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ICT-for-prosperity.html (31028B)


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     10 <title>Façonner le développement et les projets collaboratifs dans les TIC pour la
     11 prospérité mondiale - Projet GNU - Free Software Foundation</title>
     12 
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     18 <div class="article reduced-width">
     19 <h2>Façonner le développement et les projets collaboratifs dans les TIC pour la
     20 prospérité mondiale</h2>
     21 
     22 <address class="byline">par Robert J. Chassell</address>
     23 
     24 <div class="infobox">
     25 <p>
     26 <!-- <br />
     27 
     28 <a href="http://www.globalknowledge.org.my/"> broken link, 1apr11 -->
     29 D'après un discours donné lors de la deuxième <i>Global Knowledge
     30 Conference</i>, à Kuala Lumpur (Malaisie) le 7 mars 2000.
     31 </p>
     32 
     33 <!-- <p>
     34 
     35 [For a more extended discussion, see my<br />
     36 <a href="http://www.teak.cc/Access-speech.html">
     37 Free Software: Access and Empowerment</a>.
     38 </p> -->
     39 </div>
     40 <hr class="thin" />
     41 
     42 <p>
     43 Le titre de cette présentation est « Façonner le développement et les
     44 projets collaboratifs dans les <abbr title="Technologies de l'information et
     45 de la communication">TIC</abbr> pour la prospérité mondiale » et les thèmes
     46 de cette conférence sont : « accéder », « autonomie » <i>[empowerment]</i>
     47 et « gouvernance ».
     48 </p>
     49 <p>
     50 Ce que je voudrais faire aujourd'hui, c'est prendre une technologie
     51 spécifique et vous dire comment nous avons façonné cette technologie pour la
     52 rendre accessible et en faire un instrument d'autonomie, comment nous
     53 l'avons placée dans un cadre économique et institutionnel qui encourage les
     54 gens à travailler en collaboration, enfin comment elle peut être utilisée
     55 pour une meilleure gouvernance.
     56 </p>
     57 <p>
     58 Cette technologie, c'est le logiciel. Le « façonnage » dont il s'agit
     59 concerne son cadre légal et institutionnel, c'est-à-dire les termes des
     60 licences de copyright.
     61 </p>
     62 <p>
     63 Étant un des fondateurs de la <i>Free Software Foundation</i>, j'ai
     64 travaillé pendant 16 ans sur le cadre légal et institutionnel dans lequel
     65 nous utilisons et développons le logiciel. GNU/Linux, un système logiciel
     66 complet, est né de ces efforts.
     67 </p>
     68 <p>
     69 Les TIC, technologies de l'information et de la communication, sont formées
     70 de composants matériels et logiciels. Je ne parlerai ici que de l'aspect
     71 logiciel. Quoi qu'il en soit, j'espère pouvoir étendre notre expérience de
     72 ce sujet à d'autres technologies.
     73 </p>
     74 <p>
     75 Quand je parle de logiciel, je veux parler aussi bien de ce qui fait tourner
     76 l'ordinateur, c'est-à-dire le système d'exploitation, que des applications
     77 comme le courrier électronique et autres moyens de communication, les
     78 tableurs, le commerce électronique, les outils de traitement du texte,
     79 l'envoi et la réception de fax, la création de sites web, l'ingénierie, la
     80 recherche, les calculs mathématiques, la modélisation, la manipulation
     81 d'images et les réseaux.
     82 </p>
     83 <p>
     84 Ces dernières années, le prix des ordinateurs et des matériels de
     85 communication a tellement baissé que de plus en plus de gens les
     86 utilisent. En effet, les organisateurs de notre conférence estiment à un sur
     87 trente le nombre de personnes dans le monde ayant un accès informatique aux
     88 communications électroniques, qui sont connectées.
     89 </p>
     90 <p>
     91 Bien que le rapport d'un sur trente représente une faible proportion de la
     92 population mondiale, cette technologie est populaire, grandissante et
     93 commence à prendre de plus en plus de place dans notre quotidien. De plus,
     94 nous nous attendons à ce que les ordinateurs et les coûts des communications
     95 continuent à baisser, pendant encore une génération au moins, ce qui
     96 signifie que ceux qui n'y ont pas encore accès vont en fin de compte en
     97 profiter.
     98 </p>
     99 <p>
    100 Comme pour toute technologie, le logiciel peut s'utiliser d'une bonne ou
    101 d'une mauvaise façon.
    102 </p>
    103 <p>
    104 En ce moment, ce sont les deux que nous voyons. Le mauvais côté, ce sont des
    105 machines qui plantent sans raison, des courriels qui font perdre de l'argent
    106 à leurs destinataires, des systèmes vulnérables à de simples virus et des
    107 programmes qui ne font qu'une partie de ce qu'on attend d'eux.
    108 </p>
    109 <p>
    110 La clef du bon usage du logiciel est d'assurer la liberté. Cela entraîne
    111 collaboration, prix moins élevés, fiabilité, efficacité, sécurité et moins
    112 de barrières à l'entrée et à l'usage.
    113 </p>
    114 <p>
    115 Pour faire bon usage de la technologie logicielle, les gens doivent avoir le
    116 droit, garanti par la loi, de la copier, l'étudier, la modifier et la
    117 redistribuer. Tout le reste en découle.
    118 </p>
    119 <p>
    120 Le logiciel GNU/Linux donne ces droits aux gens. Les programmeurs en
    121 bénéficient, mais plus important, les non-programmeurs aussi en bénéficient.
    122 </p>
    123 <p>
    124 Par exemple, les habitants d'une zone où les services téléphoniques sont
    125 médiocres ou inexistants peuvent utiliser un logiciel robuste, appelé UUCP,
    126 pour leurs communications. J'ai lu récemment qu'un groupe d'Oxfam l'a fait.
    127 </p>
    128 <p>
    129 Ceux qui ont de vieilles machines, même à base d'un antique 80386, peuvent
    130 faire tourner des programmes efficaces, qui en font autant que des
    131 programmes exigeant un Pentium moderne et de la mémoire hors de prix. Ils
    132 peuvent très bien utiliser ces machines comme serveurs de pages web ou comme
    133 routeurs – comme infrastructure pour les communications.
    134 </p>
    135 <p>
    136 Les gens ne possédant qu'un seul ordinateur peuvent brancher un ou deux
    137 terminaux supplémentaires, installer deux ou trois chaises devant au lieu
    138 d'une seule, tout cela pour un surcoût modique. Je l'ai fait : un ami est
    139 venu me rendre visite et nous voulions tous deux travailler en même temps
    140 sur ma machine. Courriel, surf sur le web, rédaction, administration réseau,
    141 tout cela nous l'avons fait en même temps.
    142 </p>
    143 <p>
    144 Une communauté, ou une collectivité, peut créer sa propre liste de diffusion
    145 ou son forum, privé ou public. Il est là, le « collecticiel »
    146 <i>[groupware]</i>. Deux personnes ou plus peuvent travailler sur le même
    147 document au même moment, même s'ils habitent des pays différents. La
    148 dernière fois qu'il m'est arrivé de le faire, je travaillais avec un copain
    149 qui était de l'autre côté de l'Atlantique.
    150 </p>
    151 <p>
    152 Avec quel alphabet voulez-vous écrire ? Hindî, chinois, thaï ? Pas de
    153 problème, et dans la même fenêtre que l'anglais ou le cyrillique.
    154 </p>
    155 <p>
    156 Que ce soit une personne isolée ou un groupe, tout le monde peut construire
    157 son site web. Un éditeur peut composer ses propres livres. Un comptable peut
    158 analyser un budget. Les malvoyants ont la possibilité d'entendre à haute et
    159 intelligible voix un texte via leur ordinateur.
    160 </p>
    161 <p>
    162 Vous pouvez choisir parmi plusieurs interfaces graphiques, de la plus
    163 élaborée à la plus simple et pratique, en passant par celle dont l'aspect et
    164 le comportement rappellent Microsoft Windows.
    165 </p>
    166 <p>
    167 À part le système vocal pour les malvoyants, qui demande un matériel audio
    168 que je n'ai jamais installé sur ma machine, toutes les applications que je
    169 viens de citer tournent sur mon ordinateur personnel. Et je connais des gens
    170 qui ont installé le matériel audio et qui peuvent entendre les textes.
    171 </p>
    172 <p>
    173 Toutes ces applications étaient sur un cédérom. Il se trouve qu'il m'avait
    174 été donné gratuitement, mais il m'est aussi arrivé de payer des CD contenant
    175 d'autres versions de ces programmes ; il est parfois simplement plus commode
    176 d'acheter. Et si vous avez une connexion Internet rapide, vous pouvez
    177 facilement télécharger le logiciel, il ne vous en coûtera que le prix de la
    178 connexion.
    179 </p>
    180 <p>
    181 Cette profusion de logiciels est disponible et peut s'utiliser n'importe où
    182 dans le monde.
    183 </p>
    184 <p>
    185 Pour revenir à la question : comment cette technologie a-t-elle été
    186 façonnée ? Je me répète ; la clef c'est la liberté : le droit, garanti par
    187 la loi, de copier, étudier, modifier et redistribuer le logiciel.
    188 </p>
    189 <p>
    190 L'outil juridique spécifique que nous avons utilisé pour engendrer ces
    191 libertés et les avantages qui en découlent est une licence de copyright
    192 spécialement conçue, la licence publique générale GNU.
    193 </p>
    194 <p>
    195 Cette licence vous donne plus de droits que le copyright de base et plus de
    196 droits que beaucoup d'autres sortes de licences de logiciel. Pour aller à
    197 l'essentiel, elle vous interdit d'interdire. Elle vous permet de faire tout
    198 le reste.
    199 </p>
    200 <p>
    201 J'aimerais approfondir cette liste de droits : copier, étudier, modifier et
    202 redistribuer.
    203 </p>
    204 
    205 <p>
    206 En premier lieu, le droit de copier.
    207 </p>
    208 <p>
    209 Il y a peu de gens qui possèdent une usine capable de recopier une
    210 voiture. De fait, reproduire une voiture est tellement difficile que nous
    211 utilisons un autre mot ; nous parlons de « fabriquer » ou « construire » une
    212 voiture. Et il n'y a pas tant que ça de constructeurs automobiles dans le
    213 monde. Bien moins d'une personne sur trente possède une usine automobile ou
    214 a la possibilité d'y accéder facilement.
    215 </p>
    216 <p>
    217 Mais quiconque possède un ordinateur possède une usine, un moyen de
    218 fabriquer des logiciels, autrement dit, de faire de nouvelles
    219 copies. Puisqu'il est tellement facile de copier les logiciels, nous
    220 n'employons pas le terme de « fabriquer » ; en général, on ne le voit même
    221 pas sous cet angle, pourtant il s'agit bien de cela.
    222 </p>
    223 <p>
    224 Le droit de copier des logiciels, c'est le droit d'utiliser vos propres
    225 moyens de production (si vous me permettez cette expression démodée). Des
    226 millions de gens, quelques pour cents de la population mondiale, ont entre
    227 leurs mains ces moyens de production.
    228 </p>
    229 <p>
    230 Naturellement, des efforts ont été faits pour vous enlever vos droits
    231 d'utiliser votre bien personnel comme une usine dont vous êtes propriétaire.
    232 </p>
    233 
    234 <p>
    235 En deuxième lieu, le droit d'étudier. Ce droit n'est pas d'un intérêt
    236 immédiat pour ceux qui ne programment pas. C'est un peu comme le droit, pour
    237 un juriste, de lire des manuels de droit. À moins d'être juriste, c'est le
    238 genre de livres que vous éviterez.
    239 </p>
    240 <p>
    241 Et pourtant, le droit d'étudier a plusieurs implications, autant pour les
    242 programmeurs que pour tous les autres.
    243 </p>
    244 <p>
    245 Le droit à l'étude signifie que les personnes vivant au Mexique, en Inde ou
    246 en Malaisie peuvent étudier le même code qui est utilisé en Europe ou aux
    247 États-Unis. Ce qui veut dire qu'on ne les empêche pas d'apprendre comment
    248 les autres ont réussi.  
    249 </p>
    250 <p>
    251 Il faut garder à l'esprit que beaucoup de programmeurs travaillent avec la
    252 contrainte qu'il leur est interdit de voir le code d'autres
    253 programmeurs. Plutôt que de se hisser sur les épaules de leurs
    254 prédécesseurs, ce qui reste la meilleure façon d'avancer et de voir plus
    255 loin, ils se retrouvent la tête dans le sac. Le droit d'étudier, c'est le
    256 droit de voir plus loin, de progresser, du haut des épaules de géants.
    257 </p>
    258 <p>
    259 En outre, le droit d'étudier signifie que le logiciel lui-même doit être
    260 disponible sous une forme qui soit lisible par vous et moi.  
    261 </p>
    262 <p>
    263 Un logiciel se présente sous deux formes, l'une qui est lisible uniquement
    264 par les ordinateurs et l'autre qui est lisible par les gens. La forme que
    265 l'ordinateur peut lire est celle qu'il exécute. C'est ce qu'on appelle un
    266 binaire, ou exécutable. La forme qu'un humain peut lire s'appelle le code
    267 source. C'est ce que crée un programmeur humain, pour être ensuite traduit,
    268 par un autre programme d'ordinateur, en binaire ou exécutable.
    269 </p>
    270 
    271 <p>
    272 Le droit suivant, celui de modifier, est le droit de corriger un problème ou
    273 d'apporter des améliorations. Pour la plupart des gens, cela signifie le
    274 droit que vous avez, vous ou votre organisation, de payer quelqu'un pour
    275 faire le travail à votre place, à peu près comme vous payez un mécanicien
    276 pour réparer votre voiture ou un charpentier pour agrandir votre maison.
    277 </p>
    278 <p>
    279 Les modifications sont d'une aide certaine. Les développeurs d'applications
    280 ne peuvent pas penser à toutes les façons dont les utilisateurs feront usage
    281 de leurs logiciels. Les développeurs ne peuvent pas prévoir les nouvelles
    282 contraintes auxquelles leur code sera soumis. Ils ne peuvent pas anticiper
    283 toutes les conditions locales, par exemple qu'un Malais utilisera un
    284 programme qui avait tout d'abord été écrit en Finlande.
    285 </p>
    286 <p>
    287 Et pour en terminer avec ces droits, parlons de celui de redistribuer.
    288 </p>
    289 <p>
    290 Cela signifie que vous, qui avez un ordinateur, une usine à logiciels, vous
    291 avez le droit de faire des copies d'un programme et de le redistribuer. Vous
    292 pouvez faire payer ces copies ou les distribuer gratuitement. D'autres
    293 peuvent faire la même chose.
    294 </p>
    295 <p>
    296 Bien sûr, plusieurs des gros fabricants de logiciels veulent vous empêcher
    297 de vous servir votre propre bien. Ils ne peuvent pas gagner dans un marché
    298 libre, alors ils attaquent autrement. Aux États-Unis, par exemple, on voit
    299 de récentes propositions de lois qui vous ôtent votre liberté.
    300 </p>
    301 <p>
    302 Le droit de redistribuer, tant qu'il est défendu et appliqué, signifie que
    303 le logiciel est vendu au sein d'un marché concurrentiel, libre. Ceci a
    304 plusieurs conséquences. Une des conséquences, c'est un prix bas, favorable
    305 au consommateur.
    306 </p>
    307 <p>
    308 Mais d'abord et avant tout, ces droits économiques et légaux amènent à
    309 collaborer, un des thèmes de cette conférence.
    310 </p>
    311 <p>
    312 Ce résultat est contraire aux attentes de pas mal de gens. Peu d'entre eux
    313 s'attendaient à ce que dans un marché concurrentiel, libre, chaque
    314 producteur devienne plus coopératif et qu'on ne sente ni ne voie de
    315 compétition parmi les entrepreneurs en concurrence.
    316 </p>
    317 <p>
    318 Plus un marché est concurrentiel, plus vous voyez de coopération. Cette
    319 implication, qui va apparemment contre toute intuition, a été aussi bien
    320 observée que déduite.
    321 </p>
    322 <p>
    323 C'est possible parce que les gens ne sont pas lésés en faisant ce qu'ils ont
    324 envie de faire. Les gens aiment aider leurs voisins.
    325 </p>
    326 <p>
    327 Prenez un petit fermier, un parmi un million. Mon ami George, chez moi aux
    328 États-Unis, est un de ceux-là.
    329 </p>
    330 <p>
    331 Sa récolte est tellement maigre qu'il ne peut rien faire sur les prix au
    332 niveau mondial. Son voisin est dans la même situation.
    333 </p>
    334 <p>
    335 Du coup, si George aide son voisin, c'est profitable à son voisin et George,
    336 lui, ne perdra rien sur ce que lui rapporte sa récolte.
    337 </p>
    338 <p>
    339 À partir du moment où George n'y perd rien, il a toutes les raisons d'aider
    340 son voisin. George n'est pas simplement serviable, il a compris que s'il
    341 donne un coup de main à son voisin, ce dernier lui renverra probablement
    342 l'ascenseur.
    343 </p>
    344 <p>
    345 Voilà ce que vous observez dans un marché concurrentiel libre : de la
    346 coopération.
    347 </p>
    348 <p>
    349 Une compétition visible indique que le marché n'est pas complètement libre
    350 et concurrentiel. Une compétition visible, cela veut dire qu'au mieux vous
    351 n'avez qu'un marché semi-libre.
    352 </p>
    353 <p>
    354 Allons plus loin : si un logiciel est vendu sur un marché libre, la
    355 concurrence entre les fournisseurs va faire tomber les prix, ce qui va
    356 profiter aux non-programmeurs.
    357 </p>
    358 <p>
    359 Voyons les choses autrement : le prix d'un logiciel est déterminé en premier
    360 lieu par des considérations juridiques, par le degré de liberté dont
    361 profitent les acheteurs. Si ceux-ci ont l'interdiction d'acheter un produit
    362 sauf à prix élevé et que cette prohibition soit rendue effective, le produit
    363 sera cher. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec beaucoup de logiciels
    364 privateurs.<a id="TransNote1-rev" href="#TransNote1"><sup>1</sup></a>
    365 </p>
    366 <p>
    367 Par contre, si le produit est mis en vente sur un marché libre, la
    368 concurrence entre les fournisseurs en fera baisser le prix.
    369 </p>
    370 <p>
    371 Et vraiment, il y aura des cas où les prix seront tellement bas que des
    372 sociétés ou d'autres organisations donneront les cédéroms contenant les
    373 logiciels ; d'autres feront des copies pour leurs amis ; et d'autres encore
    374 les mettront en téléchargement sur Internet, gratuitement.
    375 </p>
    376 <p>
    377 Cela signifie que le logiciel lui-même, support nécessaire à un projet
    378 communautaire ou marchand, deviendra à la fois peu coûteux et légal.
    379 </p>
    380 <p>
    381 Placez-vous du point de vue d'une PME ou d'une association locale. Elle
    382 pourrait utiliser un logiciel privateur diffusé via une distribution
    383 restrictive et alors, soit payer une somme qu'elle n'a pas, soit enfreindre
    384 la loi et le voler.
    385 </p>
    386 <p>
    387 En revanche, le logiciel libre est bon marché et légal. Il est plus
    388 accessible. Il est aussi personnalisable, plus que ne peuvent l'être les
    389 logiciels restrictifs. Il donne de l'autonomie.
    390 </p>
    391 <p>
    392 Nous façonnons le développement de cette technologie, nous créons la
    393 collaboration à travers l'utilisation d'un outil juridique, une licence, qui
    394 vous donne plus de droits que vous n'en auriez autrement, qui vous interdit
    395 d'interdire, ce qui, dans ce cas, vous donne le droit de copier, étudier,
    396 modifier et redistribuer le logiciel.
    397 </p>
    398 <p>
    399 Parce qu'y sont associées des libertés, ce logiciel est appelé « logiciel
    400 libre » <i>[free software]</i>.
    401 </p>
    402 <p>
    403 Pendant que j'y suis, laissez-moi éclaircir un terme qui parfois induit en
    404 erreur les anglophones.
    405 </p>
    406 <p>
    407 Le faible coût du logiciel libre fait croire à certains anglophones que le
    408 mot <i>free</i> dans l'expression <i>free software</i> (logiciel libre),
    409 signifie gratuit. Non, <i>free</i> est pris dans le sens de <a
    410 href="/philosophy/open-source-misses-the-point.html">libre</a>, mais il est
    411 facile de faire la confusion.<a id="TransNote2-rev"
    412 href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> Après tout, j'ai parlé de consommation
    413 modeste des ressources, de logiciel peu coûteux.
    414 </p>
    415 <p>
    416 Le mot anglais <i>free</i> a plusieurs sens. Comme me le disait un jour un
    417 ami mexicain, dirigeant par ailleurs d'un gros projet de logiciel libre :
    418 </p>
    419 <blockquote><p>
    420 Il y a quelque chose qui ne va pas dans la langue anglaise ; elle ne sait
    421 pas faire la différence entre une « bière gratuite » et la « libre
    422 expression ».
    423 </p></blockquote>
    424 <p>
    425 L'espagnol, au contraire, fait la distinction entre <i>gratis</i> et
    426 <i>libre</i> (se prononce à peu près « libré ») ; <i>free software</i> se
    427 dit <i>software libre</i>.
    428 </p>
    429 <p>
    430 De même, la langue de nos hôtes, le bahasa Melayu,<a id="TransNote3-rev"
    431 href="#TransNote3"><sup>3</sup></a> fait la distinction entre <i>pecuma</i>
    432 et <i>kebebasa</i>. Un logiciel libre est un logiciel <i>kebebasa</i>.
    433 </p>
    434 <p>
    435 Entre parenthèses, Éric Raymond et Bruce Perens ont inventé il y a quelques
    436 années le terme « open source » (sources accessibles, ouvertes) comme
    437 synonyme de « logiciel libre ». Ils voulaient modifier la mauvaise opinion
    438 qu'avaient certaines sociétés du marché du libre. Le terme est devenu
    439 courant. Éric et Bruce ont atteint leur but.
    440 </p>
    441 <p>
    442 Cependant, je préfère le terme de « logiciel libre », qui transmet mieux
    443 l'objectif de liberté ; cette proposition que chaque homme, chaque femme,
    444 même vivant dans un pays du tiers-monde, a le droit de faire un travail
    445 rémunérateur, et qu'on ne doit pas le lui interdire.
    446 </p>
    447 <p>
    448 J'ai mentionné le fait qu'une communauté ou une collectivité peut utiliser
    449 un logiciel bon marché et légal.
    450 </p>
    451 <p>
    452 Maintenant, laissez-moi vous parler de l'industrie logicielle elle-même.
    453 </p>
    454 <p>
    455 Parce que la concurrence dans un marché concurrentiel pousse vers le bas le
    456 prix des logiciels libres, personne ne s'engage dans l'industrie logicielle
    457 pour vendre des logiciels en tant que tels. Par contre, et cela est souvent
    458 méconnu, il est possible de gagner de l'argent par d'autres moyens.
    459 </p>
    460 <p>
    461 Les sociétés et les personnes impliquées dans l'industrie logicielle ne
    462 vendent pas les logiciels en eux-mêmes, mais plutôt les services associés au
    463 logiciel, au matériel ou à d'autres solutions.
    464 </p>
    465 <p>
    466 C'est ce qui se passe dans les professions médicales ou juridiques. Aussi
    467 bien la connaissance médicale que le droit sont librement
    468 redistribuables. Médecins et juristes vendent leurs services pour résoudre
    469 des problèmes.
    470 </p>
    471 <p>
    472 De quels services est-ce que je veux parler ? Le plus évident : aider à se
    473 servir d'un ordinateur ou, pour prendre des exemples plus précis, mettre en
    474 place un réseau de radiocommunication par paquets dans un endroit où il n'y
    475 a pas de téléphone, ou encore créer et entretenir une base de données pour
    476 un entrepôt.
    477 </p>
    478 <p>
    479 Exemple moins évident, les sociétés qui vendent des téléphones ou des usines
    480 pour le dessalement de l'eau ajoutent de plus en plus souvent du logiciel à
    481 leurs produits pour les rendre plus attrayants aux yeux des acheteurs.
    482 </p>
    483 <p>
    484 Notez que les programmeurs écrivent eux-mêmes des logiciels pour quatre
    485 raisons principales : d'abord, ils sont payés pour résoudre un problème,
    486 tout comme un juriste est payé pour rédiger un contrat. Ensuite, il peut
    487 s'agir d'une partie d'un autre projet. Troisièmement, pour accroître leur
    488 réputation et finalement, parce qu'ils en ont envie.
    489 </p>
    490 <p>
    491 J'ai parlé du façonnage de cette technologie pour favoriser la
    492 collaboration. La clef, c'est la liberté et la création d'un cadre légal qui
    493 favorise la liberté.
    494 </p>
    495 <p>
    496 Maintenant, j'aimerais aborder les projets qui mènent à la prospérité.
    497 </p>
    498 <p>
    499 Un des problèmes a trait aux ressources, ou plutôt à leur absence.
    500 </p>
    501 <p>
    502 Comme je l'ai dit plus haut, les logiciels libres réduisent les barrières à
    503 l'entrée, que ce soit dans l'industrie logicielle elle-même ou dans les
    504 autres industries et activités.
    505 </p>
    506 <p>
    507 Le logiciel libre, la culture de coopération et la manière de penser qui va
    508 avec, permettent de réduire les coûts d'exploitation. 
    509 </p>
    510 <p>
    511 Permettez-moi de prendre un exemple tiré tout droit de cette
    512 conférence. Tout d'abord, je dois vous dire que j'ai des correspondants un
    513 peu partout dans le monde. Ils ne vivent pas tous dans des pays
    514 riches. Eux-mêmes ou les institutions qui les financent ne sont jamais très
    515 riches.
    516 </p>
    517 <p>
    518 Les premiers messages que j'ai reçus à propos de cette conférence ont
    519 utilisé plus de quatre fois et demie les ressources nécessaires à la
    520 circulation de l'information. Ils ont été envoyés sous forme inutilement
    521 volumineuse.
    522 </p>
    523 <p>
    524 La prochaine fois que vous aurez à budgétiser un projet, imaginez le payer
    525 quatre fois et demie son prix. Réfléchissez alors à la manière dont vous
    526 allez le financer.
    527 </p>
    528 <p>
    529 La prochaine fois que vous paierez l'addition, sortez quatre fois et demi
    530 plus d'argent de votre poche&hellip;
    531 </p>
    532 <p>
    533 Pour moi, l'utilisation des ressources n'est pas un problème, puisque la
    534 télécommunication ne m'est pas facturée à la minute comme c'est souvent le
    535 cas. Mais je sais que mes correspondants de par le monde préfèrent que je
    536 fasse attention à mes communications, que je ne gaspille pas leur argent ni
    537 celui des institutions qui les financent.
    538 </p>
    539 <p>
    540 L'une des caractéristiques remarquables des logiciels libres est qu'ils
    541 peuvent tourner sur de vieilles machines aux capacités modestes, comme je
    542 l'ai mentionné tout à l'heure. Par exemple, il y a quelques mois, j'ai lancé
    543 sur le 486 de ma sœur un gestionnaire de fenêtres, un navigateur web
    544 graphique et un programme de manipulation d'images. Tout cela a parfaitement
    545 fonctionné.
    546 </p>
    547 <p>
    548 Les éditeurs de texte, les programmes de courrier électronique et les
    549 tableurs demandent encore moins de ressources.
    550 </p>
    551 <p>
    552 Cette frugalité signifie que les gens peuvent utiliser le vieux matériel qui
    553 a été mis au rebut par les plus grandes sociétés mondiales. Ce matériel
    554 n'est pas cher, souvent même offert. Les ordinateurs ont besoin d'être
    555 transportés. Vous aurez parfois à prévoir localement de retaper le matériel
    556 et de le remplir de logiciels libres, peu coûteux et personnalisés. Pour
    557 l'utilisateur final, ces machines coûtent moins qu'une machine neuve.
    558 </p>
    559 <p>
    560 Par ailleurs, les constructeurs fabriquent des ordinateurs modernes bas de
    561 gamme qui en font tout autant que les vieux et ne sont pas trop chers.
    562 </p>
    563 <p>
    564 Ce n'est pas la peine d'acheter un matériel onéreux, flambant neuf, pour
    565 faire tourner vos logiciels.
    566 </p>
    567 <p>
    568 En conclusion&hellip;
    569 </p>
    570 <p>
    571 On m'a demandé de parler sur :
    572 </p>
    573 <p>
    574 « Façonner le développement et les projets collaboratifs dans les TIC pour
    575 la prospérité mondiale ».
    576 </p>
    577 <p>
    578 Ces 16 dernières années, je les ai passées à travailler avec des gens qui
    579 ont façonné le logiciel grâce à un outil juridique qui vous donne maintes
    580 libertés : celles de copier, étudier, modifier et redistribuer le logiciel.
    581 </p>
    582 <p>
    583 Cet outil façonne la technologie logicielle pour la rendre plus accessible
    584 et en faire un instrument plus efficace d'autonomie ; il encourage les gens
    585 à travailler en collaboration et offre une technologie qui permet une
    586 meilleure gouvernance.
    587 </p>
    588 <p>
    589 Cet outil juridique signifie que les sociétés impliquées dans les TIC sont
    590 en concurrence non pas pour le logiciel lui-même, mais pour la vente de
    591 services associés au logiciel ou la vente de matériel ou d'autres solutions.
    592 </p>
    593 <p>
    594 Ce cadre juridique veut dire que les sociétés offriront des services plus
    595 fiables et plus efficaces.
    596 </p>
    597 <p>
    598 La liberté, garantie par une licence adéquate, signifie que les gens qui
    599 utilisent les ordinateurs ou les télécommunications comme outils peuvent
    600 prendre pied dans leur industrie plus facilement.
    601 </p>
    602 <p>
    603 Cela signifie que tous les usagers peuvent réduire leurs coûts
    604 d'installation et d'exploitation, ce qui implique que les gens vivant dans
    605 des pays plus pauvres n'envoient pas leur argent aux pays riches, mais
    606 qu'ils le maintiennent dans leur économie locale.
    607 </p>
    608 <p>
    609 De plus, comme je l'ai dit plus haut, les licences logicielles de la
    610 distribution restrictive forcent souvent les gens à choisir entre violer la
    611 loi et payer une somme qu'ils n'ont pas.
    612 </p>
    613 <p>
    614 Par souci de bonne gouvernance, un pays ne devrait pas forcer les personnes
    615 qui tentent de travailler décemment à prendre une telle décision. Trop
    616 souvent, une personne par ailleurs respectueuse des lois, mais sans grandes
    617 ressources, choisira de violer la loi.
    618 </p>
    619 <p>
    620 Ce pays devrait plutôt faire en sorte qu'agir dans le respect des lois soit,
    621 sans discussion, le meilleur choix, à la fois pour des raisons légales,
    622 morales et pratiques. On s'attend toujours à ce que son voisin soit
    623 respectueux des lois et honnête ; c'est ce qu'encourage le logiciel libre.
    624 </p>
    625 <p>
    626 Le logiciel libre donne la maîtrise de leur vie à ceux qui étaient laissés
    627 pour compte.
    628 </p>
    629 </div>
    630 
    631 <div class="translators-notes">
    632 
    633 <!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.-->
    634 <hr /><b>Notes de traduction</b><ol>
    635 <li><a id="TransNote1" href="#TransNote1-rev"
    636 class="nounderline">&#8593;</a> 
    637 Autre traduction de <i>proprietary</i> : propriétaire.</li>
    638 <li><a id="TransNote2" href="#TransNote2-rev"
    639 class="nounderline">&#8593;</a> 
    640 Cette confusion est peu probable en français, car on peut difficilement
    641 donner à « libre » le sens de gratuit. Et pourtant, la première réaction des
    642 gens à qui l'on parle de logiciel libre est souvent : « Ah oui, les
    643 logiciels gratuits ? »</li>
    644 <li><a id="TransNote3" href="#TransNote3-rev"
    645 class="nounderline">&#8593;</a> 
    646 Malais (groupe de langues très proches les unes des autres).</li>
    647 </ol></div>
    648 </div>
    649 
    650 <!-- for id="content", starts in the include above -->
    651 <!--#include virtual="/server/footer.fr.html" -->
    652 <div id="footer" role="contentinfo">
    653 <div class="unprintable">
    654 
    655 <p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à &lt;<a
    656 href="mailto:gnu@gnu.org">gnu@gnu.org</a>&gt;. Il existe aussi <a
    657 href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens
    658 orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à
    659 &lt;<a href="mailto:webmasters@gnu.org">webmasters@gnu.org</a>&gt;.</p>
    660 
    661 <p>
    662 <!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph,
    663         replace it with the translation of these two:
    664 
    665         We work hard and do our best to provide accurate, good quality
    666         translations.  However, we are not exempt from imperfection.
    667         Please send your comments and general suggestions in this regard
    668         to <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
    669 
    670         &lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
    671 
    672         <p>For information on coordinating and contributing translations of
    673         our web pages, see <a
    674         href="/server/standards/README.translations.html">Translations
    675         README</a>. -->
    676 Merci d'adresser vos commentaires sur les pages en français à &lt;<a
    677 href="mailto:trad-gnu@april.org">trad-gnu@april.org</a>&gt;, et sur les
    678 traductions en général à &lt;<a
    679 href="mailto:web-translators@gnu.org">web-translators@gnu.org</a>&gt;. Si
    680 vous souhaitez y contribuer, vous trouverez dans le <a
    681 href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>
    682 les infos nécessaires.</p>
    683 </div>
    684 
    685 <!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to
    686      files generated as part of manuals) on the GNU web server should
    687      be under CC BY-ND 4.0.  Please do NOT change or remove this
    688      without talking with the webmasters or licensing team first.
    689      Please make sure the copyright date is consistent with the
    690      document.  For web pages, it is ok to list just the latest year the
    691      document was modified, or published.
    692      
    693      If you wish to list earlier years, that is ok too.
    694      Either "2001, 2002, 2003" or "2001-2003" are ok for specifying
    695      years, as long as each year in the range is in fact a copyrightable
    696      year, i.e., a year in which the document was published (including
    697      being publicly visible on the web or in a revision control system).
    698      
    699      There is more detail about copyright years in the GNU Maintainers
    700      Information document, www.gnu.org/prep/maintain. -->
    701 <p>Copyright &copy; 1996-1998, 2021 Free Software Foundation, Inc.</p>
    702 
    703 <p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a
    704 rel="license"
    705 href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative
    706 Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale (CC BY-ND
    707 4.0)</a>.</p>
    708 
    709 <!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" -->
    710 <div class="translators-credits">
    711 
    712 <!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.-->
    713 Traduction : Pierre-Yves Enderlin.<br />Révision : <a
    714 href="mailto:trad-gnu&#64;april.org">trad-gnu&#64;april.org</a></div>
    715 
    716 <p class="unprintable"><!-- timestamp start -->
    717 Dernière mise à jour :
    718 
    719 $Date: 2021/09/10 09:02:15 $
    720 
    721 <!-- timestamp end -->
    722 </p>
    723 </div>
    724 </div>
    725 <!-- for class="inner", starts in the banner include -->
    726 </body>
    727 </html>