From 1ae0306a3cf2ea27f60b2d205789994d260c2cce Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: Christian Grothoff Date: Sun, 11 Oct 2020 13:29:45 +0200 Subject: add i18n FSFS --- .../blog/articles/fr/pirate-party.html | 220 +++++++++++++++++++++ 1 file changed, 220 insertions(+) create mode 100644 talermerchantdemos/blog/articles/fr/pirate-party.html (limited to 'talermerchantdemos/blog/articles/fr/pirate-party.html') diff --git a/talermerchantdemos/blog/articles/fr/pirate-party.html b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/pirate-party.html new file mode 100644 index 0000000..0126e73 --- /dev/null +++ b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/pirate-party.html @@ -0,0 +1,220 @@ + + + + + + +Pourquoi les propositions du Parti pirate suédois se retournent contre le +logiciel libre - Projet GNU - Free Software Foundation + + + +

Pourquoi les propositions du Parti pirate suédois se retournent contre le +logiciel libre

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par Richard Stallman

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+Note : chaque parti pirate a son programme particulier. Ils appellent tous à +réduire le pouvoir du copyright, mais les détails varient. Les positions des +autres partis pirates ne posent peut-être pas ce problème. +

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La campagne de harcèlement à laquelle se livre l'industrie du copyright en +Suède a conduit à la création du premier parti politique dont le programme +vise à réduire les restrictions dues au copyright : le Parti pirate. Parmi +ses propositions, on trouve l'interdiction des dispositifs de gestion +numérique des restrictions (DRM), la légalisation du partage à but non lucratif +d'œuvres culturelles et la réduction à une durée de cinq ans du copyright +pour une utilisation commerciale. Cinq ans après sa publication, toute œuvre +publiée passerait dans le domaine public.

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Dans l'ensemble je suis favorable à ces changements, mais l'ironie de la +chose, c'est que ce choix particulier effectué par le Parti pirate aurait un +effet néfaste sur le logiciel libre. Je suis convaincu qu'ils n'avaient +nulle intention de nuire au logiciel libre, mais c'est pourtant ce qui se +produirait.

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En effet, la licence publique générale (GPL) de GNU, de même que les autres licences copyleft, se +sert du copyright pour défendre la liberté de tous les utilisateurs. La GPL +permet à chacun de publier des programmes modifiés, mais à condition de +garder la même licence. La redistribution d'un programme qui n'aurait pas +été modifié doit elle aussi conserver la même licence. Et tous ceux qui +redistribuent doivent donner aux utilisateurs l'accès au code source du +logiciel.

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Pourquoi les propositions du Parti pirate suédois affecteraient-elles un +logiciel libre placé sous copyleft ? Au bout de cinq ans, son code source +passerait dans le domaine public, et les développeurs de logiciel +privateur1 +pourraient alors l'inclure dans leurs programmes. Mais qu'en est-il du cas +inverse ?

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Le logiciel privateur n'est pas uniquement soumis aux limitations du +copyright, mais aussi à celles des CLUF, et les utilisateurs n'en ont pas le code +source. Même si le copyright permet le partage à but non commercial, il se +peut que les CLUF, eux, l'interdisent. Qui plus est, les utilisateurs, +n'ayant pas accès au code source, ne contrôlent pas les actions du programme +lorsqu'ils l'exécutent. Exécuter un de ces programmes revient à abandonner +votre liberté et à donner au développeur du pouvoir sur vous.

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Que se passerait-il si le copyright de ce programme prenait fin au bout de +cinq ans ? Cela n'obligerait en rien les développeurs à libérer le code +source, et il y a fort à parier que la plupart ne le feraient jamais. Les +utilisateurs, qui continueraient à être privés du code source, se verraient +toujours dans l'impossibilité d'utiliser ce programme en toute liberté. Ce +programme pourrait même contenir une « bombe à retardement » conçue pour +empêcher son fonctionnement au bout de cinq ans, auquel cas les exemplaires +passés dans le « domaine public » ne fonctionneraient tout simplement pas.

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Ainsi, la proposition du Parti pirate donnerait aux développeurs de +logiciels privateurs la jouissance du code source protégé par la GPL, après +cinq ans, mais elle ne permettrait pas aux développeurs de logiciel libre +d'utiliser du code privateur, ni après cinq ans, ni même après cinquante. Le +monde du Libre ne récolterait donc que les inconvénients et aucun +avantage. La différence entre code source et code objet, ainsi que la +pratique des CLUF, permettraient bel et bien au logiciel privateur de +déroger à la règle générale du copyright de cinq ans, ce dont ne pourrait +profiter le logiciel libre.

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Nous nous servons aussi du copyright pour détourner en partie le danger que +représentent les brevets logiciels. Nous ne pouvons en protéger complètement +nos programmes, aucun n'est à l'abri des brevets logiciels dans un pays où +ils sont autorisés, mais au moins nous empêchons qu'on les utilise pour +rendre le programme non libre. Le Parti pirate suédois propose d'abolir les +brevets logiciels, et si cela se produisait ce problème ne se poserait +plus. Mais en attendant, nous ne devons pas perdre notre seul moyen de +protection contre les brevets.

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Aussitôt après que le Parti pirate suédois eût annoncé ses propositions, les +développeurs de logiciel libre ont décelé cet effet secondaire et proposé +qu'on établisse une règle à part pour le logiciel libre : on allongerait la +durée du copyright pour le logiciel libre, de sorte que l'on puisse le +garder sous licence copyleft. Cette exception explicite accordée au logiciel +libre contrebalancerait l'exception de fait dont bénéficierait le logiciel +privateur. Dix ans devraient suffire, à mon sens. Toutefois, cette +proposition s'est heurtée à une forte résistance des dirigeants du Parti +pirate, qui refusent de faire un cas particulier en allongeant la durée du +copyright.

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Je pourrais approuver une loi par laquelle le code source d'un logiciel +placé sous licence GPL passerait dans le domaine public au bout de cinq ans, +à condition que cette loi ait le même effet sur le code source des logiciels +privateurs. Après tout, le copyleft n'est qu'un moyen pour atteindre une fin +(la liberté de l'utilisateur), et pas une fin en soi. En outre, j'aimerais +autant ne pas me faire le chantre d'un copyright plus fort.

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J'ai donc proposé que le programme du Parti pirate exige que le code source +des logiciels privateurs soit déposé en main tierce dès la publication des +binaires. Ce code source serait ensuite versé au domaine public au bout de +cinq ans. Au lieu d'accorder au logiciel libre une exception officielle à la +règle des cinq ans de copyright, ce système éliminerait l'exception +officieuse dont bénéficierait le logiciel privateur. D'un côté comme de +l'autre, le résultat serait équitable.

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Un partisan du Parti pirate a proposé une variante plus large de ma première +suggestion : une règle générale selon laquelle le copyright serait allongé à +mesure que l'on accorde plus de liberté au public dans l'utilisation du +programme. Cette solution présente l'avantage d'insérer le logiciel libre +dans un mouvement collectif de copyright à durée variable au lieu de n'en +faire qu'une exception isolée.

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Je préférerais la solution de la main tierce, mais l'une ou l'autre de ces +méthodes éviterait un retour de flamme, particulièrement nuisible au +logiciel libre. Il existe sans doute d'autres solutions. Quoi qu'il en soit, +le Parti pirate suédois devrait éviter d'infliger un handicap à un mouvement +spécifique lorsqu'il se propose de défendre la population contre les géants +prédateurs.

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Note de traduction
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  1. Autre traduction de proprietary : +propriétaire. 
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+ + + + + + + + -- cgit v1.2.3