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1 <!--#set var="ENGLISH_PAGE" value="/philosophy/shouldbefree.en.html" --> 2 3 <!--#include virtual="/server/header.fr.html" --> 4 <!-- Parent-Version: 1.96 --> 5 <!-- This page is derived from /server/standards/boilerplate.html --> 6 <!--#set var="TAGS" value="essays aboutfs principles" --> 7 <!--#set var="DISABLE_TOP_ADDENDUM" value="yes" --> 8 9 <!-- This file is automatically generated by GNUnited Nations! --> 10 <title>Pourquoi le logiciel doit être libre - Projet GNU - Free Software Foundation</title> 11 <style type="text/css" media="print,screen"><!-- 12 #content h3 { margin-top: 1.6em; } 13 --> 14 15 </style> 16 17 <!--#include virtual="/philosophy/po/shouldbefree.translist" --> 18 <!--#include virtual="/server/banner.fr.html" --> 19 <!--#include virtual="/philosophy/ph-breadcrumb.fr.html" --> 20 <!--GNUN: OUT-OF-DATE NOTICE--> 21 <!--#include virtual="/server/top-addendum.fr.html" --> 22 <div class="article reduced-width"> 23 <h2>Pourquoi le logiciel doit être libre</h2> 24 25 <address class="byline">par <a href="https://www.stallman.org/">Richard Stallman</a></address> 26 27 <p id="introduction"> 28 L'existence du logiciel soulève forcément la question de la façon dont 29 doivent être prises les décisions concernant son usage. Par exemple, 30 supposons qu'une personne ayant un exemplaire d'un programme rencontre une 31 autre personne qui en voudrait une copie. Il leur est possible de copier le 32 programme ; qui doit décider si cela se fera ? Les personnes elles-mêmes ? 33 Ou une tierce personne, son « propriétaire » ?</p> 34 <p> 35 Les développeurs de logiciel envisagent typiquement ces questions en 36 supposant que le critère de la réponse est la maximisation de leurs propres 37 profits. Le pouvoir politique des affaires a poussé le gouvernement à 38 adopter à la fois ce critère et la réponse proposée par les développeurs, à 39 savoir qu'un programme a un propriétaire, en général une société associée à 40 son développement.</p> 41 <p> 42 Je voudrais envisager la même question avec un critère différent : la 43 prospérité et la liberté du public en général.</p> 44 <p> 45 La réponse ne peut venir de la loi actuelle – la loi devrait se conformer à 46 l'éthique et non l'inverse. La pratique actuelle n'apporte pas non plus de 47 réponse, bien qu'elle puisse en suggérer. La seule façon d'en juger est de 48 chercher à savoir qui gagne et qui perd en reconnaissant des propriétaires 49 aux logiciels, pourquoi et dans quelle mesure. En d'autres termes, nous 50 devons effectuer une analyse des coûts et des avantages au nom de la société 51 dans son ensemble, en prenant en compte aussi bien la liberté individuelle 52 que la production de biens matériels.</p> 53 <p> 54 Dans cet essai, je décrirai les effets de l'existence des propriétaires et 55 je montrerai que les résultats en sont préjudiciables. Ma conclusion est que 56 les programmeurs ont le devoir d'encourager les autres à partager, 57 redistribuer, étudier et améliorer les logiciels qu'ils écrivent ; autrement 58 dit, d'écrire des <a href="/philosophy/free-sw.html">logiciels libres</a> <a 59 class="ftn" id="f1-rev" href="#f1">[1]</a>.</p> 60 61 <h3 id="owner-justification">Comment les propriétaires justifient leur pouvoir</h3> 62 <p> 63 Ceux qui bénéficient du système actuel, dans lequel les programmes sont une 64 propriété, présentent deux arguments en appui à leur prétention de les 65 détenir : l'argument affectif et l'argument économique.</p> 66 <p> 67 L'argument affectif ressemble à ceci : « J'ai mis ma sueur, mon cœur, mon 68 âme dans ce programme. Il vient de <em>moi</em>, c'est le <em>mien</em> ! »</p> 69 <p> 70 Cet argument ne nécessite pas de réfutation sérieuse. Les programmeurs 71 peuvent cultiver ce sentiment d'affection quand ça les arrange ; il n'est 72 pas inévitable. Considérons, par exemple, comment ces mêmes programmeurs 73 cèdent volontiers leurs droits à une grosse entreprise moyennant salaire ; 74 mystérieusement, l'attachement affectif disparaît. Faisons le contraste avec 75 ces grands artistes et artisans des temps médiévaux, qui ne signaient même 76 pas leurs œuvres. Pour eux, le nom de l'artiste n'avait pas d'importance. Ce 77 qui importait, c'était que le travail soit accompli et que son but afférent 78 soit atteint. Cette façon de voir a prévalu pendant des centaines d'années.</p> 79 <p> 80 L'argument économique est du style : « Je veux devenir riche (ce qui en 81 général, se dit incorrectement 'je veux gagner ma vie'), et si vous ne me 82 permettez pas de devenir riche en programmant, eh bien je ne programmerai 83 pas. Comme tout le monde me ressemble, personne n'écrira de programmes. Et 84 vous serez coincés, car il n'y aura pas de programme du tout ! » Cette 85 menace est généralement déguisée en conseil amical venant de la bouche d'un 86 sage.</p> 87 <p> 88 J'expliquerai plus tard pourquoi cette menace est du bluff. J'aimerais 89 d'abord mettre le doigt sur une supposition implicite qui est plus évidente 90 dans une autre formulation de l'argument.</p> 91 <p> 92 Cette formulation part de la comparaison entre l'utilité sociale d'un 93 programme privateur <a id="TransNote1-rev" 94 href="#TransNote1"><sup>a</sup></a> et de l'absence de programme, pour alors 95 conclure que le développement de logiciel privateur est globalement 96 bénéfique et qu'il doit être encouragé. L'erreur, ici, vient de ne comparer 97 que deux résultats – logiciel privateur contre pas de logiciel – et de 98 supposer qu'il n'y a pas d'autre possibilité.</p> 99 <p> 100 Dans un système reconnaissant le droit d'auteur, le développement logiciel 101 est habituellement lié à l'existence d'un propriétaire qui contrôle 102 l'utilisation du logiciel. Tant que ce lien existe, nous devons souvent 103 faire face au choix entre un programme privateur et l'absence de 104 programme. Cependant, ce lien n'est pas inhérent ni inévitable ; c'est une 105 conséquence d'une décision politique spécifique, législative et sociétale, 106 que nous contestons : la décision qu'il y ait des propriétaires. Formuler le 107 choix entre logiciel privateur et pas de logiciel, c'est faire une pétition 108 de principe.</p> 109 110 <h3 id="against-having-owners">L'argument contre la propriété privée du logiciel</h3> 111 <p> 112 La question qu'il faut poser, c'est : « Le développement d'un logiciel 113 doit-il être lié à un propriétaire qui en restreint l'usage ? »</p> 114 <p> 115 Pour pouvoir en décider, il nous faut estimer l'effet sur la société de 116 chacune de ces activités, prise <em>indépendamment</em> : l'effet du 117 développement d'un logiciel (indépendamment des conditions de sa diffusion), 118 et l'effet de la restriction de son emploi (à supposer que le logiciel ait 119 été développé). Si l'une de ces activités est utile alors que l'autre est 120 nuisible, il serait à notre avantage de les dissocier et de ne poursuivre 121 que celle qui est utile.</p> 122 <p> 123 En d'autres termes, si restreindre la distribution d'un logiciel déjà 124 développé est préjudiciable à la société dans son ensemble, alors un 125 développeur ayant du sens moral rejettera cette activité.</p> 126 <p> 127 Pour déterminer l'effet de la restriction du partage, nous avons besoin de 128 comparer la valeur, pour la société, d'un programme restreint (par 129 ex. privateur) avec le même programme, mais disponible pour tout le 130 monde. Ce qui signifie comparer deux mondes possibles.</p> 131 <p> 132 Cette analyse répond également à un contre-argument simpliste qu'on entend 133 parfois : le bénéfice pour le voisin de lui donner une copie d'un logiciel 134 est annulé par le préjudice causé au propriétaire. Ce contre-argument 135 suppose qu'inconvénients et avantages sont équivalents dans leur 136 ampleur. Notre analyse compare ces deux termes et montre que les avantages 137 l'emportent de beaucoup.</p> 138 <p> 139 Pour mettre cet argument en lumière, prenons un autre domaine 140 d'application : la construction routière.</p> 141 <p> 142 Il serait possible de financer l'ensemble de la construction routière par 143 des péages, ce qui impliquerait d'avoir des postes de péage à tous les coins 144 de rues. Un tel système inciterait grandement à améliorer l'état des 145 routes. Il aurait aussi comme vertu de faire payer l'usager de la route 146 concernée. Cependant, un poste de péage est un obstacle artificiel à la 147 fluidité du trafic, artificiel dans le sens où ce n'est pas une conséquence 148 du fonctionnement des routes et des voitures.</p> 149 <p> 150 Si l'on compare l'utilité des routes avec et sans péage, nous voyons (toutes 151 choses égales par ailleurs) que les routes sans péage sont moins chères à 152 construire et à maintenir, plus sûres et plus efficaces à emprunter <a 153 class="ftn" id="f2-rev" href="#f2">[2]</a>.<a id="TransNote2-rev" 154 href="#TransNote2"><sup>b</sup></a> Dans les pays pauvres, les postes de 155 péage rendent les routes inaccessibles à bien des citoyens. Les routes sans 156 péage offrent ainsi plus d'avantages à moindre coût ; elles sont préférables 157 pour la société. C'est pourquoi la société doit trouver d'autres moyens de 158 financer les routes, sans recourir aux péages. L'usage des routes, une fois 159 construites, doit être libre (ou gratuit) <i>[free]</i>.<a 160 id="TransNote3-rev" href="#TransNote3"><sup>c</sup></a></p> 161 <p> 162 Quand les partisans des postes de péage les proposent comme étant 163 <em>simplement</em> une façon de lever des fonds, ils déforment le choix 164 offert. Les postes de péage, effectivement, permettent de récolter des 165 fonds, mais ils ont une autre conséquence : ils dégradent la valeur des 166 routes. Une route n'offre pas autant d'avantages si elle a un péage que si 167 elle n'en a pas ; nous donner plus de routes, ou des routes supérieures sur 168 le plan technique, n'est peut-être pas une amélioration véritable si cela 169 signifie substituer aux routes libres <i>[free]</i> des routes à péage.</p> 170 <p> 171 Bien entendu, construire des routes sans péage coûte de l'argent, que le 172 public doit payer d'une façon ou d'une autre. Toutefois, cela n'implique pas 173 que les postes de péage soient inévitables. Nous, qui devrons payer dans un 174 cas comme dans l'autre, obtiendrons plus pour notre argent en achetant des 175 routes sans péage.</p> 176 <p> 177 Je ne suis pas en train de dire que les routes à péage sont pires que pas de 178 route du tout. Ce serait vrai si les péages étaient tels que presque 179 personne n'emprunterait la route – ce qui n'est pas une politique plausible 180 pour un collecteur de péage. Cependant, tant que les postes de péage 181 causeront des gaspillages et des inconvénients significatifs, il sera plus 182 avantageux de lever des fonds d'une façon qui fasse moins obstacle à l'usage 183 des routes.</p> 184 <p> 185 Pour appliquer ce même argument au développement logiciel, je vais 186 maintenant montrer que d'avoir des « postes de péage » sur des logiciels 187 utiles coûte cher à la société : cela rend le programme plus coûteux à 188 élaborer et à distribuer, moins satisfaisant et moins efficace à 189 utiliser. Je poursuivrai en disant que la construction du programme devrait 190 être encouragée autrement. Puis je m'attacherai à présenter d'autres 191 méthodes d'encouragement et de financement du développement logiciel (dans 192 la mesure réellement nécessaire).</p> 193 194 <h4 id="harm-done">Les obstacles font du tort au logiciel</h4> 195 <p> 196 Considérez un instant un programme dont le développement est terminé et 197 entièrement payé ; maintenant, la société doit faire le choix entre le 198 rendre privateur, ou en permettre le partage et l'utilisation en toute 199 liberté. Supposez que l'existence et la disponibilité de ce programme soient 200 souhaitables <a class="ftn" id="f3-rev" href="#f3">[3]</a>.</p> 201 <p> 202 Les restrictions sur la distribution et la modification du programme ne 203 facilitent pas son utilisation. Elles ne peuvent qu'interférer. Donc, leur 204 effet ne peut être que négatif. Mais jusqu'à quel point ? Et de quelle 205 manière ?</p> 206 <p> 207 On distingue trois niveaux de préjudice matériel dans ce genre d'obstacle :</p> 208 209 <ul> 210 <li>moins de gens utilisent le programme ;</li> 211 212 <li>aucun des utilisateurs ne peut l'adapter ni le corriger ;</li> 213 214 <li>les autres développeurs ne peuvent rien en apprendre et il est impossible de 215 commencer un nouveau projet en se basant dessus.</li> 216 </ul> 217 218 <p> 219 Chaque niveau de préjudice matériel a un préjudice psychosocial 220 concomitant. Cela renvoie aux effets à long terme de nos décisions sur nos 221 propres sentiments, attitudes et prédispositions. Ces changements dans notre 222 façon de penser auront à leur tour un effet sur nos relations avec nos 223 concitoyens et peuvent avoir des conséquences matérielles.</p> 224 <p> 225 Les trois niveaux de préjudice matériel font perdre une partie de la valeur 226 que le programme pourrait offrir, mais ne peuvent la réduire à zéro. S'ils 227 font perdre la presque totalité de la valeur du programme, alors l'écriture 228 du programme cause du tort à la société, au plus à hauteur de l'effort qu'il 229 a fallu fournir pour écrire ce programme. En effet, un programme dont la 230 vente génère des profits fournit nécessairement un bénéfice net matériel 231 direct.</p> 232 <p> 233 Cependant, compte tenu des préjudices psychosociaux concomitants, il n'y a 234 pas de limite au préjudice que peut provoquer le développement d'un logiciel 235 privateur.</p> 236 237 <h4 id="obstructing-use">Obstacles à l'utilisation des programmes</h4> 238 <p> 239 Le premier niveau de préjudice gêne le simple usage d'un programme. Une 240 copie d'un programme a un coût marginal proche de zéro (et ce prix, vous 241 pouvez le payer en faisant le travail vous-même), ce qui veut dire que, dans 242 un marché libre, elle aurait un prix avoisinant zéro. Une licence payante 243 est une désincitation significative à l'utilisation d'un programme. Si un 244 logiciel utile à l'ensemble de la population est privateur, beaucoup moins 245 de gens l'utiliseront.</p> 246 <p> 247 Il est facile de montrer que la contribution totale d'un programme à la 248 société est réduite si on lui assigne un propriétaire. Chaque utilisateur 249 potentiel du logiciel, face à la nécessité de le payer pour l'utiliser, peut 250 choisir de payer ou de renoncer à son usage. Si un utilisateur fait le choix 251 de payer le programme, il y a un simple transfert de richesses entre deux 252 parties. Mais chaque fois qu'une personne choisit de s'abstenir d'utiliser 253 le programme, cela cause du tort à cette personne sans que quiconque y 254 trouve son compte. Quand on additionne des nombres négatifs avec zéro, le 255 résultat ne peut être que négatif.</p> 256 <p> 257 Mais cela ne réduit pas la somme de travail qu'il a fallu pour 258 <em>développer</em> le programme. Donc, l'efficacité de l'ensemble du 259 processus, calculée sur la base de la satisfaction des utilisateurs par 260 heure de travail, en est diminuée.</p> 261 <p> 262 Ceci reflète la différence cruciale entre la copie d'un programme et celle 263 d'une voiture, d'une chaise ou d'un sandwich. À part dans la 264 science-fiction, il n'existe pas de machine pouvant reproduire les objets 265 matériels. Mais les programmes sont faciles à copier ; n'importe qui peut 266 faire autant de copies que nécessaire, sans grand effort – ce qui n'est pas 267 vrai dans le cas des objets matériels, étant donné que la matière est 268 conservée : chaque copie nécessite des matières premières, tout comme 269 l'original.</p> 270 <p> 271 En ce qui concerne les objets matériels, décourager leur usage est logique, 272 car moins d'objets achetés signifie moins de matières premières, moins de 273 travail pour les construire. C'est vrai qu'il y a aussi, en général, un 274 investissement initial et un coût de développement que l'on doit répartir 275 sur l'ensemble de la production. Mais tant que le coût marginal de 276 production est significatif, y ajouter un pourcentage des coûts de 277 développement ne provoque pas de différence qualitative. Et cela n'exige 278 aucune restriction à la liberté des utilisateurs ordinaires.</p> 279 <p> 280 Cependant, imposer un prix à quelque chose qui, autrement, aurait pu être 281 gratuit, c'est un changement qualitatif. Une redevance imposée de manière 282 centralisée sur la distribution de logiciels devient une puissante source de 283 démotivation.</p> 284 <p> 285 De plus, la production centralisée, telle qu'elle est pratiquée de nos 286 jours, est inefficace, même comme moyen de fournir des copies de 287 logiciels. Ce système implique d'empaqueter des disquettes ou des bandes 288 dans un emballage superflu, de les envoyer en grande quantité dans le monde 289 entier puis de les stocker avant leur vente. Ces coûts sont présentés comme 290 étant le prix à payer pour faire des affaires ; en vérité, ils font partie 291 du gaspillage qu'entraîne le fait d'avoir des propriétaires.</p> 292 293 <h4 id="damaging-social-cohesion">Dommages à la cohésion sociale</h4> 294 <p> 295 Supposons que vous et votre voisin trouviez utile de faire tourner un 296 certain programme. Par souci d'éthique envers votre voisin, vous estimerez 297 probablement que la bonne chose à faire est de vous en servir tous les 298 deux. Proposer de n'en permettre l'usage qu'à un seul d'entre vous, tout en 299 l'interdisant à l'autre, entraînerait la division ; ni vous, ni votre voisin 300 ne trouveriez cela acceptable.</p> 301 <p> 302 Signer un contrat de licence typique pour un logiciel revient à trahir votre 303 voisin : « Je fais la promesse de priver mon voisin de ce programme de sorte 304 que je puisse en avoir un exemplaire pour moi-même. » Les gens qui font de 305 tels choix ressentent la pression psychologique interne de se justifier, en 306 diminuant l'importance d'aider leur voisin – cela au détriment du sens 307 civique. C'est là un préjudice psychosocial associé au préjudice matériel 308 consistant à décourager l'utilisation du logiciel.</p> 309 <p> 310 Beaucoup d'utilisateurs reconnaissent inconsciemment que le fait de refuser 311 le partage est mal ; ils décident alors d'ignorer les licences et les lois, 312 et de partager tout de même les programmes. Mais ils s'en sentent souvent 313 coupables. Ils savent qu'ils doivent enfreindre la loi pour être de bons 314 voisins, mais ils continuent de penser que les lois font autorité et 315 concluent qu'être un bon voisin (ce qu'ils sont), c'est vilain et 316 honteux. C'est aussi une forme de préjudice psychosocial, mais on peut y 317 échapper en prenant la décision de considérer que ces licences et ces lois 318 n'ont aucune force morale.</p> 319 <p> 320 Les programmeurs souffrent aussi de préjudice psychosocial, sachant que bien 321 des utilisateurs ne seront pas autorisés à se servir des fruits de leur 322 labeur. Ceci conduit à une attitude de cynisme ou de dénégation. Un 323 programmeur peut faire une description enthousiaste d'un travail qu'il 324 trouve stimulant sur le plan technique ; puis, quand on lui demande « Est-ce 325 qu'il me sera permis de l'utiliser ? », son visage se ferme et il doit bien 326 admettre que non. Pour éviter de se sentir découragé, soit, la plupart du 327 temps, il ignore ce fait, soit il adopte une attitude cynique afin d'en 328 minimiser l'importance.</p> 329 <p> 330 Aux États-Unis, depuis la période reaganienne, ce qui manque le plus n'est 331 pas l'innovation technique, mais plutôt la volonté de travailler ensemble 332 pour le bien public. Cela n'a pas de sens d'encourager l'un au détriment de 333 l'autre.</p> 334 335 <h4 id="custom-adaptation">Obstacles à l'adaptation sur mesure des programmes</h4> 336 <p> 337 Le deuxième niveau de préjudice matériel est l'impossibilité d'adapter les 338 programmes. La facilité de modification du logiciel est un de ses grands 339 avantages par rapport aux technologies plus anciennes. Mais la plupart des 340 logiciels commerciaux ne peuvent être modifiés, même après les avoir 341 achetés. Ils sont à prendre ou à laisser, comme une boîte noire, un point 342 c'est tout.</p> 343 <p> 344 Un programme exécutable se compose d'une série de nombres dont le sens est 345 obscur. Personne, même un bon programmeur, ne peut aisément changer les 346 nombres pour amener le programme à faire quelque chose de différent.</p> 347 <p> 348 Normalement, les programmeurs travaillent sur le « code source » d'un 349 programme, écrit dans un langage de programmation comme le Fortran ou 350 le C. Ils utilisent des noms pour désigner les données utilisées et les 351 différentes parties du programme, et ils représentent les opérations par des 352 symboles comme le <code>+</code> pour une addition ou le <code>-</code> pour 353 une soustraction. Le langage est conçu pour aider les programmeurs à 354 déchiffrer et modifier les programmes. Voici un exemple : il s'agit d'un 355 programme qui calcule la distance entre deux points d'un plan :</p> 356 357 <pre> 358 float 359 distance (p0, p1) 360 struct point p0, p1; 361 { 362 float xdist = p1.x - p0.x; 363 float ydist = p1.y - p0.y; 364 return sqrt (xdist * xdist + ydist * ydist); 365 } 366 </pre> 367 <p> 368 Ce que fait précisément ce code source n'est pas le problème ; le point 369 important est que cela ressemble à de l'algèbre et qu'une personne 370 connaissant ce langage de programmation le trouvera sensé et clair. En 371 revanche, voici le même programme sous sa forme exécutable, sur l'ordinateur 372 que j'utilisais lorsque j'ai écrit ceci : 373 </p> 374 375 <pre> 376 1314258944 -232267772 -231844864 1634862 377 1411907592 -231844736 2159150 1420296208 378 -234880989 -234879837 -234879966 -232295424 379 1644167167 -3214848 1090581031 1962942495 380 572518958 -803143692 1314803317 381 </pre> 382 383 <p> 384 Le code source est utile (au moins potentiellement) à chacun des 385 utilisateurs d'un programme, mais la plupart ne sont pas autorisés à en 386 posséder une copie. Normalement, le code source d'un programme privateur est 387 tenu secret par son propriétaire, de peur que quelqu'un d'autre n'en 388 apprenne quelque chose. L'utilisateur reçoit simplement des fichiers de 389 nombres incompréhensibles que l'ordinateur exécutera. Cela signifie que seul 390 le propriétaire du logiciel peut changer le programme.</p> 391 <p> 392 Un jour, une amie me raconta avoir travaillé comme programmeuse dans une 393 banque durant environ six mois, pour écrire un programme semblable à un 394 autre qui était disponible commercialement. Elle croyait que, si elle avait 395 eu accès au code source de ce programme commercial, elle aurait facilement 396 pu l'adapter aux besoins de la banque. La banque souhaitait payer pour cela, 397 mais elle n'y fut pas autorisée – le code source était un secret. Pendant 398 six mois, elle a donc dû faire un travail bidon, un travail qui a compté 399 pour quelque chose dans le PNB, mais qui était en fait du gaspillage.</p> 400 <p> 401 Aux alentours de 1977, le laboratoire d'intelligence artificielle (IA) du 402 <abbr title="Massachusetts Institute of Technology">MIT</abbr> reçut un 403 cadeau de Xerox, une imprimante graphique. Elle était pilotée par un 404 logiciel libre, auquel nous avons ajouté de nombreuses fonctionnalités bien 405 commodes. Par exemple, le logiciel avertissait immédiatement l'utilisateur 406 de la fin du processus d'impression. Si l'imprimante venait à rencontrer un 407 problème, comme un bourrage ou un manque de papier, le programme avertissait 408 de suite tous ceux qui avaient des travaux d'impression en cours. Ces 409 fonctionnalités facilitaient la vie.</p> 410 <p> 411 Plus tard, Xerox offrit au labo d'IA une nouvelle imprimante, plus rapide, 412 une des premières laser. Elle était pilotée par un logiciel privateur qui 413 tournait sur un poste dédié et séparé, nous ne pouvions donc ajouter aucune 414 de nos fonctionnalités favorites. On pouvait s'arranger pour envoyer un 415 avertissement quand une tâche d'impression était envoyée au poste dédié, 416 mais pas quand celle-ci était terminée (et les délais étaient habituellement 417 importants). Il n'y avait aucun moyen de savoir si le document était 418 imprimé ; il fallait deviner. Et personne n'était informé d'un bourrage 419 papier ; l'imprimante attendait ainsi souvent une heure avant d'être remise 420 en route.</p> 421 <p> 422 Les programmeurs système du labo d'IA étaient capables de corriger de tels 423 problèmes, probablement tout aussi capables que les auteurs du 424 programme. Xerox n'avait pas envie de les corriger et choisit de nous en 425 empêcher, nous avons donc été forcés de subir les problèmes. Ils n'ont 426 jamais été corrigés.</p> 427 <p> 428 La plupart des bons programmeurs ont fait l'expérience de cette 429 frustration. La banque pouvait se permettre de résoudre son problème en 430 écrivant un nouveau programme depuis le début, mais un utilisateur lambda, 431 quelle que soit son habileté, ne peut que laisser tomber.</p> 432 <p> 433 Laisser tomber provoque un préjudice psychosocial – sur l'esprit 434 d'indépendance. C'est démoralisant d'habiter une maison qu'on ne peut 435 réarranger selon ses besoins. Cela conduit à la résignation et au 436 découragement, ce qui peut affecter d'autres aspects de la vie d'une 437 personne. Les gens qui ont ce sentiment ne sont pas heureux et ne font pas 438 du bon travail.</p> 439 <p> 440 Imaginez ce que ce serait si les recettes de cuisine étaient logées à la 441 même enseigne que les logiciels. Vous vous diriez : « Voyons, comment 442 modifier cette recette pour en enlever le sel ? » Et le chef renommé de vous 443 répondre : « Comment oses-tu insulter ma recette, fruit de mon cerveau et de 444 mon palais, en tentant de la modifier ? Tu n'as pas assez de jugement pour 445 la changer sans la dénaturer. »</p> 446 <p> 447 « Mais mon docteur m'a recommandé de ne pas manger salé. Que puis-je faire ? 448 Pouvez-vous en ôter le sel pour moi ? »</p> 449 <p> 450 « Je serais heureux de le faire ; mes honoraires ne sont que de 50 000 451 dollars. » À partir du moment où le propriétaire a le monopole des 452 modifications, les honoraires tendent à gonfler. « De toute façon, je n'ai 453 pas le temps maintenant. Je suis pris par une commande du ministère de la 454 marine qui m'a demandé de créer une nouvelle recette de biscuit de mer. Je 455 reprendrai contact avec toi dans environ deux ans. »</p> 456 457 <h4 id="software-development">Obstacles au développement logiciel</h4> 458 <p> 459 Le troisième niveau de préjudice matériel touche le développement 460 logiciel. C'était autrefois un processus évolutif, où quelqu'un prenait un 461 programme existant et en réécrivait une partie pour ajouter une nouvelle 462 fonctionnalité ; puis une autre personne en réécrivait aussi une partie pour 463 y ajouter une autre fonctionnalité. Dans certains cas, cela a continué ainsi 464 sur une période d'une vingtaine d'années. Entre-temps, certaines parties du 465 programme se voyaient « cannibalisées » pour créer l'amorce d'autres 466 programmes.</p> 467 <p> 468 L'existence de propriétaires empêche ce genre d'évolution, ce qui rend 469 nécessaire de repartir à zéro si l'on veut développer un programme. Cela 470 empêche également les nouveaux praticiens d'étudier les programmes existants 471 pour en apprendre des techniques utiles ou même apprendre comment on 472 structure de gros programmes.</p> 473 <p> 474 Les propriétaires font ainsi obstacle à l'éducation, à l'apprentissage. J'ai 475 rencontré de brillants étudiants en informatique qui n'avaient jamais vu le 476 code source d'un grand programme. Ils sont peut-être bons à écrire des 477 programmes courts, mais les grands demandent des techniques d'écriture 478 différentes qu'ils ne peuvent pas commencer à apprendre s'ils ne peuvent 479 observer comment d'autres ont fait.</p> 480 <p> 481 Dans tout domaine intellectuel, on peut atteindre de plus hauts sommets en 482 se tenant sur les épaules des autres. Mais ce n'est généralement plus permis 483 dans le domaine logiciel – ce n'est permis qu'à l'intérieur de <em>votre 484 propre entreprise</em>.</p> 485 <p> 486 Le préjudice psychosocial qui s'y rattache affecte l'esprit de coopération 487 scientifique, qui était autrefois si fort que les scientifiques coopéraient 488 même quand leurs pays étaient en guerre. C'est dans cet esprit que des 489 océanographes japonais, abandonnant leur labo dans une île du Pacifique, ont 490 soigneusement conservé leurs travaux pour les Marines américains qui 491 commençaient à débarquer et laissèrent un mot leur demandant d'en prendre 492 bien soin.</p> 493 <p> 494 Les conflits de la course aux profits ont détruit ce que les conflits 495 internationaux avaient épargné. Aujourd'hui, les scientifiques de nombreuses 496 disciplines ne donnent pas assez de détails dans leurs publications pour que 497 d'autres puissent reproduire leur expérience. Ils ne publient que ce qui 498 permet au lecteur d'être impressionné par l'étendue de leurs travaux. C'est 499 particulièrement vrai pour la recherche informatique, où le code source des 500 programmes décrits dans les publications est en général secret.</p> 501 502 <h4 id="does-not-matter-how">Le moyen utilisé pour restreindre le partage n'a pas d'importance</h4> 503 <p> 504 J'ai parlé de ce qui se passe quand on empêche les gens de copier, de 505 modifier ou de prendre comme base un programme existant. Je n'ai pas précisé 506 la nature de ces obstacles, car cela n'affecte pas la conclusion. Que ce 507 soit par une protection contre la copie, le droit d'auteur, les licences, le 508 chiffrement, les cartes ROM ou encore un numéro de série sur le matériel, si 509 cela <em>réussit</em> à empêcher l'utilisation, alors il y a préjudice.</p> 510 <p> 511 Les utilisateurs jugent certaines de ces méthodes plus odieuses que 512 d'autres. Je suggère que les méthodes les plus détestées sont celles qui 513 accomplissent leur objectif.</p> 514 515 <h4 id="should-be-free">Le logiciel doit être libre</h4> 516 <p> 517 J'ai montré comment la propriété d'un programme, le pouvoir de restreindre 518 sa modification ou sa copie, est source d'obstacles. Ses retombées négatives 519 sont vastes et importantes. Il s'ensuit que la société doit se passer des 520 propriétaires de logiciels.</p> 521 <p> 522 Pour voir les choses autrement : ce dont a besoin la société, c'est de 523 logiciels libres ; les logiciels privateurs n'en sont qu'un médiocre 524 substitut. Encourager le substitut n'est pas une façon rationnelle d'obtenir 525 ce dont nous avons besoin.</p> 526 <p> 527 Václav Havel nous a conseillé de « travailler pour une chose parce qu'elle 528 est bonne, pas parce que cela a des chances de réussir ». Un marché créant 529 des logiciels privateurs a des chances de réussir dans l'étroite limite de 530 ses propres règles, mais ce n'est pas ce qui est bon pour la société.</p> 531 532 <h3 id="why-develop">Pourquoi les gens développeront des logiciels</h3> 533 <p> 534 Si nous éliminons le droit d'auteur comme moyen d'encourager les gens à 535 développer des logiciels, au début moins de programmes seront développés, 536 mais ils seront plus utiles. Difficile de dire si la satisfaction d'ensemble 537 des utilisateurs sera moindre. Mais si c'est le cas, ou si nous voulons 538 l'augmenter de toute façon, il y a d'autres moyens d'encourager le 539 développement, tout comme il y a des alternatives aux postes de péage pour 540 financer les rues. Mais avant de parler de la façon dont cela peut se faire, 541 je vais d'abord me demander dans quelle mesure un encouragement artificiel 542 est vraiment nécessaire.</p> 543 544 <h4 id="fun">Programmer, c'est amusant</h4> 545 <p> 546 Certains domaines professionnels trouvent peu de candidats, sauf pour de 547 l'argent ; la construction routière, par exemple. Il en est d'autres, 548 touchant aux études ou à l'art, dans lesquelles il y a peu de chance de 549 devenir riche, mais où les gens s'engagent par passion ou à cause de la 550 valeur que leur accorde la société. On peut y inclure, par exemple, la 551 logique mathématique, la musique classique et l'archéologie ; également 552 l'action politique au sein du monde du travail. Les gens concourent, plus 553 tristement qu'âprement, pour les quelques postes rémunérés disponibles, dont 554 aucun n'est vraiment bien payé. Ils iraient jusqu'à payer pour avoir la 555 chance de travailler dans un de ces domaines, s'ils pouvaient se le 556 permettre.</p> 557 <p> 558 Un tel domaine peut se transformer du jour au lendemain s'il commence à 559 offrir la possibilité de devenir riche. Si un travailleur devient riche, les 560 autres réclament la même opportunité. Bientôt tous pourront exiger de fortes 561 sommes d'argent pour ce qu'ils avaient l'habitude de faire pour le 562 plaisir. Deux ou trois ans de plus, et tous ceux qui appartiendront au 563 domaine tourneront en dérision l'idée que le travail puisse se faire sans 564 une rentabilité financière conséquente. Ils conseilleront aux acteurs 565 sociaux de rendre possible cette rentabilité en imposant les privilèges, 566 pouvoirs et monopoles spéciaux qu'elle nécessite.</p> 567 <p> 568 Ce changement est survenu dans le domaine de la programmation au cours des 569 années 80. Dans les années 70, des articles parlaient d'« accrocs à 570 l'informatique » : les utilisateurs étaient « connectés » et vivaient avec 571 100 $ par semaine.<a id="TransNote4-rev" href="#TransNote4"><sup>d</sup></a> 572 Il était généralement admis que des gens pouvaient aimer la programmation au 573 point qu'elle devienne une cause de divorce. Aujourd'hui, il est 574 généralement admis que personne ne programmerait sauf en échange d'un 575 salaire élevé. On a oublié ce qu'on savait à l'époque.</p> 576 <p> 577 Même si à un moment précis, il est vrai que la plupart des gens ne veulent 578 travailler dans un domaine particulier que pour un haut salaire, il ne faut 579 pas en conclure que ce sera toujours le cas. La tendance peut s'inverser 580 sous l'impulsion de la société. Si nous retirons du jeu la possibilité 581 d'amasser de grandes fortunes, alors au bout de quelque temps, quand les 582 gens auront réajusté leurs attitudes, ils seront de nouveau impatients de 583 travailler dans ce domaine pour le simple plaisir de réaliser quelque chose.</p> 584 <p> 585 Répondre à la question « Comment pouvons-nous payer les programmeurs ? » 586 devient plus facile quand nous réalisons qu'il ne s'agit pas de leur offrir 587 une petite fortune. Il est plus facile de leur assurer un niveau de vie 588 correct, mais sans plus.</p> 589 590 <h4 id="funding">Financer le logiciel libre</h4> 591 <p> 592 Les institutions qui payent les programmeurs n'ont pas besoin d'être des 593 éditeurs de logiciels. Beaucoup d'autres institutions existantes peuvent le 594 faire.</p> 595 <p> 596 Les fabricants de matériel informatique pensent qu'il est essentiel de 597 soutenir le développement du logiciel, même s'ils ne peuvent contrôler son 598 usage. En 1970, la plupart de leurs logiciels étaient libres, car ils ne 599 pensaient pas à les entraver. Aujourd'hui, leur volonté croissante de se 600 joindre à des consortiums montre bien qu'ils ont conscience que posséder le 601 logiciel n'est pas ce qui est vraiment important pour eux.</p> 602 <p> 603 Les universités dirigent de nombreux projets de développement 604 logiciel. Aujourd'hui, elles en vendent souvent les résultats, mais dans les 605 années 70 elles ne le faisaient pas. Peut-on douter que les universités 606 développeraient des logiciels libres si elles n'étaient pas autorisées à 607 vendre les logiciels ? Ces projets pourraient recevoir le soutien des mêmes 608 contrats et subventions publiques qui soutiennent actuellement le 609 développement de logiciels privateurs.</p> 610 <p> 611 Il est courant de nos jours que les chercheurs universitaires reçoivent une 612 subvention pour développer un système, qu'ils l'amènent presque jusqu'au 613 point d'achèvement, qu'ils le déclarent effectivement « fini », puis créent 614 des sociétés où ils finiront réellement le projet et le rendront 615 utilisable. Parfois, ils déclarent « libre » la version non terminée ; s'ils 616 sont vraiment corrompus, ils obtiendront plutôt une licence exclusive de la 617 part de l'université. Ce n'est pas un secret, c'est ouvertement admis par 618 toutes les personnes concernées. Pourtant, si les chercheurs n'étaient pas 619 exposés à la tentation de faire ce genre de chose, ils poursuivraient quand 620 même leurs recherches.</p> 621 <p> 622 Les programmeurs qui écrivent des logiciels libres peuvent gagner leur vie 623 en vendant des services liés au logiciel. J'ai été recruté pour porter le <a 624 href="/software/gcc/">compilateur C de GNU</a> sur du nouveau matériel 625 informatique et pour faire des extensions d'interface utilisateur pour <a 626 href="/software/emacs/">GNU Emacs</a> (j'offre ces améliorations au public, 627 une fois qu'elles sont réalisées). Je suis aussi payé pour faire des cours.</p> 628 <p> 629 Je ne suis pas le seul à travailler de cette façon ; il existe maintenant 630 une entreprise florissante, en expansion, qui ne fait que ce genre de 631 travail. Plusieurs autres sociétés fournissent également un support 632 commercial aux logiciels libres issus du système GNU. C'est le début d'une 633 industrie indépendante de support au logiciel libre, une industrie qui 634 pourrait prendre de fortes proportions si le logiciel libre devait se 635 généraliser. Elle offre aux utilisateurs des options qui sont généralement 636 indisponibles dans le cas du logiciel privateur, sauf pour les plus riches.</p> 637 <p> 638 De nouvelles institutions peuvent aussi financer les programmeurs, par 639 exemple la <a href="/fsf/fsf.html">Free Software Foundation</a>. Cette 640 dernière tire la majeure partie de ses fonds de la vente de bandes 641 magnétiques par correspondance. Le logiciel présent sur la bande est libre, 642 ce qui signifie que chaque utilisateur est libre de le copier et de le 643 modifier, mais néanmoins beaucoup payent pour en obtenir des copies 644 (rappelez-vous que <i>free software</i> veut dire logiciel libre, non pas 645 logiciel gratuit). Certains utilisateurs achètent des bandes, alors qu'ils 646 en possèdent déjà une copie, simplement parce qu'ils sentent que nous 647 méritons cette contribution. La Fondation reçoit aussi des donations 648 considérables de la part de fabricants d'ordinateurs.</p> 649 <p> 650 La <i>Free Software Foundation</i> est une organisation caritative et ses 651 revenus sont utilisés pour embaucher le plus de programmeurs possible. Si 652 elle avait été montée comme une entreprise, distribuant les mêmes logiciels 653 libres au public pour le même tarif, elle assurerait aujourd'hui un très bon 654 niveau de vie à son fondateur.</p> 655 <p> 656 Puisque la Fondation est une organisation caritative, les programmeurs 657 travaillent souvent pour la moitié de ce qu'ils pourraient toucher 658 ailleurs. Ils le font parce qu'ils sont libres de toute bureaucratie et 659 parce qu'ils ressentent de la satisfaction à savoir qu'il n'y aura pas 660 d'obstacle à l'utilisation de leur travail. Et, par-dessus tout, ils le font 661 parce que programmer est un vrai plaisir. Ajoutons que des bénévoles nous 662 ont écrit nombre de programmes (même des rédacteurs techniques ont commencé 663 à nous aider bénévolement).</p> 664 <p> 665 Ceci confirme que la programmation est l'un des domaines les plus 666 fascinants, au même titre que la musique et les arts. Nous n'avons pas à 667 craindre que plus personne ne veuille programmer.</p> 668 669 <h4 id="owe">Qu'est-ce que les utilisateurs doivent aux programmeurs ?</h4> 670 <p> 671 Les utilisateurs d'un logiciel ont une bonne raison de se sentir moralement 672 obligés de contribuer à son soutien. Les développeurs de logiciel libre 673 contribuent aux activités des utilisateurs, il est donc à la fois juste et 674 – sur le long terme – aussi dans l'intérêt des utilisateurs de continuer à 675 les financer.</p> 676 <p> 677 Cependant, ceci ne s'applique pas aux développeurs de logiciel privateur, 678 car la création d'obstacles appelle plutôt une sanction qu'une récompense.</p> 679 <p> 680 Nous nous trouvons ainsi face à un paradoxe : le développeur d'un logiciel 681 utile a droit au soutien des utilisateurs, mais n'importe quelle tentative 682 de transformer cette obligation morale en une exigence détruit les bases de 683 l'obligation. Un développeur peut soit recevoir une récompense, soit 684 l'exiger, mais pas les deux.</p> 685 <p> 686 Je crois qu'un développeur doué de sens moral faisant face à ce paradoxe 687 doit agir de manière à mériter la récompense, mais devrait aussi encourager 688 les utilisateurs à donner volontairement. Tôt ou tard, les utilisateurs 689 apprendront à soutenir les développeurs d'eux-mêmes, tout comme ils ont 690 appris à soutenir les radios et les stations télé indépendantes.</p> 691 692 <h3 id="productivity">Qu'est-ce que la productivité logicielle ? </h3> 693 <p> 694 Si les logiciels étaient libres, il y aurait toujours des programmeurs, mais 695 peut-être en nombre moindre. Est-ce que cela serait mauvais pour la 696 société ?</p> 697 <p> 698 Pas forcément. Aujourd'hui, les nations riches ont moins de fermiers qu'en 699 1900, mais nous ne pensons certainement pas que c'est mauvais pour la 700 société, car ceux qui restent produisent plus de nourriture pour les 701 consommateurs qu'un plus grand nombre n'en produisait autrefois. Nous 702 appelons cela l'amélioration de la productivité. Le logiciel libre devrait 703 demander moins de programmeurs pour satisfaire la demande, à cause de 704 l'augmentation de la productivité logicielle à tous niveaux :</p> 705 706 <ul> 707 <li> une utilisation plus générale de chaque programme développé ;</li> 708 <li> la possibilité d'adapter un programme existant pour le personnaliser au lieu 709 de repartir de zéro ;</li> 710 <li> une meilleure formation des programmeurs ;</li> 711 <li> l'élimination des efforts de développement redondants.</li> 712 </ul> 713 714 <p> 715 Ceux qui s'opposent à la coopération dans la mesure où elle diminuerait le 716 nombre d'emplois en programmation s'opposent en fait à l'accroissement de la 717 productivité. Pourtant les mêmes acceptent souvent la croyance largement 718 répandue que l'industrie logicielle a besoin d'accroître sa 719 productivité. Comment cela se fait-il ?</p> 720 <p> 721 La « productivité logicielle » peut vouloir dire deux choses : la 722 productivité d'ensemble de tout le développement logiciel ou la productivité 723 de projets individuels. La productivité d'ensemble, c'est ce que la société 724 aimerait améliorer, et la voie la plus directe pour le faire est d'éliminer 725 les obstacles artificiels à la coopération, qui la réduisent. Mais les 726 chercheurs qui se penchent sur la « productivité logicielle » se concentrent 727 uniquement sur le deuxième sens, limité, du terme, où l'amélioration demande 728 des avancées technologiques difficiles.</p> 729 730 <h3 id="competition">Est-ce que la compétition est inévitable ?</h3> 731 <p> 732 Est-il inévitable que les gens entrent en compétition, qu'ils essayent de 733 dépasser leurs rivaux dans la société ? Peut-être, oui. Mais la compétition 734 en elle-même n'est pas nocive : ce qui est nocif, c'est le <em>combat</em>.</p> 735 <p> 736 La compétition peut prendre de nombreuses formes. Elle peut consister en une 737 tentative d'aller toujours plus loin, de surpasser ce que d'autres ont déjà 738 réalisé. Par exemple, jadis, il y avait concurrence entre les meilleurs 739 programmeurs, et l'on rivalisait pour faire faire à l'ordinateur les choses 740 les plus incroyables, ou encore écrire le programme le plus court ou le plus 741 rapide pour une tâche donnée. Ce genre de compétition est bénéfique pour 742 tous, <em>tant que</em> subsiste le bon esprit sportif.</p> 743 <p> 744 Une compétition constructive est suffisante pour pousser les gens à de 745 grands efforts. Pas mal de gens rivalisent en ce moment pour savoir qui sera 746 le premier à avoir visité tous les pays du globe ; il y en a même qui 747 dépensent des fortunes pour cela. Mais ils ne corrompent pas les capitaines 748 de navire pour faire échouer leurs rivaux sur des îles désertes. Ils sont 749 satisfaits de laisser le meilleur gagner.</p> 750 <p> 751 La compétition devient un combat quand les participants commencent à gêner 752 les autres plutôt que de progresser eux-mêmes – c'est-à-dire quand le 753 principe qui dit « que le meilleur gagne » fait place au « laissez-moi 754 gagner, que je sois le meilleur ou non ». Le logiciel privateur est nocif, 755 non parce que c'est une forme de compétition, mais parce que c'est une forme 756 de combat entre les citoyens de notre société.</p> 757 <p> 758 La compétition dans les affaires n'est pas forcément un combat. Par exemple, 759 lorsque deux épiceries se font concurrence, tous leurs efforts tendent à 760 l'amélioration de leurs propres services, pas au sabotage de l'entreprise 761 rivale. Mais cela ne démontre pas un attachement particulier à l'éthique des 762 affaires ; plutôt qu'il y a peu de place pour le combat dans ce secteur, 763 violence physique mise à part. Tous les secteurs ne partagent pas cette 764 caractéristique. La rétention d'information utile à tous, c'est une forme de 765 combat.</p> 766 <p> 767 L'idéologie des affaires ne prépare pas les gens à résister à la tentation 768 de se battre lorsqu'ils sont en concurrence. Certaines formes de combat ont 769 été interdites avec les lois antitrust, l'interdiction de la publicité 770 mensongère, etc. ; mais plutôt que de considérer le rejet du combat comme un 771 principe général, les dirigeants d'entreprises inventent d'autres formes de 772 combat qui ne sont pas spécifiquement prohibées. Les ressources de la 773 société sont gaspillées dans l'équivalent économique d'une guerre civile 774 entre factions.</p> 775 776 <h3 id="communism">« Pourquoi ne pas t'établir en Russie ? »</h3> 777 <p> 778 Aux États-Unis, toute personne favorable à autre chose que le plus flagrant 779 laisser-faire égoïste a souvent entendu ce genre de réflexion. On l'entend, 780 par exemple, à l'encontre des partisans d'un système de santé publique tel 781 qu'il existe dans toutes les autres nations industrialisées du monde 782 libre. Ou encore à propos des partisans d'un soutien public des arts, tout 783 aussi universel dans les nations développées. Aux États-Unis, l'idée que les 784 citoyens aient une quelconque obligation de participer au bien public est 785 considérée comme du communisme. Mais jusqu'à quel point ces idées sont-elles 786 semblables ?</p> 787 <p> 788 Le communisme, tel qu'il était pratiqué en Union Soviétique, était un 789 système de contrôle centralisé où toutes les activités étaient strictement 790 régentées, soi-disant pour le bien public, mais en fait pour le bien des 791 membres du Parti communiste ; système où les machines à copier étaient 792 étroitement gardées, pour empêcher la copie illégale.</p> 793 <p> 794 Le système américain du droit d'auteur sur les logiciels exerce un contrôle 795 central sur la distribution d'un programme et surveille les machines à 796 copier grâce à des systèmes automatiques de protection contre la copie, pour 797 empêcher la copie illégale.</p> 798 <p> 799 Au contraire, je travaille à bâtir un système où les gens sont libres de 800 décider de leurs propres actions ; libres en particulier d'aider leur 801 voisin, ainsi que de modifier et améliorer les outils qu'ils utilisent dans 802 leur vie quotidienne – un système basé sur la coopération volontaire et la 803 décentralisation.</p> 804 <p> 805 Du coup, si l'on doit juger ces points de vue par leurs ressemblances au 806 communisme soviétique, alors ce sont les propriétaires de logiciel qui sont 807 les communistes.</p> 808 809 <h3 id="premises">La question des prémisses</h3> 810 <p> 811 Dans cet article, je pars du principe que l'utilisateur d'un logiciel n'est 812 pas moins important qu'un auteur ou même que l'employeur d'un 813 auteur. Autrement dit, lorsqu'on décide quelle est la meilleure marche à 814 suivre, leurs intérêts et leurs besoins ont autant d'importance.</p> 815 <p> 816 Cette prémisse n'est pas universellement admise. Beaucoup soutiennent que 817 l'employeur d'un auteur est fondamentalement plus important que n'importe 818 qui d'autre. Ils disent, par exemple, que la raison d'être de la propriété 819 du logiciel est de donner à l'employeur les avantages qui lui sont dus 820 – sans s'occuper de l'effet sur le public.</p> 821 <p> 822 Cela ne sert à rien d'essayer de prouver la véracité ou la fausseté de ces 823 prémisses. Prouver demande des prémisses partagées. C'est pourquoi la plus 824 grande partie de mon discours s'adresse à ceux qui partagent les prémisses 825 que j'utilise ou qui, du moins, sont intéressés par leurs conséquences. Pour 826 ceux qui croient que les propriétaires sont plus importants que tous les 827 autres, pour ceux-là, cet article n'est tout simplement pas pertinent.</p> 828 <p> 829 Mais pourquoi un grand nombre d'Américains accepteraient-ils une prémisse 830 qui élèverait certaines personnes au-dessus des autres ? En partie à cause 831 de la croyance que cette prémisse fait partie des traditions juridiques de 832 la société américaine. Certaines personnes ont le sentiment qu'en douter, 833 c'est défier les bases de la société.</p> 834 <p> 835 Il est important de faire savoir à ces personnes que cette prémisse ne fait 836 pas partie de notre tradition juridique. Elle n'en a jamais fait partie.</p> 837 <p> 838 Ainsi, la Constitution dit que l'objectif du copyright est de « promouvoir 839 le progrès des sciences et des arts utiles ». La Cour suprême l'a expliqué, 840 énonçant dans <em>Fox Film contre Doyal</em> que « l'intérêt unique des 841 États-Unis ainsi que l'objet principal du monopole [du copyright] résident 842 dans les avantages globaux que le public tire du travail des auteurs ».</p> 843 <p> 844 Nous ne sommes pas obligés d'être d'accord avec la Constitution ni avec la 845 Cour suprême (il fut un temps où elles ont toutes deux approuvé 846 l'esclavage). Leurs positions ne réfutent donc pas la prémisse de la 847 suprématie du propriétaire. Mais j'espère que son attrait faiblira quand les 848 gens prendront conscience que c'est un postulat de la droite radicale qui 849 n'a pas sa source dans nos traditions.</p> 850 851 <h3 id="conclusion">Conclusion</h3> 852 <p> 853 Nous aimons à croire que notre société encourage le fait d'aider son 854 voisin ; mais chaque fois que nous récompensons quelqu'un pour avoir posé 855 des obstacles sur sa route ou que nous l'admirons pour les richesses qu'il a 856 accumulées par ce moyen, nous renvoyons le message contraire.</p> 857 <p> 858 La thésaurisation du logiciel est un exemple de notre volonté généralisée de 859 faire passer le gain personnel avant le bien-être de la société. On peut 860 suivre cette volonté à la trace depuis Ronald Reagan jusqu'à Dick Cheney, 861 depuis Exxon jusqu'à Enron, en passant par les faillites des banques et des 862 écoles. Nous pouvons la mesurer à la taille de la population des sans-abri 863 et de la population carcérale. L'esprit antisocial se nourrit de lui-même, 864 parce que plus on voit que les autres ne nous tendront pas la main, plus il 865 nous semble futile de les aider. Ainsi, notre société dégénère en jungle.</p> 866 <p> 867 Si nous ne voulons pas vivre dans une jungle, nous devons changer nos 868 attitudes. Nous devons commencer à lancer le message que le bon citoyen est 869 celui qui coopère quand il le faut, pas celui qui réussit à prendre aux 870 autres. J'espère que le mouvement du logiciel libre contribuera à cela : au 871 moins dans un domaine, nous remplacerons la jungle par un système plus 872 efficace qui encouragera la coopération volontaire et fonctionnera grâce à 873 elle.</p> 874 <div class="column-limit"></div> 875 876 <h3 id="footnotes" class="footnote">Notes</h3> 877 878 <ol> 879 <li id="f1"><a href="#f1-rev" class="nounderline">↑</a> 880 Le mot <i>free</i> dans <i>free software</i> signifie « libre », et non 881 « gratuit » [<i>free</i> a les deux sens, en anglais] ; le prix payé pour un 882 exemplaire d'un programme libre peut être nul, faible, ou (rarement) très 883 élevé.</li> 884 885 <li id="f2"><a href="#f2-rev" class="nounderline">↑</a> 886 Les problèmes de pollution et de congestion du trafic ne modifient pas cette 887 conclusion. Si nous désirons rendre plus coûteuse la conduite afin de la 888 décourager, il n'est pas avantageux de le faire en mettant en place des 889 péages qui participent, et à la pollution, et à la congestion. Une taxe sur 890 l'essence serait bien mieux. Pareillement, le désir de renforcer la sécurité 891 en limitant la vitesse maximale n'est pas pertinent ; un accès gratuit aux 892 routes améliore la vitesse moyenne en évitant arrêts et retards, quelle que 893 soit la limitation de vitesse.</li> 894 895 <li id="f3"><a href="#f3-rev" class="nounderline">↑</a> 896 On peut voir un logiciel particulier comme une chose nocive, qui ne devrait 897 être accessible à personne, à l'instar de la base de données d'informations 898 personnelles de Lotus (Marketplace), qui a été retirée de la vente suite à 899 la désapprobation du public. La plus grande partie de mon discours ne 900 s'applique pas à ce cas, mais préférer un propriétaire dans la mesure où 901 cela rendrait le programme moins disponible n'est pas très sensé. Le 902 propriétaire ne le rendra pas <em>complètement</em> indisponible, comme on 903 pourrait le souhaiter pour un programme considéré comme nocif.</li> 904 </ol> 905 906 <hr class="no-display" /> 907 <div class="edu-note c"><p id="fsfs">Cet essai est publié dans <a 908 href="https://shop.fsf.org/product/free-software-free-society/"><cite>Free 909 Software, Free Society: The Selected Essays of Richard 910 M. Stallman</cite></a>.</p></div> 911 </div> 912 913 <div class="translators-notes"> 914 915 <!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.--> 916 <b>Notes de traduction</b><ol id="translator-notes-alpha"> 917 <li><a id="TransNote1" href="#TransNote1-rev" 918 class="nounderline">↑</a> 919 Autre traduction de <i>proprietary</i> : propriétaire.</li> 920 <li><a id="TransNote2" href="#TransNote2-rev" 921 class="nounderline">↑</a> 922 Cet argument peut sembler étonnant à une personne résidant en France. Il 923 faut savoir qu'aux États-Unis les <i>interstates</i> sont gratuites alors 924 que les péages se concentrent au voisinage des grosses agglomérations. Avant 925 la généralisation du télépéage, ils ralentissaient considérablement les 926 trajets domicile-travail.</li> 927 <li><a id="TransNote3" href="#TransNote3-rev" 928 class="nounderline">↑</a> 929 Dans ce paragraphe, ainsi que le suivant, on a un exemple de l'ambiguïté du 930 mot <i>free</i> signalée dans la note n° 1.</li> 931 <li><a id="TransNote4" href="#TransNote4-rev" 932 class="nounderline">↑</a> 933 En 1975, le seuil de pauvreté pour un homme (sic) seul de moins de 65 ans 934 (hors agriculture) était de 2 902 $ par an, soit env. 56 $ par semaine et le 935 revenu médian était de 10 540 $ (données du <i>U.S. Census Bureau</i>).</li> 936 </ol></div> 937 </div> 938 939 <!-- for id="content", starts in the include above --> 940 <!--#include virtual="/server/footer.fr.html" --> 941 <div id="footer" role="contentinfo"> 942 <div class="unprintable"> 943 944 <p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <<a 945 href="mailto:gnu@gnu.org">gnu@gnu.org</a>>. Il existe aussi <a 946 href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens 947 orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à 948 <<a href="mailto:webmasters@gnu.org">webmasters@gnu.org</a>>.</p> 949 950 <p> 951 <!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph, 952 replace it with the translation of these two: 953 954 We work hard and do our best to provide accurate, good quality 955 translations. However, we are not exempt from imperfection. 956 Please send your comments and general suggestions in this regard 957 to <a href="mailto:web-translators@gnu.org"> 958 959 <web-translators@gnu.org></a>.</p> 960 961 <p>For information on coordinating and contributing translations of 962 our web pages, see <a 963 href="/server/standards/README.translations.html">Translations 964 README</a>. --> 965 Merci d'adresser vos commentaires sur les pages en français à <<a 966 href="mailto:trad-gnu@april.org">trad-gnu@april.org</a>>, et sur les 967 traductions en général à <<a 968 href="mailto:web-translators@gnu.org">web-translators@gnu.org</a>>. Si 969 vous souhaitez y contribuer, vous trouverez dans le <a 970 href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a> 971 les infos nécessaires.</p> 972 </div> 973 974 <!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to 975 files generated as part of manuals) on the GNU web server should 976 be under CC BY-ND 4.0. Please do NOT change or remove this 977 without talking with the webmasters or licensing team first. 978 Please make sure the copyright date is consistent with the 979 document. For web pages, it is ok to list just the latest year the 980 document was modified, or published. 981 982 If you wish to list earlier years, that is ok too. 983 Either "2001, 2002, 2003" or "2001-2003" are ok for specifying 984 years, as long as each year in the range is in fact a copyrightable 985 year, i.e., a year in which the document was published (including 986 being publicly visible on the web or in a revision control system). 987 988 There is more detail about copyright years in the GNU Maintainers 989 Information document, www.gnu.org/prep/maintain. --> 990 <p>Copyright © 1991, 1992, 1998, 2006, 2010, 2021 Free Software 991 Foundation, Inc.</p> 992 993 <p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a 994 rel="license" 995 href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative 996 Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale (CC BY-ND 997 4.0)</a>.</p> 998 999 <!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" --> 1000 <div class="translators-credits"> 1001 1002 <!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.--> 1003 Traduction : Benjamin Drieu<br /> Révision : <a 1004 href="mailto:trad-gnu@april.org">trad-gnu@april.org</a></div> 1005 1006 <p class="unprintable"><!-- timestamp start --> 1007 Dernière mise à jour : 1008 1009 $Date: 2021/11/04 21:30:58 $ 1010 1011 <!-- timestamp end --> 1012 </p> 1013 </div> 1014 </div> 1015 <!-- for class="inner", starts in the banner include --> 1016 </body> 1017 </html>