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+++ b/talermerchantdemos/blog/articles/fr/who-does-that-server-really-serve.html
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+
+<!--#include virtual="/server/header.fr.html" -->
+<!-- Parent-Version: 1.86 -->
+
+<!-- This file is automatically generated by GNUnited Nations! -->
+<title>Qui ce serveur sert-il réellement ? - Projet GNU - Free Software Foundation</title>
+
+<!--#include virtual="/philosophy/po/who-does-that-server-really-serve.translist" -->
+<!--#include virtual="/server/banner.fr.html" -->
+<h2>Qui ce serveur sert-il réellement ?</h2>
+
+<p>par <strong>Richard Stallman</strong></p>
+
+<blockquote><p>(La première version de cet article a été publiée dans la <a
+href="http://www.bostonreview.net/richard-stallman-free-software-DRM"><cite>Boston
+Review</cite></a>.)</p></blockquote>
+
+<p><strong>Sur Internet, utiliser un logiciel privateur<a id="TransNote1-rev"
+href="#TransNote1"><sup>1</sup></a> n'est pas le seul moyen de perdre votre
+liberté. Il existe une autre façon de donner à un tiers du pouvoir sur votre
+informatique : le « service se substituant au logiciel », ou <abbr
+title="Service as a Software Substitute">SaaSS</abbr>.</strong></p>
+
+<p>Le point essentiel est que vous pouvez avoir le contrôle d'un programme
+écrit par quelqu'un d'autre (s'il est libre), mais que vous ne pouvez pas
+avoir le contrôle d'un service administré par quelqu'un d'autre. Donc
+n'utilisez jamais un service lorsqu'en principe un programme ferait
+l'affaire.</p>
+
+
+<p>Le SaaSS consiste à utiliser un service mis en place par quelqu'un d'autre
+plutôt que votre exemplaire d'un programme. Cette expression est de nous ;
+les articles et les publicités ne l'emploieront pas et ne vous diront pas
+non plus si un service donné est un SaaSS. À la place, ils détourneront
+probablement votre attention avec le terme imprécis de « nuage »
+<cite>[cloud]</cite>, qui mélange le SaaSS avec diverses autres pratiques,
+certaines abusives et d'autres acceptables. Les explications et les exemples
+de cette page vous permettront de déterminer si un service particulier est
+un SaaSS, ou non.</p>
+
+<h3>Contexte : comment le logiciel privateur vous enlève votre liberté</h3>
+
+<p>La technologie numérique peut vous donner la liberté ; elle peut aussi vous
+la prendre. Le contrôle que nous avons de notre informatique a d'abord été
+menacé par le <em>logiciel privateur</em> : logiciel sur lequel les
+utilisateurs n'a pas la main parce qu'il est contrôlé par son propriétaire,
+une société comme Apple ou Microsoft. Le propriétaire profite souvent de ce
+pouvoir injuste pour y insérer des fonctionnalités malveillantes comme les
+espions logiciels <cite>[spyware]</cite>, les portes dérobées
+<cite>[backdoors]</cite> et les dispositifs de « gestion numérique des
+restrictions » (ou <a href="http://DefectiveByDesign.org"><abbr
+title="Digital Restrictions Management">DRM</abbr></a>), qu'ils nomment
+« gestion numérique des droits »<a id="TransNote2-rev"
+href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> dans leur propagande.</p>
+
+<p>Notre solution à ce problème est de développer du <em>logiciel libre</em> et
+de rejeter le logiciel privateur. « Logiciel libre » signifie que vous, en
+tant qu'utilisateur, avez quatre libertés essentielles : (0) exécuter le
+programme comme vous le souhaitez, (1) étudier et changer le code source
+comme vous le souhaitez, (2) redistribuer des copies exactes, et
+(3) redistribuer des copies de vos versions modifiées (voir la <a
+href="/philosophy/free-sw.html">définition du logiciel libre</a>).</p>
+
+<p>Avec le logiciel libre, nous, les utilisateurs, récupérons le contrôle de
+notre informatique. Les logiciels privateurs continueront à exister, mais
+nous pouvons les exclure de nos vies et beaucoup d'entre nous l'ont déjà
+fait. Cependant, on nous propose actuellement un autre moyen séduisant
+d'abandonner le contrôle de notre informatique : le service se substituant
+au logiciel (SaaSS). Par souci de notre liberté, nous devons le rejeter
+également.</p>
+
+<h3>Comment le SaaSS vous enlève votre liberté</h3>
+
+<p>« Service se substituant au logiciel » signifie que vous utilisez un service
+au lieu de faire fonctionner votre exemplaire d'un programme. Cela veut dire
+concrètement que quelqu'un met en place un serveur réseau faisant certaines
+tâches informatiques – calcul sur tableur, traitement de texte, traduction
+de texte en une autre langue, etc. – et invite ensuite les utilisateurs à
+effectuer leurs tâches sur ce serveur. L'utilisateur envoie ses données au
+serveur ; ce dernier les traite puis lui renvoie les résultats ou les
+utilise directement à sa place.</p>
+
+<p>Ce traitement informatique est <em>le sien</em>, car, par hypothèse, il
+aurait pu en principe l'effectuer en exécutant un programme sur son propre
+ordinateur (qu'il dispose ou non de ce programme à ce moment-là). Dans les
+cas où cette condition n'est pas réalisée, il ne s'agit pas de SaaSS.</p>
+
+<p>Ces serveurs arrachent le contrôle des mains des utilisateurs encore plus
+inexorablement que le logiciel privateur. Avec le logiciel privateur, les
+utilisateurs ont généralement un fichier exécutable mais pas le code
+source. Cela rend difficile d'étudier le code qui est exécuté, donc c'est
+difficile de déterminer ce que fait vraiment le programme, et difficile de
+le modifier.</p>
+
+<p>Avec le SaaSS, les utilisateurs n'ont pas même le fichier exécutable qui
+fait leur traitement informatique : celui-ci est sur le serveur de quelqu'un
+d'autre, où les utilisateurs ne peuvent le voir ni le toucher. C'est donc
+impossible pour eux de vérifier ce qu'il fait vraiment et impossible de le
+modifier.</p>
+
+<p>De plus, le SaaSS entraîne automatiquement des conséquences équivalentes aux
+fonctionnalités malveillantes de certains logiciels privateurs.</p>
+
+<p> Par exemple, certains programmes privateurs sont des « logiciels espions » :
+le programme <a href="/philosophy/proprietary-surveillance.html">diffuse des
+données concernant les activités informatiques des
+utilisateurs</a>. Microsoft Windows envoie à Microsoft des informations
+concernant les activités des utilisateurs. Windows Media Player et
+RealPlayer signalent ce que chaque utilisateur visionne ou écoute. Le Kindle
+signale à Amazon chaque page de chaque livre que consulte l'utilisateur et à
+quel moment il le fait. Angry Birds envoie à son éditeur l'historique de
+géolocalisation de l'utilisateur.</p>
+
+<p>Contrairement aux logiciels privateurs, le SaaSS n'a pas besoin de code
+caché pour obtenir les données de l'utilisateur. Comme ce dernier est obligé
+d'envoyer ses données au serveur pour pouvoir l'utiliser, l'effet est le
+même qu'avec un logiciel espion : l'opérateur du serveur obtient les
+données. Il les obtient sans aucun effort, de par la nature du SaaSS. Amy
+Webb, qui s'était promise de ne jamais mettre en ligne aucune photo de sa
+fille, a fait l'erreur d'utiliser un SaaSS (Instagram) pour retoucher des
+photos d'elle. Le résultat, c'est qu'<a
+href="http://www.slate.com/articles/technology/data_mine_1/2013/09/privacy_facebook_kids_don_t_post_photos_of_your_kids_on_social_media.html">elles
+ont fuité</a>.
+</p>
+
+<p>Théoriquement, le chiffrement homomorphe pourrait un jour se perfectionner
+au point de permettre la construction de futurs services de SaaSS qui soient
+incapables de comprendre les données envoyées par les utilisateurs. De tels
+services <em>pourraient</em> être configurés pour ne pas espionner les
+utilisateurs ; cela ne veut pas dire qu'ils ne les espionneront pas.</p>
+
+<p>Certains systèmes d'exploitation privateurs ont une porte dérobée
+universelle qui permet d'installer à distance des modifications
+logicielles. Par exemple, Microsoft a une porte dérobée universelle par
+laquelle il peut modifier de force n'importe quel logiciel présent sur la
+machine. Presque tous les téléphones portables en ont aussi. De même
+certaines applications privatrices ; par exemple le client Steam pour
+GNU/Linux permet au développeur d'installer à distance des versions
+modifiées.</p>
+
+<p>Avec le SaaSS, l'opérateur peut modifier les logiciels utilisés sur le
+serveur. C'est sa prérogative, car c'est son ordinateur ; mais le résultat
+est le même que d'utiliser un programme applicatif privateur muni d'une
+porte dérobée universelle : quelqu'un a le pouvoir d'imposer de manière
+silencieuse des changements dans la manière d'effectuer les tâches
+informatiques de l'utilisateur.</p>
+
+<p>Ainsi, le SaaSS revient-il à faire usage d'un logiciel privateur muni d'une
+fonctionnalité espionne et d'une porte dérobée universelle. Il donne à
+l'opérateur du serveur un pouvoir injuste sur l'utilisateur, pouvoir auquel
+nous devons résister.</p>
+
+<h3>SaaSS et SaaS</h3>
+
+<p>À l'origine, nous appelions cette pratique problématique « <abbr
+title="Software as a Service">SaaS</abbr> », ce qui veut dire « logiciel en
+tant que service ». C'est une expression d'usage courant qui désigne le fait
+d'installer un logiciel sur un serveur plutôt que d'en proposer des
+exemplaires aux utilisateurs, et nous pensions que cela décrivait
+précisément les cas qui présentent ce problème.</p>
+
+<p>Par la suite, nous nous sommes rendu compte que le terme SaaS est
+quelquefois utilisé pour des services de communication, services auxquels ce
+problème ne s'applique pas. De plus, l'expression « logiciel en tant que
+service » n'explique pas <em>pourquoi</em> cette pratique est
+mauvaise. C'est pourquoi nous avons inventé l'expression « service se
+substituant au logiciel », qui définit plus clairement cette mauvaise
+pratique et dit en quoi elle est mauvaise.</p>
+
+<h3>Démêler le problème du SaaSS du problème du logiciel privateur</h3>
+
+<p>Le SaaSS et le logiciel privateur conduisent à des résultats nocifs
+similaires, mais les mécanismes sont différents : avec le logiciel
+privateur, vous possédez et utilisez un exemplaire du programme qu'il est
+difficile ou illégal de modifier ; avec le SaaSS, vous ne possédez pas
+l'exemplaire qui fait votre traitement informatique.</p>
+
+<p>On confond souvent ces deux problèmes, et pas seulement par accident. Les
+développeurs web utilisent le terme ambigu d'« application web » pour réunir
+en un tout le logiciel côté serveur et les programmes s'exécutant sur votre
+machine dans votre navigateur. Certaines pages web y installent des
+programmes JavaScript d'une certaine importance, ou même de taille
+imposante, sans vous en informer. <a
+href="/philosophy/javascript-trap.html">Quand ces programmes Javascript ne
+sont pas libres</a>, ils causent le même genre d'injustice que n'importe
+quel autre logiciel non libre. Ici, cependant, nous nous occupons du
+problème posé par l'utilisation du service lui-même.</p>
+
+<p>De nombreux défenseurs du logiciel libre supposent que le problème du SaaSS
+se résoudra en développant des logiciels serveurs libres. Dans l'intérêt de
+l'opérateur, il vaudrait mieux effectivement que les programmes tournant sur
+le serveur soient libres ; s'ils sont privateurs, leurs développeurs ou
+leurs propriétaires ont pouvoir sur le serveur. C'est déloyal pour
+l'opérateur du serveur et n'est d'aucune aide pour l'utilisateur final. Mais
+si les programmes sont libres sur le serveur, cela ne protège pas <em>les
+utilisateurs finaux</em> contre les effets du SaaSS. Ces programmes libèrent
+l'opérateur du serveur, mais pas ses utilisateurs.</p>
+
+<p>Publier le code source du logiciel serveur profite à la communauté, car les
+utilisateurs ayant les compétences nécessaires peuvent mettre en place des
+serveurs similaires, peut-être en modifiant le logiciel. Pour les programmes
+souvent utilisés sur les serveurs, <a
+href="/licenses/license-recommendations.html">nous recommandons la licence
+publique générale GNU Affero</a>.</p>
+
+<p>Mais aucun de ces serveurs ne vous donnerait le contrôle des tâches que vous
+effectuez dessus, à moins que ce ne soit <em>votre</em> serveur
+(c'est-à-dire une machine dont vous contrôlez tous les logiciels, qu'elle
+vous appartienne ou non). Il est peut-être acceptable de faire confiance au
+serveur d'un de vos amis pour certaines tâches, de même que vous lui confiez
+l'entretien des logiciels de votre ordinateur. Dans tous les autres cas, ces
+serveurs feraient du SaaSS en ce qui vous concerne. Cette pratique vous
+soumet toujours au pouvoir de l'opérateur du serveur, et le seul remède est
+de <em>ne pas utiliser le SaaSS !</em> Ne pas utiliser le serveur de
+quelqu'un d'autre pour effectuer vos propres traitements informatiques sur
+des données que vous fournissez.</p>
+
+<p>Ce problème nous fait toucher du doigt la différence profonde qui existe
+entre « open source » et « libre ». Un code source qui est open source <a
+href="/philosophy/free-open-overlap.html">est presque toujours
+libre</a>. Cependant, la notion de <a
+href="https://opendefinition.org/ossd/">service à logiciel ouvert
+<cite>[open software]</cite></a>, autrement dit service dont le logiciel
+serveur est open source, ne traite pas le problème du SaaSS.</p>
+
+<p>Les services sont fondamentalement différents des programmes, les questions
+éthiques qu'ils soulèvent sont donc fondamentalement différentes de celles
+que soulèvent les programmes. Pour éviter la confusion, nous <a
+href="/philosophy/network-services-arent-free-or-nonfree.html">évitons de
+décrire un service comme « libre » ou « privateur »</a>.</p>
+
+<h3>Faire la distinction entre le SaaSS et les autres services en ligne</h3>
+
+<p>Quels sont les services en ligne à classer parmi les SaaSS ? Exemple le plus
+évident : un service de traduction qui traduit un texte, disons, de
+l'anglais vers l'espagnol. La tâche informatique qui consiste à traduire un
+texte pour votre usage vous appartient complètement. Vous pourriez
+l'effectuer en faisant tourner un programme sur votre propre ordinateur si
+vous disposiez du programme adéquat (pour être conforme à l'éthique, ce
+dernier devrait être libre). Le service de traduction s'y substitue, de
+sorte que c'est un SaaSS. Comme il vous refuse le contrôle de votre
+informatique, il vous fait du tort.</p>
+
+<p>Autre exemple évident : l'utilisation d'un service comme Flickr ou Instagram
+pour retoucher une photo. La retouche photographique est une activité que
+les gens font sur leurs ordinateurs depuis des décennies ; l'effectuer sur
+un serveur dont vous n'avez pas le contrôle plutôt que sur votre propre
+ordinateur est du SaaSS.</p>
+
+<p>Rejeter le SaaSS ne signifie pas refuser d'utiliser tout serveur réseau géré
+par quelqu'un d'autre que vous. La plupart des serveurs ne sont pas des
+SaaSS parce qu'ils effectuent des tâches de communication, plutôt que le
+travail personnel de l'utilisateur.</p>
+
+<p>Le concept originel de serveur web n'impliquait pas d'exécuter des
+programmes pour vous, mais de publier de l'information pour que vous y
+accédiez. Même aujourd'hui c'est ce que font la majorité des sites web et
+cela ne pose pas le problème du SaaSS, parce qu'accéder aux informations
+publiées par quelqu'un n'a rien à voir avec votre propre
+informatique. Publier vos propres travaux sur un site de blog ou utiliser un
+service de microblogging comme Twitter ou StatusNet, non plus (ces services
+peuvent poser d'autres problèmes, ou non, selon leurs caractéristiques). Il
+en va de même pour les autres modes de communication qui ne sont pas
+destinés à être privés, comme les groupes de discussion.</p>
+
+<p>Par essence, les réseaux sociaux sont des formes de communication et de
+publication, pas des SaaSS. Cependant, un service dont la fonction
+essentielle est le réseautage social peut avoir d'autres fonctionnalités ou
+d'autres extensions qui sont des SaaSS.</p>
+
+<p>Si un service n'est pas un SaaSS, cela ne signifie pas qu'il est
+acceptable. D'autres questions éthiques peuvent le concerner. Par exemple,
+le site Facebook distribue des vidéos en Flash, ce qui pousse les
+utilisateurs à exécuter un logiciel non libre ; il oblige les utilisateurs à
+exécuter du code JavaScript non libre ; il leur donne l'illusion que leur
+vie privée est respectée tout en les persuadant de la lui dévoiler. Ce sont
+des problèmes importants, mais qui sont différents de celui que pose le
+SaaSS.
+</p>
+
+<p>Des services comme les moteurs de recherche rassemblent des données
+provenant de tout le web et vous laissent les examiner. Regarder dans leur
+collection de données n'est pas votre propre informatique au sens habituel
+– ce n'est pas vous qui proposez cette collection – donc utiliser un tel
+service pour rechercher de l'information sur le web n'est pas du SaaSS
+(cependant, utiliser le serveur de quelqu'un d'autre pour implémenter une
+fonction de recherche sur votre propre site <em>est</em> du SaaSS).</p>
+
+<p>L'achat en ligne n'est pas du SaaSS, car cette tâche informatique ne vous
+appartient pas <em>en propre</em> ; elle est au contraire effectuée
+conjointement par vous et par la boutique, à l'intention de chacun de
+vous. Le vrai problème du commerce en ligne est la confiance que vous
+accordez à l'autre partie en ce qui concerne votre argent et vos
+informations personnelles (à commencer par votre nom).</p>
+
+<p>Des dépôts comme Savannah et SourceForge ne sont pas intrinsèquement des
+SaaSS, parce que le rôle d'un dépôt est de publier les données qu'on lui
+fournit.</p>
+
+<p>Utiliser les serveurs d'un projet commun n'est pas du SaaSS, car la tâche
+informatique que vous effectuez de cette manière ne vous appartient pas en
+propre. Par exemple, si vous éditez des pages de Wikipédia, vous ne faites
+pas votre propre informatique, vous collaborez à celle de Wikipédia
+(Wikipédia contrôle ses propres serveurs, mais les organisations, tout comme
+les particuliers, sont confrontées aux problèmes du SaaSS si elles font leur
+traitement informatique sur le serveur de quelqu'un d'autre).</p>
+
+<p>Certains sites offrent plusieurs services, et si l'un d'entre eux n'est pas
+un SaaSS, ce peut être différent pour un autre. Par exemple, Facebook a pour
+principale fonction d'être un réseau social, et ce n'est pas du SaaSS ;
+toutefois, il gère des applications tierces, dont certaines sont des
+SaaSS. Le principal service de Flickr est de distribuer des photos, ce qui
+n'est pas du SaaSS, mais il a aussi des fonctionnalités d'édition de photos,
+ce qui est du SaaSS. De même, utiliser Instagram pour mettre une photo en
+ligne n'est pas du SaaSS, mais l'utiliser pour transformer cette photo en
+est.</p>
+
+<p>L'exemple de Google Docs montre à quel point l'évaluation d'un unique
+service peut devenir complexe. Celui-ci invite les gens à éditer des
+documents en exécutant un gros <a
+href="/philosophy/javascript-trap.html">programme JavaScript non libre</a>,
+ce qui est sans conteste mauvais. Toutefois, il propose une <abbr
+title="Application Programming Interface">API</abbr> pour téléverser et
+télécharger des documents aux formats standards. Un éditeur de logiciel
+libre peut le faire par le moyen de cette API. Cet usage n'est pas du SaaSS,
+parce qu'il utilise Google Docs comme un simple dépôt. Montrer toutes vos
+données à une entreprise est mauvais, mais il s'agit de vie privée, pas de
+SaaSS ; dépendre d'un service pour accéder à vos données est mauvais, mais
+il s'agit de risque, pas de SaaSS. En revanche, utiliser ce service pour
+convertir des formats de documents <em>est</em> du SaaSS, parce que vous
+auriez pu le faire en exécutant un programme adéquat (libre, espérons-le)
+sur votre propre ordinateur.</p>
+
+<p>Il est rare, bien sûr, d'utiliser Google Docs avec un éditeur libre. La
+plupart du temps, les gens l'utilisent avec le programme JavaScript non
+libre cité plus haut, qui est mauvais comme n'importe quel autre programme
+non libre. Ce scénario pourrait aussi comporter du SaaSS ; tout dépend des
+parties de l'édition qui sont effectuées respectivement par le programme
+JavaScript non libre et par le serveur. Nous n'en savons rien, mais puisque
+le programme JavaScript et le SaaSS sont similaires dans leur nocivité pour
+l'utilisateur, cette information n'est pas essentielle.</p>
+
+<p>Publier par l'intermédiaire du dépôt de quelqu'un d'autre ne pose pas
+question pour la vie privée, mais publier par l'intermédiaire de Google Docs
+soulève un problème particulier : il est impossible, ne serait-ce que de
+<em>voir le texte</em> d'un document Google Docs dans un navigateur sans
+exécuter le code JavaScript non libre. Donc vous ne devez pas utiliser
+Google Docs pour publier quoi que ce soit – mais ce n'est pas parce que
+c'est un SaaSS.</p>
+
+<p>L'industrie informatique dissuade les utilisateurs de faire ces
+distinctions. Voilà d'où vient la mode de l'« informatique en nuage »
+<cite>[cloud computing]</cite>. Cette expression est si nébuleuse qu'elle
+peut désigner quasiment toutes les utilisations d'Internet. Cela comprend le
+SaaSS aussi bien que beaucoup d'autres usages du réseau. Dans un contexte
+déterminé, un auteur qui écrit « nuage » (s'il a un bagage technique) a
+probablement une signification particulière à l'esprit, mais d'habitude il
+n'explique pas que dans d'autres articles ce terme a d'autres significations
+particulières. Ce terme conduit les gens à faire des généralisations à
+propos de pratiques qu'ils devraient examiner individuellement.</p>
+
+<p>Dans la mesure où « informatique en nuage » veut dire quelque chose, il ne
+s'agit pas d'une manière de faire de l'informatique mais plutôt d'une
+manière de penser à l'informatique : une approche je-m'en-foutiste qui dit :
+« Ne posez pas de questions. Ne vous souciez pas de savoir qui contrôle
+votre informatique ou détient vos données. Ne vérifiez pas la présence d'un
+hameçon caché dans notre service avant de l'avaler. Faites confiance aux
+entreprises sans hésiter. » Dit autrement : « Pensez comme un pigeon. »
+Avoir un nuage dans l'esprit fait obstacle à la clarté de la pensée. Pour
+réfléchir clairement à l'informatique, évitons le terme « nuage ».</p>
+
+<h3 id="renting">Différence entre serveur de location et SaaSS</h3>
+
+<p>Si vous louez un serveur (réel ou virtuel) dont vous contrôlez tous les
+logiciels, ce n'est pas du SaaSS. Dans le SaaSS, une autre personne décide
+des logiciels qui tournent sur le serveur et donc contrôle les traitements
+informatiques qu'ils font pour vous. Si vous installez les logiciels, vous
+contrôlez ce qu'ils font pour vous. Ainsi, le serveur de location est-il
+virtuellement votre ordinateur. Pour ce qui nous occupe ici, vous pouvez le
+considérer comme le vôtre.</p>
+
+<p>Les <em>données</em> sont moins en sécurité sur le serveur de location
+distant que si ce serveur était chez vous, mais c'est un problème différent
+de celui que pose le SaaSS.</p>
+
+<p>Ce type de location de serveur est quelquefois appelé « <abbr
+title="Infrastructure as a Service">IaaS</abbr> », mais ce terme correspond
+à une structure conceptuelle qui minimise les problèmes que nous considérons
+importants.</p>
+
+<h3>Traiter le problème du SaaSS</h3>
+
+<p>Seule une petite partie de tous les sites web font du SaaSS ; la plupart ne
+posent pas ce problème. Mais que sommes-nous censés faire à propos de ceux
+qui le posent ?</p>
+
+<p>Pour le cas simple où vous travaillez sur des données que vous possédez
+personnellement, la solution est évidente : utilisez votre propre copie
+d'une application logicielle libre. Écrivez vos textes avec votre copie d'un
+éditeur de texte libre comme GNU Emacs ou d'un logiciel de traitement de
+texte libre. Retouchez vos photos avec votre copie d'un logiciel libre comme
+GIMP. Et si aucun programme libre n'est disponible ? Un programme privateur
+ou un SaaSS vous priverait de votre liberté, aussi ne faut-il pas
+l'utiliser. Vous pouvez contribuer en temps ou en argent au développement
+d'un logiciel libre qui le remplace.</p>
+
+<p>Qu'en est-il de la collaboration avec d'autres personnes au sein d'un
+groupe ? Cela risque d'être difficile à l'heure actuelle sans utiliser un
+serveur et votre groupe peut ne pas savoir comment mettre en œuvre son
+propre serveur. Si vous utilisez le serveur de quelqu'un d'autre, au moins
+ne faites pas confiance à un serveur mis en œuvre par une société. Un simple
+contrat en tant que client n'est pas une protection à moins que vous ne
+puissiez détecter une infraction et effectivement poursuivre devant les
+tribunaux ; la société a probablement rédigé son contrat de manière à
+permettre un large éventail d'abus. L'État peut l'assigner pour obtenir vos
+données en même temps que celles de tous les autres (c'est ce qu'a fait
+Obama avec les opérateurs téléphoniques), à supposer que cette société ne
+les donne pas volontairement comme l'ont fait les opérateurs téléphoniques
+américains qui ont illégalement mis leurs clients sur écoute pour Bush. Si
+vous devez utiliser un serveur, utilisez-en un dont les opérateurs vous
+donnent une bonne raison de leur faire confiance, au-delà de la simple
+relation commerciale.</p>
+
+<p>Cependant, à plus longue échéance, nous pouvons créer des alternatives à
+l'utilisation de serveurs. Par exemple, nous pouvons créer un programme
+pair-à-pair de travail collaboratif qui chiffrera les données partagées. La
+communauté du libre doit développer des logiciels fonctionnant sur un modèle
+pair-à-pair distribué pour remplacer les « applications web »
+importantes. Il pourrait être judicieux de les publier sous la <a
+href="/licenses/why-affero-gpl.html">licence publique générale GNU
+Affero</a>, car elles sont candidates à être transformées en programmes
+serveurs par quelqu'un d'autre. Le <a href="/">projet GNU</a> recherche des
+bénévoles pour travailler sur ces programmes de remplacement. Nous invitons
+également les autres projets libres à prendre en compte cette question dans
+la conception de leurs logiciels.</p>
+
+<p>En attendant, si une société vous invite à utiliser ses serveurs pour
+exécuter vos propres tâches informatiques, ne cédez pas ; n'utilisez pas le
+SaaSS. N'achetez pas et n'installez pas de « clients légers », qui sont
+simplement des ordinateurs si peu puissants qu'ils vous font faire le vrai
+travail sur un serveur, à moins que ce ne soit pour les utiliser avec
+<em>votre</em> serveur. Utilisez un véritable ordinateur et gardez vos
+données dessus. Faites votre propre travail informatique avec votre propre
+copie d'un logiciel libre, par souci de votre liberté.</p>
+
+<h3>Voir également&hellip;</h3>
+<p><a href="/philosophy/bug-nobody-allowed-to-understand.html">Le bogue que
+personne n'est autorisé à comprendre</a>.</p>
+
+<div class="translators-notes">
+
+<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.-->
+<hr /><b>Notes de traduction</b><ol>
+<li id="TransNote1">Autre traduction de <em>proprietary</em> :
+propriétaire. <a href="#TransNote1-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
+<li id="TransNote2"><cite>Digital Rights Management</cite>. <a
+href="#TransNote2-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
+<li id="TransNote3">Le verbe <em>to kindle</em> signifie « allumer un feu »
+et <em>kindle</em> veut dire « bois d'allumage ». <a href="#TransNote3-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a></li>
+</ol></div>
+</div>
+
+<!-- for id="content", starts in the include above -->
+<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" -->
+<div id="footer">
+<div class="unprintable">
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+href="mailto:gnu@gnu.org">&lt;gnu@gnu.org&gt;</a>. Il existe aussi <a
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+orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à <a
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+<!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph,
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+ our web pages, see <a
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+ README</a>. -->
+Nous faisons le maximum pour proposer des traductions fidèles et de bonne
+qualité, mais nous ne sommes pas parfaits. Merci d'adresser vos commentaires
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+traductions de nos pages web, reportez-vous au <a
+href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>.</p>
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+<!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to
+ files generated as part of manuals) on the GNU web server should
+ be under CC BY-ND 4.0. Please do NOT change or remove this
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+ document. For web pages, it is ok to list just the latest year the
+ document was modified, or published.
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+ years, as long as each year in the range is in fact a copyrightable
+ year, i.e., a year in which the document was published (including
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+
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+rel="license"
+href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative
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+4.0)</a>.</p>
+
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+<div class="translators-credits">
+
+<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.-->
+Traduction : Arthur Godet.<br />Révision : <a
+href="mailto:trad-gnu&#64;april.org">trad-gnu&#64;april.org</a></div>
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+Dernière mise à jour :
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