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Il existe une autre façon de donner à un tiers du pouvoir sur votre +informatique : le « service se substituant au logiciel », ou <abbr +title="Service as a Software Substitute">SaaSS</abbr>.</strong></p> + +<p>Le point essentiel est que vous pouvez avoir le contrôle d'un programme +écrit par quelqu'un d'autre (s'il est libre), mais que vous ne pouvez pas +avoir le contrôle d'un service administré par quelqu'un d'autre. Donc +n'utilisez jamais un service lorsqu'en principe un programme ferait +l'affaire.</p> + + +<p>Le SaaSS consiste à utiliser un service mis en place par quelqu'un d'autre +plutôt que votre exemplaire d'un programme. Cette expression est de nous ; +les articles et les publicités ne l'emploieront pas et ne vous diront pas +non plus si un service donné est un SaaSS. À la place, ils détourneront +probablement votre attention avec le terme imprécis de « nuage » +<cite>[cloud]</cite>, qui mélange le SaaSS avec diverses autres pratiques, +certaines abusives et d'autres acceptables. Les explications et les exemples +de cette page vous permettront de déterminer si un service particulier est +un SaaSS, ou non.</p> + +<h3>Contexte : comment le logiciel privateur vous enlève votre liberté</h3> + +<p>La technologie numérique peut vous donner la liberté ; elle peut aussi vous +la prendre. Le contrôle que nous avons de notre informatique a d'abord été +menacé par le <em>logiciel privateur</em> : logiciel sur lequel les +utilisateurs n'a pas la main parce qu'il est contrôlé par son propriétaire, +une société comme Apple ou Microsoft. Le propriétaire profite souvent de ce +pouvoir injuste pour y insérer des fonctionnalités malveillantes comme les +espions logiciels <cite>[spyware]</cite>, les portes dérobées +<cite>[backdoors]</cite> et les dispositifs de « gestion numérique des +restrictions » (ou <a href="http://DefectiveByDesign.org"><abbr +title="Digital Restrictions Management">DRM</abbr></a>), qu'ils nomment +« gestion numérique des droits »<a id="TransNote2-rev" +href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> dans leur propagande.</p> + +<p>Notre solution à ce problème est de développer du <em>logiciel libre</em> et +de rejeter le logiciel privateur. « Logiciel libre » signifie que vous, en +tant qu'utilisateur, avez quatre libertés essentielles : (0) exécuter le +programme comme vous le souhaitez, (1) étudier et changer le code source +comme vous le souhaitez, (2) redistribuer des copies exactes, et +(3) redistribuer des copies de vos versions modifiées (voir la <a +href="/philosophy/free-sw.html">définition du logiciel libre</a>).</p> + +<p>Avec le logiciel libre, nous, les utilisateurs, récupérons le contrôle de +notre informatique. Les logiciels privateurs continueront à exister, mais +nous pouvons les exclure de nos vies et beaucoup d'entre nous l'ont déjà +fait. Cependant, on nous propose actuellement un autre moyen séduisant +d'abandonner le contrôle de notre informatique : le service se substituant +au logiciel (SaaSS). Par souci de notre liberté, nous devons le rejeter +également.</p> + +<h3>Comment le SaaSS vous enlève votre liberté</h3> + +<p>« Service se substituant au logiciel » signifie que vous utilisez un service +au lieu de faire fonctionner votre exemplaire d'un programme. Cela veut dire +concrètement que quelqu'un met en place un serveur réseau faisant certaines +tâches informatiques – calcul sur tableur, traitement de texte, traduction +de texte en une autre langue, etc. – et invite ensuite les utilisateurs à +effectuer leurs tâches sur ce serveur. L'utilisateur envoie ses données au +serveur ; ce dernier les traite puis lui renvoie les résultats ou les +utilise directement à sa place.</p> + +<p>Ce traitement informatique est <em>le sien</em>, car, par hypothèse, il +aurait pu en principe l'effectuer en exécutant un programme sur son propre +ordinateur (qu'il dispose ou non de ce programme à ce moment-là). Dans les +cas où cette condition n'est pas réalisée, il ne s'agit pas de SaaSS.</p> + +<p>Ces serveurs arrachent le contrôle des mains des utilisateurs encore plus +inexorablement que le logiciel privateur. Avec le logiciel privateur, les +utilisateurs ont généralement un fichier exécutable mais pas le code +source. Cela rend difficile d'étudier le code qui est exécuté, donc c'est +difficile de déterminer ce que fait vraiment le programme, et difficile de +le modifier.</p> + +<p>Avec le SaaSS, les utilisateurs n'ont pas même le fichier exécutable qui +fait leur traitement informatique : celui-ci est sur le serveur de quelqu'un +d'autre, où les utilisateurs ne peuvent le voir ni le toucher. C'est donc +impossible pour eux de vérifier ce qu'il fait vraiment et impossible de le +modifier.</p> + +<p>De plus, le SaaSS entraîne automatiquement des conséquences équivalentes aux +fonctionnalités malveillantes de certains logiciels privateurs.</p> + +<p> Par exemple, certains programmes privateurs sont des « logiciels espions » : +le programme <a href="/philosophy/proprietary-surveillance.html">diffuse des +données concernant les activités informatiques des +utilisateurs</a>. Microsoft Windows envoie à Microsoft des informations +concernant les activités des utilisateurs. Windows Media Player et +RealPlayer signalent ce que chaque utilisateur visionne ou écoute. Le Kindle +signale à Amazon chaque page de chaque livre que consulte l'utilisateur et à +quel moment il le fait. Angry Birds envoie à son éditeur l'historique de +géolocalisation de l'utilisateur.</p> + +<p>Contrairement aux logiciels privateurs, le SaaSS n'a pas besoin de code +caché pour obtenir les données de l'utilisateur. Comme ce dernier est obligé +d'envoyer ses données au serveur pour pouvoir l'utiliser, l'effet est le +même qu'avec un logiciel espion : l'opérateur du serveur obtient les +données. Il les obtient sans aucun effort, de par la nature du SaaSS. Amy +Webb, qui s'était promise de ne jamais mettre en ligne aucune photo de sa +fille, a fait l'erreur d'utiliser un SaaSS (Instagram) pour retoucher des +photos d'elle. Le résultat, c'est qu'<a +href="http://www.slate.com/articles/technology/data_mine_1/2013/09/privacy_facebook_kids_don_t_post_photos_of_your_kids_on_social_media.html">elles +ont fuité</a>. +</p> + +<p>Théoriquement, le chiffrement homomorphe pourrait un jour se perfectionner +au point de permettre la construction de futurs services de SaaSS qui soient +incapables de comprendre les données envoyées par les utilisateurs. De tels +services <em>pourraient</em> être configurés pour ne pas espionner les +utilisateurs ; cela ne veut pas dire qu'ils ne les espionneront pas.</p> + +<p>Certains systèmes d'exploitation privateurs ont une porte dérobée +universelle qui permet d'installer à distance des modifications +logicielles. Par exemple, Microsoft a une porte dérobée universelle par +laquelle il peut modifier de force n'importe quel logiciel présent sur la +machine. Presque tous les téléphones portables en ont aussi. De même +certaines applications privatrices ; par exemple le client Steam pour +GNU/Linux permet au développeur d'installer à distance des versions +modifiées.</p> + +<p>Avec le SaaSS, l'opérateur peut modifier les logiciels utilisés sur le +serveur. C'est sa prérogative, car c'est son ordinateur ; mais le résultat +est le même que d'utiliser un programme applicatif privateur muni d'une +porte dérobée universelle : quelqu'un a le pouvoir d'imposer de manière +silencieuse des changements dans la manière d'effectuer les tâches +informatiques de l'utilisateur.</p> + +<p>Ainsi, le SaaSS revient-il à faire usage d'un logiciel privateur muni d'une +fonctionnalité espionne et d'une porte dérobée universelle. Il donne à +l'opérateur du serveur un pouvoir injuste sur l'utilisateur, pouvoir auquel +nous devons résister.</p> + +<h3>SaaSS et SaaS</h3> + +<p>À l'origine, nous appelions cette pratique problématique « <abbr +title="Software as a Service">SaaS</abbr> », ce qui veut dire « logiciel en +tant que service ». C'est une expression d'usage courant qui désigne le fait +d'installer un logiciel sur un serveur plutôt que d'en proposer des +exemplaires aux utilisateurs, et nous pensions que cela décrivait +précisément les cas qui présentent ce problème.</p> + +<p>Par la suite, nous nous sommes rendu compte que le terme SaaS est +quelquefois utilisé pour des services de communication, services auxquels ce +problème ne s'applique pas. De plus, l'expression « logiciel en tant que +service » n'explique pas <em>pourquoi</em> cette pratique est +mauvaise. C'est pourquoi nous avons inventé l'expression « service se +substituant au logiciel », qui définit plus clairement cette mauvaise +pratique et dit en quoi elle est mauvaise.</p> + +<h3>Démêler le problème du SaaSS du problème du logiciel privateur</h3> + +<p>Le SaaSS et le logiciel privateur conduisent à des résultats nocifs +similaires, mais les mécanismes sont différents : avec le logiciel +privateur, vous possédez et utilisez un exemplaire du programme qu'il est +difficile ou illégal de modifier ; avec le SaaSS, vous ne possédez pas +l'exemplaire qui fait votre traitement informatique.</p> + +<p>On confond souvent ces deux problèmes, et pas seulement par accident. Les +développeurs web utilisent le terme ambigu d'« application web » pour réunir +en un tout le logiciel côté serveur et les programmes s'exécutant sur votre +machine dans votre navigateur. Certaines pages web y installent des +programmes JavaScript d'une certaine importance, ou même de taille +imposante, sans vous en informer. <a +href="/philosophy/javascript-trap.html">Quand ces programmes Javascript ne +sont pas libres</a>, ils causent le même genre d'injustice que n'importe +quel autre logiciel non libre. Ici, cependant, nous nous occupons du +problème posé par l'utilisation du service lui-même.</p> + +<p>De nombreux défenseurs du logiciel libre supposent que le problème du SaaSS +se résoudra en développant des logiciels serveurs libres. Dans l'intérêt de +l'opérateur, il vaudrait mieux effectivement que les programmes tournant sur +le serveur soient libres ; s'ils sont privateurs, leurs développeurs ou +leurs propriétaires ont pouvoir sur le serveur. C'est déloyal pour +l'opérateur du serveur et n'est d'aucune aide pour l'utilisateur final. Mais +si les programmes sont libres sur le serveur, cela ne protège pas <em>les +utilisateurs finaux</em> contre les effets du SaaSS. Ces programmes libèrent +l'opérateur du serveur, mais pas ses utilisateurs.</p> + +<p>Publier le code source du logiciel serveur profite à la communauté, car les +utilisateurs ayant les compétences nécessaires peuvent mettre en place des +serveurs similaires, peut-être en modifiant le logiciel. Pour les programmes +souvent utilisés sur les serveurs, <a +href="/licenses/license-recommendations.html">nous recommandons la licence +publique générale GNU Affero</a>.</p> + +<p>Mais aucun de ces serveurs ne vous donnerait le contrôle des tâches que vous +effectuez dessus, à moins que ce ne soit <em>votre</em> serveur +(c'est-à-dire une machine dont vous contrôlez tous les logiciels, qu'elle +vous appartienne ou non). Il est peut-être acceptable de faire confiance au +serveur d'un de vos amis pour certaines tâches, de même que vous lui confiez +l'entretien des logiciels de votre ordinateur. Dans tous les autres cas, ces +serveurs feraient du SaaSS en ce qui vous concerne. Cette pratique vous +soumet toujours au pouvoir de l'opérateur du serveur, et le seul remède est +de <em>ne pas utiliser le SaaSS !</em> Ne pas utiliser le serveur de +quelqu'un d'autre pour effectuer vos propres traitements informatiques sur +des données que vous fournissez.</p> + +<p>Ce problème nous fait toucher du doigt la différence profonde qui existe +entre « open source » et « libre ». Un code source qui est open source <a +href="/philosophy/free-open-overlap.html">est presque toujours +libre</a>. Cependant, la notion de <a +href="https://opendefinition.org/ossd/">service à logiciel ouvert +<cite>[open software]</cite></a>, autrement dit service dont le logiciel +serveur est open source, ne traite pas le problème du SaaSS.</p> + +<p>Les services sont fondamentalement différents des programmes, les questions +éthiques qu'ils soulèvent sont donc fondamentalement différentes de celles +que soulèvent les programmes. Pour éviter la confusion, nous <a +href="/philosophy/network-services-arent-free-or-nonfree.html">évitons de +décrire un service comme « libre » ou « privateur »</a>.</p> + +<h3>Faire la distinction entre le SaaSS et les autres services en ligne</h3> + +<p>Quels sont les services en ligne à classer parmi les SaaSS ? Exemple le plus +évident : un service de traduction qui traduit un texte, disons, de +l'anglais vers l'espagnol. La tâche informatique qui consiste à traduire un +texte pour votre usage vous appartient complètement. Vous pourriez +l'effectuer en faisant tourner un programme sur votre propre ordinateur si +vous disposiez du programme adéquat (pour être conforme à l'éthique, ce +dernier devrait être libre). Le service de traduction s'y substitue, de +sorte que c'est un SaaSS. Comme il vous refuse le contrôle de votre +informatique, il vous fait du tort.</p> + +<p>Autre exemple évident : l'utilisation d'un service comme Flickr ou Instagram +pour retoucher une photo. La retouche photographique est une activité que +les gens font sur leurs ordinateurs depuis des décennies ; l'effectuer sur +un serveur dont vous n'avez pas le contrôle plutôt que sur votre propre +ordinateur est du SaaSS.</p> + +<p>Rejeter le SaaSS ne signifie pas refuser d'utiliser tout serveur réseau géré +par quelqu'un d'autre que vous. La plupart des serveurs ne sont pas des +SaaSS parce qu'ils effectuent des tâches de communication, plutôt que le +travail personnel de l'utilisateur.</p> + +<p>Le concept originel de serveur web n'impliquait pas d'exécuter des +programmes pour vous, mais de publier de l'information pour que vous y +accédiez. Même aujourd'hui c'est ce que font la majorité des sites web et +cela ne pose pas le problème du SaaSS, parce qu'accéder aux informations +publiées par quelqu'un n'a rien à voir avec votre propre +informatique. Publier vos propres travaux sur un site de blog ou utiliser un +service de microblogging comme Twitter ou StatusNet, non plus (ces services +peuvent poser d'autres problèmes, ou non, selon leurs caractéristiques). Il +en va de même pour les autres modes de communication qui ne sont pas +destinés à être privés, comme les groupes de discussion.</p> + +<p>Par essence, les réseaux sociaux sont des formes de communication et de +publication, pas des SaaSS. Cependant, un service dont la fonction +essentielle est le réseautage social peut avoir d'autres fonctionnalités ou +d'autres extensions qui sont des SaaSS.</p> + +<p>Si un service n'est pas un SaaSS, cela ne signifie pas qu'il est +acceptable. D'autres questions éthiques peuvent le concerner. Par exemple, +le site Facebook distribue des vidéos en Flash, ce qui pousse les +utilisateurs à exécuter un logiciel non libre ; il oblige les utilisateurs à +exécuter du code JavaScript non libre ; il leur donne l'illusion que leur +vie privée est respectée tout en les persuadant de la lui dévoiler. Ce sont +des problèmes importants, mais qui sont différents de celui que pose le +SaaSS. +</p> + +<p>Des services comme les moteurs de recherche rassemblent des données +provenant de tout le web et vous laissent les examiner. Regarder dans leur +collection de données n'est pas votre propre informatique au sens habituel +– ce n'est pas vous qui proposez cette collection – donc utiliser un tel +service pour rechercher de l'information sur le web n'est pas du SaaSS +(cependant, utiliser le serveur de quelqu'un d'autre pour implémenter une +fonction de recherche sur votre propre site <em>est</em> du SaaSS).</p> + +<p>L'achat en ligne n'est pas du SaaSS, car cette tâche informatique ne vous +appartient pas <em>en propre</em> ; elle est au contraire effectuée +conjointement par vous et par la boutique, à l'intention de chacun de +vous. Le vrai problème du commerce en ligne est la confiance que vous +accordez à l'autre partie en ce qui concerne votre argent et vos +informations personnelles (à commencer par votre nom).</p> + +<p>Des dépôts comme Savannah et SourceForge ne sont pas intrinsèquement des +SaaSS, parce que le rôle d'un dépôt est de publier les données qu'on lui +fournit.</p> + +<p>Utiliser les serveurs d'un projet commun n'est pas du SaaSS, car la tâche +informatique que vous effectuez de cette manière ne vous appartient pas en +propre. Par exemple, si vous éditez des pages de Wikipédia, vous ne faites +pas votre propre informatique, vous collaborez à celle de Wikipédia +(Wikipédia contrôle ses propres serveurs, mais les organisations, tout comme +les particuliers, sont confrontées aux problèmes du SaaSS si elles font leur +traitement informatique sur le serveur de quelqu'un d'autre).</p> + +<p>Certains sites offrent plusieurs services, et si l'un d'entre eux n'est pas +un SaaSS, ce peut être différent pour un autre. Par exemple, Facebook a pour +principale fonction d'être un réseau social, et ce n'est pas du SaaSS ; +toutefois, il gère des applications tierces, dont certaines sont des +SaaSS. Le principal service de Flickr est de distribuer des photos, ce qui +n'est pas du SaaSS, mais il a aussi des fonctionnalités d'édition de photos, +ce qui est du SaaSS. De même, utiliser Instagram pour mettre une photo en +ligne n'est pas du SaaSS, mais l'utiliser pour transformer cette photo en +est.</p> + +<p>L'exemple de Google Docs montre à quel point l'évaluation d'un unique +service peut devenir complexe. Celui-ci invite les gens à éditer des +documents en exécutant un gros <a +href="/philosophy/javascript-trap.html">programme JavaScript non libre</a>, +ce qui est sans conteste mauvais. Toutefois, il propose une <abbr +title="Application Programming Interface">API</abbr> pour téléverser et +télécharger des documents aux formats standards. Un éditeur de logiciel +libre peut le faire par le moyen de cette API. Cet usage n'est pas du SaaSS, +parce qu'il utilise Google Docs comme un simple dépôt. Montrer toutes vos +données à une entreprise est mauvais, mais il s'agit de vie privée, pas de +SaaSS ; dépendre d'un service pour accéder à vos données est mauvais, mais +il s'agit de risque, pas de SaaSS. En revanche, utiliser ce service pour +convertir des formats de documents <em>est</em> du SaaSS, parce que vous +auriez pu le faire en exécutant un programme adéquat (libre, espérons-le) +sur votre propre ordinateur.</p> + +<p>Il est rare, bien sûr, d'utiliser Google Docs avec un éditeur libre. La +plupart du temps, les gens l'utilisent avec le programme JavaScript non +libre cité plus haut, qui est mauvais comme n'importe quel autre programme +non libre. Ce scénario pourrait aussi comporter du SaaSS ; tout dépend des +parties de l'édition qui sont effectuées respectivement par le programme +JavaScript non libre et par le serveur. Nous n'en savons rien, mais puisque +le programme JavaScript et le SaaSS sont similaires dans leur nocivité pour +l'utilisateur, cette information n'est pas essentielle.</p> + +<p>Publier par l'intermédiaire du dépôt de quelqu'un d'autre ne pose pas +question pour la vie privée, mais publier par l'intermédiaire de Google Docs +soulève un problème particulier : il est impossible, ne serait-ce que de +<em>voir le texte</em> d'un document Google Docs dans un navigateur sans +exécuter le code JavaScript non libre. Donc vous ne devez pas utiliser +Google Docs pour publier quoi que ce soit – mais ce n'est pas parce que +c'est un SaaSS.</p> + +<p>L'industrie informatique dissuade les utilisateurs de faire ces +distinctions. Voilà d'où vient la mode de l'« informatique en nuage » +<cite>[cloud computing]</cite>. Cette expression est si nébuleuse qu'elle +peut désigner quasiment toutes les utilisations d'Internet. Cela comprend le +SaaSS aussi bien que beaucoup d'autres usages du réseau. Dans un contexte +déterminé, un auteur qui écrit « nuage » (s'il a un bagage technique) a +probablement une signification particulière à l'esprit, mais d'habitude il +n'explique pas que dans d'autres articles ce terme a d'autres significations +particulières. Ce terme conduit les gens à faire des généralisations à +propos de pratiques qu'ils devraient examiner individuellement.</p> + +<p>Dans la mesure où « informatique en nuage » veut dire quelque chose, il ne +s'agit pas d'une manière de faire de l'informatique mais plutôt d'une +manière de penser à l'informatique : une approche je-m'en-foutiste qui dit : +« Ne posez pas de questions. Ne vous souciez pas de savoir qui contrôle +votre informatique ou détient vos données. Ne vérifiez pas la présence d'un +hameçon caché dans notre service avant de l'avaler. Faites confiance aux +entreprises sans hésiter. » Dit autrement : « Pensez comme un pigeon. » +Avoir un nuage dans l'esprit fait obstacle à la clarté de la pensée. Pour +réfléchir clairement à l'informatique, évitons le terme « nuage ».</p> + +<h3 id="renting">Différence entre serveur de location et SaaSS</h3> + +<p>Si vous louez un serveur (réel ou virtuel) dont vous contrôlez tous les +logiciels, ce n'est pas du SaaSS. Dans le SaaSS, une autre personne décide +des logiciels qui tournent sur le serveur et donc contrôle les traitements +informatiques qu'ils font pour vous. Si vous installez les logiciels, vous +contrôlez ce qu'ils font pour vous. Ainsi, le serveur de location est-il +virtuellement votre ordinateur. Pour ce qui nous occupe ici, vous pouvez le +considérer comme le vôtre.</p> + +<p>Les <em>données</em> sont moins en sécurité sur le serveur de location +distant que si ce serveur était chez vous, mais c'est un problème différent +de celui que pose le SaaSS.</p> + +<p>Ce type de location de serveur est quelquefois appelé « <abbr +title="Infrastructure as a Service">IaaS</abbr> », mais ce terme correspond +à une structure conceptuelle qui minimise les problèmes que nous considérons +importants.</p> + +<h3>Traiter le problème du SaaSS</h3> + +<p>Seule une petite partie de tous les sites web font du SaaSS ; la plupart ne +posent pas ce problème. Mais que sommes-nous censés faire à propos de ceux +qui le posent ?</p> + +<p>Pour le cas simple où vous travaillez sur des données que vous possédez +personnellement, la solution est évidente : utilisez votre propre copie +d'une application logicielle libre. Écrivez vos textes avec votre copie d'un +éditeur de texte libre comme GNU Emacs ou d'un logiciel de traitement de +texte libre. Retouchez vos photos avec votre copie d'un logiciel libre comme +GIMP. Et si aucun programme libre n'est disponible ? Un programme privateur +ou un SaaSS vous priverait de votre liberté, aussi ne faut-il pas +l'utiliser. Vous pouvez contribuer en temps ou en argent au développement +d'un logiciel libre qui le remplace.</p> + +<p>Qu'en est-il de la collaboration avec d'autres personnes au sein d'un +groupe ? Cela risque d'être difficile à l'heure actuelle sans utiliser un +serveur et votre groupe peut ne pas savoir comment mettre en œuvre son +propre serveur. Si vous utilisez le serveur de quelqu'un d'autre, au moins +ne faites pas confiance à un serveur mis en œuvre par une société. Un simple +contrat en tant que client n'est pas une protection à moins que vous ne +puissiez détecter une infraction et effectivement poursuivre devant les +tribunaux ; la société a probablement rédigé son contrat de manière à +permettre un large éventail d'abus. L'État peut l'assigner pour obtenir vos +données en même temps que celles de tous les autres (c'est ce qu'a fait +Obama avec les opérateurs téléphoniques), à supposer que cette société ne +les donne pas volontairement comme l'ont fait les opérateurs téléphoniques +américains qui ont illégalement mis leurs clients sur écoute pour Bush. Si +vous devez utiliser un serveur, utilisez-en un dont les opérateurs vous +donnent une bonne raison de leur faire confiance, au-delà de la simple +relation commerciale.</p> + +<p>Cependant, à plus longue échéance, nous pouvons créer des alternatives à +l'utilisation de serveurs. Par exemple, nous pouvons créer un programme +pair-à-pair de travail collaboratif qui chiffrera les données partagées. La +communauté du libre doit développer des logiciels fonctionnant sur un modèle +pair-à-pair distribué pour remplacer les « applications web » +importantes. Il pourrait être judicieux de les publier sous la <a +href="/licenses/why-affero-gpl.html">licence publique générale GNU +Affero</a>, car elles sont candidates à être transformées en programmes +serveurs par quelqu'un d'autre. Le <a href="/">projet GNU</a> recherche des +bénévoles pour travailler sur ces programmes de remplacement. Nous invitons +également les autres projets libres à prendre en compte cette question dans +la conception de leurs logiciels.</p> + +<p>En attendant, si une société vous invite à utiliser ses serveurs pour +exécuter vos propres tâches informatiques, ne cédez pas ; n'utilisez pas le +SaaSS. N'achetez pas et n'installez pas de « clients légers », qui sont +simplement des ordinateurs si peu puissants qu'ils vous font faire le vrai +travail sur un serveur, à moins que ce ne soit pour les utiliser avec +<em>votre</em> serveur. Utilisez un véritable ordinateur et gardez vos +données dessus. Faites votre propre travail informatique avec votre propre +copie d'un logiciel libre, par souci de votre liberté.</p> + +<h3>Voir également…</h3> +<p><a href="/philosophy/bug-nobody-allowed-to-understand.html">Le bogue que +personne n'est autorisé à comprendre</a>.</p> + +<div class="translators-notes"> + +<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.--> +<hr /><b>Notes de traduction</b><ol> +<li id="TransNote1">Autre traduction de <em>proprietary</em> : +propriétaire. <a href="#TransNote1-rev" class="nounderline">↑</a></li> +<li id="TransNote2"><cite>Digital Rights Management</cite>. <a +href="#TransNote2-rev" class="nounderline">↑</a></li> +<li id="TransNote3">Le verbe <em>to kindle</em> signifie « allumer un feu » +et <em>kindle</em> veut dire « bois d'allumage ». <a href="#TransNote3-rev" +class="nounderline">↑</a></li> +</ol></div> +</div> + +<!-- for id="content", starts in the include above --> +<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" --> +<div id="footer"> +<div class="unprintable"> + +<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <a +href="mailto:gnu@gnu.org"><gnu@gnu.org></a>. Il existe aussi <a +href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens +orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à <a +href="mailto:webmasters@gnu.org"><webmasters@gnu.org></a>.</p> + +<p> +<!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph, + replace it with the translation of these two: + + We work hard and do our best to provide accurate, good quality + translations. However, we are not exempt from imperfection. + Please send your comments and general suggestions in this regard + to <a href="mailto:web-translators@gnu.org"> + + <web-translators@gnu.org></a>.</p> + + <p>For information on coordinating and submitting translations of + our web pages, see <a + href="/server/standards/README.translations.html">Translations + README</a>. --> +Nous faisons le maximum pour proposer des traductions fidèles et de bonne +qualité, mais nous ne sommes pas parfaits. Merci d'adresser vos commentaires +sur cette page, ainsi que vos suggestions d'ordre général sur les +traductions, à <a href="mailto:web-translators@gnu.org"> +<web-translators@gnu.org></a>.</p> +<p>Pour tout renseignement sur la coordination et la soumission des +traductions de nos pages web, reportez-vous au <a +href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>.</p> +</div> + +<!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to + files generated as part of manuals) on the GNU web server should + be under CC BY-ND 4.0. Please do NOT change or remove this + without talking with the webmasters or licensing team first. + Please make sure the copyright date is consistent with the + document. 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