GNU, GNU <abbr title="GNU 452 General Public License">GPL</abbr> en abrégé. Nous disposons d'autres types 453 de copyleft pour des circonstances particulières. Les manuels du projet GNU 454 sont eux aussi régis par le copyleft, mais en utilisent une version très 455 simplifiée car il n'est pas nécessaire de faire appel à toute la complexité 456 de la GNU GPL dans le cadre de manuels <a href="#ft4">[4]</a>.</p> 457 458 <h3>La <i>Free Software Foundation</i>, ou Fondation pour le logiciel libre</h3> 459 460 <p>Emacs attirant de plus en plus l'attention, le projet GNU comptait un nombre 461 croissant de participants et nous avons décidé qu'il était temps de repartir 462 à la chasse aux fonds. En 1985, nous avons donc créé la <a 463 href="https://www.fsf.org/">Free Software Foundation</a> (Fondation pour le 464 logiciel libre), une association à but non lucratif, exemptée d'impôts, pour 465 le développement de logiciels libres. La FSF a aussi pris en charge le 466 commerce de la distribution d'Emacs ; plus tard, elle a étendu cette 467 activité en ajoutant aux bandes d'autres logiciels libres (aussi bien GNU 468 que non GNU) et en vendant des manuels libres.</p> 469 470 <p>Au début, les ressources de la FSF provenaient surtout de la vente de copies 471 de logiciels libres et de services annexes (CD-ROM de code source, CD-ROM 472 d'exécutables, manuels joliment imprimés, tout cela en autorisant la 473 redistribution et les modifications) et des distributions <i>Deluxe</i> 474 (distributions pour lesquelles nous compilions une collection de logiciels 475 pour la plateforme choisie par le client). Aujourd'hui la FSF <a 476 href="https://shop.fsf.org/">vend encore des manuels et d'autres outils</a>, 477 mais elle obtient l'essentiel de son financement grâce aux cotisations des 478 membres. Vous pouvez adhérer à la FSF sur <a 479 href="https://my.fsf.org/join">fsf.org</a>.</p> 480 481 <p>Les salariés de la Fondation pour le logiciel libre ont écrit et maintenu un 482 grand nombre de paquets logiciels du projet GNU, en particulier la 483 bibliothèque C et le shell. La bibliothèque C de GNU est ce qu'utilise tout 484 programme fonctionnant sur un système GNU/Linux pour communiquer avec 485 Linux. Elle a été développée par Roland McGrath, membre de l'équipe de la 486 Fondation pour le logiciel libre. Le shell employé sur la plupart des 487 systèmes GNU/Linux est BASH, le <i>Bourne-Again SHell</i> <a 488 href="#ft5">[5]</a>, qui a été développé par Brian Fox, salarié de la FSF.</p> 489 490 <p>Nous avons financé le développement de ces programmes, car le projet GNU ne 491 se limitait pas aux outils ou à un environnement de développement. Notre but 492 était la mise en place d'un système d'exploitation complet et de tels 493 programmes étaient nécessaires pour l'atteindre.</p> 494 495 <h3>Assistance technique au logiciel libre</h3> 496 497 <p>La philosophie du logiciel libre rejette une pratique spécifique, très 498 répandue dans l'industrie du logiciel, mais elle ne s'oppose pas au monde 499 des affaires. Quand des entreprises respectent la liberté des utilisateurs, 500 nous leur souhaitons de réussir.</p> 501 502 <p>La vente d'exemplaires d'Emacs représente l'une des formes du commerce fondé 503 sur le logiciel libre. Quand la FSF a récupéré ce commerce, j'ai dû chercher 504 une autre solution pour gagner ma vie. Je l'ai trouvée dans la vente de 505 services associés aux logiciels libres que j'avais développés. Cela 506 consistait à faire des cours sur des sujets comme la programmation de GNU 507 Emacs et la personnalisation de GCC, et à développer du logiciel 508 (essentiellement pour porter GCC sur de nouvelles plateformes).</p> 509 510 <p>De nos jours, chacune de ces activités lucratives fondées sur le logiciel 511 libre est pratiquée par de nombreuses sociétés. Certaines distribuent des 512 compilations de logiciels libres sur CD-ROM ; d'autres vendent de 513 l'assistance technique en répondant à des questions d'utilisateurs, en 514 corrigeant des bogues et en insérant de nouvelles fonctionnalités 515 majeures. On commence même à voir des entreprises dont l'objet est la mise 516 sur le marché de nouveaux logiciels libres.</p> 517 518 <p>Prenez garde, toutefois : certaines des sociétés qui s'associent à la 519 dénomination « open source »<a id="TransNote8-rev" 520 href="#TransNote8"><sup>h</sup></a> fondent en réalité leur activité sur du 521 logiciel privateur qui fonctionne avec du logiciel libre. Ce ne sont pas des 522 entreprises de logiciel libre, ce sont des entreprises de logiciel privateur 523 dont les produits détournent les utilisateurs de leur liberté. Elles les 524 appellent « produits à valeur ajoutée », ce qui reflète quelles valeurs 525 elles souhaitent nous voir adopter : préférer la facilité à la liberté. Si 526 nous faisons passer la liberté au premier plan, il nous faut leur donner le 527 nom de « produits à liberté soustraite ».</p> 528 529 <h3>Objectifs techniques</h3> 530 531 <p>L'objectif principal de GNU est d'être libre. Même si GNU ne jouissait 532 d'aucun avantage technique sur Unix, il disposerait d'un avantage sociétal, 533 car il autorise les utilisateurs à coopérer, et d'un avantage éthique, car 534 il respecte la liberté de l'utilisateur.</p> 535 536 <p>Mais il était naturel d'appliquer à ce travail les standards bien connus du 537 développement logiciel de qualité en utilisant par exemple des structures de 538 données allouées dynamiquement pour éviter de mettre en place des limites 539 fixées arbitrairement, et en gérant tous les caractères possibles codables 540 sur 8 bits, partout où cela avait un sens.</p> 541 542 <p>De plus, nous nous sommes démarqués d'Unix, dont la priorité était la 543 réduction des besoins en mémoire, en décidant de ne pas nous occuper des 544 architectures 16 bits (il était clair que les architectures 32 bits seraient 545 la norme au moment de la finalisation du système GNU) et en ne faisant aucun 546 effort pour réduire la consommation mémoire à moins qu'elle n'excède un 547 mégaoctet. Dans les programmes pour lesquels il n'était pas crucial de 548 manipuler des fichiers de taille importante, nous avons encouragé les 549 programmeurs à lire le fichier en entrée d'une traite, en mémoire centrale, 550 et à analyser ensuite son contenu sans plus se préoccuper des 551 entrées/sorties.</p> 552 553 <p>Ces décisions ont rendu de nombreux programmes du projet GNU supérieurs à 554 leurs homologues sous Unix en termes de fiabilité et de vitesse d'exécution.</p> 555 556 <h3>Des ordinateurs offerts</h3> 557 558 <p>La réputation du projet GNU croissant, on nous offrait des machines sous 559 Unix pour nous aider à le mener à bien. Elles nous ont été bien utiles, car 560 le moyen le plus facile de développer les composants de GNU était de 561 travailler sur un système Unix dont on remplaçait les composants un par 562 un. Mais cela a posé un problème éthique : était-il correct, pour nous, de 563 posséder ne serait-ce qu'un exemplaire d'Unix ?</p> 564 565 <p>Unix était (et demeure) constitué de logiciel privateur, et la philosophie 566 du projet GNU nous demandait de ne pas utiliser de logiciel 567 privateur. Toutefois, en appliquant le raisonnement qui justifie le recours 568 à la violence en situation de légitime défense, je suis arrivé à la 569 conclusion qu'il était légitime d'utiliser un logiciel privateur quand 570 c'était crucial pour développer une solution de remplacement libre qui en 571 aiderait d'autres à se passer de ce même logiciel privateur.</p> 572 573 <p>Mais ce mal avait beau être justifiable, il n'en restait pas moins un 574 mal. De nos jours, nous ne possédons plus aucun exemplaire d'Unix, car nous 575 les avons tous remplacés par des systèmes d'exploitation libres. Quand nous 576 ne parvenions pas à substituer au système d'exploitation d'une machine un 577 système libre, nous remplacions la machine.</p> 578 579 <h3>La <i>GNU Task List</i>, ou liste des tâches du projet GNU</h3> 580 581 <p>Le projet GNU suivant son cours, on trouvait ou on développait un nombre 582 croissant de composants du système et il est finalement devenu utile de 583 faire la liste des parties manquantes. Nous l'avons utilisée pour recruter 584 des développeurs afin d'écrire ces dernières. Cette liste a pris le nom de 585 <i>GNU task list</i>. En plus des composants manquants d'Unix, nous y avons 586 inscrit plusieurs autres projets utiles, de logiciel et de documentation, 587 que nous jugions indispensables à un système réellement complet.</p> 588 589 <p>De nos jours <a href="#ft6">[6]</a>, on ne trouve presque plus aucun 590 composant d'Unix dans la liste des tâches du projet GNU – ces travaux ont 591 tous été menés à bien, si l'on néglige certains composants non 592 essentiels. Mais la liste est pleine de projets qu'on pourrait qualifier 593 d'« applications ». Tout programme qui fait envie à une classe pas trop 594 restreinte d'utilisateurs constituerait un ajout utile à un système 595 d'exploitation.</p> 596 597 <p>On trouve même des jeux dans la liste des tâches (et c'est le cas depuis le 598 commencement). Unix proposait des jeux, ce devait naturellement être aussi 599 le cas de GNU. Mais il n'était pas nécessaire d'être compatible en matière 600 de jeux, aussi n'avons-nous pas suivi la liste des jeux d'Unix. À la place, 601 nous avons mis sur la liste un assortiment de jeux qui devraient plaire aux 602 utilisateurs.</p> 603 604 <h3>La <i>GNU Lesser GPL</i>, ou licence publique générale GNU amoindrie</h3> 605 606 <p>La bibliothèque C de GNU fait appel à un copyleft particulier, appelé 607 « licence publique générale GNU amoindrie », ou GNU <abbr title="Library 608 General Public License">LGPL</abbr> <a href="#ft7">[7]</a>, qui autorise la 609 liaison de logiciel privateur avec la bibliothèque. Pourquoi une telle 610 exception ?</p> 611 612 <p>Ce n'est pas une question de principe ; aucun principe ne dicte que les 613 logiciels privateurs ont le droit de contenir notre code (pourquoi 614 contribuer à un projet qui affirme refuser de partager avec nous ?) 615 L'utilisation de la LGPL dans le cadre de la bibliothèque C, ou de toute 616 autre bibliothèque, est un choix stratégique.</p> 617 618 <p>La bibliothèque C joue un rôle générique ; tout système privateur, tout 619 compilateur, dispose d'une bibliothèque C. C'est pourquoi limiter 620 l'utilisation de la nôtre au logiciel libre n'aurait donné aucun avantage au 621 logiciel libre ; cela n'aurait eu pour effet que de décourager l'utilisation 622 de notre bibliothèque.</p> 623 624 <p>Il existe une exception à cette règle : sur le système GNU (et cela comprend 625 GNU/Linux), la bibliothèque C de GNU est la seule disponible. Aussi, ses 626 conditions de distribution déterminent s'il est possible de compiler un 627 programme privateur sur le système GNU. Il n'existe aucune raison éthique 628 d'autoriser des applications privatrices sur le système GNU, mais d'un point 629 de vue stratégique, il semble que les interdire découragerait plus 630 l'utilisation du système GNU que cela n'encouragerait le développement 631 d'applications libres. C'est pourquoi l'utilisation de la LGPL est une bonne 632 stratégie pour la bibliothèque C.</p> 633 634 <p>En ce qui concerne les autres bibliothèques, il faut prendre la décision 635 stratégique au cas par cas. Quand une bibliothèque remplit une tâche 636 particulière qui peut faciliter l'écriture de certains types de programmes, 637 la publier sous les conditions de la GPL, en limitant son utilisation aux 638 programmes libres, est une manière d'aider les développeurs de logiciels 639 libres et de leur accorder un avantage sur le logiciel privateur.</p> 640 641 <p>Considérons GNU Readline, une bibliothèque développée pour l'édition des 642 commandes dans BASH. Cette bibliothèque est distribuée sous la GNU GPL et 643 non pas sous la LGPL. L'effet probable est de réduire l'utilisation de la 644 bibliothèque Readline, mais cela ne représente pas une perte pour nous. En 645 attendant, on compte au moins une application utile qui a été libérée 646 uniquement dans le but de pouvoir utiliser la bibliothèque Readline, et 647 c'est là un gain réel pour la communauté.</p> 648 649 <p>Les développeurs de logiciel privateur jouissent des avantages que leur 650 confère l'argent ; les développeurs de logiciel libre doivent compenser cela 651 en s'épaulant les uns les autres. J'espère qu'un jour nous disposerons de 652 toute une collection de bibliothèques sous GPL, pour lesquelles il 653 n'existera pas d'homologue privateur. Nous disposerons ainsi de modules 654 pouvant être utilisés comme composants dans de nouveaux programmes libres, 655 ce qui favorisera considérablement la poursuite du développement de logiciel 656 libre.</p> 657 658 <h3>Gratter là où ça démange ?</h3> 659 <p> 660 Éric Raymond affirme que « Tout bon logiciel commence par gratter un 661 développeur là où ça le démange. » Cela se produit peut-être, parfois, mais 662 de nombreux composants essentiels de GNU ont été développés dans le but de 663 disposer d'un système d'exploitation libre complet. Ils ont été inspirés par 664 une vision et un projet à long terme, pas par un coup de tête.</p> 665 <p> 666 Nous avons par exemple développé la bibliothèque C de GNU, car un système de 667 type Unix a besoin d'une bibliothèque C ; BASH, car un système de type Unix 668 a besoin d'un shell ; et GNU tar, car un système de type Unix a besoin d'un 669 programme d'archivage. Il en va de même pour les programmes que j'ai 670 développés, à savoir le compilateur C de GNU, GNU Emacs, GDB et GNU Make.</p> 671 <p> 672 Certains programmes GNU ont été développés pour répondre aux menaces qui 673 pesaient sur notre liberté. C'est ainsi que nous avons développé gzip en 674 remplacement du programme Compress, que la communauté avait perdu suite aux 675 brevets logiciels déposés sur <abbr 676 title="Lempel-Ziv-Welch">LZW</abbr>. Nous avons trouvé des gens pour 677 développer LessTif, et plus récemment nous avons démarré les projets <abbr 678 title="GNU Network Object Model Environment">GNOME</abbr> et Harmony en 679 réponse aux problème posés par certaines bibliothèques privatrices (lire 680 ci-après). Nous sommes en train de développer GNU Privacy Guard (GPG) pour 681 remplacer un logiciel de chiffrement populaire mais non libre, car les 682 utilisateurs ne devraient pas avoir à choisir entre la préservation de leur 683 vie privée et la préservation de leur liberté.</p> 684 <p> 685 Bien sûr, les gens qui écrivent ces programmes se sont intéressés à ce 686 travail et de nombreux contributeurs ont ajouté de nouvelles fonctionnalités 687 pour satisfaire leurs besoins ou leurs intérêts. Mais ce n'est pas là la 688 raison première de ces programmes.</p> 689 690 <h3>Des développements inattendus</h3> 691 <p> 692 Au commencement du projet GNU, j'ai imaginé que nous développerions le 693 système GNU dans sa globalité avant de le publier. Les choses se sont 694 passées différemment.</p> 695 <p> 696 Puisque chaque composant du système GNU était implémenté sur un système 697 Unix, chaque composant pouvait être exécuté sur des systèmes Unix bien avant 698 que le système GNU ne soit disponible dans sa globalité. Certains de ces 699 programmes sont devenus populaires et leurs utilisateurs ont commencé à 700 travailler sur des extensions et des portages – sur les diverses versions 701 incompatibles d'Unix et parfois aussi sur d'autres systèmes.</p> 702 <p> 703 Ce processus a rendu ces programmes bien plus complets et a drainé des fonds 704 et des participants vers le projet GNU. Mais il a probablement eu également 705 pour effet de retarder de plusieurs années la mise au point d'un système en 706 état de fonctionnement, puisque les développeurs du projet GNU passaient 707 leur temps à s'occuper de ces portages et à ajouter de nouvelles 708 fonctionnalités aux composants existants, plutôt que de continuer à 709 développer peu à peu les composants manquants.</p> 710 711 <h3>Le GNU Hurd</h3> 712 <p> 713 En 1990, le système GNU était presque terminé ; le seul composant principal 714 qui manquait encore à l'appel était le noyau. Nous avions décidé 715 d'implémenter le noyau sous la forme d'une série de processus serveurs qui 716 fonctionneraient au-dessus de Mach. Mach est un micronoyau qui a été 717 développé à l'université Carnegie-Mellon, puis à l'université d'Utah ; le 718 GNU Hurd est une série de serveurs (une « horde de gnous ») qui fonctionnent 719 au-dessus de Mach et remplissent les diverses fonctions du noyau Unix. Le 720 développement a été retardé, car nous attendions que Mach soit publié sous 721 forme de logiciel libre comme on nous l'avait promis.</p> 722 <p> 723 L'une des raisons qui ont dicté ce choix était d'éviter ce qui semblait être 724 la partie la plus difficile du travail : déboguer un programme de noyau sans 725 disposer pour cela d'un débogueur au niveau du code source. Ce travail avait 726 déjà été fait, dans Mach, et nous pensions déboguer les serveurs du Hurd en 727 tant que programmes utilisateur, à l'aide de GDB. Mais cela prit beaucoup de 728 temps et les serveurs à plusieurs fils d'exécution <i>[multithreaded 729 servers]</i>, qui s'envoyaient des messages les uns aux autres, se sont 730 révélés très difficiles à déboguer. Il a fallu de nombreuses années pour 731 faire fonctionner le Hurd de manière robuste.</p> 732 733 <h3>Alix</h3> 734 <p> 735 À l'origine, le noyau du système GNU n'était pas censé s'appeler Hurd. Son 736 premier nom était Alix – du nom de celle qui à l'époque était l'objet de ma 737 flamme. Administratrice de systèmes Unix, elle avait fait remarquer que son 738 prénom ressemblait aux noms typiques des versions de systèmes Unix ; elle 739 s'en était ouverte auprès d'amis en plaisantant : « Il faudrait baptiser un 740 noyau de mon nom. » Je n'ai rien dit, mais ai décidé de lui faire la 741 surprise avec un noyau appelé Alix.</p> 742 <p> 743 Mais les choses ont changé. Michael Bushnell (maintenant, il s'appelle 744 Thomas), le développeur principal du noyau, préférait le nom Hurd et a 745 confiné le nom Alix à une certaine partie du noyau – la partie qui se 746 chargeait d'intercepter les appels système et de les gérer en envoyant des 747 messages aux serveurs du Hurd.</p> 748 <p> 749 Plus tard, Alix et moi mîmes fin à notre relation et elle a changé de nom ; 750 de manière indépendante, le concept du Hurd avait évolué de telle sorte que 751 ce serait la bibliothèque C qui enverrait directement des messages aux 752 serveurs, ce qui a fait disparaître le composant Alix du projet.</p> 753 <p> 754 Mais avant que ces choses ne se produisent, un de ses amis avait remarqué le 755 nom d'Alix dans le code source du Hurd et s'en était ouvert auprès 756 d'elle. Elle a donc finalement eu l'occasion de découvrir un noyau à son 757 nom.</p> 758 759 <h3>Linux et GNU/Linux</h3> 760 <p> 761 GNU Hurd n'est pas encore utilisable en production et nous ne savons pas 762 s'il le sera un jour. Son architecture basée sur les fonctionnalités 763 <i>[capability-based design]</i> a des problèmes provenant directement de la 764 flexibilité de cette architecture et il n'est pas sûr que des solutions 765 existent.</p> 766 767 <p> 768 Heureusement, on dispose d'un autre noyau. En 1991, Linus Torvalds a 769 développé un noyau compatible avec Unix et lui a donné le nom de Linux. Au 770 début c'était un logiciel privateur, mais en 1992 il l'a rendu libre ; la 771 jonction de Linux avec le système GNU, qui était presque complet, a donné un 772 système d'exploitation libre et complet (ce travail de jonction était 773 lui-même, bien sûr, considérable). C'est grâce à Linux qu'on peut désormais 774 employer une version du système GNU.</p> 775 <p> 776 Nous appelons cette version du système <a 777 href="/gnu/linux-and-gnu.html">GNU/Linux</a>, pour indiquer le fait que 778 c'est une combinaison du système GNU avec le noyau Linux. Je vous en prie, 779 ne vous laissez pas aller à appeler le système complet « Linux », puisque 780 cela équivaudrait à attribuer notre travail à quelqu'un d'autre. Merci de <a 781 href="/gnu/gnu-linux-faq.html">nous mentionner de manière équivalente</a>.</p> 782 783 <h3>Les défis à venir</h3> 784 <p> 785 Nous avons fait la preuve de notre capacité à développer une large gamme de 786 logiciels libres. Cela ne signifie pas que nous sommes invincibles et que 787 rien ne peut nous arrêter. Certains défis rendent incertain l'avenir du 788 logiciel libre ; pour les relever il faudra des efforts et une endurance 789 soutenus, sur des années parfois. Il faudra montrer le genre de 790 détermination dont les gens font preuve quand ils accordent de la valeur à 791 leur liberté et qu'ils ne laisseront personne la leur voler.</p> 792 <p> 793 Les quatre sections suivantes discutent de ces défis.</p> 794 795 <h4>Le matériel secret</h4> 796 <p> 797 Les fabricants de matériel tendent de plus en plus à garder leurs 798 spécifications secrètes. Cela rend plus difficile l'écriture de pilotes de 799 périphériques libres afin de permettre à Linux et au projet XFree86 de 800 reconnaître de nouveaux matériels. Nous disposons aujourd'hui de systèmes 801 entièrement libres, mais cela ne sera plus le cas à l'avenir si nous ne 802 pouvons pas gérer les ordinateurs de demain.</p> 803 <p> 804 On peut résoudre ce problème de deux manières. Les programmeurs peuvent 805 faire de la rétroingénierie pour comprendre comment gérer le matériel. Les 806 autres peuvent choisir le matériel qui est reconnu par du logiciel libre ; 807 plus nous serons nombreux, plus la politique du secret sur les 808 spécifications sera vouée à l'échec.</p> 809 <p> 810 La rétroingénierie est un travail considérable ; disposerons-nous de 811 programmeurs suffisamment déterminés pour le prendre en main ? Oui – si nous 812 sommes intimement persuadés que le logiciel libre est une question de 813 principe et que les pilotes non libres sont inacceptables. Et serons-nous 814 nombreux à dépenser un peu plus d'argent, ou à passer un peu plus de temps, 815 afin d'utiliser des pilotes libres ? Oui, si la détermination à revendiquer 816 la liberté se généralise <a href="#ft8">[8]</a>.</p> 817 818 <h4>Les bibliothèques non libres</h4> 819 <p> 820 Une bibliothèque non libre qui fonctionne sur des systèmes d'exploitation 821 libres se comporte comme un piège vis-à-vis des développeurs de logiciel 822 libre. Les fonctionnalités attrayantes de cette bibliothèque sont l'appât ; 823 si vous l'utilisez, vous tombez dans le piège car votre programme ne peut 824 pas faire partie utilement d'un système d'exploitation libre (en toute 825 rigueur, on pourrait y inclure le programme, mais on ne pourrait pas 826 <em>l'exécuter</em> en l'absence de la bibliothèque). Pire encore, si un 827 programme qui utilise une bibliothèque privatrice devient populaire, il peut 828 attirer dans le piège d'autres programmeurs peu soupçonneux.</p> 829 <p> 830 Ce problème s'est posé pour la première fois avec la boîte à outils Motif, 831 dans les années 80. Même s'il n'existait pas encore de systèmes 832 d'exploitation libres, le problème que Motif leur causerait plus tard était 833 évident. Le projet GNU a réagi de deux manières : en demandant aux projets 834 de logiciel libre d'utiliser les widgets de la boîte à outils libre 835 <i>X Toolkit</i> en parallèle avec Motif et en recherchant un volontaire 836 pour donner un remplaçant libre à Motif. Ce travail prit de nombreuses 837 années ; il a fallu attendre 1997 pour que LessTif, développé par <i>The 838 Hungry Programmers</i> (les Programmeurs affamés), devienne capable de faire 839 fonctionner la plupart des applications utilisant Motif.</p> 840 <p> 841 Entre 1996 et 1998, une autre boîte à outils non libre pour interface 842 graphique, nommée Qt, a été utilisée dans une importante collection de 843 logiciels libres, l'environnement de bureau <abbr title="K Desktop 844 Environment">KDE</abbr>.</p> 845 <p> 846 Les systèmes GNU/Linux libres ne pouvaient pas utiliser KDE, car nous ne 847 pouvions pas utiliser cette bibliothèque. Cependant, certains distributeurs 848 commerciaux de systèmes GNU/Linux n'ont pas été assez stricts dans leur 849 respect des règles du logiciel libre et ont ajouté KDE dans leurs systèmes, 850 ce qui en augmentait les capacités mais en réduisait la liberté. Le groupe 851 KDE encourageait activement de plus en plus de programmeurs à utiliser Qt et 852 des millions de « nouveaux utilisateurs de Linux » n'avaient jamais été 853 avertis du fait que tout ceci posait problème. La situation semblait 854 désespérée.</p> 855 <p> 856 La communauté du logiciel libre a répondu à ce problème de deux manières : 857 GNOME et Harmony.</p> 858 <p> 859 <abbr title="GNU Network Object Model Environment">GNOME</abbr> est le 860 projet de bureau de GNU. Démarré en 1997 par Miguel de Icaza et développé 861 avec l'aide de la société Red Hat Software, GNOME avait pour but de fournir 862 des fonctionnalités de bureau similaires en utilisant exclusivement du 863 logiciel libre. Il jouit aussi d'avantages techniques, comme de gérer toute 864 une variété de langages, pas seulement le C++. Mais son objectif principal 865 est la liberté : ne pas imposer l'utilisation du moindre logiciel non libre.</p> 866 <p> 867 Harmony est une bibliothèque compatible de remplacement, conçue pour 868 permettre l'utilisation des logiciels de KDE sans faire appel à Qt.</p> 869 <p> 870 En novembre 1998, les développeurs de Qt ont annoncé une modification de 871 leur licence qui, une fois effective, devrait faire de Qt un logiciel 872 libre. On ne peut pas en être sûr, mais je pense que cette décision est en 873 partie imputable à la réponse ferme de la communauté au problème que posait 874 Qt lorsqu'il n'était pas libre (la nouvelle licence n'est pas pratique ni 875 équitable, aussi demeure-t-il préférable d'éviter l'utilisation de Qt <a 876 href="#ft9">[9]</a>).</p> 877 <p> 878 Comment répondrons-nous à la prochaine bibliothèque non libre mais 879 alléchante ? La communauté entière comprendra-t-elle la nécessité de ne pas 880 tomber dans le piège ? Ou serons-nous nombreux à préférer la facilité à la 881 liberté, ce qui donnera lieu à un autre problème majeur ? Notre avenir 882 dépend de notre philosophie.</p> 883 884 <h4>Les brevets logiciels</h4> 885 <p> 886 La pire menace provient des brevets logiciels, susceptibles de placer des 887 algorithmes et des fonctionnalités hors de portée du logiciel libre pendant 888 une période qui peut atteindre vingt ans. Les brevets sur l'algorithme de 889 compression LZW ont été déposés en 1983 et nous ne pouvons toujours pas 890 diffuser de logiciel libre qui produise des images au format <abbr 891 title="Graphics Interchange Format">GIF</abbr> correctement compressées <a 892 href="#ft10">[10]</a>. En 1998, la menace d'une poursuite pour cause de 893 violation de brevets a mis fin à la distribution d'un programme libre qui 894 produisait des données sonores compressées au format <abbr title="MPEG-1 895 Audio Layer 3">MP3</abbr> <a href="#ft11">[11]</a>. 896 </p> 897 <p> 898 Il existe plusieurs manières de faire face au problème des brevets : on peut 899 rechercher des preuves qu'un brevet est invalide, ou chercher d'autres 900 solutions pour remplir une tâche particulière. Mais chacune de ces méthodes 901 ne fonctionne que de temps en temps ; quand elles échouent toutes les deux, 902 un seul brevet peut mettre la totalité des logiciels libres dans 903 l'impossibilité d'offrir aux utilisateurs une fonctionnalité qu'ils 904 souhaitent. Après une longue attente, les brevets finissent par expirer, 905 mais que devons-nous faire d'ici là ?</p> 906 <p> 907 Ceux d'entre nous qui apprécient le logiciel libre pour la liberté qu'il 908 leur donne continueront à l'utiliser de toute façon. On pourra travailler 909 sans utiliser les fonctionnalités brevetées. Mais ceux d'entre nous qui 910 apprécient le logiciel libre parce qu'ils s'attendent à ce qu'il soit 911 techniquement supérieur diront probablement qu'il ne vaut rien, le jour où 912 un brevet l'empêchera de progresser plus avant. Ainsi, même s'il est utile 913 de parler de l'efficacité sur le plan pratique du développement de type 914 « bazar », ainsi que de la fiabilité et de la puissance de certains 915 logiciels libres, il ne faut pas s'en tenir là. Il nous faut parler de 916 liberté et de principes.</p> 917 918 <h4>La documentation libre</h4> 919 <p> 920 Il ne faut pas chercher les défauts les plus graves de nos systèmes 921 d'exploitation libres dans le logiciel; c'est l'absence de bons manuels 922 libres qu'on puisse inclure dans nos systèmes qui se fait le plus 923 cruellement sentir. La documentation est essentielle dans tout paquet 924 logiciel ; quand un paquet logiciel important ne dispose pas d'un bon manuel 925 libre, il s'agit d'une lacune majeure. On en compte de nombreuses 926 aujourd'hui.</p> 927 <p> 928 La documentation libre, tout comme le logiciel libre, est une question de 929 liberté, pas de prix. La définition d'un manuel libre est très proche de 930 celle du logiciel libre : il s'agit d'offrir certaines libertés à tous les 931 utilisateurs. Il faut autoriser la redistribution (y compris la vente 932 commerciale), en ligne et sur papier, de telle sorte que le manuel puisse 933 accompagner chaque copie du programme.</p> 934 <p> 935 Il est également crucial d'autoriser les modifications. En règle générale, 936 je ne pense pas qu'il soit essentiel d'autoriser tout un chacun à modifier 937 toutes sortes d'articles et de livres. Je ne pense pas, par exemple, que 938 vous ou moi soyons tenus de donner la permission de modifier des textes 939 comme le présent article, qui expose nos actions et nos idées.</p> 940 <p> 941 Mais il existe une raison particulière pour laquelle il est crucial de 942 disposer de la liberté de modifier la documentation relative au logiciel 943 libre. Quand un programmeur exerce son droit de modifier le logiciel et 944 d'ajouter ou modifier des fonctionnalités, s'il est consciencieux il mettra 945 immédiatement à jour le manuel (afin de fournir une documentation précise et 946 utilisable aux côtés du programme modifié). Un manuel qui n'autorise pas les 947 programmeurs à être consciencieux et à terminer leur travail ne couvre pas 948 les besoins de notre communauté.</p> 949 <p> 950 Il n'y a pas de problème à poser certaines limites à la manière dont les 951 modifications sont faites. On peut accepter, par exemple, l'obligation de 952 conserver l'avis de copyright de l'auteur original, les conditions de 953 distribution, ou la liste des auteurs. Il n'y a pas non plus de problème à 954 exiger que les versions modifiées contiennent un avis indiquant qu'elles ont 955 été modifiées, voire à interdire de modifier ou d'ôter des sections 956 entières, pourvu que ces sections ne traitent pas de sujets techniques. En 957 effet cela n'interdit pas au programmeur consciencieux d'adapter le manuel 958 afin qu'il corresponde au programme modifié par ses soins. En d'autres 959 termes, cela n'empêche pas la communauté du logiciel libre d'utiliser 960 pleinement le manuel.</p> 961 <p> 962 En revanche, il faut autoriser la modification des portions 963 <em>techniques</em> du manuel et la distribution du résultat de ces 964 modifications par tous les médias habituels, à travers tous les canaux 965 habituels ; sans quoi, les restrictions sont un véritable obstacle pour la 966 communauté : le manuel n'est pas libre et il nous en faut un autre.</p> 967 <p> 968 Les développeurs de logiciel libre auront-ils conscience qu'il nous faut un 969 assortiment complet de manuels libres, seront-ils assez déterminés pour les 970 produire ? Une fois de plus, notre avenir dépend de notre philosophie.</p> 971 972 <h3>Il nous faut parler de la liberté</h3> 973 <p> 974 On estime aujourd'hui à dix millions le nombre d'utilisateurs de systèmes 975 GNU/Linux tels que Debian GNU/Linux et Red Hat « Linux » de par le monde. Le 976 logiciel libre propose tant d'avantages pratiques que les utilisateurs s'y 977 ruent pour des raisons purement pratiques.</p> 978 <p> 979 Cet état de fait a des conséquences heureuses, qui n'échapperont à 980 personne : le logiciel libre attire plus de développeurs, les entreprises du 981 logiciel libre ont plus de clients et il est plus facile d'encourager les 982 sociétés à développer des logiciels libres commerciaux, plutôt que des 983 logiciels privateurs.</p> 984 <p> 985 Mais l'intérêt pour le logiciel libre croît plus vite que la prise de 986 conscience de la philosophie sur laquelle il se fonde, et cela crée des 987 difficultés. Notre capacité à relever les défis et à répondre aux menaces 988 évoquées plus haut dépend de notre volonté de défendre énergiquement notre 989 liberté. Pour faire en sorte que notre communauté partage cette volonté, il 990 nous faut diffuser ces idées auprès des nouveaux utilisateurs au fur et à 991 mesure qu'ils rejoignent notre communauté.</p> 992 <p> 993 Mais nous négligeons ce travail ; on dépense bien plus d'efforts pour 994 attirer de nouveaux utilisateurs dans notre communauté qu'on n'en dépense 995 pour leur enseigner le civisme qui lui est attaché. Ces deux efforts sont 996 nécessaires et il nous faut les équilibrer.</p> 997 998 <h3>« Open Source »</h3> 999 <p> 1000 En 1998, il est devenu plus difficile de sensibiliser les nouveaux 1001 utilisateurs à la notion de liberté, quand une portion de notre communauté a 1002 choisi d'arrêter d'utiliser le terme « logiciel libre » pour lui préférer la 1003 dénomination « logiciel open source ».</p> 1004 <p> 1005 Certains de ceux qui ont choisi ce nouveau nom avaient en tête de mettre fin 1006 à la confusion souvent constatée entre les mots <i>free</i> et <i>gratis</i> 1007 – ce qui est un objectif valable. D'autres, au contraire, cherchaient à 1008 laisser tomber l'attachement aux principes qui avait toujours motivé le 1009 mouvement du logiciel libre et le projet GNU, afin de cibler les cadres et 1010 les utilisateurs professionnels, dont beaucoup ont une idéologie où la 1011 liberté, la communauté et les principes cèdent le pas au profit. Ainsi, la 1012 rhétorique de l'open source met l'accent sur le potentiel de faire du 1013 logiciel puissant et de grande qualité, mais occulte les notions de liberté, 1014 de communauté et de principes.</p> 1015 <p> 1016 Les magazines « Linux » illustrent clairement cet exemple (ils sont bourrés 1017 de publicités pour des logiciels privateurs qui fonctionnent sur 1018 GNU/Linux). Quand le prochain Motif ou Qt poindra, ces magazines 1019 mettront-ils les programmeurs en garde en leur demandant de s'en éloigner, 1020 ou passeront-ils des publicités pour ces produits ?</p> 1021 <p> 1022 La communauté a beaucoup à gagner de la participation des entreprises ; 1023 toutes choses étant égales par ailleurs, cette contribution est utile. Mais 1024 sacrifier à cette aide les discours traitant de liberté et de principes peut 1025 avoir des conséquences désastreuses ; cela augmente le déséquilibre 1026 mentionné précédemment entre le recrutement de nouveaux utilisateurs et leur 1027 l'éducation civique.</p> 1028 <p> 1029 Les termes « logiciel libre » et « open source » décrivent tous deux plus ou 1030 moins la même catégorie de logiciel, mais ne disent pas la même chose sur le 1031 logiciel et les valeurs qui lui sont associées. Le projet GNU continue 1032 d'utiliser le terme « logiciel libre » pour exprimer l'idée que la liberté 1033 est plus importante que la seule technique.</p> 1034 1035 <h3>Jetez-vous à l'eau</h3> 1036 <p> 1037 L'aphorisme de Yoda « <cite>There is no ‘try’</cite> »<a 1038 id="TransNote9-rev" href="#TransNote9"><sup>i</sup></a> est séduisant, mais 1039 il ne s'applique pas à moi. J'ai effectué la plupart de mes travaux sans 1040 savoir si j'étais capable de les mener à bien et sans savoir si ces 1041 derniers, une fois menés à bien, atteindraient les buts que je leur avais 1042 fixés. Mais j'ai tenté ma chance, car il n'y avait personne d'autre que moi 1043 entre l'ennemi et ma cité. À ma grande surprise, j'ai parfois réussi.</p> 1044 <p> 1045 J'ai parfois échoué ; certaines de mes cités sont tombées. Je trouvais alors 1046 une autre cité menacée et je me préparais pour une nouvelle bataille. Avec 1047 le temps, j'ai appris à reconnaître les menaces et à m'interposer entre ces 1048 dernières et ma cité, en appelant mes amis hackers à la rescousse.</p> 1049 <p> 1050 Maintenant, il arrive souvent que je ne sois pas seul. C'est pour moi un 1051 soulagement et une joie de constater que tout un régiment de hackers se 1052 mobilise pour faire front et je réalise que cette cité a une chance de 1053 survivre – pour le moment. Mais les dangers sont plus grands chaque année, 1054 et maintenant la société Microsoft a explicitement pris notre communauté 1055 dans son collimateur. L'avenir de la liberté n'est pas un fait acquis. Ne le 1056 considérez pas comme tel ! Si vous souhaitez conserver votre liberté, vous 1057 devez être prêts à la défendre.</p> 1058 <div class="column-limit"></div> 1059 1060 <h3 class="footnote">Notes</h3> 1061 <ol> 1062 <li id="ft1">L'utilisation du mot « hacker » dans le sens de « casseur de systèmes de 1063 sécurité », est un amalgame instillé par les mass media. Nous autres hackers 1064 refusons de reconnaître cette signification et continuons de donner à ce mot 1065 le sens de « celui qui aime programmer ou qui prend plaisir à exercer son 1066 ingéniosité de façon ludique ».<a id="TransNote1-rev" 1067 href="#TransNote1"><sup>a</sup></a> Consultez mon article <i>« <a 1068 href="https://stallman.org/articles/on-hacking.html">On Hacking</a> »</i>.</li> 1069 1070 <li id="ft2">En tant qu'athée, je ne suis les pas d'aucun guide spirituel, mais j'admire 1071 parfois ce qu'a dit l'un d'entre eux.</li> 1072 1073 <li id="ft3">En 1984 ou 1985, Don Hopkins (dont l'imagination était sans bornes) m'a 1074 envoyé une lettre. Il avait écrit <a 1075 href="/graphics/copyleft-sticker.html">sur l'enveloppe</a> plusieurs phrases 1076 amusantes et notamment celle-ci : <i>Copyleft – all rights reversed.</i><a 1077 id="TransNote6-rev" href="#TransNote6"><sup>f</sup></a> J'ai utilisé le mot 1078 « copyleft » pour donner un nom au concept de distribution que je 1079 développais alors.</li> 1080 1081 <li id="ft4">Nous utilisons maintenant la <a href="/licenses/fdl.html">licence GNU de 1082 documentation libre</a> (GNU <abbr title="Free Documentation 1083 License">FDL</abbr>) pour la documentation.</li> 1084 1085 <li id="ft5"><i>Bourne-Again Shell</i> <a id="TransNote7-rev" 1086 href="#TransNote7"><sup>g</sup></a> est un clin d'œil au nom <i>Bourne 1087 Shell</i>, qui était le shell habituel sur Unix.</li> 1088 1089 <li id="ft6">Cela a été écrit en 1998. Depuis 2009, nous ne tenons plus à jour cette 1090 longue liste de tâches. La communauté développe des logiciels libres 1091 tellement vite que nous ne pouvons même pas les suivre tous. En revanche, 1092 nous avons une liste des projets à haute priorité – liste bien plus courte 1093 de projets dont nous souhaitons vivement qu'ils soient menés à bien.</li> 1094 1095 <li id="ft7">Cette licence s'appelait initialement la <i>GNU Library General Public 1096 License</i> (licence publique générale GNU pour les bibliothèques). Nous 1097 l'avons renommée pour ne pas laisser penser que toutes les bibliothèques 1098 doivent l'utiliser. Consultez l'article <a 1099 href="/philosophy/why-not-lgpl.html">Pourquoi vous ne devriez pas utiliser 1100 la LGPL pour votre prochaine bibliothèque</a> pour plus d'informations.</li> 1101 1102 <li id="ft8">Note de 2008 : ce problème s'applique également au BIOS. Il existe un BIOS 1103 libre, <a href="https://libreboot.org/">LibreBoot</a> (une distribution de 1104 coreboot) ; le problème est d'obtenir les spécifications des machines pour 1105 que LibreBoot puisse les gérer sans recourir à des « blobs » non libres.</li> 1106 1107 <li id="ft9">En septembre 2000, Qt a été republiée sous la GNU GPL, ce qui pour 1108 l'essentiel a résolu le problème.</li> 1109 1110 <li id="ft10">Les brevets sur GIF ont expiré en 2009.</li> 1111 1112 <li id="ft11">Les brevets sur MP3 ont expiré en 2017. Regardez combien de temps il a fallu 1113 attendre.</li> 1114 </ol> 1115 1116 <div class="infobox extra" role="complementary"> 1117 <hr /> 1118 <p> 1119 Publié à l'origine dans le livre <cite>Open Sources</cite>. Richard Stallman 1120 <a href="/philosophy/open-source-misses-the-point.html">n'a jamais été 1121 partisan de l'« open source »</a>, mais a contribué à ce livre par cet 1122 article pour que les idées du logiciel libre n'en soient pas complètement 1123 absentes. 1124 </p> 1125 </div> 1126 </div> 1127 1128 <div class="translators-notes"> 1129 1130 <!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.--> 1131 <hr /><b>Notes de traduction</b><ol id="translator-notes-alpha"> 1132 <li><a id="TransNote1" href="#TransNote1-rev" 1133 class="nounderline">↑</a> 1134 En français, on peut utiliser le néologisme « bitouilleur » pour désigner 1135 l'état d'esprit de celui qui « touille des bits ».</li> 1136 <li><a id="TransNote2" href="#TransNote2-rev" 1137 class="nounderline">↑</a> 1138 <i>Proprietary software</i> se traduit souvent par « logiciel 1139 propriétaire ». « Privateur » est un néologisme inventé par RMS pour 1140 exprimer la notion que les logiciels propriétaires privent l'utilisateur de 1141 ses libertés.</li> 1142 <li><a id="TransNote3" href="#TransNote3-rev" 1143 class="nounderline">↑</a> 1144 On peut rendre l'esprit de ce poème comme suit :<br />Si je ne suis rien 1145 pour moi-même, qui sera pour moi ?<br />Si je suis tout pour moi-même, que 1146 suis-je ?<br />Si ce n'est pas aujourd'hui, alors quand ?</li> 1147 <li><a id="TransNote4" href="#TransNote4-rev" 1148 class="nounderline">↑</a> 1149 En anglais, le « libre » de « logiciel libre » se dit 1150 <i>free</i>. Malheureusement, ce mot a une autre acception, indépendante et 1151 incorrecte ici, il signifie également « gratuit ». Cette ambiguïté a causé 1152 énormément de tort au mouvement du logiciel libre.</li> 1153 <li><a id="TransNote5" href="#TransNote5-rev" 1154 class="nounderline">↑</a> 1155 Ce compilateur a été écrit à l'Université Libre <i>(Vrije Universiteit)</i> 1156 d'Amsterdam. En anglais, le placement des mots ne permet pas de déterminer 1157 s'il s'agit du « kit de compilation libre de l'université » ou du « kit de 1158 compilation de l'Université Libre ».</li> 1159 <li><a id="TransNote6" href="#TransNote6-rev" 1160 class="nounderline">↑</a> 1161 « Couvert par le gauche d'auteur, tous droits renversés. »</li> 1162 <li><a id="TransNote7" href="#TransNote7-rev" 1163 class="nounderline">↑</a> 1164 Le mot anglais <i>bash</i> a le sens de « coup, choc » et la signification 1165 de cet acronyme est double ; c'est à la fois une nouvelle version de 1166 l'interpréteur de commandes de Bourne, et une allusion aux chrétiens qui se 1167 sont sentis renaître dans cette religion et qu'aux États-Unis d'Amérique on 1168 qualifie de <i>born-again Christians</i>.</li> 1169 <li><a id="TransNote8" href="#TransNote8-rev" 1170 class="nounderline">↑</a> 1171 Littéralement, « [logiciel dont le] code source est ouvert ». C'est une 1172 périphrase lourde et inélégante en français, mais qui résout en anglais 1173 l'ambiguïté discutée plus haut, bien que RMS rejette cette solution pour des 1174 raisons expliquées à la fin de cet article.</li> 1175 <li><a id="TransNote9" href="#TransNote9-rev" 1176 class="nounderline">↑</a> 1177 L'aphorisme complet est : <i>“Try not. Do, or do not. There is no 1178 ‘try’.”</i> Ce qui pourrait se traduire par : « N'essaie pas. Fais, ou ne 1179 fais pas. “Essayer” n'existe pas. »</li> 1180 </ol></div> 1181 </div> 1182 1183 <!-- for id="content", starts in the include above --> 1184 <!--#include virtual="/server/footer.fr.html" --> 1185 <div id="footer" role="contentinfo"> 1186 <div class="unprintable"> 1187 1188 <p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <<a 1189 href="mailto:gnu@gnu.org">gnu@gnu.org</a>>. Il existe aussi <a 1190 href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens 1191 orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à 1192 <<a href="mailto:webmasters@gnu.org">webmasters@gnu.org</a>>.</p> 1193 1194 <p> 1195 <!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph, 1196 replace it with the translation of these two: 1197 1198 We work hard and do our best to provide accurate, good quality 1199 translations. However, we are not exempt from imperfection. 1200 Please send your comments and general suggestions in this regard 1201 to <a href="mailto:web-translators@gnu.org"> 1202 1203 <web-translators@gnu.org></a>.</p> 1204 1205 <p>For information on coordinating and contributing translations of 1206 our web pages, see <a 1207 href="/server/standards/README.translations.html">Translations 1208 README</a>. --> 1209 Merci d'adresser vos commentaires sur les pages en français à <<a 1210 href="mailto:trad-gnu@april.org">trad-gnu@april.org</a>>, et sur les 1211 traductions en général à <<a 1212 href="mailto:web-translators@gnu.org">web-translators@gnu.org</a>>. Si 1213 vous souhaitez y contribuer, vous trouverez dans le <a 1214 href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a> 1215 les infos nécessaires.</p> 1216 </div> 1217 1218 <!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to 1219 files generated as part of manuals) on the GNU web server should 1220 be under CC BY-ND 4.0. Please do NOT change or remove this 1221 without talking with the webmasters or licensing team first. 1222 Please make sure the copyright date is consistent with the 1223 document. For web pages, it is ok to list just the latest year the 1224 document was modified, or published. 1225 1226 If you wish to list earlier years, that is ok too. 1227 Either "2001, 2002, 2003" or "2001-2003" are ok for specifying 1228 years, as long as each year in the range is in fact a copyrightable 1229 year, i.e., a year in which the document was published (including 1230 being publicly visible on the web or in a revision control system). 1231 1232 There is more detail about copyright years in the GNU Maintainers 1233 Information document, www.gnu.org/prep/maintain. --> 1234 <p>Copyright © 1998, 2005, 2008, 2010, 2012, 2015, 2017, 2018, 2021 1235 Richard Stallman</p> 1236 1237 <p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a 1238 rel="license" 1239 href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative 1240 Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale (CC BY-ND 1241 4.0)</a>.</p> 1242 1243 <!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" --> 1244 <div class="translators-credits"> 1245 1246 <!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.--> 1247 Traduction : Sébastien Blondeel<br /> Révision : <a 1248 href="mailto:trad-gnu@april.org">trad-gnu@april.org</a></div> 1249 1250 <p class="unprintable"><!-- timestamp start --> 1251 Dernière mise à jour : 1252 1253 $Date: 2022/05/05 13:31:35 $ 1254 1255 <!-- timestamp end --> 1256 </p> 1257 </div> 1258 </div> 1259 <!-- for class="inner", starts in the banner include --> 1260 </body> 1261 </html>