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En premier deux +conditions ou deux choses que je vous prie de respecter. Premièrement ne +pas mettre des photos de moi sur Facebook ! Jamais ! Parce que +Facebook est un moteur de surveillance qui surveille ses utilisateurs et +ses non-utilisateurs. Si vous mettez la photo de quelqu'un sur Facebook, +vous donnez à Facebook une opportunité de plus pour le surveiller. Je +ne veux pas que Facebook ait le moyen de me surveiller donc prière de +ne jamais mettre des photos de moi sur Facebook.</p> + +<p>L'autre, c'est que si vous enregistrez cette conférence et que vous +voulez en distribuer des copies, faites-le uniquement dans les formats +Ogg ou WebM. Jamais dans MPEG ou quoi que ce soit d'autre parce que +ce sont des formats brevetés, jamais en Flash, donc pas en YouTube, +et jamais dans RealPlayer ou Windows Media Player ou QuickTime parce que +ces systèmes utilisent des formats secrets ou inaccessibles au logiciel +libre. Et sur les copies mettez la licence Creative Commons non dérivée +parce que c'est une présentation de mon point de vue personnel.</p> + +<p>Je peux présenter le logiciel libre en trois mots : <em>Liberté, +Égalité, Fraternité</em>. Liberté parce que le logiciel libre +respecte la liberté de ses utilisateurs ; égalité parce que +tous les utilisateurs possèdent les mêmes droits et, à travers le +logiciel libre, personne n'a de pouvoir sur personne ; et fraternité +parce que nous encourageons la coopération entre les utilisateurs. Donc +c'est une question de liberté et de communauté et pas de gratuité. Le +prix d'une copie, s'il y en a, est un détail secondaire, pas vraiment +important. Mais que la copie respecte votre liberté, ça c'est important, +sans ça le programme est injuste. Un programme qui n'est pas libre est +appelé <a +href="/philosophy/categories.html#non-freeSoftware">privateur</a> +parce qu'il prive de liberté celui qui l'utilise. Donc un programme +privateur génère un système de pouvoir injuste du propriétaire sur +les utilisateurs. Le programme privateur est un joug.</p> + +<p>[Est-ce qu'il y a de l'eau ? Oui mais c'est de l'eau +bouillante ! Est-ce qu'il y a de l'eau pour tuer les organisateurs +des syndicats au Guatemala et Colombie ?]</p> + +<p><strong>Intervenante :</strong> J'apporte de l'eau froide.</p> + +<p><strong>Richard Stallman :</strong> Merci. Un programme privateur +génère un système de colonisation numérique et comme tous les +systèmes coloniaux, ce système maintient le peuple colonisé divisé +et impuissant. Divisé, parce qu'il est interdit d'en distribuer des +copies et impuissant, parce que les utilisateurs ne disposent pas du <a +href="https://www.april.org/node/10308">code source</a> du programme, +par conséquent ils ne peuvent pas le changer ni même étudier ce +qu'il leur fait vraiment. Et d'habitude, les programmes privateurs ont +des fonctionnalités malveillantes, dont je dirai plus dans quelques +minutes.</p> + +<p>Donc, le mouvement libre dit que tout logiciel doit être +libre. Mais ce que je viens de dire est très général. Le programme +doit respecter les droits de l'homme, la liberté et la communauté de +l'utilisateur. Qu'est-ce que ça veut dire spécifiquement ? Il y +a quatre libertés essentielles qui définissent le logiciel libre. Un +programme est libre s'il vient avec les quatre libertés.</p> + +<p>La liberté 0 est celle d'exécuter le programme comme tu veux, +pour faire n'importe quoi, dans n'importe quelle activité de la vie.</p> + +<p>La liberté numéro 1 est celle d'étudier le code source du programme +et de le changer pour que le programme fasse ton informatique comme +tu veux.</p> + +<p>La liberté numéro 2 est celle d'aider les autres, c'est-à-dire la +liberté d'en diffuser des copies exactes, quand tu veux.</p> + +<p>Et la liberté numéro 3 est celle d'aider la communauté, de +contribuer à la communauté, c'est-à-dire de diffuser des copies de +tes versions modifiées, quand tu veux.</p> + +<p>Avec ces quatre libertés, le programme est libre parce que son +système social de diffusion et de développement est un système éthique +qui respecte les droits de l'homme de ses utilisateurs. Mais si une +de ces libertés est absente ou pas suffisante, en ce cas le programme +est privateur parce qu'il impose un système social pas éthique à ses +utilisateurs. Pour que ces libertés soient suffisantes, elles doivent +s'appliquer à n'importe quelle activité de la vie, mais il faut noter +qu'aucune de ces libertés n'est obligatoire. Par exemple, avec la +liberté 0, tu es libre d’exécuter le programme comme tu veux, mais +ce n'est pas obligatoire ; si tu es masochiste, tu peux l'exécuter +comme tu ne veux pas et tu as aussi l'option de ne pas l’exécuter.</p> + +<p>Avec la liberté numéro 1, tu es libre d'étudier et de changer +le code source, mais ce n'est pas obligatoire. Tu as aussi l'option de +recevoir le programme et de l'exécuter sans rien regarder.</p> + +<p>Avec la liberté numéro 2, tu es libre de faire et distribuer ou +vendre ou donner des copies, mais ce n'est pas obligatoire. Tu peux le +faire quand tu veux, mais nous n'exigeons jamais que tu le fasses.</p> + +<p>Et avec la liberté numéro 3, si tu as fait une version modifiée, +tu peux en distribuer des copies, mais ce n'est pas obligatoire. Tu as +aussi l'option d'utiliser cette version modifiée dans ta vie privée, +sans en distribuer des copies.</p> + +<p>Maintenant, tu vois que la distinction entre logiciel libre et +privateur n'est pas une distinction technique. Il ne s'agit pas des +fonctionnalités du programme, pas directement. Il ne s'agit pas de +comment fonctionne le code du programme. Il ne s'agit pas de comment a +été écrit le code du programme. Ce sont des questions techniques. Cette +distinction entre libre et privateur est une distinction éthique, sociale +et politique, donc plus importante que n'importe quelle distinction +seulement technique.</p> + +<p>L'utilisation dans la société de programmes libres est du +développement dans le sens social parce que n'importe quel programme +incorpore des connaissances. Si le programme est libre, les connaissances +sont disponibles aux utilisateurs pour les comprendre, puis les +utilisateurs peuvent faire la maintenance du programme, l'adapter, +l'étendre et ils peuvent aussi utiliser leurs connaissances d'autres +manières. Mais l’utilisation d'un programme privateur ne fait pas +du développement social parce que c'est une forme de soumission à +quelqu’un. C'est de la dépendance imposée vers quelqu'un, donc c'est +un problème social. Il faut chercher à éliminer l'utilisation de ce +programme privateur.</p> + +<p>Décrire un programme libre et le publier, l'offrir aux autres, +est une contribution à la société. Combien de contribution ? Ça +dépend des détails. Si le programme fait beaucoup et le fait très bien, +ça contribue beaucoup. S'il fait très peu et le fait mal, ça contribue +très peu. Mais au moins, si le programme est libre, il est distribué de +manière à pouvoir contribuer avec ce qu'il peut offrir. Mais développer +un programme privateur ne contribue à rien parce que c'est l'essai de +soumettre les autres. Il fait mal à la société. Le programme privateur, +en termes sociaux, est un piège. S'il a des fonctionnalités commodes et +attractives ce sont l’appât du piège. Donc, paradoxalement, avoir des +fonctionnalités attractives ne le rend pas meilleur mais plutôt plus +dangereux. Donc, si tu as le choix de développer un programme privateur +ou ne rien faire, il faut ne rien faire parce que comme ça tu ne fais +pas de mal à la société. Développer un programme privateur est faire +mal au monde. Bien sûr, dans la vie réelle, probablement que tu auras +d'autres options, pas seulement ces deux options. Mais quand il s’agit +uniquement de ces deux options, développer du privateur ou ne rien faire, +il faut ne rien faire. Et donc le but du mouvement logiciel libre est +que tous les programmes soient libres pour que tous leurs utilisateurs +soient libres.</p> + +<p>Mais pourquoi ces quatre libertés sont-elles +essentielles ? Pourquoi définir le logiciel libre +ainsi ? Chaque liberté a sa raison.</p> + +<p>La liberté numéro 2 d'aider les autres, de redistribuer des +copies exactes aux autres quand tu veux, est essentielle pour des +raisons fondamentales éthiques, c'est-à-dire pour pouvoir vivre +une vie éthique de bon membre de ta communauté. Si tu utilises un +programme sans la liberté numéro 2, tu es en danger de tomber dans un +dilemme moral à n'importe quel moment. Quand ton bon ami te demande une +copie de ce programme, qu'est-ce que tu feras ? Tu devras choisir +entre deux maux : un mal est de lui donner une copie et rompre la +licence du programme. L'autre mal est de lui nier une copie et respecter +la licence du programme. Étant dans le dilemme, tu dois choisir le +moindre mal qui est de lui donner une copie et rompre la licence du +programme. Mais pourquoi est-ce que ce mal est le moindre ? Parce +que si tu es obligé de faire mal à quelqu'un, à l'un ou l'autre, +il est moins mal de faire mal à celui qui le mérite parce qu'il a +mal agi. Nous pouvons supposer que ton bon ami est un bon membre de +ta communauté et, normalement, qu'il mérite ta coopération. Mais +le propriétaire du programme privateur non, parce qu'il a attaqué +délibérément la solidarité sociale de ta communauté, ce qui veut +dire agir très mal. Donc, si tu ne peux pas échapper à faire du mal +à ton bon ami ou au propriétaire, fais-le au propriétaire. Mais +que ce soit le moindre mal n'implique pas que ce soit bon ! Il +n'est jamais bon de faire un accord et le rompre, même dans les cas +comme celui-ci où l'accord même est injuste et le suivre est pire +que le rompre. Néanmoins, le rompre n'arrive pas à être bon. Et si +tu lui donnes une copie qu'est-ce qu'il aura ? Il aura une copie +pas autorisée d'un programme privateur. Quelque chose d'assez vil, +presque aussi vil qu'une copie autorisée du même programme. C'est vil +d'être privateur, donc quand tu as bien compris ce dilemme, qu'est-ce +que tu dois vraiment faire ? Tu dois l'éviter. Tu dois éviter de +tomber dans le dilemme. Mais comment ? Je connais deux manières +de le faire. Une manière est de ne pas avoir d'amis. C'est le futur +que les développeurs du privateur te proposent. Au lieu d'amis tu peux +avoir des amis Facebook !</p> + +<p>L'autre manière, ma manière, est de ne pas avoir le programme, +de le rejeter. Je rejette n'importe quel programme qui m'interdit +de le partager avec vous. Si quelqu'un m'offre un programme sans la +liberté 2, bien que ce soit très utile, très commode, je lui dis +que ma conscience ne me permet pas d'accepter ses conditions, donc je +ne veux pas ce programme. C'est ce que tu dois lui dire aussi. Tu dois +rejeter les programmes qui exigent de rompre la solidarité sociale de +ta communauté.</p> + +<p>Il faut rejeter aussi les expressions de propagande de l'ennemi, +comme d'appeler des pirates les gens qui partagent, parce que les pirates +sont ceux qui attaquent les navires ce qui est très, très bon. Non, +ce qui est très, très mauvais : je suis fatigué aujourd'hui, j'ai +sommeil ; de temps en temps, je dis le contraire de ce que je voulais +dire par une erreur mentale. Attaquer les navires est mauvais, mais +partager est bon, donc il ne faut pas les appeler par le même nom. Par +conséquent, quand les gens me demandent ce que je pense de la piraterie, +je dis « attaquer les navires est très, très mauvais ». Et +s'ils me demandent ce que je pense de la piraterie du ciné, je dis +que j'aimais assez bien le premier <em>Pirate des Caraïbes</em>, +c'est-à-dire que je cherche une manière très visible et rigolote pour +rejeter leur signification de propagande de l'expression. Maintenant +tu comprends qu'il ne faut pas répéter la propagande de l'ennemi, +parce que, comme ça, tu aides l'ennemi. Il faut rejeter leurs mots avec +leurs significations et leurs préjugés injustes. Voici la raison de +la liberté numéro 2, de redistribuer des copies exactes quand tu veux, +essentielle pour des raisons fondamentales éthiques.</p> + +<p>Mais la liberté 0 d’exécuter le programme comme tu veux est +essentielle pour d'autres raisons, pour que tu aies le contrôle de ton +informatique à toi. Évidemment, tu dois pouvoir exécuter le programme +comme tu veux, mais il y a des programmes privateurs qui nient, par leur +licence, même cette liberté. Par exemple, il y a un programme privateur +pour la gestion des sites web qui interdit, par sa licence, de l'utiliser +pour publier n'importe quelle chose qui critique le développeur du +programme. Dans ce cas, le logiciel privateur prive jusqu’à la liberté +d'expression. Évidemment, si tu ne peux pas utiliser ta copie ou la copie +qui est là pour ton utilisation comme tu veux, tu n'as pas le contrôle +de ton informatique. La liberté 0 est essentielle, mais ne suffit pas, +parce que c'est la liberté de faire ou de ne pas faire ce que le code +du programme permet déjà. C'est-à-dire que le propriétaire t'impose +toujours sa volonté, non plus par la licence si tu as la liberté 0, +mais toujours par le code même du programme. Il décide ce que tu peux +faire et ce que tu ne peux pas faire. Donc, pour avoir le contrôle de +ton informatique, tu as besoin aussi de la liberté 1 : la liberté +d'étudier le code source du programme et de le changer et de vraiment +utiliser ta version modifiée pour faire ton informatique. Un petit +détail très important : il y a des cas, il y a des produits qui +viennent avec du logiciel dedans, qui permettent que le fabricant mette à +jour ce programme mais pas toi ! Lui, il peut publier des versions +différentes à installer dans le produit mais tu ne peux pas installer +ta version modifiée. Dans ce cas, ce n'est pas la liberté numéro 1 +et cet exécutable n'est pas libre bien que son code source puisse être +libre, l'exécutable dans le produit n'est pas libre dans ce cas.</p> + +<p>Si tu n'as pas la liberté numéro 1, si tu n'as pas le code source, +tu ne peux même pas vérifier ce que ce programme fait vraiment et, +souvent, ces programmes contiennent des fonctionnalités malveillantes +pour surveiller l’utilisateur, pour restreindre l’utilisateur. Il +y a même des portes dérobées pour faire des choses à l'utilisateur +sans son autorisation, sans lui demander l'autorisation de les faire et +ce n'est pas un des dangers inhabituels de la vie. Il y a beaucoup de +dangers assez rares. Par exemple, quelqu'un peut te voler de l'argent +mais probablement pas aujourd'hui ! Une météorite peut tomber sur +ta tête, mais probablement pas aujourd'hui ! Beaucoup de dangers +assez rares, mais celui-ci n'est pas un danger inhabituel, c'est le cas +normal chez les utilisateurs du privateur. Presque tous les utilisateurs +de logiciels privateurs sont victimes du <em>malware</em> privateur et, +pour le démontrer, il suffit d'une liste d'exemples.</p> + +<p>Un paquet privateur dans lequel nous avons trouvé les trois genres +de fonctionnalités malveillantes, que tu connais peut-être de nom, +s’appelle Microsoft Windows. Nous connaissons des fonctionnalités +de surveillance, les fonctionnalités de restreindre l’utilisateur, +c'est-à-dire les menottes numériques, se voient si le système refuse +de faire quelque chose, l'utilisateur peut le voir. Mais d'habitude, +les utilisateurs ne reconnaissent pas qu'il s'agit des menottes, d'une +injustice : les portes dérobées ne se voient pas. Malgré la +difficulté de les repérer, nous connaissons deux portes dérobées dans +Windows, donc Windows est <em>malware</em>. <em>Malware</em> signifie +un programme construit pour faire mal aux utilisateurs. Windows, selon +ce critère, se qualifie de <em>malware</em>. Mais, c'est encore pire, +parce qu'une des portes dérobées connues dans Windows est universelle, +c'est-à-dire qu'elle permet l'installation à distance des changements +de logiciel. Microsoft a le pouvoir de changer m'importe quoi sans +demander l'autorisation du propriétaire théorique de l'ordinateur, +c'est-à-dire que n'importe quelle fonctionnalité malveillante qui +n'est pas présente dans Windows actuellement pourrait être imposée +à distance demain. Windows est donc <em>malware</em> universel. Mais +ce n'est pas le seul cas connu.</p> + +<p>Par exemple, il y a les ordinateurs d'Apple. Le système Mac OS dans +les Macintosh est <em>malware</em> parce qu'il contient des menottes +numériques appelées aussi gestion numérique de restrictions ou +en anglais DRM, <em>digital restrictions management</em>, mais le +logiciel des… je ne sais pas le dire en français, en anglais je +dis <em><a +href="/philosophy/why-call-it-the-swindle.html">the iThings</a></em>, +les monstres qu'Apple produit. Son logiciel +est encore pire. Les gens ont découvert plusieurs fonctionnalités +de surveillance. Ils ont – est-ce que ça se dit « brisé le +chemin » ? – des menottes numériques les plus serrées de +l’Histoire parce que Apple a pris le contrôle jusque sur l'installation +des applications. Apple pratique la censure des applications, la censure +arbitraire des applications selon ses intérêts commerciaux. Et ses +ordinateurs contiennent aussi une porte dérobée reconnue. Donc le +logiciel dans les ordinateurs d'Apple est <em>malware</em>.</p> + +<p>FlashPlayer est <em>malware</em> et contient une fonctionnalité +de surveillance et des menottes numériques, mais FlashPlayer est +gratuit. Est-ce que ça change quelque chose ? Cela veut dire +qu'Adobe n'exige pas que l’utilisateur paye pour être abusé. La +gratuité d'un programme ne signifie rien, parce que ce qui est important +c'est la liberté, pas la gratuité !</p> + +<p><em>Angry Birds</em> est <em>malware</em> et contient une +fonctionnalité de surveillance. Il garde les géolocalisations pour +les transmettre à l’entreprise. Je crois que c'était son vrai but, +de surveiller les utilisateurs, d'attirer les utilisateurs pour être +surveillés.</p> + +<p>Le logiciel du Kindle d'Amazon est <em>malware</em>. J’appelle ce +produit le <em>swindle</em>. <em>Swindle</em> veut dire escroquerie, +parce que ce produit a été conçu de manière à escroquer les +libertés traditionnelles des lecteurs. Par exemple la liberté +d'acquérir un livre à l'anonymat, en payant en liquide. Impossible chez +Amazon. Amazon n'accepte pas de liquide. Pour payer chez Amazon, il faut +t'identifier (ce qu'il ne faut jamais faire) et comme ça +Amazon gère une grande liste de tous les livres que chaque utilisateur a +lu. L'existence d'une telle liste menace les droits humains. L'existence +n'importe où d'une telle liste menace les droits humains. </p> + +<p>Il y a aussi la liberté de donner le livre en cadeau à quelqu'un +après l'avoir lu ou de le prêter aux amis ou de le vendre à une +boutique de livres d'occasion. Impossible avec le Kindle à cause +des menottes numériques, mais aussi interdit par le contrat qui nie +la possibilité de la propriété privée du lecteur. Les contrats +d'Amazon disent que tous les livres appartiennent à Amazon. Tu ne peux +pas posséder un livre selon Amazon. Mais il y a aussi la liberté de +garder le livre tant que tu veux, qu'Amazon élimine par une porte +dérobée dans le Kindle, qui a le pouvoir de supprimer les livres +à distance. Nous le savons par l’observation. En 2009, Amazon, un +jour, a supprimé des milliers d'exemplaires de livres, des copies qui, +jusqu’à ce jour-là, étaient autorisées. Les utilisateurs avaient +acquis leur copie chez Amazon par le chemin recommandé. Ils avaient des +copies autorisées jusqu’à un jour où Amazon les a effacées. Un +acte orwellien ! Et c'était quel livre ? <em>1984</em> de +Georges Orwell. Une fois quelqu’un, dans une de mes conférences, +a dit qu'il a vu disparaître le livre pendant qu'il était en train +de le lire. Puis Amazon a dit qu'il ne le ferait jamais plus sauf sous +les ordres de l’État. Si tu a lu <em>1984</em>, c'est une promesse +pas très réconfortante ! Je te conseille de le lire parce que tu +peux mieux comprendre le monde actuel à travers les dangers présentés +dans ce livre, mais pas avec le Kindle. Le mot Kindle signifie incendier, +mettre feu à quelque chose. Peut-être pour nous suggérer que son vrai +but est d'incendier nos livres à distance ?</p> + +<p>Et mon dernier exemple est presque tous les téléphones +portables qui ont des fonctionnalités de surveillance et une porte +dérobée universelle. La fonctionnalité de surveillance transmet la +géolocalisation sur commande, à distance, sans offrir à l’utilisateur +l'option de dire non. Un dispositif pour suivre l'utilisateur mais aussi +pour l'écouter parce que, à travers la porte dérobée, ils peuvent +installer un changement de logiciel pour convertir le téléphone +en dispositif d’écoute qui transmet toute la conversation dans +son environnement. Pas besoin de parler dans le microphone : il +peut t'écouter depuis l'autre côté de la pièce. Si tu éteins le +téléphone, il fait semblant d’être éteint sans vraiment s'éteindre, +pour pouvoir continuer de t'écouter. C'est le rêve de Staline le +téléphone portable, c'est pour ça que je n'en ai aucun. Ce serait +très commode, je le reconnais. Je vois dans la vie des autres combien +c'est commode, mais c'est mon devoir, c'est le devoir de tout citoyen de +mettre le doigt dans l’œil du Big Brother et c'est ce que je fais.</p> + +<p>Presque tous les utilisateurs du logiciel privateur utilisent +quelque chose dans la liste que je viens de citer, donc j'ai démontré +qu’être victime du <em>malware</em> privateur est le cas normal +chez les utilisateurs du privateur. Mais il s'agit de très peu de +programmes. Il y a beaucoup d'autres programmes sans la liberté numéro +1 dont nous ne savons rien. Nous ne savons pas s'ils contiennent des +fonctionnalités malveillantes, peut-être que oui, peut-être que non, +mais nous n'avons pas de façon de le vérifier parce que nous n’avons +pas le code source. C'est-à-dire que celui qui a pu introduire ou pas +des fonctionnalités malveillantes, nous empêche de le savoir et nous +demande notre confiance aveugle. Chaque programme sans la liberté +numéro 1 exige une foi aveugle dans le propriétaire. Il dit : +« Nous sommes une grande corporation. Aucune corporation n'a +jamais abusé le public. Donc ayez confiance en nous ! Faites-nous +confiance ! » C'est idiot, évidemment, mais je suppose que +parmi les nombreux programmes privateurs sans la liberté numéro 1 il +y a en a qui n'ont pas de fonctionnalités délibérées malveillantes, +mais leur code contient des erreurs parce que leurs développeurs sont +humains. Ils font des erreurs. Donc l'utilisateur d'un programme sans +la liberté 1 est aussi impuissant face à une erreur accidentelle que +face à une fonctionnalité malveillante délibérée. Si tu utilises un +programme sans la liberté 1, tu es prisonnier du code du programme.</p> + +<p>Nous, les développeurs du logiciel libre, sommes aussi humains. Nous +faisons des erreurs. Le code de nos programmes libres contient aussi +des erreurs, mais si tu trouves une erreur dans notre code libre, ou +n'importe quelle chose que tu n'aimes pas dans le code, tu es libre de le +corriger parce que nous n'avons pas fait de toi notre prisonnier. Nous +ne pouvons pas être parfaits. Nous pouvons respecter ta liberté. La +liberté numéro 1 est essentielle mais ne suffit pas, parce qu'avec la +liberté 0 et la liberté 1, chaque utilisateur a le contrôle individuel +du programme. Mais le contrôle individuel ne suffit pas parce que la +grande majorité des utilisateurs ne sait pas programmer. Avec uniquement +le contrôle individuel qu'est-ce qu'ils pourraient faire ? Il n'y +aurait aucun contrôle pour eux. Et même pour nous, les programmeurs, +le contrôle individuel ne suffit pas, parce que chaque programmeur +est occupé dans plusieurs travaux et il ne peut pas tout faire. Aucun +utilisateur du logiciel n'est capable d’étudier et de comprendre tout +le code source des programmes qu'il utilise, ni d'écrire personnellement +tous les changements qu'il peut désirer parce que c'est trop de travail +pour une seule personne. Donc, pour avoir vraiment le contrôle des +programmes que nous utilisons, il faut le faire collectivement. Il +faut donc aussi le contrôle collectif du programme c'est-à-dire que +n'importe quel groupe d'utilisateurs puisse collaborer pour adapter le +programme à ses besoins et à ses goûts. Il faut donc la liberté 3. La +liberté de contribuer à ta communauté et de distribuer des copies de +tes versions modifiées aux autres, quand tu veux. Avec cette liberté, +les membres du groupe sont libres de collaborer dans le développement +de leur version et enfin, quand ils sont satisfaits de leur version, +ils peuvent aussi offrir des copies au public.</p> + +<p>[Est-ce que c'est possible d'ouvrir des fenêtres parce que j'ai +chaud et je suppose que vous aussi vous avez chaud ? Normalement +je n'aime pas Windows mais dans ce cas, il faut plus que ces deux +fenêtres. Merci. Je pense que ce sera mieux bientôt !]</p> + +<p>[Richard Stallman se verse du thé.]</p> + +<p>Sans la liberté 3, chaque utilisateur serait libre d'écrire ce +changement lui-même, mais quel gaspillage ce serait d'écrire des +millions de fois le même changement et les utilisateurs qui ne savent +pas programmer seraient exclus complètement. Évidemment cela ne suffit +pas : la liberté 3 est essentielle. </p> + +<p>Donc je viens de démontrer pourquoi chaque liberté est +essentielle. Et les quatre libertés, ensemble, nous fournissent la +démocratie : un programme libre, développé démocratiquement, +sous le contrôle de ses utilisateurs, parce que chacun est libre de +participer dans la décision sociale du futur du programme qui n'est +que la somme des décisions de chaque utilisateur de que faire avec.</p> + +<p>En contraste, le programme privateur se développe sous le pouvoir +unique de son propriétaire et fonctionne socialement comme un joug +pour soumettre des utilisateurs, que le propriétaire peut commander, +exploiter et abuser.</p> + +<p>Donc dans le logiciel il n'y a que deux options : ou les +utilisateurs ont le contrôle du programme ou le programme a le contrôle +des utilisateurs. Le premier cas c'est le logiciel libre : avec +les quatre libertés essentielles les utilisateurs ont le contrôle du +programme. Ils ont le contrôle individuel et le contrôle collectif, dans +n'importe quel groupe, le contrôle collectif du programme et comme ça, +ils ont le contrôle de l’informatique qu'ils font avec. Mais s'ils +n'ont pas de manière adéquate les quatre libertés, ils n'ont pas le +contrôle du programme et c'est donc le programme qui a le contrôle +des utilisateurs, et le propriétaire qui a le contrôle du programme +et, à travers le programme, il exerce du pouvoir sur les utilisateurs +et voici le système du pouvoir injuste. Donc le monde a un choix à +faire : d'un côté il y a la liberté individuelle, la solidarité +sociale et la démocratie ; de l'autre côté il y a le pouvoir +injuste du propriétaire sur les utilisateurs. Le monde doit rejeter le +logiciel privateur pour élire le logiciel libre. Le but, le grand but +du mouvement logiciel libre est la libération du cyberespace et nous +t'invitons à t'échapper du logiciel privateur, à le rejeter et à +venir vivre avec nous dans le monde libre que nous avons construit pour +ça. Libère-toi ! Internaute, libère-toi !</p> + +<p><em>Applaudissements.</em></p> + +<p>J'ai lancé le mouvement du logiciel libre l'année 83. Je voulais +rendre possible l'utilisation d'un ordinateur en toute liberté, +ce qui était impossible à l'époque parce que l'ordinateur ne fait +rien sans système d’exploitation installé. Et tous les systèmes +d’exploitation, pour les ordinateurs modernes de l'époque, étaient +déjà privateurs. Donc, si tu achetais un PC nouveau, pour le rendre +utilisable, tu devais installer un système d'exploitation, évidemment +privateur et comme ça tu perdais la liberté. Comment pouvais-je +changer cela ? J'étais une seule personne, sans beaucoup d'argent, +sans beaucoup de célébrité et très peu [de gens, NdT] étaient +d’accord avec moi. Qu'est-ce que je pouvais faire ? Évidemment, +étant si peu, nous ne pouvions pas faire grand-chose avec un mouvement +classique, politique, en faisant des manifestations dans les rues, +en envoyant des lettres aux officiels ; je ne savais pas le +faire, en tout cas, je n'étais pas organisateur politique. J'étais +développeur de systèmes d'exploitation. Mais, en tant que développeur +de systèmes d'exploitation, j'avais une autre manière pour réaliser +le même changement. Il suffisait d'écrire un système d'exploitation +nouveau et, en tant que son auteur, je pouvais le rendre libre. Et +puis tout le monde pourrait utiliser des ordinateurs en liberté avec +mon système. Donc j'avais l'opportunité de réaliser ce changement, +de créer l'échappatoire du logiciel privateur, de sauver des gens de +l'injustice par un travail technique, dans mon propre domaine.</p> + +<p>J'étais conscient de l'injustice du logiciel privateur que la +grande majorité ne reconnaissait pas comme une injustice. J'avais +la capacité d'essayer de sauver des gens de cette injustice : +il paraissait que personne ne le ferait si ce n'était pas moi. Donc +j'avais été élu par les circonstances pour faire ce travail. C'était +mon devoir ! C'est comme si tu vois quelqu'un en train de se noyer +et que tu sais nager, il n'y a personne d'autre présent — et ce n'est +pas Bush ni Sarkozy — tu as le devoir de le sauver ! Je me demande +s'ils vont m’arrêter pour avoir dit ça. La France ne reconnaît pas +la liberté de la parole : il y a beaucoup de censure, beaucoup +d'injustice en France. Il faut rétablir les droits de l'homme. Il faut +éliminer la censure en France, y compris le droit d'insulter quelqu'un, +même de m'insulter, pas seulement Sarkozy, mais moi aussi. Il faut le +droit d'insulter n'importe qui ! Pour moi ce n'est pas un problème +vraiment parce que je ne sais pas nager. Mais, dans le vrai cas dans ma +vie, le travail à faire n'était pas de nager mais plutôt d'écrire +beaucoup de code. Et ça, je savais faire. </p> + +<p>J'ai décidé de développer un système d'exploitation complètement +à base de logiciels libres, ça veut dire que chaque ligne du code +serait libre. Un système entier sans logiciel privateur parce que chaque +morceau de logiciel privateur prive de la liberté. Pour ne pas perdre la +liberté, il faut rejeter complètement le logiciel privateur. Il faut +un système sans logiciel privateur. Beaucoup disent des choses comme +« notre produit est basé sur le logiciel libre » ou quelque +chose comme ça, mais que signifie basé ? C'est peut-être une +manière de citer la liberté ou quelque chose sans dire « notre +programme est libre ». Donc quand quelqu'un dit « basé +sur », il faut investiguer ce qu'il a fait vraiment. Il faut +soupçonner, quand tu entends le mot « basé ».</p> + +<p>Puis j’ai décidé d’inviter d'autres à participer au +développement ; pas besoin que ce soit écrit complètement par +moi et je voulais avoir un système complet le plus vite possible. Puis +j’ai décidé de suivre la conception technique d'Unix, de faire +un système semblable à Unix. Unix était un système privateur, donc +injuste, mais avec beaucoup de succès à l'époque et avec des avantages +techniques. Donc, en suivant la conception et les commandes d'Unix, +je pouvais faire un système meilleur et compatible et comme ça, les +nombreux utilisateurs pourraient facilement migrer vers mon système.</p> + +<p>Puis je lui ai donné comme nom une blague parce qu'il faut toujours +un nom humoristique pour un système informatique. Donc le nom de ce +système est <a href="/gnu/about-gnu.html">GNU</a> : G, N, U, +et c'est un acronyme récursif. GNU veut dire <em>GNU's not Unix</em> +ou Gnu n'est pas Unix, mais c'est une signification. Pour être un +jeu de mots il faut deux significations. Pourquoi GNU et pas AGN, +AGU, FNU ? Parce que ce ne sont pas des mots, ils n'ont pas +d'autre signification. Mais gnou est le nom de cet animal qui habite +en Afrique. Donc voici deux significations : c'est un jeu de mots, +mais il est meilleur encore parce que ce nom s'utilise dans beaucoup de +jeux de mots. C'est le mot le plus chargé d'humour de la langue anglaise +parce que selon le dictionnaire, le « g » est muet et le mot +se prononce « niou », comme le mot pour nouveau [<em>new</em>, +NdT]. Donc chaque fois que tu veux écrire le mot <em>new</em>, au lieu +de l'écrire n, e, w, tu peux l'écrire « gnu ». Voici un +jeu de mots. Peut-être pas très bon, mais il y en a beaucoup. Donc +nous avons appris à mettre en relation ce mot avec l'humour. On voit ce +mot et il prête à rire. Évidemment, donner l'opportunité d'utiliser +ce mot comme le nom d'un système de programmation, je ne pouvais pas +résister ! Mais quand c'est le nom de notre programme, surtout en +anglais, il ne faut pas suivre le dictionnaire. Si tu dis <em>The new +system</em>, tu t'es déjà trompé parce que nous avons développé ce +système depuis 29 ans et nous l’utilisons depuis 20 ans. Il n'est +plus nouveau ! <em>It's not the new system !</em>. C'est +le <em>GNU System</em>. C'est le système GNU. Il faut prononcer le +« g ».</p> + +<p>Mais il y a une autre erreur de prononciation très commune et +très bizarre qu'il faut éviter, qui sonne comme Linux. Bizarre, mais +beaucoup, quand ils parlent du système GNU, disent Linux, par erreur +évidemment. Mais c'était quoi l'erreur, la confusion ? En l'année +92, nous avions presque tout le système initial GNU, mais un composant +essentiel manquait toujours. C'était le noyau. Ils ont commencé à +parler d'un système Linux et les autres ont suivi la même erreur. Et +c'est comme ça que la majorité des utilisateurs du système GNU et Linux +ne reconnaît pas qu'il s'agit du système GNU et Linux, ils disent Linux +tout court et pensent que le système entier est le travail de monsieur +Torvalds. Ils pensent que le système vient de sa vision de la vie, de +sa philosophie. Et c'est quoi sa philosophie ? Il n'a jamais été +d'accord avec le mouvement logiciel libre. Il a fait une contribution +importante à la communauté du logiciel libre, mais pour d'autres +motivations que j'ignore. Bon ! Il a le droit à ses opinions, +mais quand les gens pensent que le système est Linux et qu'il vient +de sa vision de la vie, ils se trompent ! Mais pire encore, ils ne +voient pas pourquoi valoriser leur propre liberté. Ils n’apprennent +pas à valoriser les droits de l'homme dans l’informatique et voici le +danger ! Oui. Ce n'est pas beau d'appeler le système Linux. C'est ne +pas reconnaître notre travail. Prière de nous donner une reconnaissance +égale. Prière de l'appeler GNU et Linux.</p> + +<p>Mais vraiment il y a quelque chose de plus important que la +reconnaissance du travail en jeu. Il s'agit de montrer aux utilisateurs +les idées du mouvement logiciel libre pour qu'ils apprennent à +valoriser leurs propres droits de l'homme, pour les défendre, parce que +la liberté est souvent menacée. Pour la garder, il faut lutter. Il faut +la défendre. C'est comme ça, dans tous les domaines de la vie, depuis +longtemps. Mais, dans les autres domaines de la vie, le débat sur les +droits de l'homme a duré longtemps, des décennies ou des siècles. Assez +de temps pour arriver à des conclusions sur les droits humains et les +diffuser mondialement, et ça fournit une base pour lutter. De temps en +temps, nous réussissons à protéger la liberté contre les menaces. Mais +l'informatique est un domaine très nouveau. Cela fait combien de temps +que la majorité des Français pratique l'informatique ? Quinze ans +peut-être ? Pas longtemps pour le débat sur quels sont les droits +humains que l'utilisateur de l'informatique mérite. Quels droits humains +est-ce que tu mérites dans l’utilisation d'un programme ? Mais, en +vérité, il n'y a jamais eu ce débat. Il n'a jamais commencé parce que +presque tous les utilisateurs ont commencé avec du logiciel privateur, +formé d'autres utilisateurs du logiciel privateur, sans connaître +d'autres options que le logiciel privateur. Donc ils ont pris pour… +Pris pour quoi ? Plus fort je n'entends rien.</p> + +<p><strong>Public :</strong> Des imbéciles !</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Non ! Pris pour… <em>They took +for granted</em>. Comment dit-on <em>they took for granted</em> ? +Ils ont pris pour acquis, merci, la légitimité du logiciel +privateur. C'est-à-dire qu'ils ont laissé les propriétaires dicter +la réponse à la question « quels droits humains est-ce que +tu mérites dans l'utilisation d'un programme ? » Et les +propriétaires ont dicté « aucun ». Ils ont dicté qu'ils +pouvaient imposer n'importe quelle condition. Et les utilisateurs l'ont +accepté, sauf quelques-uns dans le mouvement du logiciel libre. Nous +pensons avoir identifié quatre droits humains que l’utilisateur +mérite dans l'utilisation d'un programme. Ce sont les quatre libertés +essentielles qui définissent le logiciel libre. Mais quand nous essayons +de transmettre nos idées aux utilisateurs du système GNU pour lancer +ce débat, nous rencontrons deux obstacles. L'un est que les utilisateurs +du système GNU ne reconnaissent pas que le système est GNU, ils pensent +que c'est Linux et qu'il vient de la vision de la vie de M. Torvalds. Ils +l'admirent beaucoup pour avoir supposément créé tout le système qu'ils +adorent, et donc ils suivent sa philosophie sans considérer la nôtre +qui est, en vérité, à la base de ce système. Donc l'utilisateur voit +les articles que nous publions qui expliquent la philosophie du logiciel +libre et ils se disent : « Voici les idées des extrémistes +GNU. Moi, je suis utilisateur de Linux. J'admire la politique pragmatique +de M. Torvalds qui a développé tout ce système que j'adore et donc, je +ne les lis pas ». Quelle ironie ! Parce qu'ils se prennent pour +des utilisateurs de Linux alors qu'en vérité ils sont des utilisateurs +de GNU et Linux. Mais ne le savent pas !</p> + +<p>Il faut noter que pragmatique, dans le domaine de la politique, +signifie souvent la tendance à prendre des décisions importantes à +long terme selon les avantages pratiques du court terme, c'est-à-dire +pas très sages. Mais s'ils savaient qu'ils utilisent le système GNU et +Linux, ils se diraient autre chose. Ils se diraient : « Voici +les idées du projet GNU et moi, je suis utilisateur de GNU et Linux, je +dois y faire attention ». Et comme ça, nous aurions la possibilité +de les convaincre qu'ils méritent la liberté et qu'ils doivent lutter +pour leur propre liberté et, comme ça, nous pourrions gagner. Donc +nous avons besoin de ton aide pour les informer que le système est GNU +et Linux, pas seulement Linux. Prière de nous aider !</p> + +<p>Mais il y a un autre obstacle. Beaucoup n’utilisent pas, ni ne +reconnaissent l'expression <em>logiciel libre</em>, parce que ceux qui ne sont pas +d'accord avec notre philosophie utilisent une autre expression, +<em><a href="/philosophy/open-source-misses-the-point.html">open +source</a></em> ou source ouverte, mais c'est la même chose, +c'est une manière d'oublier le mot libre, d'oublier la question des +droits de l'homme, de ne pas poser cette question parce que ce serait +trop radical ! Réclamer la liberté, ce serait trop radical +aujourd'hui ! Eux, ils ne veulent pas critiquer une pratique commune +industrielle. Quoi qu'il en soit, donc, critiquer le logiciel privateur +comme une injustice c'est trop radical pour eux et ils ont trouvé la +manière de ne pas poser la question : open source. L'expression +open source a été inventée l'année 98 pour éviter cette question et +la majorité de la communauté utilise cette expression. Comme ça, les +utilisateurs utilisent ce système sans se rendre compte de l'existence du +mouvement du logiciel libre. Tu peux nous aider en disant « logiciel +libre ». Libre ! Il s'agit de la liberté. Donc quand les +autres parlent et disent source ouverte ou open source, du franglais, tu +peux nous aider en disant : « Il s'agit du logiciel libre qui +respecte la liberté, qui respecte les droits de l'homme ». Quand +les autres ne le font pas, c'est à toi de le faire. Si tu veux nous +aider au maximum, fais-le ainsi en diffusant la philosophie du logiciel +libre. </p> + +<p>[Oui c'est un choix entre le bruit et la chaleur. Richard Stallman +se verse du thé et le boit.]</p> + +<p>Parce que, même dans la communauté du logiciel libre, nous +pouvons perdre la liberté déjà acquise par faute d'attention. Par +exemple, en 1992, M. Torvalds a libéré le code de Linux et nous +avions le système GNU et Linux. Il était possible d'acheter un PC +et installer ce système GNU et Linux pour l'utiliser en liberté, +mais ce n'était pas facile au commencement. Il fallait devenir +expert pour réussir à le faire fonctionner. Donc quelques-uns ont +commencé à développer des distributions GNU et Linux pour faciliter +l'installation du système. Quelques années plus tard, il y avait +plusieurs distributions en concurrence dans une communauté où la +majorité ne valorisait pas la liberté. Donc les développeurs d'une +distribution ont eu l'idée d'avoir plus de succès, de gagner sur leurs +concurrents, en introduisant des programmes privateurs dans leur système +pour les présenter comme des avantages. Ils disaient « notre +système peut faire ça et ça ». Ils ne disaient pas : +« C'est parce qu'il ne respecte pas ta liberté. » C'était +la vérité qu'ils ne disaient pas. Mais, pour les utilisateurs, dans la +communauté, ce n'était pas important parce qu'ils n’appréciaient +pas la liberté, donc cette distribution-là avait plus de succès et +les développeurs des autres distributions regardaient et se disaient +« ils gagnent sur nous ; nous devons introduire aussi des +programmes privateurs pour éliminer leur avantage ». Pendant +plusieurs années ils l'ont fait, et enfin, il y a quinze ans, quand +les gens me demandaient à la fin d'une conférence : « Où +puis-je trouver ce système ? », je devais répondre : +« C'est dommage, il y a beaucoup de distributions, mais pas une +seule complètement libre. Toutes les distributions contiennent des +programmes privateurs. Je ne connais aucun lieu que je pourrais vous +recommander. » C'est-à-dire que nous étions arrivés à la +liberté et nous l'avions perdue faute de la valoriser.</p> + +<p>[Nous pouvons ouvrir les fenêtres de ce côté et fermer les +autres. C'est-à-dire que même écouter la conférence peut être un +peu de travail !]</p> + +<p>Heureusement, il y a aujourd'hui des distributions complètement +libres. Il y a par exemple UTUTO : U, T, U, T, O. Il y a BLAG, +<i>Blag Linux And GNU</i>, qui se prononce « blag ». Il +y a aussi <i>gNewSense</i> qui est aussi une blague parce que +mon titre, comme chef du projet, est <i>Chief GNU-isance</i>, la +GNU-isance en chef. Il y a aussi Trisquel. La liste se trouve sur <a +href="/distros/free-distros">https://www.gnu.org/distros/</a>. Mais +évidemment, ce ne sont pas des distributions très populaires et très +connues. Elles [les populaires et connues, NdT] continuent de contenir +des programmes privateurs. C'est-à-dire que nous avons commencé à +récupérer la liberté déjà perdue, mais seulement commencé.</p> + +<p>Plus tard, nous avons perdu la liberté d'une autre +manière. Aujourd'hui, le code source du noyau Linux n'est pas +complètement en logiciel libre. Dans plusieurs fichiers, tu trouveras une +grande liste de numéros et cette liste est, en vérité, un programme +privateur exécutable déguisé en code source, mais représenter le +programme exécutable comme une liste de numéros ne produit pas de code +source. Le vrai code source de ces programmes n'est pas disponible. Par +conséquent, ils ne sont pas libres. Beaucoup d'autres aussi portent des +licences explicites privatrices. Pourquoi ces programmes privateurs sont +présents dans Linux ? Parce que M. Torvalds les a acceptés. Il +a décidé d'introduire ces morceaux privateurs dans son programme. Ces +programmes-ci ne s'exécutent pas dans le processeur central ; ce sont des +morceaux de <em>firmwares</em>. C'est-à-dire qu'ils sont là pour être +déchargés dans les périphériques pour les faire fonctionner. Mais en +tout cas c'est un programme privateur installé dans le système, donc +pas acceptable. Pourquoi est-ce qu'il voulait introduire ces morceaux +privateurs ? Parce que ces périphériques ne fonctionnent pas sans +les morceaux privateurs. Il est impossible d'utiliser ces périphériques +dans le monde libre. Que faire ? Il y a deux choix : on peut +rester dans le monde libre, maintenir la liberté et ne pas les utiliser +et on peut les utiliser mais en perdant de la liberté. Deux choix, deux +réponses possibles. M. Torvalds a choisi la deuxième réponse : +sacrifier la liberté pour la commodité. Nous choisissons la première +réponse.</p> + +<p>Nous avons notre version modifiée du noyau Linux que nous appelons +Linux libre. Même en anglais nous disons libre, pas <em>free</em>, +pour mettre emphatiser la liberté de notre version. Et ce n'est pas +beaucoup de travail. Nous avons un script pour supprimer les morceaux +privateurs. Et chaque fois que Torvalds publie une nouvelle version de son +noyau, nous invoquons ce programme pour produire la nouvelle version de +Linux libre. Ça c'est assez facile de produire un noyau libre, mais cela +ne résout pas le problème de base qui est que ces périphériques ne +fonctionnent pas dans le monde libre. Pour ça, il faut de l’ingénierie +inverse, un travail technique très important. Si tu veux contribuer +au maximum possible dans un domaine technique à la communauté libre, +fais de l'ingénierie inverse.</p> + +<p>J'ai proposé à l'université d'offrir des cours d'ingénierie +inverse. C'est très, très, important comme travail pour maintenir la +liberté, parce que de plus en plus, ils fabriquent des machines avec un +mode d’emploi secret. Et pour découvrir le mode d'emploi du produit, +il faut de l'ingénierie inverse ou convaincre le fabricant. Convaincre +le fabricant, parfois on peut le faire, mais c'est le hasard, +plus ou moins. Si on a de la chance, on convainc le fabricant, mais +normalement, ce n'est pas possible. Il ne reste que l’ingénierie +inverse. Nous avons besoin de beaucoup plus d'ingénierie inverse. Sur +<a href="https://fsf.org">http://fsf.org</a> nous avons une page de campagne +et dans cette page il y a des liens vers des listes de projets de haute +priorité, y compris des projets d'ingénierie inverse, mais il n'y +en a pas beaucoup qui le font. Tu peux apprendre à le faire. Tu peux +contribuer à notre libération dans le futur.</p> + +<p>Ces deux cas suffisent pour démontrer que notre futur dépend surtout +de nos valeurs. Si nous valorisons suffisamment la liberté nous lutterons +et nous pourrons gagner la bataille. Sans valoriser la liberté, on perd +facilement la liberté. Il faut donc diffuser cette philosophie. C'est le +travail le plus essentiel pour une lutte qui durera des décennies. Le +besoin le plus important est de ne pas oublier le but. Il faut parler +de la liberté. Il ne suffit pas de faire les travaux techniques +nécessaires. Il faut éduquer les autres à apprécier la liberté +et c'est le travail que je fais maintenant avec vous. Mais je ne peux +pas en faire assez, seul. Tu peux apprendre à faire des discours pour +diffuser cette philosophie et comme ça, tu peux contribuer beaucoup au +mouvement. Il n'y a rien de plus important que ça.</p> + +<p>Aujourd'hui, il est devenu possible de perdre la liberté informatique, +d'exécuter des programmes privateurs sans le savoir. Beaucoup de +pages web portent des programmes privateurs écrits en JavaScript, des +programmes qui s'installent dans ton navigateur et s’exécutent sans +rien te dire, sans le montrer. Pour l’éviter, qu'est-ce qu'il faut +faire ? Il y a un an, il fallait désactiver JavaScript, tout le +temps, pour éviter l'exécution de tels programmes. Mais maintenant, +il y a une manière plus facile. Tu peux installer le programme <a +href="/software/librejs/">LibreJS</a> qui analyse tous les programmes +JavaScript qui essayent de rentrer dans le navigateur. Si le programme +est trivial ou libre, il peut s'exécuter ; mais si le code n'est +ni trivial ni libre il est bloqué et le programme LibreJS avertit +l'utilisateur : « Cette page-ci contient du JavaScript +privateur ». Mais le programme fait une chose de plus. Il cherche +dans les pages du site comment se plaindre à la gestion du site et +où. Et comme ça il peut t'offrir la manière de te plaindre vite, +facilement, parce que tu n'as pas besoin de chercher où envoyer la +plainte, ce qui coûte beaucoup plus de temps que de l’écrire. Grâce +à LibrejJS, tu peux facilement te plaindre et il est très important +de te plaindre. Il faut envoyer beaucoup de plaintes pour convaincre la +gestion de beaucoup de sites web qu'il ne faut pas imposer l'exécution +de programmes privateurs aux visiteurs.</p> + +<p>Mais il y a aussi une manière de perdre le contrôle de ton +informatique sans exécuter un programme privateur. Il s'appelle le +logiciel comme service. Qu’est-ce que ça signifie ? Ça signifie +que l'utilisateur, au lieu de faire son informatique à lui en utilisant +un programme que nous pouvons espérer libre, dans son ordinateur à +lui, il envoie toutes ses données, toutes les données pertinentes, au +serveur de quelqu'un d'autre pour que son informatique soit faite dans +ce serveur, par les programmes choisis par le propriétaire du serveur, +que l'utilisateur même ne peut ni voir ni toucher. Et enfin, ce serveur +envoie les résultats à l'utilisateur ou agit pour lui. Et comme ça, +l'utilisateur a perdu le contrôle de son informatique à lui. C'est +le même résultat que celui d'avoir utilisé un programme privateur, +mais par un autre chemin. Donc c'est la même injustice ; il ne faut +pas le faire. Mais c'est encore pire parce que, comme j'ai l'ai expliqué +avant, beaucoup de programmes privateurs contiennent des fonctionnalités +de surveillance qui transmettent des données sur l’utilisation de +la machine au serveur de quelqu'un d'autre. Mais, avec le logiciel +comme service, l'utilisateur se trouve obligé d’envoyer toutes les +données pertinentes au serveur. C'est le même résultat. Le serveur +possède les données de l'utilisateur et qui sait à qui le serveur +les montrera ?</p> + +<p>Mais c'est encore pire. Comme j'ai déjà dit, il y a des programmes +privateurs qui contiennent des portes dérobées universelles comme, +par exemple, Microsoft Windows, Google Chrome, qui est un navigateur +privateur avec une porte dérobée universelle. La grande majorité des +téléphones portables contiennent des portes dérobées universelles, +ce qui veut dire que quelqu'un a le pouvoir d'imposer des changements de +logiciel à distance et donc de changer comment sera faite l'informatique +de l'utilisateur, sans lui demander l'autorisation. Mais, avec le logiciel +comme service, le propriétaire du serveur peut, à n'importe quel moment, +installer d'autres logiciels dans le serveur pour changer comment se +fait l'informatique des utilisateurs. Évidemment, cet ordinateur lui +appartient ! Il doit pouvoir installer d'autres logiciels dans son +ordinateur ! Mais le résultat est qu'il peut et qu'il a le pouvoir, +de changer comment se fait l'informatique de l'utilisateur sans lui +demander l'autorisation. C'est injuste et pour éviter cette injustice il +faut rejeter le logiciel comme service. C'est-à-dire que si un service +t'offre de faire ton informatique à toi, il faut dire non !</p> + +<p>Heureusement, c'est un cas assez rare. La grande majorité des sites +web ne fait que présenter leur information que tu peux regarder. Si tu +regardes son information ce n'est pas faire ton informatique à toi, donc +le problème ne se pose pas. Mais si nous considérons la minorité de +sites web qui offrent des services non triviaux, la grande majorité font +des services de communication entre des utilisateurs et la communication +avec d'autres ne fait pas partie de ton informatique personnelle à +toi. Quand tu communiques avec d'autres, c'est de l’informatique +collective. Tu ne peux pas supposer que tu auras le contrôle complet +de l'informatique conjointe avec d'autres. Donc le problème ne se +pose pas.</p> + +<p>Mais il y a des services qui offrent de faire ton informatique +personnelle, comme par exemple des services de traduction, qui font +de l'informatique qui est à toi et que tu devrais pouvoir faire en +exécutant un programme libre dans ton ordinateur. Donc, en ce cas, le +service essaie de remplacer un programme et voici le cas où le service +est injuste.</p> + +<p>Il y a aussi d'autres injustices possibles chez les services +internet, par exemple montrer tes données aux autres, au Big Brother, +qui sait ? Il ne faut pas utiliser les services web des entreprises +hors de l'Union européenne parce que les autres pays n'ont pas de lois +de protection des données. Si tu offres tes données à une entreprise +américaine, qui sait ce qu'elle fera avec tes données ? Mais la +loi européenne de la protection des données a besoin d'une mise à jour +parce que maintenant, même visiter une page peut envoyer des données à +d'autres entreprises ; c'est très commun. Si tu visites une page et +que dans la page apparaît un bouton <em>Like</em>, Facebook sait que ta +machine a visité cette page ! Que tu sois utilisateur de Facebook +ou pas, Facebook reçoit toujours l'information que ta machine a visité +cette page ! Ce doit être illégal ! L'Union européenne est en +train de changer la loi de protection des données, mais les entreprises +comme Facebook et Google font pression pour limiter la loi. Donc il faut +agir politiquement maintenant. Il faut communiquer avec les membres du +Parlement européen, maintenant, parce que les comités sont en train +de rédiger la loi.</p> + +<p>Enfin, je dois expliquer pourquoi l'éducation doit enseigner +uniquement le logiciel libre. Toutes les écoles, de tous les niveaux, +depuis le jardin d'enfants à l'université et les activités d'éducation +des adultes doivent enseigner uniquement le logiciel libre. Jamais +un programme privateur. Mais pourquoi ? Pas surtout pour faire +des économies. C'est un bénéfice secondaire possible. Mais cette +question est importante. Il ne s'agit pas de comment faire un peu mieux +l'éducation. C'est de faire la bonne éducation et pas la mauvaise +éducation. Pourquoi est-ce que des développeurs du privateur offrent des +copies gratuites aux écoles et aux élèves ? Ils veulent utiliser +les écoles comme des instruments pour imposer de la dépendance à la +société entière. Leur plan fonctionne ainsi :Ils livrent des +copies gratuites à l'école. L'école enseigne leur utilisation aux +élèves. Les élèves deviennent dépendants. Puis ils se forment +dépendants et après leur diplôme, le même développeur ne leur +offre plus des copies gratuites. Jamais ! Et quelques-uns trouvent +de l'emploi dans des entreprises. Le développeur n'offre jamais aux +entreprises des copies gratuites. C'est-à-dire que le plan c'est que +l'école dirige ses élèves dans le chemin de la dépendance permanente +et que les élèves tirent le reste de la société dans le même +chemin. C'est comme donner des drogues addictives à l'école en disant +que la première dose est gratuite ! C'est pour rendre dépendants +les élèves. Non ! L'école rejetterait les drogues addictives, +que ce soit gratuit ou pas, et doit rejeter les programmes privateurs, +gratuits ou pas, parce que l'école a une mission sociale d'éduquer des +bons citoyens d'une société forte, capable, indépendante, solidaire +et libre. Et en informatique, ça veut dire former des utilisateurs +habitués au logiciel libre et prêts à participer dans une société +numérique libre. L'école ne doit jamais enseigner l'utilisation d'un +programme privateur parce que ce serait inventer de la dépendance. Il +ne faut pas !</p> + +<p>Mais il y a aussi une autre raison pour l'éducation des meilleurs +programmeurs. Quelques-uns sont doués dans la programmation et, à l'âge +de 10 à 13 ans, ils sont fascinés par l'informatique, ils veulent tout +apprendre. S'ils utilisent un programme, ils veulent savoir comment +est-ce qu'il fait ça. Mais quand ils demandent au professeur : +« Comment est-ce qu'il fait ça ? », si le programme est +privateur, il ne peut répondre que : « Nous ne pouvons pas le +savoir ! C'est un secret commercial. » C'est-à-dire que tout +programme incorpore des connaissances. Dans le cas où le programme est +privateur, ce sont des connaissances niées aux étudiants, c'est-à-dire +que le programme privateur est l'ennemi de l'esprit de l’éducation +et ne doit jamais être toléré dans une école, parce que l'école +doit démontrer sa loyauté à l'esprit de l'éducation.</p> + +<p>Si le programme est libre, le professeur peut expliquer autant +qu'il le peut, puis donner à chaque élève fasciné une copie du +code source en lui disant : « Lis-le et tu peux comprendre +tout ! » Et ces élèves liront tout parce qu'ils veulent +comprendre et le professeur peut leur dire aussi : « Si tu +trouves quelque point que tu ne peux pas comprendre seul, montre-le moi +et nous pourrons le comprendre ensemble ». Et comme ça, notre +élève doué en informatique a l'opportunité d'apprendre une leçon +essentielle pour devenir un bon programmeur.</p> + +<p>Ce code n'est pas clair. Il ne faut pas l’écrire comme ça. C'est +comme ça qu'on se transforme de programmeur doué en bon programmeur. Il +faut apprendre à écrire du code clair. Comment est-ce que ça +s'apprend ? En lisant beaucoup de code et en écrivant beaucoup de +code. Seul le logiciel libre offre l’opportunité de lire beaucoup +de code des grands programmes que nous utilisons. Et puis, il faut +écrire beaucoup de code et, plus spécifiquement, écrire beaucoup de +modifications dans les grands programmes pour apprendre à écrire bien le +code des grands programmes. Il faut le faire. Mais, au commencement, on ne +sait pas écrire bien un grand programme depuis zéro. Il faut commencer +avec un grand programme et écrire une modification. Au commencement des +petits changements, puis des changements plus grands et enfin, on sait +écrire beaucoup de code et écrire un grand programme depuis zéro. Seul +le logiciel libre offre l'opportunité d'écrire des petits et des grands +changements dans des grands programmes qui s'utilisent vraiment. N'importe +quelle école peut offrir l'opportunité de maîtriser le domaine de la +programmation, si elle est une école de logiciel libre.</p> + +<p>Mais il y a une raison plus profonde encore pour l'éducation +morale : l’éducation dans la citoyenneté. L'école doit aller +plus loin que d'enseigner des faits et des méthodes. L'école doit +enseigner l'esprit de bonne volonté, l'habitude d'aider les autres. Par +conséquent, chaque classe doit avoir la règle suivante : élève, +si tu apportes un programme à la classe, tu ne dois pas le garder pour +toi. Tu dois partager des copies avec le reste de la classe, y compris le +code source du programme pour le cas où quelqu'un veut appendre. Parce +que cette classe est un lieu pour partager les connaissances. Donc +il n'est pas autorisé d'apporter un programme privateur à cette +classe. L'école doit donner le bon exemple en suivant sa propre +règle. L'école doit apporter uniquement du logiciel libre à la classe +et partager les copies du code source avec tous ceux dans la classe que +ça intéresse de le voir.</p> + +<p>Si tu as un contact avec une école, si tu es étudiant, ou élève, +ou professeur, ou employé, ou parent, c'est ton devoir de militer pour +la migration de cette école vers le logiciel libre. Il faut souvent +présenter la question au public, aux autres, dans les communautés en +relation avec l'école. Oui, on peut proposer des changements en privé +avec l'administration et parfois ça suffit et quand ça suffit, c'est +bon. Mais quand ça ne suffit pas, il faut le dire au public, parce +que, comme ça, tu peux éduquer les autres à valoriser les droits +de l'homme.</p> + +<p>Pour davantage d'informations tu peux regarder le site <a +href="/">http://gnu.org/</a>. C'est G, N, U point org. Il y a aussi +le site <a href="https://fsf.org">http://fsf.org</a>, ça veut dire <i>Free +Software Foundation</i> ; c'est notre site et tu peux t'inscrire +comme membre. Tu peux t'inscrire aussi pour recevoir notre information +mensuelle. Tu peux y trouver aussi nos campagnes d'action et des +ressources pour promouvoir le logiciel libre et pour l'utiliser. Si +tu veux t'inscrire et si tu veux payer les frais annuels pour être +membre, en liquide, tu as aussi cette possibilité avec moi. Il y a +aussi la Free Software Foundation Europe dont le site s'appelle <a +href="https://fsfe.org/">http://fsfe.org/</a> et tu peux t'y inscrire aussi.</p> + +<p>Prière d'appuyer notre lutte ! Sans toi il sera plus difficile +de gagner !</p> + +<p>Maintenant je veux vous présenter mon autre identité.</p> + +<p>[RMS se déguise.]</p> + +<p><em>Applaudissements.</em></p> + +<p>Je suis le saint IGNUcius de l'église d'Emacs. Je bénis ton +ordinateur mon fils. Emacs était à l'origine un programme éditeur +de texte extensible qui devenait à travers les années une manière de +vivre pour beaucoup d'utilisateurs parce qu'il a été étendu jusqu'à +pouvoir faire toute leur informatique sans jamais sortir d'Emacs. Et +puis il est devenu une église avec le lancement du groupe de notices +org.religion.emacs dont la visite peut t'amuser. Dans l'église d'Emacs +nous n'avons pas de services seulement des logiciels. Nous avons un grand +schisme entre plusieurs versions rivales d'Emacs et nous avons aussi +des saints, mais pas de dieux. Au lieu des dieux, nous adorons le seul +vrai éditeur : Emacs. Pour devenir membre de l'église d'Emacs, +tu dois prononcer la profession de foi. Tu dois dire « il n'y a +aucun autre système que GNU et Linux est un de ses noyaux ». Si tu +deviens vraiment expert, tu pourras le célébrer avec notre cérémonie, +le « foubarmitzva », dans laquelle tu chantes une portion +de notre texte sacré, c'est-à-dire le code source du système.</p> + +<p>Nous avons aussi le culte de la vierge d'Emacs, qui se réfère à +n'importe qui n'ayant jamais utilisé Emacs. Et selon l'église d'Emacs, +lui offrir l'opportunité de perdre la virginité d'Emacs est un acte +béni. Nous avons aussi le pèlerinage d'Emacs. Il s'agit d'invoquer +toutes les commandes d'Emacs dans l'ordre alphabétique. Selon une secte +tibétaine, il suffit d'exécuter toutes les commandes automatiquement +sous le contrôle d'un script, mais selon l'église principale, pour +gagner du mérite spirituel avec, il faut taper toutes les commandes à +la main.</p> + +<p>L'église d'Emacs a des avantages, comparés à d’autres églises +que je ne vais pas mentionner. Par exemple, être saint dans l'église +d'Emacs n'exige pas le célibat, mais exige de vivre une vie pure et +éthique. Il faut faire l'exorcisme des systèmes démoniaques privateurs +qui ont possédé des ordinateurs sous ton contrôle ou été montés +pour ton utilisation régulière et installer un système complètement +sain et libre, en anglais <em>a only free system</em>. Puis installer et +utiliser uniquement du logiciel libre sûr et avec le système. Si tu fais +ce vœu et si tu le suis tu seras saint et tu auras le droit de porter une +auréole, si tu en trouves une parce qu'ils ne les fabriquent plus.</p> + +<p>Parfois, quelqu'un me demande si selon l'église d'Emacs l'utilisation +de l'autre éditeur VI est un péché. C'est vrai que VI, VI +– VI est l'éditeur de la bête [666, NdT] en tant que numéro romain – +mais l'utilisation d'une version complètement libre de VI n'est pas un +péché mais plutôt une pénitence. Et mon auréole n'est pas un vieux +disque dur d'ordinateur, mais c'était un disque dur dans une existence +antérieure. Merci beaucoup.</p> + +<p><em>Applaudissements.</em></p> + +<p>Maintenant mon dernier calembour. J'en suis très fier : les +cardinaux sont des prêtres qui ont été pistonnés jusqu’à devenir +des soupapes !</p> + +<p>Maintenant, voici un petit adorable gnou et je vais le vendre aux +enchères au bénéfice de la FSF. Si tu l'achètes je peux signer la +carte pour toi. Si tu as un manchot chez toi, tu as besoin d'un gnou pour +le manchot car, comme nous le savons, le manchot ne sait pas fonctionner +sans gnou. Nous pouvons accepter le paiement en liquide ou avec une carte +de crédit si la carte est capable de faire des achats internationaux. Par +téléphone elle fonctionnerait aussi avec nous. Quand tu enchéris, +prière d'agiter la main et de crier la quantité pour que je prenne +note. Et je dois commencer avec le prix normal qui est de 20 euros. Est-ce +que j'ai 20 euros ? Combien ? J'ai 20. Est-ce que j'ai 25 +euros ? Personne ? Combien ? J'ai 25. Et-ce que j'ai 30 +euros ? J'ai 25 est-ce que j'ai 30 euros ? 30 euros pour cet +adorable gnou ? Est-ce que j'ai 30 euros ? Combien ? J'ai +30 euros. Est-ce que j'ai 35 ? Combien ? 35 ? Il +est autorisé d'offrir plus ? Combien ? Elle vient +d'offrir 35, j'ai 35, est-ce que j'ai 40 ? Est-ce que j'ai +45 ? 50 ? Silence quand tu n’enchéris pas. Je dois pouvoir +écouter ceux qui enchérissent. Combien ? J'ai 50. Est-ce +que j'ai 55 ? 55 pour ce gnou adorable qui a besoin d’être +adopté. J'ai 55, j'ai 55, est-ce que j'ai 60 ? Est-ce que j'ai +60 ? Combien ? J'ai 60. Est-ce que j'ai 65 ? Est-ce que +j'ai 65 pour ce gnou adorable ? Est-ce que j'ai 65 pour la FSF, +pour protéger la liberté ? Dernière opportunité pour offrir 65 +ou plus. Un, Deux, trois. Vendu pour 60.</p> + +<p><em>Applaudissements.</em></p> + +<p>Maintenant les questions.</p> + +<p><strong>Public :</strong> Bonjour, tout d'abord merci, merci +beaucoup pour votre venue.</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Pas de remerciements parce que nous +n'avons pas beaucoup de temps.</p> + +<p><strong>Public :</strong> D'accord ! Alors +juste quelques remarques. Je suis enseignant-chercheur en <a +href="/philosophy/not-ipr.html">propriété intellectuelle</a> et en +droits de l'homme donc ça m'a particulièrement intéressé. Vous avez +beaucoup parlé de la libération de l’utilisateur et le propriétaire +était un petit peu le méchant. Mais vous êtes propriétaire !</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Mais pas de la même manière.</p> + +<p><strong>Public :</strong> Vous êtes auteur ! Oui, pas +exactement de la même manière. Ma question était la suivante : +est-ce que le <em>copyleft</em>, est-ce que la licence libre, la Creative +Commons, est-ce que c'est vraiment la négation du droit d'auteur ou +une autre manière ?</p> + +<p><strong>RMS :</strong> C'est une confusion. C'est une confusion +déjà dans la question !</p> + +<p><strong>Public :</strong> J'agrège plusieurs éléments.</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Il y a déjà des erreurs que je dois +corriger dans la question, des supposés. Entre les six de licences de +Creative Commons, deux sont libres et quatre ne sont pas libres, mais +toutes permettent le partage. Je crois que toute œuvre destinée à +être utilisée pour faire des travaux, c'est-à-dire que l'utilisateur +fait ses travaux avec l’œuvre, ces œuvres doivent être libres. Mais +il y a d'autres œuvres comme l'art. Ces œuvres ne sont pas obligées +d’être libres. En tout cas, toutes les licences de logiciel libre +opèrent sur la base du droit d'auteur et j'ai inventé le gauche +d'auteur comme manière d'utiliser le droit d'auteur, mais au lieu de +l'utiliser pour priver de la liberté aux utilisateurs, j'ai construit +la manière d'utiliser le droit d'auteur pour protéger la liberté de +chaque utilisateur. Parce que le droit d’auteur existe et moi, en tant +qu'auteur d'un programme, je ne pouvais pas changer les lois. Aujourd'hui, +de temps en temps, le mouvement logiciel libre réussit à changer des +lois, mais c'est parce que nous sommes beaucoup. Moi, je ne pouvais pas +changer les lois. Le droit d'auteur existait, mais le droit d'auteur +n'est pas la seule manière de rendre privateur un programme. Les deux +manières principales sont par des contrats qui s'appellent <i>End User +License Agreement</i> et par ne pas publier le code source qui est une +manière technique, pas légale. Mais les deux ont le résultat de priver +l'utilisateur de sa liberté. Mais aussi il y a le droit d'auteur, il +y a les produits tyrans qui n'admettent pas l'installation des versions +modifiées de l'utilisateur, seulement les versions autorisées par le +fabricant. Et il y a aussi, mais ce n'est pas vraiment le moyen de faire +exactement ça, les brevets. Donc plusieurs manières de rendre privateur +un programme et notre seule seule manière de résister à toutes ces +attaques c'est avec le droit d'auteur, paradoxalement. Mais je n'utilise +jamais l’expression « propriété intellectuelle ». Je +reconnais que, dans le passé, cette expression s'utilisait en France +comme synonyme du droit d'auteur, mais aujourd'hui l'OMPI [Organisation +mondiale de la propriété intellectuelle, NdT] propose une autre +signification de cette expression. Une signification pas cohérente, +parce que cette signification mélange beaucoup de lois qui n'ont rien +à voir. Si nous considérons le droit d'auteur et la loi des brevets, +elles n'ont rien à voir ! Et celui qui prend ces deux lois pour +un seul sujet se trompe déjà et, avec cette confusion comme base, +il est incapable de comprendre ni l'une ni l'autre. Donc, la première +étape pour poser les questions éthiques sur une de ces lois est de la +distinguer des autres et donc, il faut rejeter nettement l’expression +« propriété intellectuelle » et je ne l'utilise jamais +depuis neuf ans. Je n'ai jamais utilisé cette expression. Quand quelqu'un +me pose une question avec cette expression je rejette d'abord l'expression +et puis je lui propose d'éclaircir la question, parce que la question +a été posée de manière pas claire. Si je ne sais pas de quelle loi +il s'agit, comment est-ce que je pourrais répondre ?</p> + +<p><strong>Public :</strong> Je suis tout à fait d'accord sur la +distinction, des propriétés qui mélangent des propriétés et des +monopoles. Même le droit d'auteur, entre droit d'auteur et copyright on +a, sur un logiciel ou sur un autre peut-être directement l'exploitant +parfois, là on est déjà dans une autre logique. Derrière votre +critique du propriétaire, est-ce qu'il n'y a pas une distinction à +faire entre l'auteur et l'exploitant ?</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Je ne comprends pas tous les mots.</p> + +<p><strong>Public :</strong> Excusez-moi ! Dans votre critique +du propriétaire, est-ce qu'il ne faut pas distinguer l'auteur et +l'exploitant ?</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Non je distingue le logiciel libre et le +privateur. Quand je dis propriétaire, je veux dire celui qui impose des +restrictions au programme. Légalement, il y a toujours un détenteur +du droit d'auteur, même un programme libre a un droit d'auteur et ce +droit d’auteur a des détenteurs. Mais en ce cas, les détenteurs +du droit d'auteur ont respecté la liberté de l'utilisateur. Donc je +reconnais le fait légal que vous mentionnez, mais ma distinction n'est +pas entre l'auteur et le détenteur du droit d'auteur, mais entre les +deux comportements, avec le droit d'auteur et les autres armes pour +rendre privateur un programme.</p> + +<p><strong>Public :</strong> Je vous remercie. Peut-être juste +une dernière question ou remarque. Qu’est-ce que vous diriez à +des étudiants ? Vous avez défendu l'idée que l'utilisateur, +parfois, devait choisir le moindre mal et que le moindre mal c'était +le partage. Et que, finalement, ce partage c'était aussi un moyen +d'apprendre, d'apprendre à écrire un code source. Aujourd'hui nos +étudiants aiment parfois le copier-coller : la copie directe de +contenu, Wikipédia.</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Ah oui, mais c'est un mensonge. C'est +une autre question.</p> + +<p><strong>Public :</strong> C'est une autre question, tout à +fait.</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Je défends le droit le droit de copier +et de partager n'importe quelle œuvre publiée, mais pas de mentir et +de dire que tu en es l'auteur. C'est autre chose. Mais il faut noter +que le plagiat n'est pas une question de droit d'auteur. Si tu donnes +une copie d'une œuvre de Shakespeare en disant que tu en es l'auteur, +tu n'enfreins pas le droit d'auteur. Il n'y a plus de droit d'auteur +sur les œuvres de Shakespeare.</p> + +<p><strong>Public :</strong> Si ! Le droit moral. Le droit +moral de paternité, justement qui est au cœur du droit d'auteur comme +on le voit en France.</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Il n'y a pas d'héritiers de Shakespeare +pour l'exercer. Shakespeare vivait il y a 400 années, donc il n'y a plus +de droit d'auteur. Il n'y avait jamais, peut-être, de droit d'auteur +dans le sens moderne sur les œuvres de Shakespeare. Mais si tu présentes +une œuvre de Shakespeare en disant que tu en es l'auteur, tu mens.</p> + +<p><strong>Public :</strong> Merci. Je ne veux pas monopoliser les +questions. </p> + +<p><strong>RMS :</strong> D'autres questions ? La manière la +plus efficace pour offrir au plus grand nombre la possibilité de poser +des questions est de maintenir ici le micro et que ceux qui veulent me +poser des questions fassent la queue ici. Venez ici pour faire la queue +et comme ça, c'est rapide et c'est juste. Si quelqu'un veut me poser +des questions.</p> + +<p><strong>Public :</strong> Vous avez défini une décision +pragmatique comme étant une décision qui souvent favorise le court +terme aux dépens du long terme. Est-ce que, à votre sens, l'inclusion +massive de Linux dans GNU était une décision pragmatique ?</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Le quoi de Linux dans GNU ? Je +n'entends pas !</p> + +<p><strong>Public :</strong> Le fait de distribuer massivement GNU +avec un noyau Linux était-il une décision pragmatique, au sens où +vous le définissez ?</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Oui, c'était une décision pragmatique, +mais elle n'était pas injuste. Linux était libre donc voici le seul +système d'exploitation possible libre. Quand il s'agit de choisir entre +des programmes libres, on peut choisir selon les avantages pratiques.</p> + +<p><strong>Public :</strong> Bonjour. J'ai une autre question sur +des programmes qui sont libres comme Firefox, qui ont un logo et un nom, +qui sont une marque déposée. Certaines distributions GNU et Linux +proposent ces logiciels sous un autre nom et avec un autre logo. Est-ce +que c'est un problème qu'un nom et un logo soient déposés pour le +logiciel libre ?</p> + +<p><strong>RMS :</strong> Ça dépend des détails. En principe non, +mais ça dépend des politiques imposées à l'utilisation de ce nom. Les +politiques de Firefox interdisent même la redistribution commerciale de +copies exactes sans changer le nom. Donc pour avoir un programme qui porte +la liberté 2 il faut changer le nom pour éliminer ce problème. Mais +d'autres, Linux par exemple, est une marque déposée et GNU aussi, +mais les politiques de ces noms n’interdisent pas la diffusion +commerciale de copies exactes, donc le problème n'existe pas et pas +besoin de le résoudre, de le corriger. D'autres questions ? Tout +le monde doit sortir ? Il reste ici des autocollants. Si quelqu'un +en veut ?</p> + +<p><em>Applaudissements.</em></p> + +<hr class="thin" /> + +<h3 id="metadata" style="font-size: 1.2em">Métadonnées</h3> + +<p><em>Titre :</em> Vers une société numérique libre<br /> +<em>Intervenants :</em> Richard Stallman et Majdi Khoudeir, +directeur de l'IUT de Poitiers<br /> +<em>Lieu :</em> Département STID - Campus de Niort - +Université de Poitiers<br /> +<em>Date :</em> Mars 2013<br /> +<em>Durée :</em> 2 h 11 min<br /> +<a +href="http://uptv.univ-poitiers.fr/program/richard-stallman-vers-une-societe-numerique-libre/video/3736/index/index.html">Vidéo WebM</a></p> + +</div><!-- for id="content", starts in the include above --> +<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" --> +<div id="footer"> +<div class="unprintable"> + +<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <a +href="mailto:gnu@gnu.org"><gnu@gnu.org></a>. Il existe aussi <a +href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens +orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés +à <a +href="mailto:webmasters@gnu.org"><webmasters@gnu.org></a>.</p> + +<p>Merci de consulter le <a +href="/server/standards/README.translations.html">guide des +traductions</a> +si vous souhaitez coordonner ou soumettre une traduction de cet +article.</p> +</div> + +<p>Copyright © 2013, 2017 Free Software Foundation, Inc.</p> + +<p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a +rel="license" +href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative +Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale +(CC BY-ND 4.0)</a>.</p> +<!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" --> +<p class="unprintable">Updated: +<!-- timestamp start --> +$Date: 2019/05/24 10:12:41 $ +<!-- timestamp end --> +</p> +</div> +</div> +</body> +</html> |