Pour en savoir plus, voir aussi les pages suivantes : Linux et le projet GNU, Pourquoi GNU/Linux ? et Les utilisateurs de GNU qui n'ont jamais entendu parler de GNU.
Quand les gens voient que nous utilisons et recommandons le nom GNU/Linux pour un système que beaucoup d'autres appellent simplement « Linux », ils se posent beaucoup de questions. Voici les plus communes d'entre elles, et nos réponses.
En toute justice, nous devrions avoir au moins une mention équivalente.
Voir Linux et le système GNU et Les utilisateurs de GNU qui n'ont jamais entendu parler de GNU pour plus d'informations, et Le projet GNU pour l'historique.
Appeler le système GNU/Linux reconnaît le rôle que notre idéalisme a joué dans la construction de notre communauté et aide le public à reconnaître l'importance pratique de ces idéaux.
Les gens qui ont combiné Linux avec le système GNU ne réalisaient pas que c'était précisément ce qu'ils faisaient. Ils ont concentré leur attention sur le morceau qu'était Linux et n'ont pas réalisé qu'une grande partie de l'ensemble était GNU. Ils ont commencé à l'appeler « Linux » bien que ce nom ne corresponde pas à ce qu'ils avaient devant eux. Cela nous a pris quelques années pour réaliser quel problème cela représentait et pour demander aux gens de corriger cette habitude. À ce moment-là, la confusion avait déjà une bonne longueur d'avance.
La plupart des gens qui appellent le système « Linux » n'ont jamais entendu expliquer pourquoi ce n'est pas correct. Ils ont vu d'autres personnes utiliser ce nom et ont supposé qu'il devait être correct. Le nom « Linux » a donc répandu une image fausse de l'origine du système, parce que les gens ont tendance à supposer que l'histoire du système correspond à ce nom. Par exemple, ils croient généralement que son développement a été commencé par Linus Torvalds en 1991. Cette image faussée tend à renforcer l'idée que le système doit être appelé « Linux ».
Beaucoup des questions de cette page représentent les tentatives faites par les gens pour justifier le nom qu'ils ont l'habitude d'utiliser.
Appeler le système entier « Linux » revient à donner au système entier le nom du noyau. Cela cause beaucoup de confusion, car seuls des experts peuvent dire si une affirmation concerne le noyau ou le système entier. En appelant le système entier « GNU/Linux » et en appelant le noyau « Linux », vous évitez l'ambiguïté.
Linus Torvalds a été partiellement influencé par une conférence sur GNU en Finlande en 1990. Même sans cette influence, il aurait peut-être écrit un noyau de type Unix, mais ce n'aurait probablement pas été un logiciel libre. Linux devint libre en 1992 quand Linus l'a republié sous la licence GNU GPL (voir les notes de distribution de la version 0.12).
Même si Torvalds avait publié Linux sous une autre licence de logiciel libre, un noyau libre seul n'aurait probablement pas fait beaucoup de différence pour le monde. L'importance de Linux vient de ce qu'il prenait place dans un cadre plus large, un système d'exploitation complètement libre : GNU/Linux.
Cependant, certaines personnes n'aiment pas que nous le disions. Parfois ces gens nous répondent par un rejet. À certaines occasions, ils sont si grossiers que l'on se demande s'ils ne sont pas en train d'essayer intentionnellement de nous intimider pour nous réduire au silence. Cela ne nous fait pas taire, mais cela tend à diviser la communauté, donc nous espérons que vous pourrez les convaincre de cesser.
Cependant, ce n'est qu'une cause secondaire de division dans notre communauté. La principale est la division entre les gens qui envisagent le logiciel libre en tant que question éthique et sociétale et considèrent le logiciel privateur1 comme un problème sociétal (les militants du mouvement pour le logiciel libre), et ceux qui ne prennent en compte que les avantages pratiques et présentent le logiciel libre uniquement comme un modèle de développement efficace (le mouvement open source).
Ce désaccord n'est pas seulement un problème de nom, il provient de différences dans les valeurs fondamentales. Il est essentiel pour la communauté de voir ce désaccord et d'y réfléchir. Les noms « logiciel libre » et « open source » sont les étendards de deux positions. Voir En quoi l'open source perd de vue l'éthique du logiciel libre.
Le désaccord sur ces valeurs rejoint partiellement l'attention que les gens accordent au rôle du projet GNU dans notre communauté. Les gens qui accordent de l'importance à la liberté sont plus enclins à appeler le système « GNU/Linux », et les gens qui apprennent que le système s'appelle « GNU/Linux » sont plus enclins à faire attention à nos arguments philosophiques pour la liberté et la communauté ; c'est pourquoi le choix du nom du système fait vraiment une différence pour la société. Cependant, ce désaccord existerait probablement même si tout le monde connaissait exactement les origines du système et son nom correct, car il s'agit d'un vrai problème. Il ne peut disparaître que si nous, qui accordons de l'importance à la liberté, persuadons tout le monde (ce qui ne sera pas facile) ou que nous soyons complètement vaincus (espérons que non).
Les personnes qui disent ceci sont probablement des geeks pensant aux autres geeks qu'ils connaissent. Les geeks ont pour la plupart entendu parler de GNU, mais beaucoup d'entre eux ont une idée complètement fausse de ce qu'est vraiment GNU. Par exemple, beaucoup pensent qu'il s'agit d'une bibliothèque d'« outils », ou d'un projet pour développer des outils.
La façon de poser la question, qui est typique, illustre une autre incompréhension courante. Le fait de parler du « rôle de GNU » dans le développement de quelque chose sous-entend que GNU est un groupe de personnes. GNU est un système d'exploitation. Cela aurait du sens de parler du rôle du projet GNU dans telle ou telle activité, mais pas de celui de GNU.
La plupart des gens dans les pays développés savent très bien que le système « Windows » est fait par Microsoft, donc abréger « Microsoft Windows » en « Windows » ne trompe personne sur la nature ou l'origine du système. Abréger « GNU/Linux » en « Linux » donne par contre une idée fausse de l'origine du système.
La question elle-même est trompeuse puisque GNU et Microsoft ne sont pas de même nature. Microsoft est une entreprise, GNU est un système d'exploitation.
Le projet GNU a été nommé d'après le nom du système d'exploitation GNU ; c'est le projet de développer le système GNU (voir l'annonce initiale de 1983).
Nous avons développé des programmes tels que GCC, GNU Emacs, GAS, GLIBC, BASH, etc., parce que nous avions besoin d'eux pour le système d'exploitation GNU. GCC (bibliothèque de compilation GNU) est le compilateur que nous avons écrit pour le système d'exploitation GNU. Nous, les nombreuses personnes travaillant sur le projet GNU, avons aussi développé Ghostscript, GNUCash, GNU Chess et GNOME pour le système GNU.
Le noyau est l'un des programmes d'un système d'exploitation : celui qui alloue les ressources de la machine aux autres programmes qui tournent en même temps. Le noyau s'occupe également de lancer et d'arrêter les autres programmes.
Pour obscurcir les choses, certaines personnes utilisent le terme « système d'exploitation » pour signifier « noyau ». Les deux utilisations remontent à de nombreuses années. L'usage de « système d'exploitation » pour signifier « noyau » se retrouve dans un certain nombre de livres sur la conception de systèmes, remontant aux années 80. Par ailleurs, toujours dans les années 80, on entendait par « système d'exploitation Unix » l'ensemble de tous les programmes du système ; la version d'Unix de Berkeley incluait même des jeux. Puisque notre intention était que GNU soit un système d'exploitation similaire à Unix, nous avons utilisé le terme « système d'exploitation » de la même manière.
La plupart du temps, quand les gens parlent du « système d'exploitation Linux » ils utilisent le terme « système d'exploitation » dans le même sens que nous : ils veulent parler de l'ensemble de tous les programmes. Si c'est ce que vous voulez dire, merci de l'appeler « GNU/Linux ». Si vous parlez uniquement du noyau, alors « Linux » est le nom correct, mais dites aussi s'il vous plaît « noyau » pour éviter toute ambiguïté sur l'élément de logiciel dont vous parlez.
Si vous préférez utiliser un autre terme comme « distribution de système » pour l'ensemble complet des programmes, à la place de « système d'exploitation », ce n'est pas un problème. Dans ce cas vous parlerez de distributions du système GNU/Linux.
Une maison est construite à partir d'un grand nombre de petits composants génériques qui sont coupés et assemblés sur site. Ils doivent être assemblés du bas vers le haut. Par conséquent, tant que les fondations n'ont pas été faites, aucune partie substantielle n'a été bâtie ; tout ce que vous avez alors est un trou dans le sol.
Au contraire, un système d'exploitation est constitué de composants complexes qui peuvent être développés dans n'importe quel ordre. Quand vous avez développé la plupart des composants, la majorité du travail est terminée. Cela ressemble plus à la station spatiale internationale qu'à une maison. Si la plupart des modules de la station étaient en orbite et connectés, mais en attente d'un module vital, ce serait comme le système GNU en 1992.
Ce standard est trop strict ; ce n'est pas le bon moyen de juger de ce qu'a apporté chaque contributeur.
Linus Torvalds a fait une contribution importante au système d'exploitation que nous utilisons ; le projet GNU a commencé avant lui et a apporté beaucoup plus. Le nom « GNU/Linux » reconnaît le mérite de chacun.
Nous avions l'intention de publier le système GNU sous forme de paquets installables, mais nous avons été pris de court par les événements : en 1992, d'autres étaient déjà en train d'empaqueter des variantes de GNU contenant Linux. À partir de 1993, nous avons soutenu financièrement un effort visant à faire une distribution GNU/Linux meilleure et plus libre, appelée Debian GNU/Linux. Le fondateur de Debian avait déjà choisi ce nom. Nous ne lui avons pas demandé de l'appeler simplement « GNU » parce que cela devait être le nom d'une version du système contenant le noyau GNU Hurd – qui n'était pas encore prêt.
Le noyau GNU Hurd n'a jamais atteint un état de maturité suffisante ; nous ne le recommandons qu'à ceux qui s'y intéressent pour travailler dessus. Aussi n'avons-nous jamais empaqueté GNU avec ce noyau. Cependant, Debian a empaqueté cette combinaison en tant que Debian GNU/Hurd.
Nous sommes actuellement en train de développer « Guix », un gestionnaire de paquets avancé fondé sur Scheme, ainsi que « GuixSD » (distribution système Guix, un système complet basé sur ce gestionnaire. Cela comporte le réempaquetage d'une partie importante du système GNU.
Nous n'avons jamais franchi l'ultime étape consistant à empaqueter GNU sous le nom de « GNU », mais cela n'altère pas sa nature. GNU est un système d'exploitation.
Du fait que ces deux expressions sont utilisées de manière synonyme, on peut facilement donner par erreur à l'expression « noyau Linux » le sens de « noyau de Linux », ce qui implique que Linux serait plus que le noyau. Vous pouvez éviter ce malentendu en disant ou en écrivant « le noyau, Linux » ou « Linux, le noyau ».
Le nom légitime le plus court pour ce système est « GNU », mais nous l'appelons « GNU/Linux » pour les raisons données plus loin.
Le nom « GNU » n'apparaît pas visiblement dans « Glinux », les gens ne remarqueraient donc pas qu'il est là. Même s'il était capitalisé en « GliNUx », la plupart des gens ne se rendraient pas compte pas qu'il y a une référence à GNU.
Cela reviendrait à écrire « GNU/Linux » avec « GNU » en caractères si petits que la plupart des gens de pourraient pas le lire.
Cela ne prend qu'une seconde de dire ou d'écrire « GNU/ ». Si vous appréciez le système que nous avons développé, ne pouvez-vous passer une seconde à reconnaître notre travail ?
En fait, « GNU/Linux » ne contient que trois syllabes. « Malheureusement » contient cinq syllabes, pourtant les gens ne rechignent pas à utiliser ce mot.
Quand on omet « Matthew », on ne présente pas une une image trop déformée de la nature, de l'origine, des idées ou des objectifs de Stallman. Quand on omet « GNU », on présente une image déformée de ces aspects du système GNU/Linux.
Voilà l'exemple d'une démarche fréquemment utilisée pour cacher une erreur ; on l'enterre dans une analogie trompeuse. Il y aurait une meilleure analogie : « Pourquoi ne devrions pas appeler Stallman “Torvalds” »?
Donc nous n'émettrons aucune objection si vous appelez simplement le système « GNU » pour éviter de payer la taxe associée au nom « Linux ».
Si vous voulez vraiment donner crédit à qui le mérite, vous pouvez penser que certains contributeurs secondaires méritent également d'être mentionnés dans le nom du système. Dans ce cas, loin de nous l'idée de nous en plaindre. Si vous pensez que X11 le mérite et voulez appeler le système GNU/X11/Linux, faites-le. Si vous pensez que Perl réclame absolument une mention et voulez écrire GNU/Linux/Perl, allez-y.
Comme un nom aussi long que GNU/X11/Apache/Linux/TeX/Perl/Python/FreeCiv frise l'absurde, vient un moment où il faut tracer une limite et omettre les noms de beaucoup d'autres contributeurs secondaires. Il n'existe pas d'endroit évident où placer cette limite, donc où que vous la placiez, nous n'émettrons pas de critique.
Des limites différentes mèneront à des noms différents pour le système. Mais « Linux » est un nom qui ne peut résulter de considérations d'équité et de reconnaissance, quelle que soit la limite choisie. Cela ne peut pas être équitable de donner toute la reconnaissance à une unique contribution secondaire (Linux) en omettant la contribution principale (GNU).
GNU est différent puisqu'il est plus qu'un simple programme, plus qu'un ensemble de programmes apportés en contribution. GNU est le cadre dans lequel le système a été bâti.
GNU est une petite fraction du système de nos jours, et Linux une fraction plus petite encore. Mais ils sont le cœur du système ; le système a été réalisé en les combinant. Par conséquent, le nom « GNU/Linux » reste approprié.
GNU n'est pas comparable à Red Hat ou Novell : ce n'est pas une entreprise, ni une organisation, ni même une activité. GNU est un système d'exploitation. Quand nous parlons du projet GNU, cela se réfère au projet de développement du système GNU. Le système GNU/Linux est basé sur GNU, et c'est pourquoi GNU doit apparaître dans son nom.
Une grande part de la contribution de ces entreprises au système GNU/Linux est dans le code qu'elles ont fourni pour des paquets variés de GNU tels GCC ou GNOME. Dire GNU/Linux donne crédit à ces entreprises de la même manière qu'à tous les autres développeurs de GNU.
Linux n'est pas un paquet GNU, c'est-à-dire qu'il n'a pas été développé sous l'égide du projet GNU ou en tant que contribution au projet GNU. Linus Torvalds a écrit Linux de façon indépendante, en tant que projet personnel. Donc le sens « Linux, qui est un paquet GNU » est faux.
Nous ne parlons pas ici d'une version distincte, GNU, du noyau Linux. Les distributions libres GNU/Linux ont une version distincte de Linux, car la version « standard » contient des « blobs » de micrologiciel [firmware] non libre. Si cela faisait partie du projet GNU, on pourrait imaginer l'appeler « GNU Linux » ; mais nous ne voudrions pas l'appeler ainsi car cela prêterait trop à confusion.
Nous parlons ici d'une version de GNU, le système d'exploitation, distinguée par le fait d'avoir Linux comme noyau. Une barre de fraction correspond bien à la situation puisqu'elle signifie « combinaison » (pensez à « Entrée/Sortie »). Ce système est une combinaison de GNU et de Linux, d'où le nom « GNU/Linux ».
Il y a d'autres moyens d'exprimer cette combinaison. Si vous pensez qu'un signe plus est plus clair, utilisez-le. En français, un tiret est clair : « GNU-Linux ». En espagnol, on dit parfois « GNU con Linux ».
Prononcez-le « GNU slash Linux ». Si vous ne prononcez pas le slash, les gens penseront que vous dites « GNU Linux », ce qui n'est pas un nom adéquat pour cette combinaison.
En bon anglais, dans la construction « GNU Emacs » le mot « GNU » modifie « Emacs ». C'est la bonne façon de décrire un programme appelé Emacs qui est un logiciel GNU.
« GNU/Emacs » signifierait une combinaison de GNU, le système d'exploitation, avec le programme Emacs. Cela ne correspond pas à ce programme, c'est pourquoi « GNU/Emacs » est une mauvaise façon de le désigner.
Il est juste et équitable de mentionner en premier le principal contributeur. Non seulement la contribution de GNU au système est plus importante et plus ancienne que Linux, mais c'est nous qui avons initié l'ensemble du travail.
En outre, « GNU/Linux » s'accorde avec le fait que Linux est le plus bas niveau du système alors que GNU correspond à des niveaux techniquement plus élevés.
Cependant, si vous préférez appeler le système « Linux/GNU », c'est déjà largement plus correct que ce que font les gens d'habitude, à savoir omettre complètement GNU et donner l'impression que le système entier est Linux.
S'ils appelaient une distribution GNU/Linux « Toto BSD », vous trouveriez probablement que c'est une erreur. Vous leur diriez : « Ce système n'est pas BSD ». Eh bien, ce n'est pas Linux non plus.
Cela signifie que les personnes qui font la distribution « Toto Linux » répètent l'erreur courante. Nous apprécions le fait que des distributions comme Debian, Dragora, Musix, Trisquel et Venenux ont adopté GNU/Linux comme partie de leur nom officiel, et espérons que si vous êtes impliqué dans une autre distribution, vous l'encouragerez à faire de même.
Quand ils répandent la désinformation en changeant « GNU » en « Linux » et appellent leur version du système « Toto Linux », il convient de rétablir la vérité en l'appelant « Toto GNU/Linux ».
Nous ne pouvons pas les faire changer, mais nous ne sommes pas du genre à abandonner simplement parce que le chemin n'est pas facile. Vous ne disposez peut-être pas d'autant d'influence qu'IBM ou Red Hat, mais vous pouvez tout de même aider. Ensemble nous pouvons changer la situation à tel point que les entreprises feront plus de profit en l'appelant « GNU/Linux ».
Comment faire changer cela, voilà la question.
La majeure partie de la communauté qui utilise GNU avec Linux ne réalise déjà pas ce que qu'elle utilise. Dans ces conditions, désavouer ces versions dénaturées, dire que ce n'est pas vraiment GNU, n'apprendrait pas aux utilisateurs à donner plus de valeur à la liberté. Ils ne comprendraient pas le message. Ils répondraient simplement qu'ils n'avaient jamais pensé que ces systèmes étaient d'abord GNU.
Le moyen d'amener ces utilisateurs à faire le lien avec la liberté est exactement l'opposé : il faut les informer que toutes ces versions du système sont des versions de GNU, et qu'elles sont toutes basées sur un système qui a pour raison d'être la liberté des utilisateurs. En comprenant cela, ils pourront commencer à reconnaître les distributions qui incluent des logiciels non libres comme des versions perverties, dénaturées de GNU, au lieu de penser que ce sont des « versions de Linux » correctes et légitimes.
Il est très utile de lancer des groupes d'utilisateurs de GNU/Linux qui appellent le système par son nom, « GNU/Linux », et adoptent les idéaux du projet GNU comme base de leurs activités. Si le groupe d'utilisateurs de Linux de votre région est touché par le problème décrit ci-dessus, nous vous suggérons de faire campagne dans ce groupe pour changer son orientation (et son nom), ou de lancer un nouveau groupe. Les gens qui se focalisent sur des buts plus superficiels ont le droit d'avoir leur point de vue, mais ne les laissez pas vous entraîner !
Quant à développer une distribution de GNU/Linux, nous l'avons déjà fait une fois, lorsque nous avons soutenu financièrement le développement de Debian GNU/Linux à ses débuts. Il ne semble pas utile de recommencer : ce serait beaucoup de travail, et à moins que la nouvelle distribution n'ait des avantages substantiels par rapport aux autres, elle ne servirait à rien.
À la place, nous aidons les développeurs de distributions GNU/Linux 100 % libres, comme gNewSense et Ututo.
Si nous voulions prendre une version existante de GNU/Linux et la réétiqueter « GNU », ce serait un peu comme de prendre une version du système GNU et la réétiqueter « Linux ». Ce n'était pas juste et nous ne voulons pas faire la même chose.
Ceux qui ont réalisé ces changements ont montré peu d'intérêt à coopérer avec nous. L'une d'entre eux nous a même dit qu'il se moquait de travailler avec le projet GNU puisqu'il était « utilisateur de Linux ». Cela nous a choqué, puisque les gens qui adaptaient des paquets GNU pour d'autres systèmes voulaient généralement travailler avec nous pour que leurs changements soient inclus. C'était la première fois qu'un groupe de personnes développant un système basé principalement sur le système GNU refusait de travailler avec nous, et c'est toujours pratiquement le seul.
C'est cette expérience qui nous a montré pour la première fois que des gens appelaient une version du système GNU « Linux », et que cette confusion faisait obstruction à notre travail. Vous demander d'appeler le système GNU/Linux est notre réponse à ce problème et aux autres problèmes posés par cette erreur de dénomination.
En fait nous n'avons pas attendu si longtemps. Nous avons commencé à en parler en privé aux développeurs et distributeurs en 1994, et avons fait une campagne plus publique en 1996. Nous continuerons aussi longtemps que ce sera nécessaire.
GNU, le système d'exploitation, est constitué de beaucoup de programmes différents. Certains des programmes de GNU ont été écrits en tant que parties du projet GNU ou comme contribution spéciale au projet : ce sont les paquets GNU, et nous utilisons souvent « GNU » dans leurs noms.
C'est aux développeurs d'un programme de décider s'ils veulent contribuer et en faire un paquet GNU. Si vous avez développé un programme et désirez en faire un paquet GNU, merci d'écrire à <gnu@gnu.org>, pour que nous puissions l'évaluer pour décider si nous voulons le prendre.
Ce ne serait pas correct de mettre le nom GNU sur chaque programme distribué sous GPL. Si vous écrivez un programme et le distribuez sous GPL, cela ne signifie pas que le projet GNU l'a écrit ou que vous l'avez écrit pour nous. Par exemple le noyau, Linux, est distribué sous GNU GPL, mais Linus ne l'a pas écrit comme partie du projet GNU ; il a réalisé ce travail indépendamment. Si quelque chose n'est pas un paquet GNU, le projet GNU ne peut pas demander de reconnaissance pour cela, et il serait incorrect de mettre « GNU » dans son nom.
Par contre, nous méritons qu'on nous donne crédit globalement pour le système d'exploitation GNU en tant qu'ensemble (mais pas pour tous les programmes qu'il contient, pris individuellement). Le système existe en tant que système grâce à notre détermination et notre persévérance, et ce depuis 1984, donc de nombreuses années avant que le développement de Linux ait commencé.
Le système d'exploitation dans lequel Linux est devenu populaire était en gros le même que le système d'exploitation GNU. Ce n'était pas exactement le même, parce qu'il avait un noyau différent, mais c'était majoritairement le même système. C'était une variante de GNU. C'était le système GNU/Linux.
Linux continue d'être principalement utilisé dans des dérivés de ce système, les versions actuelles du système GNU/Linux. Ce sont GNU et Linux qui en constituent le centre et donnent à ces systèmes leur identité, pas seulement Linux.
Aucun code de GNU ne provient d'Unix, mais GNU est un système compatible avec Unix ; c'est pourquoi beaucoup des idées et spécifications de GNU proviennent d'Unix. Le nom « GNU », qui signifie « GNU N'est pas Unix » [GNU's Not Unix], est une manière humoristique de donner crédit à Unix, selon la tradition d'acronymes récursifs qui a débuté chez les hackers dans les années 70.
Le premier de ces acronymes était TINT, TINT Is Not TECO. L'auteur de TINT a écrit une nouvelle implémentation de TECO (il en existait déjà beaucoup, pour de nombreux systèmes), mais au lieu de l'appeler d'un nom ennuyeux comme quelque-chose TECO, il a imaginé un nom plus intelligent et plus amusant (c'est ce que hacking signifie : intelligence ludique).
D'autres hackers ont tellement aimé ce nom qu'ils ont imité cette approche. Cela devint une tradition, quand vous écriviez à partir de zéro un programme similaire à un programme existant (imaginons que son nom était « Klever »), de lui donner un nom en acronyme récursif, tel que « MINK » pour MINK Is Not Klever. Dans le même esprit nous avons appelé GNU's Not Unix notre substitut à Unix.
Historiquement AT&T, qui développait Unix, ne voulait pas qu'on lui donne crédit en mettant « Unix » dans le nom d'un système similaire, même pas un système copié à 99 % d'Unix. En réalité, AT&T a menacé de traduire en justice quiconque donnerait crédit à AT&T de cette manière. C'est pourquoi chaque version modifiée basée sur Unix (chacune d'entre elle tout aussi privatrice qu'Unix) a reçu un nom complètement différent qui n'incluait pas « Unix ».
Le système BSD a été développé par l'université de Californie à Berkeley en tant que logiciel non libre dans les années 80, et a été libéré dans les années 90. Tout système d'exploitation libre existant aujourd'hui est presque certainement une variante, soit du système GNU, soit d'un système BSD.
Les gens demandent parfois si BSD également est une variante de GNU, de la même manière que GNU/Linux l'est. Ce n'est pas le cas. Les développeurs de BSD ont été inspirés par l'exemple du projet GNU pour libérer le code de leurs logiciels, et des appels explicites d'activistes de GNU les ont convaincus de le faire, mais le code n'a que peu de recoupement avec celui de GNU.
Les systèmes BSD d'aujourd'hui utilisent parfois certains paquets GNU, de la même manière que le système GNU utilise certains programmes BSD ; cependant, en tant qu'ensemble, ce sont deux systèmes différents qui ont évolué séparément. Les développeurs de BSD n'ont pas écrit un noyau pour l'ajouter au système GNU, donc un nom comme GNU/BSD ne convient pas du tout à la situation.
La relation entre GNU/Linux et GNU est beaucoup plus étroite ; c'est la raison pour laquelle le nom « GNU/Linux » est approprié.
Il y a une version de GNU qui utilise le noyau provenant de NetBSD. Ses développeurs l'ont appelé « Debian GNU/NetBSD », mais « GNU/noyau-de-NetBSD » serait plus précis, puisque NetBSD est le système complet, pas seulement le noyau. Ce n'est pas un système BSD, puisque la majorité du système est identique au système GNU/Linux.
GNU est un système d'exploitation maintenu par une communauté. Il inclut beaucoup plus que les seuls paquets de logiciels GNU (dont nous avons une liste précise) et les gens ajoutent constamment des paquets. En dépit de ces changements, c'est toujours le système GNU et l'ajout de Linux donne GNU/Linux. Si l'on utilise une partie du système GNU et qu'on en omet une autre partie, il n'y a aucun moyen probant de dire « quelle quantité » on en a utilisé.
Si nous regardons au niveau des paquets, Linux est un paquet important du système GNU/Linux. L'inclusion d'un paquet GNU important suffit à justifier notre demande de mention équivalente.
Android est très différent du système GNU/Linux, parce que ces deux systèmes ont très peu de code en commun. En fait, la seule chose qu'ils ont en commun est Linux.
Si vous appelez « Linux » le système complet GNU/Linux, vous trouverez nécessaire de dire quelque chose du genre : « Android contient Linux, mais n'est pas Linux, parce qu'il n'a pas les bibliothèques et outils Linux [sic] habituels [c'est-à-dire le système GNU].
Android contient tout autant de Linux que GNU/Linux. Ce qu'il n'a pas, c'est le système GNU. Android le remplace par des logiciels de Google qui fonctionnent très différemment. Ce qui rend Android différent de GNU/Linux est l'absence de GNU.
Le public trouvera très étrange de se référer à l'utilisation d'Android en tant qu'« utilisation de Linux ». C'est comme d'avoir une conversation et de dire ensuite qu'on a discuté avec les intestins ou le système circulatoire de la personne.
C'est vrai que, dans le cas de GNU/Linux, le public comprendra l'idée derrière « utiliser Linux » du fait de la méprise habituelle qui consiste à assimiler le système complet à « Linux ».
On n'utilise pas du tout Android comme on utilise GNU/Linux, de même qu'on ne conduit pas une voiture comme on monte à bicyclette. Le fait qu'Android et GNU/Linux contiennent tous deux Linux n'intervient pas dans la manière de les utiliser, pas plus que la structure métallique des voitures et des bicyclettes n'intervient dans leur mode d'emploi. Si vous voulez parler de l'utilisation des voitures et des bicyclettes, vous ne direz pas que vous conduisez des objets métalliques – à moins de jouer avec le lecteur. Vous direz « utiliser des voitures et des bicyclettes ». De même, pour parler sans ambiguïté de l'utilisation de GNU/Linux ou d'Android, il faut dire « utiliser GNU/Linux ou Android ».
Linus a publiquement affirmé son désaccord avec les idéaux du mouvement du logiciel libre. Il a développé des logiciels non libres dans son travail pendant de nombreuses années (et l'a dit à un large public à l'occasion d'un Linux World Show) ; de plus, il a publiquement invité ses collègues développeurs de Linux, le noyau, à utiliser des logiciels non libres pour travailler dessus avec lui. Il va même plus loin, et rembarre les personnes qui suggèrent qu'ingénieurs et scientifiques devraient considérer les conséquences sociétales de leurs travaux techniques, rejetant ainsi les leçons qu'a tirées la société du développement de la bombe atomique.
Il n'y a rien de mal à écrire un programme libre pour s'instruire et s'amuser ; le noyau écrit par Linus pour ces motivations est une contribution importante à notre communauté. Mais ces motivations ne sont pas celles pour lesquelles existe le système complet libre GNU/Linux, et elles n'assureront pas notre liberté dans l'avenir. Le public a besoin de le savoir. Linus a le droit de promouvoir son point de vue ; cependant les gens doivent prendre conscience que le système d'exploitation dont il s'agit prend racine dans un idéal de liberté, pas dans ses idées.
Il l'a reconnu dès le début. La première note de distribution de Linux dit : « La plupart des outils utilisés avec Linux sont des logiciels GNU et sont sous le copyleft de GNU. Ces outils ne sont pas dans la distribution ; adressez-vous à moi (ou à GNU) pour toute information supplémentaire. »
Rendre le GNU Hurd assez opérationnel pour faire concurrence à Linux serait un gros travail dont la nécessité n'est pas évidente. Le seul défaut éthique de Linux en tant que noyau est qu'il inclut des « blobs » de micrologiciel ; le meilleur remède à ce problème est de développer des micrologiciels libres de substitution.
C'est inefficace, parce que le message peut ne pas passer et qu'il ne se propagera sûrement pas. Certaines des personnes qui entendront votre explication feront attention et pourront même en tirer une image correcte des origines du système. Mais c'est peu probable qu'elles répètent l'explication à d'autres chaque fois qu'elles parlent du système. Il est probable qu'elles l'appelleront simplement « Linux ». Sans penser à mal, elles aideront à propager l'image incorrecte.
C'est inefficace également parce que cela prend beaucoup plus de temps. Dire et écrire « GNU/Linux » ne vous prendra qu'une poignée de secondes par jour, pas des minutes, donc il vous est possible de toucher beaucoup plus de monde de cette façon. Faire la distinction entre Linux et GNU/Linux quand vous écrivez et parlez est de loin la manière la plus facile d'aider efficacement le projet GNU.
Pourquoi prenons-nous le risque de faire une demande qui parfois amène les gens à se moquer de nous ? Parce que souvent, cela a des résultats positifs qui aident le projet GNU. Nous prenons le risque de moqueries infondées pour réaliser notre objectif.
Si vous êtes témoin d'une situation comme celle-là, paradoxale et injuste, merci de ne pas rester simplement passif. Expliquez aux gens qui se moquent l'histoire réelle. Quand ils se rendront compte que la demande est fondée, ceux qui ont une once de bon sens arrêteront de rire.
Cela n'a aucun sens de se tracasser parce qu'on s'aliène des gens qui déjà n'ont pas trop l'intention de coopérer, et c'est contre-productif de ne pas corriger un problème majeur par peur de mécontenter les personnes mêmes qui le perpétuent. C'est pourquoi nous continuerons à essayer de rectifier le nom incorrect.
Veuillez noter qu'il y a au moins deux licences BSD différentes. Par souci de clarté, merci de ne pas utiliser l'expression « licence BSD » sans préciser de laquelle il s'agit.
Nous espérons que vous rejetez ce principe autant que nous.
Nous n'aurions jamais pu développer un système d'exploitation libre sans nier la croyance générale que les logiciels privateurs étaient légitimes et acceptables.
Nous espérons que vous êtes l'un de ceux pour qui le bien et le mal ont de l'importance.