From 1ae0306a3cf2ea27f60b2d205789994d260c2cce Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: Christian Grothoff Date: Sun, 11 Oct 2020 13:29:45 +0200 Subject: add i18n FSFS --- talermerchantdemos/blog/articles/fr/pragmatic.html | 254 +++++++++++++++++++++ 1 file changed, 254 insertions(+) create mode 100644 talermerchantdemos/blog/articles/fr/pragmatic.html (limited to 'talermerchantdemos/blog/articles/fr/pragmatic.html') diff --git a/talermerchantdemos/blog/articles/fr/pragmatic.html b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/pragmatic.html new file mode 100644 index 0000000..2cff280 --- /dev/null +++ b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/pragmatic.html @@ -0,0 +1,254 @@ + + + + + + +Copyleft : idéalisme pragmatique - Projet GNU - Free Software Foundation + + + +

Copyleft : idéalisme pragmatique

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+par Richard Stallman

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+Toute décision prise par une personne découle de ses valeurs et de ses buts +dans la vie. Les gens peuvent avoir beaucoup de buts et de valeurs +différents ; la gloire, le profit, l'amour, la survie, l'amusement, ou la +liberté, ne sont qu'une partie des buts qu'une personne normale peut +avoir. Quand ce but est une question de principe, cela s'appelle de +l'idéalisme.

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+C'est un but idéaliste qui motive mon travail pour le logiciel libre : +propager la liberté et la coopération. Je veux encourager la diffusion des logiciels +libres et le remplacement des logiciels privateurs1 qui interdisent la coopération, et +rendre ainsi notre société meilleure.

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+C'est essentiellement pour cette raison que la licence publique générale GNU +(GNU GPL) est écrite de cette +manière – comme un copyleft. Tout code ajouté à un +programme couvert par la GPL doit être un programme libre, même s'il est +placé dans un fichier séparé. Je mets mon code à disposition pour qu'il soit +utilisé dans des logiciels libres, et non dans des logiciels privateurs, +afin d'encourager ceux qui programment des logiciels à les rendre libres +également. Puisque les développeurs de logiciels privateurs utilisent le +copyright pour nous empêcher de partager, j'estime que nous, coopérateurs, +pouvons utiliser le copyright pour donner aux autres coopérateurs un +avantage bien à eux : ils peuvent utiliser notre code.

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+Ceux qui utilisent la GNU GPL n'ont pas tous ce but. Il y a plusieurs +années, on a demandé à l'un de mes amis de republier un programme copylefté +sous des termes non copyleftés, et il a plus ou moins répondu ainsi :

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+« Parfois je travaille sur des logiciels libres et parfois sur des logiciels +privateurs ; mais quand je travaille sur des logiciels privateurs, je +m'attends à être payé. » +

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+Il voulait bien partager son travail avec une communauté qui partageait les +logiciels, mais ne voyait aucune raison d'aider une entreprise commerciale +dont les produits seraient interdits à notre communauté. Son but était +différent du mien, mais il a décidé que la GNU GPL le satisfaisait +également.

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+Si vous voulez accomplir quelque chose dans le monde, l'idéalisme ne suffit +pas ; le choix d'une méthode qui mène à l'accomplissement de ce but est +nécessaire. En d'autres termes, vous devez être « pragmatique ». La GPL +est-elle pragmatique ? Regardons ce qu'elle a accompli.

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+Considérons GNU C++. Pourquoi existe-t-il un compilateur C++ libre ? +Uniquement parce que la GNU GPL indiquait qu'il devait être libre. MCC, un +consortium industriel, a développé GNU C++ à partir du compilateur C de +GNU. En temps normal, MCC rend sa production aussi privatrice que +possible. Mais ils ont fait une interface C++ libre parce que c'était la +seule possibilité de la publier que leur laissait la GNU +GPL. L'interface C++ comportait beaucoup de nouveaux fichiers, mais comme +ils étaient prévus pour être liés à GCC, la GPL s'appliquait à eux. Le +bénéfice pour notre communauté est évident.

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+Considérons GNU Objective C. Au début, NeXT voulait rendre cette interface +privatrice ; ils avaient l'intention de la publier sous forme de fichiers +.o et de laisser aux utilisateurs le soin de les lier au reste +de GCC, pensant pouvoir ainsi contourner les conditions de la GPL. Mais nos +juristes ont dit que cela n'esquivait pas ses exigences et que c'était +interdit. Et ainsi l'interface Objective C devint un logiciel libre.

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+Ces exemples datent de plusieurs années, mais la GNU GPL continue à nous +apporter toujours plus de logiciels libres.

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+Beaucoup de bibliothèques GNU sont couvertes par la licence publique +générale GNU amoindrie, mais pas toutes. Readline, qui met en œuvre +l'édition de ligne de commande, est une des bibliothèques GNU couvertes par +la GNU GPL classique. Un jour, j'ai découvert un programme non libre conçu +pour utiliser Readline et j'ai dit au développeur que c'était interdit. Il +aurait pu sortir du programme l'édition de ligne de commande, mais ce qu'il +a fait, c'est de le republier sous la GPL. Maintenant, c'est un logiciel +libre.

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+Les programmeurs qui conçoivent des améliorations pour GCC (ou Emacs, Bash, +Linux ou tout programme couvert par la GPL) sont souvent employés par des +entreprises ou des universités. Lorsque le programmeur veut remettre son +amélioration à la communauté et voir son code dans la version suivante, il +est possible que son patron lui dise : « Attendez un peu ; votre code nous +appartient ! Nous ne voulons pas le partager ; nous avons décidé de placer +votre version améliorée dans un logiciel privateur. »

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+C'est à ce moment qu'intervient la GNU GPL. Le programmeur montre à son +patron que ce logiciel privateur serait une violation de copyright, et ce +dernier réalise qu'il ne lui reste que deux possibilités : publier le code +en tant que logiciel libre ou pas du tout. Il laisse presque toujours le +programmeur faire ce qu'il voulait initialement et le code est inclus dans +la version suivante.

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+La GNU GPL n'est pas M. Bonne Poire. Elle dit « non » à certaines choses +qu'on aimerait parfois faire. Certains utilisateurs disent qu'il est dommage +que la GPL « exclue » certains développeurs de logiciels privateurs qui +« auraient besoin d'être amenés à la communauté du logiciel libre ».

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+Mais nous ne les excluons pas de notre communauté ; ils ont choisi de ne pas +y entrer. Décider de concevoir des logiciels privateurs, c'est décider de +rester en dehors de notre communauté. Appartenir à notre communauté signifie +prendre part à notre coopération ; nous ne pouvons pas « les amener à notre +communauté » s'ils ne le désirent pas.

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+Ce que nous pouvons faire, c'est les inciter à nous rejoindre. La +GNU GPL est faite pour utiliser comme appâts les logiciels que nous +possédons : « Si vous faites des logiciels libres, vous pourrez utiliser ces +codes. » Bien sûr, cela ne les convaincra pas tous, mais nous en gagnerons +un de temps en temps.

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+La réalisation de logiciels privateurs ne participe pas à notre communauté, +mais leurs développeurs souhaitent souvent une aide de notre part. Les +utilisateurs de logiciels libres peuvent offrir des satisfactions à l'ego +des développeurs de logiciels libres – reconnaissance et gratitude – mais +ils peuvent être tentés lorsqu'une entreprise leur dit : « Laissez-nous +juste placer votre logiciel dans notre programme privateur et il sera +utilisé par des milliers de gens ! » La tentation peut être forte, mais à +long terme, nous nous sentirons tous mieux si nous y avons résisté.

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+Il est plus difficile de reconnaître les pressions et tentations quand elles +viennent indirectement, au travers d'organisations pour les logiciels libres +qui ont adopté une politique servant le logiciel privateur. Le Consortium X +(et son successeur l'Open Group) en sont un exemple : fondé par des sociétés +qui font des logiciels privateurs, ils se sont efforcés pendant des +décennies de persuader les programmeurs de ne pas utiliser de +copyleft. Maintenant que l'Open Group a fait de +X11R6.4 un logiciel non libre, ceux d'entre nous qui ont résisté à cette +pression sont heureux de l'avoir fait.

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+En septembre 1998, plusieurs mois après que X11R6.4 ait été distribué sous +une licence non libre, l'Open Group a revu sa décision et l'a redistribué +sous la même licence de logiciel libre non copylefté que X11R6.3. Merci, +l'Open Group ; mais ce revirement ultérieur n'infirme pas les conclusions +que nous avions tirées du fait que l'ajout de restrictions était +possible.

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+Pour parler de manière pragmatique, avoir une vision à plus long terme +affermira votre volonté de résister à cette pression. Si vous concentrez +votre attention sur la liberté et la communauté que vous pouvez bâtir en +restant ferme, vous trouverez la force de le faire. « Restez debout pour +quelque chose ou vous tomberez pour rien. »

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+Et si des personnes cyniques ridiculisent la liberté, ridiculisent la +communauté… si des « réalistes forcenés » disent que le profit est le +seul idéal… ignorez-les et utilisez le copyleft tout de même.

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Cet article est publié dans le livre Free +Software, Free Society: The Selected Essays of Richard +M. Stallman.

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Note de traduction
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  1. Autre traduction de proprietary : +propriétaire. 
+ + + + + + + + -- cgit v1.2.3