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@@ -1,28 +1,41 @@
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-<title>Logiciel libre : liberté et coopération - Projet GNU - Free Software
+<title>Logiciel libre : liberté et coopération - Projet GNU - Free Software
Foundation</title>
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-<h2>Logiciel libre : liberté et coopération</h2>
+<!--#include virtual="/philosophy/ph-breadcrumb.fr.html" -->
+<!--GNUN: OUT-OF-DATE NOTICE-->
+<!--#include virtual="/server/top-addendum.fr.html" -->
+<div class="article reduced-width">
+<h2>Logiciel libre : liberté et coopération</h2>
-<blockquote><p>Transcription du discours de Richard M. Stallman, « Logiciel libre : liberté
-et coopération », donné à <i>New York University</i> (campus de New York,
-NY) le 29 mai 2001.</p></blockquote>
+<address class="byline">par Richard Stallman</address>
-<div class="announcement">
-<blockquote><p>Une version <a href="/philosophy/rms-nyu-2001-transcript.txt">texte</a> de
+<div class="infobox">
+<p>Transcription d'un discours donné à <i>New York University</i> (campus de
+New York, NY) le 29 mai 2001.</p>
+
+<p>Une version <a href="/philosophy/rms-nyu-2001-transcript.txt">texte</a> de
cette transcription et un <a
href="/philosophy/rms-nyu-2001-summary.txt">résumé</a> du discours sont
-aussi disponibles en anglais.</p></blockquote>
+aussi disponibles en anglais.</p>
</div>
+<hr class="thin" />
-<p><strong>URETSKY</strong> : Je suis Mike Uretsky. Je travaille à la <i>Stern
+<p><strong>URETSKY</strong> : Je suis Mike Uretsky. Je travaille à la <i>Stern
Business School</i> (École de commerce Stern). Je suis aussi l'un des
codirecteurs du <i>Center for Advanced Technology</i> (Centre pour la
technologie de pointe). Et au nom de tout le département d'informatique, je
@@ -34,12 +47,12 @@ discussions intéressantes. Et le rôle d'une grande université est d'offrir
des discussions particulièrement intéressantes. Cet exposé particulier, ce
séminaire, répond parfaitement à cet impératif. Je trouve la discussion sur
l'open source particulièrement intéressante. D'une certaine manière&hellip;
-<i>[rires]</i></p>
+<i class="aside">[rires]</i></p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Je fais du logiciel libre. L'open source, c'est
-un autre mouvement <i>[rires et applaudissements]</i>.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Je fais du logiciel libre. L'open source, c'est
+un autre mouvement <i class="aside">[rires et applaudissements]</i>.</p>
-<p><strong>URETSKY</strong> : Quand j'ai commencé à travailler dans ce domaine
+<p><strong>URETSKY</strong> : Quand j'ai commencé à travailler dans ce domaine
dans les années 60, en principe les logiciels étaient libres. Puis nous
sommes entrés dans un cycle. Au début ils étaient libres, puis les
fabricants de logiciels, pour étendre leur marché, les ont poussés dans
@@ -53,16 +66,17 @@ restructuration sociale et politique, à travers un changement des types de
relations qui va améliorer le bien-être de l'humanité. Et nous espérons que
ce débat est un pas dans cette direction, que ce débat traverse de
nombreuses disciplines qui travaillent généralement en solo à
-l'université. Nous espérons donc de très intéressantes discussions. Ed ?</p>
+l'université. Nous espérons donc de très intéressantes discussions. Ed ?</p>
-<p><strong>SCHONBERG</strong> : Je suis Ed Schonberg du département
+<p><strong>SCHONBERG</strong> : Je suis Ed Schonberg du département
d'informatique de l'Institut Courant. Permettez-moi de vous souhaiter la
bienvenue pour cet événement. Les présentateurs sont, en général et en
particulier, un aspect inutile des présentations publiques, mais dans ce
cas, ils servent un but utile comme le propos de Mike vient facilement de le
prouver. Parce qu'un présentateur, par exemple par des commentaires
-inappropriés, peut permettre à l'orateur de corriger <i>[rires]</i> et
-préciser considérablement les paramètres du débat.</p>
+inappropriés, peut permettre à l'orateur de corriger <i
+class="aside">[rires]</i> et préciser considérablement les paramètres du
+débat.</p>
<p>Aussi permettez-moi de faire la présentation la plus brève possible de
quelqu'un qui n'en a pas besoin. Richard est le parfait exemple de quelqu'un
@@ -72,19 +86,20 @@ Laboratoire d'intelligence artificielle il y a bien des années. Il a
développé une philosophie cohérente qui nous a tous forcés à réexaminer nos
idées sur la façon dont le logiciel est produit, sur ce que signifie la
propriété intellectuelle et sur ce que représente la communauté du
-logiciel. Bienvenue à Richard Stallman <i>[applaudissements]</i>.</p>
-
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Quelqu'un peut-il me prêter une montre ?
-<i>[rires]</i> Merci. Bien, je voudrais remercier Microsoft de me donner
-l'occasion aujourd'hui <i>[rires]</i> d'être ici. Ces dernières semaines, je
-me sentais comme un auteur dont le livre a été fortuitement interdit quelque
-part <i>[rires]</i>. Sauf que tous les articles le concernant mentionnent un
-nom d'auteur erroné, parce que Microsoft décrit la GNU GPL comme une licence
-open source et que la majorité de la couverture de presse a suivi. La
-plupart des gens, en toute innocence bien sûr, ne se rendent pas compte que
-notre travail n'a rien à voir avec l'open source et qu'en réalité nous en
-avons fait la plus grande part avant même que le terme « open source » ne
-soit inventé.</p>
+logiciel. Bienvenue à Richard Stallman <i
+class="aside">[applaudissements]</i>.</p>
+
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Quelqu'un peut-il me prêter une montre ? <i
+class="aside">[rires]</i> Merci. Bien, je voudrais remercier Microsoft de me
+donner l'occasion aujourd'hui <i class="aside">[rires]</i> d'être ici. Ces
+dernières semaines, je me sentais comme un auteur dont le livre a été
+fortuitement interdit quelque part <i class="aside">[rires]</i>. Sauf que
+tous les articles le concernant mentionnent un nom d'auteur erroné, parce
+que Microsoft décrit la GNU GPL comme une licence open source et que la
+majorité de la couverture de presse a suivi. La plupart des gens, en toute
+innocence bien sûr, ne se rendent pas compte que notre travail n'a rien à
+voir avec l'open source et qu'en réalité nous en avons fait la plus grande
+part avant même que le terme « open source » ne soit inventé.</p>
<p>Nous faisons partie du mouvement du logiciel libre et je vais vous parler de
ce qu'est ce mouvement, de ce qu'il signifie, de ce que nous avons fait, et
@@ -98,21 +113,21 @@ chef, vous utilisez probablement des recettes. Si vous utilisez des
recettes, il vous est probablement déjà arrivé de demander la copie d'une
recette à un ami, qui l'a partagée avec vous. Et il vous est probablement
arrivé – à moins d'être un complet néophyte – de changer cette recette. Vous
-savez, il y a des choses que l'on n'est pas obligé de faire exactement :
+savez, il y a des choses que l'on n'est pas obligé de faire exactement :
vous pouvez laisser tomber certains ingrédients, ajouter des champignons
parce que vous aimez les champignons, mettre un peu moins de sel parce que
-votre médecin vous a recommandé de manger moins salé, que sais-je ? Vous
+votre médecin vous a recommandé de manger moins salé, que sais-je ? Vous
pouvez même faire des changements plus importants selon vos talents. Si vous
avez fait des changements dans une recette et que vos amis l'ont appréciée,
-l'un d'entre eux vous a peut-être dit : « Dis donc, je pourrais avoir la
-recette ? » Et alors, qu'est-ce que vous faites ? Vous mettez par écrit
+l'un d'entre eux vous a peut-être dit : « Dis donc, je pourrais avoir la
+recette ? » Et alors, qu'est-ce que vous faites ? Vous mettez par écrit
votre version modifiée et faites une copie pour votre ami. C'est une chose
qu'on fait naturellement avec des recettes de toute sorte.</p>
<p>En fait, une recette ressemble beaucoup à un programme informatique. Un
-programme informatique est comme une recette : une série d'étapes à mener
+programme informatique est comme une recette : une série d'étapes à mener
pour obtenir le résultat que vous attendez. Alors il est tout naturel de
-faire la même chose avec un programme : donner une copie à un ami ; apporter
+faire la même chose avec un programme : donner une copie à un ami ; apporter
des modifications parce que le travail pour lequel il a été écrit n'est pas
tout à fait ce que vous voulez. Il a bien fonctionné pour quelqu'un d'autre,
mais votre travail est différent. Et une fois que vous avez changé le
@@ -131,7 +146,7 @@ passe dans le monde du logiciel privateur<a id="TransNote1-rev"
href="#TransNote1"><sup>1</sup></a> – un monde dans lequel on empêche et on
interdit un comportement correct envers les autres personnes.</p>
-<p>Maintenant, pourquoi ai-je remarqué cela ? Je l'ai remarqué parce que j'ai
+<p>Maintenant, pourquoi ai-je remarqué cela ? Je l'ai remarqué parce que j'ai
eu la bonne fortune dans les années 70 de faire partie d'une communauté
d'informaticiens qui partageaient les logiciels. On pourrait faire remonter
ses racines aux origines de l'informatique, mais dans les années 70 c'était
@@ -148,18 +163,18 @@ mais pas de mouvement du logiciel libre.</p>
<p>Mais ensuite notre communauté a été détruite par une série de calamités. À
la fin elle fut balayée. L'ordinateur PDP-10 que nous utilisions pour tout
-notre travail fut abandonné. Notre système d'exploitation, le « système à
-temps partagé incompatible » <i>[Incompatible Timesharing System]</i>, écrit
-à partir des années 60, était en langage assembleur. C'est ce qu'on
-utilisait pour écrire les systèmes d'exploitation dans les années
-60. Naturellement, le langage assembleur est spécifique à un type
-particulier d'architecture d'ordinateur ; si elle devient obsolète, tout le
-travail tombe en poussière. Et c'est ce qui nous est arrivé. Les presque 20
-ans de travail de notre communauté sont tombés en poussière.</p>
+notre travail fut abandonné. Notre système d'exploitation, le « système à
+temps partagé incompatible » <i class="aside">[Incompatible Timesharing
+System]</i>, écrit à partir des années 60, était en langage
+assembleur. C'est ce qu'on utilisait pour écrire les systèmes d'exploitation
+dans les années 60. Naturellement, le langage assembleur est spécifique à un
+type particulier d'architecture d'ordinateur ; si elle devient obsolète,
+tout le travail tombe en poussière. Et c'est ce qui nous est arrivé. Les
+presque 20 ans de travail de notre communauté sont tombés en poussière.</p>
<p>Pourtant, avant que cela n'arrive, une expérience m'a préparé et m'a aidé à
voir ce qu'il fallait faire. Un jour, Xerox a donné au Laboratoire
-d'intelligence artificielle, où je travaillais, une imprimante laser ;
+d'intelligence artificielle, où je travaillais, une imprimante laser ;
c'était un beau cadeau car c'était la première fois qu'en dehors de Xerox
quelqu'un possédait une imprimante laser. Elle était très rapide, une page à
la seconde, excellente à bien des égards, mais elle n'était pas fiable parce
@@ -169,7 +184,7 @@ mais il y a sur place quelqu'un pour les débloquer. L'imprimante bourrait,
mais personne ne le remarquait aussi restait-elle hors service pendant
longtemps.</p>
-<p>Nous avions bien une idée pour résoudre ce problème : faire en sorte qu'à
+<p>Nous avions bien une idée pour résoudre ce problème : faire en sorte qu'à
chaque bourrage elle avertisse notre machine en temps partagé et les
utilisateurs qui attendaient une sortie d'imprimante. Car bien sûr, si vous
attendez une sortie d'imprimante et que vous savez qu'elle est en panne,
@@ -183,44 +198,46 @@ d'informaticiens (nous avions écrit notre propre système d'exploitation en
temps partagé) nous étions complètement démunis pour ajouter cette fonction
au pilote d'imprimante.</p>
-<p>Nous pouvions seulement prendre notre mal en patience ; cela vous prenait
+<p>Nous pouvions seulement prendre notre mal en patience ; cela vous prenait
une ou deux heures pour avoir votre impression, car la machine était bloquée
la plupart du temps. De temps à autre vous attendiez une heure en vous
-disant : « Je sais que ça va planter, je vais attendre une heure et aller
-chercher mon texte. » Et alors vous vous aperceviez que la machine était
+disant : « Je sais que ça va planter, je vais attendre une heure et aller
+chercher mon texte. » Et alors vous vous aperceviez que la machine était
restée bloquée pendant tout ce temps-là et que personne d'autre ne l'avait
remise en état. Alors vous faisiez le nécessaire et attendiez une demi-heure
de plus. Ensuite vous reveniez et vous voyiez qu'elle s'était bloquée de
nouveau – avant même de commencer votre impression. Elle imprimait trois
-minutes et se bloquait pendant 30 minutes. Frustration jusque-là ! Le pire
+minutes et se bloquait pendant 30 minutes. Frustration jusque-là ! Le pire
était de savoir que nous aurions pu la réparer, mais que quelqu'un, par pur
égoÏsme, nous mettait des bâtons dans les roues en nous empêchant
d'améliorer son programme. D'où notre ressentiment, évidemment&hellip;</p>
<p>Et alors j'ai entendu dire que quelqu'un avait une copie de ce programme à
l'université Carnegie-Mellon. En visite là-bas un peu plus tard, je me rends
-à son bureau et je dis : « Salut, je suis du MIT, pourrais-je avoir une
-copie du code source de l'imprimante ? » Et il répond : « Non, j'ai promis
-de ne pas vous donner de copie » <i>[rires]</i>. J'étais soufflé. J'étais
-si&hellip; J'étais tellement en colère ! Je ne savais pas quoi faire pour
-réparer cette injustice. Tout ce qui m'est venu à l'esprit, c'est de tourner
-les talons et sortir de son bureau. Peut-être que j'ai claqué la
-porte&hellip; <i>[rires]</i> Et j'y ai repensé plus tard parce que j'ai
-réalisé que je n'étais pas simplement en face d'un fait isolé, mais d'un
-phénomène de société qui était important et affectait beaucoup de gens.</p>
+à son bureau et je dis : « Salut, je suis du MIT, pourrais-je avoir une
+copie du code source de l'imprimante ? » Et il répond : « Non, j'ai promis
+de ne pas vous donner de copie » <i class="aside">[rires]</i>. J'étais
+soufflé. J'étais si&hellip; J'étais tellement en colère ! Je ne savais pas
+quoi faire pour réparer cette injustice. Tout ce qui m'est venu à l'esprit,
+c'est de tourner les talons et sortir de son bureau. Peut-être que j'ai
+claqué la porte&hellip; <i class="aside">[rires]</i> Et j'y ai repensé plus
+tard parce que j'ai réalisé que je n'étais pas simplement en face d'un fait
+isolé, mais d'un phénomène de société qui était important et affectait
+beaucoup de gens.</p>
<p>Pour moi par chance, ce n'était qu'un échantillon, mais d'autres gens
étaient obligés de vivre avec ça tout le temps. Et j'y ai repensé plus
longuement. Vous voyez, il avait promis de refuser de coopérer avec nous,
ses collègues du MIT. Il nous avait trahis. Mais il ne l'avait pas fait qu'à
-nous. Il y a des chances qu'il vous l'ait fait à vous aussi <i>[pointant du
-doigt un auditeur]</i>. Et je pense, probablement à vous aussi <i>[pointant
-du doigt un autre auditeur – rires]</i> et à vous aussi <i>[pointant du
-doigt un troisième auditeur]</i>. Et certainement à une bonne partie de ceux
-qui sont dans cette salle, à l'exception de quelques-uns, peut-être, qui
-n'étaient pas encore nés en 1980. Il avait promis de ne pas coopérer avec
-l'ensemble de la population de la planète Terre, ou presque. Il avait signé
-un accord de confidentialité.</p>
+nous. Il y a des chances qu'il vous l'ait fait à vous aussi <i
+class="aside">[pointant du doigt un auditeur]</i>. Et je pense, probablement
+à vous aussi <i class="aside">[pointant du doigt un autre auditeur –
+rires]</i> et à vous aussi <i class="aside">[pointant du doigt un troisième
+auditeur]</i>. Et certainement à une bonne partie de ceux qui sont dans
+cette salle, à l'exception de quelques-uns, peut-être, qui n'étaient pas
+encore nés en 1980. Il avait promis de ne pas coopérer avec l'ensemble de la
+population de la planète Terre, ou presque. Il avait signé un accord de
+confidentialité.</p>
<p>C'était la première fois que j'étais confronté à une clause de
confidentialité et cela m'a appris une importante leçon – importante parce
@@ -231,11 +248,11 @@ que les accords de confidentialité font des victimes. Ils ne sont pas
innocents, ils ne sont pas inoffensifs. La plupart des programmeurs
rencontrent un accord de confidentialité lorsqu'ils sont invités à en signer
un et il y a toujours une sorte de tentation, un bonus qu'ils auront s'ils
-signent. Alors ils s'inventent des excuses. Ils disent : « De toute façon,
+signent. Alors ils s'inventent des excuses. Ils disent : « De toute façon,
il n'aura pas de copie, alors pourquoi ne pas rejoindre la conspiration pour
-l'en priver ? » Ils disent : « Ça se fait toujours comme ça, qui suis-je
-pour m'y opposer ? » Ils disent : « Si je ne signe pas, quelqu'un d'autre le
-fera. » Diverses excuses pour tromper leur conscience.</p>
+l'en priver ? » Ils disent : « Ça se fait toujours comme ça, qui suis-je
+pour m'y opposer ? » Ils disent : « Si je ne signe pas, quelqu'un d'autre le
+fera. » Diverses excuses pour tromper leur conscience.</p>
<p>Mais quand on m'a invité à signer un accord de confidentialité, ma
conscience était déjà en éveil. Elle se rappelait comme j'étais en colère
@@ -245,11 +262,11 @@ même chose à quelqu'un qui ne m'avait fait aucun mal. Vous savez, si
quelqu'un me demandait de promettre de ne pas partager une information utile
avec un ennemi détesté je le ferais. Si quelqu'un a fait quelque chose de
mal il le mérite. Mais des étrangers&hellip; Ils ne m'ont fait aucun
-mal. Comment pourraient-ils mériter un mauvais traitement de ce genre ? On
+mal. Comment pourraient-ils mériter un mauvais traitement de ce genre ? On
ne peut pas se permettre de mal se comporter avec tout un chacun, sinon on
-devient un prédateur de la société. Alors j'ai dit : « Merci de m'offrir ce
+devient un prédateur de la société. Alors j'ai dit : « Merci de m'offrir ce
beau logiciel, mais je ne peux l'accepter en bonne conscience aux conditions
-que vous exigez, donc je vais m'en passer. Merci beaucoup. » Ainsi, je n'ai
+que vous exigez, donc je vais m'en passer. Merci beaucoup. » Ainsi, je n'ai
jamais consciemment signé d'accord de confidentialité pour de l'information
technique utile comme un programme.</p>
@@ -258,86 +275,86 @@ problèmes éthiques. Par exemple, il y a les informations personnelles. Vous
savez, si vous voulez me parler de ce qui se passe entre vous et votre petit
ami et que vous me demandez de n'en parler à personne, je peux accepter de
garder le secret pour vous, parce que ce n'est pas une information technique
-d'utilité générale. En fait, ce n'est probablement pas d'utilité générale
-<i>[rires]</i>.</p>
+d'utilité générale. En fait, ce n'est probablement pas d'utilité générale <i
+class="aside">[rires]</i>.</p>
<p>Il y a une petite chance, c'est possible, que vous puissiez me révéler une
-merveilleuse nouvelle technique sexuelle <i>[rires]</i> et je me sentirais
-moralement obligé <i>[rires]</i> de la révéler au reste de l'humanité pour
-que chacun puisse en profiter. Donc je devrais mettre une condition à ma
-promesse. Si ce sont juste des détails sur qui veut ceci et qui est en
-colère contre untel, des choses comme ça, du feuilleton télé, cela je peux
-le garder confidentiel&hellip; Mais une connaissance dont l'humanité
-tirerait un énorme bénéfice, je ne dois pas la garder pour moi. Vous voyez,
-le but de la science et de la technologie est de produire de l'information
-utile pour l'humanité qui aidera les gens à vivre une vie meilleure. Si nous
-promettons de cacher cette information, si nous la gardons secrète, nous
-trahissons la mission de notre discipline. Et ceci, j'ai décidé de ne pas le
-faire.</p>
-
-<p>Mais en attendant, ma communauté s'était effondrée et c'était terrible ;
+merveilleuse nouvelle technique sexuelle <i class="aside">[rires]</i> et je
+me sentirais moralement obligé <i class="aside">[rires]</i> de la révéler au
+reste de l'humanité pour que chacun puisse en profiter. Donc je devrais
+mettre une condition à ma promesse. Si ce sont juste des détails sur qui
+veut ceci et qui est en colère contre untel, des choses comme ça, du
+feuilleton télé, cela je peux le garder confidentiel&hellip; Mais une
+connaissance dont l'humanité tirerait un énorme bénéfice, je ne dois pas la
+garder pour moi. Vous voyez, le but de la science et de la technologie est
+de produire de l'information utile pour l'humanité qui aidera les gens à
+vivre une vie meilleure. Si nous promettons de cacher cette information, si
+nous la gardons secrète, nous trahissons la mission de notre discipline. Et
+ceci, j'ai décidé de ne pas le faire.</p>
+
+<p>Mais en attendant, ma communauté s'était effondrée et c'était terrible ;
cela me mettait en mauvaise posture. Vous voyez, le système à temps partagé
incompatible était obsolète parce que le PDP-10 était obsolète. Donc je ne
pouvais plus travailler en tant que développeur de systèmes d'exploitation
comme je l'avais fait. C'était conditionné à mon appartenance à la
communauté qui utilisait ce logiciel pour l'améliorer. Cela n'était plus
-possible et cela m'amena à un dilemme moral. Qu'allais-je faire ? Parce que
+possible et cela m'amena à un dilemme moral. Qu'allais-je faire ? Parce que
la possibilité la plus évidente impliquait de faire le contraire de ce que
j'avais décidé. La possibilité la plus évidente était de m'adapter au
-changement du monde ; accepter le fait que les choses étaient différentes,
+changement du monde ; accepter le fait que les choses étaient différentes,
que je n'avais qu'à abandonner ces principes et commencer à signer des
accords de confidentialité pour des systèmes d'exploitation privateurs, et
probablement écrire des logiciels privateurs à mon tour. Mais j'ai réalisé
que, même si de cette façon j'avais un moyen de m'amuser à coder et de
gagner de l'argent en même temps, surtout si je faisais ça ailleurs qu'au
-MIT, à la fin j'aurais dû me retourner sur ma carrière et dire : « J'ai
-passé ma vie à construire des murs pour diviser les gens. » Et j'aurais eu
+MIT, à la fin j'aurais dû me retourner sur ma carrière et dire : « J'ai
+passé ma vie à construire des murs pour diviser les gens. » Et j'aurais eu
honte de ma vie.</p>
-<p>Alors j'ai cherché une alternative, et il y en avait une évidente : je
+<p>Alors j'ai cherché une alternative, et il y en avait une évidente : je
pouvais quitter l'informatique et faire autre chose. Je n'avais aucun autre
-talent remarquable, mais je suis sûr que j'aurais pu être serveur
-<i>[rires]</i>. Pas dans un restaurant chic, ils n'auraient pas voulu de moi
-<i>[rires]</i>, mais j'aurais pu être serveur quelque part. De nombreux
-programmeurs me disent : « Les employeurs exigent ceci, cela, si je ne le
-fais pas je mourrai de faim. » C'est le mot exact qu'ils utilisent. Bon,
-comme serveur je ne risquais pas de mourir de faim <i>[rires]</i>. En
-réalité, les programmeurs ne courent aucun danger. Et c'est important
-voyez-vous, car vous pouvez quelquefois vous justifier de faire quelque
-chose qui blesse autrui en disant « sinon quelque chose de pire va
-m'arriver ». Si vous êtes <em>vraiment</em> sur le point de crever de faim,
-vous pouvez vous justifier d'écrire du logiciel privateur <i>[rires]</i> ;
-et si quelqu'un vous menace d'une arme je dirais même que c'est pardonnable
-<i>[rires]</i>. Mais j'avais trouvé une façon de survivre sans enfreindre
-mon éthique, aussi cette excuse était-elle irrecevable. Cependant, je
-réalisais qu'être serveur ne serait pas drôle pour moi et que ce serait
-gâcher mes talents de programmeur. Je devais éviter de mal utiliser mes
-talents. Écrire des logiciels privateurs aurait été mal utiliser mes
-talents. Encourager les autres à vivre dans un monde de logiciels privateurs
-aurait signifié mal utiliser mes talents. Aussi valait-il mieux les gâcher
-que les utiliser à mauvais escient, mais ce n'était toujours pas la bonne
-solution.</p>
+talent remarquable, mais je suis sûr que j'aurais pu être serveur <i
+class="aside">[rires]</i>. Pas dans un restaurant chic, ils n'auraient pas
+voulu de moi <i class="aside">[rires]</i>, mais j'aurais pu être serveur
+quelque part. De nombreux programmeurs me disent : « Les employeurs exigent
+ceci, cela, si je ne le fais pas je mourrai de faim. » C'est le mot exact
+qu'ils utilisent. Bon, comme serveur je ne risquais pas de mourir de faim <i
+class="aside">[rires]</i>. En réalité, les programmeurs ne courent aucun
+danger. Et c'est important voyez-vous, car vous pouvez quelquefois vous
+justifier de faire quelque chose qui blesse autrui en disant « sinon quelque
+chose de pire va m'arriver ». Si vous êtes <em>vraiment</em> sur le point de
+crever de faim, vous pouvez vous justifier d'écrire du logiciel privateur <i
+class="aside">[rires]</i> ; et si quelqu'un vous menace d'une arme je dirais
+même que c'est pardonnable <i class="aside">[rires]</i>. Mais j'avais trouvé
+une façon de survivre sans enfreindre mon éthique, aussi cette excuse
+était-elle irrecevable. Cependant, je réalisais qu'être serveur ne serait
+pas drôle pour moi et que ce serait gâcher mes talents de programmeur. Je
+devais éviter de mal utiliser mes talents. Écrire des logiciels privateurs
+aurait été mal utiliser mes talents. Encourager les autres à vivre dans un
+monde de logiciels privateurs aurait signifié mal utiliser mes
+talents. Aussi valait-il mieux les gâcher que les utiliser à mauvais
+escient, mais ce n'était toujours pas la bonne solution.</p>
<p>C'est pourquoi j'ai cherché une autre possibilité. Que pouvait faire un
développeur de systèmes d'exploitation pour améliorer la situation, pour
-rendre le monde meilleur ? J'ai réalisé qu'un développeur de systèmes
+rendre le monde meilleur ? J'ai réalisé qu'un développeur de systèmes
d'exploitation, c'était exactement ce qu'il fallait. Comme tous les autres,
j'étais placé devant un problème, un dilemme, parce que tous les systèmes
d'exploitation disponibles pour les ordinateurs modernes étaient
privateurs. Les systèmes d'exploitation libres étaient pour de vieux
-ordinateurs obsolètes, n'est-ce pas ? Si vous vouliez un ordinateur moderne,
+ordinateurs obsolètes, n'est-ce pas ? Si vous vouliez un ordinateur moderne,
vous étiez obligé d'adopter un système d'exploitation privateur. Cependant,
-si un développeur écrivait un autre système d'exploitation et disait « Venez
-tous partager ceci, vous êtes les bienvenus », cela permettrait à chacun de
+si un développeur écrivait un autre système d'exploitation et disait « Venez
+tous partager ceci, vous êtes les bienvenus », cela permettrait à chacun de
sortir du dilemme, cela offrirait une alternative. Je me suis alors rendu
compte que je pouvais faire quelque chose qui résoudrait le
problème. J'avais les talents requis, c'était la chose la plus utile que je
puisse faire de ma vie et c'était un problème que personne d'autre
n'essayait de résoudre. J'étais assis là, de plus en plus mal dans ma peau,
-et j'étais seul. Alors un sentiment m'a envahi : « Je suis élu. C'est
-là-dessus que je dois travailler. Si ce n'est pas moi, qui d'autre ? » J'ai
+et j'étais seul. Alors un sentiment m'a envahi : « Je suis élu. C'est
+là-dessus que je dois travailler. Si ce n'est pas moi, qui d'autre ? » J'ai
donc décidé de développer un système d'exploitation libre ou de
-mourir&hellip; de vieillesse, bien sûr <i>[rires]</i>.</p>
+mourir&hellip; de vieillesse, bien sûr <i class="aside">[rires]</i>.</p>
<p>Il fallait évidemment décider quelle sorte de système d'exploitation ce
serait, faire quelques choix techniques. J'ai décidé de rendre le système
@@ -351,10 +368,10 @@ moindres détails. Les utilisateurs détestent en effet les changements
incompatibles. Si j'avais conçu le système de la façon que je préfère – ce
que j'aurais adoré, j'en suis sûr – j'aurais produit quelque chose
d'incompatible. Les détails auraient été différents. Donc, si j'avais conçu
-le système ainsi les gens m'auraient dit : « Bon, c'est très joli, mais
+le système ainsi les gens m'auraient dit : « Bon, c'est très joli, mais
c'est incompatible. Ça nous demandera trop de travail de changer. Nous ne
pouvons nous permettre tant d'efforts pour utiliser votre système à la place
-d'Unix, alors nous garderons Unix. » Voilà ce qu'ils auraient dit.</p>
+d'Unix, alors nous garderons Unix. » Voilà ce qu'ils auraient dit.</p>
<p>Si je voulais créer une communauté où il y aurait des gens, des gens
utilisant ce nouveau système et bénéficiant de la liberté et de la
@@ -373,57 +390,58 @@ départ.</p>
<p>Tout ce que nous avions à faire pour commencer le travail était de trouver
un nom pour le système. Nous, les hackers, cherchons toujours des noms
drôles ou méchants pour un programme, parce que penser aux gens qui
-s'amusent du nom, c'est la moitié du plaisir de l'écriture <i>[rires].</i>
-Nous avions aussi une tradition d'acronymes récursifs consistant à dire que
-le programme créé est similaire à un programme existant. On peut lui donner
-un nom récursif disant que celui-ci n'est pas celui-là. Par exemple, il y
-avait beaucoup d'éditeurs de texte <abbr title="Text Editor and
-COrrector">TECO</abbr> dans les années 60 et 70 et ils étaient généralement
-appelés « quelque-chose-TECO ». À cette époque, un hacker malin appela le
-sien TINT, pour <i>Tint Is Not Teco</i>, le premier acronyme récursif. En
-1975, j'ai développé le premier éditeur de texte Emacs et il y eut de
-nombreuses imitations. Beaucoup s'appelaient quelque-chose-Emacs, mais l'une
-d'elles était nommée FINE<a id="TransNote2-rev"
-href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> pour <i>Fine is not Emacs</i>. Puis il y
-eut SINE pour <i>Sine is not Emacs</i>, et EINE pour <i>Eine Is Not
-Emacs</i>, et il eut MINCE pour <i>Mince Is Not Complete Emacs</i>
-<i>[rires]</i>, c'était une imitation incomplète. Ensuite EINE fut
-complètement réécrit et la nouvelle version s'appela ZWEI pour <i>Zwei Was
-Eine Initially</i><a id="TransNote3-rev" href="#TransNote3"><sup>3</sup></a>
-<i>[rires]</i>.</p>
+s'amusent du nom, c'est la moitié du plaisir de l'écriture <i
+class="aside">[rires].</i> Nous avions aussi une tradition d'acronymes
+récursifs consistant à dire que le programme créé est similaire à un
+programme existant. On peut lui donner un nom récursif disant que celui-ci
+n'est pas celui-là. Par exemple, il y avait beaucoup d'éditeurs de texte
+<abbr title="Text Editor and COrrector">TECO</abbr> dans les années 60 et 70
+et ils étaient généralement appelés « quelque-chose-TECO ». À cette époque,
+un hacker malin appela le sien TINT, pour <i>Tint Is Not Teco</i>, le
+premier acronyme récursif. En 1975, j'ai développé le premier éditeur de
+texte Emacs et il y eut de nombreuses imitations. Beaucoup s'appelaient
+quelque-chose-Emacs, mais l'une d'elles était nommée FINE<a
+id="TransNote2-rev" href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> pour <i>Fine is not
+Emacs</i>. Puis il y eut SINE pour <i>Sine is not Emacs</i>, et EINE pour
+<i>Eine Is Not Emacs</i>, et il eut MINCE pour <i>Mince Is Not Complete
+Emacs</i> <i class="aside">[rires]</i>, c'était une imitation
+incomplète. Ensuite EINE fut complètement réécrit et la nouvelle version
+s'appela ZWEI pour <i>Zwei Was Eine Initially</i><a id="TransNote3-rev"
+href="#TransNote3"><sup>3</sup></a> <i class="aside">[rires]</i>.</p>
<p>J'ai donc cherché un acronyme récursif pour <i>Something is not Unix</i>
(quelque chose n'est pas Unix). J'ai essayé les 26 lettres, mais aucune ne
-donnait un mot <i>[rires]</i>. Hum, essayons autre chose. J'ai fait une
-contraction. De cette façon, je pouvais avoir un acronyme de trois lettres
-pour <i>Something's Not Unix</i>. J'ai essayé des lettres et suis arrivé au
-mot <i>gnu</i> (gnou). C'est le plus drôle de la langue anglaise
-<i>[rires]</i>. C'était ça ! Bien sûr, la raison de cette drôlerie vient du
-fait que, selon le dictionnaire, il doit se prononcer <i>new</i>.<a
-id="TransNote4-rev" href="#TransNote4"><sup>4</sup></a> Vous voyez ? C'est
-pourquoi les gens l'utilisent pour de nombreux jeux de mots. Laissez-moi
-vous dire que c'est le nom d'un animal d'Afrique. Et la prononciation
-africaine a un clic à l'intérieur <i>[rires]</i>. Les colonisateurs
-européens, quand ils arrivèrent là-bas, n'ont pas pris la peine d'apprendre
-à prononcer le clic. Alors ils l'ont laissé de côté et ont mis un <em>g</em>
-qui signifiait : « Il y a un autre son qui est censé être là, mais que nous
-ne prononçons pas. » <i>[rires]</i> Ce soir, je pars pour l'Afrique du Sud
-et je leur ai demandé de me trouver quelqu'un qui puisse m'apprendre à
-prononcer les clics <i>[rires]</i>. Ainsi je saurai prononcer correctement
+donnait un mot <i class="aside">[rires]</i>. Hum, essayons autre chose. J'ai
+fait une contraction. De cette façon, je pouvais avoir un acronyme de trois
+lettres pour <i>Something's Not Unix</i>. J'ai essayé des lettres et suis
+arrivé au mot <i>gnu</i> (gnou). C'est le plus drôle de la langue anglaise
+<i class="aside">[rires]</i>. C'était ça ! Bien sûr, la raison de cette
+drôlerie vient du fait que, selon le dictionnaire, il doit se prononcer
+<i>new</i>.<a id="TransNote4-rev" href="#TransNote4"><sup>4</sup></a> Vous
+voyez ? C'est pourquoi les gens l'utilisent pour de nombreux jeux de
+mots. Laissez-moi vous dire que c'est le nom d'un animal d'Afrique. Et la
+prononciation africaine a un clic à l'intérieur <i
+class="aside">[rires]</i>. Les colonisateurs européens, quand ils arrivèrent
+là-bas, n'ont pas pris la peine d'apprendre à prononcer le clic. Alors ils
+l'ont laissé de côté et ont mis un <em>g</em> qui signifiait : « Il y a un
+autre son qui est censé être là, mais que nous ne prononçons pas. » <i
+class="aside">[rires]</i> Ce soir, je pars pour l'Afrique du Sud et je leur
+ai demandé de me trouver quelqu'un qui puisse m'apprendre à prononcer les
+clics <i class="aside">[rires]</i>. Ainsi je saurai prononcer correctement
<i>GNU</i> quand il s'agit de l'animal.</p>
<p>Mais en ce qui concerne le nom de notre système la prononciation correcte
-est Gueu-nou, prononcez le <em>g</em> dur. Si vous parlez du <i>new
-operating system</i><a id="TransNote5-rev"
-href="#TransNote5"><sup>5</sup></a>, vous embrouillez l'esprit des gens,
-parce que cela fait 17 ans que nous travaillons dessus et qu'il n'est plus
-du tout <i>new</i> ! Mais il est toujours et sera toujours GNU ; peu importe
-le nombre de gens qui l'appellent Linux par erreur <i>[rires]</i>.</p>
+est Gueu-nou, prononcez le <i>g</i> dur. Si vous parlez du <i>new operating
+system</i><a id="TransNote5-rev" href="#TransNote5"><sup>5</sup></a>, vous
+embrouillez l'esprit des gens, parce que cela fait 17 ans que nous
+travaillons dessus et qu'il n'est plus du tout <i>new</i> ! Mais il est
+toujours et sera toujours GNU ; peu importe le nombre de gens qui
+l'appellent Linux par erreur <i class="aside">[rires]</i>.</p>
<p>Ainsi en janvier 84, je quitte mon job au MIT pour commencer à écrire des
morceaux de GNU. Tout de même, ils ont été assez sympa pour me laisser
utiliser leurs installations. À cette époque, je croyais que j'écrirais tous
-les morceaux du système GNU complet, que je dirais « Venez vous servir ! »
+les morceaux du système GNU complet, que je dirais « Venez vous servir ! »
et que les gens commenceraient à l'utiliser. Ce n'est pas comme ça que ça
s'est passé. Les premiers morceaux que j'ai écrits étaient tout aussi bons
que les originaux, avec moins de bogues, mais ils n'étaient pas terriblement
@@ -431,90 +449,91 @@ excitants. Personne ne souhaitait particulièrement se les procurer pour les
installer. Mais en septembre 84, j'ai commencé à écrire GNU Emacs, qui était
ma seconde implémentation d'Emacs, et début 85 il fonctionnait. Je pouvais
l'utiliser pour mon travail d'édition, ce qui était un soulagement car je
-n'avais aucune intention d'utiliser VI, l'éditeur d'Unix
-<i>[rires]</i>. Avant cela, je faisais ce travail sur une autre machine et
-je sauvegardais les fichiers sur le réseau pour pouvoir les tester. Mais
-quand GNU Emacs a fonctionné assez bien pour que je puisse l'utiliser,
-d'autres personnes ont voulu l'utiliser également.</p>
+n'avais aucune intention d'utiliser VI, l'éditeur d'Unix <i
+class="aside">[rires]</i>. Avant cela, je faisais ce travail sur une autre
+machine et je sauvegardais les fichiers sur le réseau pour pouvoir les
+tester. Mais quand GNU Emacs a fonctionné assez bien pour que je puisse
+l'utiliser, d'autres personnes ont voulu l'utiliser également.</p>
<p>J'ai dû travailler les détails de la distribution. Naturellement, j'ai mis
une copie sur le FTP anonyme et c'était bien pour les gens qui étaient sur
le net (ils pouvaient télécharger un fichier tar), mais beaucoup de
programmeurs n'étaient pas sur le net en 85. Ils m'envoyaient des
-courriels : « Puis-je en avoir une copie ? » Je devais décider quoi leur
-répondre. J'aurais pu dire : « Je veux passer mon temps à écrire d'autres
-logiciels GNU plutôt qu'à enregistrer des bandes ; trouvez-vous un ami avec
-un accès au net qui vous le téléchargera et vous l'enregistrera sur bande. »
+courriels : « Puis-je en avoir une copie ? » Je devais décider quoi leur
+répondre. J'aurais pu dire : « Je veux passer mon temps à écrire d'autres
+logiciels GNU plutôt qu'à enregistrer des bandes ; trouvez-vous un ami avec
+un accès au net qui vous le téléchargera et vous l'enregistrera sur bande. »
Et je suis sûr que les gens auraient trouvé ces amis tôt ou tard, vous
savez. Ils auraient eu des copies. Mais, j'étais sans emploi. En fait, je
n'ai eu aucun emploi depuis mon départ du MIT en 84. Je cherchais une façon
de gagner de l'argent par mon travail sur le logiciel libre et donc j'ai
-fondé une entreprise de logiciel libre. J'ai annoncé : « Envoyez-moi 150 $
-et je vous posterai une bande d'Emacs. » Les commandes ont commencé à tomber
+fondé une entreprise de logiciel libre. J'ai annoncé : « Envoyez-moi 150 $
+et je vous posterai une bande d'Emacs. » Les commandes ont commencé à tomber
et vers le milieu de l'année il en pleuvait régulièrement.</p>
<p>Je recevais 8 à 10 commandes par mois. J'aurais pu au besoin en vivre, parce
que j'ai toujours vécu simplement. En gros, je vis comme un étudiant. Et
j'aime ça car cela signifie que l'argent ne me dicte pas ce que je dois
-faire ; je peux faire ce qui me paraît important. Cela m'a libéré pour faire
+faire ; je peux faire ce qui me paraît important. Cela m'a libéré pour faire
ce qui semble en valoir la peine. Alors faites un effort pour éviter d'être
englués dans les habitudes dispendieuses de l'<i>American way of life</i>,
parce qu'autrement ceux qui possèdent l'argent vous dicteront quoi faire de
votre vie et vous ne pourrez pas faire ce qui est réellement important pour
vous.</p>
-<p>Tout allait bien, mais les gens me disaient : « Qu'entendez-vous par <i>free
-software</i> si cela coûte 150 $ ? » <i>[rires]</i> La raison de cette
-question était la confusion induite par l'ambiguïté du mot anglais
+<p>Tout allait bien, mais les gens me disaient : « Qu'entendez-vous par <i>free
+software</i> si cela coûte 150 $ ? » <i class="aside">[rires]</i> La raison
+de cette question était la confusion induite par l'ambiguïté du mot anglais
<i>free</i>. Une des significations se réfère au prix et une autre se réfère
à la liberté. Quand je parle de logiciel libre, je me réfère à la liberté et
-non au prix. Pensez à « libre expression » <i>[free speech]</i>, pas à
-« bière gratuite » <i>[free beer]</i><a id="TransNote6-rev"
-href="#TransNote6"><sup>6</sup></a> <i>[rires]</i>. En tout cas je n'aurais
-pas passé autant d'années de ma vie pour faire gagner moins d'argent aux
-programmeurs. Ce n'est pas mon but. Je suis moi-même programmeur et je ne
-m'offusque pas de gagner de l'argent. Je ne passerais pas ma vie à en
-gagner, mais je ne refuse pas d'en gagner. Et je ne suis pas – l'éthique est
-la même pour tous – je ne suis pas contre le fait qu'un autre programmeur en
-gagne. Je ne veux pas faire baisser les prix, ce n'est pas du tout le
-problème. L'enjeu, c'est la liberté, la liberté de chaque personne qui
-utilise un logiciel, qu'elle sache programmer ou non.</p>
+non au prix. Pensez à « libre expression » <i class="aside">[free
+speech]</i>, pas à « bière gratuite » <i class="aside">[free beer]</i><a
+id="TransNote6-rev" href="#TransNote6"><sup>6</sup></a> <i
+class="aside">[rires]</i>. En tout cas je n'aurais pas passé autant d'années
+de ma vie pour faire gagner moins d'argent aux programmeurs. Ce n'est pas
+mon but. Je suis moi-même programmeur et je ne m'offusque pas de gagner de
+l'argent. Je ne passerais pas ma vie à en gagner, mais je ne refuse pas d'en
+gagner. Et je ne suis pas – l'éthique est la même pour tous – je ne suis pas
+contre le fait qu'un autre programmeur en gagne. Je ne veux pas faire
+baisser les prix, ce n'est pas du tout le problème. L'enjeu, c'est la
+liberté, la liberté de chaque personne qui utilise un logiciel, qu'elle
+sache programmer ou non.</p>
<p>À ce stade je dois vous donner une définition de ce qu'est le logiciel
-libre. Je préfère aller au concret car dire simplement « Je crois en la
-liberté » est vide de sens. Il y a tant de libertés différentes en
+libre. Je préfère aller au concret car dire simplement « Je crois en la
+liberté » est vide de sens. Il y a tant de libertés différentes en
lesquelles croire, et qui sont en conflit l'une avec l'autre, que la vraie
-question politique est : « Quelles sont les libertés importantes, celles
-dont on doit s'assurer que tout le monde les possède ? »</p>
+question politique est : « Quelles sont les libertés importantes, celles
+dont on doit s'assurer que tout le monde les possède ? »</p>
<p>Maintenant je vais vous donner ma réponse dans ce domaine particulier qu'est
l'usage du logiciel. Un programme est libre pour vous, utilisateur
-particulier, si vous bénéficiez des libertés suivantes :</p>
+particulier, si vous bénéficiez des libertés suivantes :</p>
<ul>
-<li>d'abord, la liberté 0 : la liberté d'utiliser un logiciel pour n'importe
-quel usage, à votre convenance ;</li>
-<li>la liberté 1 : la liberté de vous aider vous-même en modifiant le programme
-pour répondre à vos besoins ;</li>
-<li>la liberté 2 : celle d'aider votre prochain en distribuant des copies du
-programme ;</li>
-<li>et la liberté 3 : celle d'aider à bâtir votre communauté en publiant une
+<li>d'abord, la liberté 0 : la liberté d'utiliser un logiciel pour n'importe
+quel usage, à votre convenance ;</li>
+<li>la liberté 1 : la liberté de vous aider vous-même en modifiant le programme
+pour répondre à vos besoins ;</li>
+<li>la liberté 2 : celle d'aider votre prochain en distribuant des copies du
+programme ;</li>
+<li>et la liberté 3 : celle d'aider à bâtir votre communauté en publiant une
version améliorée pour que les autres puissent bénéficier de votre travail.</li>
</ul>
<p>Si vous avez toutes ces libertés, le programme est un logiciel libre&hellip;
-<em>pour vous</em> ; c'est crucial, c'est pourquoi je le formule de cette
+<em>pour vous</em> ; c'est crucial, c'est pourquoi je le formule de cette
façon. J'expliquerai pourquoi plus tard quand je parlerai de la licence
publique générale GNU, mais pour le moment j'en suis à une question plus
basique, la définition du logiciel libre.</p>
<p>La liberté 0 est assez évidente. Si vous n'êtes même pas autorisé à faire
fonctionner le programme comme vous le souhaitez, c'est un programme
-sacrément restrictif ! La plupart des programmes vous donnent la liberté 0
-et la liberté 0 découle, juridiquement, des libertés 1, 2 et 3 ; c'est de
+sacrément restrictif ! La plupart des programmes vous donnent la liberté 0
+et la liberté 0 découle, juridiquement, des libertés 1, 2 et 3 ; c'est de
cette façon que fonctionne le droit du copyright. Ainsi les libertés qui
distinguent le logiciel libre du logiciel ordinaire sont les libertés 1, 2
-et 3 ; je vais donc en parler plus en détail et je dirai en quoi elles sont
+et 3 ; je vais donc en parler plus en détail et je dirai en quoi elles sont
importantes.</p>
<p>La liberté 1 est celle de modifier le logiciel pour l'adapter à vos
@@ -537,24 +556,24 @@ de gagner. Alors, chose très importante, avoir beaucoup de bricoleurs.</p>
<p>Et si vous refusez d'apprendre la technologie, cela veut dire que vous avez
probablement beaucoup d'amis et que vous êtes doué dans l'art de les obliger
-à vous rendre service <i>[rires]</i>. Certains d'entre eux sont probablement
-informaticiens. Alors vous pouvez demander à l'un de vos amis
-informaticiens : « Pourrais-tu changer ceci pour moi ? Ajouter cette
-fonction ? » Beaucoup de gens peuvent donc bénéficier de la liberté 1.</p>
+à vous rendre service <i class="aside">[rires]</i>. Certains d'entre eux
+sont probablement informaticiens. Alors vous pouvez demander à l'un de vos
+amis informaticiens : « Pourrais-tu changer ceci pour moi ? Ajouter cette
+fonction ? » Beaucoup de gens peuvent donc bénéficier de la liberté 1.</p>
<p>Si vous n'avez pas cette liberté, cela cause un préjudice pratique, matériel
-à la société ; cela fait de vous un prisonnier de votre logiciel. J'ai
+à la société ; cela fait de vous un prisonnier de votre logiciel. J'ai
expliqué comment c'était dans le cas de l'imprimante laser. Vous savez, elle
marchait mal et nous ne pouvions la réparer parce que nous étions
prisonniers de notre logiciel.</p>
<p>Mais cela affecte aussi le moral des gens. Si l'ordinateur est constamment
frustrant et qu'ils l'utilisent, leurs vies vont devenir frustrantes. Et
-s'ils l'utilisent dans leur métier, leur métier va devenir frustrant ; ils
+s'ils l'utilisent dans leur métier, leur métier va devenir frustrant ; ils
vont détester leur métier. Vous savez, les gens se protègent de la
-frustration en décidant de s'en moquer. Ils en arrivent à dire : « Bon, j'ai
+frustration en décidant de s'en moquer. Ils en arrivent à dire : « Bon, j'ai
fait acte de présence au boulot, c'est tout ce que j'ai à faire. Si je ne
-peux pas progresser ce n'est pas mon affaire, c'est l'affaire du patron. »
+peux pas progresser ce n'est pas mon affaire, c'est l'affaire du patron. »
Et quand ça arrive, c'est mauvais pour eux et c'est mauvais pour la société
toute entière. C'est la liberté 1, la liberté de s'aider soi-même.</p>
@@ -572,11 +591,11 @@ explicitement d'encourager cette attitude.</p>
<p>Quand j'allais à la maternelle, les institutrices essayaient de nous
apprendre cette attitude, l'esprit de partage, en nous la faisant
-pratiquer. Elles pensaient qu'on apprend en faisant. Alors elles disaient :
-« Si tu apportes des bonbons à l'école, tu ne peux pas tout garder pour toi,
-tu dois les partager avec les autres enfants. » En nous éduquant, la société
+pratiquer. Elles pensaient qu'on apprend en faisant. Alors elles disaient :
+« Si tu apportes des bonbons à l'école, tu ne peux pas tout garder pour toi,
+tu dois les partager avec les autres enfants. » En nous éduquant, la société
a fait en sorte de nous apprendre cet esprit de coopération. Et pourquoi
-faut-il faire cela ? Parce que les gens ne sont pas totalement
+faut-il faire cela ? Parce que les gens ne sont pas totalement
coopératifs. C'est un aspect de la nature humaine, mais il y en a
d'autres. Il y en a beaucoup. Alors, si vous voulez une société meilleure,
vous devez travailler à encourager l'esprit de partage. Vous savez, ce ne
@@ -585,42 +604,44 @@ d'eux-mêmes. Mais si nous le rendons plus fort, nous nous en porterons tous
mieux.</p>
<p>De nos jours, selon le gouvernement des États-Unis, les enseignants sont
-censés faire exactement le contraire. « Oh Johnny, tu as apporté un
-programme à l'école ! Eh bien, ne le partage pas. Oh non ! Le partage c'est
-mal ; le partage, ça veut dire que tu es un pirate. »</p>
+censés faire exactement le contraire. « Oh Johnny, tu as apporté un
+programme à l'école ! Eh bien, ne le partage pas. Oh non ! Le partage c'est
+mal ; le partage, ça veut dire que tu es un pirate. »</p>
-<p>Qu'entendent-ils par le mot « pirate » ? Qu'aider son voisin est
-l'équivalent moral d'une attaque de bateau <i>[rires]</i>.</p>
+<p>Qu'entendent-ils par le mot « pirate » ? Qu'aider son voisin est
+l'équivalent moral d'une attaque de bateau <i class="aside">[rires]</i>.</p>
-<p>Que diraient Jésus et Bouddha à ce sujet ? Prenez vos chefs religieux
+<p>Que diraient Jésus et Bouddha à ce sujet ? Prenez vos chefs religieux
favoris. Je ne sais pas, peut-être Manson aurait dit quelque chose de
-différent <i>[rires]</i>. Qui sait ce que L. Ron Hubbard aurait dit,
-mais&hellip;</p>
+différent <i class="aside">[rires]</i>. Qui sait ce que L. Ron Hubbard
+aurait dit, mais&hellip;</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : <i>[inaudible]</i></p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : <i class="aside">[inaudible]</i></p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Bien sûr, il est mort. Mais ils ne l'admettent
-pas. Quoi ?</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Bien sûr, il est mort. Mais ils ne l'admettent
+pas. Quoi ?</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Les autres aussi sont
-morts. <i>[rires]</i>. Charles Manson aussi est mort <i>[rires]</i>. Ils
-sont morts, Jésus est mort, Bouddha est mort&hellip;</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Les autres aussi sont morts. <i
+class="aside">[rires]</i>. Charles Manson aussi est mort <i
+class="aside">[rires]</i>. Ils sont morts, Jésus est mort, Bouddha est
+mort&hellip;</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui, c'est vrai <i>[rires]</i>. De ce point de
-vue Ron Hubbard n'est pas pire que les autres <i>[rires]</i>. De toute
-façon&hellip; <i>[inaudible]</i></p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui, c'est vrai <i class="aside">[rires]</i>. De
+ce point de vue Ron Hubbard n'est pas pire que les autres <i
+class="aside">[rires]</i>. De toute façon&hellip; <i
+class="aside">[inaudible]</i></p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : L. Ron utilisait du logiciel libre ; ça l'a
-libéré de Zanu <i>[rires]</i>.</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : L. Ron utilisait du logiciel libre ; ça l'a
+libéré de Zanu <i class="aside">[rires]</i>.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Bon, quoi qu'il en soit, je pense que c'est
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Bon, quoi qu'il en soit, je pense que c'est
vraiment la raison la plus importante pour laquelle les logiciels doivent
être libres. Nous ne pouvons nous permettre de polluer la ressource la plus
importante de la société. C'est vrai que ce n'est pas une ressource physique
comme l'air propre et l'eau propre. C'est une ressource psychosociale, mais
c'est tout aussi réel et cela fait une formidable différence pour nos vies.
Les actions que nous menons influencent les pensées des autres. Quand nous
-clamons alentour « Ne partagez pas avec les autres ! », s'ils nous entendent
+clamons alentour « Ne partagez pas avec les autres ! », s'ils nous entendent
nous avons eu un effet sur la société, et pas un bon effet. C'est la
liberté 2, celle d'aider son voisin.</p>
@@ -628,7 +649,7 @@ liberté 2, celle d'aider son voisin.</p>
seulement un préjudice à cette ressource psychosociale, c'est du gâchis – un
préjudice pratique, matériel. Si le programme a un propriétaire et que le
propriétaire s'arrange pour que chaque utilisateur doive payer pour s'en
-servir, certaines personnes diront : « Pas d'importance, je m'en passerai. »
+servir, certaines personnes diront : « Pas d'importance, je m'en passerai. »
Et c'est du gâchis, du gâchis délibéré. Ce qui est intéressant avec les
logiciels c'est que ce n'est pas parce que vous avez moins d'utilisateurs
que vous devez en produire moins. Si moins de gens achètent des voitures,
@@ -644,7 +665,7 @@ chaque exemplaire supplémentaire.</p>
<p>Mais pour les logiciels ce n'est pas vrai. N'importe qui peut en faire une
copie et c'est presque banal de le faire. Cela ne consomme aucune ressource
-sauf un tout petit peu d'électricité. Il n'y a rien à économiser ; aucune
+sauf un tout petit peu d'électricité. Il n'y a rien à économiser ; aucune
ressource ne serait mieux utilisée si nous appliquions cette désincitation
financière à l'usage du logiciel. Vous trouvez souvent des gens qui prennent
les conséquences d'un raisonnement économique valable pour les autres
@@ -657,9 +678,9 @@ dépend pour voir si elle est valide. Donc, liberté 2, la liberté d'aider son
voisin.</p>
<p>La liberté 3 est celle d'aider à bâtir votre communauté en publiant une
-version améliorée du logiciel. Au début les gens me disaient souvent : « Si
+version améliorée du logiciel. Au début les gens me disaient souvent : « Si
le logiciel est gratuit, personne ne sera payé, alors pourquoi
-travailler ? » Naturellement, ils confondaient les deux significations de
+travailler ? » Naturellement, ils confondaient les deux significations de
<i>free</i>, donc leur raisonnement était basé sur un
malentendu. Aujourd'hui nous pouvons comparer cette théorie avec les faits
empiriques et constater que des centaines de gens sont payés pour faire du
@@ -668,20 +689,20 @@ gens qui font des logiciels libres pour différentes raisons.</p>
<p>Quand j'ai publié le premier GNU Emacs – le premier morceau de GNU que les
gens ont réellement voulu utiliser – et qu'il a commencé à avoir des
-utilisateurs, après un certain temps j'ai eu un message disant : « Je pense
-que j'ai vu un bogue dans le code source et voici une solution. » Et j'ai eu
-un autre message : « Voici du code pour ajouter une nouvelle fonction. » Et
+utilisateurs, après un certain temps j'ai eu un message disant : « Je pense
+que j'ai vu un bogue dans le code source et voici une solution. » Et j'ai eu
+un autre message : « Voici du code pour ajouter une nouvelle fonction. » Et
une nouvelle correction, et une nouvelle fonction. Et une autre, et une
autre, jusqu'à ce qu'elles se déversent sur moi si vite qu'utiliser toute
-cette aide devenait un gros travail. Microsoft n'a pas ce problème
-<i>[rires]</i>.</p>
+cette aide devenait un gros travail. Microsoft n'a pas ce problème <i
+class="aside">[rires]</i>.</p>
<p>En fin de compte, des gens ont remarqué ce phénomène. Vous voyez, dans les
années 80, beaucoup parmi nous pensaient que le logiciel libre ne serait
peut-être pas aussi bon que le non libre parce que nous n'aurions pas assez
d'argent pour payer des gens. Et bien sûr, les gens qui comme moi accordent
-de la valeur à la communauté et à la liberté ont dit : « Nous utiliserons
-des logiciels libres tout de même. » Cela vaut le coup de faire un petit
+de la valeur à la communauté et à la liberté ont dit : « Nous utiliserons
+des logiciels libres tout de même. » Cela vaut le coup de faire un petit
sacrifice au niveau de la simple commodité technique pour avoir la
liberté. Mais ce que les gens ont constaté vers 1990, c'est que nos
logiciels étaient en fait meilleurs, qu'ils étaient plus puissants et plus
@@ -695,13 +716,13 @@ de base sur tous les systèmes Unix. Et les tâches qu'ils effectuent, nous le
savons, se ressemblent beaucoup, ou bien elles suivent les spécifications
POSIX. Les logiciels étaient donc tous les mêmes en termes de tâche
effectuée, mais ils étaient écrits et maintenus par des gens différents, et
-développés séparément ; leur code était différent. Le chercheur a décidé
+développés séparément ; leur code était différent. Le chercheur a décidé
d'introduire des données aléatoires dans ces programmes et de mesurer quand
ils plantaient ou se bloquaient. Il a fait les mesures, et les programmes
les plus fiables étaient les programmes GNU. Toutes les alternatives
privatrices étaient moins fiables. Alors il a publié ça et l'a dit à tous
les développeurs, et quelques années plus tard il a fait la même expérience
-avec les dernières versions et a obtenu le même résultat : les versions GNU
+avec les dernières versions et a obtenu le même résultat : les versions GNU
étaient les plus fiables. Vous savez, il y a des cliniques pour le cancer et
des services d'urgence <i>[911]</i> qui utilisent le système GNU parce qu'il
est très fiable et que la fiabilité est très importante pour eux.</p>
@@ -720,17 +741,17 @@ d'avantages pratiques. Ils refusent d'en faire une question de principe. Ils
ne considèrent pas comme un droit que les gens aient la liberté de partager
avec leur prochain, de voir ce que le programme fait et de le modifier s'il
ne leur plaît pas. Ils disent cependant que c'est utile que les gens aient
-ces droits. Alors ils vont voir des entreprises et leur disent : « Vous
+ces droits. Alors ils vont voir des entreprises et leur disent : « Vous
savez, vous pourriez gagner plus d'argent si vous laissiez les gens faire
-tout ça. » Ainsi vous voyez que, jusqu'à un certain point, ils mènent les
+tout ça. » Ainsi vous voyez que, jusqu'à un certain point, ils mènent les
gens dans la même direction, mais pour des raisons philosophiques
complètement, fondamentalement différentes.</p>
<p>Parce que sur l'enjeu de fond, l'enjeu éthique, les deux mouvements ne sont
-pas d'accord. Dans le mouvement du logiciel libre on dit : « Vous avez droit
-à ces libertés ; personne ne doit vous empêcher de faire ces choses. » Dans
-le mouvement open source on dit : « Oui, on peut vous les interdire, mais
-nous allons essayer de les convaincre de daigner vous les laisser faire. »
+pas d'accord. Dans le mouvement du logiciel libre on dit : « Vous avez droit
+à ces libertés ; personne ne doit vous empêcher de faire ces choses. » Dans
+le mouvement open source on dit : « Oui, on peut vous les interdire, mais
+nous allons essayer de les convaincre de daigner vous les laisser faire. »
D'accord, ils ont apporté leur contribution, ils ont convaincu un certain
nombre d'entreprises d'apporter des logiciels importants à la communauté du
libre. Le mouvement open source a donc contribué à notre communauté de
@@ -759,7 +780,7 @@ est votre position sur ces enjeux politiques.</p>
voyez qu'il y a là un enjeu, que les gens dont les vies sont contrôlées et
dirigées par cette décision ont aussi leur mot à dire – alors j'espère que
vous exprimerez votre accord avec le mouvement du logiciel libre. Une façon
-de le faire est d'utiliser le terme « logiciel libre », ne serait-ce que
+de le faire est d'utiliser le terme « logiciel libre », ne serait-ce que
pour aider les gens à savoir qu'il existe.</p>
<p>La liberté 3 est donc très importante pratiquement et sur le plan
@@ -782,23 +803,23 @@ d'aider son prochain en distribuant des copies. Et la liberté 3 est la
liberté d'aider à construire sa communauté en apportant des modifications et
en les publiant à l'usage des autres. Si vous avez toutes ces libertés, ce
logiciel est libre pour vous. Maintenant pourquoi est-ce que je définis cela
-en termes d'utilisateur particulier ? Est-ce que c'est du logiciel libre
-pour vous (<i>en désignant un membre du public</i>) ? Est-ce que c'est du
-logiciel libre pour vous (<i>en désignant un autre membre du public</i>) ?
+en termes d'utilisateur particulier ? Est-ce que c'est du logiciel libre
+pour vous (<i>en désignant un membre du public</i>) ? Est-ce que c'est du
+logiciel libre pour vous (<i>en désignant un autre membre du public</i>) ?
Est-ce que c'est du logiciel libre pour vous (<i>en désignant encore un
-autre membre du public</i>) ? Oui ?</p>
+autre membre du public</i>) ? Oui ?</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Pouvez-vous expliquer un peu la différence entre
-les libertés 2 et 3 ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Pouvez-vous expliquer un peu la différence entre
+les libertés 2 et 3 ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Eh bien, elles sont certainement liées. Parce
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Eh bien, elles sont certainement liées. Parce
que si vous n'avez pas la liberté de redistribuer vous avez encore moins la
liberté de distribuer une version modifiée. Mais ce sont des activités
différentes.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Oh.</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Oh.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : La liberté 2 c'est, vous le savez, lisez-le, que
+<p><strong>STALLMAN</strong> : La liberté 2 c'est, vous le savez, lisez-le, que
vous pouvez faire une copie exacte et la donner à vos amis de sorte que vos
amis puissent l'utiliser. Ou bien vous faites des copies exactes et vous les
vendez à tout un tas de gens pour qu'ils puissent les utiliser.</p>
@@ -807,13 +828,13 @@ vendez à tout un tas de gens pour qu'ils puissent les utiliser.</p>
vous pensez que c'est des améliorations et que d'autres personnes sont
d'accord avec vous. Voilà, c'est cela la différence. Oh, j'oubliais un point
essentiel. Les libertés 1 et 3 dépendent de l'accès au code source. Parce
-que modifier un programme binaire c'est extrêmement difficile <i>[rires]</i>
-– même des changements très insignifiants comme d'utiliser quatre chiffres
-pour la date <i>[rires]</i>, si vous n'avez pas le source. Aussi pour des
-raisons pratiques l'accès au code source est une condition préalable, un
-prérequis du logiciel libre.</p>
+que modifier un programme binaire c'est extrêmement difficile <i
+class="aside">[rires]</i> – même des changements très insignifiants comme
+d'utiliser quatre chiffres pour la date <i class="aside">[rires]</i>, si
+vous n'avez pas le source. Aussi pour des raisons pratiques l'accès au code
+source est une condition préalable, un prérequis du logiciel libre.</p>
-<p>Pourquoi définir le logiciel libre comme logiciel libre <em>pour vous</em> ?
+<p>Pourquoi définir le logiciel libre comme logiciel libre <em>pour vous</em> ?
La raison en est que le même programme peut être libre pour certaines
personnes et non libres pour d'autres. Cela pourrait sembler paradoxal, mais
laissez-moi vous donnez un exemple de cette situation. Un très grand
@@ -823,7 +844,7 @@ un logiciel libre. Si vous aviez la version MIT avec la licence MIT, vous
aviez les libertés 1, 2 et 3. C'était du logiciel libre pour vous. Mais
parmi ceux qui avaient des copies, il y avait divers fabricants
d'ordinateurs qui distribuaient des systèmes Unix. Ils ont fait les
-changements nécessaires pour que X fonctionne sur leurs systèmes ; vous
+changements nécessaires pour que X fonctionne sur leurs systèmes ; vous
savez, probablement quelques centaines de lignes sur les centaines de
milliers de lignes de X. Ensuite ils l'ont compilé, ils ont placé les
binaires dans leur système Unix et ils ont distribué le tout avec la même
@@ -831,15 +852,15 @@ clause de confidentialité. Alors des milliers de gens ont eu ces copies. Ils
avaient le système X Window, mais aucune de ces libertés. Ce n'était pas du
logiciel libre <em>pour eux</em>.</p>
-<p>Il y avait donc un paradoxe : qu'X soit libre ou non dépendait de l'endroit
+<p>Il y avait donc un paradoxe : qu'X soit libre ou non dépendait de l'endroit
où l'on faisait la mesure. Si vous faisiez la mesure à la sortie du groupe
-de développeurs, vous disiez : « J'ai observé toutes ces libertés, c'est du
-logiciel libre. » Si vous faisiez la mesure parmi les utilisateurs, vous
-disiez : « Hum, la plupart des utilisateurs n'ont pas ces libertés, ce n'est
-pas du logiciel libre. » Les gens qui développaient X n'y voyaient aucun
+de développeurs, vous disiez : « J'ai observé toutes ces libertés, c'est du
+logiciel libre. » Si vous faisiez la mesure parmi les utilisateurs, vous
+disiez : « Hum, la plupart des utilisateurs n'ont pas ces libertés, ce n'est
+pas du logiciel libre. » Les gens qui développaient X n'y voyaient aucun
problème, car leur principal souci était essentiellement la popularité,
l'ego. Ils voulaient un grand succès professionnel. Ils voulaient pouvoir se
-dire : « Aah, un tas de gens utilisent nos logiciels ! » Et c'était vrai, un
+dire : « Aah, un tas de gens utilisent nos logiciels ! » Et c'était vrai, un
tas de gens utilisaient leurs logiciels, mais ils n'avaient pas la liberté.</p>
<p>Au projet GNU en revanche, ce serait un échec si la même chose arrivait à un
@@ -853,34 +874,35 @@ serait pas du tout un succès, l'ensemble aurait été perverti et détourné de
son but.</p>
<p>J'ai donc cherché un moyen d'empêcher que cela n'arrive. La méthode que j'ai
-trouvée est appelée « copyleft ». Ça s'appelle copyleft car c'est un peu
-comme prendre un copyright et le retourner <i>[rires]</i>. Juridiquement le
-copyleft fonctionne sur la base du copyright. Nous utilisons le droit du
-copyright tel qu'il existe, mais nous l'utilisons pour atteindre un but très
-différent. Voici ce que nous faisons. Nous disons : « Ce programme est sous
-copyright. » Et bien sûr, par défaut, cela signifie qu'il est interdit de le
-copier, de le distribuer et de le modifier. Mais alors nous disons : « Vous
-êtes autorisé à en distribuer des copies. Vous êtes autorisé à le
-modifier. Vous êtes autorisé à en distribuer des copies modifiées et
-étendues. Changez-le comme vous le souhaitez. »</p>
+trouvée est appelée « copyleft ». Ça s'appelle copyleft car c'est un peu
+comme prendre un copyright et le retourner <i
+class="aside">[rires]</i>. Juridiquement le copyleft fonctionne sur la base
+du copyright. Nous utilisons le droit du copyright tel qu'il existe, mais
+nous l'utilisons pour atteindre un but très différent. Voici ce que nous
+faisons. Nous disons : « Ce programme est sous copyright. » Et bien sûr, par
+défaut, cela signifie qu'il est interdit de le copier, de le distribuer et
+de le modifier. Mais alors nous disons : « Vous êtes autorisé à en
+distribuer des copies. Vous êtes autorisé à le modifier. Vous êtes autorisé
+à en distribuer des copies modifiées et étendues. Changez-le comme vous le
+souhaitez. »</p>
<p>Mais il y a une condition. Cette condition est évidemment la raison pour
laquelle nous nous sommes donnés tout ce mal – pour pouvoir
-l'introduire. Cette condition dit : « Chaque fois que vous distribuez
+l'introduire. Cette condition dit : « Chaque fois que vous distribuez
quelque chose qui contient un morceau de ce programme, vous devez distribuer
le tout aux mêmes conditions, ni plus, ni moins. Vous pouvez donc modifier
le programme et le distribuer, mais les gens qui l'auront reçu de vous
bénéficieront de toute la liberté que vous avez reçue de nous. Pas seulement
pour certaines parties de ce programme – les extraits que vous avez pris –
mais aussi pour tous les autres morceaux du programme qu'ils ont reçu de
-vous. L'intégralité de ce programme doit être libre pour eux. »</p>
+vous. L'intégralité de ce programme doit être libre pour eux. »</p>
<p>Les libertés de redistribuer et de modifier le programme deviennent des
droits inaliénables – un concept hérité de la Déclaration d'indépendance<a
-id="TransNote7-rev" href="#TransNote7"><sup>7</sup></a> ; des droits dont
+id="TransNote7-rev" href="#TransNote7"><sup>7</sup></a> ; des droits dont
nous nous assurons qu'ils ne peuvent vous être retirés. Et bien sûr la
-licence spécifique qui incarne l'idée du copyleft est la « licence publique
-générale GNU » (GNU <abbr title="General Public License">GPL</abbr>), une
+licence spécifique qui incarne l'idée du copyleft est la « licence publique
+générale GNU » (GNU <abbr title="General Public License">GPL</abbr>), une
licence controversée car elle a la force de dire non à ceux qui voudraient
parasiter notre communauté.</p>
@@ -892,40 +914,40 @@ que nous ne développerions des programmes libres que pour être constamment
concurrencés par des versions améliorées de nos propres programmes. Ça ne
serait pas drôle.</p>
-<p>Et beaucoup de gens penseraient : « Je suis volontaire pour donner de mon
+<p>Et beaucoup de gens penseraient : « Je suis volontaire pour donner de mon
temps afin de contribuer à ma communauté, mais pourquoi contribuer à un
-programme privateur de telle ou telle société ? » Vous savez, certaines
+programme privateur de telle ou telle société ? » Vous savez, certaines
personnes ne trouvent pas ça forcément mal, mais elles veulent être
rétribuées si elles le font. Moi, je préférerais ne pas le faire du tout.</p>
-<p>Mais les deux groupes de gens – ceux qui comme moi disent « Je ne veux pas
-aider un programme non libre à prendre pied dans notre communauté » et ceux
-qui pensent « Je veux bien améliorer un programme non libre, mais ils ont
-intérêt à me payer » – ont une bonne raison d'utiliser la licence GPL. Parce
-que cela dit à ces sociétés « Vous ne pouvez pas juste prendre mon travail
-et le redistribuer sans la liberté », ce que permettent les licences sans
+<p>Mais les deux groupes de gens – ceux qui comme moi disent « Je ne veux pas
+aider un programme non libre à prendre pied dans notre communauté » et ceux
+qui pensent « Je veux bien améliorer un programme non libre, mais ils ont
+intérêt à me payer » – ont une bonne raison d'utiliser la licence GPL. Parce
+que cela dit à ces sociétés « Vous ne pouvez pas juste prendre mon travail
+et le redistribuer sans la liberté », ce que permettent les licences sans
copyleft comme la licence de X Windows.<a id="TransNote8-rev"
href="#TransNote8"><sup>8</sup></a></p>
-<p>C'est ça la grande distinction entre les deux catégories de logiciel libre ;
+<p>C'est ça la grande distinction entre les deux catégories de logiciel libre ;
elle porte sur la licence. Il y a les programmes placés sous copyleft afin
que la licence défende la liberté du logiciel pour chaque utilisateur, et il
y a les programmes sans copyleft, pour lesquels des versions non libres sont
permises. Quelqu'un <em>a la possibilité</em> de prendre ces programmes et
-d'en ôter la liberté ; on peut donc les obtenir dans une version non libre.</p>
+d'en ôter la liberté ; on peut donc les obtenir dans une version non libre.</p>
<p>Et ce problème persiste. Il existe encore des versions non libres de
X Windows qui sont utilisées sur nos systèmes d'exploitation libres. Il y a
même des matériels qui ne sont gérés que par des versions non libres et
c'est un problème majeur dans notre communauté. Cependant, je ne dirais pas
-que X Windows soit une mauvaise chose ; je dirais que les développeurs n'ont
+que X Windows soit une mauvaise chose ; je dirais que les développeurs n'ont
pas fait du mieux qu'ils pouvaient, mais ils ont <em>effectivement</em>
publié une grande quantité de logiciel que nous pouvons tous utiliser.</p>
<p>Il y a une grande différence entre imparfait et mauvais, vous savez. Il y a
de nombreux degrés entre le bien et le mal. Nous devons résister à la
-tentation de dire : « Si vous n'avez pas fait absolument du mieux possible,
-vous ne valez rien. » Les gens qui ont développé X Windows ont fait une
+tentation de dire : « Si vous n'avez pas fait absolument du mieux possible,
+vous ne valez rien. » Les gens qui ont développé X Windows ont fait une
grande contribution à notre communauté, mais ils auraient pu mieux
faire. Ils auraient pu mettre des morceaux du programme sous copyleft et
cela aurait empêché ces versions non libres d'être distribuées par d'autres.</p>
@@ -935,37 +957,38 @@ copyright pour défendre cette liberté – est la raison pour laquelle
Microsoft l'attaque aujourd'hui. Voyez, Microsoft voudrait vraiment prendre
tout ce code que nous avons écrit et le mettre dans des programmes
privateurs. Faire ajouter quelques améliorations ou simplement des
-changements incompatibles par quelqu'un, cela suffirait. <i>[rires]</i>.</p>
+changements incompatibles par quelqu'un, cela suffirait. <i
+class="aside">[rires]</i>.</p>
<p>Vous savez, avec leur puissance marketing, les gens de chez Microsoft n'ont
pas vraiment besoin de faire une version meilleure pour nous supplanter. Ils
ont juste besoin de la rendre différente et incompatible, et ensuite de la
mettre sur le bureau de tout le monde. Donc ils n'aiment pas du tout la GPL,
parce que la GNU GPL ne leur permet pas de le faire. Elle n'autorise pas la
-stratégie de la pieuvre <i>[embrace and extend]</i>. Elle dit : « Si vous
-voulez vous servir de notre code dans vos programmes, vous pouvez, mais vous
-devrez aussi partager, et partager à l'identique. Les changements que vous
-avez faits devront pouvoir être partagés. » C'est une coopération dans les
-deux sens, une vraie coopération.</p>
+stratégie de la pieuvre <i class="aside">[embrace and extend]</i>. Elle
+dit : « Si vous voulez vous servir de notre code dans vos programmes, vous
+pouvez, mais vous devrez aussi partager, et partager à l'identique. Les
+changements que vous avez faits devront pouvoir être partagés. » C'est une
+coopération dans les deux sens, une vraie coopération.</p>
<p>Beaucoup d'entreprises, même de grosses sociétés comme IBM et HP, sont
d'accord pour utiliser nos logiciels dans cet esprit. IBM et HP contribuent
à de substantielles améliorations des logiciels GNU et développent d'autres
logiciels libres. Mais Microsoft ne veut pas de ça. Ils prétendent que le
business est incompatible avec la GPL. Eh bien, si le business n'inclut pas
-IBM, et HP, et SUN, peut-être qu'ils ont raison <i>[rires]</i>. J'en dirai
-plus ultérieurement sur le sujet.</p>
+IBM, et HP, et SUN, peut-être qu'ils ont raison <i
+class="aside">[rires]</i>. J'en dirai plus ultérieurement sur le sujet.</p>
<p>Je dois d'abord terminer l'exposé historique. En 1984 nous avons entrepris,
non seulement d'écrire du logiciel libre, mais de faire quelque chose de
-plus cohérent : développer un système d'exploitation libre qui ne comprenne
+plus cohérent : développer un système d'exploitation libre qui ne comprenne
que des logiciels libres. Cela signifiait que nous devions l'écrire morceau
par morceau. Bien sûr, nous cherchions en permanence des raccourcis. C'était
un tel travail que les gens disaient que nous ne pourrions pas y arriver. Je
pensais qu'il y avait tout de même une chance, mais que ça valait la peine
d'essayer des raccourcis. Alors nous avons continué à chercher. Y a-t-il un
programme déjà écrit que nous pouvons adapter et intégrer, de sorte qu'il
-n'ait pas à être réécrit en entier ? Par exemple le système X Window. C'est
+n'ait pas à être réécrit en entier ? Par exemple le système X Window. C'est
vrai qu'il n'était pas sous copyleft, mais il était libre et donc nous
pouvions l'utiliser.</p>
@@ -973,9 +996,9 @@ pouvions l'utiliser.</p>
écrit deux quand j'étais au MIT, avant de commencer GNU. C'est pourquoi,
bien qu'en 1984 Unix n'ait pas été doté d'un système de fenêtrage, j'ai
décidé que GNU en aurait un. Mais nous n'avons jamais eu l'occasion de
-l'écrire, car X Window est arrivé et j'ai dit : « Super ! Un gros travail
+l'écrire, car X Window est arrivé et j'ai dit : « Super ! Un gros travail
que nous n'aurons pas à faire. Utilisons X et nous ferons marcher les autres
-morceaux de GNU avec X le moment venu. » Nous avons aussi trouvé d'autres
+morceaux de GNU avec X le moment venu. » Nous avons aussi trouvé d'autres
logiciels qui avaient été écrits par d'autres personnes, comme le formateur
de texte TeX et une bibliothèque provenant de Berkeley. En ce temps-là il y
avait l'Unix de Berkeley, mais ce n'était pas un logiciel libre. Cette
@@ -992,11 +1015,11 @@ fut de recruter des gens pour écrire des morceaux de GNU. Des programmes
essentiels comme le shell et la bibliothèque C ont été écrits comme cela,
ainsi que des parties d'autres programmes. Le programme <code>tar</code>,
qui est absolument essentiel bien que pas du tout passionnant, fut écrit
-comme ça <i>[rires]</i>. Je crois que GNU grep a été écrit comme ça
-également. Si bien que nous approchions du but.</p>
+comme ça <i class="aside">[rires]</i>. Je crois que GNU grep a été écrit
+comme ça également. Si bien que nous approchions du but.</p>
<p>Vers 1991, il ne manquait plus qu'un morceau essentiel, le noyau. Pourquoi
-ai-je tardé à m'occuper du noyau ? Probablement parce que l'ordre dans
+ai-je tardé à m'occuper du noyau ? Probablement parce que l'ordre dans
lequel vous mettez les choses n'a pas d'importance, du moins
techniquement. Il faut tout faire de toute façon. Et aussi parce que nous
pensions trouver un début de noyau ailleurs. C'est ce qui s'est passé. Nous
@@ -1023,36 +1046,36 @@ toute façon, au début on ne savait rien de Linux, car il ne nous a jamais
contacté pour en parler bien qu'il ait été au courant du projet GNU. Mais il
l'a annoncé à d'autres gens et à d'autres endroits sur le net. Alors
d'autres gens ont fait le travail de combiner Linux avec le reste du système
-GNU pour en faire un système d'exploitation libre complet ; essentiellement
+GNU pour en faire un système d'exploitation libre complet ; essentiellement
pour faire la combinaison GNU plus Linux.</p>
-<p>Toutefois ils l'ont fait sans s'en rendre compte. « Vous voyez, »
-disaient-ils, « nous avons un noyau. Allons à la recherche de morceaux qui
-puissent s'assembler avec lui. » Alors ils ont regardé partout, et
-surprise&hellip; tout ce dont ils avaient besoin était disponible ! « Quelle
-bonne fortune, » dirent-ils, <i>[rires]</i> « tout est là. Il y a tout ce
-dont nous avons besoin. Prenons simplement tous ces morceaux et mettons-les
-ensemble, ainsi nous aurons un système complet. »</p>
+<p>Toutefois ils l'ont fait sans s'en rendre compte. « Vous voyez, »
+disaient-ils, « nous avons un noyau. Allons à la recherche de morceaux qui
+puissent s'assembler avec lui. » Alors ils ont regardé partout, et
+surprise&hellip; tout ce dont ils avaient besoin était disponible ! « Quelle
+bonne fortune, » dirent-ils, <i class="aside">[rires]</i> « tout est là. Il
+y a tout ce dont nous avons besoin. Prenons simplement tous ces morceaux et
+mettons-les ensemble, ainsi nous aurons un système complet. »</p>
<p>Ils ne savaient pas que la plus grande partie de ce qu'ils trouvaient,
c'était des morceaux du système GNU. Ils n'ont pas compris qu'ils plaçaient
Linux dans le dernier trou du système GNU. Ils pensaient qu'ils prenaient
-Linux et qu'ils en faisaient un système. Alors ils l'ont appelé « système
-Linux ».</p>
+Linux et qu'ils en faisaient un système. Alors ils l'ont appelé « système
+Linux ».</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : <i>[inaudible]</i></p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : <i class="aside">[inaudible]</i></p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Vous entends pas&hellip; Quoi ?</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Vous entends pas&hellip; Quoi ?</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : <i>[inaudible]</i></p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : <i class="aside">[inaudible]</i></p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Bien je crois que ce n'est pas vraiment&hellip;
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Bien je crois que ce n'est pas vraiment&hellip;
C'est provincial, vous savez.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Mais c'est plus une bonne fortune que de trouver
-X et Mach ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Mais c'est plus une bonne fortune que de trouver
+X et Mach ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Exact. La différence, c'est que les gens qui ont
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Exact. La différence, c'est que les gens qui ont
développé X et Mach n'avaient pas pour but de faire un système
d'exploitation libre complet. Nous étions les seuls à avoir ce but et c'est
notre travail acharné qui a fait que le système existe. Nous avons en
@@ -1064,7 +1087,7 @@ avaient d'autres raisons.</p>
<p>Les gens qui ont développé X pensaient que de mettre au point un système de
fenêtrage sur le réseau serait une bonne chose, et ça l'était. Et il se
trouve que cela nous a aidé à faire un bon système d'exploitation
-libre. Mais ils n'y pensaient même pas ; c'était un accident, un bonus
+libre. Mais ils n'y pensaient même pas ; c'était un accident, un bonus
fortuit. Je ne dis pas que ce qu'ils ont fait était mauvais, ils ont fait un
grand projet libre. C'est une bonne chose, mais ils n'avaient pas la vision
ultime. C'est le projet GNU qui avait cette vision.</p>
@@ -1072,18 +1095,18 @@ ultime. C'est le projet GNU qui avait cette vision.</p>
<p>Et donc, nous sommes ceux&hellip; tous les morceaux qui n'ont pas été faits
par d'autres, nous les avons faits. Sinon nous n'aurions pas eu un système
complet. Même quand ils étaient parfaitement fastidieux et pas du tout
-romantiques comme <code>tar</code> ou <code>mv</code> <i>[rires]</i>, nous
-les avons faits. Ou <code>ld</code> ; vous savez, il n'y a rien de très
-passionnant dans <code>ld</code>, mais j'en ai fait un <i>[rires]</i>, et je
-me suis donné du mal pour qu'il utilise un minimum d'entrées-sorties sur
-disque afin qu'il soit plus rapide et qu'il gère de plus gros
-programmes. Vous voyez, j'aime bien faire du bon boulot, j'aime bien
-améliorer différentes choses du programme pendant que je le réalise. Mais la
-raison pour laquelle je l'ai fait n'est pas que j'avais des idées brillantes
-pour un meilleur <code>ld</code>. La raison était que j'avais besoin d'un
-<code>ld</code> qui soit libre. Et nous ne pouvions attendre de personne
-d'autre qu'il le fasse. Il nous fallait donc le faire ou trouver quelqu'un
-pour le faire.</p>
+romantiques comme <code>tar</code> ou <code>mv</code> <i
+class="aside">[rires]</i>, nous les avons faits. Ou <code>ld</code> ; vous
+savez, il n'y a rien de très passionnant dans <code>ld</code>, mais j'en ai
+fait un <i class="aside">[rires]</i>, et je me suis donné du mal pour qu'il
+utilise un minimum d'entrées-sorties sur disque afin qu'il soit plus rapide
+et qu'il gère de plus gros programmes. Vous voyez, j'aime bien faire du bon
+boulot, j'aime bien améliorer différentes choses du programme pendant que je
+le réalise. Mais la raison pour laquelle je l'ai fait n'est pas que j'avais
+des idées brillantes pour un meilleur <code>ld</code>. La raison était que
+j'avais besoin d'un <code>ld</code> qui soit libre. Et nous ne pouvions
+attendre de personne d'autre qu'il le fasse. Il nous fallait donc le faire
+ou trouver quelqu'un pour le faire.</p>
<p>Aussi, bien qu'à ce stade des milliers de gens impliqués dans différents
projets aient contribué à ce système, il doit son existence à un seul
@@ -1094,30 +1117,31 @@ GNU, avec d'autres choses ajoutées par la suite.</p>
projet GNU, car d'habitude nous ne sommes pas reconnus pour le travail que
nous avons fait. Je pense que Linux, le noyau, est un logiciel libre très
utile et je n'ai que de bonnes choses à en dire. Bon, en fait, je pourrais
-trouver un peu de mal à en dire <i>[rires]</i>, mais pour l'essentiel j'en
-dis du bien. Toutefois, appeler le système GNU « Linux » est juste une
-erreur. Je vous demanderai de faire le petit effort nécessaire pour appeler
-ce système « GNU/Linux », et ainsi nous aider à en partager le crédit.</p>
+trouver un peu de mal à en dire <i class="aside">[rires]</i>, mais pour
+l'essentiel j'en dis du bien. Toutefois, appeler le système GNU « Linux »
+est juste une erreur. Je vous demanderai de faire le petit effort nécessaire
+pour appeler ce système « GNU/Linux », et ainsi nous aider à en partager le
+crédit.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Vous avez besoin d'une mascotte ! Trouvez-vous
-un animal en peluche ! <i>[rires]</i></p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Vous avez besoin d'une mascotte ! Trouvez-vous
+un animal en peluche ! <i class="aside">[rires]</i></p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous en avons un.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous en avons un.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Ah bon ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Ah bon ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous avons un animal : un gnou
-<i>[rires]</i>. Alors, oui, lorsque vous dessinez un manchot, dessinez un
-gnou à côté <i>[rires]</i>. Mais gardons les questions pour la fin. Je dois
-encore avancer.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous avons un animal : un gnou <i
+class="aside">[rires]</i>. Alors, oui, lorsque vous dessinez un manchot,
+dessinez un gnou à côté <i class="aside">[rires]</i>. Mais gardons les
+questions pour la fin. Je dois encore avancer.</p>
-<p>Pourquoi est-ce que je me préoccupe tant de cela ? Pourquoi est-ce que je
+<p>Pourquoi est-ce que je me préoccupe tant de cela ? Pourquoi est-ce que je
pense que cela vaut la peine de vous ennuyer et peut-être de vous donner une
-piètre opinion de moi-même <i>[rires]</i> pour poser le problème de la
-reconnaissance ? Parce que certaines personnes, quand je parle de ça,
-certaines personnes pensent que je le fais pour nourrir mon ego. Bien sûr,
-je ne vous demande pas de l'appeler « Stallmanix », n'est-ce pas ? <i>[rires
-et applaudissements]</i></p>
+piètre opinion de moi-même <i class="aside">[rires]</i> pour poser le
+problème de la reconnaissance ? Parce que certaines personnes, quand je
+parle de ça, certaines personnes pensent que je le fais pour nourrir mon
+ego. Bien sûr, je ne vous demande pas de l'appeler « Stallmanix », n'est-ce
+pas ? <i class="aside">[rires et applaudissements]</i></p>
<p>Je vous demande de l'appeler GNU parce que je veux que le projet GNU en ait
le crédit. Il y a une raison très particulière, beaucoup plus importante que
@@ -1130,22 +1154,22 @@ tout cela provient.</p>
<p>Les idées associées à Linux&hellip; leur philosophie est très
différente. C'est fondamentalement la philosophie apolitique de Linus
Torvalds. Ainsi quand les gens pensent que l'ensemble du système est Linux,
-ils tendent à penser : « Oh, c'est Linus Torvalds qui a dû mettre tout ça en
-route. C'est sa philosophie que nous devons examiner attentivement. » Et
-quand ils entendent parler de la philosophie GNU ils disent : « Mon Dieu,
-que c'est idéaliste ! Cela semble bien peu réaliste. Je suis un utilisateur
-de Linux, pas de GNU. » <i>[rires]</i></p>
+ils tendent à penser : « Oh, c'est Linus Torvalds qui a dû mettre tout ça en
+route. C'est sa philosophie que nous devons examiner attentivement. » Et
+quand ils entendent parler de la philosophie GNU ils disent : « Mon Dieu,
+que c'est idéaliste ! Cela semble bien peu réaliste. Je suis un utilisateur
+de Linux, pas de GNU. » <i class="aside">[rires]</i></p>
-<p>Quelle ironie ! Si seulement ils savaient ! S'ils savaient que le système
+<p>Quelle ironie ! Si seulement ils savaient ! S'ils savaient que le système
qu'ils apprécient et dans certains cas aiment à la folie, c'est notre
philosophie politique idéaliste devenue réalité.</p>
<p>Ce n'est pas qu'ils devraient être d'accord avec nous, mais au moins ils
verraient une raison de la prendre un peu au sérieux, de l'examiner
attentivement, de lui donner une chance. Ils verraient comme c'est lié à
-leur vie. Vous savez, s'ils se disaient « J'utilise le système GNU, voici la
+leur vie. Vous savez, s'ils se disaient « J'utilise le système GNU, voici la
philosophie GNU, c'est <em>grâce à cette philosophie</em> que le système que
-j'apprécie existe », ils la considéreraient avec un esprit beaucoup plus
+j'apprécie existe », ils la considéreraient avec un esprit beaucoup plus
ouvert. Ça ne veut pas dire que tout le monde serait d'accord. Chacun a ses
idées. C'est bien, Les gens doivent se faire leur propre opinion. Mais je
veux que cette philosophie soit créditée des résultats qu'elle a obtenus.</p>
@@ -1167,7 +1191,7 @@ utilisateurs, la plupart d'entre elles l'appellent Linux et elles y ajoutent
et que vous lui ajoutez du code pour en faire un programme plus grand,
l'ensemble de ce programme devra être publié sous GPL. Mais vous pourriez
mettre d'autres programmes séparés sur le même disque (soit disque dur, soit
-CD) et ils pourraient être sous d'autres licences ; c'est considéré comme
+CD) et ils pourraient être sous d'autres licences ; c'est considéré comme
une simple agrégation. Pour l'essentiel, nous n'avons rien à redire au fait
de simplement distribuer deux programmes à quelqu'un en même temps. Donc, en
fait ce n'est pas vrai – j'aimerais quelquefois que ça soit vrai – que si
@@ -1178,47 +1202,47 @@ communiquent l'un avec l'autre à bout de bras, par exemple en s'envoyant des
messages, ils sont en général juridiquement séparés. Ainsi ces entreprises,
en ajoutant des logiciels non libres au système, donnent aux utilisateurs
une très mauvaise idée, philosophiquement et politiquement. Elles disent aux
-utilisateurs : « C'est bien d'utiliser des logiciels non libres. Nous les
-ajoutons même en prime. »</p>
+utilisateurs : « C'est bien d'utiliser des logiciels non libres. Nous les
+ajoutons même en prime. »</p>
<p>Si vous regardez les magazines sur l'utilisation du système GNU/Linux, la
-plupart ont un titre comme « Linux ceci » ou « Linux cela ». Ainsi la
-plupart du temps, ils appellent le système « Linux ». Et ils sont remplis de
+plupart ont un titre comme « Linux ceci » ou « Linux cela ». Ainsi la
+plupart du temps, ils appellent le système « Linux ». Et ils sont remplis de
publicités pour des programmes non libres que vous pouvez faire fonctionner
-sur le système GNU/Linux. Ces publicités ont un message commun : « Le
+sur le système GNU/Linux. Ces publicités ont un message commun : « Le
logiciel non libre est bon pour vous, tellement bon que vous pourriez même
-<em>payer</em> pour l'avoir. » <i>[rires]</i></p>
+<em>payer</em> pour l'avoir. » <i class="aside">[rires]</i></p>
-<p>Ils donnent à ces choses le nom de « paquets à valeur ajoutée », ce qui en
-dit long sur leurs valeurs. Ils disent : « Accordez de la valeur au côté
-pratique, pas à la liberté. » Je n'adhère pas à ces valeurs, aussi je les
-appelle « paquets à liberté soustraite » <i>[rires]</i>. Parce que si vous
-avez installé un système d'exploitation libre, vous vivez maintenant dans le
-monde du libre. Vous bénéficiez de la liberté que nous avons travaillée
-pendant tant d'années à vous donner. Ces paquets vous donnent l'occasion de
-vous attacher à une chaîne.</p>
+<p>Ils donnent à ces choses le nom de « paquets à valeur ajoutée », ce qui en
+dit long sur leurs valeurs. Ils disent : « Accordez de la valeur au côté
+pratique, pas à la liberté. » Je n'adhère pas à ces valeurs, aussi je les
+appelle « paquets à liberté soustraite » <i class="aside">[rires]</i>. Parce
+que si vous avez installé un système d'exploitation libre, vous vivez
+maintenant dans le monde du libre. Vous bénéficiez de la liberté que nous
+avons travaillée pendant tant d'années à vous donner. Ces paquets vous
+donnent l'occasion de vous attacher à une chaîne.</p>
<p>Si vous regardez les expositions commerciales autour du système GNU/Linux,
-elles s'appellent toutes « Linux »-expo. Et elles sont remplies de stands
+elles s'appellent toutes « Linux »-expo. Et elles sont remplies de stands
exposant des logiciels non libres, donnant le sceau de l'approbation à du
logiciel non libre. Ainsi, où que vous regardiez dans notre communauté, à
peu de choses près, les institutions renforcent le logiciel non libre, niant
totalement l'idée de liberté pour laquelle GNU a été développé. La seule
occasion qu'ont les gens de rencontrer l'idée de liberté est la référence à
-GNU et l'utilisation du terme « logiciel libre ». C'est pourquoi je vous
-demande d'appeler le système « GNU/Linux ». S'il vous plaît, faites prendre
+GNU et l'utilisation du terme « logiciel libre ». C'est pourquoi je vous
+demande d'appeler le système « GNU/Linux ». S'il vous plaît, faites prendre
conscience aux gens de l'origine et de la raison d'être du système.</p>
<p>Bien sûr, en utilisant simplement ce nom vous ne donnerez pas une
explication historique. Vous pouvez taper quatre lettres supplémentaires et
-écrire « GNU/Linux ». Vous pouvez dire deux syllabes de plus. GNU/Linux,
-c'est moins de syllabes que Windows 2000 <i>[rires]</i>. Vous n'en dites pas
-vraiment beaucoup, mais vous les préparez pour le jour où ils entendront
-parler de GNU et de ce qu'il représente. Ils verront alors comment ça se
-rattache à leur vie. Et cela, indirectement, fait une différence
-énorme. Alors s'il vous plaît, aidez-nous.</p>
-
-<p>Vous noterez que Microsoft qualifie la GPL de « licence open source ». Ils
+écrire « GNU/Linux ». Vous pouvez dire deux syllabes de plus. GNU/Linux,
+c'est moins de syllabes que Windows 2000 <i class="aside">[rires]</i>. Vous
+n'en dites pas vraiment beaucoup, mais vous les préparez pour le jour où ils
+entendront parler de GNU et de ce qu'il représente. Ils verront alors
+comment ça se rattache à leur vie. Et cela, indirectement, fait une
+différence énorme. Alors s'il vous plaît, aidez-nous.</p>
+
+<p>Vous noterez que Microsoft qualifie la GPL de « licence open source ». Ils
ne veulent pas que les gens pensent en termes de liberté. Ils incitent les
gens à penser étroitement, en tant que consommateurs (et en plus pas très
rationnels, comme consommateurs, s'ils choisissent les produits
@@ -1247,12 +1271,12 @@ privateurs, pour l'essentiel, vous n'avez rien à dire.</p>
importe qu'il n'y ait pas de programmeur dans votre entreprise, ça marche
quand même. Vous savez, si vous voulez bouger les cloisons de votre
appartement, vous n'avez pas besoin d'être une entreprise de maçonnerie,
-vous n'avez qu'à trouver un maçon et lui demander « Combien prenez-vous pour
-faire ce travail ? » Et si vous voulez changer les logiciels que vous
+vous n'avez qu'à trouver un maçon et lui demander « Combien prenez-vous pour
+faire ce travail ? » Et si vous voulez changer les logiciels que vous
utilisez vous n'avez pas besoin d'être une entreprise d'informatique, il
-vous suffit d'aller dans une entreprise d'informatique et de leur dire :
-« Combien demandez-vous pour mettre en œuvre ces fonctionnalités ? Et pour
-quand pouvez-vous le faire ? » Et si la réponse ne vous convient pas, vous
+vous suffit d'aller dans une entreprise d'informatique et de leur dire :
+« Combien demandez-vous pour mettre en œuvre ces fonctionnalités ? Et pour
+quand pouvez-vous le faire ? » Et si la réponse ne vous convient pas, vous
allez voir quelqu'un d'autre.</p>
<p>Il y a un marché libre pour le service. Alors une entreprise qui s'intéresse
@@ -1267,9 +1291,10 @@ pas assez importante pour qu'ils tiennent à vous avoir comme client. Une
fois que vous utilisez le programme, vous êtes obligé de passer par eux pour
l'assistance, parce que migrer vers un autre logiciel est un travail
énorme. Alors vous finissez par payer pour avoir le privilège de signaler un
-bogue <i>[rires]</i>. Et une fois que vous avez payé ils vous disent : « OK,
-nous avons noté le bogue. Dans quelques mois vous pourrez acheter une mise à
-jour et vous verrez si nous l'avons réparé. » <i>[rires]</i></p>
+bogue <i class="aside">[rires]</i>. Et une fois que vous avez payé ils vous
+disent : « OK, nous avons noté le bogue. Dans quelques mois vous pourrez
+acheter une mise à jour et vous verrez si nous l'avons réparé. » <i
+class="aside">[rires]</i></p>
<p>Les sociétés de service dans le logiciel libre ne peuvent pas s'en tirer
comme ça. Elles doivent satisfaire les consommateurs. Bien sûr vous pouvez
@@ -1287,16 +1312,17 @@ vraiment.</p>
<p>Il pourrait avoir des fonctionnalités, implantées délibérément, que vous
n'aimeriez pas si vous étiez au courant de leur existence. Par exemple il
-pourrait avoir une « porte dérobée » <i>[backdoor]</i> pour laisser le
-développeur rentrer dans votre machine. Elle pourrait vous espionner et lui
-renvoyer des informations. Ce n'est pas inhabituel. Certains programmes de
-Microsoft le faisaient, mais pas seulement ceux de Microsoft. Il y a
-d'autres programmes privateurs qui espionnent l'utilisateur et vous ne
-pouvez même pas le savoir. Et, bien sûr, à supposer même que le développeur
-soit parfaitement honnête, tout programmeur peut commettre des erreurs. Il
-pourrait y avoir des bogues qui affectent votre sécurité, ce qui n'est la
-faute de personne. Mais le point important est que si ce n'est pas du
-logiciel libre, vous ne pouvez pas trouver les erreurs ni les réparer.</p>
+pourrait avoir une « porte dérobée » <i class="aside">[backdoor]</i> pour
+laisser le développeur rentrer dans votre machine. Elle pourrait vous
+espionner et lui renvoyer des informations. Ce n'est pas
+inhabituel. Certains programmes de Microsoft le faisaient, mais pas
+seulement ceux de Microsoft. Il y a d'autres programmes privateurs qui
+espionnent l'utilisateur et vous ne pouvez même pas le savoir. Et, bien sûr,
+à supposer même que le développeur soit parfaitement honnête, tout
+programmeur peut commettre des erreurs. Il pourrait y avoir des bogues qui
+affectent votre sécurité, ce qui n'est la faute de personne. Mais le point
+important est que si ce n'est pas du logiciel libre, vous ne pouvez pas
+trouver les erreurs ni les réparer.</p>
<p>Personne n'a le temps de vérifier le code source de chaque programme qu'il
utilise. Ce n'est pas vous qui allez le faire. Mais, avec les logiciels
@@ -1329,14 +1355,14 @@ remarqué que le code fonctionne comme une sorte de loi. Celui qui écrit un
code dont presque tout le monde se sert à toutes fins utiles écrit les lois
qui régissent la vie des gens. Avec le logiciel libre, ces lois sont écrites
d'une façon démocratique. Pas comme la démocratie traditionnelle – il n'y a
-pas de grand référendum où l'on demande : « Comment voulez-vous implémenter
-cette nouvelle fonctionnalité ? » <i>[rires]</i> À la place nous disons :
-« Que ceux qui veulent travailler à mettre en œuvre telle fonctionnalité, de
-telle façon, le fassent ; et si vous voulez le faire autrement, allez-y. »
-Et cela se fait d'une manière ou d'une autre. Si beaucoup de gens veulent le
-faire de cette façon, c'est comme cela que ça se fait. Ainsi, tout le monde
-contribue à la décision de la société simplement en avançant dans la
-direction où l'on veut aller.</p>
+pas de grand référendum où l'on demande : « Comment voulez-vous implémenter
+cette nouvelle fonctionnalité ? » <i class="aside">[rires]</i> À la place
+nous disons : « Que ceux qui veulent travailler à mettre en œuvre telle
+fonctionnalité, de telle façon, le fassent ; et si vous voulez le faire
+autrement, allez-y. » Et cela se fait d'une manière ou d'une autre. Si
+beaucoup de gens veulent le faire de cette façon, c'est comme cela que ça se
+fait. Ainsi, tout le monde contribue à la décision de la société simplement
+en avançant dans la direction où l'on veut aller.</p>
<p>Et vous êtes, personnellement, libre d'aller aussi loin que vous voulez. Une
entreprise est libre d'avancer dans une direction autant qu'elle le
@@ -1351,11 +1377,11 @@ tête à développer vous-même de zéro si vous n'aviez pu cannibaliser de gros
morceaux d'un programme libre existant.</p>
<p>Un autre résultat de la puissance de l'utilisateur, c'est que nous tendons à
-être bons en matière de normalisation et de compatibilité. Pourquoi ? Parce
-que les utilisateurs aiment ça ! Les utilisateurs rejetteront
+être bons en matière de normalisation et de compatibilité. Pourquoi ? Parce
+que les utilisateurs aiment ça ! Les utilisateurs rejetteront
vraisemblablement un programme qui est délibérément incompatible avec les
autres. Cela dit, certains groupes d'utilisateurs ont besoin d'une certaine
-incompatibilité, et ils l'obtiennent ; c'est très bien. Mais quand le
+incompatibilité, et ils l'obtiennent ; c'est très bien. Mais quand le
souhait des utilisateurs est de respecter une norme, nous les développeurs
devons la respecter. Nous le savons et nous le faisons. Par contre, si vous
regardez les développeurs de logiciel privateur, ils trouvent souvent
@@ -1378,7 +1404,7 @@ nœud coulant.</p>
<p>J'ai donc parlé de la façon dont le logiciel libre affecte la majeure partie
de l'économie. Mais comment affecte-t-il le domaine plus particulier de
-l'industrie du logiciel ? Eh bien, la réponse est : pratiquement pas. Et la
+l'industrie du logiciel ? Eh bien, la réponse est : pratiquement pas. Et la
raison, c'est que 90% de l'industrie du logiciel (d'après ce que j'entends
dire) développe du logiciel sur mesure, du logiciel qui n'est pas destiné à
la diffusion. Pour le logiciel sur mesure, la question éthique, libre ou
@@ -1399,8 +1425,8 @@ qu'ils soient un enjeu important. Donc, pour l'essentiel, l'industrie du
logiciel continuera comme auparavant. Ce qui est intéressant c'est que, la
plupart des emplois étant dans cette fraction de l'industrie, même s'il
n'était pas possible d'avoir une économie du libre les développeurs de
-logiciel libre pourraient quand même trouver un emploi dans le sur mesure
-<i>[rires]</i>. Il y en a tellement, une si grande proportion !</p>
+logiciel libre pourraient quand même trouver un emploi dans le sur mesure <i
+class="aside">[rires]</i>. Il y en a tellement, une si grande proportion !</p>
<p>Mais il se trouve qu'il existe une industrie du logiciel libre. Il y a des
entreprises de logiciel libre. À la conférence de presse que je vais faire,
@@ -1409,17 +1435,17 @@ naturellement, il y a des sociétés qui <em>ne sont pas</em> des entreprises
de logiciel libre, mais qui néanmoins développent et publient des logiciels
libres très utiles en quantité considérable.</p>
-<p>Comment travaille l'industrie du libre ? Eh bien, certains vendent des
+<p>Comment travaille l'industrie du libre ? Eh bien, certains vendent des
copies. On est libre de copier un programme, mais ils arrivent quand même à
vendre des centaines d'exemplaires par mois. Et d'autres vendent de
l'assistance et des services variés. Personnellement dans les années 80,
j'ai vendu de l'assistance sur les logiciels libres. En gros, pour 200 $ de
l'heure je changeais ce que vous vouliez dans les programmes GNU que j'avais
écrits. Oui, c'était un tarif élevé, mais c'était pour des programmes que
-j'avais écrits et les gens pensaient que j'y passerais moins de temps
-<i>[rires]</i>. Et j'ai gagné ma vie avec ça. En fait, j'ai gagné plus que
-jamais auparavant. J'ai aussi enseigné. J'ai continué jusqu'en 1990 où j'ai
-obtenu une récompense importante ; alors je n'ai plus eu à le faire.</p>
+j'avais écrits et les gens pensaient que j'y passerais moins de temps <i
+class="aside">[rires]</i>. Et j'ai gagné ma vie avec ça. En fait, j'ai gagné
+plus que jamais auparavant. J'ai aussi enseigné. J'ai continué jusqu'en 1990
+où j'ai obtenu une récompense importante ; alors je n'ai plus eu à le faire.</p>
<p>C'est en 1990 que la première entreprise de logiciel libre a été formée,
<i>Cygnus Support</i>. Leur travail était essentiellement le même que le
@@ -1433,12 +1459,12 @@ il n'y aurait eu aucune raison d'en avoir honte. Et cette société a été
rentable dès la première année. Elle a été fondée avec très peu de capital,
juste l'argent de ses trois fondateurs. Elle a grossi chaque année et est
restée rentable jusqu'à ce qu'ils soient trop cupides et cherchent des
-investisseurs extérieurs ; alors ils se sont plantés. Mais elle a eu
+investisseurs extérieurs ; alors ils se sont plantés. Mais elle a eu
plusieurs années de succès avant qu'ils ne soient trop gourmands.</p>
<p>Cela illustre une des choses intéressantes sur le logiciel libre : on n'a
pas besoin de lever du capital pour le développer. J'admets que c'est utile,
-que cela <em>peut</em> aider ; si vous levez du capital, vous pouvez
+que cela <em>peut</em> aider ; si vous levez du capital, vous pouvez
recruter des gens et leur faire écrire un tas de logiciel. Mais vous pouvez
faire beaucoup avec peu de gens. Et en fait, la formidable efficacité du
processus de développement du logiciel libre est une des raisons pour
@@ -1456,18 +1482,18 @@ d'exploitation libre complet. Maintenant nous l'avons fait, et beaucoup plus
encore. Je dirais que nous sommes à peu près à un ordre de grandeur de
couvrir l'ensemble des besoins de la planète en développement de logiciels
publiés d'usage courant, et ceci dans un monde où 90% des utilisateurs ne se
-servent pas encore de nos logiciels libres ; ceci dans un monde où – bien
+servent pas encore de nos logiciels libres ; ceci dans un monde où – bien
que ce soit dans certains secteurs de l'économie – plus de la moitié des
serveurs web tournent sous GNU/Linux avec Apache.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : <i>[inaudible]</i> Qu'avez-vous dit avant
-Linux ?&hellip;</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : <i class="aside">[inaudible]</i> Qu'avez-vous
+dit avant Linux ?&hellip;</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : J'ai dit GNU/Linux.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : J'ai dit GNU/Linux.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Ah bon ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Ah bon ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui, si je parle du noyau je dis Linux. Comme
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui, si je parle du noyau je dis Linux. Comme
vous savez, c'est son nom. Le noyau a été écrit par Linus Torvalds et nous
devons l'appeler du nom qu'il a choisi, par respect pour l'auteur.</p>
@@ -1480,12 +1506,12 @@ d'un ordre de grandeur. Au point où nous en sommes, je suis très confiant
dans le fait que nous <em>pouvons</em> y arriver.</p>
<p>C'est très important, parce que Microsoft nous demande de céder au
-désespoir. Ils disent : « La seule façon d'avoir des logiciels à faire
+désespoir. Ils disent : « La seule façon d'avoir des logiciels à faire
fonctionner, la seule façon d'avoir des innovations, c'est de nous donner le
pouvoir. Laissez-nous vous dominer. Laissez-nous contrôler ce que vous
pouvez faire avec les programmes que vous utilisez de façon à pouvoir vous
soutirer beaucoup d'argent, utiliser une certaine fraction de cet argent
-pour développer et garder le reste comme profit. »</p>
+pour développer et garder le reste comme profit. »</p>
<p>Eh bien nous ne devons pas être aussi désespérés. Il ne faut pas être
désespéré au point d'abandonner sa liberté. C'est très dangereux.</p>
@@ -1493,8 +1519,8 @@ désespéré au point d'abandonner sa liberté. C'est très dangereux.</p>
<p>Un autre problème, c'est que Microsoft&hellip; en fait pas seulement
Microsoft, les gens qui n'encouragent pas le logiciel libre adoptent en
général un système de valeurs où seuls comptent les bénéfices à court
-terme : « Combien d'argent gagnerons-nous cette année ? Quel travail puis-je
-faire aujourd'hui ? » Pensée à court terme et pensée étroite. Ils estiment
+terme : « Combien d'argent gagnerons-nous cette année ? Quel travail puis-je
+faire aujourd'hui ? » Pensée à court terme et pensée étroite. Ils estiment
ridicule d'imaginer que quiconque puisse jamais faire un sacrifice pour la
liberté.</p>
@@ -1502,11 +1528,11 @@ liberté.</p>
Américains qui ont fait des sacrifices pour la liberté de leurs
compatriotes, de grands sacrifices pour certains. Ils ont été jusqu'à
sacrifier leur vie pour ces libertés dont tout le monde dans notre pays a au
-moins entendu parler (du moins dans certains cas ; je suppose qu'il faut
+moins entendu parler (du moins dans certains cas ; je suppose qu'il faut
oublier la guerre du Vietnam).</p>
-<p><i>[Note de l'éditeur : la veille, c'était le Memorial Day aux États-Unis,
-le jour où l'on commémore les héros des guerres.]</i></p>
+<p><i class="aside">[Note de l'éditeur : la veille, c'était le Memorial Day aux
+États-Unis, le jour où l'on commémore les héros des guerres.]</i></p>
<p>Mais heureusement, garder notre liberté dans l'utilisation des logiciels
n'exige pas de grands sacrifices. Juste de petits sacrifices minuscules,
@@ -1515,7 +1541,7 @@ d'interface graphique. Comme faire le travail de cette façon-ci parce qu'on
n'a pas encore de logiciel libre pour le faire de cette façon-là. Comme
payer une société pour développer tel logiciel libre pour que nous puissions
en disposer dans quelques années. Divers petits sacrifices que nous pouvons
-tous faire. Et dans le long terme, nous en tirerons même avantage ! En
+tous faire. Et dans le long terme, nous en tirerons même avantage ! En
réalité c'est plus un investissement qu'un sacrifice. Il nous faut seulement
voir assez loin pour réaliser qu'il est bon de travailler à l'amélioration
de la société, sans compter les centimes et les francs du retour sur
@@ -1534,21 +1560,21 @@ libres là-bas, ce qui leur fera faire des économies de coût considérables.</
<p>Je vais donc maintenant passer aux questions.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : <i>[inaudible]</i></p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : <i class="aside">[inaudible]</i></p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Pourriez-vous parler plus fort s'il vous plaît ?
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Pourriez-vous parler plus fort s'il vous plaît ?
Je ne peux vraiment pas vous entendre.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Comment une société comme Microsoft
-pourrait-elle inclure un contrat pour du logiciel libre ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Comment une société comme Microsoft
+pourrait-elle inclure un contrat pour du logiciel libre ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Eh bien en réalité, Microsoft prévoit de
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Eh bien en réalité, Microsoft prévoit de
transformer beaucoup de ses activités en services. Et ce qu'ils nous
préparent, c'est un sale coup et c'est dangereux. En effet ils veulent
associer les services aux programmes, dans une sorte de zig-zag, vous
-voyez ? Si bien que pour utiliser tel service, vous devrez utiliser tel
+voyez ? Si bien que pour utiliser tel service, vous devrez utiliser tel
programme Microsoft, ce qui veut dire que vous aurez besoin d'utiliser ce
-service dédié pour faire tourner le programme Microsoft ; ainsi tout est
+service dédié pour faire tourner le programme Microsoft ; ainsi tout est
lié. Voilà leur projet.</p>
<p>Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que vendre ces services n'engage pas la
@@ -1558,7 +1584,7 @@ net. Mais ce qu'ils essaient d'obtenir avec ce système, c'est un
verrouillage encore plus fort, un renforcement de leur monopole sur les
logiciels et les services. Cela a été décrit récemment dans un article, de
<cite>Business Week</cite>, je crois. Et d'autre ont dit que cela allait
-transformer le net en « Microsoft-Ville ».</p>
+transformer le net en « Microsoft-Ville ».</p>
<p>C'est pertinent car, vous le savez, au procès antitrust contre Microsoft le
tribunal a recommandé de couper la société en deux – mais d'une certaine
@@ -1582,23 +1608,24 @@ pour accéder aux services de Microsoft sans que nous y trouvions à redire.</p>
<p>Parce qu'après tout, bien que Microsoft soit la société de logiciel
privateur qui a sous sa coupe le plus de monde, si les autres n'en ont pas
-autant ce n'est pas faute d'avoir essayé <i>[rires]</i>. Simplement ils
-n'ont pas si bien réussi. Donc le problème n'est pas Microsoft et uniquement
-Microsoft. Microsoft est seulement le plus grand exemple du problème que
-nous voulons résoudre, à savoir que le logiciel privateur éloigne les
-utilisateurs de la liberté de coopérer et de former une société
-éthique. Aussi ne faut-il pas trop se focaliser sur Microsoft. Vous savez,
-bien qu'ils m'aient donné l'occasion d'être ici, ça ne les rend pas plus
-importants. Ils ne sont pas l'alpha et l'oméga.</p>
-
-<p><strong>QUESTION</strong> : Plus tôt, vous avez expliqué les différences
+autant ce n'est pas faute d'avoir essayé <i
+class="aside">[rires]</i>. Simplement ils n'ont pas si bien réussi. Donc le
+problème n'est pas Microsoft et uniquement Microsoft. Microsoft est
+seulement le plus grand exemple du problème que nous voulons résoudre, à
+savoir que le logiciel privateur éloigne les utilisateurs de la liberté de
+coopérer et de former une société éthique. Aussi ne faut-il pas trop se
+focaliser sur Microsoft. Vous savez, bien qu'ils m'aient donné l'occasion
+d'être ici, ça ne les rend pas plus importants. Ils ne sont pas l'alpha et
+l'oméga.</p>
+
+<p><strong>QUESTION</strong> : Plus tôt, vous avez expliqué les différences
entre le logiciel open source et le logiciel libre. Que pensez-vous de la
tendance actuelle des distributions GNU/Linux à se limiter à la plateforme
-Intel ? Et du fait que, semble-t-il, de moins en moins de programmeurs
-programment correctement et font des logiciels qui compilent partout ? Et
-font des logiciels qui fonctionnent seulement sur les systèmes Intel ?</p>
+Intel ? Et du fait que, semble-t-il, de moins en moins de programmeurs
+programment correctement et font des logiciels qui compilent partout ? Et
+font des logiciels qui fonctionnent seulement sur les systèmes Intel ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Je ne vois pas là d'enjeu éthique, bien qu'en
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Je ne vois pas là d'enjeu éthique, bien qu'en
fait les sociétés qui fabriquent des ordinateurs réalisent parfois des
portages de GNU/Linux. HP semble avoir fait cela récemment. Ils n'ont pas
cherché à porter Windows car cela aurait coûté trop cher, mais adapter
@@ -1611,29 +1638,29 @@ encourage. Ou bien si quelqu'un corrige le bogue qui empêche de compiler sur
cette version du système et vous envoie le correctif, vous devriez
l'incorporer. Mais je ne vois pas là d'enjeu éthique.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Deux commentaires. Primo : récemment vous avez
+<p><strong>QUESTION</strong> : Deux commentaires. Primo : récemment vous avez
parlé au MIT. J'ai lu la transcription. Quelqu'un vous a interpellé sur les
-brevets et vous avez dit : « Les brevets sont un tout autre problème ; je
-n'ai pas de commentaire là-dessus. »</p>
+brevets et vous avez dit : « Les brevets sont un tout autre problème ; je
+n'ai pas de commentaire là-dessus. »</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Exact. En réalité j'ai beaucoup à dire sur les
-brevets. Ça prendrait une heure <i>[rires]</i>.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Exact. En réalité j'ai beaucoup à dire sur les
+brevets. Ça prendrait une heure <i class="aside">[rires]</i>.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Je voulais dire ceci. Il me semble qu'il y a un
+<p><strong>QUESTION</strong> : Je voulais dire ceci. Il me semble qu'il y a un
problème. Il y a une raison pour que les entreprises appellent les brevets
-et le copyright quelque chose comme de la « propriété concrète ». Elles
+et le copyright quelque chose comme de la « propriété concrète ». Elles
veulent utiliser le pouvoir de l'État pour leur assurer un monopole. Ce
qu'il y a de commun n'est pas que ces sujets tournent autour des mêmes
enjeux, mais que la motivation des entreprises à leur égard ne soit pas
vraiment le service public, mais plutôt l'intérêt privé des sociétés dans
l'obtention d'un monopole.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Je comprends. Mais bon, il ne reste pas beaucoup
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Je comprends. Mais bon, il ne reste pas beaucoup
de temps, alors tant qu'à faire je voudrais répondre à ça.</p>
<p>Vous avez raison de dire que c'est ce qu'elles veulent. Mais il y a une
-autre raison pour qu'elles veuillent utiliser le terme « propriété
-intellectuelle », c'est qu'elles ne veulent pas que les gens réfléchissent
+autre raison pour qu'elles veuillent utiliser le terme « propriété
+intellectuelle », c'est qu'elles ne veulent pas que les gens réfléchissent
convenablement sur les questions du copyright ou sur les questions des
brevets. Parce que le droit du copyright n'est pas du tout le même que le
droit des brevets. Leurs effets sur le logiciel sont totalement différents.</p>
@@ -1647,10 +1674,10 @@ séparer ces deux questions.</p>
<p>Elles ont un petit quelque chose en commun à un très bas niveau et tout le
reste est différent. Alors, s'il vous plaît, pour rendre la discussion plus
claire, discutez du copyright ou discutez des brevets, mais ne parlez pas de
-« propriété intellectuelle ». J'ai des opinions sur le copyright, et sur les
+« propriété intellectuelle ». J'ai des opinions sur le copyright, et sur les
brevets, et sur le logiciel.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Vous avez mentionné au début les travaux
+<p><strong>QUESTION</strong> : Vous avez mentionné au début les travaux
fonctionnels, comme les recettes et les programmes d'ordinateurs. C'est
évidemment un peu différent des autres sortes de travaux créatifs. Ceci pose
aussi problème dans le cas des DVD.<a id="TransNote10-rev"
@@ -1665,10 +1692,10 @@ fonctionnelles devraient être libres dans le même sens que les
logiciels. Vous savez, les cours, les manuels, les dictionnaires, les
recettes, etc.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Je m'interrogeais sur la musique en ligne. Il y
+<p><strong>QUESTION</strong> : Je m'interrogeais sur la musique en ligne. Il y
a des similarités et des différences à travers toute la création.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Exact. Je dirais que la liberté minimum, celle
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Exact. Je dirais que la liberté minimum, celle
dont nous devons disposer pour toute information publiée, est le droit de la
redistribuer non commercialement, sous forme de copie intégrale. Pour les
œuvres fonctionnelles, nous avons besoin de la liberté d'en redistribuer
@@ -1687,7 +1714,7 @@ s'instruire. Ainsi nous avons la littérature, nous avons les écrits
scientifiques. Le but est d'encourager cela. Le copyright n'a pas été créé
pour les auteurs ni les éditeurs, mais pour les lecteurs et tous ceux qui
bénéficient de la transmission d'information qui se produit quand des gens
-écrivent et d'autres lisent. Et cet objectif, je l'approuve !</p>
+écrivent et d'autres lisent. Et cet objectif, je l'approuve !</p>
<p>Mais à l'âge des réseaux informatiques la méthode n'est plus appropriée,
parce qu'elle exige des lois draconiennes qui envahissent l'intimité de
@@ -1698,16 +1725,16 @@ qui s'appliquait aux éditeurs. Maintenant, c'est une restriction imposée par
les éditeurs au public. Ainsi la relation de pouvoir a viré à 180°, bien que
ce soit la même loi.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Ainsi on peut avoir la même chose – comme
-lorsqu'on fait de la musique à partir d'une autre musique ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Ainsi on peut avoir la même chose – comme
+lorsqu'on fait de la musique à partir d'une autre musique ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Exact. C'est intéressant&hellip;</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Exact. C'est intéressant&hellip;</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Et unique. De nouvelles œuvres, c'est encore
+<p><strong>QUESTION</strong> : Et unique. De nouvelles œuvres, c'est encore
beaucoup de coopération.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Tout à fait. Et je suppose que cela demande une
-sorte de concept d'« usage raisonnable » <i>[fair use]</i>.<a
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Tout à fait. Et je suppose que cela demande une
+sorte de concept d'« usage raisonnable » <i class="aside">[fair use]</i>.<a
id="TransNote11-rev" href="#TransNote11"><sup>11</sup></a> Certainement
faire un sample de quelques secondes et l'utiliser pour faire une œuvre
musicale, ce doit être un usage raisonnable. Même l'idée ordinaire d'usage
@@ -1715,35 +1742,35 @@ raisonnable renferme cela, si vous y réfléchissez. Je ne sais pas si les
tribunaux seraient d'accord, mais ils le devraient. Ce ne serait pas un vrai
changement du système tel qu'il existe.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Que pensez-vous de la publication des données
-publiques dans des formats privateurs ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Que pensez-vous de la publication des données
+publiques dans des formats privateurs ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Oh, c'est à proscrire. L'État ne doit jamais
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Oh, c'est à proscrire. L'État ne doit jamais
exiger des citoyens qu'ils utilisent un programme non libre pour accéder aux
services publics ou pour communiquer avec eux, que ce soit en émission ou en
réception, quel qu'en soit le moyen.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Je suis, comment diriez-vous, un utilisateur de
+<p><strong>QUESTION</strong> : Je suis, comment diriez-vous, un utilisateur de
GNU/Linux&hellip;</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Merci <i>[rires]</i>.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Merci <i class="aside">[rires]</i>.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : &hellip; depuis quatre ans. La seule chose qui
+<p><strong>QUESTION</strong> : &hellip; depuis quatre ans. La seule chose qui
m'ait parue problématique et qui est quelque chose d'essentiel, je crois,
pour nous tous, c'est de surfer sur le web.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Une chose qui est décidément une faiblesse de
+<p><strong>QUESTION</strong> : Une chose qui est décidément une faiblesse de
GNU/Linux est la navigation sur le web, parce que le principal outil pour
cela, Netscape&hellip;</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : &hellip; n'est pas un logiciel libre.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : &hellip; n'est pas un logiciel libre.</p>
<p>Laissez-moi répondre à cela. Je veux mettre les choses au point. Donc oui,
il y a une tendance déplorable chez les utilisateurs de GNU/Linux à utiliser
Netscape Navigator sur leur système GNU/Linux. Et en fait les distributions
-commerciales viennent avec. Voilà bien une situation ironique : nous avons
+commerciales viennent avec. Voilà bien une situation ironique : nous avons
travaillé dur pour faire un système d'exploitation libre, et maintenant, si
vous allez dans un magasin, vous pouvez trouver des versions de GNU/Linux
(la plupart d'entre elles appelées Linux) qui ne sont pas libres, du moins
@@ -1755,50 +1782,50 @@ Netscape Navigator.</p>
<p>Cela dit, il y a des navigateurs libres depuis de nombreuses années. Il y en
a un que j'utilise et qui s'appelle Lynx. Il n'est pas graphique, il est en
mode texte. Il a l'extraordinaire avantage de ne pas afficher les publicités
-<i>[rires et applaudissements]</i>.</p>
+<i class="aside">[rires et applaudissements]</i>.</p>
<p>Mais de toute façon il y a un projet libre de navigateur graphique appelé
Mozilla, qui est pratiquement au point. Et je l'utilise à l'occasion.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Konqueror 2.01 est très bon aussi.</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Konqueror 2.01 est très bon aussi.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Très bien. Voila donc un autre navigateur
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Très bien. Voila donc un autre navigateur
graphique libre. Donc nous sommes finalement en train de résoudre ce
problème, je suppose.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Pouvez-vous me parler de la différence
-philosophique ou éthique entre le logiciel libre et l'open source ?
-Pensez-vous que les deux soient irréconciliables ? [&hellip;]</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Pouvez-vous me parler de la différence
+philosophique ou éthique entre le logiciel libre et l'open source ?
+Pensez-vous que les deux soient irréconciliables ? [&hellip;]</p>
-<p><i>[la fin de la question et le début de la réponse ont sauté au changement
-de cassette.]</i></p>
+<p><i class="aside">[la fin de la question et le début de la réponse ont sauté
+au changement de cassette.]</i></p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : [&hellip;] à une liberté et à une éthique, ou
-bien si on dit seulement : « Eh bien, j'espère que vous, les entreprises,
-déciderez qu'il est plus profitable de nous autoriser à faire tout ça. »</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : [&hellip;] à une liberté et à une éthique, ou
+bien si on dit seulement : « Eh bien, j'espère que vous, les entreprises,
+déciderez qu'il est plus profitable de nous autoriser à faire tout ça. »</p>
<p>Mais comme je le disais, dans une grande partie du travail concret, les
opinions de chacun ne comptent pas. Quand une personne offre son aide au
-projet GNU, nous ne lui disons pas : « Vous devez être d'accord avec notre
-politique. » Nous disons que dans un paquet GNU il faut appeler le système
-« GNU/Linux » et le paquet lui-même « logiciel libre ». Ce que vous dites à
+projet GNU, nous ne lui disons pas : « Vous devez être d'accord avec notre
+politique. » Nous disons que dans un paquet GNU il faut appeler le système
+« GNU/Linux » et le paquet lui-même « logiciel libre ». Ce que vous dites à
l'extérieur du projet GNU, ça vous regarde.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : IBM a commencé une campagne adressée aux
+<p><strong>QUESTION</strong> : IBM a commencé une campagne adressée aux
services de l'État pour vendre leurs nouvelles grosses machines en utilisant
-Linux comme argument de vente, en disant « Linux ».</p>
+Linux comme argument de vente, en disant « Linux ».</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui, bien sûr c'est en réalité le système
-GNU/Linux <i>[rires]</i>.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui, bien sûr c'est en réalité le système
+GNU/Linux <i class="aside">[rires]</i>.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : C'est vrai. Eh bien le responsable des ventes,
+<p><strong>QUESTION</strong> : C'est vrai. Eh bien le responsable des ventes,
il n'y connaît rien à GNU.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Je dois le dire à qui ?</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Je dois le dire à qui ?</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Au responsable des ventes.</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Au responsable des ventes.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Oh oui. Le problème c'est qu'ils ont déjà
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Oh oui. Le problème c'est qu'ils ont déjà
préparé soigneusement ce qu'ils voulaient mettre en avant comme arguments de
vente. Et la question de savoir ce qu'est une description précise, juste ou
correcte n'est pas primordiale pour une société comme celle-là. Dans une
@@ -1807,8 +1834,8 @@ réfléchir sur ce genre de choses, il peut prendre une décision de cette
façon. Mais pas une société géante. C'est dommage, vous savez.</p>
<p>Il y a un autre question plus tangible à propos de ce que fait IBM. Ils
-disent qu'ils mettent un milliard de dollars dans « Linux ». Mais peut-être
-faut-il aussi mettre « dans » entre guillemets. Parce qu'une partie de cet
+disent qu'ils mettent un milliard de dollars dans « Linux ». Mais peut-être
+faut-il aussi mettre « dans » entre guillemets. Parce qu'une partie de cet
argent sert à payer des gens pour faire des logiciels libres ; c'est
réellement une contribution à notre communauté. Mais une autre partie sert à
créer du logiciel privateur ou à porter des logiciels privateurs vers
@@ -1817,25 +1844,25 @@ communauté. Cependant IBM mélange tout ça. Il pourrait y avoir une part de
publicité, qui est une contribution même si elle est en partie fausse. Donc
c'est une situation compliquée. Une partie de ce qu'ils font est une
contribution, une autre non et une troisième est entre les deux. On ne peut
-pas mélanger tout ça et penser « Ouah ! Un milliard de dollars d'IBM ! »
-<i>[rires]</i> C'est simplifier à outrance !</p>
+pas mélanger tout ça et penser « Ouah ! Un milliard de dollars d'IBM ! » <i
+class="aside">[rires]</i> C'est simplifier à outrance !</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Pouvez-vous en dire plus sur la pensée qui
-sous-tend la licence publique générale ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Pouvez-vous en dire plus sur la pensée qui
+sous-tend la licence publique générale ?</p>
<p><strong>STALLMAN</strong>: Bon, voici le&hellip; Je suis désolé, je suis en
-train de répondre à sa question <i>[rires]</i>.</p>
+train de répondre à sa question <i class="aside">[rires]</i>.</p>
<p><strong>SCHONBERG</strong>: Voulez-vous réserver du temps pour la conférence
-de presse ? Ou souhaitez-vous continuer ici ?</p>
+de presse ? Ou souhaitez-vous continuer ici ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong>: Qui est ici pour la conférence de presse ? Pas
+<p><strong>STALLMAN</strong>: Qui est ici pour la conférence de presse ? Pas
beaucoup de journalistes. Oh, trois&hellip; OK. Est-ce que cela vous dérange
si nous&hellip; si je continue à répondre aux questions pendant encore dix
-minutes ? Parfait. Donc nous continuons à répondre aux questions de tout le
+minutes ? Parfait. Donc nous continuons à répondre aux questions de tout le
monde.</p>
-<p>La pensée qui sous-tend la licence GNU GPL ? C'est en partie que je voulais
+<p>La pensée qui sous-tend la licence GNU GPL ? C'est en partie que je voulais
protéger la liberté de la communauté des phénomènes que j'ai décrits à
propos de X Windows et qui se sont produits avec d'autres logiciels
libres. En fait, quand j'ai pensé à cette question, X Windows n'était pas
@@ -1843,19 +1870,19 @@ encore sorti, mais j'avais vu le problème se poser avec d'autres programmes
libres, par exemple TeX. Je voulais être sûr que les utilisateurs auraient
tous la liberté. Je me suis rendu compte que, sinon, je pourrais écrire un
programme que peut-être beaucoup de gens utiliseraient, mais qu'ils
-n'auraient pas la liberté. Alors à quoi bon ?</p>
+n'auraient pas la liberté. Alors à quoi bon ?</p>
<p>Mais l'autre raison, c'est que je voulais donner le sentiment à la
communauté qu'elle n'était pas un paillasson, le sentiment qu'elle ne serait
pas la proie du premier parasite venu. Si vous n'utilisez pas le copyleft,
-vous dites en substance : <i>[voix mièvre]</i> « Prenez mon code. Faites ce
-que vous voulez. Je ne dis pas non. » Alors n'importe qui peut arriver en
-disant : <i>[voix très ferme]</i> « Aah ! je veux en faire une version non
-libre. Je le prends. » Puis il va très probablement faire quelques
-améliorations. Ces versions non libres intéresseront les utilisateurs et
-remplaceront les versions libres. Au final, qu'est-ce que vous aurez
-accompli ? Vous aurez simplement fait une donation à un projet de logiciel
-privateur.</p>
+vous dites en substance : <i class="aside">[voix mièvre]</i> « Prenez mon
+code. Faites ce que vous voulez. Je ne dis pas non. » Alors n'importe qui
+peut arriver en disant : <i class="aside">[voix très ferme]</i> « Aah ! je
+veux en faire une version non libre. Je le prends. » Puis il va très
+probablement faire quelques améliorations. Ces versions non libres
+intéresseront les utilisateurs et remplaceront les versions libres. Au
+final, qu'est-ce que vous aurez accompli ? Vous aurez simplement fait une
+donation à un projet de logiciel privateur.</p>
<p>Et quand les gens verront ce qui s'est produit, quand des gens verront que
les autres prennent et ne donnent jamais, ça peut les démoraliser. Ce n'est
@@ -1864,69 +1891,69 @@ l'ancienne communauté dont je faisais partie dans les années 70. Certaines
personnes sont devenues non coopératives et nous avons supposé qu'elles en
tiraient profit. En tout cas elles agissaient comme si elles pensaient
qu'elles en tiraient profit. Et nous nous sommes rendu compte qu'on pouvait
-coopérer à sens unique : prendre sans rien donner en retour. Nous ne
+coopérer à sens unique : prendre sans rien donner en retour. Nous ne
pouvions rien y faire, c'était très décourageant. Nous qui ne suivions pas
la tendance, nous en avons discuté et ne sommes pas arrivés à trouver une
idée pour arrêter ça.</p>
-<p>Donc la GPL est conçue pour éviter cela. Elle dit : « Vous êtes invité à
+<p>Donc la GPL est conçue pour éviter cela. Elle dit : « Vous êtes invité à
vous joindre à la communauté et à utiliser ce code. Vous pouvez l'utiliser
de toutes les façons possibles, mais si vous publiez une version modifiée,
vous devez la publier pour notre communauté, comme participation à notre
-communauté, au monde du libre. »</p>
+communauté, au monde du libre. »</p>
<p>En fait, il reste bien des façons pour les gens de profiter de notre travail
sans y contribuer, comme ne pas écrire de logiciels. Bien des gens utilisent
GNU/Linux et n'écrivent pas de logiciels. Il n'y a aucune obligation à faire
quelque chose pour nous, mais si vous faites certaines choses vous devez
contribuer. Ça signifie que notre communauté n'est pas un paillasson. Et je
-pense que cela donne aux gens un sentiment de force : « Oui, nous ne serons
-pas piétinés par n'importe qui. Nous tiendrons. »</p>
+pense que cela donne aux gens un sentiment de force : « Oui, nous ne serons
+pas piétinés par n'importe qui. Nous tiendrons. »</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Oui, ma question portait sur le logiciel libre,
+<p><strong>QUESTION</strong> : Oui, ma question portait sur le logiciel libre,
mais sans copyleft. Puisque tout le monde peut le prendre et en faire du
logiciel privateur, n'est-il pas également possible de le prendre, de faire
-quelques modifications et de le placer sous GPL ?</p>
+quelques modifications et de le placer sous GPL ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui, c'est possible.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Oui, c'est possible.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Ça placerait toutes les copies futures sous GPL.</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Ça placerait toutes les copies futures sous GPL.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : À partir de cette branche. Mais voici pourquoi
+<p><strong>STALLMAN</strong> : À partir de cette branche. Mais voici pourquoi
nous ne le faisons pas.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Hein ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Hein ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous ne faisons pas cela
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous ne faisons pas cela
généralement. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Oui d'accord.</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Oui d'accord.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous pourrions si nous le voulions prendre
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous pourrions si nous le voulions prendre
X Windows, faire une copie sous GPL et faire des modifications. Mais il y a
un groupe beaucoup plus important de gens qui travaillent à son amélioration
et qui ne veulent <em>pas</em> le placer sous GPL. Si nous faisions cela
nous créerions une branche, et ce n'est pas très sympa vis-à-vis d'eux. Ils
-<em>font partie</em> de notre communauté ; ils contribuent à notre
+<em>font partie</em> de notre communauté ; ils contribuent à notre
communauté.</p>
<p>Deuxièmement, cela se retournerait contre nous, parce qu'ils ont fait
beaucoup plus de travail sur X que nous n'en ferions. Notre version serait
-inférieure à la leur et les gens ne l'utiliseraient pas, alors à quoi bon ?</p>
+inférieure à la leur et les gens ne l'utiliseraient pas, alors à quoi bon ?</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Mmm hmm.</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Mmm hmm.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Alors quand une personne apporte une
-amélioration à X, je dis à cette personne : coopérez avec l'équipe de
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Alors quand une personne apporte une
+amélioration à X, je dis à cette personne : coopérez avec l'équipe de
développement de X Windows. Envoyez-leur votre travail et laissez-les s'en
servir, parce qu'ils développent un logiciel libre très important. C'est bon
pour nous de coopérer avec eux.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Sauf que, si on considère X en particulier, il y
+<p><strong>QUESTION</strong> : Sauf que, si on considère X en particulier, il y
a deux ans le Consortium X qui était allé très loin dans l'open source non
libre&hellip;</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : En fait ce <em>n'était pas</em> vraiment open
+<p><strong>STALLMAN</strong> : En fait ce <em>n'était pas</em> vraiment open
source. Ils ont peut-être dit que ça l'était, je ne peux pas me rappeler
s'ils l'ont dit ou non. Mais ce n'était pas open source, Il y avait des
restrictions. On ne pouvait pas distribuer commercialement, je crois. Ou on
@@ -1935,42 +1962,42 @@ chose comme ça. Il y avait une restriction considérée comme inacceptable à
la fois par la Free Software Foundation et par le mouvement Open Source.</p>
<p>Oui, c'est à cela que mène l'utilisation d'une licence sans copyleft. En
-fait, le consortium X avait une politique très rigide. Ils disaient : « Si
+fait, le consortium X avait une politique très rigide. Ils disaient : « Si
votre programme est sous copyleft, nous ne le distribuerons pas du
-tout. Nous ne le mettrons pas dans notre distribution. »</p>
+tout. Nous ne le mettrons pas dans notre distribution. »</p>
<p>Alors un grand nombre de personnes ont été poussées à ne pas utiliser le
copyleft. Le résultat, c'est que tous leurs logiciels étaient grands
-ouverts. Après avoir demandé aux gens d'être trop permissifs, ils ont dit :
-« Maintenant nous pouvons mettre des restrictions. » Ce n'était pas très
+ouverts. Après avoir demandé aux gens d'être trop permissifs, ils ont dit :
+« Maintenant nous pouvons mettre des restrictions. » Ce n'était pas très
éthique de leur part.</p>
<p>Mais, la situation étant ce qu'elle est, allons-nous gaspiller des
-ressources pour maintenir une version GPL de X ? Ça n'aurait aucun sens. Il
+ressources pour maintenir une version GPL de X ? Ça n'aurait aucun sens. Il
y a tant d'autres choses à faire. Laissons-les faire plutôt. Nous pouvons
coopérer avec les développeurs de X.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Avez-vous un commentaire, GNU est-il une marque
-déposée ? Et est-ce faisable de l'inclure dans une partie de la licence
-publique générale GNU autorisant les marques ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : Avez-vous un commentaire, GNU est-il une marque
+déposée ? Et est-ce faisable de l'inclure dans une partie de la licence
+publique générale GNU autorisant les marques ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous cherchons effectivement à déposer GNU comme
-marque, mais cela n'aurait rien à voir avec la GPL ; c'est une longue
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Nous cherchons effectivement à déposer GNU comme
+marque, mais cela n'aurait rien à voir avec la GPL ; c'est une longue
histoire d'expliquer pourquoi.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : Vous pourriez exiger que la marque déposée soit
+<p><strong>QUESTION</strong> : Vous pourriez exiger que la marque déposée soit
affichée dans les programmes sous GPL.</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Non, je ne pense pas. Les licences ne couvrent
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Non, je ne pense pas. Les licences ne couvrent
que les programmes individuels, et quand un programme fait partie du projet
GNU personne ne cherche à le cacher. Mais le nom du système dans son
ensemble, c'est une autre question. C'est un à-côté, cela ne vaut pas la
peine d'en discuter plus longtemps.</p>
-<p><strong>QUESTION</strong> : S'il y avait un bouton qui forçait toutes les
-sociétés à libérer leurs logiciels, l'utiliseriez-vous ?</p>
+<p><strong>QUESTION</strong> : S'il y avait un bouton qui forçait toutes les
+sociétés à libérer leurs logiciels, l'utiliseriez-vous ?</p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Je ne l'utiliserais que pour les logiciels
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Je ne l'utiliserais que pour les logiciels
publiés. Vous savez, je pense que les gens ont le droit d'écrire des
logiciels privés et de les utiliser, et cela inclut les entreprises. C'est
une question de vie privée. Il peut y avoir des moments, c'est vrai, où il
@@ -1986,7 +2013,7 @@ propriétaires de programmes, de sorte qu'ils puissent se servir de la police
pour nous empêcher d'utiliser les programmes de certaines façons. Je
voudrais mettre un terme à cela, c'est certain. </p>
-<p><strong>SCHONBERG</strong> : Les interventions de Richard génèrent
+<p><strong>SCHONBERG</strong> : Les interventions de Richard génèrent
invariablement une quantité énorme d'énergie intellectuelle. Je suggère
qu'une partie soit consacrée à utiliser des logiciels libres, et peut-être à
en écrire.</p>
@@ -1997,67 +2024,80 @@ apolitique, un niveau de discussion morale et politique sans précédent. Et
nous lui devons beaucoup pour cela. Je voudrais signaler au public qu'il y a
maintenant une pause.</p>
-<p><i>[applaudissements]</i></p>
+<p><i class="aside">[applaudissements]</i></p>
-<p><strong>STALLMAN</strong> : Vous êtes libres de sortir quand vous voulez
-<i>[rires]</i>. Je ne vous retiens pas prisonniers ici, vous savez.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong> : Vous êtes libres de sortir quand vous voulez <i
+class="aside">[rires]</i>. Je ne vous retiens pas prisonniers ici, vous
+savez.</p>
-<p><i>[Le public sort&hellip;]</i></p>
+<p><i class="aside">[Le public sort&hellip;]</i></p>
-<p><i>[Conversations diffuses&hellip;]</i></p>
+<p><i class="aside">[Conversations diffuses&hellip;]</i></p>
-<p><strong>STALLMAN</strong>: Un dernier mot, notre site web : www.gnu.org.</p>
+<p><strong>STALLMAN</strong>: Un dernier mot, notre site web : www.gnu.org.</p>
+</div>
<div class="translators-notes">
<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.-->
<hr /><b>Notes de traduction</b><ol>
-<li id="TransNote1"><i>Proprietary software</i> se traduit souvent par
-« logiciel propriétaire ». « Privateur » est un néologisme inventé par RMS
-pour exprimer la notion que les logiciels propriétaires privent
-l'utilisateur de ses libertés. <a href="#TransNote1-rev"
-class="nounderline">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote2">Traduction : Bien ! <a
-href="#TransNote2-rev">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote3">Zwei était Eine à l'origine. <a href="#TransNote3-rev"
-class="nounderline">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote4">Prononcer « nou » ; traduction : nouveau. <a
-href="#TransNote4-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote5">Nouveau système d'exploitation. <a
-href="#TransNote5-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote6">Le mot français « libre » n'a pas cette ambiguïté car
-« entrée libre » est à peu près le seul cas où l'on peut lui donner le sens
-de « gratuit ». On constate malgré tout que le logiciel libre est souvent
-assimilé (par erreur) à du logiciel gratuit. <a href="#TransNote6-rev"
-class="nounderline">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote7">Déclaration d'indépendance <em>américaine</em>. <a
-href="#TransNote7-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote8">« X Windows » est une abréviation de « système X
-Window ». Cela n'a rien à voir avec un système d'exploitation privateur bien
-connu. <a href="#TransNote8-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote9">Anciennement <i>National Public Radio</i> : fédération
-de radios locales non commerciales, produisant des programmes culturels ou
-d'actualité diffusés sur tout le territoire des États-Unis. <a
-href="#TransNote9-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote10">L'enregistrement de ce paragraphe était probablement
-difficile à comprendre, ce qui a donné une transcription à peu près
-intraduisible. Nous en avons fait une interprétation très libre. <a
-href="#TransNote10-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
-<li id="TransNote11">Un concept juridique propre au copyright américain. <a
-href="#TransNote11-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
+<li><a id="TransNote1" href="#TransNote1-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+<i>Proprietary software</i> se traduit souvent par « logiciel
+propriétaire ». « Privateur » est un néologisme inventé par RMS pour
+exprimer la notion que les logiciels propriétaires privent l'utilisateur de
+ses libertés.</li>
+<li><a id="TransNote2" href="#TransNote2-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+Traduction : Bien !</li>
+<li><a id="TransNote3" href="#TransNote3-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+Zwei était Eine à l'origine.</li>
+<li><a id="TransNote4" href="#TransNote4-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+Prononcer « nou » ; traduction : nouveau.</li>
+<li><a id="TransNote5" href="#TransNote5-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+Nouveau système d'exploitation.</li>
+<li><a id="TransNote6" href="#TransNote6-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+Le mot français « libre » n'a pas cette ambiguïté car « entrée libre » est à
+peu près le seul cas où l'on peut lui donner le sens de « gratuit ». On
+constate malgré tout que le logiciel libre est souvent assimilé (par erreur)
+à du logiciel gratuit.</li>
+<li><a id="TransNote7" href="#TransNote7-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+Déclaration d'indépendance <em>américaine</em>.</li>
+<li><a id="TransNote8" href="#TransNote8-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+« X Window » est une abréviation de « système X Window ». Cela n'a rien à
+voir avec un système d'exploitation privateur bien connu.</li>
+<li><a id="TransNote9" href="#TransNote9-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+Anciennement <i>National Public Radio</i> : fédération de radios locales non
+commerciales, produisant des programmes culturels ou d'actualité diffusés
+sur tout le territoire des États-Unis.</li>
+<li><a id="TransNote10" href="#TransNote10-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+L'enregistrement de ce paragraphe était probablement mauvais, ce qui a donné
+une transcription à peu près intraduisible. Nous en avons fait une
+interprétation très libre.</li>
+<li><a id="TransNote11" href="#TransNote11-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> 
+Un concept juridique propre au copyright américain.</li>
</ol></div>
</div>
<!-- for id="content", starts in the include above -->
<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" -->
-<div id="footer">
+<div id="footer" role="contentinfo">
<div class="unprintable">
-<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <a
-href="mailto:gnu@gnu.org">&lt;gnu@gnu.org&gt;</a>. Il existe aussi <a
+<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à &lt;<a
+href="mailto:gnu@gnu.org">gnu@gnu.org</a>&gt;. Il existe aussi <a
href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens
-orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à <a
-href="mailto:webmasters@gnu.org">&lt;webmasters@gnu.org&gt;</a>.</p>
+orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à
+&lt;<a href="mailto:webmasters@gnu.org">webmasters@gnu.org</a>&gt;.</p>
<p>
<!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph,
@@ -2070,18 +2110,17 @@ href="mailto:webmasters@gnu.org">&lt;webmasters@gnu.org&gt;</a>.</p>
&lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
- <p>For information on coordinating and submitting translations of
+ <p>For information on coordinating and contributing translations of
our web pages, see <a
href="/server/standards/README.translations.html">Translations
README</a>. -->
-Nous faisons le maximum pour proposer des traductions fidèles et de bonne
-qualité, mais nous ne sommes pas parfaits. Merci d'adresser vos commentaires
-sur cette page, ainsi que vos suggestions d'ordre général sur les
-traductions, à <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
-&lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
-<p>Pour tout renseignement sur la coordination et la soumission des
-traductions de nos pages web, reportez-vous au <a
-href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>.</p>
+Merci d'adresser vos commentaires sur les pages en français à &lt;<a
+href="mailto:trad-gnu@april.org">trad-gnu@april.org</a>&gt;, et sur les
+traductions en général à &lt;<a
+href="mailto:web-translators@gnu.org">web-translators@gnu.org</a>&gt;. Si
+vous souhaitez y contribuer, vous trouverez dans le <a
+href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>
+les infos nécessaires.</p>
</div>
<!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to
@@ -2100,7 +2139,7 @@ href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>.</p>
There is more detail about copyright years in the GNU Maintainers
Information document, www.gnu.org/prep/maintain. -->
-<p>Copyright &copy; 2001, 2005, 2006, 2014, 2015, 2016 Richard M. Stallman</p>
+<p>Copyright &copy; 2001, 2005, 2021 Richard Stallman</p>
<p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a
rel="license"
@@ -2112,17 +2151,18 @@ Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale (CC BY-ND
<div class="translators-credits">
<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.-->
-Traduction : Xavier Dumont.<br />Révision : <a
+Traduction : Xavier Dumont<br />Révision : <a
href="mailto:trad-gnu&#64;april.org">trad-gnu&#64;april.org</a></div>
<p class="unprintable"><!-- timestamp start -->
Dernière mise à jour :
-$Date: 2021/01/26 13:03:21 $
+$Date: 2021/12/25 21:34:24 $
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</p>
</div>
</div>
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</html>