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+<!-- Parent-Version: 1.83 -->
+<title>Vers une société numérique libre
+- Projet GNU - Free Software Foundation</title>
+
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+
+<h2>Vers une société numérique libre</h2>
+
+<p class="byline">Richard Stallman</p>
+
+<p><em>Transcription, effectuée par l'April, d'une conférence donnée en
+français à Poitiers (France) en mars 2013</em>&nbsp; (<a
+href="http://uptv.univ-poitiers.fr/program/richard-stallman-vers-une-societe-numerique-libre/video/3736/index/index.html">Enregistrement
+vidéo</a>,&nbsp; <a href="#metadata">métadonnées</a>)</p>
+<hr class="thin"/>
+
+<p><strong>Majdi Khoudeir&nbsp;:</strong> Il est temps de présenter
+Richard Stallman, notre invité aujourd'hui, mais il m'a demandé de
+faire extrêmement court pour avoir tout le temps de vous expliquer sa
+philosophie pour le <a href="/philosophy/free-sw.html">logiciel libre</a>,
+donc je vais faire très court, 3 mots&nbsp;: système d'exploitation
+libre, logiciel libre, vision humaniste de l'exploitation de logiciels
+libres&hellip; Monsieur Richard Stallman.</p>
+
+<p><em>Applaudissements.</em></p>
+
+<p><strong>Richard Stallman&nbsp;:</strong> Bonjour. En premier deux
+conditions ou deux choses que je vous prie de respecter. Premièrement ne
+pas mettre des photos de moi sur Facebook&nbsp;! Jamais&nbsp;! Parce que
+Facebook est un moteur de surveillance qui surveille ses utilisateurs et
+ses non-utilisateurs. Si vous mettez la photo de quelqu'un sur Facebook,
+vous donnez à Facebook une opportunité de plus pour le surveiller. Je
+ne veux pas que Facebook ait le moyen de me surveiller donc prière de
+ne jamais mettre des photos de moi sur Facebook.</p>
+
+<p>L'autre, c'est que si vous enregistrez cette conférence et que vous
+voulez en distribuer des copies, faites-le uniquement dans les formats
+Ogg ou WebM. Jamais dans MPEG ou quoi que ce soit d'autre parce que
+ce sont des formats brevetés, jamais en Flash, donc pas en YouTube,
+et jamais dans RealPlayer ou Windows Media Player ou QuickTime parce que
+ces systèmes utilisent des formats secrets ou inaccessibles au logiciel
+libre. Et sur les copies mettez la licence Creative Commons non dérivée
+parce que c'est une présentation de mon point de vue personnel.</p>
+
+<p>Je peux présenter le logiciel libre en trois mots&nbsp;: <em>Liberté,
+Égalité, Fraternité</em>. Liberté parce que le logiciel libre
+respecte la liberté de ses utilisateurs&nbsp;; égalité parce que
+tous les utilisateurs possèdent les mêmes droits et, à travers le
+logiciel libre, personne n'a de pouvoir sur personne&nbsp;; et fraternité
+parce que nous encourageons la coopération entre les utilisateurs. Donc
+c'est une question de liberté et de communauté et pas de gratuité. Le
+prix d'une copie, s'il y en a, est un détail secondaire, pas vraiment
+important. Mais que la copie respecte votre liberté, ça c'est important,
+sans ça le programme est injuste. Un programme qui n'est pas libre est
+appelé <a
+href="/philosophy/categories.html#non-freeSoftware">privateur</a>
+parce qu'il prive de liberté celui qui l'utilise. Donc un programme
+privateur génère un système de pouvoir injuste du propriétaire sur
+les utilisateurs. Le programme privateur est un joug.</p>
+
+<p>[Est-ce qu'il y a de l'eau&nbsp;? Oui mais c'est de l'eau
+bouillante&nbsp;! Est-ce qu'il y a de l'eau pour tuer les organisateurs
+des syndicats au Guatemala et Colombie&nbsp;?]</p>
+
+<p><strong>Intervenante&nbsp;:</strong> J'apporte de l'eau froide.</p>
+
+<p><strong>Richard Stallman&nbsp;:</strong> Merci. Un programme privateur
+génère un système de colonisation numérique et comme tous les
+systèmes coloniaux, ce système maintient le peuple colonisé divisé
+et impuissant. Divisé, parce qu'il est interdit d'en distribuer des
+copies et impuissant, parce que les utilisateurs ne disposent pas du <a
+href="https://www.april.org/node/10308">code source</a> du programme,
+par conséquent ils ne peuvent pas le changer ni même étudier ce
+qu'il leur fait vraiment. Et d'habitude, les programmes privateurs ont
+des fonctionnalités malveillantes, dont je dirai plus dans quelques
+minutes.</p>
+
+<p>Donc, le mouvement libre dit que tout logiciel doit être
+libre. Mais ce que je viens de dire est très général. Le programme
+doit respecter les droits de l'homme, la liberté et la communauté de
+l'utilisateur. Qu'est-ce que ça veut dire spécifiquement&nbsp;? Il y
+a quatre libertés essentielles qui définissent le logiciel libre. Un
+programme est libre s'il vient avec les quatre libertés.</p>
+
+<p>La liberté 0 est celle d'exécuter le programme comme tu veux,
+pour faire n'importe quoi, dans n'importe quelle activité de la vie.</p>
+
+<p>La liberté numéro 1 est celle d'étudier le code source du programme
+et de le changer pour que le programme fasse ton informatique comme
+tu veux.</p>
+
+<p>La liberté numéro 2 est celle d'aider les autres, c'est-à-dire la
+liberté d'en diffuser des copies exactes, quand tu veux.</p>
+
+<p>Et la liberté numéro 3 est celle d'aider la communauté, de
+contribuer à la communauté, c'est-à-dire de diffuser des copies de
+tes versions modifiées, quand tu veux.</p>
+
+<p>Avec ces quatre libertés, le programme est libre parce que son
+système social de diffusion et de développement est un système éthique
+qui respecte les droits de l'homme de ses utilisateurs. Mais si une
+de ces libertés est absente ou pas suffisante, en ce cas le programme
+est privateur parce qu'il impose un système social pas éthique à ses
+utilisateurs. Pour que ces libertés soient suffisantes, elles doivent
+s'appliquer à n'importe quelle activité de la vie, mais il faut noter
+qu'aucune de ces libertés n'est obligatoire. Par exemple, avec la
+liberté 0, tu es libre d’exécuter le programme comme tu veux, mais
+ce n'est pas obligatoire&nbsp;; si tu es masochiste, tu peux l'exécuter
+comme tu ne veux pas et tu as aussi l'option de ne pas l’exécuter.</p>
+
+<p>Avec la liberté numéro 1, tu es libre d'étudier et de changer
+le code source, mais ce n'est pas obligatoire. Tu as aussi l'option de
+recevoir le programme et de l'exécuter sans rien regarder.</p>
+
+<p>Avec la liberté numéro 2, tu es libre de faire et distribuer ou
+vendre ou donner des copies, mais ce n'est pas obligatoire. Tu peux le
+faire quand tu veux, mais nous n'exigeons jamais que tu le fasses.</p>
+
+<p>Et avec la liberté numéro 3, si tu as fait une version modifiée,
+tu peux en distribuer des copies, mais ce n'est pas obligatoire. Tu as
+aussi l'option d'utiliser cette version modifiée dans ta vie privée,
+sans en distribuer des copies.</p>
+
+<p>Maintenant, tu vois que la distinction entre logiciel libre et
+privateur n'est pas une distinction technique. Il ne s'agit pas des
+fonctionnalités du programme, pas directement. Il ne s'agit pas de
+comment fonctionne le code du programme. Il ne s'agit pas de comment a
+été écrit le code du programme. Ce sont des questions techniques. Cette
+distinction entre libre et privateur est une distinction éthique, sociale
+et politique, donc plus importante que n'importe quelle distinction
+seulement technique.</p>
+
+<p>L'utilisation dans la société de programmes libres est du
+développement dans le sens social parce que n'importe quel programme
+incorpore des connaissances. Si le programme est libre, les connaissances
+sont disponibles aux utilisateurs pour les comprendre, puis les
+utilisateurs peuvent faire la maintenance du programme, l'adapter,
+l'étendre et ils peuvent aussi utiliser leurs connaissances d'autres
+manières. Mais l’utilisation d'un programme privateur ne fait pas
+du développement social parce que c'est une forme de soumission à
+quelqu’un. C'est de la dépendance imposée vers quelqu'un, donc c'est
+un problème social. Il faut chercher à éliminer l'utilisation de ce
+programme privateur.</p>
+
+<p>Décrire un programme libre et le publier, l'offrir aux autres,
+est une contribution à la société. Combien de contribution&nbsp;? Ça
+dépend des détails. Si le programme fait beaucoup et le fait très bien,
+ça contribue beaucoup. S'il fait très peu et le fait mal, ça contribue
+très peu. Mais au moins, si le programme est libre, il est distribué de
+manière à pouvoir contribuer avec ce qu'il peut offrir. Mais développer
+un programme privateur ne contribue à rien parce que c'est l'essai de
+soumettre les autres. Il fait mal à la société. Le programme privateur,
+en termes sociaux, est un piège. S'il a des fonctionnalités commodes et
+attractives ce sont l’appât du piège. Donc, paradoxalement, avoir des
+fonctionnalités attractives ne le rend pas meilleur mais plutôt plus
+dangereux. Donc, si tu as le choix de développer un programme privateur
+ou ne rien faire, il faut ne rien faire parce que comme ça tu ne fais
+pas de mal à la société. Développer un programme privateur est faire
+mal au monde. Bien sûr, dans la vie réelle, probablement que tu auras
+d'autres options, pas seulement ces deux options. Mais quand il s’agit
+uniquement de ces deux options, développer du privateur ou ne rien faire,
+il faut ne rien faire. Et donc le but du mouvement logiciel libre est
+que tous les programmes soient libres pour que tous leurs utilisateurs
+soient libres.</p>
+
+<p>Mais pourquoi ces quatre libertés sont-elles
+essentielles&nbsp;? Pourquoi définir le logiciel libre
+ainsi&nbsp;? Chaque liberté a sa raison.</p>
+
+<p>La liberté numéro 2 d'aider les autres, de redistribuer des
+copies exactes aux autres quand tu veux, est essentielle pour des
+raisons fondamentales éthiques, c'est-à-dire pour pouvoir vivre
+une vie éthique de bon membre de ta communauté. Si tu utilises un
+programme sans la liberté numéro 2, tu es en danger de tomber dans un
+dilemme moral à n'importe quel moment. Quand ton bon ami te demande une
+copie de ce programme, qu'est-ce que tu feras&nbsp;? Tu devras choisir
+entre deux maux&nbsp;: un mal est de lui donner une copie et rompre la
+licence du programme. L'autre mal est de lui nier une copie et respecter
+la licence du programme. Étant dans le dilemme, tu dois choisir le
+moindre mal qui est de lui donner une copie et rompre la licence du
+programme. Mais pourquoi est-ce que ce mal est le moindre&nbsp;? Parce
+que si tu es obligé de faire mal à quelqu'un, à l'un ou l'autre,
+il est moins mal de faire mal à celui qui le mérite parce qu'il a
+mal agi. Nous pouvons supposer que ton bon ami est un bon membre de
+ta communauté et, normalement, qu'il mérite ta coopération. Mais
+le propriétaire du programme privateur non, parce qu'il a attaqué
+délibérément la solidarité sociale de ta communauté, ce qui veut
+dire agir très mal. Donc, si tu ne peux pas échapper à faire du mal
+à ton bon ami ou au propriétaire, fais-le au propriétaire. Mais
+que ce soit le moindre mal n'implique pas que ce soit bon&nbsp;! Il
+n'est jamais bon de faire un accord et le rompre, même dans les cas
+comme celui-ci où l'accord même est injuste et le suivre est pire
+que le rompre. Néanmoins, le rompre n'arrive pas à être bon. Et si
+tu lui donnes une copie qu'est-ce qu'il aura&nbsp;? Il aura une copie
+pas autorisée d'un programme privateur. Quelque chose d'assez vil,
+presque aussi vil qu'une copie autorisée du même programme. C'est vil
+d'être privateur, donc quand tu as bien compris ce dilemme, qu'est-ce
+que tu dois vraiment faire&nbsp;? Tu dois l'éviter. Tu dois éviter de
+tomber dans le dilemme. Mais comment&nbsp;? Je connais deux manières
+de le faire. Une manière est de ne pas avoir d'amis. C'est le futur
+que les développeurs du privateur te proposent. Au lieu d'amis tu peux
+avoir des amis Facebook&nbsp;!</p>
+
+<p>L'autre manière, ma manière, est de ne pas avoir le programme,
+de le rejeter. Je rejette n'importe quel programme qui m'interdit
+de le partager avec vous. Si quelqu'un m'offre un programme sans la
+liberté 2, bien que ce soit très utile, très commode, je lui dis
+que ma conscience ne me permet pas d'accepter ses conditions, donc je
+ne veux pas ce programme. C'est ce que tu dois lui dire aussi. Tu dois
+rejeter les programmes qui exigent de rompre la solidarité sociale de
+ta communauté.</p>
+
+<p>Il faut rejeter aussi les expressions de propagande de l'ennemi,
+comme d'appeler des pirates les gens qui partagent, parce que les pirates
+sont ceux qui attaquent les navires ce qui est très, très bon. Non,
+ce qui est très, très mauvais&nbsp;: je suis fatigué aujourd'hui, j'ai
+sommeil&nbsp;; de temps en temps, je dis le contraire de ce que je voulais
+dire par une erreur mentale. Attaquer les navires est mauvais, mais
+partager est bon, donc il ne faut pas les appeler par le même nom. Par
+conséquent, quand les gens me demandent ce que je pense de la piraterie,
+je dis «&nbsp;attaquer les navires est très, très mauvais&nbsp;». Et
+s'ils me demandent ce que je pense de la piraterie du ciné, je dis
+que j'aimais assez bien le premier <em>Pirate des Caraïbes</em>,
+c'est-à-dire que je cherche une manière très visible et rigolote pour
+rejeter leur signification de propagande de l'expression. Maintenant
+tu comprends qu'il ne faut pas répéter la propagande de l'ennemi,
+parce que, comme ça, tu aides l'ennemi. Il faut rejeter leurs mots avec
+leurs significations et leurs préjugés injustes. Voici la raison de
+la liberté numéro 2, de redistribuer des copies exactes quand tu veux,
+essentielle pour des raisons fondamentales éthiques.</p>
+
+<p>Mais la liberté 0 d’exécuter le programme comme tu veux est
+essentielle pour d'autres raisons, pour que tu aies le contrôle de ton
+informatique à toi. Évidemment, tu dois pouvoir exécuter le programme
+comme tu veux, mais il y a des programmes privateurs qui nient, par leur
+licence, même cette liberté. Par exemple, il y a un programme privateur
+pour la gestion des sites web qui interdit, par sa licence, de l'utiliser
+pour publier n'importe quelle chose qui critique le développeur du
+programme. Dans ce cas, le logiciel privateur prive jusqu’à la liberté
+d'expression. Évidemment, si tu ne peux pas utiliser ta copie ou la copie
+qui est là pour ton utilisation comme tu veux, tu n'as pas le contrôle
+de ton informatique. La liberté 0 est essentielle, mais ne suffit pas,
+parce que c'est la liberté de faire ou de ne pas faire ce que le code
+du programme permet déjà. C'est-à-dire que le propriétaire t'impose
+toujours sa volonté, non plus par la licence si tu as la liberté 0,
+mais toujours par le code même du programme. Il décide ce que tu peux
+faire et ce que tu ne peux pas faire. Donc, pour avoir le contrôle de
+ton informatique, tu as besoin aussi de la liberté 1&nbsp;: la liberté
+d'étudier le code source du programme et de le changer et de vraiment
+utiliser ta version modifiée pour faire ton informatique. Un petit
+détail très important&nbsp;: il y a des cas, il y a des produits qui
+viennent avec du logiciel dedans, qui permettent que le fabricant mette à
+jour ce programme mais pas toi&nbsp;! Lui, il peut publier des versions
+différentes à installer dans le produit mais tu ne peux pas installer
+ta version modifiée. Dans ce cas, ce n'est pas la liberté numéro 1
+et cet exécutable n'est pas libre bien que son code source puisse être
+libre, l'exécutable dans le produit n'est pas libre dans ce cas.</p>
+
+<p>Si tu n'as pas la liberté numéro 1, si tu n'as pas le code source,
+tu ne peux même pas vérifier ce que ce programme fait vraiment et,
+souvent, ces programmes contiennent des fonctionnalités malveillantes
+pour surveiller l’utilisateur, pour restreindre l’utilisateur. Il
+y a même des portes dérobées pour faire des choses à l'utilisateur
+sans son autorisation, sans lui demander l'autorisation de les faire et
+ce n'est pas un des dangers inhabituels de la vie. Il y a beaucoup de
+dangers assez rares. Par exemple, quelqu'un peut te voler de l'argent
+mais probablement pas aujourd'hui&nbsp;! Une météorite peut tomber sur
+ta tête, mais probablement pas aujourd'hui&nbsp;! Beaucoup de dangers
+assez rares, mais celui-ci n'est pas un danger inhabituel, c'est le cas
+normal chez les utilisateurs du privateur. Presque tous les utilisateurs
+de logiciels privateurs sont victimes du <em>malware</em> privateur et,
+pour le démontrer, il suffit d'une liste d'exemples.</p>
+
+<p>Un paquet privateur dans lequel nous avons trouvé les trois genres
+de fonctionnalités malveillantes, que tu connais peut-être de nom,
+s’appelle Microsoft Windows. Nous connaissons des fonctionnalités
+de surveillance, les fonctionnalités de restreindre l’utilisateur,
+c'est-à-dire les menottes numériques, se voient si le système refuse
+de faire quelque chose, l'utilisateur peut le voir. Mais d'habitude,
+les utilisateurs ne reconnaissent pas qu'il s'agit des menottes, d'une
+injustice&nbsp;: les portes dérobées ne se voient pas. Malgré la
+difficulté de les repérer, nous connaissons deux portes dérobées dans
+Windows, donc Windows est <em>malware</em>. <em>Malware</em> signifie
+un programme construit pour faire mal aux utilisateurs. Windows, selon
+ce critère, se qualifie de <em>malware</em>. Mais, c'est encore pire,
+parce qu'une des portes dérobées connues dans Windows est universelle,
+c'est-à-dire qu'elle permet l'installation à distance des changements
+de logiciel. Microsoft a le pouvoir de changer m'importe quoi sans
+demander l'autorisation du propriétaire théorique de l'ordinateur,
+c'est-à-dire que n'importe quelle fonctionnalité malveillante qui
+n'est pas présente dans Windows actuellement pourrait être imposée
+à distance demain. Windows est donc <em>malware</em> universel. Mais
+ce n'est pas le seul cas connu.</p>
+
+<p>Par exemple, il y a les ordinateurs d'Apple. Le système Mac OS dans
+les Macintosh est <em>malware</em> parce qu'il contient des menottes
+numériques appelées aussi gestion numérique de restrictions ou
+en anglais DRM, <em>digital restrictions management</em>, mais le
+logiciel des&hellip; je ne sais pas le dire en français, en anglais je
+dis <em><a
+href="/philosophy/why-call-it-the-swindle.html">the iThings</a></em>,
+les monstres qu'Apple produit. Son logiciel
+est encore pire. Les gens ont découvert plusieurs fonctionnalités
+de surveillance. Ils ont –&nbsp;est-ce que ça se dit «&nbsp;brisé le
+chemin&nbsp;»&nbsp;?&nbsp;– des menottes numériques les plus serrées de
+l’Histoire parce que Apple a pris le contrôle jusque sur l'installation
+des applications. Apple pratique la censure des applications, la censure
+arbitraire des applications selon ses intérêts commerciaux. Et ses
+ordinateurs contiennent aussi une porte dérobée reconnue. Donc le
+logiciel dans les ordinateurs d'Apple est <em>malware</em>.</p>
+
+<p>FlashPlayer est <em>malware</em> et contient une fonctionnalité
+de surveillance et des menottes numériques, mais FlashPlayer est
+gratuit. Est-ce que ça change quelque chose&nbsp;? Cela veut dire
+qu'Adobe n'exige pas que l’utilisateur paye pour être abusé. La
+gratuité d'un programme ne signifie rien, parce que ce qui est important
+c'est la liberté, pas la gratuité&nbsp;!</p>
+
+<p><em>Angry Birds</em> est <em>malware</em> et contient une
+fonctionnalité de surveillance. Il garde les géolocalisations pour
+les transmettre à l’entreprise. Je crois que c'était son vrai but,
+de surveiller les utilisateurs, d'attirer les utilisateurs pour être
+surveillés.</p>
+
+<p>Le logiciel du Kindle d'Amazon est <em>malware</em>. J’appelle ce
+produit le <em>swindle</em>. <em>Swindle</em> veut dire escroquerie,
+parce que ce produit a été conçu de manière à escroquer les
+libertés traditionnelles des lecteurs. Par exemple la liberté
+d'acquérir un livre à l'anonymat, en payant en liquide. Impossible chez
+Amazon. Amazon n'accepte pas de liquide. Pour payer chez Amazon, il faut
+t'identifier (ce qu'il ne faut jamais faire) et comme ça
+Amazon gère une grande liste de tous les livres que chaque utilisateur a
+lu. L'existence d'une telle liste menace les droits humains. L'existence
+n'importe où d'une telle liste menace les droits humains. </p>
+
+<p>Il y a aussi la liberté de donner le livre en cadeau à quelqu'un
+après l'avoir lu ou de le prêter aux amis ou de le vendre à une
+boutique de livres d'occasion. Impossible avec le Kindle à cause
+des menottes numériques, mais aussi interdit par le contrat qui nie
+la possibilité de la propriété privée du lecteur. Les contrats
+d'Amazon disent que tous les livres appartiennent à Amazon. Tu ne peux
+pas posséder un livre selon Amazon. Mais il y a aussi la liberté de
+garder le livre tant que tu veux, qu'Amazon élimine par une porte
+dérobée dans le Kindle, qui a le pouvoir de supprimer les livres
+à distance. Nous le savons par l’observation. En 2009, Amazon, un
+jour, a supprimé des milliers d'exemplaires de livres, des copies qui,
+jusqu’à ce jour-là, étaient autorisées. Les utilisateurs avaient
+acquis leur copie chez Amazon par le chemin recommandé. Ils avaient des
+copies autorisées jusqu’à un jour où Amazon les a effacées. Un
+acte orwellien&nbsp;! Et c'était quel livre&nbsp;? <em>1984</em> de
+Georges Orwell. Une fois quelqu’un, dans une de mes conférences,
+a dit qu'il a vu disparaître le livre pendant qu'il était en train
+de le lire. Puis Amazon a dit qu'il ne le ferait jamais plus sauf sous
+les ordres de l’État. Si tu a lu <em>1984</em>, c'est une promesse
+pas très réconfortante&nbsp;! Je te conseille de le lire parce que tu
+peux mieux comprendre le monde actuel à travers les dangers présentés
+dans ce livre, mais pas avec le Kindle. Le mot Kindle signifie incendier,
+mettre feu à quelque chose. Peut-être pour nous suggérer que son vrai
+but est d'incendier nos livres à distance&nbsp;?</p>
+
+<p>Et mon dernier exemple est presque tous les téléphones
+portables qui ont des fonctionnalités de surveillance et une porte
+dérobée universelle. La fonctionnalité de surveillance transmet la
+géolocalisation sur commande, à distance, sans offrir à l’utilisateur
+l'option de dire non. Un dispositif pour suivre l'utilisateur mais aussi
+pour l'écouter parce que, à travers la porte dérobée, ils peuvent
+installer un changement de logiciel pour convertir le téléphone
+en dispositif d’écoute qui transmet toute la conversation dans
+son environnement. Pas besoin de parler dans le microphone&nbsp;: il
+peut t'écouter depuis l'autre côté de la pièce. Si tu éteins le
+téléphone, il fait semblant d’être éteint sans vraiment s'éteindre,
+pour pouvoir continuer de t'écouter. C'est le rêve de Staline le
+téléphone portable, c'est pour ça que je n'en ai aucun. Ce serait
+très commode, je le reconnais. Je vois dans la vie des autres combien
+c'est commode, mais c'est mon devoir, c'est le devoir de tout citoyen de
+mettre le doigt dans l’œil du Big Brother et c'est ce que je fais.</p>
+
+<p>Presque tous les utilisateurs du logiciel privateur utilisent
+quelque chose dans la liste que je viens de citer, donc j'ai démontré
+qu’être victime du <em>malware</em> privateur est le cas normal
+chez les utilisateurs du privateur. Mais il s'agit de très peu de
+programmes. Il y a beaucoup d'autres programmes sans la liberté numéro
+1 dont nous ne savons rien. Nous ne savons pas s'ils contiennent des
+fonctionnalités malveillantes, peut-être que oui, peut-être que non,
+mais nous n'avons pas de façon de le vérifier parce que nous n’avons
+pas le code source. C'est-à-dire que celui qui a pu introduire ou pas
+des fonctionnalités malveillantes, nous empêche de le savoir et nous
+demande notre confiance aveugle. Chaque programme sans la liberté
+numéro 1 exige une foi aveugle dans le propriétaire. Il dit&nbsp;:
+«&nbsp;Nous sommes une grande corporation. Aucune corporation n'a
+jamais abusé le public. Donc ayez confiance en nous&nbsp;! Faites-nous
+confiance&nbsp;!&nbsp;» C'est idiot, évidemment, mais je suppose que
+parmi les nombreux programmes privateurs sans la liberté numéro 1 il
+y a en a qui n'ont pas de fonctionnalités délibérées malveillantes,
+mais leur code contient des erreurs parce que leurs développeurs sont
+humains. Ils font des erreurs. Donc l'utilisateur d'un programme sans
+la liberté 1 est aussi impuissant face à une erreur accidentelle que
+face à une fonctionnalité malveillante délibérée. Si tu utilises un
+programme sans la liberté 1, tu es prisonnier du code du programme.</p>
+
+<p>Nous, les développeurs du logiciel libre, sommes aussi humains. Nous
+faisons des erreurs. Le code de nos programmes libres contient aussi
+des erreurs, mais si tu trouves une erreur dans notre code libre, ou
+n'importe quelle chose que tu n'aimes pas dans le code, tu es libre de le
+corriger parce que nous n'avons pas fait de toi notre prisonnier. Nous
+ne pouvons pas être parfaits. Nous pouvons respecter ta liberté. La
+liberté numéro 1 est essentielle mais ne suffit pas, parce qu'avec la
+liberté 0 et la liberté 1, chaque utilisateur a le contrôle individuel
+du programme. Mais le contrôle individuel ne suffit pas parce que la
+grande majorité des utilisateurs ne sait pas programmer. Avec uniquement
+le contrôle individuel qu'est-ce qu'ils pourraient faire&nbsp;? Il n'y
+aurait aucun contrôle pour eux. Et même pour nous, les programmeurs,
+le contrôle individuel ne suffit pas, parce que chaque programmeur
+est occupé dans plusieurs travaux et il ne peut pas tout faire. Aucun
+utilisateur du logiciel n'est capable d’étudier et de comprendre tout
+le code source des programmes qu'il utilise, ni d'écrire personnellement
+tous les changements qu'il peut désirer parce que c'est trop de travail
+pour une seule personne. Donc, pour avoir vraiment le contrôle des
+programmes que nous utilisons, il faut le faire collectivement. Il
+faut donc aussi le contrôle collectif du programme c'est-à-dire que
+n'importe quel groupe d'utilisateurs puisse collaborer pour adapter le
+programme à ses besoins et à ses goûts. Il faut donc la liberté 3. La
+liberté de contribuer à ta communauté et de distribuer des copies de
+tes versions modifiées aux autres, quand tu veux. Avec cette liberté,
+les membres du groupe sont libres de collaborer dans le développement
+de leur version et enfin, quand ils sont satisfaits de leur version,
+ils peuvent aussi offrir des copies au public.</p>
+
+<p>[Est-ce que c'est possible d'ouvrir des fenêtres parce que j'ai
+chaud et je suppose que vous aussi vous avez chaud&nbsp;? Normalement
+je n'aime pas Windows mais dans ce cas, il faut plus que ces deux
+fenêtres. Merci. Je pense que ce sera mieux bientôt&nbsp;!]</p>
+
+<p>[Richard Stallman se verse du thé.]</p>
+
+<p>Sans la liberté 3, chaque utilisateur serait libre d'écrire ce
+changement lui-même, mais quel gaspillage ce serait d'écrire des
+millions de fois le même changement et les utilisateurs qui ne savent
+pas programmer seraient exclus complètement. Évidemment cela ne suffit
+pas&nbsp;: la liberté 3 est essentielle. </p>
+
+<p>Donc je viens de démontrer pourquoi chaque liberté est
+essentielle. Et les quatre libertés, ensemble, nous fournissent la
+démocratie&nbsp;: un programme libre, développé démocratiquement,
+sous le contrôle de ses utilisateurs, parce que chacun est libre de
+participer dans la décision sociale du futur du programme qui n'est
+que la somme des décisions de chaque utilisateur de que faire avec.</p>
+
+<p>En contraste, le programme privateur se développe sous le pouvoir
+unique de son propriétaire et fonctionne socialement comme un joug
+pour soumettre des utilisateurs, que le propriétaire peut commander,
+exploiter et abuser.</p>
+
+<p>Donc dans le logiciel il n'y a que deux options&nbsp;: ou les
+utilisateurs ont le contrôle du programme ou le programme a le contrôle
+des utilisateurs. Le premier cas c'est le logiciel libre&nbsp;: avec
+les quatre libertés essentielles les utilisateurs ont le contrôle du
+programme. Ils ont le contrôle individuel et le contrôle collectif, dans
+n'importe quel groupe, le contrôle collectif du programme et comme ça,
+ils ont le contrôle de l’informatique qu'ils font avec. Mais s'ils
+n'ont pas de manière adéquate les quatre libertés, ils n'ont pas le
+contrôle du programme et c'est donc le programme qui a le contrôle
+des utilisateurs, et le propriétaire qui a le contrôle du programme
+et, à travers le programme, il exerce du pouvoir sur les utilisateurs
+et voici le système du pouvoir injuste. Donc le monde a un choix à
+faire&nbsp;: d'un côté il y a la liberté individuelle, la solidarité
+sociale et la démocratie&nbsp;; de l'autre côté il y a le pouvoir
+injuste du propriétaire sur les utilisateurs. Le monde doit rejeter le
+logiciel privateur pour élire le logiciel libre. Le but, le grand but
+du mouvement logiciel libre est la libération du cyberespace et nous
+t'invitons à t'échapper du logiciel privateur, à le rejeter et à
+venir vivre avec nous dans le monde libre que nous avons construit pour
+ça. Libère-toi&nbsp;! Internaute, libère-toi&nbsp;!</p>
+
+<p><em>Applaudissements.</em></p>
+
+<p>J'ai lancé le mouvement du logiciel libre l'année 83. Je voulais
+rendre possible l'utilisation d'un ordinateur en toute liberté,
+ce qui était impossible à l'époque parce que l'ordinateur ne fait
+rien sans système d’exploitation installé. Et tous les systèmes
+d’exploitation, pour les ordinateurs modernes de l'époque, étaient
+déjà privateurs. Donc, si tu achetais un PC nouveau, pour le rendre
+utilisable, tu devais installer un système d'exploitation, évidemment
+privateur et comme ça tu perdais la liberté. Comment pouvais-je
+changer cela&nbsp;? J'étais une seule personne, sans beaucoup d'argent,
+sans beaucoup de célébrité et très peu [de gens, NdT] étaient
+d’accord avec moi. Qu'est-ce que je pouvais faire&nbsp;? Évidemment,
+étant si peu, nous ne pouvions pas faire grand-chose avec un mouvement
+classique, politique, en faisant des manifestations dans les rues,
+en envoyant des lettres aux officiels&nbsp;; je ne savais pas le
+faire, en tout cas, je n'étais pas organisateur politique. J'étais
+développeur de systèmes d'exploitation. Mais, en tant que développeur
+de systèmes d'exploitation, j'avais une autre manière pour réaliser
+le même changement. Il suffisait d'écrire un système d'exploitation
+nouveau et, en tant que son auteur, je pouvais le rendre libre. Et
+puis tout le monde pourrait utiliser des ordinateurs en liberté avec
+mon système. Donc j'avais l'opportunité de réaliser ce changement,
+de créer l'échappatoire du logiciel privateur, de sauver des gens de
+l'injustice par un travail technique, dans mon propre domaine.</p>
+
+<p>J'étais conscient de l'injustice du logiciel privateur que la
+grande majorité ne reconnaissait pas comme une injustice. J'avais
+la capacité d'essayer de sauver des gens de cette injustice&nbsp;:
+il paraissait que personne ne le ferait si ce n'était pas moi. Donc
+j'avais été élu par les circonstances pour faire ce travail. C'était
+mon devoir&nbsp;! C'est comme si tu vois quelqu'un en train de se noyer
+et que tu sais nager, il n'y a personne d'autre présent —&nbsp;et ce n'est
+pas Bush ni Sarkozy&nbsp;— tu as le devoir de le sauver&nbsp;! Je me demande
+s'ils vont m’arrêter pour avoir dit ça. La France ne reconnaît pas
+la liberté de la parole&nbsp;: il y a beaucoup de censure, beaucoup
+d'injustice en France. Il faut rétablir les droits de l'homme. Il faut
+éliminer la censure en France, y compris le droit d'insulter quelqu'un,
+même de m'insulter, pas seulement Sarkozy, mais moi aussi. Il faut le
+droit d'insulter n'importe qui&nbsp;! Pour moi ce n'est pas un problème
+vraiment parce que je ne sais pas nager. Mais, dans le vrai cas dans ma
+vie, le travail à faire n'était pas de nager mais plutôt d'écrire
+beaucoup de code. Et ça, je savais faire. </p>
+
+<p>J'ai décidé de développer un système d'exploitation complètement
+à base de logiciels libres, ça veut dire que chaque ligne du code
+serait libre. Un système entier sans logiciel privateur parce que chaque
+morceau de logiciel privateur prive de la liberté. Pour ne pas perdre la
+liberté, il faut rejeter complètement le logiciel privateur. Il faut
+un système sans logiciel privateur. Beaucoup disent des choses comme
+«&nbsp;notre produit est basé sur le logiciel libre&nbsp;» ou quelque
+chose comme ça, mais que signifie basé&nbsp;? C'est peut-être une
+manière de citer la liberté ou quelque chose sans dire «&nbsp;notre
+programme est libre&nbsp;». Donc quand quelqu'un dit «&nbsp;basé
+sur&nbsp;», il faut investiguer ce qu'il a fait vraiment. Il faut
+soupçonner, quand tu entends le mot «&nbsp;basé&nbsp;».</p>
+
+<p>Puis j’ai décidé d’inviter d'autres à participer au
+développement&nbsp;; pas besoin que ce soit écrit complètement par
+moi et je voulais avoir un système complet le plus vite possible. Puis
+j’ai décidé de suivre la conception technique d'Unix, de faire
+un système semblable à Unix. Unix était un système privateur, donc
+injuste, mais avec beaucoup de succès à l'époque et avec des avantages
+techniques. Donc, en suivant la conception et les commandes d'Unix,
+je pouvais faire un système meilleur et compatible et comme ça, les
+nombreux utilisateurs pourraient facilement migrer vers mon système.</p>
+
+<p>Puis je lui ai donné comme nom une blague parce qu'il faut toujours
+un nom humoristique pour un système informatique. Donc le nom de ce
+système est <a href="/gnu/about-gnu.html">GNU</a>&nbsp;: G, N, U,
+et c'est un acronyme récursif. GNU veut dire <em>GNU's not Unix</em>
+ou Gnu n'est pas Unix, mais c'est une signification. Pour être un
+jeu de mots il faut deux significations. Pourquoi GNU et pas AGN,
+AGU, FNU&nbsp;? Parce que ce ne sont pas des mots, ils n'ont pas
+d'autre signification. Mais gnou est le nom de cet animal qui habite
+en Afrique. Donc voici deux significations&nbsp;: c'est un jeu de mots,
+mais il est meilleur encore parce que ce nom s'utilise dans beaucoup de
+jeux de mots. C'est le mot le plus chargé d'humour de la langue anglaise
+parce que selon le dictionnaire, le «&nbsp;g&nbsp;» est muet et le mot
+se prononce «&nbsp;niou&nbsp;», comme le mot pour nouveau [<em>new</em>,
+NdT]. Donc chaque fois que tu veux écrire le mot <em>new</em>, au lieu
+de l'écrire n, e, w, tu peux l'écrire «&nbsp;gnu&nbsp;». Voici un
+jeu de mots. Peut-être pas très bon, mais il y en a beaucoup. Donc
+nous avons appris à mettre en relation ce mot avec l'humour. On voit ce
+mot et il prête à rire. Évidemment, donner l'opportunité d'utiliser
+ce mot comme le nom d'un système de programmation, je ne pouvais pas
+résister&nbsp;! Mais quand c'est le nom de notre programme, surtout en
+anglais, il ne faut pas suivre le dictionnaire. Si tu dis <em>The new
+system</em>, tu t'es déjà trompé parce que nous avons développé ce
+système depuis 29 ans et nous l’utilisons depuis 20 ans. Il n'est
+plus nouveau&nbsp;! <em>It's not the new system&nbsp;!</em>. C'est
+le <em>GNU System</em>. C'est le système GNU. Il faut prononcer le
+«&nbsp;g&nbsp;».</p>
+
+<p>Mais il y a une autre erreur de prononciation très commune et
+très bizarre qu'il faut éviter, qui sonne comme Linux. Bizarre, mais
+beaucoup, quand ils parlent du système GNU, disent Linux, par erreur
+évidemment. Mais c'était quoi l'erreur, la confusion&nbsp;? En l'année
+92, nous avions presque tout le système initial GNU, mais un composant
+essentiel manquait toujours. C'était le noyau. Ils ont commencé à
+parler d'un système Linux et les autres ont suivi la même erreur. Et
+c'est comme ça que la majorité des utilisateurs du système GNU et Linux
+ne reconnaît pas qu'il s'agit du système GNU et Linux, ils disent Linux
+tout court et pensent que le système entier est le travail de monsieur
+Torvalds. Ils pensent que le système vient de sa vision de la vie, de
+sa philosophie. Et c'est quoi sa philosophie&nbsp;? Il n'a jamais été
+d'accord avec le mouvement logiciel libre. Il a fait une contribution
+importante à la communauté du logiciel libre, mais pour d'autres
+motivations que j'ignore. Bon&nbsp;! Il a le droit à ses opinions,
+mais quand les gens pensent que le système est Linux et qu'il vient
+de sa vision de la vie, ils se trompent&nbsp;! Mais pire encore, ils ne
+voient pas pourquoi valoriser leur propre liberté. Ils n’apprennent
+pas à valoriser les droits de l'homme dans l’informatique et voici le
+danger&nbsp;! Oui. Ce n'est pas beau d'appeler le système Linux. C'est ne
+pas reconnaître notre travail. Prière de nous donner une reconnaissance
+égale. Prière de l'appeler GNU et Linux.</p>
+
+<p>Mais vraiment il y a quelque chose de plus important que la
+reconnaissance du travail en jeu. Il s'agit de montrer aux utilisateurs
+les idées du mouvement logiciel libre pour qu'ils apprennent à
+valoriser leurs propres droits de l'homme, pour les défendre, parce que
+la liberté est souvent menacée. Pour la garder, il faut lutter. Il faut
+la défendre. C'est comme ça, dans tous les domaines de la vie, depuis
+longtemps. Mais, dans les autres domaines de la vie, le débat sur les
+droits de l'homme a duré longtemps, des décennies ou des siècles. Assez
+de temps pour arriver à des conclusions sur les droits humains et les
+diffuser mondialement, et ça fournit une base pour lutter. De temps en
+temps, nous réussissons à protéger la liberté contre les menaces. Mais
+l'informatique est un domaine très nouveau. Cela fait combien de temps
+que la majorité des Français pratique l'informatique&nbsp;? Quinze ans
+peut-être&nbsp;? Pas longtemps pour le débat sur quels sont les droits
+humains que l'utilisateur de l'informatique mérite. Quels droits humains
+est-ce que tu mérites dans l’utilisation d'un programme&nbsp;? Mais, en
+vérité, il n'y a jamais eu ce débat. Il n'a jamais commencé parce que
+presque tous les utilisateurs ont commencé avec du logiciel privateur,
+formé d'autres utilisateurs du logiciel privateur, sans connaître
+d'autres options que le logiciel privateur. Donc ils ont pris pour…
+Pris pour quoi&nbsp;? Plus fort je n'entends rien.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Des imbéciles&nbsp;!</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Non&nbsp;! Pris pour&hellip; <em>They took
+for granted</em>. Comment dit-on <em>they took for granted</em>&nbsp;?
+Ils ont pris pour acquis, merci, la légitimité du logiciel
+privateur. C'est-à-dire qu'ils ont laissé les propriétaires dicter
+la réponse à la question «&nbsp;quels droits humains est-ce que
+tu mérites dans l'utilisation d'un programme&nbsp;?&nbsp;» Et les
+propriétaires ont dicté «&nbsp;aucun&nbsp;». Ils ont dicté qu'ils
+pouvaient imposer n'importe quelle condition. Et les utilisateurs l'ont
+accepté, sauf quelques-uns dans le mouvement du logiciel libre. Nous
+pensons avoir identifié quatre droits humains que l’utilisateur
+mérite dans l'utilisation d'un programme. Ce sont les quatre libertés
+essentielles qui définissent le logiciel libre. Mais quand nous essayons
+de transmettre nos idées aux utilisateurs du système GNU pour lancer
+ce débat, nous rencontrons deux obstacles. L'un est que les utilisateurs
+du système GNU ne reconnaissent pas que le système est GNU, ils pensent
+que c'est Linux et qu'il vient de la vision de la vie de M.&nbsp;Torvalds. Ils
+l'admirent beaucoup pour avoir supposément créé tout le système qu'ils
+adorent, et donc ils suivent sa philosophie sans considérer la nôtre
+qui est, en vérité, à la base de ce système. Donc l'utilisateur voit
+les articles que nous publions qui expliquent la philosophie du logiciel
+libre et ils se disent&nbsp;: «&nbsp;Voici les idées des extrémistes
+GNU. Moi, je suis utilisateur de Linux. J'admire la politique pragmatique
+de M.&nbsp;Torvalds qui a développé tout ce système que j'adore et donc, je
+ne les lis pas&nbsp;». Quelle ironie&nbsp;! Parce qu'ils se prennent pour
+des utilisateurs de Linux alors qu'en vérité ils sont des utilisateurs
+de GNU et Linux. Mais ne le savent pas&nbsp;!</p>
+
+<p>Il faut noter que pragmatique, dans le domaine de la politique,
+signifie souvent la tendance à prendre des décisions importantes à
+long terme selon les avantages pratiques du court terme, c'est-à-dire
+pas très sages. Mais s'ils savaient qu'ils utilisent le système GNU et
+Linux, ils se diraient autre chose. Ils se diraient&nbsp;: «&nbsp;Voici
+les idées du projet GNU et moi, je suis utilisateur de GNU et Linux, je
+dois y faire attention&nbsp;». Et comme ça, nous aurions la possibilité
+de les convaincre qu'ils méritent la liberté et qu'ils doivent lutter
+pour leur propre liberté et, comme ça, nous pourrions gagner. Donc
+nous avons besoin de ton aide pour les informer que le système est GNU
+et Linux, pas seulement Linux. Prière de nous aider&nbsp;!</p>
+
+<p>Mais il y a un autre obstacle. Beaucoup n’utilisent pas, ni ne
+reconnaissent l'expression <em>logiciel libre</em>, parce que ceux qui ne sont pas
+d'accord avec notre philosophie utilisent une autre expression,
+<em><a href="/philosophy/open-source-misses-the-point.html">open
+source</a></em> ou source ouverte, mais c'est la même chose,
+c'est une manière d'oublier le mot libre, d'oublier la question des
+droits de l'homme, de ne pas poser cette question parce que ce serait
+trop radical&nbsp;! Réclamer la liberté, ce serait trop radical
+aujourd'hui&nbsp;! Eux, ils ne veulent pas critiquer une pratique commune
+industrielle. Quoi qu'il en soit, donc, critiquer le logiciel privateur
+comme une injustice c'est trop radical pour eux et ils ont trouvé la
+manière de ne pas poser la question&nbsp;: open source. L'expression
+open source a été inventée l'année 98 pour éviter cette question et
+la majorité de la communauté utilise cette expression. Comme ça, les
+utilisateurs utilisent ce système sans se rendre compte de l'existence du
+mouvement du logiciel libre. Tu peux nous aider en disant «&nbsp;logiciel
+libre&nbsp;». Libre&nbsp;! Il s'agit de la liberté. Donc quand les
+autres parlent et disent source ouverte ou open source, du franglais, tu
+peux nous aider en disant&nbsp;: «&nbsp;Il s'agit du logiciel libre qui
+respecte la liberté, qui respecte les droits de l'homme&nbsp;». Quand
+les autres ne le font pas, c'est à toi de le faire. Si tu veux nous
+aider au maximum, fais-le ainsi en diffusant la philosophie du logiciel
+libre. </p>
+
+<p>[Oui c'est un choix entre le bruit et la chaleur. Richard Stallman
+se verse du thé et le boit.]</p>
+
+<p>Parce que, même dans la communauté du logiciel libre, nous
+pouvons perdre la liberté déjà acquise par faute d'attention. Par
+exemple, en 1992, M. Torvalds a libéré le code de Linux et nous
+avions le système GNU et Linux. Il était possible d'acheter un PC
+et installer ce système GNU et Linux pour l'utiliser en liberté,
+mais ce n'était pas facile au commencement. Il fallait devenir
+expert pour réussir à le faire fonctionner. Donc quelques-uns ont
+commencé à développer des distributions GNU et Linux pour faciliter
+l'installation du système. Quelques années plus tard, il y avait
+plusieurs distributions en concurrence dans une communauté où la
+majorité ne valorisait pas la liberté. Donc les développeurs d'une
+distribution ont eu l'idée d'avoir plus de succès, de gagner sur leurs
+concurrents, en introduisant des programmes privateurs dans leur système
+pour les présenter comme des avantages. Ils disaient «&nbsp;notre
+système peut faire ça et ça&nbsp;». Ils ne disaient pas&nbsp;:
+«&nbsp;C'est parce qu'il ne respecte pas ta liberté.&nbsp;» C'était
+la vérité qu'ils ne disaient pas. Mais, pour les utilisateurs, dans la
+communauté, ce n'était pas important parce qu'ils n’appréciaient
+pas la liberté, donc cette distribution-là avait plus de succès et
+les développeurs des autres distributions regardaient et se disaient
+«&nbsp;ils gagnent sur nous&nbsp;; nous devons introduire aussi des
+programmes privateurs pour éliminer leur avantage&nbsp;». Pendant
+plusieurs années ils l'ont fait, et enfin, il y a quinze ans, quand
+les gens me demandaient à la fin d'une conférence&nbsp;: «&nbsp;Où
+puis-je trouver ce système&nbsp;?&nbsp;», je devais répondre&nbsp;:
+«&nbsp;C'est dommage, il y a beaucoup de distributions, mais pas une
+seule complètement libre. Toutes les distributions contiennent des
+programmes privateurs. Je ne connais aucun lieu que je pourrais vous
+recommander.&nbsp;» C'est-à-dire que nous étions arrivés à la
+liberté et nous l'avions perdue faute de la valoriser.</p>
+
+<p>[Nous pouvons ouvrir les fenêtres de ce côté et fermer les
+autres. C'est-à-dire que même écouter la conférence peut être un
+peu de travail&nbsp;!]</p>
+
+<p>Heureusement, il y a aujourd'hui des distributions complètement
+libres. Il y a par exemple UTUTO&nbsp;: U, T, U, T, O. Il y a BLAG,
+<i>Blag Linux And GNU</i>, qui se prononce «&nbsp;blag&nbsp;». Il
+y a aussi <i>gNewSense</i> qui est aussi une blague parce que
+mon titre, comme chef du projet, est <i>Chief GNU-isance</i>, la
+GNU-isance en chef. Il y a aussi Trisquel. La liste se trouve sur <a
+href="/distros/free-distros">https://www.gnu.org/distros/</a>. Mais
+évidemment, ce ne sont pas des distributions très populaires et très
+connues. Elles [les populaires et connues, NdT] continuent de contenir
+des programmes privateurs. C'est-à-dire que nous avons commencé à
+récupérer la liberté déjà perdue, mais seulement commencé.</p>
+
+<p>Plus tard, nous avons perdu la liberté d'une autre
+manière. Aujourd'hui, le code source du noyau Linux n'est pas
+complètement en logiciel libre. Dans plusieurs fichiers, tu trouveras une
+grande liste de numéros et cette liste est, en vérité, un programme
+privateur exécutable déguisé en code source, mais représenter le
+programme exécutable comme une liste de numéros ne produit pas de code
+source. Le vrai code source de ces programmes n'est pas disponible. Par
+conséquent, ils ne sont pas libres. Beaucoup d'autres aussi portent des
+licences explicites privatrices. Pourquoi ces programmes privateurs sont
+présents dans Linux&nbsp;? Parce que M. Torvalds les a acceptés. Il
+a décidé d'introduire ces morceaux privateurs dans son programme. Ces
+programmes-ci ne s'exécutent pas dans le processeur central ; ce sont des
+morceaux de <em>firmwares</em>. C'est-à-dire qu'ils sont là pour être
+déchargés dans les périphériques pour les faire fonctionner. Mais en
+tout cas c'est un programme privateur installé dans le système, donc
+pas acceptable. Pourquoi est-ce qu'il voulait introduire ces morceaux
+privateurs&nbsp;? Parce que ces périphériques ne fonctionnent pas sans
+les morceaux privateurs. Il est impossible d'utiliser ces périphériques
+dans le monde libre. Que faire&nbsp;? Il y a deux choix&nbsp;: on peut
+rester dans le monde libre, maintenir la liberté et ne pas les utiliser
+et on peut les utiliser mais en perdant de la liberté. Deux choix, deux
+réponses possibles. M. Torvalds a choisi la deuxième réponse&nbsp;:
+sacrifier la liberté pour la commodité. Nous choisissons la première
+réponse.</p>
+
+<p>Nous avons notre version modifiée du noyau Linux que nous appelons
+Linux libre. Même en anglais nous disons libre, pas <em>free</em>,
+pour mettre emphatiser la liberté de notre version. Et ce n'est pas
+beaucoup de travail. Nous avons un script pour supprimer les morceaux
+privateurs. Et chaque fois que Torvalds publie une nouvelle version de son
+noyau, nous invoquons ce programme pour produire la nouvelle version de
+Linux libre. Ça c'est assez facile de produire un noyau libre, mais cela
+ne résout pas le problème de base qui est que ces périphériques ne
+fonctionnent pas dans le monde libre. Pour ça, il faut de l’ingénierie
+inverse, un travail technique très important. Si tu veux contribuer
+au maximum possible dans un domaine technique à la communauté libre,
+fais de l'ingénierie inverse.</p>
+
+<p>J'ai proposé à l'université d'offrir des cours d'ingénierie
+inverse. C'est très, très, important comme travail pour maintenir la
+liberté, parce que de plus en plus, ils fabriquent des machines avec un
+mode d’emploi secret. Et pour découvrir le mode d'emploi du produit,
+il faut de l'ingénierie inverse ou convaincre le fabricant. Convaincre
+le fabricant, parfois on peut le faire, mais c'est le hasard,
+plus ou moins. Si on a de la chance, on convainc le fabricant, mais
+normalement, ce n'est pas possible. Il ne reste que l’ingénierie
+inverse. Nous avons besoin de beaucoup plus d'ingénierie inverse. Sur
+<a href="https://fsf.org">http://fsf.org</a> nous avons une page de campagne
+et dans cette page il y a des liens vers des listes de projets de haute
+priorité, y compris des projets d'ingénierie inverse, mais il n'y
+en a pas beaucoup qui le font. Tu peux apprendre à le faire. Tu peux
+contribuer à notre libération dans le futur.</p>
+
+<p>Ces deux cas suffisent pour démontrer que notre futur dépend surtout
+de nos valeurs. Si nous valorisons suffisamment la liberté nous lutterons
+et nous pourrons gagner la bataille. Sans valoriser la liberté, on perd
+facilement la liberté. Il faut donc diffuser cette philosophie. C'est le
+travail le plus essentiel pour une lutte qui durera des décennies. Le
+besoin le plus important est de ne pas oublier le but. Il faut parler
+de la liberté. Il ne suffit pas de faire les travaux techniques
+nécessaires. Il faut éduquer les autres à apprécier la liberté
+et c'est le travail que je fais maintenant avec vous. Mais je ne peux
+pas en faire assez, seul. Tu peux apprendre à faire des discours pour
+diffuser cette philosophie et comme ça, tu peux contribuer beaucoup au
+mouvement. Il n'y a rien de plus important que ça.</p>
+
+<p>Aujourd'hui, il est devenu possible de perdre la liberté informatique,
+d'exécuter des programmes privateurs sans le savoir. Beaucoup de
+pages web portent des programmes privateurs écrits en JavaScript, des
+programmes qui s'installent dans ton navigateur et s’exécutent sans
+rien te dire, sans le montrer. Pour l’éviter, qu'est-ce qu'il faut
+faire&nbsp;? Il y a un an, il fallait désactiver JavaScript, tout le
+temps, pour éviter l'exécution de tels programmes. Mais maintenant,
+il y a une manière plus facile. Tu peux installer le programme <a
+href="/software/librejs/">LibreJS</a> qui analyse tous les programmes
+JavaScript qui essayent de rentrer dans le navigateur. Si le programme
+est trivial ou libre, il peut s'exécuter&nbsp;; mais si le code n'est
+ni trivial ni libre il est bloqué et le programme LibreJS avertit
+l'utilisateur&nbsp;: «&nbsp;Cette page-ci contient du JavaScript
+privateur&nbsp;». Mais le programme fait une chose de plus. Il cherche
+dans les pages du site comment se plaindre à la gestion du site et
+où. Et comme ça il peut t'offrir la manière de te plaindre vite,
+facilement, parce que tu n'as pas besoin de chercher où envoyer la
+plainte, ce qui coûte beaucoup plus de temps que de l’écrire. Grâce
+à LibrejJS, tu peux facilement te plaindre et il est très important
+de te plaindre. Il faut envoyer beaucoup de plaintes pour convaincre la
+gestion de beaucoup de sites web qu'il ne faut pas imposer l'exécution
+de programmes privateurs aux visiteurs.</p>
+
+<p>Mais il y a aussi une manière de perdre le contrôle de ton
+informatique sans exécuter un programme privateur. Il s'appelle le
+logiciel comme service. Qu’est-ce que ça signifie&nbsp;? Ça signifie
+que l'utilisateur, au lieu de faire son informatique à lui en utilisant
+un programme que nous pouvons espérer libre, dans son ordinateur à
+lui, il envoie toutes ses données, toutes les données pertinentes, au
+serveur de quelqu'un d'autre pour que son informatique soit faite dans
+ce serveur, par les programmes choisis par le propriétaire du serveur,
+que l'utilisateur même ne peut ni voir ni toucher. Et enfin, ce serveur
+envoie les résultats à l'utilisateur ou agit pour lui. Et comme ça,
+l'utilisateur a perdu le contrôle de son informatique à lui. C'est
+le même résultat que celui d'avoir utilisé un programme privateur,
+mais par un autre chemin. Donc c'est la même injustice&nbsp;; il ne faut
+pas le faire. Mais c'est encore pire parce que, comme j'ai l'ai expliqué
+avant, beaucoup de programmes privateurs contiennent des fonctionnalités
+de surveillance qui transmettent des données sur l’utilisation de
+la machine au serveur de quelqu'un d'autre. Mais, avec le logiciel
+comme service, l'utilisateur se trouve obligé d’envoyer toutes les
+données pertinentes au serveur. C'est le même résultat. Le serveur
+possède les données de l'utilisateur et qui sait à qui le serveur
+les montrera&nbsp;?</p>
+
+<p>Mais c'est encore pire. Comme j'ai déjà dit, il y a des programmes
+privateurs qui contiennent des portes dérobées universelles comme,
+par exemple, Microsoft Windows, Google Chrome, qui est un navigateur
+privateur avec une porte dérobée universelle. La grande majorité des
+téléphones portables contiennent des portes dérobées universelles,
+ce qui veut dire que quelqu'un a le pouvoir d'imposer des changements de
+logiciel à distance et donc de changer comment sera faite l'informatique
+de l'utilisateur, sans lui demander l'autorisation. Mais, avec le logiciel
+comme service, le propriétaire du serveur peut, à n'importe quel moment,
+installer d'autres logiciels dans le serveur pour changer comment se
+fait l'informatique des utilisateurs. Évidemment, cet ordinateur lui
+appartient&nbsp;! Il doit pouvoir installer d'autres logiciels dans son
+ordinateur&nbsp;! Mais le résultat est qu'il peut et qu'il a le pouvoir,
+de changer comment se fait l'informatique de l'utilisateur sans lui
+demander l'autorisation. C'est injuste et pour éviter cette injustice il
+faut rejeter le logiciel comme service. C'est-à-dire que si un service
+t'offre de faire ton informatique à toi, il faut dire non&nbsp;!</p>
+
+<p>Heureusement, c'est un cas assez rare. La grande majorité des sites
+web ne fait que présenter leur information que tu peux regarder. Si tu
+regardes son information ce n'est pas faire ton informatique à toi, donc
+le problème ne se pose pas. Mais si nous considérons la minorité de
+sites web qui offrent des services non triviaux, la grande majorité font
+des services de communication entre des utilisateurs et la communication
+avec d'autres ne fait pas partie de ton informatique personnelle à
+toi. Quand tu communiques avec d'autres, c'est de l’informatique
+collective. Tu ne peux pas supposer que tu auras le contrôle complet
+de l'informatique conjointe avec d'autres. Donc le problème ne se
+pose pas.</p>
+
+<p>Mais il y a des services qui offrent de faire ton informatique
+personnelle, comme par exemple des services de traduction, qui font
+de l'informatique qui est à toi et que tu devrais pouvoir faire en
+exécutant un programme libre dans ton ordinateur. Donc, en ce cas, le
+service essaie de remplacer un programme et voici le cas où le service
+est injuste.</p>
+
+<p>Il y a aussi d'autres injustices possibles chez les services
+internet, par exemple montrer tes données aux autres, au Big Brother,
+qui sait&nbsp;? Il ne faut pas utiliser les services web des entreprises
+hors de l'Union européenne parce que les autres pays n'ont pas de lois
+de protection des données. Si tu offres tes données à une entreprise
+américaine, qui sait ce qu'elle fera avec tes données&nbsp;? Mais la
+loi européenne de la protection des données a besoin d'une mise à jour
+parce que maintenant, même visiter une page peut envoyer des données à
+d'autres entreprises&nbsp;; c'est très commun. Si tu visites une page et
+que dans la page apparaît un bouton <em>Like</em>, Facebook sait que ta
+machine a visité cette page&nbsp;! Que tu sois utilisateur de Facebook
+ou pas, Facebook reçoit toujours l'information que ta machine a visité
+cette page&nbsp;! Ce doit être illégal&nbsp;! L'Union européenne est en
+train de changer la loi de protection des données, mais les entreprises
+comme Facebook et Google font pression pour limiter la loi. Donc il faut
+agir politiquement maintenant. Il faut communiquer avec les membres du
+Parlement européen, maintenant, parce que les comités sont en train
+de rédiger la loi.</p>
+
+<p>Enfin, je dois expliquer pourquoi l'éducation doit enseigner
+uniquement le logiciel libre. Toutes les écoles, de tous les niveaux,
+depuis le jardin d'enfants à l'université et les activités d'éducation
+des adultes doivent enseigner uniquement le logiciel libre. Jamais
+un programme privateur. Mais pourquoi&nbsp;? Pas surtout pour faire
+des économies. C'est un bénéfice secondaire possible. Mais cette
+question est importante. Il ne s'agit pas de comment faire un peu mieux
+l'éducation. C'est de faire la bonne éducation et pas la mauvaise
+éducation. Pourquoi est-ce que des développeurs du privateur offrent des
+copies gratuites aux écoles et aux élèves&nbsp;? Ils veulent utiliser
+les écoles comme des instruments pour imposer de la dépendance à la
+société entière. Leur plan fonctionne ainsi&nbsp;:Ils livrent des
+copies gratuites à l'école. L'école enseigne leur utilisation aux
+élèves. Les élèves deviennent dépendants. Puis ils se forment
+dépendants et après leur diplôme, le même développeur ne leur
+offre plus des copies gratuites. Jamais&nbsp;! Et quelques-uns trouvent
+de l'emploi dans des entreprises. Le développeur n'offre jamais aux
+entreprises des copies gratuites. C'est-à-dire que le plan c'est que
+l'école dirige ses élèves dans le chemin de la dépendance permanente
+et que les élèves tirent le reste de la société dans le même
+chemin. C'est comme donner des drogues addictives à l'école en disant
+que la première dose est gratuite&nbsp;! C'est pour rendre dépendants
+les élèves. Non&nbsp;! L'école rejetterait les drogues addictives,
+que ce soit gratuit ou pas, et doit rejeter les programmes privateurs,
+gratuits ou pas, parce que l'école a une mission sociale d'éduquer des
+bons citoyens d'une société forte, capable, indépendante, solidaire
+et libre. Et en informatique, ça veut dire former des utilisateurs
+habitués au logiciel libre et prêts à participer dans une société
+numérique libre. L'école ne doit jamais enseigner l'utilisation d'un
+programme privateur parce que ce serait inventer de la dépendance. Il
+ne faut pas&nbsp;!</p>
+
+<p>Mais il y a aussi une autre raison pour l'éducation des meilleurs
+programmeurs. Quelques-uns sont doués dans la programmation et, à l'âge
+de 10 à 13 ans, ils sont fascinés par l'informatique, ils veulent tout
+apprendre. S'ils utilisent un programme, ils veulent savoir comment
+est-ce qu'il fait ça. Mais quand ils demandent au professeur&nbsp;:
+«&nbsp;Comment est-ce qu'il fait ça&nbsp;?&nbsp;», si le programme est
+privateur, il ne peut répondre que&nbsp;: «&nbsp;Nous ne pouvons pas le
+savoir&nbsp;! C'est un secret commercial.&nbsp;» C'est-à-dire que tout
+programme incorpore des connaissances. Dans le cas où le programme est
+privateur, ce sont des connaissances niées aux étudiants, c'est-à-dire
+que le programme privateur est l'ennemi de l'esprit de l’éducation
+et ne doit jamais être toléré dans une école, parce que l'école
+doit démontrer sa loyauté à l'esprit de l'éducation.</p>
+
+<p>Si le programme est libre, le professeur peut expliquer autant
+qu'il le peut, puis donner à chaque élève fasciné une copie du
+code source en lui disant&nbsp;: «&nbsp;Lis-le et tu peux comprendre
+tout&nbsp;!&nbsp;» Et ces élèves liront tout parce qu'ils veulent
+comprendre et le professeur peut leur dire aussi&nbsp;: «&nbsp;Si tu
+trouves quelque point que tu ne peux pas comprendre seul, montre-le moi
+et nous pourrons le comprendre ensemble&nbsp;». Et comme ça, notre
+élève doué en informatique a l'opportunité d'apprendre une leçon
+essentielle pour devenir un bon programmeur.</p>
+
+<p>Ce code n'est pas clair. Il ne faut pas l’écrire comme ça. C'est
+comme ça qu'on se transforme de programmeur doué en bon programmeur. Il
+faut apprendre à écrire du code clair. Comment est-ce que ça
+s'apprend&nbsp;? En lisant beaucoup de code et en écrivant beaucoup de
+code. Seul le logiciel libre offre l’opportunité de lire beaucoup
+de code des grands programmes que nous utilisons. Et puis, il faut
+écrire beaucoup de code et, plus spécifiquement, écrire beaucoup de
+modifications dans les grands programmes pour apprendre à écrire bien le
+code des grands programmes. Il faut le faire. Mais, au commencement, on ne
+sait pas écrire bien un grand programme depuis zéro. Il faut commencer
+avec un grand programme et écrire une modification. Au commencement des
+petits changements, puis des changements plus grands et enfin, on sait
+écrire beaucoup de code et écrire un grand programme depuis zéro. Seul
+le logiciel libre offre l'opportunité d'écrire des petits et des grands
+changements dans des grands programmes qui s'utilisent vraiment. N'importe
+quelle école peut offrir l'opportunité de maîtriser le domaine de la
+programmation, si elle est une école de logiciel libre.</p>
+
+<p>Mais il y a une raison plus profonde encore pour l'éducation
+morale&nbsp;: l’éducation dans la citoyenneté. L'école doit aller
+plus loin que d'enseigner des faits et des méthodes. L'école doit
+enseigner l'esprit de bonne volonté, l'habitude d'aider les autres. Par
+conséquent, chaque classe doit avoir la règle suivante&nbsp;: élève,
+si tu apportes un programme à la classe, tu ne dois pas le garder pour
+toi. Tu dois partager des copies avec le reste de la classe, y compris le
+code source du programme pour le cas où quelqu'un veut appendre. Parce
+que cette classe est un lieu pour partager les connaissances. Donc
+il n'est pas autorisé d'apporter un programme privateur à cette
+classe. L'école doit donner le bon exemple en suivant sa propre
+règle. L'école doit apporter uniquement du logiciel libre à la classe
+et partager les copies du code source avec tous ceux dans la classe que
+ça intéresse de le voir.</p>
+
+<p>Si tu as un contact avec une école, si tu es étudiant, ou élève,
+ou professeur, ou employé, ou parent, c'est ton devoir de militer pour
+la migration de cette école vers le logiciel libre. Il faut souvent
+présenter la question au public, aux autres, dans les communautés en
+relation avec l'école. Oui, on peut proposer des changements en privé
+avec l'administration et parfois ça suffit et quand ça suffit, c'est
+bon. Mais quand ça ne suffit pas, il faut le dire au public, parce
+que, comme ça, tu peux éduquer les autres à valoriser les droits
+de l'homme.</p>
+
+<p>Pour davantage d'informations tu peux regarder le site <a
+href="/">http://gnu.org/</a>. C'est G, N, U point org. Il y a aussi
+le site <a href="https://fsf.org">http://fsf.org</a>, ça veut dire <i>Free
+Software Foundation</i>&nbsp;; c'est notre site et tu peux t'inscrire
+comme membre. Tu peux t'inscrire aussi pour recevoir notre information
+mensuelle. Tu peux y trouver aussi nos campagnes d'action et des
+ressources pour promouvoir le logiciel libre et pour l'utiliser. Si
+tu veux t'inscrire et si tu veux payer les frais annuels pour être
+membre, en liquide, tu as aussi cette possibilité avec moi. Il y a
+aussi la Free Software Foundation Europe dont le site s'appelle <a
+href="https://fsfe.org/">http://fsfe.org/</a> et tu peux t'y inscrire aussi.</p>
+
+<p>Prière d'appuyer notre lutte&nbsp;! Sans toi il sera plus difficile
+de gagner&nbsp;!</p>
+
+<p>Maintenant je veux vous présenter mon autre identité.</p>
+
+<p>[RMS se déguise.]</p>
+
+<p><em>Applaudissements.</em></p>
+
+<p>Je suis le saint IGNUcius de l'église d'Emacs. Je bénis ton
+ordinateur mon fils. Emacs était à l'origine un programme éditeur
+de texte extensible qui devenait à travers les années une manière de
+vivre pour beaucoup d'utilisateurs parce qu'il a été étendu jusqu'à
+pouvoir faire toute leur informatique sans jamais sortir d'Emacs. Et
+puis il est devenu une église avec le lancement du groupe de notices
+org.religion.emacs dont la visite peut t'amuser. Dans l'église d'Emacs
+nous n'avons pas de services seulement des logiciels. Nous avons un grand
+schisme entre plusieurs versions rivales d'Emacs et nous avons aussi
+des saints, mais pas de dieux. Au lieu des dieux, nous adorons le seul
+vrai éditeur&nbsp;: Emacs. Pour devenir membre de l'église d'Emacs,
+tu dois prononcer la profession de foi. Tu dois dire «&nbsp;il n'y a
+aucun autre système que GNU et Linux est un de ses noyaux&nbsp;». Si tu
+deviens vraiment expert, tu pourras le célébrer avec notre cérémonie,
+le «&nbsp;foubarmitzva&nbsp;», dans laquelle tu chantes une portion
+de notre texte sacré, c'est-à-dire le code source du système.</p>
+
+<p>Nous avons aussi le culte de la vierge d'Emacs, qui se réfère à
+n'importe qui n'ayant jamais utilisé Emacs. Et selon l'église d'Emacs,
+lui offrir l'opportunité de perdre la virginité d'Emacs est un acte
+béni. Nous avons aussi le pèlerinage d'Emacs. Il s'agit d'invoquer
+toutes les commandes d'Emacs dans l'ordre alphabétique. Selon une secte
+tibétaine, il suffit d'exécuter toutes les commandes automatiquement
+sous le contrôle d'un script, mais selon l'église principale, pour
+gagner du mérite spirituel avec, il faut taper toutes les commandes à
+la main.</p>
+
+<p>L'église d'Emacs a des avantages, comparés à d’autres églises
+que je ne vais pas mentionner. Par exemple, être saint dans l'église
+d'Emacs n'exige pas le célibat, mais exige de vivre une vie pure et
+éthique. Il faut faire l'exorcisme des systèmes démoniaques privateurs
+qui ont possédé des ordinateurs sous ton contrôle ou été montés
+pour ton utilisation régulière et installer un système complètement
+sain et libre, en anglais <em>a only free system</em>. Puis installer et
+utiliser uniquement du logiciel libre sûr et avec le système. Si tu fais
+ce vœu et si tu le suis tu seras saint et tu auras le droit de porter une
+auréole, si tu en trouves une parce qu'ils ne les fabriquent plus.</p>
+
+<p>Parfois, quelqu'un me demande si selon l'église d'Emacs l'utilisation
+de l'autre éditeur VI est un péché. C'est vrai que VI, VI
+–&nbsp;VI est l'éditeur de la bête [666, NdT] en tant que numéro romain&nbsp;–
+mais l'utilisation d'une version complètement libre de VI n'est pas un
+péché mais plutôt une pénitence. Et mon auréole n'est pas un vieux
+disque dur d'ordinateur, mais c'était un disque dur dans une existence
+antérieure. Merci beaucoup.</p>
+
+<p><em>Applaudissements.</em></p>
+
+<p>Maintenant mon dernier calembour. J'en suis très fier&nbsp;: les
+cardinaux sont des prêtres qui ont été pistonnés jusqu’à devenir
+des soupapes&nbsp;!</p>
+
+<p>Maintenant, voici un petit adorable gnou et je vais le vendre aux
+enchères au bénéfice de la FSF. Si tu l'achètes je peux signer la
+carte pour toi. Si tu as un manchot chez toi, tu as besoin d'un gnou pour
+le manchot car, comme nous le savons, le manchot ne sait pas fonctionner
+sans gnou. Nous pouvons accepter le paiement en liquide ou avec une carte
+de crédit si la carte est capable de faire des achats internationaux. Par
+téléphone elle fonctionnerait aussi avec nous. Quand tu enchéris,
+prière d'agiter la main et de crier la quantité pour que je prenne
+note. Et je dois commencer avec le prix normal qui est de 20 euros. Est-ce
+que j'ai 20 euros&nbsp;? Combien&nbsp;? J'ai 20. Est-ce que j'ai 25
+euros&nbsp;? Personne&nbsp;? Combien&nbsp;? J'ai 25. Et-ce que j'ai 30
+euros&nbsp;? J'ai 25 est-ce que j'ai 30 euros&nbsp;? 30 euros pour cet
+adorable gnou&nbsp;? Est-ce que j'ai 30 euros&nbsp;? Combien&nbsp;? J'ai
+30 euros. Est-ce que j'ai 35&nbsp;? Combien&nbsp;? 35&nbsp;? Il
+est autorisé d'offrir plus&nbsp;? Combien&nbsp;? Elle vient
+d'offrir 35, j'ai 35, est-ce que j'ai 40&nbsp;? Est-ce que j'ai
+45&nbsp;? 50&nbsp;? Silence quand tu n’enchéris pas. Je dois pouvoir
+écouter ceux qui enchérissent. Combien&nbsp;? J'ai 50. Est-ce
+que j'ai 55&nbsp;? 55 pour ce gnou adorable qui a besoin d’être
+adopté. J'ai 55, j'ai 55, est-ce que j'ai 60&nbsp;? Est-ce que j'ai
+60&nbsp;? Combien&nbsp;? J'ai 60. Est-ce que j'ai 65&nbsp;? Est-ce que
+j'ai 65 pour ce gnou adorable&nbsp;? Est-ce que j'ai 65 pour la FSF,
+pour protéger la liberté&nbsp;? Dernière opportunité pour offrir 65
+ou plus. Un, Deux, trois. Vendu pour 60.</p>
+
+<p><em>Applaudissements.</em></p>
+
+<p>Maintenant les questions.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Bonjour, tout d'abord merci, merci
+beaucoup pour votre venue.</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Pas de remerciements parce que nous
+n'avons pas beaucoup de temps.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> D'accord&nbsp;! Alors
+juste quelques remarques. Je suis enseignant-chercheur en <a
+href="/philosophy/not-ipr.html">propriété intellectuelle</a> et en
+droits de l'homme donc ça m'a particulièrement intéressé. Vous avez
+beaucoup parlé de la libération de l’utilisateur et le propriétaire
+était un petit peu le méchant. Mais vous êtes propriétaire&nbsp;!</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Mais pas de la même manière.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Vous êtes auteur&nbsp;! Oui, pas
+exactement de la même manière. Ma question était la suivante&nbsp;:
+est-ce que le <em>copyleft</em>, est-ce que la licence libre, la Creative
+Commons, est-ce que c'est vraiment la négation du droit d'auteur ou
+une autre manière&nbsp;?</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> C'est une confusion. C'est une confusion
+déjà dans la question&nbsp;!</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> J'agrège plusieurs éléments.</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Il y a déjà des erreurs que je dois
+corriger dans la question, des supposés. Entre les six de licences de
+Creative Commons, deux sont libres et quatre ne sont pas libres, mais
+toutes permettent le partage. Je crois que toute œuvre destinée à
+être utilisée pour faire des travaux, c'est-à-dire que l'utilisateur
+fait ses travaux avec l’œuvre, ces œuvres doivent être libres. Mais
+il y a d'autres œuvres comme l'art. Ces œuvres ne sont pas obligées
+d’être libres. En tout cas, toutes les licences de logiciel libre
+opèrent sur la base du droit d'auteur et j'ai inventé le gauche
+d'auteur comme manière d'utiliser le droit d'auteur, mais au lieu de
+l'utiliser pour priver de la liberté aux utilisateurs, j'ai construit
+la manière d'utiliser le droit d'auteur pour protéger la liberté de
+chaque utilisateur. Parce que le droit d’auteur existe et moi, en tant
+qu'auteur d'un programme, je ne pouvais pas changer les lois. Aujourd'hui,
+de temps en temps, le mouvement logiciel libre réussit à changer des
+lois, mais c'est parce que nous sommes beaucoup. Moi, je ne pouvais pas
+changer les lois. Le droit d'auteur existait, mais le droit d'auteur
+n'est pas la seule manière de rendre privateur un programme. Les deux
+manières principales sont par des contrats qui s'appellent <i>End User
+License Agreement</i> et par ne pas publier le code source qui est une
+manière technique, pas légale. Mais les deux ont le résultat de priver
+l'utilisateur de sa liberté. Mais aussi il y a le droit d'auteur, il
+y a les produits tyrans qui n'admettent pas l'installation des versions
+modifiées de l'utilisateur, seulement les versions autorisées par le
+fabricant. Et il y a aussi, mais ce n'est pas vraiment le moyen de faire
+exactement ça, les brevets. Donc plusieurs manières de rendre privateur
+un programme et notre seule seule manière de résister à toutes ces
+attaques c'est avec le droit d'auteur, paradoxalement. Mais je n'utilise
+jamais l’expression «&nbsp;propriété intellectuelle&nbsp;». Je
+reconnais que, dans le passé, cette expression s'utilisait en France
+comme synonyme du droit d'auteur, mais aujourd'hui l'OMPI [Organisation
+mondiale de la propriété intellectuelle, NdT] propose une autre
+signification de cette expression. Une signification pas cohérente,
+parce que cette signification mélange beaucoup de lois qui n'ont rien
+à voir. Si nous considérons le droit d'auteur et la loi des brevets,
+elles n'ont rien à voir&nbsp;! Et celui qui prend ces deux lois pour
+un seul sujet se trompe déjà et, avec cette confusion comme base,
+il est incapable de comprendre ni l'une ni l'autre. Donc, la première
+étape pour poser les questions éthiques sur une de ces lois est de la
+distinguer des autres et donc, il faut rejeter nettement l’expression
+«&nbsp;propriété intellectuelle&nbsp;» et je ne l'utilise jamais
+depuis neuf ans. Je n'ai jamais utilisé cette expression. Quand quelqu'un
+me pose une question avec cette expression je rejette d'abord l'expression
+et puis je lui propose d'éclaircir la question, parce que la question
+a été posée de manière pas claire. Si je ne sais pas de quelle loi
+il s'agit, comment est-ce que je pourrais répondre&nbsp;?</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Je suis tout à fait d'accord sur la
+distinction, des propriétés qui mélangent des propriétés et des
+monopoles. Même le droit d'auteur, entre droit d'auteur et copyright on
+a, sur un logiciel ou sur un autre peut-être directement l'exploitant
+parfois, là on est déjà dans une autre logique. Derrière votre
+critique du propriétaire, est-ce qu'il n'y a pas une distinction à
+faire entre l'auteur et l'exploitant&nbsp;?</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Je ne comprends pas tous les mots.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Excusez-moi&nbsp;! Dans votre critique
+du propriétaire, est-ce qu'il ne faut pas distinguer l'auteur et
+l'exploitant&nbsp;?</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Non je distingue le logiciel libre et le
+privateur. Quand je dis propriétaire, je veux dire celui qui impose des
+restrictions au programme. Légalement, il y a toujours un détenteur
+du droit d'auteur, même un programme libre a un droit d'auteur et ce
+droit d’auteur a des détenteurs. Mais en ce cas, les détenteurs
+du droit d'auteur ont respecté la liberté de l'utilisateur. Donc je
+reconnais le fait légal que vous mentionnez, mais ma distinction n'est
+pas entre l'auteur et le détenteur du droit d'auteur, mais entre les
+deux comportements, avec le droit d'auteur et les autres armes pour
+rendre privateur un programme.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Je vous remercie. Peut-être juste
+une dernière question ou remarque. Qu’est-ce que vous diriez à
+des étudiants&nbsp;? Vous avez défendu l'idée que l'utilisateur,
+parfois, devait choisir le moindre mal et que le moindre mal c'était
+le partage. Et que, finalement, ce partage c'était aussi un moyen
+d'apprendre, d'apprendre à écrire un code source. Aujourd'hui nos
+étudiants aiment parfois le copier-coller&nbsp;: la copie directe de
+contenu, Wikipédia.</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Ah oui, mais c'est un mensonge. C'est
+une autre question.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> C'est une autre question, tout à
+fait.</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Je défends le droit le droit de copier
+et de partager n'importe quelle œuvre publiée, mais pas de mentir et
+de dire que tu en es l'auteur. C'est autre chose. Mais il faut noter
+que le plagiat n'est pas une question de droit d'auteur. Si tu donnes
+une copie d'une œuvre de Shakespeare en disant que tu en es l'auteur,
+tu n'enfreins pas le droit d'auteur. Il n'y a plus de droit d'auteur
+sur les œuvres de Shakespeare.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Si&nbsp;! Le droit moral. Le droit
+moral de paternité, justement qui est au cœur du droit d'auteur comme
+on le voit en France.</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Il n'y a pas d'héritiers de Shakespeare
+pour l'exercer. Shakespeare vivait il y a 400 années, donc il n'y a plus
+de droit d'auteur. Il n'y avait jamais, peut-être, de droit d'auteur
+dans le sens moderne sur les œuvres de Shakespeare. Mais si tu présentes
+une œuvre de Shakespeare en disant que tu en es l'auteur, tu mens.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Merci. Je ne veux pas monopoliser les
+questions. </p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> D'autres questions&nbsp;? La manière la
+plus efficace pour offrir au plus grand nombre la possibilité de poser
+des questions est de maintenir ici le micro et que ceux qui veulent me
+poser des questions fassent la queue ici. Venez ici pour faire la queue
+et comme ça, c'est rapide et c'est juste. Si quelqu'un veut me poser
+des questions.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Vous avez défini une décision
+pragmatique comme étant une décision qui souvent favorise le court
+terme aux dépens du long terme. Est-ce que, à votre sens, l'inclusion
+massive de Linux dans GNU était une décision pragmatique&nbsp;?</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Le quoi de Linux dans GNU&nbsp;? Je
+n'entends pas&nbsp;!</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Le fait de distribuer massivement GNU
+avec un noyau Linux était-il une décision pragmatique, au sens où
+vous le définissez&nbsp;?</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Oui, c'était une décision pragmatique,
+mais elle n'était pas injuste. Linux était libre donc voici le seul
+système d'exploitation possible libre. Quand il s'agit de choisir entre
+des programmes libres, on peut choisir selon les avantages pratiques.</p>
+
+<p><strong>Public&nbsp;:</strong> Bonjour. J'ai une autre question sur
+des programmes qui sont libres comme Firefox, qui ont un logo et un nom,
+qui sont une marque déposée. Certaines distributions GNU et Linux
+proposent ces logiciels sous un autre nom et avec un autre logo. Est-ce
+que c'est un problème qu'un nom et un logo soient déposés pour le
+logiciel libre&nbsp;?</p>
+
+<p><strong>RMS&nbsp;:</strong> Ça dépend des détails. En principe non,
+mais ça dépend des politiques imposées à l'utilisation de ce nom. Les
+politiques de Firefox interdisent même la redistribution commerciale de
+copies exactes sans changer le nom. Donc pour avoir un programme qui porte
+la liberté 2 il faut changer le nom pour éliminer ce problème. Mais
+d'autres, Linux par exemple, est une marque déposée et GNU aussi,
+mais les politiques de ces noms n’interdisent pas la diffusion
+commerciale de copies exactes, donc le problème n'existe pas et pas
+besoin de le résoudre, de le corriger. D'autres questions&nbsp;? Tout
+le monde doit sortir&nbsp;? Il reste ici des autocollants. Si quelqu'un
+en veut&nbsp;?</p>
+
+<p><em>Applaudissements.</em></p>
+
+<hr class="thin" />
+
+<h3 id="metadata" style="font-size: 1.2em">Métadonnées</h3>
+
+<p><em>Titre&nbsp;:</em>&nbsp; Vers une société numérique libre<br />
+<em>Intervenants&nbsp;:</em>&nbsp; Richard Stallman et Majdi Khoudeir,
+directeur de l'IUT de Poitiers<br />
+<em>Lieu&nbsp;:</em>&nbsp; Département STID - Campus de Niort -
+Université de Poitiers<br />
+<em>Date&nbsp;:</em>&nbsp; Mars 2013<br />
+<em>Durée&nbsp;:</em>&nbsp; 2 h 11 min<br />
+<a
+href="http://uptv.univ-poitiers.fr/program/richard-stallman-vers-une-societe-numerique-libre/video/3736/index/index.html">Vidéo WebM</a></p>
+
+</div><!-- for id="content", starts in the include above -->
+<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" -->
+<div id="footer">
+<div class="unprintable">
+
+<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <a
+href="mailto:gnu@gnu.org">&lt;gnu@gnu.org&gt;</a>. Il existe aussi <a
+href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens
+orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés
+à <a
+href="mailto:webmasters@gnu.org">&lt;webmasters@gnu.org&gt;</a>.</p>
+
+<p>Merci de consulter le <a
+href="/server/standards/README.translations.html">guide des
+traductions</a>
+si vous souhaitez coordonner ou soumettre une traduction de cet
+article.</p>
+</div>
+
+<p>Copyright &copy; 2013, 2017 Free Software Foundation, Inc.</p>
+
+<p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a
+rel="license"
+href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative
+Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale
+(CC BY-ND 4.0)</a>.</p>
+<!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" -->
+<p class="unprintable">Updated:
+<!-- timestamp start -->
+$Date: 2019/05/24 10:12:41 $
+<!-- timestamp end -->
+</p>
+</div>
+</div>
+</body>
+</html>