copyright-versus-community-2000.html (70731B)
1 <!--#set var="ENGLISH_PAGE" value="/philosophy/copyright-versus-community-2000.en.html" --> 2 3 <!--#include virtual="/server/header.fr.html" --> 4 <!-- Parent-Version: 1.96 --> 5 <!-- This page is derived from /server/standards/boilerplate.html --> 6 <!--#set var="TAGS" value="speeches" --> 7 <!--#set var="DISABLE_TOP_ADDENDUM" value="yes" --> 8 9 <!-- This file is automatically generated by GNUnited Nations! --> 10 <title>Copyright contre communauté à l'âge des réseaux informatiques - Projet GNU - 11 Free Software Foundation</title> 12 13 <!--#include virtual="/philosophy/po/copyright-versus-community-2000.translist" --> 14 <!--#include virtual="/server/banner.fr.html" --> 15 <!--#include virtual="/philosophy/ph-breadcrumb.fr.html" --> 16 <!--GNUN: OUT-OF-DATE NOTICE--> 17 <!--#include virtual="/server/top-addendum.fr.html" --> 18 <div class="article reduced-width"> 19 <h2>Copyright contre communauté à l'âge des réseaux informatiques (2000)</h2> 20 21 <div class="infobox"><p> 22 Transcription d'un enregistrement audio réalisé par Douglas Carnall en 23 juillet 2000. 24 </p></div> 25 <hr class="thin" /> 26 27 <p><em>M. Stallman arrive quelques minutes après l'heure prévue du début de sa 28 conférence pour s'adresser à une assistance silencieuse et respectueuse. Il 29 parle avec une grande précision et presque sans hésitation avec un accent 30 prononcé de Boston.</em></p> 31 32 <p><strong>RMS</strong> : Ceci est fait pour quelqu'un qui porte un étrangleur.</p> 33 34 <p><em>[il indique le micro à agrafe du système d'amplification de la salle de 35 conférence]</em></p> 36 37 <p>Je ne porte pas d'étrangleur, alors il n'y a pas de place pour le mettre.</p> 38 39 <p><em>[Il l'accroche à son T-shirt]</em></p> 40 41 <p><strong>Moi</strong> : C'est bon pour le micro ?</p> 42 43 <p><strong>RMS</strong> : Oui ! <em>[irrité]</em> Combien de personnes sont 44 censées me le demander ?</p> 45 46 <p>Bon, je suppose que je dois parler aujourd'hui</p> 47 48 <p><em>[longue pause]</em></p> 49 50 <p>sur « copyright contre communauté ». C'est trop fort.</p> 51 52 <p><em>[il indique le micro à agrafe]</em></p> 53 54 <p>Qu'est-ce que je peux faire ?</p> 55 56 <p>Voyons… il n'y a pas de contrôle de volume…</p> 57 58 <p><em>[il trouve la commande du volume sur la boîte radio du micro]</em></p> 59 60 <p>Ça paraît mieux.</p> 61 62 <p>OK. « Copyright <a id="TransNote1-rev" href="#TransNote1"><sup>1</sup></a> 63 contre communauté à l'âge des réseaux informatiques ». Les principes de 64 l'éthique ne peuvent pas changer. Ils restent les mêmes dans toutes les 65 situations. Mais pour qu'ils s'appliquent quel que soit le sujet ou la 66 situation, on doit regarder les faits pour comparer les alternatives et voir 67 quelles en seront les conséquences. Un changement technologique ne change 68 jamais les principes de l'éthique, mais il peut modifier les conséquences de 69 choix identiques, ce qui peut affecter le résultat concret, comme cela s'est 70 produit dans le domaine du copyright. Nous sommes dans une situation où les 71 changements technologiques ont affecté les facteurs éthiques qui pèsent sur 72 les décisions concernant le droit du copyright, et ont modifié la politique 73 qui est la mieux adaptée à la société.</p> 74 <p>Ces lois, qui étaient par le passé judicieuses, sont maintenant nocives 75 parce qu'elles ont changé de contexte. Pour l'expliquer, il faudrait 76 remonter au début du monde antique où les livres étaient des œuvres écrites 77 à la main. C'était la seule manière de faire ; quiconque pouvait lire un 78 livre pouvait également en écrire une copie. Il est certain qu'un esclave 79 qui passait sa journée à faire de la copie était théoriquement capable de le 80 faire mieux qu'une personne qui n'en avait pas l'habitude, mais ça ne 81 faisait pas une énorme différence. Essentiellement, celui qui pouvait lire 82 les livres pouvait aussi les copier, à peu près aussi bien que par n'importe 83 quelle autre méthode.</p> 84 <p>Dans l'Antiquité, il n'y avait pas la nette distinction entre paternité et 85 copie qui tend à prévaloir aujourd'hui.</p> 86 87 <p>Il y avait un continuum. D'un côté vous pouviez avoir une personne qui, 88 disons, écrivait une pièce de théâtre. Comme vous pouviez avoir, à l'autre 89 extrême, quelqu'un qui faisait simplement des copies d'un livre. Mais entre 90 les deux, vous pouviez avoir quelqu'un qui, disons, copiait des passages 91 d'un livre en écrivant quelques mots de son cru, ou bien un commentaire ; 92 c'était très courant et tout à fait respectable. D'autres personnes 93 pouvaient copier certaines parties d'un livre, citer des passages de 94 longueurs variées de plusieurs œuvres différentes, et à partir de là 95 construire d'autres œuvres pour en parler davantage, ou s'y référer. Il y a 96 beaucoup d'œuvres anciennes (aujourd'hui perdues) dont certaines parties ont 97 survécu à travers ces citations dans d'autres livres, devenus plus 98 populaires que le livre dont <em>provenait</em> la citation originale.</p> 99 100 <p>Il y avait tout un spectre entre l'écriture d'une œuvre originale et sa 101 copie. Beaucoup de livres étaient partiellement copiés et partiellement 102 originaux. Je ne crois pas qu'il y ait eu une quelconque notion de copyright 103 pendant l'Antiquité. Et il aurait été plutôt difficile d'en imposer une, 104 parce que les livres pouvaient être copiés par qui pouvait les lire, 105 n'importe où, à condition de pouvoir se procurer un support d'écriture et 106 une plume pour écrire avec. Ainsi, c'était une situation simple, plutôt 107 claire.</p> 108 109 <p>Plus tard, l'imprimerie s'est développée et a considérablement changé la 110 situation. C'était un moyen beaucoup plus efficace de fabriquer des copies 111 de livres, pourvu qu'elles soient toutes identiques. Elle exigeait un 112 équipement spécialisé assez cher qu'un lecteur ordinaire ne pouvait pas 113 posséder. Elle a donc créé de fait une situation dans laquelle les copies 114 n'étaient réalisables que par des entreprises spécialisées, dont le nombre 115 était peu élevé. Il pouvait y avoir quelques centaines d'imprimeries dans un 116 pays où des centaines de milliers, voire des millions de gens savaient 117 lire. Ainsi le nombre d'endroits où des copies pouvaient être faites avait 118 considérablement diminué.</p> 119 120 <p>L'idée du copyright s'est développée avec la presse à imprimer. Je pense 121 qu'il peut y avoir… Je me rappelle avoir lu, il me semble, que 122 Venise, un centre important de l'impression au XVIe siècle, avait déjà une 123 sorte de copyright, mais je ne peux pas… je n'ai pas pu retrouver la 124 référence. Quoi qu'il en soit, le système du copyright s'accordait 125 naturellement avec l'imprimerie parce c'était de plus en plus rare qu'un 126 lecteur ordinaire fasse des copies. Cela arrivait encore, cependant ; les 127 gens très pauvres ou très riches possédaient des copies manuscrites de 128 livres. Les gens très riches voulaient étaler leur richesse : ils avaient 129 des manuscrits magnifiquement enluminés pour montrer qu'ils pouvaient se les 130 offrir. Et les gens pauvres recopiaient encore parfois les livres à la main 131 parce qu'ils ne pouvaient pas s'offrir d'exemplaires imprimés. Comme le dit 132 la chanson, « le temps n'est pas de l'argent quand c'est tout ce que vous 133 avez ». 134 Ainsi certaines personnes pauvres recopiaient des livres à la plume, mais 135 pour la plupart les livres étaient fabriqués à la presse par des 136 éditeurs. Le copyright en tant que système convenait bien à ce système 137 technologique. D'une part c'était indolore pour les lecteurs parce que de 138 toute façon ils ne faisaient plus de copies, sauf les gens très riches qui 139 pouvaient vraisemblablement les légitimer, ou les très pauvres qui n'en 140 faisaient qu'un exemplaire unique et que personne n'aurait poursuivi avec 141 des avocats. D'autre part le système était assez facile à faire appliquer 142 parce que, comme je vous l'ai dit, il n'y avait qu'un très petit nombre 143 d'endroits où il devait être appliqué : uniquement les imprimeries. Cela ne 144 nécessitait donc pas, cela n'impliquait pas de lutte contre le public. On ne 145 voyait pas la presque totalité de la population essayer de copier des livres 146 et être menacée d'arrestation pour ça.</p> 147 148 <p>Et de fait, non seulement cela ne limitait pas directement ce que pouvait 149 faire le lecteur, mais cela ne lui causait pas trop de désagrément. Le livre 150 coûtait un peu plus cher, mais il ne coûtait pas le double, de sorte que la 151 petite augmentation était indolore pour les lecteurs. Les actions limitées 152 par le copyright étaient des actions qu'on ne pouvait pas faire en tant que 153 lecteur ordinaire, et donc cela ne posait pas problème. C'est pourquoi il 154 n'y avait aucun besoin de dures sanctions pour convaincre les lecteurs de le 155 tolérer et d'obéir.</p> 156 157 <p>Le copyright jouait donc le rôle d'une régulation industrielle. Il 158 restreignait les éditeurs et les auteurs mais ne limitait pas le grand 159 public. C'était comme de faire payer un billet pour une traversée en bateau 160 de l'Atlantique. Vous savez, il est facile de percevoir le prix du billet 161 quand les gens prennent le bateau pour des semaines, voire des mois.</p> 162 163 <p>Avec le temps, l'imprimerie est devenue plus efficace. Finalement, les gens 164 pauvres n'ont plus été obligés de recopier les livres à la main et cette 165 notion est à peu près tombée dans l'oubli. Je pense que c'est au XIXe siècle 166 que l'imprimerie est devenue suffisamment bon marché pour que la plupart 167 aient les moyens d'acheter des livres imprimés, aussi dans une certaine 168 mesure l'idée que des gens pauvres ait pu copier les livres à la main est 169 sortie de la mémoire collective. Je n'en ai entendu parler qu'il y a dix ans 170 environ quand j'ai commencé à interroger les gens à ce sujet.</p> 171 172 <p>En Angleterre à l'origine, le copyright, pour une part, a été voulu comme 173 une mesure de censure : les gens qui voulaient publier des livres devaient 174 obtenir l'autorisation du gouvernement. Mais les idées ont commencé à 175 changer et c'est une tout autre notion qui a été explicitement exprimée dans 176 la constitution des États-Unis. Quand la constitution américaine a été 177 écrite, on a proposé que les auteurs aient droit à un monopole sur la copie 178 de leurs livres. Cette idée a été rejetée. À la place, une idée différente 179 de la philosophie du copyright a été mise dans la constitution : l'idée que 180 le système du copyright pouvait être... l'idée que les gens possédaient un 181 droit naturel à copier, mais que le copyright en tant que frein artificiel à 182 la copie pouvait être autorisé dans l'intention de favoriser le progrès.</p> 183 184 <p>D'une manière ou d'une autre le système de copyright aurait été à peu près 185 le même, mais on avait là un exposé de l'objectif censé le justifier. Il est 186 explicitement défini comme un moyen de favoriser le progrès et non un droit 187 que posséderaient ses titulaires. Ce système est censé modifier le 188 comportement des titulaires de copyrights à l'avantage du public, avantage 189 qui se concrétise par l'écriture et la publication de plus de livres. La 190 finalité du système est de promouvoir le progrès de la civilisation, la 191 propagation des idées, et c'est en tant que moyen à cet effet que le 192 copyright existe. Il peut aussi être considéré comme un marché entre le 193 public et les auteurs, à savoir que le public renonce à son droit naturel de 194 faire des copies, en échange du progrès qu'apporte indirectement le fait 195 d'encourager un plus grand nombre de gens à écrire.</p> 196 197 <p>Cela dit, il peut sembler bizarre de demander : « Quel est le but du 198 copyright ? » Mais connaître le but d'une activité est une chose essentielle 199 pour décider si cette activité a besoin d'être modifiée, et comment. Si vous 200 perdez de vue son objectif, vous êtes sûr de vous tromper. Or, depuis que 201 cette décision a été prise, les auteurs, et plus près de nous les éditeurs 202 en particulier, ont essayé de la dénaturer et de la balayer sous le 203 tapis. Il y a eu des décennies de campagne pour tenter de répandre l'idée 204 qui a été rejetée dans la constitution des États-Unis, l'idée que le 205 copyright a été conçu comme un droit accordé à ses titulaires. Et vous 206 pouvez la retrouver dans presque tout ce qu'ils disent à ce sujet commençant 207 et se terminant par le mot « pirate » – mot utilisé pour donner l'impression 208 que faire une copie non autorisée est l'équivalent moral d'une attaque de 209 bateau et du kidnapping et du meurtre des personnes à bord.</p> 210 211 <p>Si vous regardez les déclarations qui sont faites par les éditeurs vous 212 trouverez un bon nombre de postulats de ce genre que vous devez mettre en 213 lumière et commencer à interroger.</p> 214 215 <h3>Récents événements et problèmes</h3> 216 <p><em>[il s'éclaire]</em></p> 217 218 <p>Quoi qu'il en soit, aussi longtemps qu'a duré l'âge de l'imprimerie, le 219 copyright était indolore, facile à faire appliquer, et c'était probablement 220 une bonne idée. Mais l'âge de l'imprimerie a commencé à évoluer il y a 221 quelques décennies quand des choses comme les machines Xerox et les 222 magnétophones sont apparues sur le marché ; plus récemment, quand les 223 réseaux informatiques sont devenus opérationnels, la situation a changé de 224 manière drastique. Nous sommes aujourd'hui dans une situation technologique 225 plus proche de celle de l'Antiquité, où quiconque pouvait lire quelque chose 226 pouvait aussi en faire une copie, dont la qualité n'avait rien à envier à 227 celles de n'importe qui d'autre,</p> 228 229 <p><em>[murmures dans l'assistance]</em></p> 230 231 <p>une situation où, à nouveau, les lecteurs ordinaires peuvent faire des 232 copies eux-mêmes. Il n'est plus nécessaire de passer par une production de 233 masse centralisée comme avec l'imprimerie. Ce changement technologique 234 modifie la situation dans laquelle le droit du copyright s'exerce. La 235 transaction se basait sur l'idée que le public cédait son droit de faire des 236 copies contre un avantage. Bon, une affaire peut être bonne ou mauvaise, 237 cela dépend de la valeur de ce à quoi on renonce et de la valeur de ce qu'on 238 obtient. À l'âge de l'imprimerie, le public a cédé une liberté dont il ne 239 pouvait pas faire usage.</p> 240 241 <p>C'est comme trouver un moyen de vendre de la merde : qu'avez-vous à perdre ? 242 Vous l'avez à disposition de toute manière. Si vous trouvez le moyen de la 243 négocier, cela ne peut pas être une mauvaise affaire.</p> 244 245 <p><em>[rires tièdes]</em></p> 246 247 <p>C'est comme accepter de l'argent en retour de votre promesse de ne pas 248 voyager vers une autre étoile. Vous n'allez pas le faire de toute façon,</p> 249 250 <p><em>[rires abondants]</em></p> 251 252 <p>du moins pas de votre vivant. Donc si quelqu'un vous paie pour que vous 253 promettiez de ne pas voyager vers une autre étoile, vous pouvez très bien 254 faire affaire. Mais si je vous offrais un astronef, vous pourriez ne plus 255 penser que c'était une bonne affaire. Lorsque vous découvrez un usage à la 256 chose inutile que vous vous aviez l'habitude de vendre, alors vous devez 257 remettre en question l'opportunité des anciennes transactions dont vous 258 tiriez avantage. Typiquement dans une telle situation vous décidez : « Je ne 259 vais plus tout vendre de ce que j'ai. Je vais en garder une partie et m'en 260 servir. » 261 Si vous aviez l'habitude de troquer une liberté dont vous ne pouviez rien 262 faire, mais qu'à présent vous pouvez l'exercer, vous aurez sans doute envie 263 de vous réserver au moins le droit de l'exercer partiellement. Vous pourriez 264 encore négocier une partie de cette liberté : il y a de nombreuses 265 alternatives, différentes transactions qui échangent une partie de la 266 liberté tout en la maintenant sur d'autres plans. Ainsi, ce que vous voulez 267 faire précisément exige une réflexion, mais dans tous les cas vous voudrez 268 remettre en question l'ancienne transaction et probablement vendre une 269 quantité moindre de ce vous vendiez auparavant.</p> 270 271 <p>Or les éditeurs essayent de faire exactement l'opposé. Au moment même où 272 l'intérêt du public est de se réserver une partie de liberté afin de 273 l'exercer, les éditeurs font passer des lois qui nous demandent d'y renoncer 274 davantage. Vous avez vu que le copyright n'a jamais été prévu pour être un 275 monopole absolu sur les utilisations d'une œuvre. Il couvrait quelques 276 utilisations et pas d'autres, mais ces derniers temps les éditeurs ont fait 277 pression pour l'étendre de plus en plus loin, pour finir dernièrement avec 278 des choses comme la loi sur le copyright du millénaire numérique <i>[Digital 279 Millennium Copyright Act]</i> aux États-Unis. Cette loi, ils essayent aussi 280 de la transformer en traité à travers l'Organisation mondiale de la 281 propriété intellectuelle (OMPI), une organisation représentant 282 essentiellement les détenteurs de copyrights et de brevets, qui travaille à 283 augmenter leur pouvoir en prétendant le faire au nom de l'humanité plutôt 284 qu'au nom de ces sociétés particulières.</p> 285 286 <p>Maintenant, qu'est-ce qui arrive lorsque le copyright commence à limiter des 287 activités que les lecteurs ordinaires peuvent faire ? Eh bien, d'une part ce 288 n'est plus une régulation industrielle ; cela devient une exigence imposée 289 au public. D'autre part, et pour cette raison, vous verrez le public 290 commencer à s'y opposer. Vous savez, quand on demande à des gens ordinaires 291 d'arrêter de faire des choses qui sont naturelles dans leur vie, ils 292 refusent d'obéir. Ce qui signifie qu'il n'est plus aussi facile d'imposer le 293 copyright, et c'est pourquoi vous voyez des punitions de plus en plus dures 294 être adoptées par des gouvernements qui, essentiellement, servent les 295 éditeurs plutôt que le public.</p> 296 297 <p>On doit aussi se demander en quoi un système de copyright est encore 298 bénéfique. En gros, ce que nous avons donné en paiement a maintenant de la 299 valeur pour nous ; peut-être que la transaction est devenue une mauvaise 300 affaire. Tout ce qui rendait le copyright facilement compatible avec la 301 technologie de l'imprimerie le rend difficilement compatible avec les 302 technologies numériques. C'est comme si, au lieu de faire payer pour 303 traverser l'Atlantique en bateau, on faisait payer pour traverser la rue. Et 304 c'est très embêtant, parce que les gens traversent sur toute la longueur de 305 la rue, et les faire payer c'est plutôt galère.</p> 306 307 <h3>Nouveaux types de copyright</h3> 308 309 <p>Voyons maintenant quelques-uns des changements que nous pourrions apporter à 310 la loi sur le copyright pour l'adapter à la situation dans laquelle se 311 trouve le public. Un changement radical pourrait être de la supprimer, mais 312 ce n'est pas le seul choix possible. Il y a diverses situations dans 313 lesquelles nous pourrions réduire la puissance du copyright sans le 314 supprimer totalement, parce qu'il y a plusieurs actions différentes qu'on 315 peut faire avec un copyright et il y a diverses situations dans lesquelles 316 on peut les faire ; chacune d'entre elles est un sujet indépendant. Le 317 copyright doit-il les couvrir ou non ? En outre, il y a la question de 318 savoir pour combien de temps. 319 Le copyright, beaucoup plus court à l'époque que de nos jours dans sa 320 période ou sa durée, a été prolongé à plusieurs reprises au cours des 321 cinquante dernières années. Il apparaît maintenant que les détenteurs de 322 copyright ont en fait pour projet de continuer à l'étendre jusqu'à ce qu'il 323 n'expire plus jamais. La constitution des États-Unis dit que « le copyright 324 doit exister pour un temps limité » mais les éditeurs ont trouvé une manière 325 de la contourner : tous les vingt ans ils le prolongent de vingt ans, et de 326 cette façon aucun copyright n'expirera plus jamais. Dans mille ans, le 327 copyright pourrait durer 1200 années, en fait juste assez pour que le 328 copyright sur Mickey ne puisse pas expirer.</p> 329 330 <p>Parce que c'est la raison pour laquelle, à en croire les gens, le Congrès 331 américain a passé une loi pour prolonger le copyright de vingt ans. Disney 332 les a payés – et a payé le Président aussi, avec des fonds de campagne 333 évidemment – pour rendre ça légal. Voyez-vous, s'ils avaient juste payé en 334 liquide, cela aurait été une infraction, mais contribuer indirectement aux 335 campagnes est légal et c'est ce qu'ils font : acheter les 336 législateurs. C'est ainsi qu'ils ont adopté la loi « Sonny Bono » sur le 337 copyright. Maintenant ce qui est intéressant, c'est que Sonny Bono était 338 membre du Congrès et membre de l'Église de scientologie, qui utilise le 339 copyright pour supprimer l'information concernant ses activités. Ainsi, ils 340 ont leur petit chouchou au Congrès et ont fait une pression énorme pour 341 accroître les pouvoirs du copyright.</p> 342 343 <p>Quoi qu'il en soit, nous avons eu la chance que Sonny Bono décède, mais en 344 son nom ils ont passé la loi sur le copyright de Mickey, en 1998 je 345 crois. Elle est remise en question cela dit, en raison de l'existence d'une 346 possibilité juridique de voir les demandes d'extension de copyrights anciens 347 rejetées par la Cour suprême. En tout cas, il y a un tas de situations et de 348 cas différents où nous pourrions réduire la portée du copyright.</p> 349 350 <p>Examinons-en quelques-uns. Eh bien tout d'abord, il y a plusieurs contextes 351 différents pour la copie. Il y a d'un côté la vente commerciale de copies 352 dans des magasins, et de l'autre il y a la copie privée pour un ami de temps 353 à autre. Entre les deux il y a d'autres choses comme la radio- ou 354 télédiffusion, la publication sur le web, la distribution collective dans 355 une organisation. Certaines de ces choses peuvent être faites de façon 356 commerciale ou non commerciale. En effet, vous pouvez imaginer une 357 entreprise qui distribue des exemplaires à son personnel ou alors vous 358 pouvez imaginer une école ou quelque organisation privée non commerciale qui 359 le fasse – différentes situations que nous n'avons pas à traiter toutes de 360 la même manière. 361 362 Aussi la façon dont nous pourrions récupérer le… En général, 363 pourtant, les activités qui sont les plus privées sont les plus importantes 364 pour notre liberté et notre façon de vivre, tandis que les plus publiques et 365 commerciales sont les plus utiles pour procurer quelque revenu aux 366 auteurs. C'est donc une situation naturelle de compromis dans lequel les 367 limites du copyright se placent quelque part entre les deux, de sorte qu'une 368 part substantielle de l'activité reste couverte et fournisse toujours un 369 revenu aux auteurs, tandis que celle qui relève le plus directement de la 370 vie privée des gens redevient libre. C'est ce genre de chose que je propose 371 de faire lorsque le copyright s'applique à des romans, des biographies, des 372 mémoires, des essais, etc. 373 Qu'au strict minimum, les gens aient toujours le droit de partager une copie 374 avec un ami. C'est quand les gouvernements doivent empêcher ce genre 375 d'activités qu'ils sont obligés de s'introduire dans la vie privée des gens 376 et user de punitions sévères. La seule façon d'empêcher les gens de partager 377 dans leur vie privée c'est avec un état policier, mais les activités 378 commerciales et publiques peuvent être régulées de façon beaucoup plus 379 facile et indolore.</p> 380 381 <p>Maintenant, l'endroit où nous devons tracer ces limites dépend, je crois, du 382 type d'œuvre. Différentes œuvres répondent à différents besoins pour leurs 383 utilisateurs. Jusqu'à présent, nous avons eu un système de copyright qui 384 traitait presque tout de la même manière excepté la musique : il y a 385 beaucoup d'exceptions légales pour la musique, mais il n'y a aucune raison 386 de placer la simplicité au-dessus des conséquences pratiques. Nous pouvons 387 traiter les œuvres de différents types de manière différente. Je propose une 388 classification générale en trois types : les œuvres fonctionnelles, les 389 œuvres qui expriment une opinion personnelle et les œuvres essentiellement 390 esthétiques.</p> 391 392 <p>Les œuvres fonctionnelles comprennent : les logiciels, les recettes, les 393 manuels, les dictionnaires et autres ouvrages de référence, tout ce que vous 394 utilisez pour faire votre travail. Pour les œuvres fonctionnelles, je pense 395 que les gens ont besoin d'une liberté très étendue, y compris la liberté de 396 publier des versions modifiées. Aussi tout ce que je dirai demain à propos 397 des logiciels s'applique de la même façon aux autres sortes d'œuvres 398 fonctionnelles. Ce critère de la liberté – parce qu'il est nécessaire 399 d'avoir la liberté de publier une version modifiée – ce critère signifie que 400 nous devons nous débarrasser presque totalement du copyright. Mais le 401 mouvement du logiciel libre est en train de prouver que le progrès que veut 402 la société, la soi-disant justification du copyright, peut se produire d'une 403 autre manière. 404 Nous n'avons pas à renoncer à ces importantes libertés pour avoir le 405 progrès. Aujourd'hui, les éditeurs nous demandent toujours de poser en 406 principe qu'il n'y a aucune possibilité de progrès sans renoncer à ces 407 libertés fondamentales. Et la chose la plus importante pour le mouvement du 408 logiciel libre est, je pense, de prouver que leur postulat est injustifié.</p> 409 410 <p>Que dans tous ces domaines on puisse apporter le progrès sans stopper les 411 gens avec les restrictions du copyright,<a id="TransNote2-rev" 412 href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> je ne peux pas dire que j'en sois sûr, 413 mais ce que nous avons prouvé, c'est que nous avons une chance. Ce n'est pas 414 une idée ridicule ; elle ne doit pas être écartée. Le public ne doit pas 415 partir du principe que la seule façon d'obtenir le progrès est d'avoir le 416 copyright. Mais même pour ce type d'œuvres il peut y avoir certains systèmes 417 intermédiaires de copyright qui donnent aux gens la liberté de publier des 418 versions modifiées. 419 Regardez par exemple, la <i>GNU Free Documentation License</i> (licence GNU 420 de documentation libre) utilisée pour rendre les livres libres. Elle permet 421 à n'importe qui de faire une version modifiée et d'en vendre des copies, 422 mais elle exige de donner crédit aux auteurs et éditeurs d'origine d'une 423 façon qui leur donne un avantage commercial, et ainsi, je crois, rende 424 possible la publication commerciale de manuels libres. Et ça fonctionne, les 425 gens se mettent à l'appliquer au commerce. La <i>Free Software 426 Foundation</i> a vendu un bon nombre d'exemplaires de divers livres libres 427 pendant presque quinze ans maintenant ; pour nous, cela a été un succès, 428 bien que les éditeurs commerciaux commencent à peine à essayer cette 429 approche particulière. Mais je crois que même pour les œuvres fonctionnelles 430 où la liberté de publier des œuvres modifiées est essentielle, un genre de 431 copyright intermédiaire peut être négocié, qui laisse à chacun cette 432 liberté.</p> 433 434 <p>Pour les œuvres des autres types, les questions d'éthique s'appliquent 435 différemment, parce que ces œuvres sont utilisées différemment. La seconde 436 catégorie est celle des œuvres qui expriment la position de quelqu'un, ou 437 ses points de vue, ou son expérience. Par exemple, essais, propositions 438 commerciales, déclarations de point de vue juridique, mémoires, tout ce qui 439 dit – dont le sujet est de dire – ce que vous pensez, ce que vous voulez ou 440 ce que vous aimez. Les revues littéraires, les revues gastronomiques sont 441 aussi dans cette catégorie : elles expriment une opinion personnelle, un 442 point de vue. 443 Pour ce type d'œuvres, faire une version modifiée n'est pas utile. Aussi, je 444 ne vois aucune raison que les gens aient la liberté de publier des versions 445 modifiées de ces œuvres. Il est suffisant que les gens aient la liberté d'en 446 faire une copie intégrale <i>[verbatim]</i>. C'est pourquoi nous pouvons 447 envisager que la liberté de distribuer des copies ne s'applique que dans 448 certaines situations. Par exemple, si c'était limité à la distribution non 449 commerciale ce ne serait pas mal, je pense. La vie des citoyens ordinaires 450 ne serait plus affectée, mais les éditeurs seraient toujours soumis au 451 copyright.</p> 452 453 <p><em>[il boit de l'eau]</em></p> 454 455 <p>Cela dit, je pensais que peut-être il serait suffisant de permettre aux gens 456 la redistribution occasionnelle de copies en privé. Je pensais que peut-être 457 ce serait acceptable que toute la redistribution publique de ces œuvres 458 continue à être limitée par le copyright, mais l'expérience de Napster m'a 459 convaincu que non : elle a montré que beaucoup, beaucoup de gens veulent 460 redistribuer publiquement – redistribuer publiquement mais pas 461 commercialement – et que c'est très utile. Et si c'est si utile, c'est une 462 erreur d'empêcher les gens de le faire. Mais il serait encore acceptable je 463 pense, de limiter la redistribution commerciale de ces œuvres, parce que ce 464 serait juste une régulation industrielle et ça ne bloquerait pas les 465 activités utiles que les gens devraient avoir la possibilité de faire avec 466 ces œuvres.</p> 467 468 <p>Ah oui, les articles scientifiques… ou les articles érudits en 469 général, tombent également dans cette catégorie parce que la publication de 470 versions modifiées n'est pas une bonne chose : cela revient à falsifier le 471 document ; ils devraient donc être distribués uniquement dans leur 472 intégralité. Les articles scientifiques devraient être redistribuables 473 librement par n'importe qui, parce que nous devrions encourager leur 474 redistribution ; j'espère que vous n'accepterez jamais de publier un article 475 scientifique d'une façon qui limiterait sa redistribution intégrale sur le 476 net. Dites à la revue que vous refusez de faire cela.</p> 477 478 <p>Les revues scientifiques sont en effet devenues un obstacle à la diffusion 479 des résultats scientifiques. Elles en étaient un mécanisme nécessaire, 480 maintenant elles ne sont rien d'autre qu'une entrave. Et ces revues qui 481 limitent l'accès et limitent la redistribution <em>doivent être 482 supprimées</em>. Elles sont les ennemies de la diffusion de la 483 connaissance ; elles sont les ennemies de la science, et cette pratique doit 484 cesser.</p> 485 486 <p>Voyons maintenant la troisième catégorie d'œuvres, qui est celle des œuvres 487 esthétiques, dont l'utilisation principale est d'être appréciée : romans, 488 pièces de théâtre, poésies, dessins très souvent, ainsi que la plus grande 489 partie de la musique. Elles sont typiquement faites pour être 490 appréciées. Elles ne sont pas fonctionnelles ; les gens n'ont pas besoin de 491 les modifier ni de les améliorer, comme c'est le cas avec les œuvres 492 fonctionnelles. Aussi c'est une question difficile : est-ce essentiel que 493 les gens aient la liberté de publier des versions modifiées d'une œuvre 494 esthétique ? D'une part vous avez des auteurs qui font preuve de pas mal 495 d'égotisme et disent:</p> 496 497 <p><em>[accent anglais, gestuelle dramatique]</em></p> 498 499 <p>« Oh, c'est ma création. »</p> 500 501 <p><em>[retour à Boston]</em></p> 502 503 <p>« Qui oserait en changer une ligne ? » D'un autre côté, vous avez le 504 processus folklorique qui prouve qu'une série de personnes modifiant un 505 travail de façon séquentielle, ou peut-être même en parallèle et en 506 comparant alors les versions, peut produire quelque chose d'extrêmement 507 riche. De cette manière ont été produites non seulement de belles chansons 508 et de courtes poésies, mais même de longues épopées. Il fut un temps, avant 509 que la mystique de l'artiste créateur – figure semi-divine – ait tant de 510 pouvoir, où même de grands écrivains ont retravaillé des histoires qui 511 avaient été écrites par d'autres. Certaines pièces de Shakespeare nouent des 512 intrigues tirées d'autres pièces écrites souvent quelques décennies 513 auparavant. Si les lois contemporaines sur le copyright avaient été 514 effectives, ils auraient appelé Shakespeare « pirate » pour avoir écrit 515 ainsi une partie de son œuvre magnifique. Naturellement vous auriez entendu 516 les autres auteurs:</p> 517 518 <p><em>[accent anglais]</em></p> 519 520 <p>« Comment ose-t-il changer une ligne de ma création. Il est impossible de 521 faire mieux. »</p> 522 523 <p><em>[rire étouffé de l'assistance]</em></p> 524 525 <p>Vous entendrez des gens ridiculiser l'idée exactement dans ces 526 termes. Bien. Je ne suis pas sûr de ce que nous pourrions faire à propos de 527 la publication de versions modifiées des œuvres esthétiques. Une des 528 possibilités est de faire comme dans la musique, où n'importe qui peut 529 réarranger et jouer un morceau. On peut avoir à payer pour ça, mais on n'a 530 pas à demander la permission de l'exécuter. Peut-être que pour la 531 publication commerciale de ces œuvres, modifiées ou non, si on gagne de 532 l'argent avec, on pourrait devoir payer une certaine somme. C'est une 533 possibilité. C'est une question difficile que de savoir quoi faire au sujet 534 de la publication de versions modifiées de ces œuvres esthétiques, et je 535 n'ai pas de réponse dont je sois entièrement satisfait.</p> 536 537 <p><strong>Membre de l'assistance n° 1 (MA1)</strong> : question inaudible.</p> 538 539 <p><strong>RMS</strong> : Permettez-moi de répéter la question parce qu'il l'a 540 dite tellement vite que vous ne pouviez sûrement pas la comprendre. Il a dit 541 « Dans quelle catégorie rentrent les jeux d'ordinateur ? » Bien, je dirais 542 que le moteur de jeu est fonctionnel et que le scénario est esthétique.</p> 543 544 <p><strong>MA1</strong> : Et les graphismes ?</p> 545 546 <p><strong>RMS</strong> : Ceux-ci font probablement partie du scénario. Les 547 images spécifiques font partie du scénario ; elles sont esthétiques, tandis 548 que le logiciel pour visualiser les scènes est fonctionnel. Ainsi je dirais 549 que si l'on combine l'esthétique et le fonctionnel en une seule et même 550 chose continue, alors le logiciel doit être traité comme fonctionnel. Mais 551 si l'on est disposé à séparer le moteur du scénario alors il serait légitime 552 de dire, eh bien, que le moteur est fonctionnel mais le scénario esthétique.</p> 553 554 <h3>Copyright : les solutions possibles</h3> 555 556 <p>Voyons maintenant combien de temps le copyright devrait durer. Eh bien de 557 nos jours la tendance dans l'édition est, en ce qui concerne les livres, de 558 sortir du copyright de plus en plus vite. Aujourd'hui aux USA, la plupart 559 des livres publiés sont épuisés en moins de trois ans. Ils ont été soldés et 560 retirés de la vente. Ainsi il est clair qu'on n'a pas vraiment besoin que le 561 copyright dure, disons, 95 ans ; c'est ridicule. En fait, il est clair qu'un 562 copyright de dix ans serait suffisant pour que l'activité de l'édition 563 tienne le coup ; mais dix ans à partir de la date de publication. On 564 comprendrait que puisse être accordée une période additionnelle avant la 565 publication, ce qui amènerait au-delà des dix ans ; comme vous le voyez, 566 aussi longtemps que le livre n'a pas été publié, son copyright ne limite pas 567 le public. Cela revient juste à donner à l'auteur le temps de le faire 568 publier. Mais je pense qu'une fois le livre publié, le copyright devrait 569 opérer pendant environ dix ans, et c'est tout.</p> 570 571 <p>Cela dit, j'ai proposé ça une fois dans un débat où les autres personnes 572 étaient toutes des auteurs. Et l'un d'entre eux a dit : « Dix ans de 573 copyright ? Mais c'est ridicule ! Tout ce qui dépasse cinq ans est 574 intolérable. » C'était un auteur primé de science-fiction, qui se plaignait 575 de la difficulté de « retrouving », de retirer – c'est drôle, des mots de 576 français s'infiltrent dans mon anglais – de, de récupérer ses droits auprès 577 de l'éditeur qui avait laissé ses livres s'épuiser pour des raisons 578 pratiques, mais qui traînait des pieds pour obéir au contrat stipulant que 579 quand un livre est épuisé, les droits retournent à l'auteur.</p> 580 581 <p>Les éditeurs traitent les auteurs de façon épouvantable, il faut le 582 savoir. Ils exigent toujours plus de pouvoir au nom des auteurs ; ils 583 emmènent avec eux un petit nombre d'auteurs à grand succès, très connus 584 – qui ont tant de poids dans la négociation qu'ils peuvent obtenir des 585 contrats très favorables – pour confirmer que ce pouvoir est vraiment dans 586 leur intérêt. En attendant, la plupart des auteurs qui ne sont pas célèbres, 587 ne sont pas riches et n'ont pas de poids particulier, sont traités de façon 588 épouvantable par l'industrie de l'édition, et c'est encore pire dans la 589 musique. Je recommande à tous de lire l'article de Courtney Love ; il est 590 dans le magazine <cite>Salon</cite>, c'est ça ?</p> 591 592 <p><strong>MA2</strong> : (Membre de l'assistance n° 2) Oui</p> 593 594 <p><strong>RMS</strong> : Elle commence en appelant les maisons de disque 595 « pirates » pour la façon dont elles traitent les musiciens. Quoi qu'il en 596 soit, nous pouvons raccourcir le copyright plus ou moins. Nous pourrions 597 essayer diverses durées, nous pourrions regarder, nous pourrions découvrir 598 empiriquement quelle durée de copyright est nécessaire pour que la 599 publication reste vigoureuse. Puisque la plupart des livres sont épuisés au 600 bout de dix ans, il me semble évident que dix ans devraient être 601 suffisant. Mais il n'en est pas nécessairement de même pour tous les types 602 d'œuvres. Par exemple, peut-être que certains aspects du copyright sur les 603 films pourraient durer plus longtemps, comme les droits de vendre tout cet 604 attirail de produits utilisant les images et les personnages. Vous savez, 605 c'est tellement grossièrement commercial que cela ne fait rien si c'est 606 limité à une seule société dans la plupart des cas. Pour les films 607 eux-mêmes, il est peut-être légitime que le copyright dure vingt ans. 608 En attendant, pour le logiciel, je pense qu'un copyright de trois ans serait 609 suffisant. Vous voyez, si chaque version d'un programme conserve un 610 copyright pendant trois ans après sa sortie, à moins que la société ne soit 611 en très mauvaise posture, elle devrait avoir une nouvelle version avant que 612 les trois ans ne soient écoulés et il devrait y avoir beaucoup de gens 613 désireux de l'utiliser. Donc, si les anciennes versions devenaient 614 automatiquement libres, elle continuerait quand même à faire des affaires 615 avec la nouvelle. Cela dit, tel que je le vois, c'est un compromis parce que 616 c'est un système où tous les logiciels ne sont pas libres. Mais ce serait un 617 compromis acceptable après tout, si nous devions attendre trois ans dans 618 certains cas pour que les logiciels deviennent libres… Bon, ce ne 619 serait pas un désastre. Utiliser des logiciels vieux de trois ans n'est pas 620 un désastre.</p> 621 622 <p><strong>MA3</strong> : Ne pensez-vous pas que c'est un système qui 623 encouragerait l'inflation de fonctionnalités inutiles ?</p> 624 625 <p><strong>RMS</strong> : <em>[désinvolte]</em> Ah, c'est OK. C'est un effet 626 secondaire mineur, comparé au fait que cela favorise la liberté. Chaque 627 système entraîne quelques déviations artificielles dans ce que font les 628 gens, et notre système actuel favorise certainement diverses sortes de 629 déviations artificielles dans l'activité couverte par le copyright. Si donc 630 un système, parce qu'il change, favorise aussi quelques déviations 631 secondaires, ce n'est pas une grosse affaire, je dirais.</p> 632 633 <p><strong>MA4</strong> : Le problème avec ce changement des lois sur le 634 copyright pour le ramener à trois ans, c'est que vous n'obtiendriez pas les 635 sources.</p> 636 637 <p><strong>RMS</strong> : Exact. Il y aurait là aussi une condition : une loi 638 qui dirait que pour pouvoir vendre des exemplaires d'un logiciel au public, 639 le code source doit être déposé quelque part de sorte que trois ans plus 640 tard il puisse être libéré. Ainsi il pourrait être déposé à la bibliothèque 641 du Congrès aux États-Unis ; et je pense que d'autres pays ont des 642 établissements semblables où des exemplaires des livres publiés prennent 643 place. Ils pourraient également accueillir le code source et après trois 644 ans, le publier. Et naturellement, si le code source ne correspondait pas à 645 l'exécutable il y aurait fraude. En fait si cela correspond vraiment, on 646 doit pouvoir très facilement le vérifier dès que le travail est 647 publié. Ainsi, vous publiez le code source et quelqu'un par là-bas dit : 648 « Très bien… “<code>./configure</code> ; <code>make</code>” » et voit 649 si cela produit les mêmes exécutables, et hue.</p> 650 651 <p>Mais vous avez raison, éliminer le copyright ne rendrait pas le logiciel 652 <i>free</i>.</p> 653 654 <p><strong>MA5</strong> : Heu… « libre ».<a id="TransNote3-rev" 655 href="#TransNote3"><sup>3</sup></a></p> 656 657 <p><strong>RMS</strong> : Exact. C'est dans ce seul sens que j'emploie le 658 terme. Cela n'aurait pas cet effet, parce que le code source pourrait ne pas 659 être disponible, ou bien ils pourraient tenter d'user de contrats pour 660 restreindre les utilisateurs. Libérer le logiciel n'est pas aussi simple que 661 de mettre fin au copyright sur le logiciel : c'est une situation plus 662 complexe que ça. En fait, si le copyright sur le logiciel était simplement 663 supprimé, nous ne pourrions plus utiliser le copyleft pour protéger le 664 statut libre d'un programme. Entre-temps, les « privatifieurs » de logiciel 665 <i>[software privateers]</i> pourraient utiliser d'autres méthodes – des 666 contrats ou des dissimulations de la source – pour rendre le logiciel 667 privateur.<a id="TransNote4-rev" href="#TransNote4"><sup>4</sup></a> Ça 668 pourrait signifier que, si nous publions un programme libre, quelque bâtard 669 avide pourrait en faire une version modifiée et n'en publier que les 670 binaires, puis obliger les gens à signer des clauses de 671 confidentialité. Nous n'aurions plus les moyens de les arrêter. Donc, si 672 nous voulions changer la loi pour que tout logiciel publié devienne libre, 673 nous devrions le faire de façon encore plus complexe. Pas simplement en 674 changeant le copyright sur le logiciel.</p> 675 676 <p>Ainsi, globalement je recommande que nous examinions les divers types 677 d'œuvres et leurs divers usages pour chercher un autre endroit où tracer la 678 limite : celui qui donnerait au public les libertés essentielles pour se 679 servir des œuvres de chaque type, tout en maintenant si possible une sorte 680 de copyright indolore pour le grand public qui soit toujours un avantage 681 pour les auteurs. De cette façon, nous pouvons adapter le système du 682 copyright au contexte dans lequel nous nous trouvons et faire qu'il n'exige 683 pas de mettre des gens en prison pour des années parce qu'ils auront partagé 684 avec leurs amis, tout en continuant à encourager de diverses manières les 685 auteurs à écrire plus. Nous pouvons également, je crois, chercher d'autres 686 façons d'encourager l'écriture, d'autres façons de faciliter la rémunération 687 des auteurs. 688 Par exemple, supposez que la reproduction intégrale d'une œuvre soit 689 autorisée et supposez que cette œuvre soit fournie avec un dispositif de ce 690 style : lorsque vous êtes en train de jouer l'œuvre, ou de la lire, il y a 691 une boîte de dialogue sur le côté qui dit : « Cliquez ici pour envoyer un 692 dollar à l'auteur ou au musicien, ou autre. » Je pense que dans les parties 693 les plus riches du monde beaucoup de gens enverraient ce dollar parce que 694 souvent les gens adorent les auteurs ou les musiciens qui ont créé ce qu'ils 695 ont aimé lire ou écouter. Notez que la part des royalties qui leur revient 696 actuellement est si faible que si vous payez vingt dollars, ils n'en 697 obtiendront pas plus d'un de toute façon.</p> 698 699 <p>On aura ainsi un système bien plus efficace. Et le bonus, c'est que lorsque 700 les gens redistribueront ces copies, ils aideront l'auteur en faisant ce qui 701 revient à de la publicité pour lui, en diffusant autour d'eux les raisons de 702 lui envoyer un dollar. Actuellement, la raison principale pour laquelle il 703 n'y a pas plus de gens qui envoient de l'argent directement aux auteurs, 704 c'est que c'est embêtant. Qu'allez-vous faire ? Envoyer un chèque ? Alors à 705 qui allez-vous l'expédier ? Il va falloir dénicher leur adresse, ce qui 706 n'est peut-être pas facile. Mais avec un système commode de paiement par 707 Internet qui rende efficace l'envoi d'un dollar à quelqu'un, un système que 708 nous pourrions mettre dans tous les exemplaires de l'œuvre, alors je pense 709 qu'on aurait un mécanisme viable. 710 Cela peut prendre cinq à dix ans pour que l'idée se popularise, parce que 711 c'est culturel vous savez. Au départ, les gens pourraient être un peu 712 surpris mais une fois que cela serait devenu naturel, ils s'habitueraient à 713 envoyer de l'argent. Ça ne représenterait pas beaucoup, comparé à ce que 714 cela coûte d'acheter des livres aujourd'hui.</p> 715 716 <p><em>[il boit]</em></p> 717 718 <p>Aussi je pense que cette méthode pourrait connaître le succès pour les 719 œuvres d'expression, et peut-être les œuvres esthétiques. Mais cela ne 720 marchera pas pour les œuvres fonctionnelles. Et la raison, c'est que, si une 721 personne après l'autre fait une version modifiée et la publie, sur quoi les 722 boîtes de dialogue devront-elles pointer ? Et combien d'argent devra-t-on 723 envoyer ? Vous savez, il est facile de faire ça quand l'œuvre a été publiée 724 une seule fois, par un auteur déterminé ou un groupe d'auteurs déterminé, et 725 qu'ils peuvent convenir ensemble de ce qu'ils vont faire avec la boîte de 726 dialogue. Si personne ne publie de version modifiée, alors chaque exemplaire 727 contiendra la même, avec une même URL dirigeant l'argent vers les mêmes 728 personnes. Mais quand vous avez différentes versions sur lesquelles 729 différentes personnes ont travaillé, il n'y a pas de façon simple et 730 automatique de calculer qui doit recevoir quelle part de ce que tel 731 utilisateur donne, pour cette version-ci ou cette version-là. 732 733 Il est philosophiquement difficile de décider de l'importance de chaque 734 contribution, et toutes les manières simples d'essayer de la mesurer sont 735 <em>à l'évidence</em> mauvaises dans certains cas. Il est clair qu'elles 736 ferment les yeux sur une partie importante des faits. Aussi est-il probable, 737 je pense, que ce genre de solution n'est pas praticable lorsque tout le 738 monde est libre de publier des versions modifiées. Mais pour les types 739 d'œuvres où il n'est pas crucial d'avoir la liberté de publier des versions 740 modifiées, alors cette solution pourra être appliquée très simplement, une 741 fois que nous aurons un système pratique de paiement sur Internet pour lui 742 servir de base.</p> 743 744 <p>En ce qui concerne les œuvres esthétiques, s'il y avait un système où ceux 745 qui redistribuent commercialement – voire ceux qui publient une version 746 modifiée – devaient négocier le partage des paiements avec le producteur de 747 la version originale, alors ce genre d'arrangement pourrait être étendu 748 aussi à ces œuvres, même si des versions modifiées étaient autorisées. Il 749 pourrait y avoir une certaine formule standard qui pourrait être renégociée 750 dans certains cas. Je pense que ce genre de paiement volontaire serait même 751 envisageable dans certains cas avec un système qui permette de publier des 752 versions modifiées des œuvres esthétiques.</p> 753 754 <p>Il y a, je crois, des gens qui essayent d'installer un système de paiement 755 volontaire de ce style. J'ai entendu parler de quelque chose comme « le 756 protocole de l'artiste de rue ». Je n'en connais pas les détails. Et je 757 crois qu'il y a un truc appelé <em>GreenWitch.com [note du transcripteur : 758 URL incertaine]</em>. Je crois que ces gens essayent d'installer quelque 759 chose de plus ou moins semblable. Ce qu'ils espèrent faire, il me semble, 760 c'est rassembler les paiements que vous effectuez à diverses personnes, pour 761 finalement débiter votre carte de crédit une fois que la somme est assez 762 importante pour rendre la transaction efficace. 763 Il n'est pas certain que ce genre de système fonctionne assez bien en 764 pratique pour qu'ils le mettent en place, ni qu'il soit adopté assez 765 largement pour devenir une pratique culturelle normale. Il est possible que 766 pour que ces paiements volontaires deviennent vraiment courants, nous ayons 767 besoin d'un certain genre de… On a besoin de voir l'idée partout pour 768 que de temps à autre… « Ouais, il faudrait que je paie ! » On verra.</p> 769 770 <p>Il y a des preuves que des idées comme celles-là ne sont pas 771 déraisonnables. Regardez par exemple la radio publique aux USA, qui est la 772 plupart du temps soutenue par les dons de ses auditeurs. Vous avez, je 773 crois, des millions de personnes qui donnent. Je ne sais pas combien 774 exactement, mais il y a beaucoup de stations de radio publiques qui sont 775 soutenues par leurs auditeurs, et il semble qu'elles trouvent plus facile 776 d'obtenir des dons au fil des ans. Il y a dix ans, pendant six semaines par 777 an peut-être, elles passaient la majeure partie du temps à demander aux gens 778 « S'il vous plaît, envoyez-nous un peu d'argent, ne pensez-vous pas que nous 779 sommes assez importants ? » et ainsi de suite 24 heures sur 24. Et 780 maintenant beaucoup d'entre elles ont constaté qu'elles peuvent obtenir ces 781 contributions en envoyant des courriels aux gens qui leur ont envoyé des 782 dons auparavant ; elles n'ont pas à passer leur temps d'antenne à faire de 783 la retape pour les dons.</p> 784 785 <p>Fondamentalement, le but déclaré du copyright, encourager l'écriture, est un 786 but valable, mais nous devons chercher des façons d'y parvenir qui ne soient 787 pas si dures et pas si restrictives pour l'utilisation des œuvres dont nous 788 avons encouragé l'éclosion. Je crois que la technologie numérique nous 789 fournit des solutions à ce problème, après avoir créé un contexte qui 790 nécessite sa solution. C'est donc la fin de cette conférence. Y a-t-il des 791 questions ?</p> 792 793 <h3>Questions et discussion</h3> 794 <p>Tout d'abord, à quelle heure est la prochaine conférence ? Quelle heure 795 est-il maintenant ?</p> 796 797 <p><strong>Moi</strong> : Il est trois heures et quart.</p> 798 799 <p><strong>RMS</strong> : Oh vraiment ? Donc je suis déjà en retard ? Bon, 800 j'espère que Mélanie me permettra d'accepter quelques questions.</p> 801 802 <p><strong>MA6</strong> : Qui décidera dans lesquelles de vos trois catégories 803 une œuvre rentrera ?</p> 804 805 <p><strong>RMS</strong> : Je ne sais pas. Je suis sûr qu'il y a diverses 806 manières de décider. Vous pouvez probablement reconnaître un roman quand 807 vous en voyez un. Je subodore que les juges peuvent aussi reconnaître un 808 roman quand ils en voient un.</p> 809 810 <p><strong>MA7</strong> : Des commentaires sur le chiffrement ? Et sur 811 l'interaction des dispositifs de chiffrement avec les contenus sous 812 copyright ?</p> 813 814 <p><strong>RMS</strong> : Eh bien, le chiffrement est employé en tant que moyen 815 pour contrôler le public. Les éditeurs essayent d'imposer divers systèmes de 816 chiffrement au public afin de l'empêcher de copier. Ils appellent ces choses 817 des méthodes technologiques, mais en fait elles s'appuient toutes sur des 818 lois interdisant aux gens de les contourner, car sans ces lois aucune de ces 819 méthodes n'atteindrait son but. Ainsi elles sont toutes basées sur 820 l'intervention directe du gouvernement pour que les gens arrêtent de 821 copier. Je m'y oppose très fortement et je n'accepterai pas ces supports 822 d'enregistrement. Si en pratique les moyens de copier quelque chose ne sont 823 pas à ma disposition, je ne l'achèterai pas. Et j'espère que vous ne 824 l'achèterez pas non plus.</p> 825 826 <p><strong>MA8</strong> : En France nous avons une loi qui dit que même si le 827 support est protégé vous avez le droit de le recopier pour le sauvegarder.</p> 828 829 <p><strong>RMS</strong> : Oui, c'était aussi comme ça aux USA il y a encore 830 deux ans.</p> 831 832 <p><strong>MA8</strong> : Très souvent vous signez un accord qui est illégal en 833 France… le contrat que vous êtes censé signer avec une souris…</p> 834 835 <p><strong>RMS</strong> : Eh bien, peut-être qu'il ne l'est pas.</p> 836 837 <p><strong>MA8</strong> : Comment pouvons-nous le contester ?</p> 838 839 <p><strong>RMS</strong> : <em>[avec emphase]</em> Vous allez le contester ? Ça 840 coûte de l'argent, il faut se donner du mal ; et pas seulement ça, comment 841 allez-vous faire ? Bon, vous pourriez toujours aller au tribunal et dire : 842 « Ils n'ont aucun droit de demander aux gens de signer ce contrat parce que 843 qu'il n'est pas valide. » Mais ça pourrait être difficile si le distributeur 844 est aux USA ; la loi française disant ce qu'est un contrat valide ne 845 pourrait pas servir à les arrêter aux USA. D'autre part vous pourriez 846 également dire : « J'ai signé ce contrat, mais il n'est pas valable en 847 France, aussi je désobéis publiquement et je les défie de me poursuivre. » 848 Ceci, vous pourriez envisager de le faire. Si vous aviez raison et que ces 849 lois ne soient pas valables en France, alors l'affaire serait rejetée. Je ne 850 sais pas. Peut-être que c'est une bonne idée. Je ne sais pas quels en 851 seraient les effets politiques. 852 Je sais qu'il y a juste deux ans une loi a été votée en Europe pour 853 interdire un certain type de copie privée pour la musique ; les maisons de 854 disque ont tanné quelques musiciens célèbres très populaires pour qu'ils 855 fassent pression en faveur de cette loi, et ils l'ont obtenue. Aussi, il est 856 clair qu'ils ont beaucoup d'influence là aussi, et il est possible qu'ils en 857 obtiennent davantage, qu'ils fassent simplement voter une autre loi pour 858 changer ça. Nous devons penser à une stratégie politique pour construire un 859 électorat qui puisse s'opposer à de tels changements. Et les actions que 860 nous menons devraient être conçues pour y arriver. Cela dit, je n'ai pas 861 d'avis autorisé sur la manière d'y parvenir en Europe, mais c'est ce à quoi 862 les gens devraient réfléchir.</p> 863 864 <p><strong>MA6</strong> : Que dites-vous de la protection de la correspondance 865 privée ?</p> 866 867 <p><strong>RMS</strong> : Eh bien, si vous n'êtes pas <em>publié</em>, c'est 868 une question complètement différente.</p> 869 870 <p><strong>MA6</strong> : Non, mais si j'envoie un courriel à quelqu'un, il est 871 automatiquement sous mon copyright.</p> 872 873 <p><strong>RMS</strong> : <em>[énergiquement]</em> C'est complètement sans 874 objet, en réalité.</p> 875 876 <p><strong>MA6</strong> : Non, je n'accepte pas cette réponse. S'il le publie 877 dans un journal, pour le moment mon recours est mon copyright.</p> 878 879 <p><strong>RMS</strong> : Eh bien, vous ne pouvez pas le forcer à en garder le 880 contenu secret et, je n'en suis pas vraiment sûr, je veux dire qu'à mon avis 881 il y a de l'injustice là-dedans. Si par exemple vous envoyez une lettre à 882 quelqu'un menaçant de le poursuivre en justice, et qu'ensuite vous lui dites 883 « Tu ne peux dire à personne que c'est moi qui ai fait ça parce que ma 884 menace est sous copyright », ce serait assez détestable et je ne suis pas 885 sûr que cela tienne devant un tribunal.</p> 886 887 <p><strong>MA6</strong> : Bon, il y a des circonstances où je veux correspondre 888 avec des gens et garder ma réponse, et la leur, entièrement privées.</p> 889 890 <p><strong>RMS</strong> : Si vous vous entendez avec eux pour la maintenir 891 privée, alors c'est une question entièrement différente. Je suis désolé que 892 les deux questions ne puissent pas être reliées. Je n'ai pas le temps d'en 893 discuter aujourd'hui, il y a une autre conférence qui va bientôt 894 commencer. Mais je pense que c'est une complète erreur d'appliquer le 895 copyright à de telles situations. L'éthique de ces situations est 896 complètement différente de l'éthique des œuvres publiées. Elles devraient 897 être traitées d'une manière appropriée, totalement différente.</p> 898 899 <p><strong>MA6</strong> : C'est assez raisonnable, mais pour l'instant le seul 900 recours qu'on a est le copyright…</p> 901 902 <p><strong>RMS</strong> : <em>[il interrompt]</em> Non, vous avez tort. Si les 903 gens sont d'accord pour garder quelque chose dans la sphère privée, alors 904 vous avez un autre recours. En Europe il y a des lois sur la vie privée. Et 905 l'autre chose, c'est que vous n'avez pas le droit de forcer quelqu'un à 906 garder des secrets pour vous. Tout au plus pourriez-vous le forcer à 907 paraphraser, parce qu'il a le droit de dire aux gens ce que vous avez fait.</p> 908 909 <p><strong>MA6</strong> : Oui, mais en supposant que de chaque côté les deux 910 personnes soient suffisamment d'accord.</p> 911 912 <p><strong>RMS</strong> : Alors ne dites pas que le copyright est votre seul 913 recours. S'il est d'accord il ne va pas le donner à un journal, si ?</p> 914 915 <p><strong>MA6</strong> : Non, heu, vous évitez ma question au sujet de 916 l'interception.</p> 917 918 <p><strong>RMS</strong> : Oh, l'interception. C'est complètement 919 différent… <em>[âprement]</em> non vous n'avez pas posé de question à 920 propos de l'interception. C'est la première fois que vous avez mentionné 921 l'interception…</p> 922 923 <p><strong>MA6</strong> : Non c'est la deuxième fois.</p> 924 925 <p><strong>MA9</strong> : <em>[murmure son assentiment à MA6]</em></p> 926 927 <p><strong>RMS</strong> : <em>[toujours irrité]</em> Je ne vous avais pas 928 entendu avant… c'est totalement idiot… c'est comme essayer 929 de… Oh, à quoi puis-je comparer ?… C'est comme essayer de tuer 930 un éléphant avec un moule à gaufres, je veux dire qu'ils n'ont rien à faire 931 l'un avec l'autre.</p> 932 933 <p><em>[un silence ininterprétable tombe]</em></p> 934 935 <p><strong>MA10</strong> : Vous avez pensé aux changements <em>[inaudible, dans 936 le domaine du secret industriel ?]</em></p> 937 938 <p><strong>RMS</strong> : Hmm, oui : le secret industriel s'est développé dans 939 une direction très inquiétante et très dangereuse. Autrefois, cela 940 signifiait que vous vouliez maintenir secrète une certaine chose, donc que 941 vous ne l'aviez dite à personne. Plus tard, la pratique s'est établie dans 942 les affaires de dire à quelques personnes seulement une chose sur laquelle 943 elles devaient accepter de garder le secret. Mais maintenant, ça prend une 944 tournure où les personnes du grand public sont obligées de garder des 945 secrets de fabrication, même si elles n'ont jamais convenu de quelque façon 946 que ce soit de garder ces secrets. On fait pression sur elles. 947 À ceux qui prétendent que le secret industriel représente la mise en œuvre 948 de certains de leurs droits, ce n'est simplement plus vrai ; c'est un moyen 949 d'obtenir l'aide explicite du gouvernement pour forcer les autres à garder 950 leurs secrets. Nous pourrions même nous demander, au vu de de la nature 951 antisociale du secret industriel, si d'une manière générale les clauses de 952 confidentialité doivent être considérées comme légitimes. On ne devrait pas 953 considérer comme automatiquement contraignante la simple promesse de garder 954 un secret.</p> 955 956 <p>Peut-être que dans certains cas on devrait, et dans d'autres non. S'il y a 957 un avantage clair pour le public à connaître le secret, alors peut-être que 958 ça devrait invalider le contrat. Ou peut-être devrait-il être valide quand 959 il est signé avec des clients. Ou peut-être entre une société et un… 960 Peut-être que ça devrait être légitime quand une entreprise fournit des 961 secrets à ses fournisseurs, mais à ses clients, non.</p> 962 963 <p>Il y a diverses possibilités auxquelles chacun peut réfléchir, mais le point 964 de départ est que quiconque n'a pas accepté volontairement de garder ces 965 secrets ne devrait pas être lié par le secret industriel. C'était comme ça 966 il n'y a pas si longtemps encore. Peut-être que c'est toujours comme ça en 967 Europe, je ne suis pas sûr.</p> 968 969 <p><strong>MA11</strong> : Est-ce acceptable qu'une entreprise le demande à 970 ses…</p> 971 972 <p><strong>RMS</strong> : employés ?</p> 973 974 <p><strong>MA11</strong> : Non non</p> 975 976 <p><strong>RMS</strong> : fournisseurs ?</p> 977 978 <p><strong>MA11</strong> : Oui, fournisseurs. Et si le client est un autre 979 fournisseur ?</p> 980 981 <p><em>[blanc pendant que le minidisque est changé]</em></p> 982 983 <p><strong>RMS</strong> : Commençons par ne pas l'encourager.</p> 984 985 <p><strong>MA12</strong> : J'ai une question concernant votre avis sur le 986 travail scientifique publié dans les revues et les manuels. Dans ma 987 profession, au moins une revue officielle et un manuel sont disponibles en 988 ligne. Ils gardent le copyright, mais il y a un libre accès aux ressources 989 pourvu qu'on ait accès à Internet.</p> 990 991 <p><strong>RMS</strong> : Eh bien, c'est parfait. Mais il y a beaucoup de 992 revues où ce n'est pas comme ça. Par exemple, les revues de l'<abbr 993 title="Association of Computer Machinery">ACM</abbr> <a id="TransNote5-rev" 994 href="#TransNote5"><sup>5</sup></a> auxquelles on ne peut accéder que si 995 l'on est abonné : elles sont bloquées. Aussi je pense que les revues 996 devraient toutes commencer à ouvrir un accès sur le web.</p> 997 998 <p><strong>MA12</strong> : Alors quel impact cela a-t-il sur l'importance du 999 copyright pour le public, que fondamentalement vous n'interfériez pas avec 1000 la mise en libre accès sur le web ?</p> 1001 1002 <p><strong>RMS</strong> : Eh bien, tout d'abord je suis en désaccord. Les sites 1003 miroir sont essentiels. Ainsi, la revue devrait non seulement offrir un 1004 accès libre mais devrait également donner à chacun la liberté d'installer 1005 des sites miroirs avec des copies intégrales de ces articles. Sinon, il y a 1006 un risque qu'ils se perdent. Diverses sortes de calamités pourraient causer 1007 leur perte, vous savez : désastres naturels, désastres politiques, désastres 1008 techniques, désastres bureaucratiques, désastres fiscaux… toutes 1009 sortes de choses qui pourraient provoquer la disparition de ce site 1010 particulier. Ainsi, ce que la communauté scientifique devrait logiquement 1011 faire, c'est mettre tout son soin à créer un large réseau de sites miroirs 1012 en s'assurant que chaque article soit disponible sur chaque continent, 1013 depuis la côte jusqu'aux régions les plus reculées de l'intérieur. Et vous 1014 savez, c'est exactement le genre de chose que les principales bibliothèques 1015 considéreraient comme leur mission, si seulement on ne les en empêchait pas.</p> 1016 1017 <p>Aussi, ces revues devraient faire un pas de plus en avant. Non seulement 1018 elles devraient dire que tout le monde peut accéder au site, mais également 1019 que chacun peut installer un site miroir. Même si elles disaient « Vous 1020 devez publier cette revue entièrement, y compris nos annonces 1021 publicitaires », au moins cela réussirait à rendre la disponibilité 1022 redondante, pour qu'elle ne soit pas en danger. Alors d'autres 1023 établissements installeraient des sites miroirs, et je prévois que vous 1024 auriez dans dix ans un système officieux très bien organisé pour coordonner 1025 les sites miroirs et s'assurer que rien n'est oublié. 1026 À l'heure actuelle, installer le site miroir d'une revue pour des années 1027 coûte si peu que cela n'exige pas de financement spécial ; personne n'a à 1028 travailler très dur, il suffit de laisser les bibliothécaires le faire. Quoi 1029 qu'il en soit, oh, il y avait une autre question que ça soulevait… et 1030 je ne me rappelle pas ce que c'était. Oh, bon, n'en parlons plus.</p> 1031 1032 <p><strong>MA13</strong> : Le problème de financement pour les œuvres 1033 esthétiques… pensez-vous que la dynamique pourrait être… 1034 <em>[inaudible]</em> bien que je comprenne les problèmes de… Je veux 1035 dire qui contribue ? Et qui sera récompensé ? Est-ce que l'esprit du 1036 logiciel libre <em>[inaudible]</em></p> 1037 1038 <p><strong>RMS</strong> : Je ne sais pas. Cela suggère certainement l'idée à 1039 des gens. Nous verrons, je n'ai pas les réponses. Je ne sais pas comment 1040 nous allons y arriver, j'essaye de réfléchir à l'endroit où nous devons 1041 aller. Je ne sais pas comment nous pourrons y arriver. Les éditeurs sont si 1042 puissants qu'ils peuvent faire exécuter leurs ordres par les 1043 gouvernements. Comment allons-nous construire un monde où le public refuse 1044 de tolérer ça plus longtemps, je ne sais pas. Je pense que la première chose 1045 à faire est de rejeter clairement le mot « pirate » et les points de vue qui 1046 vont avec. Toutes les fois que nous entendons cela, nous devons faire 1047 entendre notre voix, dire que c'est de la propagande, qu'il n'est pas 1048 mauvais pour les gens de partager ces œuvres publiées avec les autres, que 1049 c'est comme de partager avec un ami, et que c'est bien. Et que partager avec 1050 un ami est plus important que l'argent gagné par ces éditeurs. Que la 1051 société ne devrait pas être façonnée selon leurs intérêts. 1052 1053 Nous devons continuer… Parce que vous voyez, l'idée qu'ils ont 1054 répandue – que tout ce qui réduit leur revenu est immoral et que donc les 1055 gens doivent être restreints dans leurs activités par tous les moyens, pour 1056 garantir qu'ils seront payés entièrement, c'est ce principe de base que nous 1057 devons attaquer en premier. En général, la tactique des gens est de se 1058 concentrer sur des questions secondaires, vous savez… Quand les 1059 éditeurs exigent plus de pouvoir, les gens disent habituellement que cela 1060 causera une certaine sorte de préjudice secondaire, et basent leurs 1061 arguments là-dessus. Mais vous trouvez rarement quelqu'un (excepté moi) qui 1062 dise que la raison d'être du changement est mauvaise, que c'est une erreur 1063 de poser ce genre de restrictions, qu'il est légitime pour les gens de 1064 vouloir modifier les copies et que ça devrait leur être permis. Nous 1065 devrions être plus nombreux à le dire. Nous devons commencer à couper la 1066 racine de leur empire et pas simplement taillader quelques feuilles.</p> 1067 1068 <p><strong>MA14</strong> : <em>[inaudible]</em> ce qui est important, c'est de 1069 se concentrer sur le système de dons pour la musique.</p> 1070 1071 <p><strong>RMS</strong> : Oui. Malheureusement, cette technique est couverte 1072 par des brevets qui semblent très probablement utilisables.</p> 1073 1074 <p><em>[rires, on crie « non » dans l'assistance]</em></p> 1075 1076 <p><strong>RMS</strong> : Cela peut mettre dix ans avant qu'on puisse le faire.</p> 1077 1078 <p><strong>MA15</strong> : On prendra seulement les lois françaises.</p> 1079 1080 <p><strong>RMS</strong> : Je ne sais pas. Je pense que je devrais rendre la 1081 parole à Mélanie dont la conférence devait commencer à trois heures. Et 1082 hue ! donc.</p> 1083 1084 <p>RMS reste debout en silence. Il y a une pause avant le déclenchement des 1085 applaudissements. RMS se tourne pour applaudir le gnou bourré de tissu qu'il 1086 a placé sur le rétroprojecteur au début de la conférence.</p> 1087 </div> 1088 1089 <div class="translators-notes"> 1090 1091 <!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.--> 1092 <hr /><b>Notes de traduction</b><ol> 1093 <li><a id="TransNote1" href="#TransNote1-rev" 1094 class="nounderline">↑</a> 1095 Le copyright américain est l'équivalent du droit d'auteur français, mais il 1096 y a des différences significatives du point de vue juridique, c'est pourquoi 1097 nous ne traduisons pas ce terme.</li> 1098 <li><a id="TransNote2" href="#TransNote2-rev" 1099 class="nounderline">↑</a> 1100 La phrase originale est: <i>« I can't say I'm sure that in all of these 1101 areas we can't produce progress without copyright restrictions stopping 1102 people »</i> … Son sens est manifestement contraire à l'argument 1103 exposé. Nous supposons que l'enregistrement audio ayant servi de base à la 1104 transcription n'était pas clair, et que <i>can't produce</i> doit se lire 1105 <i>can produce</i>.</li> 1106 <li><a id="TransNote3" href="#TransNote3-rev" 1107 class="nounderline">↑</a> 1108 En français dans le texte.</li> 1109 <li><a id="TransNote4" href="#TransNote4-rev" 1110 class="nounderline">↑</a> 1111 Autre traduction de <i>proprietary</i>: propriétaire.</li> 1112 <li><a id="TransNote5" href="#TransNote5-rev" 1113 class="nounderline">↑</a> 1114 Association pour le développement d'outils informatiques.</li> 1115 </ol></div> 1116 </div> 1117 1118 <!-- for id="content", starts in the include above --> 1119 <!--#include virtual="/server/footer.fr.html" --> 1120 <div id="footer" role="contentinfo"> 1121 <div class="unprintable"> 1122 1123 <p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <<a 1124 href="mailto:gnu@gnu.org">gnu@gnu.org</a>>. Il existe aussi <a 1125 href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens 1126 orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à 1127 <<a href="mailto:webmasters@gnu.org">webmasters@gnu.org</a>>.</p> 1128 1129 <p> 1130 <!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph, 1131 replace it with the translation of these two: 1132 1133 We work hard and do our best to provide accurate, good quality 1134 translations. However, we are not exempt from imperfection. 1135 Please send your comments and general suggestions in this regard 1136 to <a href="mailto:web-translators@gnu.org"> 1137 1138 <web-translators@gnu.org></a>.</p> 1139 1140 <p>For information on coordinating and contributing translations of 1141 our web pages, see <a 1142 href="/server/standards/README.translations.html">Translations 1143 README</a>. --> 1144 Merci d'adresser vos commentaires sur les pages en français à <<a 1145 href="mailto:trad-gnu@april.org">trad-gnu@april.org</a>>, et sur les 1146 traductions en général à <<a 1147 href="mailto:web-translators@gnu.org">web-translators@gnu.org</a>>. Si 1148 vous souhaitez y contribuer, vous trouverez dans le <a 1149 href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a> 1150 les infos nécessaires.</p> 1151 </div> 1152 1153 <!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to 1154 files generated as part of manuals) on the GNU web server should 1155 be under CC BY-ND 4.0. Please do NOT change or remove this 1156 without talking with the webmasters or licensing team first. 1157 Please make sure the copyright date is consistent with the 1158 document. For web pages, it is ok to list just the latest year the 1159 document was modified, or published. 1160 1161 If you wish to list earlier years, that is ok too. 1162 Either "2001, 2002, 2003" or "2001-2003" are ok for specifying 1163 years, as long as each year in the range is in fact a copyrightable 1164 year, i.e., a year in which the document was published (including 1165 being publicly visible on the web or in a revision control system). 1166 1167 There is more detail about copyright years in the GNU Maintainers 1168 Information document, www.gnu.org/prep/maintain. --> 1169 <p>Copyright © 2000, 2021 Free Software Foundation, Inc.</p> 1170 1171 <p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a 1172 rel="license" 1173 href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative 1174 Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale (CC BY-ND 1175 4.0)</a>.</p> 1176 1177 <!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" --> 1178 <div class="translators-credits"> 1179 1180 <!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.--> 1181 Traduction : Miluz<br /> Révision : <a 1182 href="mailto:trad-gnu@april.org">trad-gnu@april.org</a></div> 1183 1184 <p class="unprintable"><!-- timestamp start --> 1185 Dernière mise à jour : 1186 1187 $Date: 2021/11/05 15:00:47 $ 1188 1189 <!-- timestamp end --> 1190 </p> 1191 </div> 1192 </div> 1193 <!-- for class="inner", starts in the banner include --> 1194 </body> 1195 </html>