From 1ae0306a3cf2ea27f60b2d205789994d260c2cce Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: Christian Grothoff Date: Sun, 11 Oct 2020 13:29:45 +0200 Subject: add i18n FSFS --- .../fr/rms-pour-une-societe-numerique-libre.html | 1811 ++++++++++++++++++++ 1 file changed, 1811 insertions(+) create mode 100644 talermerchantdemos/blog/articles/fr/rms-pour-une-societe-numerique-libre.html (limited to 'talermerchantdemos/blog/articles/fr/rms-pour-une-societe-numerique-libre.html') diff --git a/talermerchantdemos/blog/articles/fr/rms-pour-une-societe-numerique-libre.html b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/rms-pour-une-societe-numerique-libre.html new file mode 100644 index 0000000..9ba8933 --- /dev/null +++ b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/rms-pour-une-societe-numerique-libre.html @@ -0,0 +1,1811 @@ + + +Pour une société numérique libre +- Projet GNU - Free Software Foundation + + + + + +

Pour une société numérique libre

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Richard Stallman

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Transcription, effectuée par l'April, d'une conférence donnée en +français à Choisy-le-Roi (France) le 16 avril 2016  (enregistrement +vidéométadonnées)

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Richard Stallman : J'ai une question au sujet de +l'espace numérique public : est-ce qu'il permet que l'utilisateur vienne +et utilise les ordinateurs sur Internet à l'anonymat ? Est-ce que +l'utilisateur est obligé de s'identifier pour naviguer ? Parce que moi, je +refuse de m'identifier pour me connecter à l'Internet. Où ils m'imposent de +m'identifier pour me connecter, je refuse, par principe, parce que c'est une +injustice. Souvent il faut donner un numéro de téléphone portable pour recevoir +la clé. Je n'ai pas de téléphone portable, je ne peux pas les utiliser. Mais +personne ne doit les utiliser. Il faut changer ce système.

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Pour commencer, j'ai des conditions pour vous. Si tu fais des photos de moi, +ne les mets pas dans Facebook, ni Instagram, ni WhatsApp, parce que ces +entreprises sont des moteurs de flicage. Elles reconnaissent les personnes par +les visages ou par le dos de la tête. Si quelqu'un apparaît dans une photo et +qu'il met cette photo dans Facebook, tu aides l'entreprise à le fliquer. Il ne +faut pas le faire, c'est du mauvais traitement de l'autre, par exemple de tes +amis ou de moi. Prière de ne pas me le faire. Si tu veux faire des photos de +moi avec un ordinateur portable comme un téléphone, prière de désactiver +d'avance la fonctionnalité de mettre la géolocalisation dans les photos parce +que ça augmente le flicage. Si tu fais un enregistrement et que tu veux en +distribuer des copies, prière de le faire uniquement dans les formats +favorables aux logiciels libres. C'est-à-dire les formats Ogg ou le format WebM, +pas dans « mp quoi que ce soit » parce que ces formats sont brevetés +dans beaucoup de pays. Surtout pas dans Flash parce que Flash exige un +programme privateur pour s'afficher. Et pas dans Windows Media Player, ni Real +Player, ni QuickTime. Et assure-toi que le fonctionnement normal du site +d'accès, du site de distribution, dans l'accès normal au site, permette le +téléchargement des copies sans exécuter aucun programme pas libre. Voici le +problème de YouTube. YouTube refuse de fonctionner si l'utilisateur n'exécute +pas un programme pas libre en JavaScript contenu dans la page même.

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Et prière de mettre sur l'enregistrement la licence « Creative Commons +Non Derivé », parce que c'est une présentation d'un point de vue.

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Le sujet pour aujourd'hui est « Pour une société numérique +libre ». Beaucoup de projets donnent pour acquis que la participation dans +une société numérique est bonne. Et donc il y a des projets qui visent à +brancher plus de gens à la société numérique. Ils supposent que d'avoir accès à +l'Internet est bon. Mais est-ce bon ou pas ? Ça dépend des détails. Ça +dépend de si la société numérique dans laquelle tu participes est juste ou +injuste. Si elle est injuste, le vrai but n'est pas l'inclusion numérique mais +plutôt notre extraction numérique de cette société injuste. Nous devrions +chercher à nous échapper de la société numérique injuste. Quelles sont les +menaces à notre liberté dans la société numérique ? En principe, j'ai neuf +menaces à traiter si j'ai le temps.

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Mais une menace à la base de beaucoup d'autres, c'est le logiciel dont les +utilisateurs n'ont pas le contrôle, c'est-à-dire les programmes pas libres. +Donc, je présente d'abord la question du logiciel libre. En anglais, je dois dire +Free Software et free, en anglais, est ambigu. Ce mot +signifie ou « libre » ou « gratuit ». Mais dans ce cas, il +signifie « libre », uniquement « libre ». Il ne signifie +pas « gratuit ». Le logiciel libre n'est pas forcément gratuit, pas +toujours, souvent oui, mais pas toujours et pas forcément. Et ce n'est pas la +question. Le prix est une question secondaire. Pas besoin de traiter cette +question secondaire, elle ne m'intéresse pas tant. Donc, en anglais, je dois +expliquer qu'il signifie « libre » et pas « gratuit » ou +« gratis », le mot anglais pour « gratuit » est +« gratis ».

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Donc pour nous, peu importe si tu paies une copie d'un programme ou reçois +cette copie gratuitement. La question pour nous, c'est : quand tu as reçu +ce programme, qu'est-ce que tu as ? Est-ce que ce programme respecte ta +liberté et ta communauté ou pas ?

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Mais c'est quoi un programme, c'est quoi un ordinateur ? Un ordinateur +est une machine très simple conceptuellement, qui ne sait faire qu'une +chose : prendre la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit, prendre +la prochaine instruction et faire ce qu'elle dit, prendre la prochaine +instruction et faire ce qu'elle dit… Des millions de fois par seconde. +Mais c'est toujours pareil. Les instructions viennent d'un programme. Et selon +quelles instructions le programme contient, le même ordinateur peut faire +n'importe quoi. Dans quelques limites, il y a des choses impossibles que +l'ordinateur ne peut pas faire. Hormis les choses impossibles, n'importe quel +ordinateur peut faire n'importe quoi selon quel programme il exécute.

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Qui donne les instructions à ton ordinateur ? Tu peux croire que c'est +toi. Mais en vérité, c'est quelqu'un d'autre. Tu peux croire que ton ordinateur +t'obéit, tandis qu'en vérité il obéit en premier à quelqu'un d'autre et à toi +seulement quand l'autre l'autorise.

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Je peux expliquer la question du logiciel libre en trois mots : +liberté, égalité, fraternité. C'est-à-dire les choses que l'État français ne +respecte plus.

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Applaudissements

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Liberté parce que l'utilisateur d'un programme libre est libre dans son +informatique.

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Égalité parce que le programme libre ne fournit à personne aucun pouvoir sur +personne. Les utilisateurs sont égaux.

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Et fraternité parce que le logiciel libre encourage la coopération entre ses +utilisateurs.

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Pour n'importe quel programme, il y a deux possibilités : ou les +utilisateurs ont le contrôle du programme ou le programme a le contrôle des +utilisateurs. Il n'y a pas d'autre possibilité. C'est toujours l'un ou l'autre. +Quand les utilisateurs ont le contrôle du programme, nous l'appelons du +logiciel libre. Et pourquoi ? C'est quoi la liberté ? La liberté est +d'avoir le contrôle de ta propre vie, le contrôle des activités que tu fais +dans ta vie. Mais si tu utilises un programme pour faire l'activité, le +contrôle de l'activité requiert le contrôle du programme. Donc si les +utilisateurs ont le contrôle du programme, ce programme respecte leur liberté +et leur communauté, donc c'est du logiciel libre. Et pour que les utilisateurs +aient le contrôle de ce programme, il doit porter les quatre libertés +essentielles. Nous arrivons aux critères concrets du logiciel libre.

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La liberté zéro est celle d'exécuter le programme comme tu veux pour +n'importe quel but.
La liberté 1 est la liberté d'étudier le +fonctionnement du programme et de le changer pour qu'il fasse ton informatique, +pour qu'il fasse tes activités informatiques comme tu veux. Cette liberté, pour +être pratique, requiert la disponibilité du code source du programme. Voilà du +code source d'un programme très simple. Le code source est comme un mélange de +mathématique et d'anglais. Si tu as appris le langage de programmation, tu peux +lire le code, comprendre ce qu'il fait et le changer pour faire d'autres +choses. Mais pour l'exécuter, il faut le convertir en forme exécutable, une +série de 1 et de 0, énigmatique, très difficile à comprendre. Pour un petit +programme comme ça, le programmeur pourrait comprendre sans beaucoup de travail +ce que les 1 et 0 signifient. Mais pour un grand programme, ce travail est +énorme et très difficile. Ça s'appelle l'ingénierie inverse.

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Si le développeur disait aux utilisateurs : « Oui, tu es libre de +changer mon programme et on fait l'ingénierie inverse », ça serait se +moquer des utilisateurs, ce n'est pas vraiment la possibilité pratique de faire +des changements. Donc la liberté n°1 exige la disponibilité pour les +utilisateurs du code source du programme.

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Ces deux libertés fournissent ensemble le contrôle séparé du programme. +C'est-à-dire que chaque utilisateur a séparément le contrôle de ses copies. Je +peux changer mes copies et tu peux changer tes copies, séparément.

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Voilà quatre utilisateurs d'un programme dont un change le programme et les +trois autres l'utilisent tel quel. Le contrôle séparé est nécessaire mais ne +suffit pas parce que beaucoup d'utilisateurs ne sont pas des programmeurs, ne +savent pas programmer. Ils font d'autres choses dans la vie. Comment +peuvent-ils participer dans l'exercice du contrôle sur ce programme sans savoir +le faire directement ? Par le contrôle collectif, c'est-à-dire la liberté +de collaborer avec d'autres en exerçant le contrôle de ce programme.

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Voilà au-dessus un groupe de trois utilisateurs qui collaborent en faisant +des changements de ce programme. Les deux à droite, changent directement le +code. Évidemment, ce sont des programmeurs. Le troisième, à gauche, ne change +pas directement le programme. Peut-être qu'il ne sait pas le faire. Mais, par +sa participation dans le groupe, il participe aux décisions de quels +changements à faire. Et comme ça, il participe dans le contrôle de ce que fait +ce programme.

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En bas, il y a deux autres utilisateurs qui ne participent pas dans le +groupe et utilisent le programme tel quel, la version originale. Pourquoi +est-ce qu'ils ne participent pas ? Nous ne savons pas. Il y a beaucoup de +raisons possibles. Peut-être qu'ils ne se connaissent pas. Peut-être que les +deux en bas ont d'autres désirs, d'autres idées de comment changer ce +programme. Peut-être qu'ils ne veulent pas utiliser la version modifiée de ce +groupe. Peut-être qu'ils voudraient mais ne connaissent pas le groupe, et +demain ils commenceront à collaborer tous les cinq. Qui sait ?

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Le contrôle collectif, c'est la liberté de collaborer avec ceux qui veulent +collaborer avec toi. Et le contrôle collectif requiert deux libertés +essentielles. La liberté deux est de faire des copies exactes du programme pour +les donner ou les vendre aux autres, quand tu veux. Et la liberté trois est de +faire des copies de tes versions modifiées pour les donner ou vendre aux +autres, quand tu veux. Avec ces deux libertés, les utilisateurs ont le contrôle +collectif. Parce que chaque membre du groupe, s'il fait une version modifiée, +par la liberté trois il peut faire d'autres copies de cette version modifiée +pour les transmettre à d'autres membres du groupe. Puis eux, par leur liberté +numéro deux, peuvent en faire d'autres copies de la même version. Ce seront des +copies exactes de la version qu'ils ont reçue. Donc ils peuvent donner ou +vendre ces copies aux autres jusqu'à ce que tout le groupe possède des copies. +Mais ils peuvent aussi offrir des copies aux autres et peuvent même publier +cette version, c'est-à-dire offrir des copies au grand public.

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Quand le programme porte ces quatre libertés, de manière complète, les +utilisateurs ont le contrôle de ce programme qui se qualifie de logiciel libre. +Et c'est donc la manière éthique et juste de distribuer des copies d'un +programme. Mais si une de ces libertés manque ou est incomplète, en ce cas, les +utilisateurs n'ont pas vraiment le contrôle du programme. C'est donc le +programme qui a le contrôle des utilisateurs, et le propriétaire du programme +qui a le contrôle du programme. Donc ce programme, pas libre, est un instrument +du pouvoir injuste de son propriétaire sur ses utilisateurs. Voici pourquoi +nous l'appelons un programme « privateur ». Parce que la nature de sa +manière de distribution est de priver de la liberté aux utilisateurs. Un +programme privateur est injuste. L'existence même d'un programme privateur est +une injustice. Il ne faut jamais participer au développement d'un programme +privateur, ni sa promotion, parce que ça produit du mal.

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C'est déjà une injustice mais ça mène à une autre injustice. Parce +qu'aujourd'hui, les propriétaires sont très conscients de leur pouvoir et +calculent finement jusqu'à quel point ils peuvent maltraiter leurs propres +utilisateurs pour gagner plus d'argent à leurs dépens. C'est ce qu'ils font +normalement. Ils le font par l'introduction des fonctionnalités malveillantes +dans les programmes privateurs. C'est le cas normal, ce n'est plus l'exception, +c'est le cas normal qu'un programme privateur contienne des fonctionnalités +malveillantes. Par exemple, des fonctionnalités de flicage. Voilà le Swindle +d'Amazon. Swindle signifie « escroquerie ». C'est le nom approprié de +ce produit qui est un lecteur de livre numérique, qui flique les utilisateurs. +Ce produit fait de la lecture orwellienne parce qu'il transmet de temps en +temps, à Amazon, le titre du livre et le numéro de la page. Et si l'utilisateur +tape des notes sur un passage, elles sont transmises à Amazon. Si l'utilisateur +souligne quelques passages, c'est transmis à Amazon. Flicage total de la +lecture.

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Les fonctionnalités de flicage existent dans beaucoup de programmes +privateurs, dans Windows, dans Mac OS, les iThings, en Flash Player, aussi +dans presque tous les téléphones portables, aussi dans beaucoup d'applications, +toutes les applications de streaming fliquent l’utilisateur. Parce que +l'application fonctionne avec un service et le service exige que l'utilisateur +s'identifie pour payer. Donc il sait qui a payé, il identifie l'utilisateur et +il prend note de quelles œuvres cet utilisateur a regardé. Flicage total. Voici +une raison qui suffit pour refuser toutes les applications de streaming. +Et je les refuse. Même les applications pour faire de la lumière pour un +téléphone fliquent l'utilisateur. Quelqu'un a investigué : ces +applications transmettent des données à plusieurs sites. Pourquoi ? Elles +n'ont pas besoin de données pour allumer tout l'écran, mais évidemment c'était +le but des développeurs de fliquer les utilisateurs. Ils le font parce qu'ils +peuvent.

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Il y a aussi les menottes numériques, c'est-à-dire les fonctionnalités pour +restreindre l'utilisateur, pour lui bloquer de faire ce qu'il voudrait faire. +Par exemple, d'imposer du contrôle d'accès aux données dans la machine de +l'utilisateur, pour lui nier l'utilisation des données qu'il a acquises. Par +exemple, voilà l'horrible disque « rai bleu » [Blu-ray, NDT] qui +contient des menottes numériques pour bloquer la libre utilisation des données +dans le disque. Et dans le monde libre, nous n'avons pas trouvé de manière pour +rompre ces menottes, donc il faut les refuser. Il faut refuser l'utilisation de +n'importe quel produit conçu et fabriqué pour te restreindre, pour ta liberté. +Moi je n'ai jamais utilisé un disque « raie bleu » et je ne +l'utiliserai jamais sans avoir un programme libre capable de rompre les +menottes et offrir l'accès libre aux données dans le disque. Ah, il y avait un +libriste qui faisait des courses avec ses enfants, et devant la caisse il a +trouvé dans le chariot un petit sac avec dedans un disque porteur de menottes +numériques, il dit : « Sacré bleu ! ».

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Les menottes numériques se trouvent dans beaucoup de produits informatiques. +Dans Windows, dans Mac OS et dans les iThings. Je crois aussi dans Android, +dans FlashPlayer, dans le Swindle d'Amazon, et beaucoup d'autres programmes. Ce +doit être un délit. La fabrication ou la vente des produits avec des menottes +numériques devraient être punies par des années en prison.

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Il y a aussi les portes dérobées pour attaquer l'utilisateur. Une porte +dérobée est une fonctionnalité malveillante qui accepte des commandes de +quelqu'un, souvent le propriétaire de ce programme même, qui a développé la +porte dérobée, qui garde aussi le secret pour l'utiliser. Et la porte dérobée +s'utilise pour donner des mauvais coups à l'utilisateur. Parce que celui qui +emploie la porte dérobée peut l'utiliser pour faire des coups à l'utilisateur, +sans lui demander l'autorisation de les faire. Et qu'est-ce qu'il peut +faire ? Ça dépend du code qui implémente chaque porte dérobée, ça varie +selon les cas. Mais dans le Swindle d'Amazon, il y a une porte dérobée pour +supprimer à distance les livres. Nous le savons par l'observation : en +2009, Amazon a supprimé des milliers de copies d'un livre, dans un acte +orwellien. Et c'était quel livre ? C'était 1984 de George Orwell. +Suite à beaucoup de critiques, Amazon a dit qu'il ne le ferait jamais plus. +Mais c'était un mensonge, parce que quelques années plus tard, Amazon est +revenu à supprimer des livres. Amazon a dit qu'il ne le ferait jamais plus, +sauf sous ordre de l'État. Si tu as lu 1984, ce n'est pas très +réconfortant.

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Rires du public

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Mais en vérité, Amazon de nouveau supprime des livres même sans ordre de +l'État, arbitrairement. Et d'autres programmes aussi contiennent des portes +dérobées. On ne peut pas savoir si le programme contient une porte dérobée, +sauf en ayant de la chance, à observer les effets. Comme des utilisateurs ont +observé la disparition d'un livre. J'ai rencontré quelqu'un qui m'a dit être +en train de lire 1984 quand il a disparu.

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Il y a aussi la censure directe. Apple était le pionnier de la censure des +applications. Le iPhone était le premier ordinateur d'utilisation générale, +fabriqué pour imposer de la censure des applications. L'utilisateur ne pouvait +plus installer les applications de son choix, il était limité à installer les +applications approuvées par Apple. Et quand les utilisateurs ont trouvé des +mécanismes pour éviter la censure, ils l'appelaient jailbreak. +Jailbreak signifie « s'échapper de la prison ». Donc notre +terme pour de tels ordinateurs est jail, « prison ». Voilà une +prison, un « ordinateur-prison ».

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Il y a aussi des portes dérobées universelles. Ça veut dire des portes +dérobées avec le pouvoir d'imposer des changements arbitraires du code même. +Windows contient une porte dérobée depuis au moins Windows XP. C'est dans +Windows XP qu'un investigateur a démontré la présence d'une porte dérobée +universelle. Microsoft ne l'admettait jamais, mais chez Windows 10, Microsoft a +annoncé avec fierté la présence d'une porte dérobée universelle : +Microsoft peut imposer des changements de logiciel quand il veut. L'utilisateur +est totalement à la merci de Microsoft, impuissant.

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Il y a aussi une porte dérobée universelle dans le Swindle d'Amazon et dans +presque tous les téléphones portables. Dans les téléphones portables, cette +porte dérobée s'utilise pour les convertir en dispositifs d'écoute, qui +écoutent tout le temps et transmettent toute la conversation qu'ils entendent. +Et pas besoin de parler directement dans le micro, ils peuvent t'écouter depuis +l'autre bout de la salle. Et si tu veux récupérer ta vie privée en éteignant le +téléphone, quelle surprise ! Il n'y a pas vraiment d'interrupteur, +seulement un bouton qui signifie « s'il te plaît, éteins-toi ». Et +s'il ne veut pas s'éteindre, s'il a été converti en dispositif d'écoute, il +fait semblant de s'éteindre pendant qu'il continue de fonctionner, écouter et +transmettre tout le temps.

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La seule manière d'éviter de récupérer la vie privée est d'enlever toutes +les piles, pas seulement la grande pile, mais toutes les piles pour être sûr. +Il y a des modèles qui contiennent une pile secondaire qui suffit pour que le +dispositif continue de fonctionner pour quelque temps.

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Donc, j'appelle les téléphones portables « le rêve de Staline », +parce qu'ils transmettent toujours des signaux qui informent le réseau de +téléphonie où se trouve à ce moment le téléphone. Donc ils fliquent tous les +mouvements des gens et leurs conversations. Si Staline avait pu distribuer de +tels dispositifs à tous les habitants de l'Union soviétique, il l'aurait fait, +mais la technologie n'existait pas encore. Aujourd'hui, elle existe.

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Je refuse d'être fliqué comme ça, donc je n'ai pas de téléphone portable. +C'est mon devoir de citoyen.

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Autre forme de sabotage des utilisateurs de privateur : quand Microsoft +découvre des erreurs de sécurité dans Windows, il les montre à la NSA, l'agence +d'espionnage des États-Unis, avant de les corriger, pour que la NSA ait +l'opportunité d'envahir les ordinateurs des autres, de n'importe qui. Crois-tu +que l'État français doive utiliser Windows ? Personne ne doit utiliser +Windows. Mais le fait que nous savons que Microsoft agit comme ça, ne signifie +pas que les autres ne le font pas. Nous ne savons rien sur les autres. Ce sont +quelques exemples du « maliciel privateur ». Mais que signifie le +« maliciel » ? Un programme conçu pour maltraiter son +utilisateur.

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Souvent, les conversations au sujet du maliciel se limitent aux virus, +c'est-à-dire les programmes qui ne devraient même pas être présents dans +l'ordinateur. Mais ça c'est le refus de considérer l'autre moitié du sujet du +maliciel, c'est-à-dire les produits informatiques qui sont du maliciel comme +Windows, Mac OS, les i-Things, Android, Flash Player et beaucoup d'autres. J'ai +présenté assez d'exemples pour démontrer que presque tous les utilisateurs du +privateur sont déjà les victimes du maliciel privateur. Mais nous connaissons +un tas d'autres exemples, des dizaines. Dans http://gnu.org/proprietary/, tu +trouveras des listes organisées d'exemples.

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Et pourquoi est-ce qu'ils le font ? Pour leurs gains. Ils ont trouvé +des manières de gagner plus d'argent aux dépens de leurs utilisateurs en les +maltraitant.

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Les exemples que nous connaissons sont peut-être des dizaines. Il y a des +milliers de programmes privateurs dont nous ne savons rien. Et il est +impossible d'investiguer. Il y a des manières de trouver, de chercher des +fonctionnalités malveillantes visibles. Mais il y a aussi des fonctionnalités +malveillantes cachées et très difficiles à découvrir. Donc, dans quelques cas, +nous connaissons les fonctionnalités malveillantes et ces programmes sont du +maliciel établi, démontré. Et dans les autres cas, le programme peut être du +maliciel, mais nous ne savons pas et nous ne pouvons pas savoir.

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Celui qui nous bloque pour investiguer est le même qui aurait pu le faire. +Donc nous ne pouvons pas nous confier à lui. Et donc chaque programme privateur +est ou du maliciel démontré ou du maliciel possible. Il ne peut jamais y avoir +une base rationnelle pour se confier à un programme privateur. C'est la foi +aveugle ou rien. Et souvent, la foi aveugle en quelqu'un qui a déjà trahi cette +foi.

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Donc pour avoir une base rationnelle pour te confier à un programme, il doit +être libre. Dans le logiciel libre, les utilisateurs ont une défense contre le +maliciel. Les utilisateurs ont le contrôle du programme. Ils peuvent lire le +code source et s'ils trouvent quelque chose d'injuste, de mauvais, ils peuvent +corriger le code. C'est la seule défense connue. On voit qu'elle n'est pas +parfaite mais c'est de beaucoup meilleur que d'être sans défense comme les +utilisateurs du privateur.

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Donc il faut s'échapper du logiciel privateur. Il faut venir vivre avec nous +dans le monde libre que nous avons construit. Nous l'avons construit avec le système d'exploitation GNU et le noyau Linux. J'ai +commencé le développement du système GNU en 84. Je voulais rendre possible +l'utilisation d'un ordinateur en liberté, ce qui était impossible parce que +l'ordinateur ne sait pas fonctionner sans système d'exploitation installé. Mais +à l'époque, il n'y avait aucun système d'exploitation libre pour les +ordinateurs modernes. Tous étaient privateurs et comme si l'utilisateur perdait +sa liberté. Mais en tant que développeur des systèmes d'exploitation, j'ai +décidé d'en développer un qui serait libre, 100 % de logiciel libre, donc qui +respecterait complètement la liberté et les droits de l'humain des +utilisateurs.

+ +

L'année 91, GNU était presque complet mais un composant essentiel +manquait : le noyau. Cette année-là, M. Torvalds a commencé le +développement de son noyau Linux. Linux, en 91, était privateur. Mais en 92, il +l'a libéré. Il a publié le code source de Linux sous une des licences libres. À +ce moment, il était possible de mettre Linux dans le dernier vide de GNU pour +faire la combinaison, le système GNU-et-Linux. Et c'est depuis 92 qu'il est +possible d'utiliser un PC en liberté, grâce à notre système.

+ +

Je suppose que tu auras entendu dire « j'utilise Linux ». Beaucoup +disent qu'ils utilisent Linux, mais c'est faux. En vérité, ils utilisent le +système GNU avec Linux. Ils ne reconnaissent pas notre travail. Ce n'est pas +beau d'attribuer notre travail à quelqu'un d'autre. Nous avons besoin de la +reconnaissance de notre travail pour promouvoir notre campagne pour la liberté +des utilisateurs. Nous n'avons pas complètement gagné. Nous avons établi un +monde libre dans un grand monde soumis. Donc il reste beaucoup de luttes et +nous avons besoin de la reconnaissance de notre travail que nous avons déjà +fait pour recruter des gens pour lutter. Ce qui est très triste, c'est que +M. Torvalds n'est pas d'accord avec nos idées de liberté. Alors quand les gens lui +attribuent notre travail, le résultat est qu'ils suivent la philosophie de +Torvalds au lieu de la nôtre. Donc ils n'apprennent pas à valoriser la liberté, +à lutter et donc notre lutte est affaiblie par cette erreur. Donc ce n'est pas +qu'une insulte à nous, mais cela abime le futur de tout le monde. Prière donc +de dire « j'utilise GNU-et-Linux ». Prière de nous donner la +reconnaissance égale.

+ +

En principe, GNU-et-Linux est un système libre, mais dans la pratique pas +toujours. Il y a beaucoup de variantes du système GNU-et-Linux, chacune +développée par quelqu'un qui ajoute d'habitude d'autres programmes au système. +Ces programmes peuvent être libres ou pas. Mais quand il ajoute des programmes +pas libres, le résultat est un système pas complètement libre qui ne respecte +pas en sa totalité la liberté de l'utilisateur.

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Un système d'exploitation est une collection de beaucoup de programmes, des +milliers de programmes. Et pour qu'une collection respecte la liberté de +l'utilisateur, chaque composant doit la respecter. S'il y a même un seul +composant qui prive de la liberté, la collection prive de la liberté par ce +composant. Donc l'adjonction d'un seul composant pas libre produit un système +pas libre. C'est le cas usuel. Il y a plus de mille distributions GNU-et-Linux, +presque toutes contiennent des programmes privateurs, il y en a plus ou moins +dix qui sont totalement libres. Regarde http://gnu.org/distros pour la liste des +distributions libres.

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Comment rendre libre un programme ? D'abord il faut noter que selon la +loi actuelle injuste du droit d'auteur, n'importe quel programme, par le fait +d'être écrit, porte automatiquement un droit d'auteur. Et, par défaut, cette +loi interdit toutes les quatre libertés : interdit de faire des copies, +interdit de faire des changements, interdit de distribuer des copies, et même, +dans beaucoup de pays, interdit d'exécuter le programme sans autorisation. +Parce que pour que le programme s'exécute, il faut le copier, il faut que +l'ordinateur copie le programme dans la mémoire et cela même est interdit, dans +beaucoup de pays, par le droit d'auteur.

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Comment donc le programme peut être libre ? Les détenteurs du droit +d'auteur sur le code peuvent le libérer par une déclaration formelle octroyant +les quatre libertés à tout utilisateur possédant une copie. Et cette +déclaration s'appelle une licence de logiciel libre. Évidemment, il y a +beaucoup de manières d'écrire des licences libres ; il y a en beaucoup et +elles sont différentes. Les différences ont des conséquences pratiques, elles +ne sont pas équivalentes. Toutes, pour se qualifier de licence libre, doivent +octroyer de manière adéquate les quatre libertés. Mais il y a des manières +différentes de le faire.

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Il y a deux classes principales de licences libres. Il y a les licences +faibles et les licences de gauche d'auteur, en anglais « copyleft », +en français « gauche d'auteur ». « Copyright » signifie le +droit d'auteur donc « Copyleft » signifie « le gauche +d'auteur ». Les licences faibles permettent presque n'importe quoi. Et ça +parait très simple, mais c'est faible. Quand les développeurs disent : +« Fais ce que tu veux », les entreprises répondent : « Ah +oui, merci », et font des versions modifiées privatrices pour soumettre des +utilisateurs avec le code que l'autre avait publié comme libre. Je l'avais vu +en 85 quand j'avais un programme à distribuer pour le système GNU, j'avais déjà +vu ce problème des licences faibles, donc j'ai inventé le gauche d'auteur, qui +s'utilise dans la GPL de GNU, la GNU General +Public License, GPL de GNU.

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Mais qu'est-ce que dit le gauche d'auteur ? Le gauche d'auteur impose +une condition sur l'exercice des libertés 2 et 3, c'est-à-dire sur la +distribution de copies ou exactes ou modifiées. Et la condition dit : +« Quand tu distribues des copies, tu dois respecter les mêmes libertés +pour les utilisateurs suivants que je t'ai données ». C'est-à-dire que +l'intermédiaire n'a pas le droit d'ôter la liberté et redistribuer le code +comme du logiciel privateur. Il est obligé, formellement, de distribuer les +copies sous la même licence et avec le code source, de manière que les +utilisateurs suivants, qui reçoivent le code de ses mains, aient les mêmes +libertés que lui. Et comme ça, la liberté arrive à tout utilisateur, parce que +les intermédiaires sont interdits d'ôter la liberté.

+ +

Et le résultat d'utiliser le gauche d'auteur, est que les entreprises mêmes +collaborent dans le développement de la version libre. Se voyant interdites de +faire des versions privatrices, elles choisissent de participer dans la +communauté. Donc si tu développes un programme libre, il est très important de +protéger la liberté de tout utilisateur contre ces entreprises en leur niant +l'option de convertir ton code en privateur.

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Je suppose que tu as entendu l'expression « open source » et +tu auras noté que je n'ai jamais dit cette expression. Ce n'est pas la même +chose que le logiciel libre. C'est le slogan d'une réaction contre nos idées +libertaires. Une réaction qui cherchait à séparer notre logiciel de nos +principes, de notre philosophie politique, de notre éthique. L'idée était +d'inventer un autre nom, pour inventer un autre discours et donc pour choisir +quelles idées mettre dans leur discours. Et ils ont choisi uniquement les +niveaux superficiels pratiques, du logiciel libre en rejetant la base morale. +Et donc, dans leur discours, ils ne citent que les valeurs pratiques +superficielles, comme la bonne qualité du code. Pour nous, si tu développes et +distribues un programme, c'est ton devoir moral de respecter la liberté des +utilisateurs de changer et redistribuer ce programme. Mais pour ceux d'Open +Source, ils refusent de le dire. Ce qu'ils disent est : « Si tu +développes et distribues un programme, il peut être de ton intérêt pratique de +permettre que les utilisateurs modifient et redistribuent ce programme parce +que, comme ça, ils pourraient améliorer la qualité du code ». Donc pour +nous, les valeurs sont les droits de l'humain. Je ne dis pas les droits de +l'homme parce que ces droits ne sont pas que pour les hommes, donc je dis les +droits de l'humain. Mais pour eux, ce n'est pas une question des droits de +l'utilisateur, uniquement l'avantage pratique du développeur. Donc ils +acceptent, ils donnent pour acquis, que le développeur peut légitimement nier +cette liberté aux utilisateurs. C'est le contraire de notre idée fondamentale. +Un programme privateur est une injustice.

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Donc cette différence est profonde. Mais au niveau superficiel, les deux +sont presque pareil. La différence est au niveau des valeurs. Malheureusement, +en 98, quand ils ont inventé cette expression, ils étaient la majorité de la +communauté et ils avaient l'appui de presque toutes les entreprises dans la +communauté libre. Les médias importants et les politiciens ont suivi l'argent +et donc, dès lors, dans les médias importants, on ne voit presque jamais +« logiciel libre », énormément, uniquement open source. Nous +devons faire un effort continu d'informer les utilisateurs de notre logiciel, +qu'il existe toujours le mouvement logiciel libre, que nous ne sommes pas +d'accord avec les idées d'Open Source que d'autres leur ont +présentées.

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Chaque semaine, je reçois plusieurs messages me remerciant des contributions +que j'ai faites à l'open source. Et je dois répondre : « Je +n'ai rien fait pour l'open source, je ne suis pas d'accord, c'est l'idée +des autres qui rejettent le mouvement logiciel libre. » Beaucoup pensent +que j'ai lancé le mouvement Open Source. Il n'y a pas de mouvement +Open Source. L'idée fondamentale d'open source est de ne pas être +un mouvement, de ne pas lutter. Il n'y a pas de pourquoi lutter. C'est leur +idée, c'est le non-mouvement Open Source. Mais je ne l'appuie pas.

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J'ai même vu des articles qui m'appelait « le père d'open +source » ! Ohhhhhhhhhhhh !!! Qu'est-ce que je peux +faire ? J'ai envoyé une lettre à l'éditeur disant « si je suis le +père d'open source, il a été conçu par l'insémination artificielle, +utilisant de la semence volée, sans mon autorisation ». Puis j'explique +les idées du mouvement « logiciel libre » et je présente son nom. Et +voici le but de la lettre, que les lecteurs de ce magazine connaissent les +idées du logiciel libre, mais je commence par une blague parce que j'aime les +blagues.

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Enfin, si tu es d'accord avec ceux d'Open Source, avec les gens +d'Open Source, tu as le droit de le dire. Mais si tu es d'accord avec le +logiciel libre, prière de le montrer aux autres, prière de ne pas dire open +source.

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Moi, je ne le dis jamais, sauf pour expliquer pourquoi je ne suis pas +d'accord avec eux. Et c'est un appui important à notre mouvement que tu dises +toujours « logiciel libre » et jamais « open source ». +C'est l'appui clair à notre mouvement, nous en avons besoin. Si tu veux, avec +très peu de temps, nous appuyer, voici la manière.

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Les écoles doivent enseigner uniquement le logiciel libre parce que les +écoles ont une mission sociale d'éduquer des bons citoyens d'une société forte, +capable, indépendante, solidaire et libre. Dans l'informatique, ça veut dire +enseigner uniquement du logiciel libre pour graduer [diplômer, NDT] des +utilisateurs habitués aux logiciels libres. L'école ne doit jamais enseigner un +programme privateur parce que donner aux jeunes du logiciel privateur est comme +leur donner du tabac. C'est semer de la dépendance dans la société. Il ne faut +pas.

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Il y a aussi la question de l'éducation morale dans la citoyenneté. Les +écoles doivent éduquer chaque élève à coopérer avec les autres, à être un bon +citoyen d'une société solidaire. Il faut enseigner l'habitude d'aider les +autres. Donc chaque classe doit avoir la règle suivante :

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- les élèves : si tu apportes un programme à la classe, tu ne peux pas +le garder pour toi, tu dois le partager, y compris son code source, avec les +autres dans la classe, car cette classe est un lieu pour partager les +connaissances. Donc il n'est pas autorisé d'apporter un programme privateur à +cette classe, sauf pour l'ingénierie inverse.

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- l'école, pour donner le bon exemple, doit suivre sa propre règle, doit +apporter uniquement des programmes libres à la classe et partager des copies, y +compris des codes sources, avec tous ceux dans la classe qui veulent des +copies, sauf pour les exercices de l'ingénierie inverse.

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Mais il y a aussi l'éducation à la programmation. Chaque programme incorpore +des connaissances. S'il est privateur, il nie ces connaissances aux étudiants. +Le programme privateur est donc l'ennemi de l'esprit de l'éducation et ne doit +jamais être toléré dans une école, sauf pour faire de l'ingénierie inverse. Le +programme libre offre ses connaissances aux étudiants. Le programme libre +appuie l'éducation. Et comment apprendre à écrire bien le code ? Il faut +lire beaucoup de code et écrire beaucoup de code. Mais seulement le logiciel +libre offre l'opportunité de lire le code des grands programmes qui +s'utilisent. Puis il faut écrire beaucoup de code. Pour apprendre à écrire du +code pour des grands programmes, il faut écrire beaucoup de code pour des +grands programmes, mais il faut commencer par le petit. Que signifie le petit +dans le champ d'écrire du code pour des grands programmes ? Écrire des +petits programmes n'est pas même commencé. Non, le commencement, c'est d'écrire +des petits changements dans des grands programmes. Seulement le logiciel libre +offre l'opportunité d'écrire des changements dans des grands programmes qui +s'utilisent. N'importe quelle école peut offrir l'opportunité de maîtriser +l'art de la programmation si elle est une école de logiciel libre.

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Les droits humains dépendent les uns des autres. C'est-à-dire que si nous +perdons un droit humain, il devient plus difficile de protéger les autres +droits humains. Mais vu que nous utilisons de l'informatique pour faire +beaucoup d'activités importantes dans la vie, le contrôle de notre +informatique, c'est-à-dire que le logiciel soit libre, est devenu un des droits +humains essentiel pour défendre les autres droits humains. Et parfois, la +liberté exige un sacrifice, c'est la vie ! Il en a été toujours comme ça. +Mais beaucoup maintenant refusent de faire même des petits sacrifices. Ils +disent : « Non, je ne veux pas arrêter d'utiliser ce programme +privateur. C'est très commode ! Si un jour vous me montrez un programme +pour faire ce travail 100 % aussi commode et efficace et fiable que ce +programme-ci, je l'adopterai. » Qu'est-ce que ça signifie ? Ça +signifie que pour lui, la valeur de la liberté est zéro. Si le sacrifice qu'il +ferait pour la liberté est zéro, il valorise la liberté comme zéro. Et que +faire ? Je ne peux pas le forcer à changer d'avis. Mais je peux le citer +comme exemple d'un sot, du sot qui ne valorise pas sa liberté et donc est dans +le chemin pour la perdre.

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Comment appuyer notre cause ? Si tu es programmeur, si tu es bon +programmeur, tu peux écrire des contributions aux programmes libres. Il faut +commencer en développant des contributions aux programmes libres existants. +Après l'avoir fait 20 fois, tu sauras gérer un projet et tu pourras lancer un +projet et tu sauras comment le faire.

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Mais si tu n'es pas programmeur, il y a d'autres manières également +importantes de contribuer. Par exemple organiser le mouvement. L'administration +des organisations activistes pour la liberté est essentielle. Pas besoin de +savoir programmer. Tu peux apprendre à faire des conférences comme celle-ci. +Très, très important. Nous avons beaucoup plus de programmeurs que de +conférenciers. Tu peux persuader des écoles et des États à migrer au logiciel +libre. Très important. Regarde http://gnu.org/education pour les écoles +et +https://www.gnu.org/philosophy/government-free-software.html pour +l'autre.

+ +

Si tu es expert dans l'utilisation du système, tu peux aider les autres. Tu +peux lancer un groupe d'utilisateurs de GNU-et-Linux, ou participer dans un +groupe déjà existant d'utilisateurs de GNU-et-Linux. Et tu peux dire +« Free Software », « logiciel libre » et jamais +open source. Il y a d'autres manières de nous aider. Regarde http://gnu.org/help pour d'autres idées. Tu peux +aussi adhérer, te faire membre de la Free Software Foundation, regarde +http://fsf.org/.

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Mais ça c'est une des menaces qui est relationnée avec d'autres menaces à la +liberté numérique. Mais il y en a d'autres, par exemple le flicage. Le +numérique facilite le flicage. Quand une activité est numérisée, ça met du +flicage. Par exemple maintenant, aujourd'hui, les restaurants proposent de leur +donner ton nom pour réserver une place. Il y a trente ans, il était possible de +réserver une place : le restaurant écrivait quelques noms sur un papier et +jetait le papier à la fin de la journée. Pas vraiment de flicage. Mais +maintenant c'est un système numérique qui garde toutes les données. C'est la +pratique usuelle. Garder à jamais toutes les données qui sont évidemment +disponibles à l'État. Il y a du flicage fait directement par l'État et du +flicage fait par des entreprises, mais toutes les données sont disponibles aux +flics ! Donc pas vraiment de différence.

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Parfois, ils nous fliquent à travers nos produits informatiques. En ce cas, +souvent, ce sont les programmes privateurs qui fliquent, parce que les +utilisateurs n'ont pas le contrôle et n'ont pas la possibilité de supprimer le +flicage. Donc si tu n'utilises jamais du logiciel privateur, ça te protège de +ce chemin de flicage. Mais il y a d'autres chemins. Il y a le flicage qui +fonctionne à travers des systèmes que nous utilisons mais ne nous appartiennent +pas, comme, par exemple, les fournisseurs d'accès Internet et les services de +téléphonie. Nos ordinateurs fonctionnent avec ces services, mais nous ne sommes +pas les propriétaires, nous ne pouvons pas changer le logiciel dans les +services pour ne pas nous fliquer. La seule manière de réduire ce flicage est +par l'organisation pratique contre les tendances d'imposer toujours plus de +flicage. Ils utilisent n'importe quelle excuse pour augmenter le flicage. En +France, le terrorisme est un petit danger, comparé à d'autres grands dangers, +comme les voitures, le sucre, le tabac. Voici des grands dangers capables de +tuer des millions, qui tuent beaucoup de milliers au moins. Et voilà le +terrorisme qui tue beaucoup moins. Donc il faut éviter la panique. Mais il y a +une grande tendance à utiliser la panique. Est-ce que c'est un mot français +panique ? Oui. Et les politiciens l'exploitent et augmentent, les médias +augmentent la panique. Je connaissais quelqu'un qui, suite à regarder à la télé +plusieurs fois les avions choquant les tours à New York, elle, habitait en +Californie, mais elle avait peur de sortir. Évidemment, il ne faut pas les +regarder. Heureusement, je n'ai pas de télé ! Donc…

+ +

Le 11 septembre 2001, j'étais à Washington. Il y avait une réunion cet +après-midi-là, évidemment annulée. Il m'a fallu deux heures pour reconnaître la +prochaine victime : notre liberté serait la prochaine victime. Donc j'ai +commencé à écrire un article appelant les Américains à ne pas attaquer leur +propre liberté. Par frustration de ne pas pouvoir trouver les organisateurs, ne +pas pouvoir toucher les organisateurs des attentats, ils étaient susceptibles +d'attaquer leur propre liberté.

+ +

Et le 13 novembre j'étais à Paris pour faire une conférence le lendemain +ici, qui a été malheureusement gratuitement annulée. Je me préoccupais de la +liberté des Français. Je savais que l'État profiterait de cette excuse pour +réduire les libertés des Français et voici que cela s'est produit.

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C'est à vous de vous organiser contre cette tendance. Vous devez dire qu'il +faut risquer un peu de morts pour garder ce qui est vraiment essentiel : +la liberté. Dans le passé, nous avons gagné des libertés par des grands +sacrifices, des vies. Et les gens étaient disposés à le faire, à risquer même +les grands sacrifices, parce que la liberté était importante. Et maintenant, +ils enlèvent la liberté à tout le monde au nom d'éviter quelques peu de morts. +C'est le contraire. C'est le contraire de la philosophie qui a acquis la +liberté. Maintenant, c'est la philosophie de perdre la liberté. Il faut +comparer le danger du terrorisme avec d'autres dangers pour reconnaître comment +c'est petit, qu'il ne mérite pas de perdre la liberté, déchirer votre propre +liberté.

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Mais qu'est-ce qu'ils font ? Ils font du flicage partout. Quand j'ai vu +les Vélib', j'ai pensé un système de flicage. Il faut ne pas l'utiliser. Pour +moi, je suis habitué à rejeter les systèmes de flicage. J'utilise le métro mais +j'achète des carnets. Je n'ai pas de carte. Je ne veux pas être fliqué. C'est +très important de rejeter les systèmes de flicage qui s'introduisent dans tous +les systèmes que nous utilisons. J'ai une carte de crédit que j'utilise pour +acheter des billets d'avion et rien d'autre. Rien ! Ah, théoriquement, +pour louer une voiture, si je le faisais, mais ça fait des années que je n'ai +pas loué une voiture, je n'ai plus le temps de conduire moi-même. Trop de +courrier. Mais je l'utiliserais comme ça, parce que les agences de voitures +exigent de regarder le permis de conduire donc elles savent à qui elles louent +la voiture. Pas d'anonymat à protéger donc j'utiliserais la carte. Mais hormis +ça, je paie en liquide pour ne pas être fliqué.

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C'est avec ce type d'organisation que nous pouvons mettre de la pression +contre le flicage. Mais aussi politiquement. Il faut dire aux élus : +« Non au flicage. Le flicage est plus dangereux que les +terroristes ! » Et c'est vrai, parce que le mal que les terroristes +peuvent faire est limité. Mais l'État sans démocratie pourrait faire du mal +sans limites. Que signifie la démocratie ? Que le peuple a le contrôle de +l'État, le contrôle des actions de l'État. Mais l'État a tendance à agir +secrètement. Comment donc avoir le contrôle des actions secrètes de +l'État ? Il faut savoir ce que fait l'État. Et comment le savoir ? +Grâce aux héros, aux lanceurs d'alerte, qui révèlent ce que fait l'État. La +démocratie a besoin des lanceurs d'alerte, c'est-à-dire des sources des +journalistes. Les deux sont synonymes. Mais l'État n'aime pas que des héros +révèlent leurs actions secrètes. Donc les États les appellent des espions, +essaient de les mettre en prison, suite à des procès injustes. Si l'État sait +toujours qui va où et qui communique avec qui, l'État peut trouver toujours les +lanceurs d'alerte et le lancement de l'alerte serait trop difficile, il y aura +très peu de lanceurs d'alerte et fin de la démocratie.

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J'ai donc démontré la limite absolue du flicage, possible dans une +démocratie. Quand le flicage suffit pour identifier, pour fliquer qui va où et +qui communique avec qui, fin à la démocratie. Il faut donc réduire les niveaux +de flicage par accumulation de données, c'est-à-dire au point où il serait +insuffisant pour savoir qui va où et qui communique avec qui.

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Il faut rendre sauve la carrière de lanceur d'alerte. Mais comment le +faire ? Quelques-uns proposent des limites à l'utilisation des données +accumulées. Mais ça ne corrige rien parce que quand les règles sont proposées, +elles disent toujours : « Pour trouver des délinquants l'État peut +accéder aux données. » Mais quand l'État dit que le lancement d'alerte +était un crime, voici l'excuse pour utiliser les données. Ce n'est pas une +solution.

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Autre solution proposée, c'est d'exiger chaque fois que l'utilisateur +autorise le stockage de ses données. Mais nous savons que si un service +informatique dit : « En utilisant ce service, vous utilisez le +stockage de vos données », les gens le font. Sauf moi. Moi, si je vois que +le site exige mes données personnelles, je ne l'utilise pas. Je vois que c'est +déjà injuste. Je ne lis pas les politiques de vie privée parce que je sais que +ça ne suffit jamais, dans aucun cas. Dois-je me confier à un site parce que la +politique de vie privée m'assure de quelque chose ? Parce que qui sait si +le site vraiment suit sa politique ? Et les politiques sont écrites pour +avoir des confusions, pour paraître très fortes, tandis qu'elles sont en vérité +très faibles.

+ +

Normalement, ce sera le site qui interprète la politique. Et le site dit +normalement que la gestion a le droit de changer dans le futur cette politique. +Si je donne maintenant les données et le site change la politique après, +l'entreprise sera autorisée à utiliser les données que je lui avais déjà +livrées. Il ne faut jamais se confier de ça. Ça ne peut pas être adéquat. Donc, +qu'est-ce qu'il faut faire ?

+ +

Il faut des lois pour exiger que les systèmes numériques soient conçus pour +ne pas accumuler les données. Ce doit être une loi et il ne faut pas accepter +des excuses. Oui, il est facile de concevoir le site pour fonctionner de +manière qu'il ait besoin des données personnelles. Si l'entreprise veut +fliquer, elle peut construire une telle excuse. Donc il faut rejeter toute +excuse. Il faut dire si, en principe, le service est possible sans accumuler +ces données, il faut le faire sans accumuler ces données.

+ +

Il faut interdire les caméras connectées à l'Internet. Sauf dans des lieux +complètement privés. Si tu veux exposer l'intérieur de chez toi à tout le +monde, tu as le droit. Mais si la caméra regarde un lieu où le public est +admis, la connecter à un réseau doit être interdit. Il faut exiger que toutes +les caméras soient des caméras de sécurité en lieu de caméras de surveillance. +C'est quoi la différence ? La caméra de sécurité fait un enregistrement +local accessible uniquement si tu vas au lieu. Donc ça sert pour observer les +délits et pour poursuivre les coupables. Mais ça ne sert pas au flicage de tout +le monde, parce que l'accès aux enregistrements est trop incommode pour le +faire toujours. On le fera quand il y a une raison spéciale comme un délit, +mais pas toujours. Mais une fois que la caméra est branchée à l'Internet, il +est facile de centraliser tous les enregistrements, de chercher par des +programmes de reconnaissance de visage, etc. Voilà le flicage général. Donc +pour éviter le flicage général, il faut interdire de telles caméras.

+ +

Il faut exiger que les systèmes matériels soient fabriqués pour ne pas +fliquer les gens. Et ça doit s'appliquer à tous les systèmes, publics ou +privés, qui ont des effets au public. Par exemple, les Velib'. Je crois que +j'ai identifié une manière de faire fonctionner le système des Velib' sans +fliquer les utilisateurs. De manière que les utilisateurs paient et le système +ne sait jamais qui a emprunté un vélo ou qui a rendu un vélo, sauf dans le cas +où il ne rend pas le vélo. En ce cas, le système a besoin de savoir qui a volé +le vélo, ou qui ne rend pas le vélo quand il doit. Donc il faut faire +attention. Il faut donner la priorité à éviter le flicage. Si nous donnons la +priorité à la commodité, si nous acceptons comme des solutions des systèmes qui +fliquent, nous aurons une société de flicage total.

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Par exemple il faut rejeter Uber parce que c'est un système de flicage. Le +système sait qui a utilisé une voiture de où à où. Donc c'est nettement pire +que les taxis normaux. On peut appeler un taxi normal et payer en liquide sans +qu'il sache qui tu es. Donc j'utilise les taxis normaux, je n'utiliserai jamais +Uber !

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Une autre menace est la censure. Maintenant on voit que beaucoup de pays +censurent l'Internet. La censure est injuste. Et même en Europe, il y a +beaucoup de censure. Maintenant, nous voyons qu'un comédien allemand va être +poursuivi pour insulter quelqu'un. C'est absurde ! Insulter quelqu'un ne +doit jamais être un délit. Sarkozy était célèbre pour poursuivre ceux qui +l'insultaient. Maintenant, c'est Erdogan. Les deux sont plus ou moins +équivalents dans l'injustice. Il faut changer ces lois. En France, même des +postures sur l'histoire sont censurées. En France, il est interdit de dire +qu'il n'y avait pas de génocide des Arméniens. En Turquie, il est interdit de +dire qu'il y avait un génocide des Arméniens. Deux lois également injustes.

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Et je veux citer un héros que j'admire. Il s'appelait Hrant Dink. Il était +citoyen turc de descendance arménienne, et il cherchait à réconcilier les deux +peuples, mais il a été poursuivi en Turquie pour avoir affirmé qu'il y avait un +génocide des Arméniens. Et quand il a entendu que la France proposait une loi +pour interdire de nier, de dire qu'il n'y avait pas de génocide des Arméniens, +il a dit que si la France adoptait une telle loi, lui, il irait en France pour +nier ce génocide, pour défier l'État de le poursuivre. Malheureusement, quand +la France a adopté cette loi, il était déjà mort. Il a été assassiné pour sa +politique. Et maintenant la France a une loi injuste et il n'y a pas de Hrant +Dink pour se manifester. C'est à vous de vous manifester contre cette loi. En +France, tant que dure cette loi, il est impossible de parler de ce sujet +honnêtement. Ou on imite l'opinion imposée par l'État, ou l'on fait un délit. +Hors de la France, on peut considérer honnêtement cette question. Ce doit être +possible en France.

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Beaucoup d'États imposent des filtres sur l'Internet, imposent le filtrage +aux fournisseurs d'accès. Voici une autre attaque à la liberté des gens.

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Maintenant l'Europe est en train d'imposer une autre forme de censure : +le droit à censurer les recherches de ton nom. Et des pays essaient d'imposer +cette loi aux entreprises mondialement. Évidemment, les entreprises seront +obligées de traiter l'Europe comme elles sont obligées de traiter la Chine.

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Il y a une d'autres formes de censure. En Australie, il y a la censure des +liens, il y a des liens interdits. À l'organisation Electronic Frontiers +Australia qui défend les droits humains dans le monde informatique, a été +ordonné de supprimer un lien vers un site étranger, politique, sous la peine +d'une amende de 11 000 dollars par jour. Et c'était quel site ? Ce n'était +pas un site terroriste, c'était presque également horrible, c'était un site à +l'encontre du droit de l'avortement. Mais ils ont le droit de présenter leur +opinion, même en Australie.

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Et en Inde, il y a une autre forme de censure : des fonctionnaires ont +le pouvoir de supprimer des pages sans procès, parce qu'ils considèrent que les +pages insultent la religion de quelqu'un. Autre injustice. La liberté +d'expression comprend le droit d'insulter n'importe quelle idée, y compris +n'importe quelle religion. Et il faut soutenir ce droit. Je propose à tout le +monde de regarder la bande dessinée Jesus and Mo, c'est très, très +drôle. Ça présente Jésus et Mohammed comme couple homosexuel. Et toujours des +commentaires sur des questions philosophiques et c'est drôle.

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Il faut défendre le droit de dire de telles choses, même si les gens +religieux ne l'aiment pas. Ils n'ont pas le droit d'imposer à tout le monde de +ne pas les critiquer ni de se moquer d'eux. Parce que la liberté d'expression +contient le droit de se moquer de n'importe qui ou n'importe quoi. Même de moi. +Même du logiciel libre.

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Une autre menace est l'utilisation des ordinateurs pour les élections +publiques. On ne sait jamais ce qui se passe dans l'ordinateur. Seulement des +experts sont capables d'étudier le fonctionnement du programme dans +l'ordinateur. Mais ça ne suffit pas. Si c'est aujourd'hui l'élection et il y a +un mois une équipe d'experts a étudié le code de ce programme, comment savoir +si le programme qui s'exécute aujourd'hui est le même que celui qu'ils ont +étudié. Peut-être que quelqu'un a installé ce matin un programme modifié pour +compter mal les votes et ce soir il réinstallera le programme correct. Le +problème d'utiliser les ordinateurs pour voter, c'est qu'on ne sait jamais si +l'ordinateur a compté correctement les votes, il n'y a pas manière de le +vérifier. Il faut voter de manière qu'on puisse vérifier les résultats, +après.

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La votation par Internet est folle, totalement folle, c'est pire encore. +Parce que ça expose l'intégrité de l'élection au risque de la sécurité +d'Internet. Washington D.C. pensait utiliser le vote par Internet. Mais avant +de l'utiliser vraiment, ils ont fait une expérience en défiant quelques +investigateurs à rompre la sécurité et falsifier les résultats. Et une équipe +d'étudiants a falsifié les résultats, a fait gagner un robot fictionnel. +Heureusement, Washington D.C. a rejeté l'idée de voter par Internet.

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Je crois que c'est l'Estonie qui utilise beaucoup le vote par Internet. Une +équipe a investigué leur sécurité et a déterminé qu'il serait très facile de +rompre la sécurité de leurs serveurs. Pas pour tout le monde, mais de qui +est-ce qu'il faut avoir peur ? Pas n'importe qui, mais plutôt l'armée de +l'Internet de la Russie. Pour la Russie, rompre la sécurité de l'élection +estonienne serait assez facile. Est-ce que les Estoniens veulent que leurs +élections soient déterminées par les Russes, par l'État de Poutine +[prononcé « putain », NDT]. Est-ce que j'ai dit quelque chose de +drôle ? C'est son nom, n'est-ce pas ? Je ne dis pas +« poutine », ça se trouve au Québec.

+ +

Donc c'est fou d'utiliser les ordinateurs pour voter. Et pourquoi est-ce +qu'ils le proposent ? Pour économiser. Mais combien coûtent les +élections ? C'est très peu comparé à d'autres dépenses de l'État. C'est +idiot de courir un tel risque pour économiser un petit peu.

+ +

Une autre menace à la liberté, c'est la guerre contre le partage. Que +signifie « partager » ? Partager des copies signifie la +redistribution non commerciale, entre les gens, des copies exactes. Et je crois +qu'il faut être légal. Tout le monde doit avoir le droit de partager des copies +de n'importe quelle œuvre publiée. C'est très, très utile, et c'est une forme +de coopération entre les gens. Voici la fraternité.

+ +

Pourquoi est-ce que la technologie numérique est utile ? Parce qu'elle +facilite la manipulation, copiage et transmission des données. Y compris, +évidemment, le partage des œuvres publiées. Mais les éditeurs ne veulent pas +que nous profitions de cette avance technique. Les éditeurs veulent nous +imposer un univers de payer chaque utilisation. Donc ils ont mené une guerre +contre le partage et contre ceux qui partagent, pendant des décennies. Ils ont +commencé avec des insultes. Ils ont appelé ceux qui partagent des +« pirates ». Ah ! C'est absurde, parce que les pirates attaquent +les navires et je crois qu'il faut envoyer la marine pour mettre fin à la +piraterie. Ça n'a rien à voir avec nos ordinateurs. Attaquer les navires est +très, très mauvais. Partager est bon. Donc il ne faut pas utiliser le même mot +pour tous les deux. Voici la propagande des éditeurs. Je le rejette. Je refuse +d'appeler le partage, piraterie. Mais ils ont le droit de présenter leurs +opinions. Ça ce n'est pas une guerre. S'ils s'étaient limités à exprimer des +opinions, je ne dirais pas guerre contre le partage. Mais ils sont allés +beaucoup plus loin.

+ +

Il y a plus ou moins trente ans, ils ont commencé à convertir les produits +techniques que nous utilisons chez nous en flics de prison. Pas pour nous +servir, mais plutôt pour nous restreindre. Je veux dire qu'ils ont mis des +fonctionnalités malveillantes de menottes numériques. Ça s'appelle en anglais +Digital Restrictions Management, DRM. Puis, ils ont acheté dans +plusieurs pays des lois qui interdisent les développements pour rompre les +menottes. Donc nos États ont pris le parti des éditeurs à notre encontre. +L'État français a légiféré plusieurs fois des pénalisations de partager. Enfin, +il a éliminé le principe fondamental de la justice : aucune punition sans +procès juste. Le but de l'Hadopi était de punir les gens sans vrai procès. Le +soupçon suffit pour punir quelqu'un, la seule accusation suffit pour punir.

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Heureusement, l'Hadopi n'a pas fonctionné. Mais on ne peut pas supposer que +toutes leurs mesures injustes s'échoueront. Pas toujours. Il faut organiser +contre de telles lois parce que le but est injuste. Au Japon, ils sont allés +plus loin encore. L'acte de décharger une copie de n'importe quoi, sans +autorisation, est puni par deux ans de prison. Et si ça ne suffit pas, je +suppose qu'ils tueront les gens qui partagent. Parce que pour les éditeurs, il +n'y a pas de limites. Les éditeurs veulent faire n'importe quoi pour réprimer +le partage, la fraternité.

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Pourquoi est-ce qu'ils proposent et imposent cette série de mesures +injustes ? Parce que partager est bon. Et avec la technologie numérique, +partager est facile donc les gens partagent. Et pour que les gens arrêtent de +partager, il faut des mesures cruelles. Donc, il faut mettre fin à cette guerre +en légalisant le partage. Et pour protéger le droit de partager, il faut +interdire les mesures que les éditeurs emploient et pourraient toujours +employer pour nous enlever le droit de partager, comme les menottes numériques, +les DRM. La fabrication de produits avec DRM, ou la vente de tels produits doit +être un délit. Et aussi, l'imposition des contrats selon lesquels l'utilisateur +s'engage à ne pas partager, doit être bloquée. Ce chemin de nous ôter le droit +de partager doit être bloqué. La loi doit dire que n'importe quel contrat selon +lequel l'utilisateur s'engage à ne pas partager, manque de valeur légale, signé +où que ce soit. Même si le contrat a été accepté dans un autre pays, dans un +autre pays ce contrat ne doit pas avoir de valeur légale, la force légale. Donc +rien ne peut limiter le droit de partager une œuvre publiée.

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Les questions des données privées personnelles, c'est une autre question, +rien à voir entre les deux.

+ +

Évidemment, les éditeurs diront que si nous partageons des copies, c'est +voler de l'argent aux artistes. Mais c'est absurde. Ce sont les éditeurs qui +volent de l'argent aux artistes ! J'achète des disques de musique +commerciaux. Et quand je les achète, je suis triste de ne pas appuyer les +musiciens. Je sais que les éditeurs de disques ne paient pas les musiciens, +sauf quelque peu de grandes stars établies pour longtemps, et pas pour leur +premier disque. Mais je les achète parce que c'est la seule manière légale +d'acquérir de la musique qui ne m'opprime pas. Je peux acheter un disque à +l'anonymat, sans accepter un contrat, et le disque ne contiendra pas de DRM. +Donc, ça ne m'opprime pas. Les autres systèmes de distribution commerciaux +oppriment les utilisateurs, donc je ne les accepte pas. Ou ils imposent du DRM, +ou ils imposent des contrats injustes, ou ils fliquent l'utilisateur.

+ +

Mais c'est vrai que si nous apprécions les Arts, c'est de notre intérêt +pratique d'appuyer les artistes. Mais il faut le faire d'autres manières, des +manières qui ne contribuent pas et qui ne supposent pas la guerre contre le +partage. Il faut donc des systèmes d'appuyer des artistes, compatibles avec la +liberté du partage. Et j'en propose deux.

+ +

Un système fonctionnerait à travers l'État. L'État peut avoir une somme +d'argent à répartir entre les artistes selon le succès de chacun. On peut +mesurer le succès de chaque artiste par un système de sondage ou en comptant la +fréquence de partage de ses œuvres. Puis on a un chiffre de succès pour chaque +artiste. Combien d'argent est-ce qu'il reçoit ? L'idée évidente est de +répartir en proportion linéaire au succès de chacun. Mais ce système +gaspillerait l'argent parce que vu il y a peu stars qui ont beaucoup de succès, +plus de succès que d'autres artistes, mais énormément plus. La star A peut +facilement avoir mille fois le succès d'un artiste capable et apprécié, mais +pas star, B. Et avec la proportion linéaire, si A a mille fois le succès de B, +A recevra mille fois l'argent de B. Comme ça, la majorité de l'argent sera pour +peu de stars, qui n'ont pas vraiment besoin de plus d'argent. Et les artistes +qui en ont besoin, les artistes capables mais pas stars, recevront très peu +chacun. Donc c'est la mal utilisation de l'argent pour appuyer les Arts. Donc +je propose de calculer la racine cubique du succès de chaque artiste. Pourquoi +la racine cubique ? Je ne dis pas que ce soit la fonction parfaite. +Peut-être la racine quartique ou la racine 2.8, je ne sais pas. Il y a beaucoup +de fonctions qui ont plus ou moins cette forme. Et des économistes peuvent +calculer laquelle est la meilleure. Le point, c'est que la racine cubique a des +résultats assez simples. La racine cubique de 1000 est 10. Ça se voit. Donc si +A a mille fois le succès de B, avec la racine cubique, A recevra dix fois +l'argent de B, au lieu de mille fois, seulement dix fois. L'effet d'utiliser la +racine cubique ou n'importe telle fonction, est de transférer la plupart de +l'argent des stars aux artistes de succès moyen. Voici où plus d'appuis peuvent +vraiment aider les Arts. Voici les artistes qui ont besoin de quelque chose de +plus pour se dédier 100 % à l'art. Et ce système est complètement compatible +avec la légalisation du partage. Chaque artiste dira à ses fans : +« Partagez mes œuvres avec les autres ! »

+ +

L'autre système que je propose fonctionnerait par des paiements volontaires. +Si chaque produit pouvait produire une œuvre a un bouton pour envoyer une +petite somme aux artistes, l'utilisateur peut l'envoyer, ou pas, comme il veut. +Je propose une petite somme, pas minuscule, seulement petite. Peut-être en +France, dix centimes. Si la somme est trop petite, la quantité envoyée en total +serait très peu. Si la somme est zéro, le total envoyé sera zéro. Si la +quantité est presque zéro, le total sera presque zéro. Mais si la somme est +trop grande, très peu enverront de l'argent. Donc il y a une somme qui maximise +le total envoyé par jour et je suppose que ce serait la somme optimale.

+ +

Public : Inaudible.

+ +

RMS : Quoi ? Je n'entends pas. Non, ce doit être +un système anonyme. Et les cartes bancaires ne fonctionnent pas pour des +paiements si petits. Mais nous avons développé un système qui fonctionnerait +pour ça, il s'appelle GNU Taler. Et le but principal est d'éviter le +flicage des paiements parce que GNU Taler donne l'anonymat parfait aux +payeurs, mais pas à celui qui reçoit le paiement. Quand les entreprises +reçoivent les paiements, leur revenu sera complètement observé par l'État. +Taler rend possible les paiements anonymes mais pas l'évasion fiscale. Ça a été +conçu pour ça. Regarde https://taler.net/.

+ +

En vérité, il y a déjà des paiements volontaires aux artistes et ça +fonctionne plus ou moins. Il y a des artistes qui reçoivent de l'argent, des +paiements volontaires, et ça suffit. Mais il y a aussi le système de vendre des +copies. Je ne suis pas contre ce système, je ne propose pas de l'éliminer. Il y +a le système de vendre des entrées à un concert ou une œuvre de théâtre, +pourquoi pas ? Ça ne fait pas de mal, donc je ne propose pas de l'éliminer. +Mais je trouve que c'est bon de proposer d'autres systèmes, en plus, pour +appuyer mieux les artistes. Le système actuel appuie mieux les éditeurs que les +artistes. Et c'est injuste parce qu'il est basé sur l'interdiction du +partage.

+ +

Enfin, il y a aussi l'injustice que nous n'avons aucun droit d'agir dans le +monde virtuel. Si tu as une opinion et tu peux la présenter aux gens, tu as le +droit de l'écrire sur un panneau et de te promener dans la rue. Pas vraiment en +France où beaucoup d'opinions politiques sont censurées, mais dans un pays +libre, au moins. Mais même en France, si ton idée n'est pas censurée, tu n'as +pas besoin de l'appui des entreprises pour la présenter. Mais pour faire pareil +dans l'Internet, qu'est-ce qu'il faut ? Il faut l'appui d'un fournisseur +d'accès, d'un registre de noms de domaine, et d'un service d'hébergement. Et +chacun peut te nier la coopération arbitrairement. Chacun écrit ses propres +conditions de service et interprète ses conditions de service et peut te couper +le service s’il juge que tu as violé ces conditions. C'est complètement +arbitraire. Et nous l'avons vu il y a quelques années quand les États-Unis +voulaient chasser Wikileaks de l'Internet, pas par une poursuite criminelle, +mais plutôt en attaquant les entreprises qui fournissaient des services à +Wikileaks. Wikileaks avait loué un serveur virtuel à Amazon. Un officiel a +appelé Amazon et a convaincu les exécutifs de la gestion d'Amazon d'interpréter +leurs conditions de service comme interdisant le lancement d'alertes. Donc +Amazon a coupé le service sans procès. Pas besoin de procès. Puis les +États-Unis ont attaqué beaucoup de noms de domaine, mais enfin la Suisse a +refusé d'obéir aux commandes des États-Unis, donc wikileaks.ch existe +toujours. Puis les États-Unis ont attaqué les entreprises de paiement, parce +que Wikileaks dépendait et dépend toujours des dons pour fonctionner. Beaucoup +qui appuyaient le travail de Wikileaks envoyaient de l'argent. Mais beaucoup +d'entreprises, PayPal, Google, VISA, Mastercard, Bank of America et d'autres +ont déclaré qu'ils refuseraient d'envoyer de l'argent à Wikileaks. Puis une +entreprise en Islande a offert d'accepter des donations pour Wikileaks et VISA +et Mastercard lui ont coupé le service, arbitrairement évidemment.

+ +

Puis la loi européenne est intervenue, parce que selon la loi européenne, vu +que Mastercard et VISA ont une grande fraction de ce marché-là, ils ne peuvent +pas couper arbitrairement le service. Et cette entreprise a fait un procès et a +gagné. Donc enfin une limite. Enfin l'idée que celui qui a contracté le service +a le droit de continuer tant qu'il suit les conditions et que ce n'est pas le +fournisseur de service qui doit interpréter et qui doit décider. Il faut pour +les services ordinaires et communs d'Internet, établir démocratiquement les +conditions, de manière que le fournisseur d'un service ne puisse jamais décider +arbitrairement de couper le service à aucun client, mais plutôt porter plainte. +Par exemple si le client ne paie pas, le fournisseur pourrait porter plainte au +tribunal disant « il ne nous paie plus » et le tribunal autoriserait +de couper le service. Mais pas arbitrairement, pas par la décision selon les +critères écrits par cette entreprise. Ça, c'est le pouvoir injuste.

+ +

Heureusement, Bitcoin a plus ou moins éliminé la possibilité de bloquer les +donations à quelqu'un par les entreprises de paiement. On peut donner de +l'argent à Wikileaks par Bitcoin et aucune entreprise ne peut l'empêcher. Donc +c'est un problème résolu, mais il y a beaucoup de services normaux dans +l'Internet. Et il faut établir des conditions justes pour continuer d'utiliser +de tels services, comme il y a pour louer un appartement. Je ne sais pas si +c'est pareil en France mais à Boston, si tu loues un appartement, le +propriétaire ne peut pas arbitrairement écrire le contrat. Il y a des +conditions autorisées et les autres conditions sont interdites. Et même s'il +les met dans le contrat, elles manquent de valeur légale. Et il ne peut pas +t'expulser arbitrairement. S'il juge que tu n'as pas suivi les conditions, il +doit aller au tribunal et solliciter l'ordre de t'expulser. Ce n'est pas lui, +le propriétaire, qui décide. Il faut être comme ça aussi dans l'Internet.

+ +

Maintenant, j'ai ici un petit gnou adorable qui a besoin d'une famille. Donc +je vais le vendre aux enchères au bénéfice de la Free Software +Foundation. Si tu achètes le gnou, je peux signer la carte pour toi. Si tu +as un manchot chez toi, tu as besoin de gnou pour le manchot. Il ne doit y +avoir aucun manchot sans gnou, jamais. À chaque manchot, son gnou. Nous pouvons +accepter le paiement en liquide, par une carte bancaire si elle peut faire des +achats internationaux par téléphone, ou par bitcoins si tu as avec toi de quoi +faire le paiement ici devant moi. Quand tu enchéris, prière d'agiter la main +et crier la quantité le plus fort possible car j'ai des problèmes auditifs et +que tu veux que je prenne note.

+ +

Je dois commencer par le prix normal de 25 €. Est-ce que j'ai +25 € ? Combien ? Combien ? J'ai 30 €. Est-ce que j'ai +35 ? 35 ? 35 € pour ce petit gnou adorable. 35 € à la FSF +pour… J'ai 35. Est-ce que j'ai 40 ? 40 €. Qui a dit +50 € ? C'est vous. J'ai 50. Est-ce que j'ai 55 ? Est-ce que j'ai +55 pour ce petit gnou adorable ? Combien ? J'ai 60. Est-ce que j'ai +70 pour ce petit gnou adorable qui a besoin d'une famille. 70 à la FSF pour +protéger la liberté. 70 €, dernière opportunité pour offrir 70 € ou +plus. Dernière opportunité. 70 ou plus. Un, deux, trois. Vendu pour 60.

+ +

Applaudissements

+ +

Comment voulez-vous payer ? Venez payer. Ah, vous pouvez aller au +distributeur de billets et revenir, il y aura du temps pendant que je réponds. +OK, donc, venez payer 60. Et donc je le signerai après les questions.

+ +

Et vous pouvez toujours acheter des marchandises par là, elles sont moins +chères, il y a des petits badges pour 2 €. C'est une manière d'appuyer la + FSF.Mais vous pouvez aussi vous adhérer à la FSF à travers le site fsf.org, ou ici, vous pouvez remplir un formulaire, +payer la cotisation annuelle et vous serez membre.

+ +

Maintenant les questions. Est-ce qu'il y a un autre microphone utilisable +pour ça ? Je peux utiliser l'autre microphone et le garder à la main. Donc +celui-ci sera pour poser des questions mais pour ne pas perdre de temps, je +propose de maintenir le micro dans un seul lieu ici et que les gens se +déplacent pour poser des questions. C'est beaucoup mieux, vous verrez. Donc +ici, venez ici pour poser des questions. Est-ce que ça fonctionne ? Il +n'est pas encore activé. Allô. Celui-ci ne marche pas. OK. Maintenant oui. Donc +les questions. Venez maintenant à la queue, c'est une méthode plus juste et +plus efficace. Par là à la queue.

+ +

Questionneur A : Il y a des gens comme moi, comme la +plupart d'entre nous qui se soucient…

+ +

R.M.S. : Il faut prononcer plus clairement chaque +consonne, mon problème est de reconnaître les consonnes, donc il faut parler +plus lentement, en articulant chaque consonne.

+ +

Questionneur A : D'accord. Donc, ici, la plupart +d'entre nous sont soucieux de leur protection de leurs données privées. Mais la +majorité des gens s'en moque complètement. Il y a même des gens qui sont prêts +à donner leurs données privées pour être célèbres.

+ +

R.M.S. : Il y a des fous !

+ +

Questionneur A : Il y a des fous.

+ +

R.M.S. : Il y a des sots !

+ +

Questionneur A : Il y a des sots. La plupart des gens +s'en moquent complètement.

+ +

R.M.S. : À la question, s'il vous plaît.

+ +

Questionneur A : La question c'est « la plupart +des gens utilisent Facebook pour organiser… »

+ +

R.M.S. : Non, c'est Facebook qui les utilise.

+ +

Rires du public

+ +

R.M.S. : Oui, ce sont des sots, mais c'est quoi la +question ?

+ +

Questionneur A : C'est, je n'ai pas envie de me couper +de ces gens, parce que le seul moyen que j'ai d'aller à leurs événements qu'ils +organisent, c'est d'avoir un compte Facebook.

+ +

R.M.S. : Mais moi, je n'aurai pas de compte Facebook. +Ça, c'est un principe. Et je dis aux gens, si vous voulez m'inviter, voici les +manières possibles.

+ +

Questionneur A : Mais ils n'ont pas tous envie de +faire l'effort de se débarrasser de Facebook.

+ +

R.M.S. : Donc ceux qui ne font pas l'effort, +évidemment, n'ont pas vraiment envie de vous inviter.

+ +

Rires et applaudissements du public

+ +

Questionneur B : Voilà.

+ +

R.M.S. : Prochaine question.

+ +

Questionneur B : Pendant votre exposé, vous nous avez +indiqué que vous utilisiez des voitures de location.

+ +

R.M.S. : Oui, je l'utilisais.

+ +

Questionneur B : Et ça ne vous dérange pas le fait, +par exemple, de savoir que sur les routes, il y a des caméras, et que donc on +peut…

+ +

R.M.S. : Oui, ça me dérange. Mais je ne me trouve pas +obligé d'éviter toute forme de flicage. Je déteste le flicage. Mais je ne vais +pas aux limites absolues dans mon rejet du flicage. Je voyage dans des avions +aussi, et ça aussi est fliqué. Mais par contre, aux États-Unis où les trains de +longue distance sont fliqués, j'utilise plutôt les autobus, en lieu des trains. +Je refuse d'utiliser les trains d'Amtrak, parce que Amtrak flique les clients +et les autobus, non. Donc, je ne dis pas que chacun est obligé d'être un héros +en refusant tout flicage, à n'importe quel prix. Mais je vais assez loin. Je +vais assez loin parce que ce n'est pas vraiment si difficile que tout ça.

+ +

Questionneur B : D'accord. OK. Alors, ça m'amène à une +autre petite question toute bête. Vous avez un ordinateur et dessus il y a une +connexion pour l'écran et sur la connexion pour l'écran il y a un boîtier HDMI +que vous vous êtes procuré.

+ +

R.M.S. : Je n'entends pas les mots que vous dites +maintenant. Oui il y a un adaptateur et donc quoi ?

+ +

Questionneur B :Sur l'adaptateur HDMI, il me semble +qu'il y a un logiciel qui s'assure de crypter les données qui circulent pour +s'assurer…

+ +

R.M.S. : Je ne le crois pas. HDMI contient cette +fonctionnalité malveillante. Il y a des ordinateurs libres qui possèdent des +prises HDMI, mais le système libre n'active jamais la fonctionnalité de +DRM.

+ +

Questionneur B : D'accord. OK. Et ma toute dernière +question si personne ne veut me prendre le micro avant.

+ +

Contestation du public

+ +

Questionneur B : Bon, eh bien ça va.

+ +

R.M.S. : Donc au prochain.

+ +

Questionneur C : Bonjour, j'ai plusieurs +questions.

+ +

R.M.S. : Deux et puis quelqu'un d'autre.

+ +

Questionneur C : Trois !

+ +

R.M.S. : Vous pouvez revenir à la queue.

+ +

Questionneur C : Non, parce qu'il y en a une, ce n'est +pas moi, parce que comme le célèbre inspecteur, j'ai une femme.

+ +

Rires du public

+ +

R.M.S. : Je ne comprends pas. Peut-être que je n'ai +pas complètement entendu.

+ +

Questionneur C : Ce n'est pas important pour vous, +pour la question.

+ +

R.M.S. : Donc direct à la question.

+ +

Questionneur C : Donc ma femme, elle utilise XP.

+ +

R.M.S. : C'est dommage.

+ +

Questionneur C : Mais moi je suis sage, j'utilise +Trisquel. Mais ma femme utilise XP et je voudrais savoir si je dois la passer à +Windows 10, c'est-à-dire si Windows 10 c'est vraiment plus performant que +XP.

+ +

R.M.S. : C'est même plus injuste. Mais moi, je ne +ferai rien pour aider l'utilisation de Windows. Je ne ferai rien pour +personne.

+ +

Questionneur C : Ma question de savoir seulement +lequel est le plus performant.

+ +

R.M.S. : Quoi ? Je n'entends pas, je n'entends +pas.

+ +

Questionneur C : Quel est le plus performant des +deux ?

+ +

R.M.S. : Ça ne m'intéresse pas. Je refuse d'utiliser +ni l'un ni l'autre et je refuse d'appuyer l'utilisation de Windows par les +gens. Si quelqu'un me demande d'aider son utilisation de Windows, je dis +« par conscience je refuse d'appuyer l'utilisation de logiciels +privateurs. Je ne peux pas vous ordonner d'arrêter de l'utiliser, mais je ne +vais me mêler dans votre utilisation de ce programme injuste.

+ +

Questionneur C : Alors je ne saurai pas quel est le +plus dangereux.

+ +

R.M.S. : Pour elle, les deux sont également dangereux +parce qu'ils sont du logiciel privateur, donc injustes.

+ +

Questionneur C : Il n'y a pas eu de progrès, +alors ?

+ +

R.M.S. : Bien sûr, chez les logiciels privateurs, les +choses deviennent pires.

+ +

Questionneur C : Il n'est même pas plus +dangereux ?

+ +

R.M.S. : Non. Chez le logiciel privateur, ils perdent +chaque année de conscience éthique, ils deviennent toujours pires. Dans Windows +XP, il y a une porte dérobée universelle. Dans Windows 10, Microsoft a annoncé +la présence d'une porte dérobée universelle. Microsoft a, je ne sais pas le +dire en français, c'est difficile même en anglais, maintenant, je ne sais pas +le dire. C'est la même chose, aux États-Unis nous parlons l’anglais.C'est la +même langue, c'est l'anglais. Microsoft et les développeurs du logiciel +privateur ne connaissent pas la honte. Prochain. Ça suffit. Prochain !

+ +

Questionneur D : Bonsoir et d'abord bravo pour le fait +que vous parlez très bien le français.

+ +

R.M.S. : Mais vous devez parler plus fort pour que +j'entende ! Le micro fonctionne. Vous devez articuler mieux chaque +consonne. À la question !

+ +

Questionneur D : Les questions. Ça va paraître des +questions bateau parce que c'est ce qu'on m'oppose systématiquement quand je +parle du logiciel libre, c'est vraiment une question bête. On me dit que les +créateurs de logiciels préfèrent ne pas partager parce que sinon c'est le +concurrent qui va en profiter.

+ +

R.M.S. : Ça ne justifie pas le logiciel privateur, +rien ne peut le justifier. Si vous ne voulez pas libérer le programme, vous ne +devez pas le développer.

+ +

Questionneur D : Ça, je l'ai bien compris, mais allez +dire ça à mon patron !

+ +

R.M.S. : La distribution d'un programme privateur est +une entreprise pour soumettre les gens. Et c'est injuste, il ne faut pas le +faire.

+ +

Questionneur D : À titre perso, je l'ai parfaitement +compris, mais la majeure partie des gens dans le monde professionnel auxquels +on essaie de l'expliquer, vont vous dire : « Vous tuez tout un pan de +l'industrie ».

+ +

R.M.S. : Ça c'est autre chose. Est-ce que nous parlons +de l'éthique ou de leurs opinions. Ce sont deux sujets.

+ +

Questionneur D : Je ne sais pas faire comment les +convaincre.

+ +

R.M.S. : Moi non plus. Mais ce que je dis, c'est que +ce qu'ils font est injuste. Moi, je refuse d'utiliser leurs produits.

+ +

Questionneur D : Moi aussi, à titre individuel, mais +malheureusement.

+ +

R.M.S. : Moi entièrement !

+ +

Questionneur D : Mais du coup, je me retrouverais sans +boulot, malheureusement.

+ +

R.M.S. : Moi, je refuserais un boulot d'utiliser du +logiciel privateur.

+ +

Questionneur D : Deuxième question. Je suis également +scandalisé par le fait que, bon moi je suis plutôt dans l'univers de tout ce +qui est au niveau machines industrielles, mais les concepteurs de machines +industrielles, pour utiliser leurs machines, ils développent presque +exclusivement sous Windows. Et ça, moi, je le déplore.

+ +

R.M.S. : Les développeurs de quoi ?

+ +

Questionneur D : Les gens qui construisent différentes +machines qu'on utilise dans l'industrie, les machines-outils.

+ +

R.M.S. : Ça il faut changer. Il faut les remplacer. Ça +ne fait pas de logique. Je dis ce qui est nécessaire éthiquement et vous +répondez que c'est difficile ! Je sais que c'est difficile, ça ne change +rien.

+ +

Questionneur D : Comment les convaincre +alors ?

+ +

R.M.S. : Je n'ai pas de recette pour convaincre +quelqu'un. Mais si quelqu'un distribue du logiciel privateur, je ne l'utilise +pas. C'est très simple. Il faut le courage de dire non. Changer l'opinion d'un +autre est hors de notre pouvoir. Mais de dire non, c'est dans notre +pouvoir.

+ +

Questionneur D : C'est ce que je fais à titre +individuel. Et j'essaie de convaincre au moins les gens à titre individuel, +même si je n'y arrive pas parce que…

+ +

R.M.S. : Mais, mais, mais, mais, mais ! Il faut +essayer avec beaucoup de gens. C'est du gaspillage d'essayer trop longtemps de +convaincre celui-là. Si vous voyez qu'il ne fait pas attention, parlez à un +autre.

+ +

Questionneur D : OK. Donc en parler au plus grand +nombre et ne pas perdre de temps sur ceux qui refusent.

+ +

R.M.S. : Oui, bien sûr, c'est plus efficace.

+ +

Questionneur D : Je laisse ma place à la personne +suivante.

+ +

R.M.S. : Mais il faut démontrer que vous refusez le +logiciel privateur. Parce que ça, c'est dans votre pouvoir. Si vous ne résistez +pas assez fort, il est difficile de convaincre les autres !

+ +

Questionneur E : Bonsoir. Bravo pour votre +présentation sur les logiciels libres.

+ +

R.M.S. : Je n'entends rien. Il faut parler plus fort +et lentement.

+ +

Questionneur E : Je parle plus fort. Bravo pour votre +présentation sur les logiciels libres. Que pensez-vous du hardware +libre ?

+ +

R.M.S. : La distinction de libre ou privateur +s'applique aux œuvres. Mais un objet physique n'est pas une œuvre, sauf dans le +cas d'une sculpture. Donc ce qui peut être libre, c'est la conception du +produit. Regardez +http://www.gnu.org/philosophy/free-hardware-designs.html.

+ +

Questionneur E : OK. Merci.

+ +

Questionneur F : Bonjour Richard. Moi j'essaie de +faire ce que je peux au niveau de l'information et de convaincre les autres. +Bon, ici, j'ai un Ubuntu Touch, donc c'est un téléphone…

+ +

R.M.S. : Pas complètement libre.

+ +

Questionneur F : Alors justement, j'aurais voulu dire +que c'était complètement libre, mais du coup, en quoi ça ne l'est +pas ?

+ +

R.M.S. : Je veux le dire. Ubuntu est une des +distributions GNU-et-Linux qui n'est pas libre. Et Ubuntu utilise son influence +pour enseigner les valeurs superficielles. Comment est-ce qu'on enseigne des +valeurs ? En les incorporant dans vos paroles et vos actions. Les actions +et les paroles des développeurs d'Ubuntu enseignent les valeurs superficielles +parce qu'ils incorporent, ils mettent des programmes privateurs dans Ubuntu. Et +dans ce qu'ils disent, ils citent uniquement les valeurs superficielles. Par +exemple, ils pourraient dire : « Tu mérites la liberté dans ton +informatique mais chez nous, tu ne l'auras pas ». Ils pourraient le dire, +mais évidemment, ils ne le disent pas. En lieu de ça, ils disent : +« Nous essayons de te fournir la meilleure expérience possible +d'utilisateur », c'est-à-dire ils ne valorisent pas la liberté mais plutôt +la commodité, et rien de plus profond. Voici un des obstacles au mouvement +logiciel libre. Regarde http://www.gnu.org/distros/. Continuez s'il +vous plaît.

+ +

Questionneur F : Là [le questionneur montre son +téléphone, NDT], il n'y a pas de logiciel propriétaire, c'est entièrement +libre, il n'y a aucun logiciel privateur.

+ +

R.M.S. : Non, ce n'est pas vrai. Je suis désolé, mais +ce n'est pas vrai. Ubuntu contient des logiciels privateurs. Ubuntu installe +des programmes privateurs. Je sais que dans les téléphones portables, beaucoup +de périphériques exigent des drivers privateurs. Il faut de l'ingénierie +inverse pour corriger ce problème. Donc la question c'est quoi ?

+ +

Questionneur F : Est-ce que ce n'est pas un moindre +mal, par rapport à Android ?

+ +

R.M.S. : Je ne sais pas comparer Ubuntu et Android +dans ça. Je sais qu'il y a une version modifiée complètement libre d'Android, +qui s'appelle Replicant, qui fonctionne dans plusieurs modèles de téléphones, +mais ne sait pas gérer beaucoup de périphériques parce que ces périphériques +exigent des programmes privateurs. Si Ubuntu sait fonctionner avec ces +périphériques, c'est parce qu'il contient ces drivers privateurs. Donc au +prochain.

+ +

Questionneur C : Alors il y a des distributions qui +mélangent dans leurs dépôts des logiciels libres et des logiciels non libres. +Mais il y a des distributions qui font la différence. Si j'installe Mageia +GNU/Linux et que je n'active pas les dépôts non libres, pourquoi ne vous voulez +pas que je puisse considérer ma distribution comme libre ?

+ +

R.M.S. : Ah ! Mais c'est une confusion. Si une +distribution distingue bien les programmes libres des programmes privateurs, et +vous installez uniquement les paquets libres, vous avez un système libre. Mais +juger la distribution est autre chose. Pour juger la distribution, il faut +prendre en compte tous les paquets offerts, les paquets libres et les paquets +privateurs. Par exemple Debian. Vous avez cité un autre nom que je ne reconnais +pas.

+ +

Questionneur C : La distribution française Mageia qui +est un fork de Mandriva. Elle est bien connue.

+ +

R.M.S. : Ça, je ne connais pas.

+ +

Questionneur C : Parce qu'elle utilise RPM.

+ +

R.M.S. : Debian est un exemple que je connais. Debian +sépare les paquets libres des paquets privateurs. Et Debian fait beaucoup +attention à les séparer bien. Donc si vous installez uniquement les paquets +libres, vous avez un système libre. Et c'est une manière efficace d'avoir un +système libre si vous êtes expert et vous faites attention. Le problème, c'est +que pas tout le monde fait tant attention à la liberté. Nous ne pouvons pas +proposer l'installation de Debian, ni de Mageia, si Mageia fait la même chose +que Debian, c'est un cas pareil. Nous ne pouvons pas recommander ni Debian, ni +Mageia, ni n'importe quelle distribution qui sépare les paquets libres des +paquets privateurs, au grand public. Parce que dans le grand public, il y a +beaucoup qui ne feront pas attention, qui installeront aussi les paquets +privateurs. Nous ne devons pas diriger les gens vers les programmes privateurs. +C'est notre devoir éthique. Donc si quelqu'un est expert et libriste, je +pourrais lui proposer d'installer de telles distributions, mais au grand +public, non. Je fais confiance au projet Debian, de séparer bien les paquets +libres des paquets privateurs.

+ +

Questionneur C : Et au niveau du noyau ? C'est le +noyau Linux libre.

+ +

R.M.S. : Debian sépare le code libre de Linux même des +blobs. Les blobs sont dans la catégorie pas libre. Debian sépare le libre et le +privateur soigneusement.

+ +

Questionneur C : J'ai compris.

+ +

R.M.S. : Le prochain.

+ +

Questionneur G : J'aurais une question.

+ +

R.M.S. : Je n'entends pas. Vous parlez trop vite pour +moi. Je suis dur d'oreille.

+ +

Questionneur G : Oui. En plus je parle vite de +base.

+ +

R.M.S. : Mais pour que j'entende, vous devez parler +lentement.

+ +

Questionneur G : Vous nous avez clairement expliqué +l'avantage pour l'utilisateur d'utiliser un logiciel libre. Et je suis d'accord +avec vous. Mais quel est l'avantage pour une société, telle Microsoft, de +proposer un logiciel libre ?

+ +

R.M.S. : Ça ne m'intéresse pas. Le logiciel privateur +est injuste. Ils ne doivent pas le faire.

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Questionneur G : Oui. Mais quels sont les arguments +que l'on peut avancer ?

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R.M.S. : Je n'ai pas d'argument de cette forme. Je ne +dis pas : « Vous gagnerez plus si vous respectez les droits des +autres ». Non ! Je dis : « Ce que vous faites est injuste, +il faut arrêter ». Mais évidemment, Microsoft ne va pas arrêter de soi. +C'est à nous de vaincre les entreprises privatrices.

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Questionneur G : D'accord, voilà. Merci.

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Questionneur H : Bonjour, j'ai deux questions. Est-ce +que vous considérez que la liberté 0 est vraiment respectée si un programme +n'est pas accessible, par exemple aux personnes non-voyantes ?

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R.M.S. : Oui bien sûr. La faute de quelques +fonctionnalités désirables n'est pas un manque de liberté. Il faut les +distinguer. Un programme libre mais pas accessible est beaucoup meilleur qu'un +programme injuste, privateur, qui ne respecte la liberté de personne. Et donner +un programme libre auquel manquent quelques fonctionnalités désirables, +n'importe qui est libre d'ajouter ces fonctionnalités. Mais donner un programme +privateur, nous ne pouvons pas le libérer, nous ne pouvons rien faire pour le +libérer. Le seul chemin pour arriver au but désiré, c'est-à-dire au programme +libre qui fait toutes les choses désirables, est à travers le programme libre +qui ne fait pas toutes, parce que nous pouvons ajouter les fonctionnalités. Il +y a environ 15 ans, un programmeur aveugle qui s'appelle Krishnakant, est +venu à ma conférence en Inde, et il s'est plaint qu'un programme de vocaliser +l'écran, un programme libre, ne fonctionnait pas vraiment bien. Et il a +dit : « Qu'est-ce que je dois faire ? » Je lui ai proposé +de l'améliorer. Quelques années plus tard, il est venu à une autre conférence, +en Inde, et il a raconté ce que je viens de dire. Puis il a dit : +« Et je l'ai fait ! » Il est devenu développeur de ce programme, +Orca et l'a beaucoup amélioré, et a contribué. Voici quelque chose que vous +pouvez aussi faire si vous êtes bon programmeur, je ne vous connais pas. Lui, +il était bon programmeur. Vous, si vous pouvez programmer bien, vous pouvez +corriger les fautes techniques pratiques dans les programmes libres. Mais les +fautes éthiques dans les programmes privateurs, nous ne pouvons pas corriger, +nous ne pouvons rien faire. C'est nous rendre ou nous battre. Et je dois dire +que je ne tolérerai jamais un programme privateur seulement parce qu'il +fonctionne mieux pour quelque peu, au niveau pratique. C'est meilleur de +libérer la majorité d'abord, et avoir la possibilité de libérer le reste, que +de ne rien faire, de ne libérer personne.

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Questionneur H : D'accord. Et du coup, est-ce qu'au +niveau de la Free Software Foundation, vous allez militer pour que +tous les projets GNU soient accessibles aux personnes déficientes +visuelles ?

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R.M.S. : Nous faisons un peu d'efforts, mais les +développeurs des programmes GNU sont des volontaires, nous ne pouvons pas les +commander, seulement encourager. Maintenant nous cherchons des développeurs et +des administrateurs, volontaires, bien sûr, tous les deux. Mais quelqu'un qui +veut coordonner avec les développeurs des projets, pourrait aider beaucoup dans +ce travail, parce qu'il pourrait trouver les fautes dans les paquets GNU et les +indiquer aux développeurs. Et je peux appuyer quand il leur dit de faire +attention à améliorer ces points.

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Questionneur H : D'accord. OK. Merci.

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R.M.S. : Si vous voulez le faire, je vous invite parce +que ça serait une amélioration désirable.

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Questionneur H : Oui, j'aimerais bien, effectivement, +participer.

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R.M.S. : Voudriez-vous m'envoyer un message ?

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Questionneur H : Heu oui, oui, je peux faire ça.

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R.M.S. : <rms@gnu.org>

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Questionneur H : D'accord. OK. Merci.

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R.M.S. : Happy Hacking!

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Rires du public

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Questionneur C : Je n'aime pas mon FAI.

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R.M.S. : FAI ?

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Questionneur C : Fournisseur d'accès Internet. Donc, +je voudrais savoir si nous pouvons rêver, pour le futur, d'un Internet qui se +passe de FAI, qui n'ait pas besoin de FAI. Et en attendant, pouvez-vous me +donner un truc qui me permettrait de me brancher quelque part au réseau sans +passer par mon FAI ?

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R.M.S. : Ce n'est pas mon champ.

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Questionneur C : Ce n'est pas votre champ ! Je me +sentirais plus libre sans lui.

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R.M.S. : Je serais très content si c'était possible. +Mais en tout cas, je n'ai pas de fournisseur d'accès. Je voyage tout le temps, +je branche l'ordinateur à l'Internet chez quelqu'un.

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Rires du public

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Questionneur C : Merci.

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Questionneur I : Bonjour. J'avais une question qui +concernait le matériel libre, qui a été déjà abordé tout à l'heure.

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R.M.S. : Plus fort. Je n'entends pas. Mais direct à la +question, s'il vous plaît.

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Questionneur I : Du coup, ma question, celle que +j'aurais aimé vous soumettre concerne…

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R.M.S. : Il faut prononcer chaque consonne pour que je +l'entende.

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Questionneur I : ma question serait de savoir si vous +aviez déjà envisagé une société complètement libre ?

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R.M.S. : C'est trop large comme question. Il y a +beaucoup de questions éthiques dans le monde, dans la vie. La liberté, j'ai +pensé beaucoup aux libertés dans l'informatique, mais je ne sais pas si j'ai +trouvé toutes les questions. Mais dans d'autres champs de la vie, il y a +d'autres questions, complètement différentes. Donc vous me proposez de penser +longtemps à tant de questions que je n'aurai pas le temps.

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Questionneur I : L'interrogation était surtout de +pouvoir libérer complètement un ordinateur et de pouvoir le propager sur +d'autres choses.

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R.M.S. : Enfin, maintenant, il faut remplacer le +logiciel et dans cet ordinateur-ci, même le BIOS est libre. Ça veut dire même +le logiciel d'initialisation est libre.

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Questionneur I : Mais le système qui va contrôler le +CPU par exemple ?

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R.M.S. : Je n'entends pas.

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Questionneur I : Le système qui va contrôler le CPU +par exemple.

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R.M.S. : Ça n'a pas de système pour contrôler le CPU. +C'est est une image. Mais dans les nouveaux processeurs d'Intel, il y a une +porte dérobée dans le processeur même qu'il est impossible d'éviter. Il faut +rejeter ces processeurs. Je ne connais pas d'autres solutions. Ça s'appelle le +Management Engine et c'est totalement horrible.

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Questionneur I : Quelle serait une alternative à ces +microprocesseurs alors ?

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R.M.S. : Je ne sais pas vraiment. Mais il y a des +projets pour développer des processeurs de conception libre. Mais je ne peux +rien faire sauf attendre. Je n'ai pas de solution pour toutes les injustices de +la vie. Pour quelques-unes, je propose des solutions.

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Maintenant, je termine, ça fait trois heures, je n'ai plus de temps, j'ai +d'autres choses à faire, mais merci pour être venus et je vous propose de +lutter pour la liberté.

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Questionneur I : Merci beaucoup.

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Applaudissements

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R.M.S. : Je vous propose de dire aux élus « le +flicage est plus dangereux que les terroristes ».

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Métadonnées

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Titre :  Pour une société numérique libre, Richard Stallman
+Intervenant :  Richard Stallman
+Lieu :  Médiathèque Aragon, +Choisy-le-Roi, France
+Date :  16 avril 2016
+Durée :  2 h 43 min
+Licence :  Verbatim
+Événement
+URL de la vidéo :   +sur gnu.org  |  sur +tmplab.org
+Pour +visionner la vidéo

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