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+
+<!-- This file is automatically generated by GNUnited Nations! -->
+<title>Une société numérique libre - Qu'est-ce qui rend une société numérique bonne
+ou mauvaise ? - Projet GNU - Free Software Foundation</title>
+
+<!--#include virtual="/philosophy/po/free-digital-society.translist" -->
+<!--#include virtual="/server/banner.fr.html" -->
+<h2>Une société numérique libre - Qu'est-ce qui rend une société numérique bonne
+ou mauvaise ?</h2>
+
+<address class="byline">par Richard Stallman</address>
+
+<p><em>Transcription d'une conférence donnée à Sciences PO Paris le 19 octobre
+2011</em>  (<a
+href="http://audio-video.gnu.org/video/stallman-sciencespo-freesociety.webm">video</a>)</p>
+<hr class="thin" />
+
+<div class="summary" style="margin-top: 1em">
+<h3 class="no-display"><a id="TOC">Table des matières</a></h3>
+<ul>
+ <li><a href="#intro">Introduction</a></li>
+ <li><a href="#surveillance">La surveillance</a></li>
+ <li><a href="#censorship">La censure</a></li>
+ <li><a href="#formats">Les formats de données qui imposent des restrictions</a></li>
+ <li><a href="#proprietary">Le logiciel qui n'est pas libre</a></li>
+ <li><a href="#four-freedoms">Les quatre libertés du logiciel libre</a></li>
+ <li><a href="#gnu">Le projet GNU et le mouvement du logiciel libre</a></li>
+ <li><a href="#education">Le logiciel libre dans l'enseignement</a></li>
+ <li><a href="#services">Les services sur Internet</a></li>
+ <li><a href="#voting">Le vote par ordinateur</a></li>
+ <li><a href="#sharing">La guerre contre le partage</a></li>
+ <li><a href="#arts">Comment soutenir les arts</a></li>
+ <li><a href="#rights">Nos droits dans le cyberespace</a></li>
+</ul>
+<hr class="no-display" />
+</div>
+
+<h3 id="intro"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Introduction</h3>
+
+<p>Les projets ayant pour objectif l'inclusion numérique font une hypothèse
+majeure. Ils supposent que participer à la société numérique est bon ; mais
+ce n'est pas nécessairement vrai. Vivre dans une société numérique peut être
+bon ou mauvais selon que celle-ci est juste ou injuste. Les technologies
+numériques peuvent attaquer notre liberté de nombreuses manières. Elles
+peuvent faire empirer les choses, et c'est ce qui arrivera à moins que nous
+ne nous battions pour l'empêcher.</p>
+
+<p>Par conséquent, si notre société numérique est injuste, nous devons arrêter
+ces projets d'inclusion numérique et lancer des projets d'extraction
+numérique. Il nous faut extraire les gens de la société numérique si elle ne
+respecte pas leur liberté, ou bien l'obliger à respecter cette liberté.</p>
+
+<h3 id="surveillance"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> La surveillance</h3>
+
+<p>De quelles menaces s'agit-il ? D'abord, la surveillance. Les ordinateurs
+sont le rêve de Staline : ce sont des outils de surveillance idéaux, car
+quoi que nous fassions avec leur aide, ils peuvent l'enregistrer. Ils
+peuvent enregistrer l'information dans une base de données centrale, sous
+une forme parfaitement indexée et adaptée aux recherches, idéale pour tout
+tyran voulant écraser l'opposition.</p>
+
+<p>Quelquefois, la surveillance est le fait de nos propres ordinateurs. Par
+exemple, si vous avez un ordinateur qui fonctionne sous Microsoft Windows,
+ce système fait de la surveillance. Il y a dans Windows des fonctionnalités
+qui envoient des données à un serveur particulier, des données sur
+l'utilisation de l'ordinateur. Il y a quelques mois, on a découvert une
+fonctionnalité de surveillance dans l'iPhone et les gens ont commencé à
+appeler ce dernier <cite>spy-phone</cite><a id="TransNote1-rev"
+href="#TransNote1"><sup>1</sup></a>. Le lecteur Flash a également une
+fonctionnalité de surveillance, de même que le <cite>Swindle</cite>
+d'Amazon. Ils l'appellent le Kindle, mais je l'appelle le <a
+href="/philosophy/why-call-it-the-swindle.html"><cite>Swindle</cite></a>
+(l'escroc)<a id="TransNote2-rev" href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> parce
+qu'il est destiné à escroquer la liberté des utilisateurs. Il oblige les
+gens à s'identifier lorsqu'ils achètent un livre, ce qui signifie qu'Amazon
+a une liste gigantesque de tous les livres lus par chaque utilisateur. Une
+telle liste n'a sa place nulle part.</p>
+
+<p>La plupart des téléphones portables transmettent leur position, calculée par
+GPS, sur commande à distance. L'opérateur téléphonique accumule une liste
+gigantesque d'endroits où l'utilisateur s'est trouvé. Un député allemand du
+parti Vert [erratum : Malte Spitz est membre du bureau exécutif du parti
+Vert, mais n'est pas un élu] a demandé à son opérateur de lui communiquer
+les données qu'il possédait sur les endroits où il avait été. Il a fallu
+qu'il attaque en justice, qu'il aille au tribunal pour obtenir cette
+information. Et quand il l'a obtenue, il a reçu une liste de quarante-quatre
+mille points de localisation sur une période de six mois ! Plus de deux
+cents par jour ! Cela veut dire qu'un simple regard sur ces données pourrait
+donner une idée très précise de ses activités.</p>
+
+<p>Nous pouvons empêcher nos propres ordinateurs de nous surveiller si c'est
+<em>nous</em> qui avons le contrôle des logiciels qu'ils exécutent. Mais les
+logiciels dont se servent ces personnes, elles n'en ont pas le contrôle. Ce
+sont des logiciels non libres, c'est pourquoi ils ont des fonctionnalités
+malveillantes comme la surveillance. Cependant, la surveillance n'est pas
+toujours le fait de nos ordinateurs personnels, elle est également effectuée
+à distance. En Europe par exemple, les <abbr title="fournisseur d'accès à
+Internet">FAI</abbr> et les fournisseurs de services ont l'obligation de
+garder les données de communication de leurs utilisateurs pendant longtemps
+au cas où, plus tard, l'État déciderait d'enquêter sur telle personne, pour
+telle ou telle raison imaginable.</p>
+
+<p>Avec un téléphone portable&hellip; même si vous pouvez empêcher le téléphone
+de transmettre votre localisation GPS, le système peut la déterminer
+approximativement en comparant le temps que met le signal à atteindre
+différents relais. Ainsi le système peut faire de la surveillance, même sans
+coopération particulière du téléphone lui-même.</p>
+
+<p>De même les vélos que les gens louent dans Paris. Naturellement, le système
+sait où vous prenez le vélo et il sait où vous le rendez. Et j'ai entendu
+dire qu'il garde également la trace des déplacements. Ainsi on ne peut pas
+faire vraiment confiance à ces vélos.</p>
+
+<p>Mais il y a aussi des systèmes qui n'ont rien à voir avec nous et qui ont
+pour seul objet de nous suivre à la trace. Par exemple, tout le trafic
+routier britannique est surveillé. Les déplacements de chaque véhicule sont
+enregistrés en temps réel et peuvent être suivis en temps réel par les
+services de l'État, ceci grâce à des caméras placées sur le côté de la
+route.</p>
+
+<p>La seule manière d'éviter la surveillance effectuée à distance ou par des
+systèmes indépendants de nous est une action politique contre l'augmentation
+des pouvoirs de l'État lui permettant de localiser et de suivre chaque
+personne. Cela veut dire, naturellement, que nous devons rejeter les
+prétextes invoqués, quels qu'ils soient. Aucun prétexte ne justifie la mise
+en place de tels systèmes pour surveiller chacun.</p>
+
+<p>Dans une société libre, votre anonymat n'est pas garanti quand vous sortez
+en public. Il est possible que quelqu'un vous reconnaisse et s'en
+souvienne. Et plus tard, cette personne pourrait dire qu'elle vous a vu à un
+certain endroit. Mais cette information est diffuse. Elle n'est pas
+organisée de manière à faciliter le pistage de tous les gens et les enquêtes
+sur ce qu'ils ont fait. La collecte de ces renseignements demande beaucoup
+de travail, aussi n'est-elle faite que dans des cas spéciaux, si c'est
+vraiment nécessaire.</p>
+
+<p>La surveillance informatisée, en revanche, rend possible la centralisation
+et l'indexation de toute l'information, de sorte qu'un régime injuste peut
+la retrouver en totalité et découvrir tout ce qui concerne chacun. Si un
+dictateur prend le pouvoir, ce qui pourrait arriver n'importe où, les gens
+s'en rendent compte et réalisent qu'ils ne doivent pas communiquer avec
+d'autres dissidents par des moyens que l'État puisse repérer. Mais si le
+dictateur possède plusieurs années d'archives à propos de qui parle à qui,
+il est alors trop tard pour prendre des précautions. Parce qu'il a déjà tout
+ce dont il a besoin pour comprendre : « OK, ce mec est un dissident et il
+lui a parlé. Peut-être que c'est un dissident également. Il faut peut-être
+qu'on l'attrape et qu'on le torture. »</p>
+
+<p>Donc nous devons faire campagne pour mettre fin à la surveillance numérique
+<em>maintenant</em>. On ne peut pas attendre d'être en dictature et que ce
+soit vraiment important. De plus, il n'est pas nécessaire d'être vraiment en
+dictature pour que les droits de l'homme subissent un début d'attaque.</p>
+
+<p>Je ne qualifierais pas le gouvernement britannique de dictature. Mais il
+n'est pas très démocratique et l'un des moyens dont il se sert pour écraser
+la démocratie est la surveillance. Il y a quelques années, des gens que l'on
+supposait en route vers une manifestation – ils allaient manifester – ont
+été arrêtés avant d'y arriver parce que leur voiture a été suivie à la trace
+par le système universel de surveillance routière.</p>
+
+<h3 id="censorship"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> La censure</h3>
+
+<p>La deuxième menace est la censure. La censure n'est pas nouvelle, elle
+existait bien avant les ordinateurs. Mais il y a quinze ans, nous pensions
+qu'Internet nous protégerait de la censure, qu'il vaincrait la censure. Puis
+la Chine et quelques autres États manifestement tyranniques se sont donnés
+beaucoup de mal pour imposer la censure d'Internet et nous avons dit :
+« Bon, ce n'est pas étonnant, que pouvons-nous attendre d'autre de pareils
+gouvernements ? »</p>
+
+<p>Mais aujourd'hui, nous voyons la censure apparaître dans des pays qui
+normalement ne sont pas considérés comme des dictatures, par exemple le
+Royaume-Uni, la France, l'Espagne, l'Italie, le Danemark&hellip;</p>
+
+<p>Ils possèdent tous des dispositifs pour bloquer l'accès à certains sites
+web. Le Danemark a établi un système qui bloque l'accès à une longue liste
+de pages web, qui à l'origine était secrète. Les citoyens n'étaient pas
+censés savoir comment le gouvernement les censurait, mais la liste a fuité
+et a été postée sur WikiLeaks. Alors le Danemark a ajouté la page de
+WikiLeaks à sa liste de page censurées. Ainsi le monde entier peut découvrir
+comment les Danois sont censurés, mais les Danois se sont pas censés le
+savoir.</p>
+
+<p>Il y a quelques mois, la Turquie, qui prétend respecter certains droits de
+l'homme, a annoncé que chaque utilisateur d'Internet aurait à choisir entre
+de la censure et plus de censure. Quatre niveaux de censure, voilà leur
+choix ! Mais la liberté ne fait pas partie des options.</p>
+
+<p>L'Australie a voulu imposer le filtrage d'Internet, mais il a été
+repoussé. Cependant elle a un autre genre de censure, celle des
+liens. C'est-à-dire que si un site web australien met en lien un site
+censuré situé hors d'Australie, celui qui est en Australie peut être
+puni. <cite>Electronic Frontiers Australia</cite>, une organisation qui
+défend les droits de l'homme dans le domaine numérique, mit en lien un site
+politique étranger. Elle a été condamnée à le retirer sous peine d'une
+amende de 11 000 $ par jour. Donc ils l'ont retiré, que pouvaient-ils faire
+d'autre ? C'est un système de censure très dur.</p>
+
+<p>En Espagne, la censure qui a été adoptée au début de cette année permet à
+l'administration de fermer arbitrairement un site Internet en Espagne, ou
+d'imposer un filtrage pour bloquer l'accès à un site situé en dehors
+d'Espagne. Et ils peuvent le faire sans aucune sorte de procès. C'était une
+des motivations des <cite>Indignados</cite> qui ont manifesté dans la rue.</p>
+
+<p>Il y a eu des manifestations également dans les rues de Turquie après
+l'annonce de la censure, mais le gouvernement a refusé de changer sa
+politique.</p>
+
+<p>Nous devons nous rendre compte qu'un pays qui impose la censure d'Internet
+n'est pas un pays libre. Et ce n'est pas non plus un gouvernement légitime.</p>
+
+<h3 id="formats"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Les formats de données qui
+imposent des restrictions</h3>
+
+<p>La menace suivante envers nos libertés vient des formats de données qui
+imposent des restrictions aux utilisateurs.</p>
+
+<p>Parfois c'est parce que le format est secret. Il y a beaucoup d'applications
+qui enregistrent les données de l'utilisateur dans un format secret, destiné
+l'empêcher de récupérer ces données pour s'en servir dans un autre
+programme. Le but est d'empêcher l'interopérabilité.</p>
+
+<p>Évidemment, si le programme met en œuvre un format secret, c'est parce que
+ce n'est pas un logiciel libre. Voilà donc un autre type de fonctionnalité
+malveillante. La surveillance est l'une de ces fonctionnalités malveillantes
+qu'on trouve dans certains programmes non libres ; l'utilisation de formats
+secrets pour imposer des restrictions aux utilisateurs en est une autre,
+qu'on trouve également dans certains programmes non libres.</p>
+
+<p>S'il existe un programme libre qui manipule un certain format, <em>ipso
+facto</em> ce format n'est pas secret. Ce type de fonctionnalité
+malveillante ne peut donc exister que dans un programme non libre. Les
+fonctionnalités de surveillance, eh bien, il pourrait théoriquement y en
+avoir dans un programme libre, mais on constate que cela n'arrive pas. Parce
+que, vous voyez, les utilisateurs apporteraient des correctifs. Les
+utilisateurs n'apprécieraient pas, donc ils corrigeraient le programme.</p>
+
+<p>De toute façon, il existe également des formats secrets de données en usage
+dans la publication des œuvres. Il y a des formats secrets de données pour
+l'audio (la musique par exemple), la vidéo, les livres&hellip; Ces formats
+secrets sont connus sous le nom de « gestion numérique des restrictions »,
+<abbr title="Digital Restrictions Management">DRM</abbr> ou « menottes
+numériques »<a id="TransNote3-rev" href="#TransNote3"><sup>3</sup></a>.</p>
+
+<p>Les œuvres sont ainsi publiées dans des formats secrets pour que seuls des
+programmes privateurs<a id="TransNote4-rev"
+href="#TransNote4"><sup>4</sup></a> puissent les lire, afin que ces
+programmes privateurs puissent avoir la fonctionnalité malveillante
+d'imposer des restrictions aux utilisateurs, de les empêcher de faire
+quelque chose qu'il serait naturel de faire.</p>
+
+<p>Et ce système est même utilisé par des organismes publics pour communiquer
+avec les gens. Par exemple, la télévision publique italienne distribue ses
+programmes sur le net dans un format appelé VC-1, censé être un standard ;
+mais c'est un standard secret. Maintenant, je ne peux pas imaginer comment
+un organisme financé publiquement pourrait justifier l'utilisation d'un
+format secret pour communiquer avec le public. Ce devrait être illégal. En
+fait, je pense que toute utilisation de DRM devrait être illégale. Aucune
+entreprise ne devrait être autorisée à faire ça.</p>
+
+<p>Il y a aussi des formats qui ne sont pas secrets, mais pourraient tout aussi
+bien l'être ; par exemple Flash. Flash n'est pas vraiment secret, mais Adobe
+n'arrête pas de faire de nouvelles versions, qui sont différentes, trop vite
+pour que quiconque arrive à suivre le mouvement en produisant des logiciels
+libres capables de lire ces fichiers ; cela revient presque à rendre le
+format secret.</p>
+
+<p>Puis il y a les formats brevetés, comme MP3<a href="#f1"><sup>1</sup></a>
+pour l'audio. C'est mal de distribuer l'audio au format MP3 ! Il y a des
+logiciels libres qui manipulent le format MP3, qui le lisent et qui le
+produisent, mais comme il est breveté dans de nombreux pays, beaucoup de
+distributeurs de logiciels libres n'osent pas inclure ces logiciels ; s'ils
+distribuent le système GNU+Linux, leur système n'a pas de lecteur MP3. En
+fin de compte, distribuer de la musique en MP3 revient à faire pression sur
+les gens pour qu'ils n'utilisent pas GNU/Linux. C'est sûr, si vous êtes
+expert, vous pouvez trouver un logiciel libre et l'installer, mais il y a
+beaucoup de non-experts. Ils pourraient constater qu'ils ont installé une
+version de GNU/Linux qui n'a pas ce logiciel et qu'elle ne lit pas les
+fichiers MP3, et penser que c'est la faute du système. Ils ne se rendent pas
+compte que c'est la faute de MP3. Et pourtant, c'est le cas.</p>
+
+<p>Donc, si vous voulez promouvoir la liberté, ne distribuez pas de fichiers
+MP3. C'est pourquoi je dis : si vous enregistrez ma conférence et que vous
+voulez en distribuer des copies, ne le faites pas dans un format breveté
+comme MPEG-2, MPEG-4 ou MP3. Utilisez un format ami du logiciel libre comme
+OGG ou WebM. Et au passage, si vous distribuez des copies de
+l'enregistrement, mettez s'il vous plaît la licence « Creative Commons, pas
+de modification ». C'est un exposé de mes points de vue personnels. Si la
+conférence faisait partie d'un cours, si elle était didactique, elle devrait
+être libre, mais pour les exposés d'opinion c'est différent.</p>
+
+<h3 id="proprietary"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Le logiciel qui n'est pas
+libre</h3>
+
+<p>Cela m'amène à la menace suivante, qui provient des logiciels sur lesquels
+les utilisateurs n'ont pas de contrôle ; en d'autres termes, des logiciels
+qui ne sont pas <cite>free</cite>, qui ne sont pas « libres ». Sur ce point
+particulier, le français est plus clair que l'anglais. Le mot anglais
+<cite>free</cite> veut dire « libre » ou « gratuit ». Mais ce que j'entends
+par <cite>free software</cite>, est « logiciel libre ». Je ne veux pas dire
+« gratuit ». Je ne suis pas en train de parler de prix. Le prix est un
+problème annexe, juste un détail, parce que cela n'a pas d'importance du
+point de vue éthique. Vous savez, si j'ai une copie d'un programme, que je
+vous la vende pour un euro ou pour cent euros, qui s'en préoccupe ? Pourquoi
+faudrait-il que quelqu'un pense que c'est bien ou mal ? Ou bien, supposez
+que je vous la donne « gratuitement »<a id="TransNote5-rev"
+href="#TransNote5"><sup>5</sup></a>&hellip; Encore une fois, qui cela
+intéresse-t-il ? Mais savoir si ce programme respecte votre liberté ou non,
+voilà qui est important !</p>
+
+<p>Le logiciel libre est donc un logiciel qui respecte la liberté des
+utilisateurs. Qu'est-ce que cela veut dire ? En fin de compte il n'y a que
+deux possibilités avec le logiciel : ou bien les utilisateurs contrôlent le
+programme, ou bien le programme contrôle les utilisateurs. Si les
+utilisateurs possèdent certaines libertés essentielles, alors <em>c'est
+eux</em> qui contrôlent le programme et ces libertés sont le critère du
+logiciel libre. Mais si les utilisateurs <em>ne possèdent pas</em>
+pleinement ces libertés essentielles, alors le programme contrôle les
+utilisateurs. Cependant quelqu'un contrôle ce programme et, par son
+intermédiaire, exerce un <em>pouvoir</em> sur les utilisateurs. </p>
+
+<p>Ainsi, un programme non libre est un instrument qui donne à quelqu'un du
+<em>pouvoir</em> sur de nombreuses autres personnes. C'est un pouvoir
+injuste que personne ne doit posséder. C'est pourquoi les logiciels non
+libres, « les logiciels privateurs, qui privent de la liberté »,<a
+id="TransNote6-rev" href="#TransNote6"><sup>6</sup></a> sont une injustice
+et n'ont pas droit à l'existence ; parce qu'ils enlèvent aux utilisateurs
+leur liberté.</p>
+
+<p>Le développeur qui a le contrôle du programme est souvent tenté d'introduire
+des fonctionnalités malveillantes qui vont <em>plus loin</em> dans
+l'exploitation de ces utilisateurs, ou leur font encore plus de tort. Il en
+ressent la tentation parce qu'il sait qu'il peut s'en tirer à bon compte :
+puisque son programme contrôle les utilisateurs et que les utilisateurs ne
+contrôlent pas le programme, les utilisateurs ne peuvent pas corriger une
+éventuelle fonctionnalité malveillante ; ils ne peuvent pas l'éliminer.</p>
+
+<p>Je vous ai déjà parlé de deux types de fonctionnalités malveillantes : les
+fonctionnalités de surveillance, comme on en trouve dans Windows, l'iPhone,
+le lecteur Flash et le Swindle. Et aussi les fonctionnalités destinées à
+imposer des restrictions aux utilisateurs, qui mettent en jeu des formats
+secrets ; on les trouve dans Windows, le Macintosh, l'iPhone, le lecteur
+Flash, le Swindle d'Amazon, la Playstation 3 et bien d'autres programmes.</p>
+
+<p>Un troisième type de fonctionnalité malveillante est la « porte dérobée »
+<cite>[backdoor]</cite>. Cela signifie qu'une partie du programme est à
+l'écoute de commandes distantes et leur obéit, et que ces commandes peuvent
+nuire à l'utilisateur. Nous avons connaissance de portes dérobées dans
+Windows, dans l'iPhone, dans le Swindle d'Amazon. Ce dernier a une porte
+dérobée qui permet d'effacer les livres à distance. Nous l'avons
+effectivement constaté, parce qu'Amazon l'a fait ; en 2009, Amazon a effacé
+à distance des milliers de copies d'un livre particulier. Il s'agissait de
+copies licites que les gens avaient obtenues directement d'Amazon, et ainsi
+Amazon savait exactement où elles étaient ; de cette manière Amazon savait
+exactement où envoyer les commandes pour effacer ces livres. Savez-vous quel
+livre Amazon a effacé ? <em>1984</em>, de George Orwell. [rires] C'est un
+livre que tout le monde devrait lire, parce qu'il traite d'un État
+totalitaire qui faisait des choses comme effacer les livres qu'il n'aimait
+pas. Tout le monde devrait le lire, mais pas sur le Swindle
+d'Amazon. [rires]</p>
+
+<p>En tout cas, des fonctionnalités malveillantes sont présentes dans les
+programmes non libres les plus couramment utilisés, mais elles sont rares
+dans les logiciels libres, parce qu'avec les logiciels libres les
+utilisateurs ont le contrôle : ils peuvent lire le code source et ils
+peuvent le changer. Donc s'il y avait une fonctionnalité malveillante,
+quelqu'un la détecterait un jour ou l'autre et la corrigerait. Cela signifie
+qu'un individu envisageant d'en implanter une n'est pas très tenté de le
+faire, car il sait qu'il peut s'en tirer pendant quelque temps, mais que
+quelqu'un va la détecter, la corriger, et que tout le monde va perdre
+confiance dans l'auteur du méfait. Ce n'est plus aussi tentant quand vous
+savez que vous allez échouer. C'est pourquoi nous constatons que les
+fonctionnalités malveillantes sont rares dans les logiciels libres et
+courantes dans les logiciels privateurs.</p>
+
+<h3 id="four-freedoms"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Les quatre libertés du
+logiciel libre</h3>
+
+<p>Les libertés essentielles sont au nombre de quatre :</p>
+
+<ul>
+ <li>La liberté 0 est la liberté d'exécuter le programme comme vous le souhaitez.</li>
+ <li>La liberté 1 est la liberté d'étudier le code source et de le changer, pour
+que le programme fasse votre travail informatique comme vous le souhaitez.</li>
+ <li>La liberté 2 est la liberté d'aider les autres. C'est la liberté de faire
+des copies exactes et de les redistribuer quand vous le souhaitez.</li>
+ <li>La liberté 3 est la liberté d'apporter votre contribution à votre
+communauté. C'est la liberté de faire des copies de votre version modifiée,
+si vous en avez fait une, et ensuite de les redistribuer à d'autres quand
+vous le souhaitez.</li>
+</ul>
+
+<p>Ces libertés ne seront adéquates que si elles s'appliquent à toutes les
+activités de la vie. Par exemple, si l'on dit « ceci est libre pour les
+usages éducatifs », ce n'est pas libre, parce que c'est trop restreint. Cela
+ne s'applique pas à tous les domaines de la vie. En particulier, si un
+programme est libre, cela veut dire qu'il peut être modifié et distribué
+commercialement, parce que le commerce est un domaine de la vie, une
+activité de la vie, et que cette liberté doit s'appliquer à toutes les
+activités.</p>
+
+<p>Cependant, aucune de ces actions n'est obligatoire. L'important, c'est que
+vous êtes libres de les faire si vous le souhaitez, quand vous le
+souhaitez. Mais en aucun cas vous ne <em>devez</em> les faire. Aucune n'est
+une obligation. Vous n'êtes pas obligé d'exécuter le programme, vous n'êtes
+pas obligé d'étudier le code source ni de le changer. Vous n'êtes pas
+obligé de faire des copies, vous n'êtes pas obligé de distribuer vos
+versions modifiées. L'important, c'est que vous devez être libre de faire
+ces choses <em>si vous le souhaitez</em>.</p>
+
+<p>Une remarque sur la liberté numéro 1, la liberté d'étudier et de changer le
+code source pour que le programme fasse votre travail informatique comme
+vous le souhaitez. Elle implique une chose qui pourrait ne pas sembler
+évidente à première vue. Si le programme fait partie d'un produit et qu'un
+développeur peut vous fournir une mise à jour fonctionnelle, alors vous
+devez avoir la possibilité d'exécuter votre version dans ce produit. Si le
+produit fait tourner uniquement la version du développeur et refuse de faire
+tourner la vôtre, alors l'exécutable de ce produit n'est pas du logiciel
+libre. Même s'il a été compilé à partir du code source, il n'est pas libre
+parce que vous n'avez pas la liberté de faire fonctionner le programme comme
+vous l'entendez. Donc la liberté 1 doit être effective, pas juste
+théorique. Elle doit inclure la liberté d'utiliser <em>votre</em> version,
+pas seulement la liberté de faire du code source qui ne fonctionne pas.</p>
+
+<h3 id="gnu"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Le projet GNU et le mouvement
+du logiciel libre</h3>
+
+<p>J'ai lancé le mouvement du logiciel libre en 1983, quand j'ai annoncé le
+projet de développer un système d'exploitation constitué de logiciel libre,
+dont le nom est GNU. GNU, le nom GNU, est un jeu de mots, car l'esprit
+hacker, pour une part, consiste à s'amuser même quand on fait des choses
+<em>très</em> sérieuses. De fait, je ne peux penser à rien de plus
+sérieusement important que de défendre la liberté.</p>
+
+<p>Mais cela ne voulait pas dire que je ne pouvais pas donner à mon système un
+nom humoristique. Ainsi, GNU est un jeu de mots parce que c'est un acronyme
+récursif qui signifie « GNU N'est pas Unix ». Donc G.N.U. = <cite>GNU's Not
+Unix</cite>. Le G de GNU veut dire GNU.</p>
+
+<p>En fait, c'était une tradition à l'époque. La tradition voulait que, si vous
+vous inspiriez d'un programme existant pour écrire quelque chose de
+semblable, vous pouviez lui donner crédit en donnant comme nom à votre
+programme un acronyme récursif disant que ce n'était pas l'autre
+programme. Ainsi, j'ai donné crédit à Unix pour les idées techniques d'Unix,
+mais au moyen du nom GNU. J'avais en effet décidé de faire de GNU un système
+de la famille Unix, avec les mêmes commandes et les mêmes appels système, de
+sorte qu'il soit compatible et que les utilisateurs d'Unix puissent migrer
+facilement.</p>
+
+<p>Mais la raison du développement de GNU, elle, était originale. Autant que je
+sache, GNU est le seul système d'exploitation qui ait jamais été développé
+avec la liberté pour objectif. Pas pour des motifs techniques, pas pour des
+motifs commerciaux. GNU a été écrit pour <em>votre</em> liberté, parce que
+sans système d'exploitation libre il est impossible d'avoir la liberté en
+utilisant un ordinateur. Et comme il n'y en avait pas et que je voulais que
+les gens aient la liberté, c'était à moi qu'il revenait d'en écrire un.</p>
+
+<p>De nos jours, il y a des millions d'utilisateurs du système d'exploitation
+GNU et la plupart <em>ne savent pas</em> qu'ils utilisent le système
+d'exploitation GNU, parce qu'il y a un usage répandu qui n'est pas
+sympa. Les gens appellent ce système « Linux ». Beaucoup le font, mais
+quelques-uns ne le font pas et j'espère que vous êtes parmi ces derniers. Je
+vous en prie, puisque nous avons ouvert la voie, puisque nous avons écrit le
+plus gros morceau du code, veuillez nous donner mention équivalente,
+veuillez appeler le système « GNU+Linux », ou « GNU/Linux ». Ce n'est pas
+beaucoup demander.</p>
+
+<p>Mais il y a une autre raison à cela. Il se trouve que la personne qui a
+écrit Linux, un des composants du système tel que nous l'utilisons
+aujourd'hui, n'est pas d'accord avec le mouvement du logiciel libre. Par
+conséquent, si vous appelez le système entier « Linux », vous amenez en fait
+les gens à adopter ses idées et à s'éloigner des nôtres. Parce qu'il ne va
+pas leur dire qu'ils méritent la liberté. Il va leur dire qu'il aime les
+logiciels pratiques, fiables et puissants. Il va leur dire que là sont les
+valeurs importantes.</p>
+
+<p>Mais si vous leur dites que le système est GNU+Linux – le système
+d'exploitation GNU plus le noyau Linux – alors ils connaîtront notre
+existence et il se pourrait qu'ils écoutent ce que nous disons. Vous méritez
+la liberté et puisque la liberté disparaîtra si nous ne la défendons pas
+– il y aura toujours un Sarkozy pour nous l'enlever – nous avons besoin
+par-dessus tout d'apprendre aux gens à exiger la liberté, à être prêts à se
+battre pour elle la prochaine fois que quelqu'un menacera de la leur
+enlever.</p>
+
+<p>De nos jours, on peut reconnaître ceux qui ne veulent pas discuter de ces
+idées de liberté parce qu'ils ne disent pas « logiciel libre ». Ils ne
+disent pas « libre », ils disent <cite>open source</cite>. Ce terme a été
+inventé par des gens comme M. Torvalds qui préféreraient que ces questions
+éthiques ne soient pas soulevées. Ainsi, vous avez le moyen de nous aider à
+les soulever en disant « libre ». Vous savez, c'est à vous de prendre
+position, vous êtes libres de dire ce que vous pensez. Si vous êtes d'accord
+avec eux, vous pouvez dire <cite>open source</cite>. Si vous êtes d'accord
+avec nous, montrez-le, dites « libre »<a id="TransNote7-rev"
+href="#TransNote7"><sup>7</sup></a> !</p>
+
+<h3 id="education"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Le logiciel libre dans
+l'enseignement</h3>
+
+<p>S'agissant du logiciel libre, le point le plus important est que les écoles
+<em>doivent</em> utiliser exclusivement des logiciels libres dans leur
+enseignement. Les écoles de tous niveaux, de la maternelle à l'université,
+c'est leur responsabilité morale d'utiliser uniquement des logiciels libres,
+dans leur enseignement comme dans toutes les activités éducatives, y compris
+celles dont on dit qu'elles développent l'alphabétisation
+numérique. Beaucoup de ces activités enseignent Windows, ce qui signifie
+qu'elles enseignent la <em>dépendance</em>. Apprendre aux gens à utiliser un
+logiciel privateur, c'est leur apprendre la dépendance. Les activités
+éducatives ne doivent jamais le faire parce que c'est contraire à leur
+mission. Les activités éducatives ont une mission sociale : éduquer de bons
+citoyens dans une société forte, compétente, solidaire, indépendante et
+libre. Et dans le domaine de l'informatique, cela veut dire : enseigner le
+logiciel libre ; ne jamais enseigner de programme privateur parce que cela
+inculque la dépendance.</p>
+
+<p>Pourquoi pensez-vous que certains développeurs de logiciel privateur offrent
+des copies gratuites aux écoles ? Ils veulent que les écoles rendent les
+enfants dépendants. Et ensuite, quand ils obtiendront leur diplôme, ils
+seront toujours dépendants et, vous savez, l'éditeur ne va pas leur offrir
+de copies gratuites. Puis quelques-uns trouveront du travail dans une
+entreprise. Plus beaucoup, mais quelques-uns. Et ces entreprises ne se
+verront pas offrir de copies gratuites. Oh non ! L'idée sous-jacente, c'est
+que si l'école pousse les élèves sur la pente de la dépendance permanente,
+ils peuvent entraîner le reste de la société avec eux dans la
+dépendance. C'est ça le plan ! C'est exactement comme d'offrir à l'école des
+seringues gratuites pleines de drogues addictives en disant : « Injectez
+ceci à vos élèves, la première dose est gratuite. Une fois qu'on est
+dépendant, il faut payer. » Eh bien, l'école rejetterait les drogues parce
+que c'est mal d'apprendre aux élèves à utiliser des drogues addictives. Elle
+doit de même rejeter les logiciels privateurs. </p>
+
+<p>Quelques-uns disent : « Demandons aux écoles d'enseigner à la fois le
+logiciel privateur et le logiciel libre, pour que les élèves se
+familiarisent avec les deux. » C'est comme de dire « Pour déjeuner, donnons
+aux gamins des épinards et du tabac, pour qu'ils s'accoutument aux deux. »
+Non ! L'école est censée enseigner les bonnes habitudes, pas les mauvaises !
+Donc il ne doit pas y avoir Windows à l'école, pas de Macintosh, rien de
+privateur dans l'enseignement.</p>
+
+<p>C'est également dans l'intérêt de l'enseignement de la programmation. Vous
+voyez, certains élèves ont un don pour la programmation. À l'âge de dix ou
+douze ans, typiquement, ils sont fascinés et s'ils utilisent un programme
+ils veulent savoir : « Comment il fait ça ? » Mais quand ils demandent au
+professeur, si c'est un logiciel privateur le professeur doit répondre :
+« Je suis désolé, c'est un secret, nous n'avons aucun moyen de le
+découvrir. » Ce qui veut dire que l'enseignement est interdit. Un programme
+privateur est l'ennemi de l'esprit d'éducation. C'est de la rétention de
+savoir, et donc cela ne doit pas être toléré à l'école – bien que
+probablement il y ait là beaucoup de gens qui ne s'intéressent pas à la
+programmation, qui ne veulent pas apprendre ce genre de chose. Quoi qu'il en
+soit, comme c'est contraire à l'esprit d'éducation, cela n'a pas sa place à
+l'école. </p>
+
+<p>Mais si le programme est libre, le professeur peut expliquer ce qu'il sait
+et ensuite distribuer des copies du code source en disant : « Lisez-le et
+vous comprendrez tout. » Et ceux qui sont vraiment passionnés, ils vont le
+lire ! Cela leur donne une chance de commencer à apprendre à être de bon
+programmeurs.</p>
+
+<p>Pour apprendre à être un bon programmeur, vous devez vous rendre compte que
+certaines manières d'écrire le code, même si elles ont du sens pour vous et
+qu'elles sont correctes, ne sont pas bonnes parce que les autres auront du
+mal à les comprendre. Le bon code est un code clair, sur lequel les autres
+travailleront facilement quand ils auront besoin de faire des changements
+supplémentaires.</p>
+
+<p>Comment apprend-on à écrire un code bon et clair ? On le fait en lisant
+beaucoup de code et en écrivant beaucoup de code. Et seul le logiciel libre
+donne une chance de lire le code des grands programmes que nous utilisons
+vraiment. Ensuite on doit écrire beaucoup de code, ce qui veut dire qu'on
+doit écrire des modifications dans les grands programmes.</p>
+
+<p>Comment apprend-on à écrire du bon code pour les grands programmes ? On doit
+commencer petit, ce qui ne veut <em>pas</em> dire « petit programme », oh
+non ! Les défis que pose le codage des grands programmes, on n'en voit même
+pas l'amorce dans les petits programmes. Donc la manière de commencer petit
+dans le codage des grands programmes est d'écrire de petites modifications
+dans de grands programmes. Et seul le logiciel libre vous donne une chance
+de le faire !</p>
+
+<p>Donc une école qui veut offrir la possibilité d'apprendre à être un bon
+programmeur doit être une école du logiciel libre.</p>
+
+<p>Mais il y a une raison plus sérieuse encore : c'est dans l'intérêt de
+l'éducation morale, de l'éducation à la citoyenneté. Il n'est pas suffisant
+qu'une école enseigne les faits et les techniques, elle doit enseigner
+l'esprit de bonne volonté, l'habitude d'aider les autres. Par conséquent
+chaque classe devrait avoir cette règle : « Étudiants, si vous apportez un
+logiciel en classe, vous ne devez pas le garder pour vous, vous devez
+partager des copies avec le reste de la classe, y compris le code source au
+cas où quelqu'un ici voudrait apprendre. Parce que la classe est un endroit
+où nous partageons notre savoir. Donc il n'est pas permis d'apporter de
+logiciel privateur en classe. » L'école doit suivre ses propres règles pour
+donner le bon exemple. Donc l'école ne doit fournir en classe que des
+logiciels libres et partager des copies, y compris le code source, avec
+quiconque souhaite en avoir.</p>
+
+<p>Ceux d'entre vous qui sont en relation avec une école, c'est <em>votre</em>
+devoir de faire campagne pour pousser l'école à migrer vers le logiciel
+libre. Et vous devez être fermes. Cela peut prendre des années, mais vous
+pouvez réussir si vous ne renoncez jamais. Cherchez sans arrêt des alliés
+parmi les élèves, les enseignants, le personnel, les parents, n'importe
+qui ! Et présentez toujours le sujet sur le plan éthique. Si quelqu'un
+d'autre veut faire dévier la discussion vers tel ou tel avantage ou
+inconvénient pratique, ce qui montre qu'il laisse de côté la question la
+plus importante, alors vous devez dire : « Le sujet n'est pas comment faire
+le meilleur travail d'enseignement, mais comment donner un enseignement qui
+soit bon plutôt que nocif, comment faire de l'enseignement bien plutôt que
+mal, pas simplement comment le rendre un peu plus ou un peu moins
+efficace. » Donc ne vous laissez pas distraire par ces questions secondaires
+qui vous feraient passer sous silence ce qui compte vraiment !</p>
+
+<h3 id="services"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Les services sur Internet</h3>
+
+<p>Passons à la menace suivante. Les services sur Internet soulèvent deux
+problèmes. Le premier, c'est que le serveur pourrait nuire à vos données et
+le second, qu'il pourrait prendre le contrôle de vos tâches informatiques.</p>
+
+<p>Le premier problème, les gens le connaissent déjà. Ils sont conscients que,
+s'ils envoient des données à un service sur Internet, ils ne savent pas ce
+que ce service va faire de ces données. Il pourrait faire des choses qui
+leur nuisent. Que pourrait-il faire ? Il pourrait perdre les données, il
+pourrait modifier les données, il pourrait refuser de les leur
+rendre. Enfin, il pourrait aussi montrer les données à une autre personne à
+qui ils ne veulent pas les montrer. Quatre possibilités.</p>
+
+<p>Je parle ici des données qu'ils <em>savent</em> avoir confiées à ce
+site. Naturellement, beaucoup de ces services font également de la
+<em>surveillance</em>.</p>
+
+<p>Prenez Facebook, par exemple. Les utilisateurs envoient des tas de données
+sur Facebook et l'un des défauts de ce service est qu'il montre une bonne
+partie de ces données à des tas de gens. Même s'il propose une configuration
+pour dire non, il est possible que ça ne marche pas vraiment. Après tout, si
+vous dites « Certaines autres personnes peuvent voir cette information »,
+l'une d'elles pourrait la publier. Cela dit, ce n'est pas la faute de
+Facebook. Ce service ne peut rien faire pour l'empêcher, mais il devrait
+prévenir les gens. Au lieu de dire « Marquez ceci comme étant destiné
+uniquement à vos soi-disant amis », il devrait dire « Gardez à l'esprit que
+vos soi-disant amis ne sont pas vraiment vos amis et que, s'ils veulent vous
+causer des ennuis, ils peuvent publier ceci. » Il devrait dire ça à chaque
+fois s'il voulait traiter les gens de manière éthique.</p>
+
+<p>Outre les données que les utilisateurs lui donnent volontairement, Facebook
+collecte des données sur les activités des gens sur le net par diverses
+méthodes de surveillance. Mais pour l'instant je parle de données dont les
+gens <em>savent</em> qu'ils les confient à ces sites.</p>
+
+<p>Voyons d'abord la perte de données. Cela peut toujours arriver
+accidentellement ; la possibilité existe toujours, quelles que soient les
+précautions prises. Par conséquent, il est nécessaire de garder plusieurs
+copies des données importantes. Si vous faites ça, même si quelqu'un
+décidait intentionnellement d'effacer vos données, cela ne vous pénaliserait
+pas trop parce que vous en auriez d'autres copies.</p>
+
+<p>Ainsi, tant que vous conservez plusieurs copies vous n'avez pas trop à vous
+inquiéter que quelqu'un perde vos données. Qu'en est-il de leur
+rapatriement ? Eh bien, certains services permettent de récupérer toutes les
+données que vous avez envoyées et d'autres non. Les services de Google
+laissent l'utilisateur récupérer toutes les données qu'il a placées chez
+eux. Pour Facebook, notoirement, ce n'est pas le cas.</p>
+
+<p>Naturellement, dans le cas de Google cela s'applique seulement aux données
+dont l'utilisateur <em>sait</em> que Google les possède. Google fait par
+ailleurs beaucoup de surveillance et ces données-là ne sont pas prises en
+compte. Mais en tout cas, si vous pouvez récupérer les données, alors vous
+pouvez détecter si elles ont été altérées. Et il est peu probable qu'ils
+commencent à altérer les données des gens si les gens peuvent s'en rendre
+compte. Ainsi nous pouvons détecter ce type particulier d'abus.</p>
+
+<p>Mais l'abus qui consiste à montrer vos données à quelqu'un à qui vous ne
+voulez pas les montrer est très courant. Il vous est presque impossible de
+l'éviter, en particulier si c'est une entreprise américaine. Vous voyez, la
+loi américaine appelée <cite>USA Patriot Act</cite>, dénomination des plus
+hypocrites, dit que la police de Big Brother peut collecter à peu près
+toutes les données qu'une entreprise conserve sur les particuliers. Pas
+juste les entreprises mais aussi les autres organisations, comme les
+bibliothèques publiques. La police peut obtenir ces données en quantité,
+sans même passer par un tribunal. Dans un pays fondé sur l'idée de liberté,
+il n'y a rien de moins patriotique. Mais c'est ce qu'ils ont fait. Aussi
+vous ne devez à aucun moment confier vos données à une entreprise
+américaine. Et l'on dit que leurs succursales sont également assujetties à
+cette loi. Ainsi l'entreprise avec laquelle vous traitez directement est
+peut-être en Europe, mais si elle appartient à une société américaine, vous
+êtes confronté au même problème.</p>
+
+<p>Cependant, c'est surtout un souci quand les données que vous envoyez au
+service ne sont pas destinées à la publication. Il y a des services où vous
+publiez des documents. Naturellement, si vous publiez quelque chose, vous
+savez que quelqu'un aura la possibilité de le voir. Aussi ne peuvent-ils
+aucunement vous léser en le montrant à quelqu'un qui n'était pas censé le
+voir. Il n'y a personne qui ne soit pas censé le voir si vous le
+publiez. Par conséquent, le problème n'existe pas dans ce cas.</p>
+
+<p>Voilà donc les quatre sous-catégories de cette menace particulière,
+l'utilisation abusive de nos données. Le principe du projet <cite>Freedom
+Box</cite> est que vous avez votre propre serveur à votre domicile personnel
+et que, si vous voulez faire quelque chose à distance, vous le faites avec
+votre propre serveur. La police a alors besoin d'une ordonnance du tribunal
+pour fouiller votre serveur. Ainsi vous avez les mêmes droits que vous
+auriez traditionnellement dans le monde physique.</p>
+
+<p>Le point essentiel, sur ce sujet comme sur tant d'autres, est celui-ci : le
+remplacement progressif de l'action physique par l'action numérique ne
+devrait nous faire perdre aucun de nos droits ; parce que la tendance
+générale, c'est que nous perdons effectivement des droits.</p>
+
+<p>La loi de Stallman dit essentiellement ceci : à une époque où les
+gouvernements travaillent pour les mégacorporations au lieu de rendre des
+comptes à leurs concitoyens, tout changement technologique peut servir à
+réduire la liberté. Parce que réduire notre liberté est ce que veulent faire
+ces gouvernements. Aussi la question se pose : quand en auront-ils
+l'occasion ? Eh bien, tout changement se produisant pour une autre raison
+est une opportunité et ils vont en tirer parti si ça les arrange.</p>
+
+<p>L'autre problème des services sur Internet est qu'ils peuvent prendre le
+contrôle de votre informatique. Ce n'est généralement pas très connu, mais
+c'est de plus en plus courant. Il y a des services qui se proposent de faire
+des travaux informatiques à votre place avec les données que vous fournissez
+– travaux que vous devriez faire sur votre propre ordinateur, mais ils vous
+invitent à les faire faire par l'ordinateur de quelqu'un d'autre. Le
+résultat, c'est que vous ne les contrôlez plus. C'est exactement comme si
+vous utilisiez un programme non libre.</p>
+
+<p>Deux scénarios différents, mais qui conduisent au même problème. Si vous
+faites vos travaux informatiques avec un programme non libre&hellip; eh
+bien, les utilisateurs ne contrôlent pas un programme non libre, ces
+derniers contrôlent les utilisateurs, y compris vous. Ainsi vous avez perdu
+le contrôle des travaux effectués. Mais si vous les faites sur le serveur de
+quelqu'un&hellip; eh bien, les programmes qui les effectuent sont ceux qu'il
+a choisis. Vous ne pouvez pas les toucher ni les voir, donc vous n'avez
+aucun contrôle sur eux. C'est lui qui en a le contrôle&hellip; peut-être.</p>
+
+<p>Si ce sont des logiciels libres qu'il a installés, alors il en a le
+contrôle. Mais même lui peut ne pas les contrôler. Il fait peut-être tourner
+un logiciel privateur sur son serveur, auquel cas c'est quelqu'un d'autre
+qui a le contrôle des travaux effectués. Il ne les contrôle pas, et vous non
+plus.</p>
+
+<p>Mais supposez qu'il installe un programme libre, alors il a le contrôle des
+travaux effectués sur son serveur, mais vous ne l'avez pas. Donc, dans les
+deux cas, <em>vous ne l'avez pas !</em> Ainsi la seule façon d'avoir le
+contrôle de vos travaux informatiques est de les faire avec <em>votre
+copie</em> d'un programme libre.</p>
+
+<p>La pratique décrite plus haut est appelée <cite>Software as a
+Service</cite>,<a id="TransNote8-rev" href="#TransNote8"><sup>8</sup></a> ou
+SaaS. Elle consiste à travailler avec vos données sur le serveur de
+quelqu'un d'autre et je ne connais rien qui puisse rendre cela
+acceptable. Cela vous enlève toujours la liberté et la seule solution que je
+connaisse est de refuser. Par exemple, il y a des serveurs qui font de la
+traduction ou de la reconnaissance vocale et on les laisse prendre le
+contrôle de cette activité informatique, ce qu'on ne devrait jamais faire.</p>
+
+<p>Naturellement, nous leur fournissons aussi des données sur nous qu'ils ne
+devraient pas posséder. Imaginez que vous ayez une conversation avec
+quelqu'un à travers un système de reconnaissance vocale et de traduction,
+fonctionnant comme SaaS, qui tourne en fait sur le serveur d'une
+société. Cette entreprise est en position de savoir ce qui se dit au cours
+de la conversation, et si c'est une entreprise américaine, cela veut dire
+que Big Brother aussi. Ce n'est pas bon.</p>
+
+<h3 id="voting"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Le vote par ordinateur</h3>
+
+<p>La menace suivante contre nos libertés dans la société numérique est
+l'utilisation d'ordinateurs pour voter. Vous ne pouvez pas faire confiance à
+des ordinateurs pour cela. Toute personne qui contrôle le logiciel de ces
+ordinateurs a le pouvoir de commettre une fraude indécelable.</p>
+
+<p>Les élections ont une particularité : nous ne pouvons avoir entièrement
+confiance en aucun des intervenants. Chacun doit être surveillé,
+contre-surveillé par les autres, de sorte que personne ne soit en mesure de
+falsifier les résultats par lui-même. Car si quelqu'un en a la possibilité,
+il pourrait passer à l'action. C'est pourquoi nos systèmes de vote sont
+conçus pour ne faire entièrement confiance à personne, pour que chacun soit
+surveillé par les autres de sorte que personne ne puisse frauder
+aisément. Mais une fois que vous avez introduit un programme, c'est
+impossible.</p>
+
+<p>Comment pouvez-vous savoir si une machine à voter compte honnêtement les
+votes ? Il faudrait étudier le programme qui la fait fonctionner pendant
+l'élection, chose que naturellement personne ne peut faire et qui de toute
+façon est hors de portée de la plupart des gens. Même les experts, qui
+théoriquement seraient capables d'étudier le programme, ne peuvent pas le
+faire pendant que les gens sont en train de voter. Ils devraient le faire à
+l'avance, et alors comment savoir que le programme qu'ils ont étudié est le
+même qui est en fonctionnement pendant le vote ? Peut-être qu'il a été
+modifié.</p>
+
+<p>De plus, si le programme est privateur, cela signifie qu'une entreprise en a
+le contrôle. L'autorité électorale ne peut même pas dire ce que fait ce
+programme. Cette entreprise pourrait alors truquer l'élection. Des
+accusations ont été lancées, affirmant que c'est arrivé aux États-Unis dans
+la dernière décennie et que des résultats d'élections ont été falsifiés de
+cette façon.</p>
+
+<p>Mais si le programme est un logiciel libre ? Cela veut dire que l'autorité
+électorale propriétaire de cette machine à voter a le contrôle du logiciel
+qui est à l'intérieur et peut donc truquer l'élection. On ne peut pas lui
+faire confiance non plus. On n'ose faire confiance à <em>personne</em> pour
+un vote, parce qu'il n'y a aucun moyen pour les votants de vérifier par
+eux-mêmes que leurs votes ont été correctement comptés et que des votes
+erronés n'ont pas été ajoutés.</p>
+
+<p>Dans d'autres activités de la vie, vous pouvez d'habitude vous rendre compte
+si quelqu'un essaie de vous tromper. Prenez par exemple l'achat d'un article
+dans un magasin. Vous commandez quelque chose, peut-être que vous donnez un
+numéro de carte de crédit. Si l'article n'est pas livré, vous pouvez vous
+plaindre et vous pouvez&hellip; naturellement, si vous avez assez de mémoire
+vous remarquerez que cet article n'est pas livré. Vous ne faites pas
+confiance aveuglément au magasin, parce que vous pouvez vérifier. Mais dans
+les élections vous ne pouvez pas vérifier.</p>
+
+<p>Une fois, j'ai lu un article où quelqu'un décrivait un système théorique de
+vote, basé sur des calculs sophistiqués, qui permettait aux gens de vérifier
+que leurs votes avaient bien été comptés tout en gardant secrets les votes
+de chacun, et aussi de vérifier qu'aucun vote erroné n'avait été
+ajouté. Cette mathématique était enthousiasmante, puissante ; mais même si
+ces calculs sont corrects, cela ne veut pas dire que ce système serait
+acceptable en pratique, parce que les vulnérabilités d'un système réel se
+situent à un autre niveau. Supposez par exemple que vous votiez par Internet
+et que vous utilisiez une machine zombie. Elle pourrait vous dire qu'elle a
+envoyé un vote pour A alors qu'elle envoie un vote pour B. Qui sait si vous
+le découvririez jamais ? En pratique, la seule façon de voir si ces systèmes
+fonctionnent et sont honnêtes est de les essayer et de vérifier le résultat
+par d'autres moyens, ceci sur des années, des décennies en fait.</p>
+
+<p>Je ne voudrais pas que mon pays soit pionnier en ce domaine. Donc, utilisez
+du papier pour voter. Assurez-vous qu'il y a des bulletins qu'on puisse
+recompter.</p>
+
+<h4>Note du conférencier, ajoutée par la suite</h4>
+
+<p>Le vote à distance par Internet renferme un danger sociétal intrinsèque,
+celui que votre patron vous dise : « Je veux que tu votes pour le
+candidat C, et ce depuis l'ordinateur de mon bureau afin que je puisse te
+voir. » Il n'a pas besoin de dire à voix haute que vous pouvez être viré si
+vous ne vous conformez pas à ses attentes. Ce danger ne repose pas sur un
+défaut technique et ne peut donc pas être corrigé par une amélioration
+technologique.</p>
+
+
+<h3 id="sharing"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> La guerre contre le partage</h3>
+
+<p>La menace suivante contre notre liberté dans une société numérique provient
+de la guerre contre le partage.</p>
+
+<p>L'un des avantages énormes de la technologie numérique est qu'il est facile
+de copier les œuvres publiées et d'en partager des copies avec les
+autres. Le partage est bon et, avec la technologie numérique, le partage est
+facile. Ainsi des millions de personnes partagent. Ceux qui tirent profit de
+leur pouvoir sur la distribution de ces œuvres ne veulent pas que nous
+partagions. Et puisque ce sont des industriels, les gouvernements qui ont
+trahi leurs peuples et travaillent pour l'Empire des mégacorporations
+essaient de servir ces industriels. Ils sont contre leur propre peuple, ils
+sont pour l'industrie, pour les éditeurs.</p>
+
+<p>Eh bien, ce n'est pas bon. Avec l'aide de ces gouvernements, les sociétés
+d'édition se sont mises en <em>guerre</em> contre le partage et ont proposé
+une série de mesures cruelles, draconiennes. Pourquoi proposent-elles des
+mesures cruelles et draconiennes ? Parce que rien d'autre n'a de chance de
+réussir. Quand une chose est bonne et facile, les gens la font. La seule
+manière de les arrêter est d'être très méchant. Aussi, naturellement, ce
+qu'elles proposent est méchant, vicieux, et la suite plus vicieuse
+encore. Ainsi elles ont essayé de poursuivre des ados pour des centaines de
+milliers de dollars. C'était plutôt vicieux. Et elles ont essayé de
+retourner notre technologie contre nous, ce qui veut dire DRM, menottes
+numériques.</p>
+
+<p>Mais dans la population il y avait aussi des programmeurs habiles qui ont
+trouvé moyen de briser les menottes. Par exemple, les DVD ont été conçus
+pour contenir des films chiffrés dans un format secret. Cela partait de
+l'idée que tous les programmes de déchiffrage de la vidéo seraient
+privateurs et pourvus de menottes numériques. Ils seraient tous conçus pour
+imposer des restrictions aux utilisateurs. Et ce stratagème a fonctionné
+quelque temps. Mais quelques personnes en Europe ont cassé le chiffrement et
+publié un programme libre qui pouvait parfaitement jouer la vidéo du DVD.</p>
+
+<p>Eh bien, l'industrie cinématographique n'en est pas restée là. Elle est
+allée voir le Congrès américain et a acheté une loi qui rendait ce logiciel
+illégal. Les États-Unis ont inventé la censure du logiciel en 1998, avec la
+loi dite <abbr title="Digital Millennium Copyright Act">DMCA</abbr>.<a
+id="TransNote9-rev" href="#TransNote9"><sup>9</sup></a> Ainsi la
+distribution de ce programme libre a été interdite aux
+États-Unis. Malheureusement, cela ne s'est pas arrêté là. L'Union européenne
+a adopté une directive, en 2003 je crois, exigeant des lois similaires. La
+directive disait seulement que la distribution commerciale devait être
+bannie, mais chaque État de l'Union européenne, à peu d'exceptions près, a
+adopté une loi encore plus vicieuse. En France, la simple possession d'une
+copie de ce programme est un délit puni d'emprisonnement, grâce à
+Sarkozy. Je crois que c'est la loi DADVSI qui a fait ça. Il espérait, je
+parie, qu'avec un nom aussi imprononçable les gens ne pourraient pas la
+critiquer. [rires]</p>
+
+<p>Donc les élections approchent. Demandez aux candidats de chaque parti :
+« Allez-vous repousser la loi DADVSI ? » Si la réponse est non, ne les
+soutenez pas. Vous ne devez pas abandonner à jamais le territoire moral
+perdu. Vous devez vous battre pour le regagner.</p>
+
+<p>Ainsi notre lutte contre les menottes numériques continue. Le Swindle
+d'Amazon a des menottes numériques qui ôtent au lecteur ses libertés
+traditionnelles de faire des choses comme de donner ou prêter un livre à
+quelqu'un d'autre. C'est un acte social d'importance vitale, c'est le ciment
+de la société des lecteurs, le prêt de livres. Amazon ne veut pas laisser
+les gens prêter des livres librement. Et puis il y a aussi la vente de
+livres, peut-être à un bouquiniste. On ne peut pas faire ça non plus.</p>
+
+<p>Il a semblé pendant quelque temps que les dispositifs de DRM avaient disparu
+de la musique, mais maintenant ils réapparaissent avec les services de
+streaming comme Spotify. Ces services exigent tous un logiciel client
+privateur ; la raison en est qu'ils peuvent ainsi mettre des menottes
+numériques aux utilisateurs. Donc, rejetez-les ! Ils ont déjà démontré très
+clairement qu'on ne peut pas leur faire confiance, parce qu'au début ils ont
+dit : « Vous pouvez écouter autant que vous voulez. » Et plus tard ils ont
+dit : « Oh, non ! Vous ne pouvez écouter qu'un certain nombre d'heures par
+mois. » Que ce changement particulier ait été bon ou mauvais, juste ou
+injuste, ce qui compte est qu'ils ont le pouvoir d'imposer des changements
+de politique. Ne les laissez pas prendre ce pouvoir. Vous devez posséder
+votre <em>propre</em> copie de toute musique que vous voulez écouter.</p>
+
+<p>Puis est arrivé l'assaut suivant contre notre liberté : Hadopi,
+essentiellement la punition basée sur l'accusation. Elle a débuté en France
+mais a été exportée vers beaucoup d'autres pays. Les États-Unis exigent
+maintenant des politiques injustes comme celle-là dans les accords de
+« libre exploitation ». Il y a quelques mois, la Colombie a adopté une loi
+similaire sur ordre de ses maîtres de Washington. Naturellement, ceux de
+Washington ne sont pas les vrais maîtres, ils ne font que contrôler les
+États-Unis au nom de l'Empire. Mais ce sont eux qui ont donné leurs ordres à
+la Colombie au nom de l'Empire.</p>
+
+<p>En France, depuis que le Conseil constitutionnel a retoqué le fait de punir
+les gens en absence explicite de procès, ils ont inventé un genre de procès
+qui n'est pas un vrai procès ; c'est juste un simulacre, pour pouvoir
+<em>prétendre</em> que les gens ont un procès avant d'être punis. Mais dans
+les autres pays ils ne s'embarrassent pas de ça, il s'agit explicitement de
+punition basée sur l'accusation seule. Ce qui veut dire que, dans l'intérêt
+de leur guerre contre le partage, ils sont prêts à abolir les principes de
+base de la justice. Cela montre à quel point ils sont opposés à la liberté
+et à la justice. Ce ne sont pas des gouvernements légitimes.</p>
+
+<p>Et je suis sûr qu'ils proposeront d'autres idées vicieuses parce qu'ils sont
+payés pour vaincre le peuple quel qu'en soit le prix. Cela dit, quand ils le
+font, ils disent toujours que c'est dans l'intérêt des artistes, qu'ils
+doivent « protéger » les « créateurs ». Ces deux termes sont destinés à la
+propagande. Je suis convaincu qu'ils adorent le mot « créateurs » à cause de
+l'analogie avec une divinité. Ils veulent nous faire penser aux artistes
+comme à des surhommes qui, de ce fait, méritent leurs privilèges
+particuliers et leur pouvoir sur nous ; c'est une chose avec quoi je ne suis
+pas d'accord.</p>
+
+<p>En réalité, les seuls artistes qui tirent largement profit de ce système
+sont les grandes stars ; les autres artistes se font piétiner par ces mêmes
+éditeurs. Ces derniers traitent très bien les stars parce qu'elles ont
+beaucoup de poids. Si une star menace de le quitter pour aller chez un
+concurrent, l'éditeur dit : « C'est bon, nous vous donnerons ce que vous
+voulez. » Mais pour n'importe quel autre artiste, il dit : « Vous ne comptez
+pas, nous pouvons vous traiter comme ça nous chante. »</p>
+
+<p>Ainsi les superstars ont été corrompues par les millions de dollars ou
+d'euros qu'elles reçoivent, au point qu'elles feraient à peu près n'importe
+quoi pour plus d'argent. J. K. Rowling en est un bon exemple. Il y a
+quelques années, elle est allée au tribunal au Canada et a obtenu un référé
+disant que les gens qui avaient acheté ses livres ne devaient pas les
+lire. Elle a obtenu un jugement enjoignant aux gens de ne pas lire ses
+livres.</p>
+
+<p>Voilà comment ça s'est passé. Un libraire a mis les livres en rayon trop
+tôt, avant la date où ils étaient censés être mis en vente. Les gens sont
+venus dans la boutique et ont dit : « Oh, je veux ceci. » Ils l'ont acheté
+et ont emporté leurs exemplaires. Ensuite, l'erreur a été découverte et les
+livres retirés du rayon. Mais Rowling voulait éliminer toute circulation
+d'information sur ces livres, alors elle est allée au tribunal et le
+tribunal a ordonné à ces personnes de ne pas lire des livres dont ils
+étaient désormais propriétaires.</p>
+
+<p>En réponse, j'appelle à un boycott complet de Harry Potter. Mais je ne dis
+pas que vous ne devez pas lire ces livres ni voir les films. Je dis
+seulement que vous ne devez pas acheter les livres ni payer pour les
+films. [rires] Je laisse à Rowling le soin de dire aux gens de ne pas lire
+les livres. En ce qui me concerne, si vous empruntez le livre pour le lire,
+c'est OK. [rires] Seulement, ne lui donnez pas d'argent ! C'est arrivé avec
+des livres en papier. Le tribunal pouvait rendre son jugement, mais il ne
+pouvait pas récupérer les livres chez les gens qui les avaient
+achetés. Imaginez que ce soit des ebooks. Imaginez que ce soit des ebooks
+sur le Swindle. Amazon aurait pu envoyer des commandes pour les effacer.</p>
+
+<p>Donc je n'ai pas beaucoup de respect pour les stars qui se donnent autant de
+mal pour obtenir plus d'argent. Mais la plupart des artistes ne sont pas
+comme ça, ils n'ont jamais eu assez d'argent pour être corrompus parce que
+le système actuel du copyright les soutient très mal. Alors, quand
+l'industrie exige l'extension de la guerre contre le partage, soi-disant
+dans l'intérêt des artistes, je suis opposé à ce qu'ils demandent, mais je
+voudrais mieux financer les artistes. J'apprécie leur travail et reconnais
+que, si nous voulons qu'ils produisent plus d'œuvres, nous devons les
+soutenir.</p>
+
+<h3 id="arts"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Comment soutenir les arts</h3>
+
+<p>Je fais deux propositions pour soutenir les artistes, des méthodes
+compatibles avec le partage qui nous permettraient de mettre fin à la guerre
+contre le partage tout en finançant les artistes.</p>
+
+<p>L'une des méthodes est d'utiliser la recette des taxes. Il y a une certaine
+quantité de fonds publics à distribuer entre les artistes. Mais combien
+faut-il que chacun reçoive ? Il faut mesurer sa popularité. Vous voyez, le
+système actuel est censé soutenir les artistes en se basant sur leur
+popularité. Alors je dis : gardons ce principe, continuons à utiliser ce
+système basé sur la popularité. Nous pouvons mesurer la popularité de tous
+les artistes avec une sorte d'enquête ou d'échantillonnage, pour ne pas
+avoir à faire de surveillance. Nous pouvons respecter l'anonymat des gens.</p>
+
+<p>OK. Nous obtenons une mesure brute de la popularité de chaque
+artiste. Comment fait-on pour la convertir en quantité d'argent ? La méthode
+évidente est de distribuer l'argent en proportion de la popularité. De cette
+façon, si A est mille fois plus populaire que B, il recevra mille fois plus
+d'argent que B. Ce n'est pas une distribution efficace de l'argent. Cela
+n'en fait pas bon usage. Il est facile pour une star d'être mille fois plus
+populaire qu'un artiste à succès moyen. Si nous utilisons la proportion
+linéaire, ou bien nous devons rendre A immensément riche, ou bien nous
+n'accordons pas à B un financement suffisant.</p>
+
+<p>L'argent que nous utilisons pour rendre A immensément riche ne sert pas au
+soutien effectif des arts, donc il est inefficace. Par conséquent je dis :
+utilisons la racine cubique. La racine cubique ressemble à ceci. Le principe
+est le suivant : si A est mille fois plus populaire que B, avec la racine
+cubique il va recevoir dix fois plus d'argent que B, pas mille fois plus,
+seulement dix fois plus. L'utilisation de la racine cubique transfère
+beaucoup d'argent des stars vers les artistes à popularité moyenne. Et cela
+veut dire qu'avec moins d'argent on peut financer correctement un nombre
+beaucoup plus grand d'artistes.</p>
+
+<p>Il y a deux raisons pour lesquelles ce système utiliserait beaucoup moins
+d'argent que ce que nous payons actuellement. D'abord il financerait les
+artistes et non l'industrie, deuxièmement il transférerait l'argent des
+stars vers les artistes à popularité moyenne. Cela dit, il resterait vrai
+que plus on est populaire, plus on reçoit d'argent. Ainsi la star A
+continuerait à recevoir plus que B, mais pas de manière astronomique.</p>
+
+<p>C'est l'une des méthodes. Comme cela ne représente pas tellement d'argent,
+la manière dont nous obtenons ces fonds n'a pas trop d'importance. Ce
+pourrait être une taxe sur la connexion Internet, ce pourrait être
+simplement une partie du budget général qui serait allouée à cette
+destination. Ce ne sera pas un souci parce que cela ne représentera pas
+tellement d'argent, beaucoup moins que ce que nous payons actuellement.</p>
+
+<p>L'autre méthode que j'ai proposée consiste en paiements
+volontaires. Supposez que chaque lecteur multimédia ait un bouton dont on
+pourrait se servir pour envoyer un euro. Beaucoup de gens le feraient, après
+tout ce n'est pas beaucoup d'argent. Je pense que beaucoup d'entre vous
+pourraient pousser ce bouton chaque jour, pour donner un euro à un artiste
+qui aurait produit une œuvre que vous aimez. Mais il n'y aurait aucune
+obligation, personne ne vous demanderait, ne vous ordonnerait, ou ne vous
+presserait d'envoyer cet argent ; vous le feriez parce que vous en auriez
+envie. Mais il y a des gens qui ne le feraient pas parce qu'ils sont pauvres
+et qu'ils ne peuvent pas se permettre d'envoyer un euro. Et c'est bien
+qu'ils ne le donnent pas, nous ne devons pas pressurer les pauvres gens pour
+soutenir les artistes. Il y a assez de gens aisés qui seront heureux de le
+faire. Pourquoi ne donneriez-vous pas un euro à quelques artistes
+aujourd'hui si vous appréciez leur œuvre ? Parce que c'est trop peu pratique
+de le leur donner. C'est pourquoi je propose de rendre cela plus
+pratique. Si votre seule raison de ne pas donner cet euro est que vous
+auriez un euro de moins, vous le feriez assez souvent.</p>
+
+<p>Voilà donc les deux méthodes que je propose pour soutenir les artistes tout
+en encourageant le partage, parce que le partage est bon. Mettons fin à la
+guerre contre le partage. Les lois comme DADVSI et Hadopi, ce n'est pas
+seulement les méthodes qu'elles proposent qui sont mauvaises, c'est leur
+objectif qui est mauvais. C'est pourquoi elles proposent des mesures
+cruelles et draconiennes. Ce qu'elles essaient de faire est vicieux par
+nature. Donc soutenons les artistes d'une autre manière.</p>
+
+<h3 id="rights"><a href="#TOC" class="nounderline">&#8593;</a> Nos droits dans le
+cyberespace</h3>
+
+<p>La dernière des menaces contre nos libertés dans la société numérique est le
+fait que, dans le cyberespace, nous ne sommes pas assurés d'avoir le droit
+de faire les choses que nous faisons. Dans le monde physique, si vous avez
+certaines opinions et que vous voulez donner aux gens des exemplaires d'un
+texte qui défend ces opinions, vous êtes libres de le faire ; vous pourriez
+même acheter une imprimante pour les imprimer. Vous êtes libres de les
+distribuer dans la rue, ou bien vous êtes libres de louer une boutique pour
+les distribuer. Si vous voulez récolter de l'argent pour soutenir votre
+cause, vous pouvez simplement tendre une boîte de conserve dans laquelle les
+gens peuvent mettre de l'argent. Vous n'avez pas besoin de l'approbation et
+de la coopération de quelqu'un d'autre pour faire ça.</p>
+
+<p>Mais sur Internet, c'est <em>nécessaire</em>. Par exemple, si vous voulez
+distribuer un texte sur Internet, vous avez besoin de l'industrie pour vous
+aider à le faire. Vous ne pouvez pas le faire par vous-même. Si vous avez un
+site web, vous avez besoin de l'infrastructure d'un FAI ou d'un hébergeur,
+ainsi que d'un registre de noms de domaine. Vous avez besoin qu'ils vous
+laissent poursuivre ce que vous êtes en train de faire. Donc vous ne le
+faites pas par droit mais par tolérance.</p>
+
+<p>Et si vous voulez recevoir de l'argent, vous ne pouvez pas vous contenter de
+tendre une boîte de conserve. Vous avez besoin de la coopération d'une
+société de paiement. Nous avons constaté que de ce fait toutes les activités
+numériques sont susceptibles d'être réprimées. Nous l'avons appris quand le
+gouvernement des États-Unis a lancé une attaque par « déni de service
+distribué » (<abbr title="Distributed Denial of Service">DDoS</abbr>) contre
+WikiLeaks. Ici je fais une sorte de jeu de mots parce que l'expression
+« déni de service distribué » se rapporte d'habitude à une autre sorte
+d'attaque. Mais cela s'applique parfaitement à ce qu'ont fait les
+États-Unis. Ils sont allés voir divers services réseau dont WiliLeaks
+dépendait et leur ont enjoint de discontinuer le service à WikiLeaks. Et
+c'est ce qu'ils ont fait !</p>
+
+<p>Par exemple, WikiLeaks avait loué un serveur virtuel chez Amazon et le
+gouvernement américain a dit à Amazon : « Arrêtez le serveur de WikiLeaks. »
+Et Amazon l'a fait, de manière arbitraire. Amazon avait certains noms de
+domaine comme <cite>wikileaks.org</cite> ; le gouvernement américain a
+essayé de faire fermer tous ces domaines, mais il n'a pas réussi. Certains
+étaient hors de son contrôle et n'ont pas été fermés.</p>
+
+<p>Puis il y a eu les sociétés de paiement. Les États-Unis sont allés voir
+PayPal et ont dit : « Arrêtez de transférer de l'argent à WikiLeaks ou nous
+allons vous gâcher la vie. » Et PayPal a coupé les paiements à
+WikiLeaks. Ensuite ils se sont tournés vers Visa et Mastercard et leur ont
+fait stopper les paiements à WikiLeaks. D'autres ont commencé à récolter de
+l'argent pour le compte de WikiLeaks et leur compte a été fermé
+également. Mais dans ce cas-là, peut-être qu'on peut faire quelque chose. Il
+y a une société en Islande qui a commencé à récolter de l'argent pour le
+compte de WikiLeaks, et donc Visa et Mastercard ont fermé son compte ; elle
+ne pouvait pas non plus recevoir d'argent de ses clients. Mais il semble
+qu'à l'heure actuelle cette entreprise soit en train de poursuivre Visa et
+Mastercard en justice selon la loi européenne parce que Visa et Mastercard,
+conjointement, ont un semi-monopole. Ils ne sont pas autorisés à refuser
+arbitrairement leurs services à quiconque.</p>
+
+<p>Eh bien, c'est un exemple de la manière de procéder dans toutes sortes de
+services que nous utilisons sur Internet. Si vous avez loué une boutique et
+distribuez des textes exposant vos opinions, ou tout autre genre
+d'information que vous pouvez distribuer légalement, le propriétaire ne peut
+pas vous jeter dehors parce qu'il n'aime pas ce que vous dites. Tant que
+vous continuez à payer le loyer, vous avez le droit de poursuivre vos
+activités dans cette boutique pendant une certaine période définie par un
+contrat que vous avez signé. Ainsi, vous avez certains droits que vous
+pouvez faire valoir. Et ils ne pourraient pas vous couper le téléphone sous
+prétexte que l'opérateur téléphonique n'aime pas ce que vous dites, ou
+qu'une organisation puissante quelconque n'aime pas ce que vous dites et
+menace l'opérateur. Non ! Tant que vous payez les factures et que vous
+obéissez à certaines règles de base, ils ne peuvent pas vous couper le
+téléphone. Voilà ce que c'est que d'avoir certains droits.</p>
+
+<p>Si nous déplaçons nos activités du monde physique vers le monde virtuel,
+alors, ou bien nous avons les mêmes droits dans le monde virtuel, ou bien
+nous avons été floués. Ainsi, la précarité de toutes nos activités sur
+Internet est la dernière des menaces dont je voulais parler.</p>
+
+<p>Maintenant, je voudrais dire que pour plus amples renseignements sur le
+logiciel libre, vous pouvez allez voir gnu.org. Jetez un œil également à
+fsf.org, qui est le site web de la <cite>Free Software
+Foundation</cite>. Vous y trouverez entre autres de nombreux moyens de nous
+aider. Vous pouvez adhérer à la <cite>Free Software Foundation</cite> sur ce
+site. [...] Il y a aussi la <cite>Free Software Foundation of Europe</cite>,
+fsfe.org. Vous pouvez également adhérer à la FSF-Europe. [&hellip;]</p>
+
+<div class="column-limit"></div>
+<h3 id="footnotes" style="font-size: 1.2em">Note</h3>
+
+<ol>
+ <li id="f1">En 2017, les derniers brevets encore valides sur la lecture des fichiers MP3
+ont, semble-t-il, expiré.</li>
+</ol>
+
+<div class="translators-notes">
+
+<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.-->
+<hr /><b>Notes de traduction</b><ol id="translator-notes-alpha">
+<li><a id="TransNote1" href="#TransNote1-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> Téléphone espion.</li>
+<li><a id="TransNote2" href="#TransNote2-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> En français dans le texte original.</li>
+<li><a id="TransNote3" href="#TransNote3-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> En français dans le texte original.</li>
+<li><a id="TransNote4" href="#TransNote4-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> Autre traduction de
+<cite>proprietary</cite> : propriétaire.</li>
+<li><a id="TransNote5" href="#TransNote5-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> Les mots entre guillemets dans ce paragraphe
+sont en français dans l'original.</li>
+<li><a id="TransNote6" href="#TransNote6-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> En français dans le texte original.</li>
+<li><a id="TransNote7" href="#TransNote7-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> Les mots entre guillemets dans ce paragraphe
+sont en français dans l'original.</li>
+<li><a id="TransNote8" href="#TransNote8-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> Logiciel en tant que service.</li>
+<li><a id="TransNote9" href="#TransNote9-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a> Loi sur le copyright du millénaire
+numérique.</li>
+</ol></div>
+</div>
+
+<!-- for id="content", starts in the include above -->
+<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" -->
+<div id="footer">
+<div class="unprintable">
+
+<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <a
+href="mailto:gnu@gnu.org">&lt;gnu@gnu.org&gt;</a>. Il existe aussi <a
+href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens
+orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à <a
+href="mailto:webmasters@gnu.org">&lt;webmasters@gnu.org&gt;</a>.</p>
+
+<p>
+<!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph,
+ replace it with the translation of these two:
+
+ We work hard and do our best to provide accurate, good quality
+ translations. However, we are not exempt from imperfection.
+ Please send your comments and general suggestions in this regard
+ to <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
+
+ &lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
+
+ <p>For information on coordinating and submitting translations of
+ our web pages, see <a
+ href="/server/standards/README.translations.html">Translations
+ README</a>. -->
+Nous faisons le maximum pour proposer des traductions fidèles et de bonne
+qualité, mais nous ne sommes pas parfaits. Merci d'adresser vos commentaires
+sur cette page, ainsi que vos suggestions d'ordre général sur les
+traductions, à <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
+&lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
+<p>Pour tout renseignement sur la coordination et la soumission des
+traductions de nos pages web, reportez-vous au <a
+href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>.</p>
+</div>
+
+<!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to
+ files generated as part of manuals) on the GNU web server should
+ be under CC BY-ND 4.0. Please do NOT change or remove this
+ without talking with the webmasters or licensing team first.
+ Please make sure the copyright date is consistent with the
+ document. For web pages, it is ok to list just the latest year the
+ document was modified, or published.
+
+ If you wish to list earlier years, that is ok too.
+ Either "2001, 2002, 2003" or "2001-2003" are ok for specifying
+ years, as long as each year in the range is in fact a copyrightable
+ year, i.e., a year in which the document was published (including
+ being publicly visible on the web or in a revision control system).
+
+ There is more detail about copyright years in the GNU Maintainers
+ Information document, www.gnu.org/prep/maintain. -->
+<p>Copyright &copy; 2011, 2017-2020 Richard Stallman</p>
+
+<p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a
+rel="license"
+href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/4.0/deed.fr">Creative
+Commons attribution, pas de modification, 4.0 internationale (CC BY-ND
+4.0)</a>.</p>
+
+<!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" -->
+<div class="translators-credits">
+
+<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.-->
+Traduction : Thérèse Godefroy, 2011.<br /> Révision : <a
+href="mailto:trad-gnu&#64;april.org"><em>trad-gnu&#64;april.org</em></a></div>
+
+<p class="unprintable"><!-- timestamp start -->
+Dernière mise à jour :
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+$Date: 2020/10/06 17:31:00 $
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