From 1ae0306a3cf2ea27f60b2d205789994d260c2cce Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: Christian Grothoff Date: Sun, 11 Oct 2020 13:29:45 +0200 Subject: add i18n FSFS --- .../blog/articles/fr/kragen-software.html | 311 +++++++++++++++++++++ 1 file changed, 311 insertions(+) create mode 100644 talermerchantdemos/blog/articles/fr/kragen-software.html (limited to 'talermerchantdemos/blog/articles/fr/kragen-software.html') diff --git a/talermerchantdemos/blog/articles/fr/kragen-software.html b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/kragen-software.html new file mode 100644 index 0000000..aa3afea --- /dev/null +++ b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/kragen-software.html @@ -0,0 +1,311 @@ + + + + + + +Les gens, les lieux, les choses et les idées - Projet GNU - Free Software +Foundation + + + +

Les gens, les lieux, les choses et les idées

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+par Kragen Sitaker <kragen@pobox.com> +

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Les logiciels

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+Les logiciels sont des idées, des informations. Ils diffèrent en fonction +des gens, des lieux, des choses ; ils peuvent être reproduits à l'infini +comme le feu, pour pratiquement rien. C'est un truisme, et même un +cliché. Mais il semble qu'il y ait des conséquences particulières qui n'ont +pas été bien explorées. +

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+L'une d'elles est la suivante : cela ne fonctionne pas bien de les vendre de +la même manière que vous vendriez des esclaves, des lieux ou des choses ; +n'importe lequel de vos clients peut faire un nombre illimité de copies à +prix coûtant, ou moins. Les frictions du marché font actuellement de la +vente de logiciels un modèle commercial viable. Mais peut-être que les +marques jouent un rôle également ; il y a une question que l'on se pose : +Red Hat vend-il ses CD à 50 $ parce que les gens aiment la marque Red Hat, +ou seulement parce qu'ils ne savent pas qu'ils peuvent acheter pratiquement +le même CD chez CheapBytes pour 2 $ ? +

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Le passé et le présent

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+La manière traditionnelle de traiter cette question est de verrouiller les +idées dans l'esprit des gens, dans les lieux et dans les choses. Un juriste +peut très bien gagner pas mal d'argent en recrachant les idées appropriées, +sans faire preuve de créativité particulière, ou en débitant simplement des +procédures apprises par cœur – la plupart des testaments tomberaient dans +cette catégorie. Je dois me rendre au musée Georgia O'Keeffe pour voir les +anciens tableaux de Georgia, car les photos ne sont pas autorisées. C'est +pourquoi ils peuvent me faire payer un billet d'entrée (un très beau musée +d'ailleurs ; si vous y allez, ne prenez pas le passe « quatre jours », leur +collection est plutôt réduite). Un livre peut être vendu plus cher que le +coût de son impression, car les idées sont difficiles à séparer de leur +manifestation physique. +

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+Le logiciel rend plus facile de séparer les idées, d'une part, des gens, +lieux ou objets, d'autre part. Si j'achète un ordinateur pour envoyer des +courriels et que je veuille faire des fractales, je n'ai pas besoin +d'acheter une nouvelle machine pour faire des fractales. J'ai seulement +besoin de télécharger un logiciel destiné à cet usage. Si je veux calculer +le point de rupture d'une traverse, je n'ai pas besoin d'engager un +ingénieur en calcul de structures ; je peux télécharger un logiciel +d'analyse par la « méthode des éléments finis » et simuler le stress de la +structure jusqu'à ce qu'elle cède. Je n'ai pas besoin d'aller au musée pour +voir les fractales de mon voisin ; je peux les mettre tout simplement sur +mon écran – après les avoir téléchargées, bien sûr. +

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+C'est un changement spectaculaire. +

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Des logiciels verrouillés : l'avenir ?

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+Voilà ce qu'était en général la nature des applications informatiques, +jusqu'à récemment. Mais maintenant, nous avons le web, et les gens parlent +beaucoup d'ordinateurs intégrés, spécifiques d'une application. Soudain, on +peut fournir des applications comme on le faisait auparavant, mais on peut +verrouiller le logiciel – les idées – dans des lieux et des objets. +

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+Par exemple, j'ai un cédérom qui contient l'ensemble des listings +téléphoniques américains. Avec suffisamment de temps et d'expertise, je peux +extraire ces listings et les mettre sur un site web (j'ai d'abord besoin de +faire de la rétroingénierie sur la structure de la base de données dans +laquelle ils sont stockés). Je peux exécuter des tests de corrélation pour +voir si des personnes portant un certain nom ont une répartition spatiale +plus biaisée que les autres à l'intérieur d'une ville (ce qui indiquerait +qu'elles vivent près de leur famille, peut-être, ou que la ville est +partagée en communautés). Je peux trouver l'orthographe du prénom Cathy qui +est la plus populaire (Kathy ? Cathi ?) et je peux voir si le choix de +l'orthographe est corrélé avec le nom de famille. +

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+Il y a également plusieurs sites web qui contiennent les mêmes listings +téléphoniques, ou des versions plus récentes. Je ne peux rien faire de tout +cela avec ces sites web, car les listings téléphoniques – une idée – sont +verrouillés dans le site web – un lieu, ou une chose, cela dépend du point +de vue. +

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+Une autre méthode est de verrouiller l'information dans des +objets. L'algorithme Skipjack de la NSA a été classé secret il y a plusieurs années ; des +implémentations sont largement disponibles, mais seulement sur des +équipements spéciaux protégés. Ceci a permis de les déployer largement +derrière le rideau de fer qui entoure la recherche secrète, et ils +comptaient aussi le déployer largement dans le monde extérieur (jusqu'ici, +je suis de l'autre côté du rideau). Récemment, les événements les ont forcés +à distribuer des implémentations logicielles de Skipjack ; ils l'ont donc +déclassifié. Voir http://www.schneier.com/crypto-gram-9807.html#skip +[archivé] pour plus de détails. +

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Pourquoi je n'aime pas cela

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+Posséder mon propre annuaire téléphonique me donne plus de liberté. D'un +autre côté, cela nécessite que j'installe un logiciel sur ma machine, ce qui +lui donne un certain degré de contrôle sur mon ordinateur. Dans ce cas +particulier, le logiciel fonctionne sous Windows 95, c'est pourquoi il exige +un contrôle total sur ma machine. Donc, c'est en fait beaucoup plus commode +pour moi de me rendre simplement sur la page web et de remplir le formulaire +pour trouver le numéro de téléphone de quelqu'un. +

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+De plus, l'information stockée dans les objets est beaucoup plus pratique +que l'information stockée dans du logiciel ; un équipement dédié est souvent +beaucoup plus facile à utiliser qu'un ordinateur polyvalent. C'est pourquoi +beaucoup d'analystes prévoient une diminution de l'utilisation d'ordinateurs +polyvalents en faveur d'équipements dédiés. +

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+Je suis quelque peu inquiet de cette tendance. J'aime me servir +d'ordinateurs polyvalents – bien que j'admette qu'ils soient souvent plus +difficiles à utiliser. J'aime la liberté qu'ils me donnent. L'ordinateur est +juste une extension de mon esprit. +

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+Les sites web et les équipements dédiés ne sont pas comme cela. Ils ne me +donnent pas les mêmes libertés que les ordinateurs. Si la tendance se +confirme, de plus en plus de choses que j'effectue aujourd'hui avec mon +ordinateur seront faites par des équipements dédiés et des serveurs +distants. +

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+Que signifie la liberté logicielle dans un tel environnement ? Il n'est +certainement pas mauvais en soi de faire tourner un serveur web sans +proposer mon logiciel et mes bases de données en téléchargement (quand bien +même, il ne serait pas possible pour la plupart des gens de les +télécharger ; le serveur de brevets d'IBM s'appuie sur une base de données +de plusieurs téraoctets). +

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+Je crois que les logiciels – et particulièrement les logiciels open source – +ont la capacité de donner aux particuliers un contrôle nettement plus +important sur leur propre vie, car ils consistent en idées et non pas en +personnes, en lieux ou en objets. La tendance à l'utilisation d'équipements +dédiés et de serveurs distants pourrait renverser la situation. +

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+Quel est l'intérêt d'avoir un logiciel libre gravé dans une ROM ? Un +logiciel est-il encore libre si je dois décortiquer une ROM pour lire le +code source et le graver dans une nouvelle ROM pour faire fonctionner une +version modifiée ? Qu'est-ce que cela signifie d'avoir un logiciel libre +exécutant une application accessible à distance sur un serveur web ? Même +avec les meilleures intentions il devient difficile, avec ces technologies, +de donner aux utilisateurs la liberté dont ils bénéficient avec les PC. +

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Comment le combattre

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+Il est plus cher d'acheter un nouvel équipement que de télécharger un +logiciel et de l'installer sur ma machine. C'est pourquoi les gens +n'utiliseront pas les équipements dédiés s'ils ne donnent pas d'avantages. +

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+Mais ils donnent vraiment des avantages. Ils sont vraiment +plus faciles à utiliser que les ordinateurs polyvalents. Un bouton pour +chaque fonction ; pas de mode spécial dans lequel les boutons font autre +chose, ou rien du tout. Un affichage pour chaque variable d'état ; vous +n'avez pas à cliquer sur des objets pour les rendre visibles. Je ne pense +pas que ce soit une limitation inhérente aux ordinateurs polyvalents, mais +plutôt une limitation de leur état actuel. +

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+Et autre chose, ils fonctionnent, tout simplement. Souvent ce n'est pas le +cas des ordinateurs polyvalents, particulièrement quand ils fonctionnent +avec des systèmes d'exploitation de Microsoft. Même dans le meilleur des +cas, vous devez toujours perdre du temps à faire des choses qui n'ont rien à +voir avec ce que vous voulez faire – taper une lettre ou autre. Plus +généralement, vous devez cliquer ici ou là pendant une dizaine de +secondes. Au pire, vous devez réinstaller Windows et l'application, +reconfigurer des périphériques et réinstaller leurs pilotes avant de faire +quoi que ce soit d'autre. +

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+Un troisième gros problème, c'est qu'ils nécessitent l'installation de +logiciels. Si je veux commencer à utiliser ma machine pour écrire des +courriels d'une autre manière, je dois installer un logiciel de +messagerie. Bien que ce soit sensiblement moins cher que d'acheter un +équipement dédié aux courriers électroniques, c'est considérablement moins +pratique, plus intimidant et plus déroutant (c'est ce que je me suis laissé +dire). Et cela prend également plus de temps. +

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+Si les ordinateurs polyvalents veulent survivre à l'assaut des petits +boîtiers bon marché, ils devront devenir aussi faciles à utiliser et aussi +fiables que ces équipements dédiés, et il devra être aussi simple d'y +installer des logiciels. Cela nécessite un environnement totalement +différent de celui dont nous disposons sur nos ordinateurs de bureau +aujourd'hui ; sans surprise, GNU/Linux est le système qui s'en rapproche le +plus ; plus que tout autre que j'aie essayé (Squeak pourrait même être +mieux, mais je ne l'ai pas encore essayé). Mais GNU/Linux est incroyablement +loin de compte. Cela nécessitera des équipements différents aussi bien que +des logiciels différents. +

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+Les avantages des serveurs distants sont similaires : facilité d'utilisation +grâce aux interfaces uniformes via un navigateur web, « ça marche sans +histoire », et pas d'installation – on les utilise, c'est tout. Mais ils ont +aussi d'autres avantages : ils peuvent fournir des services qui nécessitent +d'importantes capacités de stockage ou de puissance de calcul, qui ne +peuvent raisonnablement pas être fournies par votre machine, à moins de +dépenser des fortunes (télécharger la base de données d'AltaVista chaque +jour serait un moyen vraiment inefficace de faire des recherches sur le +web). +

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+Je pense que ces avantages supplémentaires sont probablement impossibles à +surmonter pour le moment, bien que je sois intéressé par la recherche sur la +distribution entre de nombreuses machines de tâches nécessitant une grande +capacité de calcul. +

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+ + + + + + + + -- cgit v1.2.3