From 1ae0306a3cf2ea27f60b2d205789994d260c2cce Mon Sep 17 00:00:00 2001 From: Christian Grothoff Date: Sun, 11 Oct 2020 13:29:45 +0200 Subject: add i18n FSFS --- .../blog/articles/fr/2002-linuxexpo-paris.html | 576 +++++++++++++++++++++ 1 file changed, 576 insertions(+) create mode 100644 talermerchantdemos/blog/articles/fr/2002-linuxexpo-paris.html (limited to 'talermerchantdemos/blog/articles/fr/2002-linuxexpo-paris.html') diff --git a/talermerchantdemos/blog/articles/fr/2002-linuxexpo-paris.html b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/2002-linuxexpo-paris.html new file mode 100644 index 0000000..b53a8e4 --- /dev/null +++ b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/2002-linuxexpo-paris.html @@ -0,0 +1,576 @@ + + +L'éthique du logiciel libre +- Projet GNU - Free Software Foundation + + + + +

L'éthique du logiciel libre

+ +

par Richard Stallman + +

Titre complet : L'éthique du système GNU/Linux et de la +communauté des logiciels libres, les tâches à accomplir et les risques à +envisager
+Discours donné à LinuxExpo Paris (CNIT de La Défense) le 30 janvier 2002 ;  +
+enregistrement audio

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+Ce discours a été donné en français ; il ne s'agit pas d'une traduction. +

+
+
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+[Début de l'enregistrement]

+ +

+Il s'agit du logiciel libre. +Mais qu'est-ce que ça veut dire le logiciel libre ?

+ +

+Je peux décrire le logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, +fraternité.

+ +

+(Applaudissements.)

+ +

+Liberté, parce que tout le monde est libre d'utiliser le programme de +toutes les manières utiles, rechercher dans le code ce que fait +vraiment le programme, faire des améliorations ou des changements +personnels selon les besoins, partager le programme avec le voisin, +sortir une version améliorée pour que les autres puissent avoir plus +de fonctionnalités.

+ +

+Un programme libre appartient à la connaissance humaine ; un programme +propriétaire, non. Avec un [logiciel] propriétaire, l'utilisateur a +perdu la liberté, surtout la liberté de coopérer avec le voisin. C'est +pour ça que la Fraternité entre ; parce que Fraternité veut dire : +aider le voisin. Mais comment aider le voisin si c'est interdit de le +faire ? Le logiciel propriétaire c'est l'interdiction de la +fraternité.

+ +

+Égalité, parce que tout le monde possède les même droits dans +l'utilisation du programme. Il ne faut pas être privilégié pour +pouvoir utiliser le programme. Pas besoin d'être privilégié pour +pouvoir faire des changements ou même regarder ce que fait vraiment le +programme, s'il fait des nuisances ou non.

+ +

+Dans les années 80, depuis le lancement du mouvement en 1984, quand +j'ai commencé à écrire le système d'exploitation GNU, les gens pour la +plupart se moquaient de l'idée de logiciel libre. Parfois ils +disaient « Ah oui, c'est une bonne idée théoriquement mais +vous n'arriverez jamais à avoir un système d'exploitation entièrement +libre. C'est un rêve. »

+ +

+Mais dans les années 90, quand nous étions arrivés à avoir un système +entier, le système GNU avec Linux le noyau, il y avait beaucoup de +gens attirés par le logiciel libre, par les bienfaits techniques, par +les avantages comme puissance et fiabilité. Et parmi eux, il y en +avait beaucoup qui n'étaient pas conscients des issues, des questions +éthiques, politiques, sociales. Pour lesquels il ne s'agissait que de +rentabilité, d'efficacité, de fiabilité au lieu de liberté, d'égalité, +et de fraternité. C'est ça l'origine du mouvement « open source ». +Parmi ces gens qui ne désiraient pas parler des questions éthiques ou politiques, +qui désiraient au contraire éviter ces questions. Dans l'année 98, ils +ont lancé leur mouvement « open source » qui évite de manière studieuse +d'aborder ces questions. Ils ne parlent que des bienfaits pratiques +et je suppose que parmi les conférenciers avant moi, vous avez entendu +beaucoup de ces idées. Il incombe à moi d'ajouter ce qu'ils ne disent +pas.

+ +

+Je ne veux pas dire que ces gens ne font rien d'utile parce qu'ils ont +écrit beaucoup de logiciels libres qui maintenant font partie du +système GNU/Linux. Ils sont, pas tous mais beaucoup, sont des vrais +contributeurs de la communauté des logiciels libres. Mais l'omission +des questions politiques est très dangereuse pour notre avenir. Cette +omission est devenue plus fréquente parce que les gens ont trouvé deux +manières de cacher l'origine de la communauté de la vue des +utilisateurs pour la plupart. Deux confusions qui ont cet effet.

+ +

+La première confusion c'est entre GNU et Linux. Vous pouvez voir +beaucoup d'affiches disant Linux, voici Linux Expo, Linux Monde. +Beaucoup de monde a l'idée que le système entier c'est Linux. Et que +le développement du système entier a commencé en 91, a été commencé +par Linus Torvalds et avec pour but seulement de s'amuser, aucun but +plus profond que ça. Ce n'est pas vrai. Dans les détails ce n'est +pas vrai mais peut-être une erreur des détails ne fait pas beaucoup de +mal. Si on suppose que le développement a commencé en 91 au lieu de +84 ça ne fait rien. Cela amène les gens à supposer que le système +existe seulement pour s'amuser pas pour libérer les utilisateurs des +ordinateurs et ça c'est une erreur très profonde et très dangereuse +parce que ça facilite aux gens d'éviter les questions éthiques et +politiques. Il est très facile de parler toute la journée au sujet de +Linux sans aborder ces questions les plus importantes. Il y a un an, +j'ai fait une intervention à ce sujet, et puis quelqu'un dans +l'assistance est venu me dire « Ça fait cinq ans que je +travaille dans la communauté et voici la première fois que quelqu'un +m'a mentionné qu'il y a une question de liberté au fond ». +La connaissance de la question de liberté, égalité, fraternité est +presque perdue dans notre communauté. Il faut des efforts pour +éduquer les gens, pour diffuser la conscience de ces questions. Il +vous faut des efforts, moi je ne suffis pas.

+ +

+La deuxième confusion c'est l'idée de confondre le mouvement des +logiciels libres avec l'autre mouvement « open source ». +Les gens de « open source » ont le droit légitime de +promouvoir leurs opinions, bien sûr. +Mais ils ont attaché leur étiquette à notre travail et à nous, ce qui +n'est pas correct. Souvent il y a des articles dans la presse qui +m'identifient comme « père du mouvement open +source » et chaque jour je reçois des courriers où les gens +m'invitent à faire un travail avec eux au nom d'« open source ». +C'est vraiment ironique et triste. Que dire à quelqu'un qui me félicite +pour le grand succès d'« open source » croyant que je suis +adhérent de ce mouvement ? Peut-être se tromper du nom ce n'est pas grand chose mais +avec l'autre nom il y a d'autres idées aussi et voilà le problème +parce que les gens qui pensent que je suis adhérent de l'autre +mouvement supposent que je suis d'accord avec leurs idées, ce que je +ne suis pas. Et les idées qui nous ont livré ce système libre peuvent +facilement être oubliées et perdues si nous ne faisons pas des efforts +pour les garder dans la conscience du public. Mais si les gens +écrivent du logiciel libre, est ce qu'il signifie grand chose qu'ils +ne disent pas liberté, qu'ils ne disent pas logiciel libre ? Peut-être +oui, peut-être non. Ça dépend des circonstances. Parce que quand il +n'y a pas d'obstacle, quand il ne s'agit que de faire l'effort +d'écrire un programme, peut-être les motivations n'importent pas. Il +y en a assez de gens motivés par les idées de « open source » +à écrire des programmes libres. Bien, si nous arrivons à avoir assez de programmes +comme ça, il n'y a pas de problème. Mais parfois il y a des +obstacles, des obstacles très grands, des obstacles très difficiles à +surmonter, et même des interdictions légales à écrire des programmes +libres. Et quand il s'agit de se battre pendant des années contre des +obstacles imposés au public, il faut une motivation très forte. Le +désir de s'amuser ne suffit pas pour ça. Pour écrire un programme, +oui. Parce que pour les grands développeurs c'est vraiment très +amusant d'écrire un programme puissant et très utile. Mais pour se +battre contre l'opposition il faut quelque chose de plus fort. Il +faut la motivation de défendre nos libertés.

+ +

+C'est comme ça que les gens seulement éduqués dans le mouvement « open +source » sont prêts à accepter le manque de logiciels libres pour cette +tâche-ci ou cette tâche-là quand il y a un tel obstacle. Par exemple, +aujourd'hui il n'est pas rare que les fabricants de matériel ne +divulguent pas le mode d'emploi. C'est secret. La seule chose +qu'ils offrent c'est des pilotes binaires, sans code source, pas +libres. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Il ne s'agit pas que d'écrire un +programme parce que les détails de ce qu'il faut faire ne sont pas +disponibles à notre communauté. Que faire ? Il y a deux chemins. Le +chemin de reverse-engineering [ingénierie à rebours], ce qui est un +très grand travail que les fabricants cherchent à interdire. Il y a +aussi le chemin de pression du marché, inciter les gens à ne pas +acheter ce matériel mais ça aussi exige un effort, un effort qui ne se +fait pas beaucoup. Nous avons besoin des gens pour organiser cet +effort dans le marché, le boycottage de ces produits avec le mode +d'emploi secret. J'ai maintenant un laptop [ordinateur portable] où +j'utilise le système GNU/Linux libre mais dans la version nouvelle du +même produit, le système libre ne fonctionne pas. Techniquement, le +système de fenêtrage ne fonctionne pas dans une version libre. Il y a +une version binaire, pas libre, offerte par le fabricant. Ce n'est +pas acceptable parce qu'elle ne respecte pas nos libertés. Comment +organiser les gens au refus de ce produit ? Est ce qu'il y a quelqu'un +qui veut faire ce travail ? Parce que si oui, il faut m'envoyer un +courrier. Je veux bien lancer des efforts dans ce champ.

+ +

+Il y a des problèmes bien plus grands : les interdictions légales +contre le développement des programmes libres pour ce travail-ci ou ce +travail-là. L'Europe vient d'accepter une directive européenne +interdisant le développement indépendant des programmes pour accéder +aux données publiées d'une manière cryptée, comme les disques vidéo, +comme la musique Real Audio, comme les livres électroniques. À bas +les livres électroniques, j'espère qu'ils feront tous faillite. +[Applaudissements] Je n'ai rien contre l'idée de lire des livres sur +l'écran. Si ça vous convient, bien. Mais si un livre ne vous vous +offre pas le droit de le prêter au voisin, de le vendre en livre +d'occasion ou de l'acheter sans donner votre nom à une base de +données, si un livre ne vous offre pas le droit de le garder +[indéfiniment] et de le lire [un nombre de fois illimité], il faut le +refuser. C'est une loi très dangereuse qu'il faut chercher toujours +à annuler. C'est comme la loi américaine DMCA au nom de laquelle +Dimitri S. a été arrêté aux États-Unis. Il [y a eu une époque] où les +visiteurs américains en Russie étaient en danger d'être arrêter pour +des raisons idiotes. Maintenant c'est l'inverse.

+ +

+Mais [il y a] même pire : c'est le danger des brevets informatiques ; +parce que n'importe quel travail dans n'importe quel champ de +l'informatique peut être interdit par un brevet si il y a des brevets +informatiques. Mais cette question, avoir ou ne pas avoir des +brevets, c'est une question politique. Vivre en Europe maintenant, la +communauté des logiciels libres a fait des grands efforts pour +empêcher l'acceptation des brevets informatiques en Europe. Ici en +France il y a de l'opposition parmi les officiels mais il faut qu'ils +reçoivent beaucoup d'opposition de chez le public. Il faut dire à vos +députés que vous êtes contre les brevets informatiques. Et pourquoi +est-ce que les brevets informatiques sont si dangereux ? C'est parce +que n'importe quelle idée, n'importe quelle manière de manipulation +des données, n'importe quelle fonctionnalité peut être brevetée. Il ne +s'agit pas de breveter un programme ; cela ne serait pas si dangereux +de breveter un programme. Parce que comme ça si vous écrivez un autre +programme, pas de problème. Mais le problème existe parce que le +brevet s'applique à une idée et si vous écrivez un programme utilisant +cette idée, c'est interdit. Mais dans chaque programme il faut +utiliser beaucoup, beaucoup d'idées ; il faut utiliser les idées déjà +connues. Personne n'est assez intelligent pour réinventer de nouveau +l'informatique. Pour écrire un programme, un programme innovant, il +faut avoir de nouvelles idées à mélanger, à combiner avec les idées +déjà connues. Il faut faire un grand travail, écrire des lignes de +code, des détails, pour implémenter les idées en combinaison. Mais si +une de ces idées est brevetée par quelqu'un d'autre déjà, le programme +est interdit. C'est comme ça que les brevets informatiques gênent +même le progrès de l'informatique. Ce qui est amusant parce que le +but supposé du système de brevets c'est d'inciter le progrès, et dans +notre champ, l'informatique, le résultat est le contraire. Mais c'est +surtout néfaste pour le logiciel libre parce que pour une entreprise +qui développe un programme propriétaire, il y a peut-être la +possibilité de négocier les licences pour l'utilisation des idées +brevetées. Pour nous c'est très très difficile, nous ne pouvons pas +payer pour ces licences. Pour la plupart, pas toujours, il y a des +entreprises qui développent du logiciel libre comme vous avez vu ce +matin, la plupart des développeurs sont des individus qui le font pour +des buts non-lucratifs, qui ne peuvent donc pas payer pour être permis +de servir l'humanité. Prière donc de vous mettre en contact avec +votre député à ce sujet ; cherchez à APRIL et à EuroLinux (même si +cette organisation porte un nom incorrect, elle fait des travaux très +utiles dans ce champ) pour des avis au sujet de comment agir contre +les brevets informatiques.

+ +

+Bien ; à ce moment je crois que je dois demander des questions.

+ +
+
[Question inaudible]
+ +
Ma conception de servir l'humanité ? Il y a beaucoup de choses à +faire ; vous pouvez imaginer beaucoup de choses. Mais pour servir +l'humanité avec le logiciel, il faut que le logiciel soit libre, parce +que le logiciel libre fait partie de la connaissance humaine. Le +logiciel propriétaire est dépourvu à la connaissance humaine.
+ +
[Question inaudible]
+ +
Qui a entendu ?
+ +
[une voix : « Il parle de l'utilisation de logiciel +libre par le grand public. »]
+ +
Ah oui. Nous cherchons à rendre facile à utiliser le système GNU +parce que nous sommes tous d'accord de ce qu'il ne faut pas seulement +servir les wizards, les gourous, mais aussi tous les utilisateurs. +C'est pour ça que nous avons lancé il y a quatre ans et demi GNOME, +le desktop de GNU, pour offrir des interfaces graphiques faciles à +utiliser et j'espère que GNOME fasse beaucoup de progrès et rende +enfin le système utilisable pour tout le monde. Donc je suis +d'accord. Quelqu'un d'autre ?
+ +
Question émanant de l'auditoire : Depuis que j'utilise Linux, +chaque fois que je l'achète, quelque soit le distributeur, ils ne +vendent que les exécutables…
+ +
Est-ce qu'il y a écrit une offre du code source ? Parce que sinon +c'est une violation de la licence et il faut envoyer les détails à la +FSF pour que nous puissions poursuivre ceux qui n'offrent pas le code +source. […] Il faut informer le détenteur légal du droit de copie +de chaque programme ou quelques programmes parmi les plus importants si +c'est une distribution entière de GNU/Linux, il y a beaucoup de +programmes, pas besoin d'informer chaque développeur mais s'il y a +des programmes de la FSF, dont la FSF est le détenteur légal, prière +d'informer la FSF et nous pouvons, nous savons agir. Et prière de ne +pas appeler ces distributions, des distributions de Linux parce que ce +n'est pas exact. [Il nous est utile] pour agir dans ce champ et dans +tous les autres champs que les gens savent que c'est le système GNU +avec Linux comme noyau, si les gens n'oublient pas d'où vient ce +système.
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Question émanant de l'auditoire : Bonjour ; je sais qu'il y a +quelques temps vous avez rencontré des députés à l'assemblée nationale, je voudrais savoir +si vous comptez rencontrer des ministres pour que dans les +administrations, dans l'éducation nationale, il soit fait plus souvent +appel à des logiciels libres au lieu des produits d'une certaine +firme que tout le monde connaît qui fait en sorte que les utilisateurs +aient l'habitude de ces produits et une fois arrivés dans une +entreprise ils vont demander d'utiliser ces produits qu'ils +connaissent bien.
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Ma priorité maintenant concernant les administrations et les +gouvernements d'Europe c'est la question des brevets informatiques. +Parce que si les gouvernements veulent nous aider de manière +explicite, c'est bon, ça peut nous aider mais ce dont nous avons +vraiment besoin c'est de ne pas être interdit d'écrire des logiciels +libres. Si les gouvernements peuvent s'arrêter de nous interdire, +enfin nous pourrons arriver à servir leurs besoins assez bien pour +vaincre, pour gagner. Donc si les gouvernements veulent adopter des +politiques pour promouvoir les logiciels libres dans les départements +administratifs, je suis d'accord, c'est bon, mais ce que je demande +c'est de ne pas tolérer les brevets qui nous interdisent.
+ +
Question émanant de l'auditoire : Les deux derniers arguments que +j'ai entendu de […] Bill Gates étaient que le logiciel libre était +« unamerican » et que le logiciel libre ne +pouvait pas fonctionner puisqu'on ne peut pas créer d'activités +capitalistiques en publiant le code source. Qu'est ce que vous en +pensez ?
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Le premier, c'est que la GPL est anti-américain ; j'ai écrit un +article qui explique comment la GPL incarne l'esprit américain, mais +pas l'esprit actuel mais l'esprit de l'origine. Nous ne pouvions pas +accéder à la liberté dans le continent du cyberespace ou chaque +programme à son patron ; il a fallu construire un autre continent dans +le cyberespace. Quand à l'autre c'est un exemple d'ignorance des +faits pour préférer les théories. On peut voir que le logiciel libre +fonctionne. C'est comme dire « Je ne crois pas que les +satellites peuvent circuler… parce que le monde est +plat ».
+ +
Question émanant de l'auditoire : Tout à l'heure vous parliez de +l'erreur sur Linux-Expo et GNU/Linux-Expo, cette année, n'avez-vous pas +l'impression que ça s'appelle plutôt IBM-Linux-Expo ?
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Je n'ai pas d'impression puisque je n'ai pas vu ; je viens +d'arriver juste à temps pour faire cette conférence, je n'ai pas +beaucoup vu. Peut-être que c'est possible. Mais IBM est meilleure +que beaucoup d'autres entreprises qui se présentent dans une telle +exposition. Au moins IBM développe du logiciel libre. IBM développe +aussi du logiciel propriétaire, ce qui est immoral, mais au moins IBM +fait quelque chose de bon.
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Question émanant de l'auditoire : En France, en 2002, chez les +cinq plus gros constructeurs de PC dont IBM, il est impossible +d'acheter un ordinateur sans Windows ; est-ce que vous avez des +conseils pour nous aider à changer la situation en France ?
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Non, je n'ai pas d'idée. Je ne sais pas le faire ici. Mais je +dois dire que nous opposer aux brevets informatiques est beaucoup plus +urgent. Je n'aime pas donner de l'argent à Microsoft, mais leur +donner de l'argent est moins important que pouvoir écrire des +logiciels libres. La raison pour laquelle j'écris des logiciels +libres c'est parce que je veux vivre dans la liberté, en utilisant +seulement du logiciel libre. Si mon argent va à Microsoft, ça ce +n'est pas le vrai problème. Avoir du logiciel propriétaire c'est le +problème. Bien sûr, je voudrais ne pas gaspiller mon argent en le +donnant à Microsoft. Je ne veux pas augmenter leur influence +d'acheter les votes législatifs mais la question des brevets +informatiques est la question la plus importante.
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Question émanant de l'auditoire  : On parle souvent de Linux mais +on se trompe en parlant du système GNU et Linux n'est qu'un noyau. Le +Hurd est une alternative, quel est son avenir ? Est qu'il va arriver ? +On n'en entend pas parler du Hurd…
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Que'est ce que l'avenir du Hurd ? Je ne vois pas l'avenir ; c'est +dommage. Mais je puis expliquer le présent du Hurd. Il fonctionne +maintenant. Pas aussi fiable que Linux. Il y a un an, le Hurd se +plantait deux fois par jour. Maintenant il peut marcher plusieurs +jours sans se planter. Il y a tout un système construit au dessus. +Vous pouvez installer un système GNU/Hurd maintenant. Il y a une +version de Debian qui utilise le Hurd au lieu de Linux avec plusieurs +milliers de paquets disponibles. Il fonctionne.
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Question émanant de l'auditoire : Est-ce que tu as des nouvelles +de la GPL version 3 ?
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Oui. Je crois que nous avons trouvé une manière de résoudre le +problème ASP, d'exiger qu'un ASP qui a modifié le programme offre le +code source aux utilisateurs de leurs services et nous espérons sortir +une version de brouillon dans quelques mois.
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[Question inaudible relative à la position de la FSF vis à vis de +RT-Linux…]
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RT-Linux est une version de Linux, le noyau, modifié avec des +fonctionnalités de temps-réel par une entreprise qui a obtenu aux +États-Unis un brevet sur une idée utilisée dans cette version ; qui a +sorti cette version améliorée de Linux avec une licence de brevet qui +d'abord était en contradiction avec… [Coupure de +l'enregistrement]
+ +
Question émanant de l'auditoire…: Qu'est ce que tu penses du +changement de licence de Mono ?
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Il est allé trop loin. Permettre, en ce cas, pour des questions +de stratégie c'est une bonne idée de permettre des programmes +propriétaires qui peuvent facilement utiliser les librairies de classe +de Microsoft et maintenant d'utiliser les librairies de classe de Mono +pour faire une meilleure concurrence avec Microsoft parce que comme ça +les utilisateurs de logiciels propriétaires, ce n'est pas eux qui +gagnent, c'est nous qui gagnons. Mais je crois qu'il est allé trop +loin en utilisant la licence X11 parce que il aurait pu utiliser la +licence GPL plus une permission de combiner le code avec d'autres +choses propriétaires.
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Question émanant de l'auditoire : De plus en plus de drivers +utilisent des firmware qui sont téléchargés dans l'appareil et pour +celui qui écrit des drivers pour Linux c'est difficile de transformer +le firmware en GPL…
+ +
Oui c'est difficile. Mais qu'est ce qu'on peut faire…? Il faut +chercher des manières d'avoir du logiciel libre pour ces ordinateurs +dans les matériels. C'est la seule vraie solution. Il y a des choses +à faire plus facile mais qui ne résolvent pas vraiment le problème +parce que dès que l'ordinateur dans le matériel est capable de +téléchargement de programmes, on ne peut plus l'ignorer, c'est +vraiment un ordinateur, il faut du logiciel libre pour cet ordinateur. +Qu'est ce que nous pouvons faire ? Il faut exiger auprès du fabricant +de nous permettre de les utiliser avec du logiciel libre. Il faut +peut-être choisir un fabricant et boycotter celui-ci le premier même +si les autres font la même chose. Parce qu'on n'est pas obligé +d'attaquer tous les ennemis en même temps. On peut choisir l'ennemi +le plus faible. [Rires].
+ +
Question émanant de l'auditoire : Que pensez-vous de la politique +open source de Apple actuellement ? Est-ce que vous soutenez les +ajouts de logiciels GNU dans Mac OS X ?
+ +
Je ne suis pas contre l'utilisation de GCC mais je critique assez +fort les autres choses qu'Apple fait. Apple cherche à être accepté +comme contributeur de la communauté, mais qu'est-ce qu'Apple fait +vraiment ? Apple a sorti des programmes sous une licence acceptée +comme open source mais qui n'est pas une licence libre. Ce logiciel +n'est pas libre. Il y a des restrictions que les gens d'open source +acceptent, mais nous, non. De plus, quelle portion du système Apple a +sorti comme ça ? Pas les portions intéressantes, par les portions plus +puissantes que les autres systèmes, non, les portions qui font les +travaux semblables à ce que notre logiciel fait déjà. Quelle +contribution… Les portions graphiques, les portions qui sont +excellentes sont toujours complètement propriétaires.
+ +
Question émanant de l'auditoire : Dans la question des logiciels +libres, ce qui est intéressant c'est le côté éthique et c'est quelque +chose qui s'applique en fait à tout type de création et de diffusion +de savoir donc en fait des milliers d'applications autre que le +logiciel et j'ai comme l'impression que cette éthique du libre a un +peu du mal à sortir du monde du logiciel et je voudrais savoir aussi +si il n'y a pas moyen de faire des mouvements beaucoup plus larges sur +le côté liberté au niveau de la création et de la diffusion du +savoir.
+ +
Ils ont déjà commencé. L'idée du logiciel libre, cette idée de +liberté, s'applique également aux autres œuvres destinées à une +utilisation fonctionnelle, y compris les manuels d'utilisation, les +livre d'école, les livres d'enseignement, les dictionnaires, les +encyclopédies, les recettes de cuisine. Et dans ces champs, il y a des +projets libres, il y a un projet d'encyclopédie libre, maintenant +surtout en anglais mais dans la licence il y a le droit de traduire +aussi. Il y a plusieurs dictionnaires libres y compris un +dictionnaire de Wallon. Je crois qu'il y a aussi un dictionnaire +espagnol libre ou peut-être c'était un dictionnaire anglais-espagnol +je ne m'en souviens plus, il y a un projet de dictionnaire de langue +indienne qui est libre, il y a un commencement de projet de livre +d'enseignement libre, nous développons des manuels d'utilisation de +GNU/Linux libres. Donc pour les œuvres fonctionnelles les mêmes +idées s'appliquent. Pour les autres œuvres… Il y a des œuvres dont +le but est d'indiquer la pensée de quelqu'un ; pour ces œuvres la +modification par les autres me paraît illégitime (seulement la +diffusion exacte) ; et peut-être selon les circonstances, selon le type +d'œuvre, peut-être le droit de le faire pour un but non commercial +suffit. Parce que pour n'importe qu'elle œuvre, n'importe quelle +information publiée, il faut toujours le droit de le donner aux amis, +de donner des copies aux amis ; interdire ce partage entre les amis +est vraiment immoral pour n'importe quel œuvre. Mais hors de cela, il +dépend de l'utilisation de l'œuvre. Et pour les œuvres artistiques, +la question du droit de modifier est une question très difficile parce +que je vois des raisons de chaque côté. Mais, il n'y a pas longtemps, +quelqu'un m'a informé d'une version modifiée de « Star Wars +the phantom menace » qui s'appelle « Star Wars +the phantom edit ». Quelqu'un a obtenu une copie, a fait +des changements pour ôter des scènes qui n'étaient pas très +intéressantes et a produit un film que beaucoup trouvent meilleur que +l'original. + +

+Autre question ? Ah non, c'est dommage mais je dois retrouver mon +visa pour le Brésil. Je vais au Brésil demain.

+ +

(Nombreux applaudissements)

+ +

OK, d'accord. Il paraît que vous exigez quelque chose de plus. +(Rires). Voici donc la chanson du logiciel libre. Mais je ne me +souviens plus des mots français. C'est dommage, je dois le chanter en +anglais.

+ +

Hum…

+ +
+

Join us now and share the software;
+You'll be free, hackers, you'll be free.

+ +

Join us now and share the software;
+You'll be free, hackers, you'll be free.

+ +

Hoarders may get piles of money,
+That is true, hackers, that is true.
+But they cannot help their neighbors;
+That's not good, hackers, that's not good.

+ +

When we have enough free software
+At our call, hackers, at our call,
+We'll throw out those dirty licenses
+Ever more, hackers, ever more.

+ +

Join us now and share the software;
+You'll be free, hackers, you'll be free.

+ +

Join us now and share the software;
+You'll be free, hackers, you'll be free.

+
+ +

(Nombreux applaudissements)

+ +

Happy Hacking !

+ +

Qui veut lancer le développement d'un dictionnaire français-anglais +anglais-français libre ?

+ +

[Fin de l'enregistrement]

+ + + + + + + -- cgit v1.2.3