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+
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+<!-- Parent-Version: 1.90 -->
+
+<!-- This file is automatically generated by GNUnited Nations! -->
+<title>Matériel libre et plans libres pour le matériel - Projet GNU - Free Software
+Foundation</title>
+
+<!--#include virtual="/philosophy/po/free-hardware-designs.translist" -->
+<!--#include virtual="/server/banner.fr.html" -->
+<h2>Matériel libre et plans libres pour le matériel</h2>
+
+<p>par <a href="http://www.stallman.org/">Richard M. Stallman</a></p>
+
+<!-- rms: I deleted the links because of Wired's announced
+ anti-ad-block system -->
+<blockquote>
+<p>L'essentiel de cet article a été publié en deux parties dans wired.com en
+mars 2015.</p>
+</blockquote>
+
+<p>Dans quelle mesure peut-on appliquer les idées du logiciel libre au
+matériel ? Est-ce une obligation morale de rendre libres les plans de notre
+matériel, tout comme c'en est une de rendre libre notre logiciel ? Est-ce
+que conserver notre liberté nous oblige à refuser le matériel construit sur
+des plans non libres ?</p>
+
+<h3 id="definitions">Définitions</h3>
+
+<p>L'expression « logiciel libre »<a id="TransNote1-rev"
+href="#TransNote1"><sup>1</sup></a> se réfère à la liberté et non au prix ;
+en gros, elle signifie que les utilisateurs du logiciel sont libres de le
+faire fonctionner, de le copier et de le redistribuer, avec ou sans
+modification. Plus précisément, la définition repose sur <a
+href="/philosophy/free-sw.html">les quatre libertés essentielles</a>. Pour
+bien faire ressortir que <cite>free</cite> fait référence à la liberté et
+non au prix, nous accolons souvent le mot français ou espagnol « libre » à
+<cite>free</cite>.</p>
+
+<p>Si l'on transpose directement ce concept au matériel, <em>matériel
+libre</em> signifie que l'utilisateur est libre de l'utiliser, de le copier
+et de le redistribuer, avec ou sans modification. Toutefois, il n'y a pas de
+système de copie pour les objets matériels, à part la reproduction des
+clefs, de l'ADN et de la forme extérieure d'objets plastiques. La plupart
+des composants matériels sont fabriqués sur plan. Le plan précède le
+matériel.</p>
+
+<p>Par conséquent, le concept dont nous avons vraiment besoin est celui de
+<em>plan libre pour le matériel</em>. C'est simple, il s'agit d'un plan dont
+l'utilisateur peut se servir (c'est-à-dire à partir duquel il peut fabriquer
+le matériel) et qu'il peut copier et redistribuer, avec ou sans
+modification. Un tel plan doit offrir les quatre libertés, évoquées plus
+haut, qui définissent le logiciel libre.</p>
+
+<p>On peut alors qualifier un matériel pour lequel un plan libre est disponible
+de « matériel libre », mais l'expression « matériel dont le plan est libre »
+est plus claire puisqu'elle évite tout malentendu.</p>
+
+<p>Lorsque les gens découvrent le concept de logiciel libre pour la première
+fois, ils l'assimilent souvent à « possibilité d'en obtenir gratuitement un
+exemplaire ». Il est vrai que beaucoup de programmes libres sont disponibles
+à prix nul, puisque cela ne vous coûte rien de télécharger votre propre
+copie, mais ce n'est pas le sens de <cite>free</cite> dans <cite>free
+software</cite> (de fait, certains programmes espions tels que <a
+href="/philosophy/proprietary/proprietary-surveillance.html">Flash Player ou
+Angry Birds</a> sont gratuits, bien qu'ils ne soient pas libres). Accoler le
+mot « libre » à <cite>free</cite> aide à clarifier ce point.</p>
+
+<p>Pour le matériel, cette confusion tend à aller dans l'autre direction ; les
+composants matériels ont un coût de production, donc ceux qui sont produits
+dans un but commercial ne peuvent être gratuits (à moins qu'il ne s'agisse
+de produits d'appel ou de vente liée), mais cela n'empêche pas leurs plans
+d'être libres. Les objets que vous réalisez avec votre imprimante 3D peuvent
+être très bon marché à fabriquer, mais ils ne seront pas totalement gratuits
+car en général le matériau brut a un coût. D'un point de vue éthique,
+l'enjeu de la liberté prime absolument sur l'enjeu du prix, car un appareil
+qui refuse la liberté à ses utilisateurs vaut moins que rien.</p>
+
+<p>On peut utiliser le terme « matériel libre » <cite>[libre hardware]</cite>
+comme équivalent concis de « matériel fabriqué à partir de plans libres ».</p>
+
+<p>Les expressions « matériel ouvert » et « matériel open source » sont
+utilisées par certains avec la même signification concrète que « matériel
+dont le plan est libre », mais elles minimisent la problématique de la
+liberté. Elles sont dérivées de l'expression « logiciel open source », qui
+correspond plus ou moins au logiciel libre, mais <a
+href="/philosophy/open-source-misses-the-point.html">passe sous silence la
+liberté et ne présente pas la problématique en termes d'opposition
+bien-mal</a>. Pour souligner l'importance de la liberté, nous ne manquons
+pas d'y faire référence chaque fois que cela est pertinent ; puisqu'« open »
+ne permet pas cette distinction, ne le substituons pas à « libre ».</p>
+
+<h3 id="hw-and-sw">Matériel et logiciel</h3>
+
+<p>Le matériel et le logiciel sont fondamentalement différents. Un programme,
+même sous sa forme compilée exécutable, est une collection de données qui
+peut être interprétée comme instructions par un ordinateur. Comme toute
+autre création numérique, on peut le copier et le modifier en se servant
+d'un ordinateur. Un exemplaire de programme n'a pas de forme physique ni
+matérielle intrinsèque.</p>
+
+<p>Au contraire, le matériel est une structure physique et sa nature physique
+est cruciale. Alors que le plan du matériel peut être représenté par des
+données, même par un programme dans certains cas, le plan n'est pas le
+matériel. Le plan d'un CPU ne peut pas exécuter un programme. Vous n'irez
+pas très loin en essayant de taper sur le plan d'un clavier ni en affichant
+des pixels sur le plan d'un écran.</p>
+
+<p>De plus, alors que vous pouvez vous servir d'un ordinateur pour modifier ou
+copier le plan d'un composant matériel, un ordinateur ne peut pas convertir
+ce plan dans la structure physique qu'il décrit. Cela demande un équipement
+de fabrication.</p>
+
+<h3 id="boundary">La frontière entre matériel et logiciel</h3>
+
+<p>Où se situe la frontière, dans un appareil numérique, entre matériel et
+logiciel ? Nous pouvons la déterminer en appliquant les définitions
+suivantes : le logiciel est la partie opérante d'un appareil qui peut être
+copiée et modifiée dans un ordinateur ; le matériel est la partie opérante
+qui ne peut pas l'être. C'est le meilleur moyen de faire la distinction, car
+cela renvoie à des conséquences pratiques.</p>
+
+<p>Entre le matériel et le logiciel, il existe une zone grise occupée par les
+micrologiciels <cite>[firmware]</cite> qui <em>peuvent</em> être mis à jour
+ou remplacés, mais ne sont pas conçus pour être mis à jour ou remplacés une
+fois le produit vendu. En termes conceptuels, la zone grise est plutôt
+mince. En pratique, ceci est important, car de nombreux produits sont
+concernés. Nous pouvons donc presque considérer ces micrologiciels comme du
+matériel.</p>
+
+<p>Certaines personnes ont prétendu que préinstaller des micrologiciels et des
+circuits logiques programmables de type « <abbr title="Field-Programmable
+Gate Array">FPGA</abbr> » (réseau de portes programmables <cite>in
+situ</cite>) « effacerait la frontière entre matériel et logiciel », mais je
+pense qu'il s'agit là d'une mauvaise interprétation des faits. Un
+micrologiciel installé lors de l'utilisation est un logiciel ordinaire ; un
+micrologiciel intégré à un appareil et non modifiable est un logiciel par
+nature, mais nous pouvons le traiter comme si c'était un circuit. Dans le
+cas des FPGA, le circuit FPGA lui-même est du matériel, mais le schéma
+logique de portes chargé dans ce circuit FPGA est une sorte de
+micrologiciel.</p>
+
+<p>Faire fonctionner des schémas de portes libres sur des FPGA pourrait être
+une méthode utile pour créer des appareils numériques libres au niveau des
+circuits. Toutefois, pour rendre ces FPGA utilisables dans le monde du
+libre, nous avons besoin d'outils de développement libres
+adaptés. L'obstacle à cela est que le format du fichier de schéma logique de
+portes chargé dans le FPGA est secret. Pendant de nombreuses années, il
+n'existait aucun modèle de FPGA pour lequel ces fichiers pouvaient être
+générés sans outil non libre (privateur).</p>
+
+<p>Depuis 2015, des outils libres sont disponibles pour <a
+href="http://www.clifford.at/icestorm/">programmer le Lattice iCE40</a> (un
+modèle courant de FPGA) en introduisant les données en langage de
+description de matériel (<abbr title="Hardware Description
+Language">HDL</abbr>). Il est également possible de compiler des programmes
+écrits en C et de les exécuter sur le circuit FPGA Xilinx Spartan 6 LX9 à
+l'aide d'<a href="https://github.com/Wolfgang-Spraul/fpgatools">outils
+libres</a>, qui cependant ne gèrent pas encore l'introduction de données en
+HDL. Nous vous recommandons de rejeter les autres modèles de FPGA jusqu'à ce
+qu'ils soient eux aussi pris en charge par des outils libres.</p>
+
+<p>Quant au code HDL lui-même, il peut agir en tant que logiciel (lorsqu'il
+s'exécute dans un émulateur ou après chargement dans un FPGA) ou en tant que
+schéma de composant matériel (lorsqu'il est mis en œuvre dans des
+semiconducteurs inamovibles ou dans un circuit imprimé).</p>
+
+<h3 id="ethical-3d-printers">La question éthique posée par les imprimantes 3D</h3>
+
+<p>Sur le plan éthique, <a
+href="/philosophy/free-software-even-more-important.html">le logiciel doit
+être libre</a>, car un programme non libre est source d'injustice. Faut-il
+avoir la même optique en ce qui concerne la conception de matériel ?</p>
+
+<p>Il le faut, sans aucun doute, dans les domaines concernés par
+l'impression 3D (ou plus généralement par toute fabrication
+personnelle). Les modèles servant à imprimer des objets utiles, pratiques
+(c'est-à-dire fonctionnels plutôt que décoratifs) <em>doivent</em> être
+libres parce qu'ils sont réalisés dans un but utilitaire. Les utilisateurs
+doivent en avoir le contrôle, tout comme ils doivent avoir le contrôle des
+logiciels qu'ils utilisent. Diffuser un modèle non libre pour un objet
+fonctionnel est aussi mal que de diffuser un programme non libre.</p>
+
+<p>Soyez attentifs à choisir des imprimantes 3D fonctionnant avec du logiciel
+exclusivement libre ; la Free Software Foundation <a
+href="http://fsf.org/resources/hw/endorsement">homologue de telles
+imprimantes</a>. Certaines imprimantes 3D sont conçues à partir de plans
+libres mais la <a
+href="http://www.cnet.com/news/pulling-back-from-open-source-hardware-makerbot-angers-some-adherents/">Makerbot
+est de conception non libre</a>.</p>
+
+<h3 id="reject-nonfree">Devons-nous refuser le matériel numérique non libre ?</h3>
+
+<p>La conception non libre d'un matériel numérique <a href="#fn1">(*)</a>
+engendre-t-elle une injustice ? Devons-nous, au nom de nos libertés, rejeter
+tous les matériels numériques créés à partir de plans non libres, tout comme
+nous devons rejeter le logiciel non libre ?</p>
+
+<p>Étant donné qu'il y a un parallèle conceptuel entre les plans du matériel et
+le code source du logiciel, beaucoup de bidouilleurs de matériel
+informatique sont prompts à condamner les plans non libres au même titre que
+le logiciel non libre. Je ne suis pas d'accord, car la situation est
+différente pour le matériel et le logiciel.</p>
+
+<p>De nos jours, les technologies de fabrication des puces et des circuits ont
+beaucoup de similitudes avec la presse à imprimer : elles se prêtent
+parfaitement à une production de masse dans une usine. Cela ressemble plus à
+la façon dont on copiait des livres en 1950 qu'à la façon dont on copie du
+logiciel aujourd'hui.</p>
+
+<p>La liberté de copier et de modifier le logiciel est un impératif éthique,
+car ces activités sont à la portée de ceux qui utilisent le logiciel :
+l'équipement qui vous permet d'utiliser le logiciel (un ordinateur) est
+suffisant pour le recopier et le modifier. Les ordinateurs mobiles
+d'aujourd'hui sont trop peu puissants pour être adaptés à cet usage, mais
+n'importe qui peut se procurer un ordinateur assez puissant.</p>
+
+<p>De plus, même si vous-même n'êtes pas programmeur, il vous suffit d'un
+ordinateur pour télécharger et exécuter la version modifiée par une personne
+capable d'effectuer cette modification. Et de fait les non-programmeurs
+téléchargent des logiciels et en font tourner tous les jours. C'est pourquoi
+le logiciel libre change véritablement les choses pour eux.</p>
+
+<p>Dans quelle mesure cela est-il transposable au matériel ? Ceux qui utilisent
+du matériel numérique ne savent pas toujours modifier le schéma d'un circuit
+ou d'une puce, mais tous ceux qui possèdent un ordinateur ont l'équipement
+nécessaire pour le faire. Jusque-là, le matériel et le logiciel sont
+similaires, mais ensuite vient la grande différence.</p>
+
+<p>Vous ne pouvez pas compiler et exécuter les plans d'un circuit ou d'une puce
+sur votre ordinateur. Construire un circuit complexe représente beaucoup de
+travail méticuleux et cela suppose que vous disposiez de la carte. Fabriquer
+une puce n'est pas faisable par une personne isolée aujourd'hui ; seule la
+production de masse permet de réduire suffisamment les coûts. Avec la
+technologie actuelle, les utilisateurs ne peuvent pas télécharger et faire
+tourner le plan d'un composant numérique modifié par Amélie la bricoleuse,
+alors qu'ils peuvent le faire avec un logiciel modifié par Amélie la
+programmeuse. Ainsi, les quatre libertés ne donnent pas aux utilisateurs le
+même contrôle collectif sur un plan de matériel que sur un logiciel. C'est à
+partir de là que le raisonnement démontrant que tout logiciel doit être
+libre cesse de s'appliquer aux technologies actuelles de fabrication du
+matériel.</p>
+
+<p>En 1983, il n'y avait pas de système d'exploitation libre, mais il était
+clair que si nous en disposions, nous pourrions l'utiliser immédiatement et
+accéder à la liberté du logiciel. Tout ce qui manquait était le code d'un
+système de ce type.</p>
+
+<p>En 2014, même si nous avions des plans libres pour un processeur de PC, les
+puces produites en série à partir de ces plans ne nous donneraient pas la
+même liberté dans le domaine du matériel. Si nous achetons un produit
+fabriqué en série dans une usine, cette dépendance envers l'usine cause la
+plupart des problèmes rencontrés avec les plans non libres. Pour que des
+plans libres nous donnent la liberté du matériel, nous avons besoin de
+technologies de fabrication nouvelles.</p>
+
+<p>Nous pouvons envisager un avenir dans lequel nos « fabricateurs » personnels
+pourront fabriquer des puces et nos robots pourront les assembler et les
+souder avec les transformateurs, interrupteurs, touches, écrans,
+ventilateurs, etc. Dans ce monde futur, nous fabriquerons tous nos propres
+ordinateurs (ainsi que nos fabricateurs et nos robots) et nous serons en
+mesure d'utiliser à notre avantage les plans modifiés par ceux qui
+maîtrisent la conception du matériel. Les arguments pour rejeter le logiciel
+non libre s'appliqueront alors aussi aux plans du matériel.</p>
+
+<p>Ce monde futur se situe à plusieurs années de distance, au moins. En
+attendant, il n'est pas nécessaire de rejeter par principe le matériel dont
+les plans ne sont pas libres.</p>
+
+<hr />
+
+<p id="fn1">* Ici, « matériel numérique » recouvre également le matériel utilisant
+quelques circuits et composants analogiques en plus des circuits et
+composants numériques.</p>
+
+<h3 id="free-designs">Nous avons besoin de plans libres pour le matériel numérique</h3>
+
+<p>Bien que dans la situation actuelle nous n'ayons pas besoin de rejeter le
+matériel numérique issu de plans non libres, nous avons besoin de développer
+des plans libres et nous devons les utiliser quand c'est faisable. Ils
+procurent des avantages aujourd'hui, et à l'avenir ils pourraient être la
+seule façon d'utiliser du logiciel libre.</p>
+
+<p>La disponibilité de plans libres pour le matériel offre des avantages
+pratiques. De nombreuses entreprises peuvent fabriquer le même, ce qui
+réduit la dépendance à un fournisseur unique. Des groupes peuvent
+s'organiser pour les fabriquer en grande quantité. Lorsqu'on possède les
+schémas ou le code HDL des circuits, on peut étudier les plans des
+composants pour y déceler d'éventuelles erreurs ou fonctionnalités
+malveillantes (il est connu que la NSA a introduit des faiblesses
+intentionnelles dans certains matériels informatiques). En outre, ces plans
+libres pourraient servir de modules élémentaires dans la conception
+d'ordinateurs et autres appareils complexes, dont les spécifications
+seraient publiées et dont moins de composants pourraient être utilisés
+contre nous.</p>
+
+<p>Il nous sera peut-être possible d'utiliser des schémas libres pour certains
+composants de nos ordinateurs et de nos réseaux, ainsi que pour les systèmes
+embarqués, avant de pouvoir nous en servir pour fabriquer des ordinateurs
+complets.</p>
+
+<p>Les plans libres pour le matériel pourraient même devenir essentiels avant
+que nous puissions fabriquer le matériel nous-mêmes, s'ils deviennent la
+seule façon d'éviter le logiciel non libre. Comme le matériel commercial le
+plus courant est de plus en plus conçu pour assujettir les utilisateurs, il
+devient de moins en moins compatible avec le logiciel libre, car ses
+spécifications sont confidentielles et il oblige le code à être certifié par
+quelqu'un d'autre que vous. Les puces des modems de téléphones mobiles et
+même certains accélérateurs graphiques exigent déjà un micrologiciel
+certifié par le fabricant. Tout programme, tournant sur votre ordinateur,
+que quelqu'un d'autre a le droit de modifier mais pas vous, est un
+instrument de pouvoir injuste envers vous ; du matériel qui impose cette
+exigence est du matériel malveillant. En ce qui concerne les puces des
+modems de téléphones mobiles, tous les modèles actuellement disponibles sont
+malveillants.</p>
+
+<p>Un jour, le matériel numérique de conception libre pourrait être l'unique
+plateforme permettant de faire tourner du logiciel libre. Ayons pour but
+d'avoir à notre disposition d'ici là les plans numériques libres requis, et
+espérons que nous aurons les moyens de fabriquer le matériel correspondant à
+des coûts suffisamment bas pour tous les utilisateurs.</p>
+
+<p>Si vous concevez du matériel, veuillez s'il vous plaît libérer vos plans. Si
+vous utilisez du matériel, rejoignez notre effort en insistant auprès des
+entreprises, en faisant pression sur elles, pour qu'elles rendent libres les
+plans de leur matériel.</p>
+
+<h3 id="levels-of-design">Niveaux de conception</h3>
+
+<p>Le logiciel a plusieurs niveaux de conception ; par exemple, un paquet peut
+inclure des bibliothèques, des commandes et des scripts. Mais du point de
+vue de la liberté du logiciel, ces niveaux ne présentent pas de différence
+significative parce qu'il est possible de rendre libre chacun d'entre
+eux. La conception des composants d'un programme est de même nature que la
+conception du code qui les combine ; de même, compiler les composants à
+partir de leur code source est de même nature que compiler le programme à
+partir de son code source. Rendre l'ensemble libre nécessite simplement de
+poursuivre le travail jusqu'à ce qu'il soit terminé.</p>
+
+<p>Par conséquent, nous insistons pour que les programmes soient libres à tous
+les niveaux. Pour qu'un programme puisse être considéré comme libre, chaque
+ligne de code qui le compose doit être libre, de sorte qu'on puisse le
+compiler à partir du seul code source libre.</p>
+
+<p>Les objets physiques, en revanche, sont souvent construits à partir de
+composants qui eux-mêmes sont conçus et construits dans différentes sortes
+d'usines. Par exemple, un ordinateur est constitué de puces, mais la
+conception (ou la fabrication) des puces est très différente de la
+conception (ou de la fabrication) de l'ordinateur à partir de ces puces.</p>
+
+<p>Ainsi, nous avons besoin de distinguer des <em>niveaux</em> dans les plans
+d'un produit numérique (et peut-être de certains autres types de
+produits). Le circuit qui connecte les puces est l'un de ces niveaux ; le
+plan de chaque puce en est un autre. Dans un FPGA, l'interconnexion des
+cellules primitives constitue un niveau, tandis que les cellules primitives
+elles-mêmes en sont un autre. Dans un avenir idéal, nous voudrions que le
+plan soit libre à tous les niveaux. Dans les circonstances actuelles, le
+simple fait de rendre libre un niveau est une amélioration significative.</p>
+
+<p>Cependant, si à l'un des niveaux le plan fait appel à des parties libres et
+à des parties non libres – par exemple un circuit HDL « libre » qui
+incorpore des processeurs <cite>softcore</cite> privateurs – nous devons
+conclure que le plan dans son ensemble est non libre à ce niveau. De même
+pour les « assistants » ou les « macros » non libres, s'ils définissent une
+partie des interconnexions des puces ou des parties de puces dont les
+connexions sont programmables. Les parties libres peuvent constituer une
+étape vers notre objectif futur de liberté des plans, mais pour atteindre
+cet objectif il faudra remplacer les parties non libres. Elles ne pourront
+jamais être acceptables dans le monde du libre.</p>
+
+<h3 id="licenses">Licences et copyright adaptés aux plans libres pour le matériel</h3>
+
+<p>Pour rendre libre le plan d'un matériel, il faut le publier sous une licence
+libre. Nous recommandons la licence publique générale GNU, version 3 ou
+ultérieure. Nous avons conçu la version 3 de la GPL en envisageant cet
+usage.</p>
+
+<p>Placer des circuits ou des formes d'objets non décoratifs sous copyleft ne
+va pas aussi loin que l'on pourrait supposer. Le copyright sur ces plans
+s'applique uniquement à la manière dont le plan est dessiné ou écrit. Le
+copyleft étant une façon d'utiliser le droit du copyright, son effet ne se
+fait sentir que dans la mesure où le copyright s'applique.</p>
+
+<p>Par exemple, un circuit, en tant que topologie, ne peut pas faire l'objet
+d'un copyright (et par conséquent ne peut pas être placé sous copyleft). Les
+définitions de circuits écrit en HDL peuvent être placées sous copyright (et
+donc sous copyleft), mais le copyleft ne régit que les détails de
+l'expression du code HDL, pas la topologie du circuit qu'il génère. De même,
+un dessin ou le diagramme d'un circuit peut être placé sous copyright, donc
+sous copyleft, mais cela ne couvre que le dessin ou le diagramme, pas la
+topologie du circuit. N'importe qui peut légalement dessiner le même circuit
+d'une façon apparemment différente, ou écrire une définition différente en
+code HDL qui produise le même circuit.</p>
+
+<p>Étant donné que le copyright ne régit pas les circuits physiques, lorsque
+des gens construiront des exemplaires du circuit, la licence des plans
+n'aura aucune incidence juridique sur ce qu'ils feront avec les appareils
+qu'ils auront construits.</p>
+
+<p>En ce qui concerne les dessins d'objets et les modèles pour imprimantes 3D,
+le copyright ne s'applique pas à un dessin différent de la forme du même
+objet purement fonctionnel. Il ne couvre pas non plus les objets physiques
+utilitaires fabriqués à partir du dessin. Sous le régime du copyright,
+chacun est libre de les fabriquer et de les utiliser (et c'est une liberté
+dont nous avons grand besoin). Aux États-Unis, le copyright ne régit pas les
+aspects fonctionnels de ce que décrit le plan, mais en revanche <a
+href="http://www.copyright.gov/title17/92chap13.html#1301">il couvre les
+aspects décoratifs</a>. Quand un objet a des aspects décoratifs et des
+aspects fonctionnels, on se trouve en situation délicate <a
+href="#fn2">(*)</a>.</p>
+
+<p>Tout ceci est peut-être vrai également dans votre pays, ou non. Avant de
+produire des objets pour un usage commercial ou en grande quantité, vous
+devriez consulter un juriste local. Le copyright n'est pas le seul problème
+qu'il vous soit nécessaire de prendre en compte. Vous pourriez être attaqué
+sur le plan des brevets, très probablement détenus par des entités qui
+n'avaient rien à voir avec l'élaboration des plans que vous utilisez ; et
+d'autres problèmes juridiques peuvent aussi se présenter.</p>
+
+<p>Gardez à l'esprit que le droit du copyright et le droit des brevets sont
+radicalement différents. C'est une erreur de supposer qu'ils aient quoi que
+ce soit en commun. C'est pourquoi le terme « <a
+href="/philosophy/not-ipr.html">propriété intellectuelle</a> » est source de
+pure confusion et doit être totalement rejeté.</p>
+
+<hr />
+
+<p id="fn2">* Un article de Public Knowledge donne des renseignements utiles sur cette
+<a
+href="https://www.publicknowledge.org/assets/uploads/documents/3_Steps_for_Licensing_Your_3D_Printed_Stuff.pdf">complexité</a>
+(pour ce qui est des États-Unis) bien qu'il tombe dans l'erreur commune
+consistant à utiliser l'expression fallacieuse « propriété intellectuelle »
+et le terme de propagande « <a
+href="/philosophy/words-to-avoid.html#Protection">protection</a> ».</p>
+
+<h3 id="promoting">Promotion des plans libres pour le matériel par le biais des dépôts</h3>
+
+<p>Pour favoriser la liberté des plans de matériel, le moyen le plus efficace
+est d'édicter des règles dans les dépôts où ils sont publiés. Les opérateurs
+de ces dépôts doivent mettre la liberté des personnes qui vont utiliser les
+plans au-dessus des préférences des personnes qui les réalisent. Cela
+suppose d'exiger la liberté des plans d'objets utiles comme condition
+préalable à leur publication.</p>
+
+<p>Pour les objets décoratifs, cet argument ne s'applique pas, aussi ne
+devons-nous pas insister pour qu'ils soient libres. Cependant, nous devons
+insister pour qu'ils puissent être partagés. Ainsi, un dépôt qui gère à la
+fois des objets décoratifs et des objets fonctionnels doit avoir une
+politique appropriée en matière de licence pour chaque catégorie.</p>
+
+<p>Pour les plans d'appareils numériques, je suggère que le dépôt préconise
+instamment la GNU GPL v3 ou ultérieure, la licence Apache 2.0 ou la
+CC0. Pour les modèles 3D d'objets fonctionnels, le dépôt doit demander à
+l'auteur du modèle de choisir l'une des quatre licences suivantes : GNU GPL
+v3 ou ultérieure, Apache 2.0, CC BY-SA, CC BY ou CC0. Pour les modèles
+d'objets décoratifs, le choix doit être entre la GNU GPL v3 ou ultérieure,
+la licence Apache 2.0, la CC0 ou n'importe laquelle des licences Creative
+Commons.</p>
+
+<p>Le dépôt doit exiger que tous les plans soient publiés en tant que code
+source, étant entendu que les codes sources en formats secrets utilisables
+uniquement par des logiciels privateurs de conception ne sont pas vraiment
+adéquats. Pour les modèles 3D, le <a
+href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier_de_st%C3%A9r%C3%A9olithographie">format
+STL</a> n'est pas le format préféré pour les modifications et par conséquent
+n'est pas du code source, aussi le dépôt ne doit-il pas l'accepter, sauf
+peut-être s'il accompagne le vrai code source.</p>
+
+<p>Il n'y a aucune raison de choisir un format unique pour le code source des
+plans de matériel, mais les formats sources qui ne peuvent pas être reconnus
+par des logiciels libres doivent être acceptés avec réticence dans le
+meilleur des cas.</p>
+
+<h3 id="warranties">Plans libres pour le matériel et garanties</h3>
+
+<p>En général, les auteurs de plans libres pour du matériel n'ont aucune
+obligation morale d'offrir une garantie à ceux qui mettent en œuvre ces
+plans. Il s'agit d'un problème différent de celui de la vente de matériel
+physique, qui doit être accompagné d'une garantie du vendeur ou du
+fabricant.</p>
+
+<h3 id="conclusion">Conclusion</h3>
+
+<p>Nous avons déjà des licences appropriées pour rendre libres nos plans de
+matériel. Ce dont nous avons besoin est de reconnaître que c'est notre
+devoir en tant que communauté, et d'insister pour que nos plans soient
+libres lorsque nous fabriquons nous-même des objets.</p>
+
+<div class="translators-notes">
+
+<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.-->
+ <hr /><b>Note de traduction</b><ol>
+<li id="TransNote1">En anglais, <cite>free software</cite>. Le mot
+<cite>free</cite> a deux significations : « libre » et « gratuit ». <a
+href="#TransNote1-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
+</ol></div>
+</div>
+
+<!-- for id="content", starts in the include above -->
+<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" -->
+<div id="footer">
+<div class="unprintable">
+
+<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <a
+href="mailto:gnu@gnu.org">&lt;gnu@gnu.org&gt;</a>. Il existe aussi <a
+href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens
+orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à <a
+href="mailto:webmasters@gnu.org">&lt;webmasters@gnu.org&gt;</a>.</p>
+
+<p>
+<!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph,
+ replace it with the translation of these two:
+
+ We work hard and do our best to provide accurate, good quality
+ translations. However, we are not exempt from imperfection.
+ Please send your comments and general suggestions in this regard
+ to <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
+
+ &lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
+
+ <p>For information on coordinating and submitting translations of
+ our web pages, see <a
+ href="/server/standards/README.translations.html">Translations
+ README</a>. -->
+Nous faisons le maximum pour proposer des traductions fidèles et de bonne
+qualité, mais nous ne sommes pas parfaits. Merci d'adresser vos commentaires
+sur cette page, ainsi que vos suggestions d'ordre général sur les
+traductions, à <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
+&lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
+<p>Pour tout renseignement sur la coordination et la soumission des
+traductions de nos pages web, reportez-vous au <a
+href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>.</p>
+</div>
+
+<!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to
+ files generated as part of manuals) on the GNU web server should
+ be under CC BY-ND 4.0. Please do NOT change or remove this
+ without talking with the webmasters or licensing team first.
+ Please make sure the copyright date is consistent with the
+ document. For web pages, it is ok to list just the latest year the
+ document was modified, or published.
+
+ If you wish to list earlier years, that is ok too.
+ Either "2001, 2002, 2003" or "2001-2003" are ok for specifying
+ years, as long as each year in the range is in fact a copyrightable
+ year, i.e., a year in which the document was published (including
+ being publicly visible on the web or in a revision control system).
+
+ There is more detail about copyright years in the GNU Maintainers
+ Information document, www.gnu.org/prep/maintain. -->
+<p>Copyright &copy; 2015, 2016, 2018, 2019 Richard Stallman</p>
+
+<p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a
+rel="license"
+href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative
+Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale (CC BY-ND
+4.0)</a>.</p>
+
+<!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" -->
+<div class="translators-credits">
+
+<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.-->
+Traduction : Sébastien Poher et Framalang (aziliz, goofy, Omegax, Piup, r0u,
+sebastienc, Thérèse)<br />Révision : <a
+href="mailto:trad-gnu&#64;april.org">trad-gnu&#64;april.org</a></div>
+
+<p class="unprintable"><!-- timestamp start -->
+Dernière mise à jour :
+
+$Date: 2019/12/30 12:08:30 $
+
+<!-- timestamp end -->
+</p>
+</div>
+</div>
+<!-- for class="inner", starts in the banner include -->
+</body>
+</html>