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+
+<!--#include virtual="/server/header.fr.html" -->
+<!-- Parent-Version: 1.77 -->
+
+<!-- This file is automatically generated by GNUnited Nations! -->
+<title>Façonner le développement et les projets collaboratifs dans les TIC pour la
+prospérité mondiale - Projet GNU - Free Software Foundation</title>
+
+<!--#include virtual="/philosophy/po/ICT-for-prosperity.translist" -->
+<!--#include virtual="/server/banner.fr.html" -->
+<h2>Façonner le développement et les projets collaboratifs dans les TIC pour la
+prospérité mondiale</h2>
+
+<p>
+par <strong>Robert J. Chassell</strong>
+</p>
+
+<p>
+<!-- <br />
+
+<a href="http://www.globalknowledge.org.my/"> broken link, 1apr11 -->
+[D'après un discours donné lors de la deuxième <cite>Global Knowledge
+Conference</cite><br />
+à Kuala Lumpur, Malaisie, le 7 mars 2000.]
+</p>
+
+<!-- <p>
+
+[For a more extended discussion, see my<br />
+<a href="http://www.teak.cc/Access-speech.html">
+Free Software: Access and Empowerment</a>.
+</p> -->
+<p>
+Le titre de cette présentation est « Façonner le développement et les
+projets collaboratifs dans les <abbr title="Technologies de l'information et
+de la communication">TIC</abbr> pour la prospérité mondiale » et les thèmes
+de cette conférence sont : « accéder », « autonomie »
+<cite>[empowerment]</cite> et « gouvernance ».
+</p>
+<p>
+Ce que je voudrais faire aujourd'hui, c'est prendre une technologie
+spécifique et vous dire comment nous avons façonné cette technologie pour la
+rendre accessible et en faire un instrument d'autonomie, comment nous
+l'avons placée dans un cadre économique et institutionnel qui encourage les
+gens à travailler en collaboration, enfin comment elle peut être utilisée
+pour une meilleure gouvernance.
+</p>
+<p>
+Cette technologie, c'est le logiciel. Le « façonnage » dont il s'agit
+concerne son cadre légal et institutionnel, c'est-à-dire les termes des
+licences de copyright.
+</p>
+<p>
+Étant un des fondateurs de la <cite>Free Software Foundation</cite>, j'ai
+travaillé pendant 16 ans sur le cadre légal et institutionnel dans lequel
+nous utilisons et développons le logiciel. GNU/Linux, un système logiciel
+complet, est né de ces efforts.
+</p>
+<p>
+Les TIC, technologies de l'information et de la communication, sont formées
+de composants matériels et logiciels. Je ne parlerai ici que de l'aspect
+logiciel. Quoi qu'il en soit, j'espère pouvoir étendre notre expérience de
+ce sujet à d'autres technologies.
+</p>
+<p>
+Quand je parle de logiciel, je veux parler aussi bien de ce qui fait tourner
+l'ordinateur, c'est-à-dire le système d'exploitation, que des applications
+comme le courrier électronique et autres moyens de communication, les
+tableurs, le commerce électronique, les outils de traitement du texte,
+l'envoi et la réception de fax, la création de sites web, l'ingénierie, la
+recherche, les calculs mathématiques, la modélisation, la manipulation
+d'images et les réseaux.
+</p>
+<p>
+Ces dernières années, le prix des ordinateurs et des matériels de
+communication a tellement baissé que de plus en plus de gens les
+utilisent. En effet, les organisateurs de notre conférence estiment à un sur
+trente le nombre de personnes dans le monde ayant un accès informatique aux
+communications électroniques, qui sont connectées.
+</p>
+<p>
+Bien que le rapport d'un sur trente représente une faible proportion de la
+population mondiale, cette technologie est populaire, grandissante et
+commence à prendre de plus en plus de place dans notre quotidien. De plus,
+nous nous attendons à ce que les ordinateurs et les coûts des communications
+continuent à baisser, pendant encore une génération au moins, ce qui
+signifie que ceux qui n'y ont pas encore accès vont en fin de compte en
+profiter.
+</p>
+<p>
+Comme pour toute technologie, le logiciel peut s'utiliser d'une bonne ou
+d'une mauvaise façon.
+</p>
+<p>
+En ce moment, ce sont les deux que nous voyons. Le mauvais côté, ce sont des
+machines qui plantent sans raison, des courriels qui font perdre de l'argent
+à leurs destinataires, des systèmes vulnérables à de simples virus et des
+programmes qui ne font qu'une partie de ce qu'on attend d'eux.
+</p>
+<p>
+La clef du bon usage du logiciel est d'assurer la liberté. Cela entraîne
+collaboration, prix moins élevés, fiabilité, efficacité, sécurité et moins
+de barrières à l'entrée et à l'usage.
+</p>
+<p>
+Pour faire bon usage de la technologie logicielle, les gens doivent avoir le
+droit, garanti par la loi, de la copier, l'étudier, la modifier et la
+redistribuer. Tout le reste en découle.
+</p>
+<p>
+Le logiciel GNU/Linux donne ces droits aux gens. Les programmeurs en
+bénéficient, mais plus important, les non-programmeurs aussi en bénéficient.
+</p>
+<p>
+Par exemple, les habitants d'une zone où les services téléphoniques sont
+médiocres ou inexistants peuvent utiliser un logiciel robuste, appelé UUCP,
+pour leurs communications. J'ai lu récemment qu'un groupe d'Oxfam l'a fait.
+</p>
+<p>
+Ceux qui ont de vieilles machines, même à base d'un antique 80386, peuvent
+faire tourner des programmes efficaces, qui en font autant que des
+programmes exigeant un Pentium moderne et de la mémoire hors de prix. Ils
+peuvent très bien utiliser ces machines comme serveurs de pages web ou comme
+routeurs – comme infrastructure pour les communications.
+</p>
+<p>
+Les gens ne possédant qu'un seul ordinateur peuvent brancher un ou deux
+terminaux supplémentaires, installer deux ou trois chaises devant au lieu
+d'une seule, tout cela pour un surcoût modique. Je l'ai fait : un ami est
+venu me rendre visite et nous voulions tous deux travailler en même temps
+sur ma machine. Courriel, surf sur le web, rédaction, administration réseau,
+tout cela nous l'avons fait en même temps.
+</p>
+<p>
+Une communauté, ou une collectivité, peut créer sa propre liste de diffusion
+ou son forum, privé ou public. Il est là, le « collecticiel »
+<cite>[groupware]</cite>. Deux personnes ou plus peuvent travailler sur le
+même document au même moment, même s'ils habitent des pays différents. La
+dernière fois qu'il m'est arrivé de le faire, je travaillais avec un copain
+qui était de l'autre côté de l'Atlantique.
+</p>
+<p>
+Avec quel alphabet voulez-vous écrire ? Hindî, chinois, thaï ? Pas de
+problème, et dans la même fenêtre que l'anglais ou le cyrillique.
+</p>
+<p>
+Que ce soit une personne isolée ou un groupe, tout le monde peut construire
+son site web. Un éditeur peut composer ses propres livres. Un comptable peut
+analyser un budget. Les malvoyants ont la possibilité d'entendre à haute et
+intelligible voix un texte via leur ordinateur.
+</p>
+<p>
+Vous pouvez choisir parmi plusieurs interfaces graphiques, de la plus
+élaborée à la plus simple et pratique, en passant par celle dont l'aspect et
+le comportement rappellent Microsoft Windows.
+</p>
+<p>
+À part le système vocal pour les malvoyants, qui demande un matériel audio
+que je n'ai jamais installé sur ma machine, toutes les applications que je
+viens de citer tournent sur mon ordinateur personnel. Et je connais des gens
+qui ont installé le matériel audio et qui peuvent entendre les textes.
+</p>
+<p>
+Toutes ces applications étaient sur un cédérom. Il se trouve qu'il m'avait
+été donné gratuitement, mais il m'est aussi arrivé de payer des CD contenant
+d'autres versions de ces programmes ; il est parfois simplement plus commode
+d'acheter. Et si vous avez une connexion Internet rapide, vous pouvez
+facilement télécharger le logiciel, il ne vous en coûtera que le prix de la
+connexion.
+</p>
+<p>
+Cette profusion de logiciels est disponible et peut s'utiliser n'importe où
+dans le monde.
+</p>
+<p>
+Pour revenir à la question : comment cette technologie a-t-elle été
+façonnée ? Je me répète ; la clef c'est la liberté : le droit, garanti par
+la loi, de copier, étudier, modifier et redistribuer le logiciel.
+</p>
+<p>
+L'outil juridique spécifique que nous avons utilisé pour engendrer ces
+libertés et les avantages qui en découlent est une licence de copyright
+spécialement conçue, la <cite>GNU General Public License</cite> (licence
+publique générale GNU).
+</p>
+<p>
+Cette licence vous donne plus de droits que le copyright de base et plus de
+droits que beaucoup d'autres sortes de licences de logiciel. Pour aller à
+l'essentiel, elle vous interdit d'interdire. Elle vous permet de faire tout
+le reste.
+</p>
+<p>
+J'aimerais approfondir cette liste de droits : copier, étudier, modifier et
+redistribuer.
+</p>
+
+<p>
+En premier lieu, le droit de copier.
+</p>
+<p>
+Il y a peu de gens qui possèdent une usine capable de recopier une
+voiture. De fait, reproduire une voiture est tellement difficile que nous
+utilisons un autre mot ; nous parlons de « fabriquer » ou « construire » une
+voiture. Et il n'y a pas tant que ça de constructeurs automobiles dans le
+monde. Bien moins d'une personne sur trente possède une usine automobile ou
+a la possibilité d'y accéder facilement.
+</p>
+<p>
+Mais quiconque possède un ordinateur possède une usine, un moyen de
+fabriquer des logiciels, autrement dit, de faire de nouvelles
+copies. Puisqu'il est tellement facile de copier les logiciels, nous
+n'employons pas le terme de « fabriquer » ; en général, on ne le voit même
+pas sous cet angle, pourtant il s'agit bien de cela.
+</p>
+<p>
+Le droit de copier des logiciels, c'est le droit d'utiliser vos propres
+moyens de production (si vous me permettez cette expression démodée). Des
+millions de gens, quelques pour cents de la population mondiale, ont entre
+leurs mains ces moyens de production.
+</p>
+<p>
+Naturellement, des efforts ont été faits pour vous enlever vos droits
+d'utiliser votre bien personnel comme une usine dont vous êtes propriétaire.
+</p>
+
+<p>
+En deuxième lieu, le droit d'étudier. Ce droit n'est pas d'un intérêt
+immédiat pour ceux qui ne programment pas. C'est un peu comme le droit, pour
+un juriste, de lire des manuels de droit. À moins d'être juriste, c'est le
+genre de livres que vous éviterez.
+</p>
+<p>
+Et pourtant, le droit d'étudier a plusieurs implications, autant pour les
+programmeurs que pour tous les autres.
+</p>
+<p>
+Le droit à l'étude signifie que les personnes vivant au Mexique, en Inde ou
+en Malaisie peuvent étudier le même code qui est utilisé en Europe ou aux
+États-Unis. Ce qui veut dire qu'on ne les empêche pas d'apprendre comment
+les autres ont réussi.
+</p>
+<p>
+Il faut garder à l'esprit que beaucoup de programmeurs travaillent avec la
+contrainte qu'il leur est interdit de voir le code d'autres
+programmeurs. Plutôt que de se hisser sur les épaules de leurs
+prédécesseurs, ce qui reste la meilleure façon d'avancer et de voir plus
+loin, ils se retrouvent la tête dans le sac. Le droit d'étudier, c'est le
+droit de voir plus loin, de progresser, du haut des épaules de géants.
+</p>
+<p>
+En outre, le droit d'étudier signifie que le logiciel lui-même doit être
+disponible sous une forme qui soit lisible par vous et moi.
+</p>
+<p>
+Un logiciel se présente sous deux formes, l'une qui est lisible uniquement
+par les ordinateurs et l'autre qui est lisible par les gens. La forme que
+l'ordinateur peut lire est celle qu'il exécute. C'est ce qu'on appelle un
+binaire, ou exécutable. La forme qu'un humain peut lire s'appelle le code
+source. C'est ce que crée un programmeur humain, pour être ensuite traduit,
+par un autre programme d'ordinateur, en binaire ou exécutable.
+</p>
+
+<p>
+Le droit suivant, celui de modifier, est le droit de corriger un problème ou
+d'apporter des améliorations. Pour la plupart des gens, cela signifie le
+droit que vous avez, vous ou votre organisation, de payer quelqu'un pour
+faire le travail à votre place, à peu près comme vous payez un mécanicien
+pour réparer votre voiture ou un charpentier pour agrandir votre maison.
+</p>
+<p>
+Les modifications sont d'une aide certaine. Les développeurs d'applications
+ne peuvent pas penser à toutes les façons dont les utilisateurs feront usage
+de leurs logiciels. Les développeurs ne peuvent pas prévoir les nouvelles
+contraintes auxquelles leur code sera soumis. Ils ne peuvent pas anticiper
+toutes les conditions locales, par exemple qu'un Malais utilisera un
+programme qui avait tout d'abord été écrit en Finlande.
+</p>
+<p>
+Et pour en terminer avec ces droits, parlons de celui de redistribuer.
+</p>
+<p>
+Cela signifie que vous, qui avez un ordinateur, une usine à logiciels, vous
+avez le droit de faire des copies d'un programme et de le redistribuer. Vous
+pouvez faire payer ces copies ou les distribuer gratuitement. D'autres
+peuvent faire la même chose.
+</p>
+<p>
+Bien sûr, plusieurs des gros fabricants de logiciels veulent vous empêcher
+de vous servir votre propre bien. Ils ne peuvent pas gagner dans un marché
+libre, alors ils attaquent autrement. Aux États-Unis, par exemple, on voit
+de récentes propositions de lois qui vous ôtent votre liberté.
+</p>
+<p>
+Le droit de redistribuer, tant qu'il est défendu et appliqué, signifie que
+le logiciel est vendu au sein d'un marché concurrentiel, libre. Ceci a
+plusieurs conséquences. Une des conséquences, c'est un prix bas, favorable
+au consommateur.
+</p>
+<p>
+Mais d'abord et avant tout, ces droits économiques et légaux amènent à
+collaborer, un des thèmes de cette conférence.
+</p>
+<p>
+Ce résultat est contraire aux attentes de pas mal de gens. Peu d'entre eux
+s'attendaient à ce que dans un marché concurrentiel, libre, chaque
+producteur devienne plus coopératif et qu'on ne sente ni ne voie de
+compétition parmi les entrepreneurs en concurrence.
+</p>
+<p>
+Plus un marché est concurrentiel, plus vous voyez de coopération. Cette
+implication, qui va apparemment contre toute intuition, a été aussi bien
+observée que déduite.
+</p>
+<p>
+C'est possible parce que les gens ne sont pas lésés en faisant ce qu'ils ont
+envie de faire. Les gens aiment aider leurs voisins.
+</p>
+<p>
+Prenez un petit fermier, un parmi un million. Mon ami George, chez moi aux
+États-Unis, est un de ceux-là.
+</p>
+<p>
+Sa récolte est tellement maigre qu'il ne peut rien faire sur les prix au
+niveau mondial. Son voisin est dans la même situation.
+</p>
+<p>
+Du coup, si George aide son voisin, c'est profitable à son voisin et George,
+lui, ne perdra rien sur ce que lui rapporte sa récolte.
+</p>
+<p>
+À partir du moment où George n'y perd rien, il a toutes les raisons d'aider
+son voisin. George n'est pas simplement serviable, il a compris que s'il
+donne un coup de main à son voisin, ce dernier lui renverra probablement
+l'ascenseur.
+</p>
+<p>
+Voilà ce que vous observez dans un marché concurrentiel libre : de la
+coopération.
+</p>
+<p>
+Une compétition visible indique que le marché n'est pas complètement libre
+et concurrentiel. Une compétition visible, cela veut dire qu'au mieux vous
+n'avez qu'un marché semi-libre.
+</p>
+<p>
+Allons plus loin : si un logiciel est vendu sur un marché libre, la
+concurrence entre les fournisseurs va faire tomber les prix, ce qui va
+profiter aux non-programmeurs.
+</p>
+<p>
+Voyons les choses autrement : le prix d'un logiciel est déterminé en premier
+lieu par des considérations juridiques, par le degré de liberté dont
+profitent les acheteurs. Si ceux-ci ont l'interdiction d'acheter un produit
+sauf à prix élevé et que cette prohibition soit rendue effective, le produit
+sera cher. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec beaucoup de logiciels
+privateurs.<a id="TransNote1-rev" href="#TransNote1"><sup>1</sup></a>
+</p>
+<p>
+Par contre, si le produit est mis en vente sur un marché libre, la
+concurrence entre les fournisseurs en fera baisser le prix.
+</p>
+<p>
+Et vraiment, il y aura des cas où les prix seront tellement bas que des
+sociétés ou d'autres organisations donneront les cédéroms contenant les
+logiciels ; d'autres feront des copies pour leurs amis ; et d'autres encore
+les mettront en téléchargement sur Internet, gratuitement.
+</p>
+<p>
+Cela signifie que le logiciel lui-même, support nécessaire à un projet
+communautaire ou marchand, deviendra à la fois peu coûteux et légal.
+</p>
+<p>
+Placez-vous du point de vue d'une PME ou d'une association locale. Elle
+pourrait utiliser un logiciel privateur diffusé via une distribution
+restrictive et alors, soit payer une somme qu'elle n'a pas, soit enfreindre
+la loi et le voler.
+</p>
+<p>
+En revanche, le logiciel libre est bon marché et légal. Il est plus
+accessible. Il est aussi personnalisable, plus que ne peuvent l'être les
+logiciels restrictifs. Il donne de l'autonomie.
+</p>
+<p>
+Nous façonnons le développement de cette technologie, nous créons la
+collaboration à travers l'utilisation d'un outil juridique, une licence, qui
+vous donne plus de droits que vous n'en auriez autrement, qui vous interdit
+d'interdire, ce qui, dans ce cas, vous donne le droit de copier, étudier,
+modifier et redistribuer le logiciel.
+</p>
+<p>
+Parce qu'y sont associées des libertés, ce logiciel est appelé « logiciel
+libre » <cite>[free software]</cite>.
+</p>
+<p>
+Pendant que j'y suis, laissez-moi éclaircir un terme qui parfois induit en
+erreur les anglophones.
+</p>
+<p>
+Le faible coût du logiciel libre fait croire à certains anglophones que le
+mot <cite>free</cite> dans l'expression <cite>free software</cite> (logiciel
+libre), signifie gratuit. Non, <cite>free</cite> est pris dans le sens de <a
+href="/philosophy/open-source-misses-the-point.html">libre</a>, mais il est
+facile de faire la confusion.<a id="TransNote2-rev"
+href="#TransNote2"><sup>2</sup></a> Après tout, j'ai parlé de consommation
+modeste des ressources, de logiciel peu coûteux.
+</p>
+<p>
+Le mot anglais <cite>free</cite> a plusieurs sens. Comme me le disait un
+jour un ami mexicain, dirigeant par ailleurs d'un gros projet de logiciel
+libre :
+</p>
+<blockquote><p>
+Il y a quelque chose qui ne va pas dans la langue anglaise ; elle ne sait
+pas faire la différence entre une « bière gratuite » et la « libre
+expression ».
+</p></blockquote>
+<p>
+L'espagnol, au contraire, fait la distinction entre <cite>gratis</cite> et
+<cite>libre</cite> (se prononce à peu près « libré ») ; <cite>free
+software</cite> se dit <cite>software libre</cite>.
+</p>
+<p>
+De même, la langue de nos hôtes, le bahasa Melayu,<a id="TransNote3-rev"
+href="#TransNote3"><sup>3</sup></a> fait la distinction entre
+<cite>pecuma</cite> et <cite>kebebasa</cite>. Un logiciel libre est un
+logiciel <cite>kebebasa</cite>.
+</p>
+<p>
+Entre parenthèses, Éric Raymond et Bruce Perens ont inventé il y a quelques
+années le terme « open source » (sources accessibles, ouvertes) comme
+synonyme de « logiciel libre ». Ils voulaient modifier la mauvaise opinion
+qu'avaient certaines sociétés du marché du libre. Le terme est devenu
+courant. Éric et Bruce ont atteint leur but.
+</p>
+<p>
+Cependant, je préfère le terme de « logiciel libre », qui transmet mieux
+l'objectif de liberté ; cette proposition que chaque homme, chaque femme,
+même vivant dans un pays du tiers-monde, a le droit de faire un travail
+rémunérateur, et qu'on ne doit pas le lui interdire.
+</p>
+<p>
+J'ai mentionné le fait qu'une communauté ou une collectivité peut utiliser
+un logiciel bon marché et légal.
+</p>
+<p>
+Maintenant, laissez-moi vous parler de l'industrie logicielle elle-même.
+</p>
+<p>
+Parce que la concurrence dans un marché concurrentiel pousse vers le bas le
+prix des logiciels libres, personne ne s'engage dans l'industrie logicielle
+pour vendre des logiciels en tant que tels. Par contre, et cela est souvent
+méconnu, il est possible de gagner de l'argent par d'autres moyens.
+</p>
+<p>
+Les sociétés et les personnes impliquées dans l'industrie logicielle ne
+vendent pas les logiciels en eux-mêmes, mais plutôt les services associés au
+logiciel, au matériel ou à d'autres solutions.
+</p>
+<p>
+C'est ce qui se passe dans les professions médicales ou juridiques. Aussi
+bien la connaissance médicale que le droit sont librement
+redistribuables. Médecins et juristes vendent leurs services pour résoudre
+des problèmes.
+</p>
+<p>
+De quels services est-ce que je veux parler ? Le plus évident : aider à se
+servir d'un ordinateur ou, pour prendre des exemples plus précis, mettre en
+place un réseau de radiocommunication par paquets dans un endroit où il n'y
+a pas de téléphone, ou encore créer et entretenir une base de données pour
+un entrepôt.
+</p>
+<p>
+Exemple moins évident, les sociétés qui vendent des téléphones ou des usines
+pour le dessalement de l'eau ajoutent de plus en plus souvent du logiciel à
+leurs produits pour les rendre plus attrayants aux yeux des acheteurs.
+</p>
+<p>
+Notez que les programmeurs écrivent eux-mêmes des logiciels pour quatre
+raisons principales : d'abord, ils sont payés pour résoudre un problème,
+tout comme un juriste est payé pour rédiger un contrat. Ensuite, il peut
+s'agir d'une partie d'un autre projet. Troisièmement, pour accroître leur
+réputation et finalement, parce qu'ils en ont envie.
+</p>
+<p>
+J'ai parlé du façonnage de cette technologie pour favoriser la
+collaboration. La clef, c'est la liberté et la création d'un cadre légal qui
+favorise la liberté.
+</p>
+<p>
+Maintenant, j'aimerais aborder les projets qui mènent à la prospérité.
+</p>
+<p>
+Un des problèmes a trait aux ressources, ou plutôt à leur absence.
+</p>
+<p>
+Comme je l'ai dit plus haut, les logiciels libres réduisent les barrières à
+l'entrée, que ce soit dans l'industrie logicielle elle-même ou dans les
+autres industries et activités.
+</p>
+<p>
+Le logiciel libre, la culture de coopération et la manière de penser qui va
+avec, permettent de réduire les coûts d'exploitation.
+</p>
+<p>
+Permettez-moi de prendre un exemple tiré tout droit de cette
+conférence. Tout d'abord, je dois vous dire que j'ai des correspondants un
+peu partout dans le monde. Ils ne vivent pas tous dans des pays
+riches. Eux-mêmes ou les institutions qui les financent ne sont jamais très
+riches.
+</p>
+<p>
+Les premiers messages que j'ai reçus à propos de cette conférence ont
+utilisé plus de quatre fois et demie les ressources nécessaires à la
+circulation de l'information. Ils ont été envoyés sous forme inutilement
+volumineuse.
+</p>
+<p>
+La prochaine fois que vous aurez à budgétiser un projet, imaginez le payer
+quatre fois et demie son prix. Réfléchissez alors à la manière dont vous
+allez le financer.
+</p>
+<p>
+La prochaine fois que vous paierez l'addition, sortez quatre fois et demi
+plus d'argent de votre poche&hellip;
+</p>
+<p>
+Pour moi, l'utilisation des ressources n'est pas un problème, puisque la
+télécommunication ne m'est pas facturée à la minute comme c'est souvent le
+cas. Mais je sais que mes correspondants de par le monde préfèrent que je
+fasse attention à mes communications, que je ne gaspille pas leur argent ni
+celui des institutions qui les financent.
+</p>
+<p>
+L'une des caractéristiques remarquables des logiciels libres est qu'ils
+peuvent tourner sur de vieilles machines aux capacités modestes, comme je
+l'ai mentionné tout à l'heure. Par exemple, il y a quelques mois, j'ai lancé
+sur le 486 de ma sœur un gestionnaire de fenêtres, un navigateur web
+graphique et un programme de manipulation d'images. Tout cela a parfaitement
+fonctionné.
+</p>
+<p>
+Les éditeurs de texte, les programmes de courrier électronique et les
+tableurs demandent encore moins de ressources.
+</p>
+<p>
+Cette frugalité signifie que les gens peuvent utiliser le vieux matériel qui
+a été mis au rebut par les plus grandes sociétés mondiales. Ce matériel
+n'est pas cher, souvent même offert. Les ordinateurs ont besoin d'être
+transportés. Vous aurez parfois à prévoir localement de retaper le matériel
+et de le remplir de logiciels libres, peu coûteux et personnalisés. Pour
+l'utilisateur final, ces machines coûtent moins qu'une machine neuve.
+</p>
+<p>
+Par ailleurs, les constructeurs fabriquent des ordinateurs modernes bas de
+gamme qui en font tout autant que les vieux et ne sont pas trop chers.
+</p>
+<p>
+Ce n'est pas la peine d'acheter un matériel onéreux, flambant neuf, pour
+faire tourner vos logiciels.
+</p>
+<p>
+En conclusion&hellip;
+</p>
+<p>
+On m'a demandé de parler sur :
+</p>
+<p>
+« Façonner le développement et les projets collaboratifs dans les TIC pour
+la prospérité mondiale ».
+</p>
+<p>
+Ces 16 dernières années, je les ai passées à travailler avec des gens qui
+ont façonné le logiciel grâce à un outil juridique qui vous donne maintes
+libertés : celles de copier, étudier, modifier et redistribuer le logiciel.
+</p>
+<p>
+Cet outil façonne la technologie logicielle pour la rendre plus accessible
+et en faire un instrument plus efficace d'autonomie ; il encourage les gens
+à travailler en collaboration et offre une technologie qui permet une
+meilleure gouvernance.
+</p>
+<p>
+Cet outil juridique signifie que les sociétés impliquées dans les TIC sont
+en concurrence non pas pour le logiciel lui-même, mais pour la vente de
+services associés au logiciel ou la vente de matériel ou d'autres solutions.
+</p>
+<p>
+Ce cadre juridique veut dire que les sociétés offriront des services plus
+fiables et plus efficaces.
+</p>
+<p>
+La liberté, garantie par une licence adéquate, signifie que les gens qui
+utilisent les ordinateurs ou les télécommunications comme outils peuvent
+prendre pied dans leur industrie plus facilement.
+</p>
+<p>
+Cela signifie que tous les usagers peuvent réduire leurs coûts
+d'installation et d'exploitation, ce qui implique que les gens vivant dans
+des pays plus pauvres n'envoient pas leur argent aux pays riches, mais
+qu'ils le maintiennent dans leur économie locale.
+</p>
+<p>
+De plus, comme je l'ai dit plus haut, les licences logicielles de la
+distribution restrictive forcent souvent les gens à choisir entre violer la
+loi et payer une somme qu'ils n'ont pas.
+</p>
+<p>
+Par souci de bonne gouvernance, un pays ne devrait pas forcer les personnes
+qui tentent de travailler décemment à prendre une telle décision. Trop
+souvent, une personne par ailleurs respectueuse des lois, mais sans grandes
+ressources, choisira de violer la loi.
+</p>
+<p>
+Ce pays devrait plutôt faire en sorte qu'agir dans le respect des lois soit,
+sans discussion, le meilleur choix, à la fois pour des raisons légales,
+morales et pratiques. On s'attend toujours à ce que son voisin soit
+respectueux des lois et honnête ; c'est ce qu'encourage le logiciel libre.
+</p>
+<p>
+Le logiciel libre donne la maîtrise de leur vie à ceux qui étaient laissés
+pour compte.
+</p>
+
+<div class="translators-notes">
+
+<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't have notes.-->
+<hr /><b>Notes de traduction</b><ol>
+<li id="TransNote1">Autre traduction de <cite>proprietary</cite> :
+propriétaire. <a href="#TransNote1-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
+<li id="TransNote2">Cette confusion est peu probable en français, car on
+peut difficilement donner à « libre » le sens de gratuit. Et pourtant, la
+première réaction des gens à qui l'on parle de logiciel libre est souvent :
+« Ah oui, les logiciels gratuits ? » <a href="#TransNote2-rev"
+class="nounderline">&#8593;</a></li>
+<li id="TransNote3">Malais (groupe de langues très proches les unes des
+autres). <a href="#TransNote3-rev" class="nounderline">&#8593;</a></li>
+</ol></div>
+</div>
+
+<!-- for id="content", starts in the include above -->
+<!--#include virtual="/server/footer.fr.html" -->
+<div id="footer">
+<div class="unprintable">
+
+<p>Veuillez envoyer les requêtes concernant la FSF et GNU à <a
+href="mailto:gnu@gnu.org">&lt;gnu@gnu.org&gt;</a>. Il existe aussi <a
+href="/contact/">d'autres moyens de contacter</a> la FSF. Les liens
+orphelins et autres corrections ou suggestions peuvent être signalés à <a
+href="mailto:webmasters@gnu.org">&lt;webmasters@gnu.org&gt;</a>.</p>
+
+<p>
+<!-- TRANSLATORS: Ignore the original text in this paragraph,
+ replace it with the translation of these two:
+
+ We work hard and do our best to provide accurate, good quality
+ translations. However, we are not exempt from imperfection.
+ Please send your comments and general suggestions in this regard
+ to <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
+
+ &lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
+
+ <p>For information on coordinating and submitting translations of
+ our web pages, see <a
+ href="/server/standards/README.translations.html">Translations
+ README</a>. -->
+Nous faisons le maximum pour proposer des traductions fidèles et de bonne
+qualité, mais nous ne sommes pas parfaits. Merci d'adresser vos commentaires
+sur cette page, ainsi que vos suggestions d'ordre général sur les
+traductions, à <a href="mailto:web-translators@gnu.org">
+&lt;web-translators@gnu.org&gt;</a>.</p>
+<p>Pour tout renseignement sur la coordination et la soumission des
+traductions de nos pages web, reportez-vous au <a
+href="/server/standards/README.translations.html">guide de traduction</a>.</p>
+</div>
+
+<!-- Regarding copyright, in general, standalone pages (as opposed to
+ files generated as part of manuals) on the GNU web server should
+ be under CC BY-ND 3.0 US. Please do NOT change or remove this
+ without talking with the webmasters or licensing team first.
+ Please make sure the copyright date is consistent with the
+ document. For web pages, it is ok to list just the latest year the
+ document was modified, or published.
+
+ If you wish to list earlier years, that is ok too.
+ Either "2001, 2002, 2003" or "2001-2003" are ok for specifying
+ years, as long as each year in the range is in fact a copyrightable
+ year, i.e., a year in which the document was published (including
+ being publicly visible on the web or in a revision control system).
+
+ There is more detail about copyright years in the GNU Maintainers
+ Information document, www.gnu.org/prep/maintain. -->
+<p>Copyright &copy; 1996, 1997, 1998, 2007, 2008, 2010, 2011, 2013 Free
+Software Foundation, Inc.</p>
+
+<p>Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence <a
+rel="license"
+href="http://creativecommons.org/licenses/by-nd/3.0/us/deed.fr">Creative
+Commons attribution de paternité, pas de modification, 3.0 États-Unis
+(CC BY-ND 3.0 US)</a>.</p>
+
+<!--#include virtual="/server/bottom-notes.fr.html" -->
+<div class="translators-credits">
+
+<!--TRANSLATORS: Use space (SPC) as msgstr if you don't want credits.-->
+Traduction : Pierre-Yves Enderlin.<br />Révision : <a
+href="mailto:trad-gnu&#64;april.org">trad-gnu&#64;april.org</a></div>
+
+<p class="unprintable"><!-- timestamp start -->
+Dernière mise à jour :
+
+$Date: 2018/11/03 21:59:47 $
+
+<!-- timestamp end -->
+</p>
+</div>
+</div>
+</body>
+</html>