Entretien de Richard M. Stallman avec Kim Hill
Certaines personnes, par exemple, sont totalement opposées au copyright et me reprochent de ne pas aller assez loin. Ce que je dis, c'est que les œuvres qui servent à faire des tâches concrètes doivent être libres au sens des quatre libertés qui définissent le logiciel libre. Vous devez être libre de les republier, de les modifier, de publier vos versions modifiées, parce que c'est ce dont les utilisateurs de ces œuvres ont besoin dans leur vie courante. Mais il existe bien sûr d'autres œuvres, qui ne servent pas à faire des tâches concrètes et qui contribuent à la société d'une autre manière.
Prenez l'art, par exemple. La contribution d'une œuvre d'art réside dans l'impact qu'elle a sur notre esprit et non dans l'utilisation concrète qu'on peut éventuellement en avoir. Et il y a aussi les œuvres qui exposent les pensées, les opinions ou les observations de leurs auteurs. Ce sont des œuvres qui apportent une contribution différente à la société et pour lesquelles j'aurais des recommandations différentes. Mais la liberté de partager librement à des fins non commerciales doit être respectée, et c'est pourquoi la nouvelle loi néo-zélandaise sur le copyright est aussi injuste que l'ancienne. La nouvelle cherche spécifiquement à punir les gens en les déconnectant d'Internet, dans le but de les empêcher de partager. Il ne faut pas empêcher les gens de partager, c'est mal. Quand bien même on trouverait d'autres moyens de parvenir à cette fin, c'est la fin elle-même qui est mauvaise et injuste, pas seulement les méthodes vicieuses employées – parce que seules des méthodes draconiennes peuvent empêcher les gens de partager.